Le sujet de prédilection des élèves après les vacances était justement ces dernières. Qu'elles avaient été leurs occupations, où étaient-ils allés, avaient-ils fait des rencontres et de quel genre ? Maximilien savait pertinemment qu'il n'allait pas manquer aux moqueries au sujet de son travail à la ferme parce que même si il excellait dans manière d'éviter le sujet dans la plupart de ses lettres, au moment d'embarquer ça ne serait plus la même chose. Bien évidemment que la ferme serait présente dans assez de bouches pour que au moins l'un de ses potes prenne connaissance de l'info. Et à partir de là, le jeune homme serait foutu parce que tout le monde savait qu'il avait choisit de s'offrir des petites vacances made in Poudlard dans l'espoir de vivre une expérience vraiment divertissante, à la hauteur pour leur faire oublier les tragiques événements de cette année. Non seulement il avait eu faux sur toute la ligne, mais en plus de ça on allait le charrier pendant longtemps. Ses parents ou sa sœur, c'était une chose, même si ils avaient salués amusés ses efforts, ils n'avaient pas remués le couteau dans la plaie mais faire preuve de compassion ou de délicatesse ne faisaient pas partis du vocabulaire de ses copains. Peut-être qu'il ferait en sorte de faire le trajet en compagnie de Daniela, Keagan ou pourquoi pas Marie-Joséphine. Il repousserait alors le moment de s'en prendre plein la figure, parce que forcément, une fois dans son dortoir, ça serait beaucoup plus compliqué de fuir. Impossible même.
La seule manière d'atténuer les moqueries, ce serait de leur dire – sans que cela soit un mensonge – qu'il avait réussit à transformer certains moments de la corvée en occupations moins chiantes, parce qu'il avait su bien s'entourer. Il avait réellement l'intention de trouver des gens avec qui discutait pendant ce temps là, sinon il allait vraiment se faire chier tous les jours, chaque matin quand la même routine se répéterait. C'était pour lui impensable et Anoushka lui apparaissait comme un moyen d'y remédier. Il ne s'attaquait pas à la personne la plus facile à convaincre mais qui sait, avec un peu de ruse ça marcherait ? C'était ce qu'il espérait de tout cœur, quitte à faire équipe, il préférait le faire avec une personne dont il savait à quoi s'attendre plutôt que des petites filles un peu niaises. Enfin, l'une c'était certain, l'autre c'était la fille qui s'était sentie l'âme d'une striptiseuse l'année dernière sur le bateau de croisière. Il n'avait rien de particulier contre elle mais loin de lui l'envie de salir sa réputation simplement parce qu'il n'avait pas su avec qui d'autre faire équipe. Sa camarade et amie était sa chance et lui, pouvait être perçu comme la sienne également, elle n'allait certainement pas mieux s'en tirer à jouer les princesses. Laver les vitres n'était pas une tâche aussi ingrate que laver le sol ou récurer les toilettes, il y avait tellement pire...
« Je comptais déjà lui faire comprendre qu'il avait nul de nous avoir abandonner lâchement comme ça. » Répondit-il sans se laisser démonter. « Bon, je suis pas un as de la propreté mais je vais voir ce que je vais trouver pour nous équiper. »
Pour le coup, c'était pas bien compliqué de trouver les produits d'entretien, les fermiers semblaient les avoir posé en évidence pour ne pas que les élèves trouvent l'excuse de n'avoir rien fait parce qu'ils ne trouvaient pas le matériel nécessaire. Plutôt bien joués pour eux, pas pour les élèves qui étaient plus que contraints à travailler. Ces vacances ne s'annonçaient définitivement pas aussi paradisiaques que les précédentes. Maximilien attrapa les deux dernières paires de gants qu'il restait, sans ça, jamais la jeune femme n'accepterait de lui prêter main forte puis entreprit de lire les étiquettes au dos des produits. Rapidement, il prit une sorte de vaporisateur, des chiffons, des éponges et une autre bouteille dont les indications indiquait que le produit moussait rapidement. Si ça mousse, c'est que ça nettoie se dit-il dans sa tête et tout fière, il retourna auprès d'Anoushka pour lui montrer ses trouvailles.
« Je crois que ça devrais faire l'affaire. » Dit-il en mettant ses gants. « Tu peux te plaindre autant que tu veux tant que tu te rends utile. »
Et sur ces mots, il se rapprocha d'une fenêtre et se mit au travail.
Lorsque j'étais enfant, mes parents me racontaient souvent des histoires sur leur scolarité à Poudlard. J'avais aussi lu « L'Histoire de Poudlard » de Garius Tomkink a maintes reprises. De telle sorte que le jour de mon arrivée dans l'école de magie je savais déjà presque tout ce qu'il était nécessaire, au moins d'un point de vue théorique. La répartition avait tout de suite été un sujet de tracas à mes yeux, pour la simple et bonne raison que j'ignorais où j'allais atterrir. Après une longue analyse de ma personnalité j'étais arrivé à certains pronostics : je pouvais écarter Poufsouffle car je n'étais pas vraiment patient et travailleur – Lorsque je veux quelque chose il faut que je l'ai tout de suite –, même si cela me brisait le cœur j'avais la sensation de ne pas vraiment posséder les qualités nécessaires pour entrer dans la maison de mes parents – Je suis en général assez malin pour éviter les ennuis et je n'ai donc pas besoin de faire preuve de courage –, cependant j'étais incapable de départager les serpents et les aigles – Selon mes proches, mon intelligence est supérieure à la moyenne, mais je ressens en moi ce désir ambitieux de prouver au monde (surtout à mes parents) que moi aussi je suis capable d'accomplir de grandes choses –. J'étais assez réaliste pour deviner que les probabilités que je finisse à Serpentard étaient grandes, mais je ressentais aussi une certaine peur à l'encontre d'une telle décision, car de nombreux sorciers qui avaient étudiés dans la maison de Salazar avaient mal tourner, en commençant par le pire mage noire que le monde des sorciers ait connu. Après m'être torturé l'esprit pendant des semaines entières, j'ai pris la décision de demander conseil à mon père, juste avant de monter dans le Poudlard Express, car il trouvait toujours les mots pour me rassurer : « Albus Severus. Tes deux prénoms t'ont été donnés en souvenir de deux directeurs de Poudlard. L'un d'eux était un Serpentard et il était sans doute l'homme le plus courageux que j'aie jamais rencontré. » Et c'est ainsi que le choixpeau m'envoya chez les verts et argents. Est-ce que je pensais y avoir ma place? Absolument !
« Je comprends ce que tu veux dire, mais d'un certain point de vue on ne peut nier qu'ils sont ambitieux. Ce qui est déplorable c'est la manière par laquelle ils arrivent à leurs fins, si seulement ils avaient d'autres talents que celui d'utiliser leur entourage à leur avantage...L'humanité est le berceau de la diversité et je suppose qu'on ne peut pas s'entendre avec tout le monde, même lorsqu'on partage des objectifs communs. »
Ma famille m'a toujours enseigné à faire preuve de tolérance, mais j'avoue que face à Franz et Aniek j'avais parfois du mal à garder mon calme. Mais cela nous rendrait certainement encore plus noble si nous arrivions à faire abstraction de leur mesquinerie, et répondre à leur menace par l'indifférence, l'intelligence et le respect. J'étais bon ami avec Louna depuis des années, car je savais qu'au delà de ses ambitions, elle possédait une grandeur d'âme dont bien peu pouvaient se vanter. Si le choixpeau nous avait envoyé à Serpentard, c'était que nous possédions les qualités requises pour faire honneur à cette maison, et j'étais convaincu que d'une manière ou d'une autre, un jour nous y arriverions. Peut-être en brillant au sein de l'équipe de Quidditch?
« Ça fait partie de mes projets en effet, et toi ? Shiver est un garçon intelligent et je suis certain que s'il est encore capitaine de l'équipe cette année on a toutes nos chances. Il ne pourra nier qu'il a besoin de bons joueurs... »
J'avais adressé un clin d'oeil à mon interlocutrice alors que je terminais d'astiquer le dernier lavabo. J'ai fait un pas en arrière pour observer la pièce dans son intégralité. On avait fait du bon boulot ! Les sanitaires avaient retrouvé une seconde jeunesse, cependant la seule chose qui me venait à l'esprit était : « combien de temps allaient-ils rester en l'état ? ». J'étais toujours décontenancé par le manque d'hygiène dont faisait preuve certains de mes camarades, à espérer qu'il n'agisse pas de la sorte lorsqu'ils sont chez eux. Il nous restait encore à nettoyer la partie la plus redoutée : les cuvettes. J'ai pris un sceau, du savon et une brosse longue et je me suis engouffré dans la première toilette du fond, tout en continuant à converser avec Louna.
« Je suppose que tu as raison. Quoi qu'il en soit je n'avais aucune intention de continuer l'Astronomie, l'année prochaine. Mais bon, j'aurais tout de même préféré terminer sur une bonne note, surtout après avoir suivi ce cours pendant 5 ans. J'ai un peu l'impression d'avoir perdu mon temps, mais il trop tard désormais pour changer quoi que ce soit. Tout bon Serpentard qui se respecte aime le cours de Potions...par contre je n'ai jamais suivis le cours de Soins aux Créatures Magiques. J'ai du mal avec les animaux. La seule que j'arrive à tolérer c'est Jinx, et c'est uniquement parce qu'elle vit avec moi depuis presque 5 ans maintenant. Mais je trouve ça bien que ça t'intéresse, le monde serait mal fait si on avait tous les mêmes centres d’intérêt. Tu ne crois pas ? »
J'ai sorti ma tête par la porte de la cabine en souriant pour attendre l’approbation de ma camarade. Lorsqu'elle me posa la question fatidique : « Qu'est ce que tu veux faire plus tard ». Je n'en avais pas la moindre idée, il y avait tellement de chose que j'aimais, et toutes pour des raisons très différentes, que j'avais du mal à m'imaginer n'en choisir qu'une. J'avais encore deux ans pour réfléchir à l'orientation qui me correspondrait le mieux et pourtant j'étais déjà stressé.
« Pas vraiment, disons que je suis prêt à explorer plusieurs pistes...en gros j'espère obtenir un signe du destin que me permettra de comprendre quelle est ma voie. Et toi ? »
Ce que venait de dire Albus était assez pertinent pour que Louna daigne à y réfléchir un peu. Il lui semblait difficile de concevoir que ses ennemis puissent être ambitieux, mais le nier ne servait à rien. Elle se contenta d’hocher la tête, sachant elle aussi que la Terre était peuplée de bonnes personnes comme de mauvaises et que l’on ne pouvait pas plaire à tout le monde. Il n’avait pas non plus tort en insistant sur le fait que leurs manières d’atteindre leur objectif n’avaient rien d’honorables. C’était sans doute un des plus gros stéréotypes du Serpentard moyen que Louna n’appréciait vraiment pas. Elle-même était un peu arrogante sur les bords, mais elle savait saisir les opportunités en se glissant comme un serpent sous les différentes portes qui s’offraient à elle. Heureusement, elle ne le faisait que de manière rusée, et non pas machiavéliquement. - Oui, il faut de tout pour faire un monde et parfois, j’ai envie de dire merde au créateur de celui-ci, dit-elle d’une voix douce, un léger sourire au coin des lèvres. Serpentard l’avait aidée à grandir, à murir et à connaître ses propres forces et ses propres faiblesses. Elle aimait beaucoup cette maison dans laquelle elle se sentait comme chez elle et elle n’avait pas spécialement besoin de se faire quarante amis dans la salle commune pour s’y sentir heureuse. Elle s’était fait quelques amis là-bas dont Albus, Snow et Ashley et ce petit nombre de proches lui suffisait amplement. Elle avait également connu Wilhelmina, une ancienne élève de Poudlard pour laquelle elle avait toujours ressenti de la considération. La blondinette disait toujours qu’elle aurait été mieux à Serdaigle, mais le Choixpeau en avait fait autrement. Au fond, elle avait sans doute trop d’ambition débordante et c’était sans doute cela qu’elle exploitait le plus parmi ses qualités de potentielle aiglette. Albus l’avait également connue, selon les souvenirs de Louna et elle pouvait affirmer que cette jeune fille allait sûrement lui manquer. Elle songea à lui envoyer une lettre après la prochaine rentrée scolaire. Une fois qu’elle eut finit de laver complètement le sol, notre héroïne se redirigea vers son seau d’eau encore chaud et écouta attentivement la réponse de son ami. Visiblement, il comptait vraiment postuler pour jouer dans l’équipe de Quidditch de leur maison et il ne manqua pas d’ajouter que Snow était un garçon suffisamment intelligent pour rester capitaine. Louna envia Albus sur ce coup-là et elle le cacha difficilement : - Je suis d’accord, Snow est génial ! Quant à moi, j’aurais bien voulu postuler, mais il faut suivre obligatoirement les cours de Vol pour avoir une chance d’être pris. J’ai arrêté ces cours en deuxième année, parce que je n’ai pas besoin de ça pour savoir voler sur un balai et jouer. Malheureusement, ça me porte préjudice donc je ne pense pas que je pourrai postuler. J’aurais dû y penser plus tôt ! T’en as de la chance, toi, fit-elle en lui adressant un clin d’œil. Elle plongea sa serpillière remplie de crasse dans le seau et elle frotta deux pans du tissu dans l’eau jusqu’à ce que cette dernière ne prenne une couleur marron assez repoussante. Heureusement que l’odeur de citron lui permettait de supporter cette vision peu séduisante. Cela aurait été la totale si le parfum du produit ne faisait pas effet. Ensuite, la demoiselle ressortit la serpillière de nouveau trempée et la pressa de toutes ses forces pour la vider de son eau. Enfin, elle reposa le bout de tissu par terre, vida le seau dans une des toilettes, et tira la chasse d’eau. Pendant ce temps, Albus s’était lancé dans un long monologue dans lequel il lui expliqua qu’il ne suivrait plus les cours d’Astronomie, quand bien même il aurait souhaité réussir à obtenir une bonne note dans cette matière. Louna afficha un sourire compatissant, pensant qu’elle aussi ne continuerait pas à regarder les étoiles après l’obtention de ses BUSE ; cela ne lui servirait à rien quant à ses projets d’avenir. En revanche, le benjamin des Potter avoua avoir du mal avec les animaux et c’était sans doute ce qui l’avait poussé à ne pas avoir choisir les Soins aux Créatures Magiques. Sur ce coup-là, ils étaient opposés l’un et l’autre, puisque c’était une des matières préférées de Louna. - Ouais, c’est sûr, sinon on aurait jamais de fonctionnaires au Ministère si tout le monde préférait affronter le terrain au lieu des papiers, lança-t-elle joyeusement. Je compte aussi abandonner la Divination, d’ailleurs. Je ne sais pas pourquoi j’ai pris cette matière, mais c’était toujours mieux que de faire des maths bien dégoûtantes en Arithmancie. Puis vint la question du projet d’orientation à laquelle Albus répondit simplement qu’il n’avait rien de précis en tête et qu’il attendrait que les choix viennent directement à lui. C’était une solution comme une autre et de toute manière, ils étaient encore bien jeunes pour se mettre la pression avec cela. Habituellement, la sixième année nécessitait de suivre moins de matières avec une idée un peu globale de son avenir, mais si l’on ne savait guère se décider, il suffisait de suivre au moins les matières générales. Louna, quant à elle, n’avait pas de souci à se faire. - Et bien, j’espère que tu trouveras ! Je te verrais bien dans les sciences magiques, ingénieur, chercheur, quelque chose comme ça. Moi, je veux travailler dans le domaine des créatures magiques. Je suis en contact depuis des années avec une femme qui est dans ce milieu et elle ne cesse de m’épater avec tout ce qu’elle me raconte. Ca me donne vraiment envie. Mais d’un autre côté, étant donné que j’adore les potions, j’espère trouver un métier qui puisse allier les deux matières. Ce serait top ! Elle conclut cette phrase en rinçant le seau avec de l’eau fraiche, puis elle le laissa sur le rebord de la fenêtre avec la serpillière afin de les sécher rapidement. Satisfaite de son travail, elle esquissa un grand sourire et elle prit la décision de nettoyer les carreaux. Bientôt, ils auraient fini de faire briller les sanitaires et ils pourraient enfin aller manger un morceau.
