Nous étions aux champs et prêts à nous lancer corps et âme dans la corvée qui nous était attribuée. J’avais réussi mon coup et me réservant le beau jeune homme qui m’avait tapé dans l’œil et nous avions désormais sous les yeux un champ à nous occuper. Je fus surprise de le voir marcher tout de suite dans l’idée de la courte paille. Un joueur ! J’aimais ça ! J’attendis patiemment de le voir préparer les deux morceaux de paille, prête à en tirer un des deux. Mais sa réplique me fit éclater de rire. En essayant de me calmer enfin, je répondis : « Il ne faut pas écouter Matthew Riddell, il me veut du mal. » Je poursuivis en riant toujours : « Tu ne vas pas me faire croire que tu es la main innocente, entre nous deux ? » Je l’interrogeais du regard, le sourire aux lèvres en m’approchant pour choisir mon morceau de paille : « Bon, les femmes d’abord alors ? » Je tirais un brin de paille qui se révéla être le plus petit des deux. En roulant les yeux, je le laissais tomber par terre d’un air faussement rageur. Je me faisais avoir, mais je comptais sur ma chance la prochaine fois !
Je riais de plus belle en l’entendant approuver l’idée de la carotte qui rend aimable pour le Seprentard aigri : « Et si c’est à moi qu’il renvoie la carotte à la figure, ce n’est pas grave ? » Je lui lançais un petit sourire, destiné à lui faire comprendre que je le taquinais. L’autre idiot pouvait aller se brosser pour avoir quelque chose ; il m’avait fait mauvaise impression, tant pis pour lui.
A ma grande surprise, le jeune homme commenta la question de mon idiotie ambulante en m’attribuant l’adorable qualificatif de perverse. Je ne pus m’empêcher de me marrer, d’autant qu’il n’avait pas l’air de le faire passer comme un vilain reproche. « Perverse… » Je m’arrêtais là pour y réfléchir un peu. Je ne savais pas si je l’étais véritablement, mais elle m’allait plutôt bien. Je ne craignais en aucun cas les jugements des gens, aussi bons ou mauvais soient-ils. « A ta place j’aurais un peu peur de la contamination…. Ça se transmet vite, la perversion, tu sais ! Et puis visiblement tu deviens, par la force des choses, mon binôme… ce qui sous-entend de loooongues heures passées en ma compagnie et celle des carottes. »
Le jeune homme se présenta finalement et quelque chose me revint immédiatement en mémoire quand il m’annonça ‘ Snow Shiver ’ :« Hum, je suis bête excuse ! Ta sœur m’avait parlé de toi, une fois, dans les toilettes des garçons. Ma mémoire n’a pas été assez performante pour retenir cette info nécessaire et utile. » Je m’excusais d’un geste de la main. J’étais sûre de me souvenir, à l’avenir, du nom de mon binôme des champs. Cela me rappela ces instants avec January qui me faisait clairement penser à quelque chose de très désagréable. Pour ce qui me concernait, je hochais simplement la tête, lui confirmant qu’il ne se trompait pas sur la personne.
Après avoir passé la barrière, je ramassais un panier, déposé au sol et contre la barrière avant de lui tendre : « C’est celui qui tient le panier qui peut se rincer l’œil. Bravo, je te félicite pour cette victoire, mais il me reste des jours de corvées pour me rattraper ! » Je gambadais alors un peu, trouvant un endroit qui me plaisait avant de commencer à essayer de tirer les premières carottes du sol. Impossible d’y arriver ! Comme c’était souvent mon cas dans tout type de situation, j’eus envie de rire. J'essayais encore, encore et encore... les carottes étaient bien ancrées dans la terre sèche du champ. Je me retournais finalement vers Snow, haussais les épaules en relevant mes mains, les paumes vers le ciel. « Il doit nous manquer une astuce utile.... semblerait-il ! »
Chloé proposa la courte paille pour déterminer qui se coltinerait le sale boulot. Cela plaisait assez bien à Snow qui, d'une part était un grand joueur, étant capable de parier sa propre vie pour gagner un vulgaire pari, et d'autre part appréciait le fait que Chloé ne jouerait pas sur sa silhouette frêle et délicate pour amadouer le jeune Shiver. Le pire étant que ça fonctionnerait, car c'était un peu le problème du vert et argent, il venait en aide à ceux qui le solliciter. Sa soeur, Jan', avait tout compris et se servait de cette faiblesse à son avantage. Ne bougeant jamais un petit doigt, elle appelait son "petit" frère à l'aide pour porter des choses qu'elle trouvait trop lourd ou simplement qu'elle n'avait pas envie de porter. Snow tentait de se rebeller par moment, mais elle savait y faire avec lui pour qu'il cède, au bout du compte. Au fond cela ne dérangeait pas tant Snow, qui était prêt à rendre service. Après tout, il n'avait pas développé cette musculature juste pour l'esthétisme, le but était bien de pouvoir s'en servir. C'était principalement pour réaliser ses numéros avec son père et pour le Quidditch, mais dans la vie de tout les jours, c'était plutôt pratique d'avoir une certaine force, même s'il ne doutait pas de se faire éclater au bras de fer avec certains. Visiblement Matt et Chloé avaient l'air de bien se connaitre, sans pour autant que Snow sache exactement comment. Etaient-ils sortis ensemble ? Avaient-ils flirté ? Etaient-ils juste de bons amis ? Le mystère resterait certainement entier tant qu'aucun des deux ne se confierait et il ne fallait pas compter sur Snow pour aller résoudre lui même le mystère, ça ne l'intéressait pas plus que ça. Jan ou Noel aurait fureté pour découvrir le fin mot de cette histoire mais Snow s'en moquait des cancans.
«Tu vois ... la chance sourit aux innocents ... Je suis trop pur pour mériter de forcer, par contre toi, c'est les travaux d'intérêts généraux direct ! » Dit-il en plaisantant. Il était évident que si Chloé n'y arrivait pas ou si elle se fatiguait rapidement, Snow volerait à son secours, prêt à suer un peu pour aider son binôme. Après tout, ils formaient une équipe, restreinte certes, mais ils étaient dans le même bateau. La réussite leur serait bénéfique à tous les deux et l'échec retomberait également sur leurs deux épaules. Cela dit, si Snow et Chloé n'arrivaient pas à faire leur tâche dans les temps et que le fermier avait quelque chose à redire, Snow ne se gênerait pas pour lui rabattre son caquet. Il était bien gentil, mais il ne fallait pas le pousser trop longtemps, au risque de le voir exploser. « Je suis persuadée que tu seras te défendre comme une chef, sortant les griffes telle une lionne ... Et puis sinon on dira que c'était l'idée de Matt ... » Plaisanta-t-il une nouvelle fois. Snow ne doutait pas un instant que Chloé était capable de se défendre toute seule. Les filles de nos jours n'étaient plus de frêles et innocentes jeunes demoiselles en quête d'un sauveur. Certes elles recherchaient toujours le prince charmant mais étaient fières de pouvoir démontrer au monde entier qu'elles étaient des grandes filles qui savaient se débrouiller toutes seules. Indépendantes et fortes, elles se débrouillaient dans la vie sans personne pour les aider. Même si elles appréciaient de temps en temps se reposer sur les épaules de leur compagnon ... après tout, il était là pour ça non ? Snow charria un peu Matt, même si ce dernier au fond de pouvait les entendre. Ce n'était que pour plaisanter, même si ce serait amusant de le voir réagir en entendant son prénom sortir comme excuse.
« La contamination ? Tu n'oserais quand même pas pervertir un jeune homme dans mon genre. Jeune et si fragile ... je suis l'innocente incarnée, le hasard l'a prouvé ... Que vais-je devenir entre tes mains, mon dieu, priez pour ma pauvre âme ...» Snow éclata de rire. S'il y avait bien quelqu'un qui était loin d'être innocent, c'était bien lui. Il y a deux ans, il était vrai qu'il n'y connaissait rien aux filles et cela lui allait très bien. Il avait déjà plutôt la côte auprès de la gente féminine, mais lui, ça ne l'intéressait pas. Il ne pensait qu'à faire du sport, jouer au Quidditch, réaliser ses numéros avec son père, penser à un avenir merveilleux en tant que joueur de Quidditch pro, trainer avec ses potes, faire des conneries, accro à l'adrénaline, il ne pensait qu'à avoir sa dose quotidienne ... Et puis finalement le déclic arriva, il sortit un peu par hasard avec Aurora et le cycle commença. Il n'était jamais tombé amoureux et ne cherchait pas vraiment le grand amour, aimant sa vie telle qu'elle était, simple et sans prise de tête. Il s'était rendu compte qu'il aimait plaire et aimait jouer de ses charmes. Alors il était évident qu'aujourd'hui, Snow était loin d'être un enfant de choeur, même s'il était encore jeune et qu'il n'avait pas encore tout découvert. « Ma soeur t'a parlé de moi ? Et je peux savoir ce qu'elle t'a dis sur moi ? » Que sa soeur parle de lui, cela n'étonnait pas vraiment Snow, qui avait déjà entendu cette phrase à plusieurs reprises. Mais ce qu'il redoutait, c'était ce qu'elle avait pu dire sur son compte. En général, ce n'était que des choses positives, mais fallait-il encore savoir quoi. Snow découvrait de temps en temps qu'elle faisait un peu la "promo" de son frère, si fière de lui et si heureuse de pouvoir dire qu'il était beau et fort ... ce qui pouvait parfois paraître un peu gênant. Il n'était jamais au courant et ne souhaitait pas qu'on pense qu'il forçait sa soeur à le faire. Comme si on pouvait forcer January Shiver à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas, la bonne blague.
Ils franchirent la barrière et Chloé passa le panier à Snow. Elle lui annonça que c'était celui qui tenait le panier qui pouvait se rincer l'oeil et Snow rit de bon coeur. «Fais moi confiance, je ne comptais pas en rater un seul instant ... » Snow lui fit un petit clin d'oeil avant de la regarder choisir l'endroit par lequel elle souhaitait commencer. Elle tenta vainement de tirer les carottes du sol, mais n'y parvint pas. Quand elle finit par se relever, Snow avait un grand sourire amusé. Il ne prétendait absolument pas faire mieux mais ça restait amusant de la voir forcer de cette façon sans aucun résultat. «Hé ben ma grande ... va falloir faire plus d'exercice pour se muscler un peu ... » dit-il en plaisantant, avant de regarder autour d'eux «Il doit peut-être y avoir un outil particulier pour les sortir de terre ...»
Malgré mes craintes, je passais quand même un moment agréable. S’occuper des champs nous donnait beaucoup de possibilités et il nous restait encore largement assez de jours pour explorer toutes les facettes de cette formidable corvée. Il était évident que j’avais eu quelques regrets à m’inscrire à ce séjour, mais c’était le dernier que je pouvais faire, avec Poudlard. J’avais compté sur l’occasion pour me changer les idées. De toute évidence, c’était réussi, en partie. L’humour de Snow Shiver que je ne connaissais pas et à qui je n’avais jamais parlé me faisait un bien fou. Il ne s’imaginait sûrement pas à quel point j’avais besoin de ça après les moments de flottement que j’avais vécus… Une pensée me revenait régulièrement (pour ne pas dire constamment) en tête et je commençais à m’habituer à vivre avec : « Asling me manque… ». La plaisanterie, la taquinerie et le défi étaient des choses que j’appréciais et elles me permettaient de ne pas être trop négative et d’avancer un tant soit peu.
En souriant, je roulais les yeux à sa remarque. « La chance sourit aux innocent » ben voyons ! J’aimerais bien voir ça : « C’est le hasard qui t’a fait un sourire mon cher. Ne t’habitue pas trop à gagner. » Je fis un petite pause pour lui lancer un sourire complice avant d’ajouter : « Je dirais plutôt que cette tâche était réservée au plus fort de nous deux ! » Je fis mine de montrer des muscles invisibles en levant les bras. Je n’étais pas la plus forte, mais sûrement pas chochotte. Snow était plus jeune, mais sûrement un peu plus costaud que moi. Soit, j’acceptais d’être un peu en dessous, mais j’avais de la ressource pour défendre la cause féminine. Je n’avais pas la moindre idée de la difficulté de la tâche. La taille du champ me laissait plutôt entendre que nous aurions besoin de temps pour en arriver à bout. Lorsqu’il affirma que j’étais capable de me défendre face à l’idiot du groupe, je hochais vivement la tête, persuadée que je ne l’attaquerais pas physiquement, mais que je pouvais sans problème être acide au niveau du langage. J’éclatais de rire suite à sa dernière idée de tout mettre sur le dos de Matt : « Si tu pars avec ce genre d’idées, on va s’entendre ! J’aime voir le petit Matt en difficultés. » Je lui lançais un clin d’œil, espérant qu’il marcherait dans mon jeu si j’étais amenée à malmener gentiment Matthew.
J’avais ensuite attaqué le jeune homme sur son innocence, lui faisant entendre qu’elle était mise à rude épreuve, avec moi. Par chance, il me croisait dans un moment où j’avais un peu de mal à agir comme avant… J’avais l’impression d’avoir changé et d’avoir un peu de mal à me retrouver. C’était question de temps… mais quand même. En pinçant les lèvres pour me retenir de rire de bon cœur, je lui répondis : « Jeune….jeune… ça ne durera pas éternellement et tu deviendras vieux avant d’avoir eu le temps de dire ouf ! » Dis-je faussement vexée en pensant que je serais plus vieille avant lui. De peu, certes, mais quand même. Je riais toujours de sa remarque avant de dire : « Tout dépend de ce que tu es prêt à devenir, entre mes mains. Je suis une tortionnaire sympa et je prends la température avant de perturber les jeunes fragiles » Je roulais les yeux. N’importe quoi ! J’avais le don pour dire des choses inutiles mais soit, c’était cool de plaisanter là-dessus.
January m’avait en effet parlé de ses frères et j’avais occulté un peu la conversation et la sœur Shiver depuis la disparition d’Asling. Je n’avais pas besoin de l’avoir dans les pattes ou de l’entendre, je préférais être seule et ne penser qu’à mes occupations. Les relations n’étaient toujours pas nettes avec January. « Elle m’a dit que tu étais un horrible petit…. Je plaisante ! Elle n’a pas dit grand-chose. Nous parlions de nous en réalité, de nos familles... si tu préfères. Elle m’a simplement expliqué qu’elle avait deux frères jumeaux et ce que font vos parents. » Je lui jetais un petit coup d’œil avant d’ajouter : « Ce à quoi j’ai répondu que vous aviez de la chance d’avoir pu voyager un peu. » Pour plaisanter une nouvelle fois, j’ajoutais : « J’ai voulu en savoir plus, mais impossible d’y arriver ! » Je grimaçais, espérant passer pour une petite fouine, ce qui m’amusait beaucoup.
Discuter me plaisait beaucoup plus que devoir récolter les carottes, mais nous devions nous y atteler sans trop tarder, si nous ne voulions pas voir nos deux heures de travaux prolongée. Le clin d’œil du jeune homme ne m’échappa lorsque je lui fis remarquer qu’il avait la bonne position pour se rincer l’œil. Je pensais « Waoh Sexy Shiver, je ne te pensais pas du genre à entrer dans ce jeu là ». J’avais ensuite essayé d’extraire les légumes, sans succès. Le truc était complètement nul car nous n’avions bénéficié d’aucune explication et d’aucunes instructions précises. Je m’écartais un peu du champs, ayant simplement répondu à sa petite attaque par un haussement d’épaules rempli d’une démonstration de ma fierté féminine. Un sot traînait à quelques mètres mais seul un petit fond d’eau se trouvait au fond. Je le ramenais près de l’endroit qui nous occupait et me plantais devant Snow, retenant mon rire qui n’était pas loin. « Oui… ou alors on mouille la terre pour qu’elle soit moins sèche… » Je me tenais avec le sot et une double envie : rire et lui envoyer le petit fond d’eau à la figure. Mon air ne devait pas le tromper et j’hésitais encore… cela n’allait de toute façon pas suffire pour arroser tout le champ.
Snow était plutôt chanceux, il réalisait certes une corvée peu amusante, mais en d'excellente compagnie. Il était fort dommage d'ailleurs que cette si charmante compagnie n'est pas été découvert plus tôt. Alors certes, il connaissait l'existence de la jeune femme, il ne vivait pas dans une grotte, mais il ne savait quasiment rien d'elle. Il savait qu'elle était la meilleure amie à Asling et qu'ils étaient très proches. Si ses souvenirs étaient bons, elle devait être à Serdaigle, mais il ne pourrait même pas. Il se souvenait du jour où elle avait débarqué à Poudlard et de s'être dit qu'il pourrait être intéressant de se pencher sur son cas, mais il n'en avait jamais eu l'occasion et il avait fini par oublier. Ce n'était pas comme s'il manquait de belles filles à Poudlard, Snow avait de quoi s'occuper. Qu'est-ce qui liait vraiment Asling et elle ? Etaient-ils seulement des amis ? Snow l'ignorait et il n'allait pas lui poser la question après ce qu'il s'était passé. Le jeune homme était mort, Snow n'était pas là pour remuer le passé.
«Je suis né pour gagner ma grande, tu ne peux pas rivaliser ! » Dit-il en plaisantant. Au fond, Snow le pensait vraiment, il croyait en un avenir radieux. Il était persuadé qu'il était né pour faire de grandes choses, seulement il n'en parlait pas trop. Il fallait le bon auditoire pour ça, sinon les gens se mettraient à rire. Au fond, Snow s'en moquait bien de savoir si on croyait en lui ou pas, mais il ne tenait pas particulièrement qu'on se moque de lui, même si ce ne serait que partie remise. Il ne ratera pas l'occasion de rappeler à ceux qui ne croyaient pas en lui qu'ils avaient tort et qu'ils ne pourraient que s'en mordre les doigts maintenant qu'il était arrivé au sommet de la gloire. Mais pour le moment il n'était que Snow Shiver, le capitaine de l'équipe de Quidditch des Verts et Argents, en tout cas il l'espérait, il attendait sa lettre avec impatience, avec l'insigne dedans. « Grave, j'avoue, je ne peux pas lutter contre toi, tu es trop forte. Je n'osais pas te dire que je n'aurais aucune chance pour faire cette tâche, du coup je suis plutôt soulagé que le hasard joue en ma faveur. Gloire à Chloé ! » Snow aimait bien entrer dans le jeu de la belle brune. Après tout, il n'y avait aucun mal à faire semblant de ne pas pouvoir rivaliser contre la force de Chloé. Elle plaisantait et lui aussi. Il était évident qu'il s'en sortirait mieux qu'elle mais il n'était pas contre l'idée de la laisser essayer. Si elle s'en sortait, il serait plutôt content et impressionné et sinon, ce ne serait que partie remise.
Matt revint sur le tapis, en grande partie parce que c'était Snow qui avait réabonner le sujet. Il avait dit que si Chloé ne s'en sortait pas contre Franz, ils pourraient toujours rabattre la faute sur Matthew. Snow pourrait en être capable, non pas par méchanceté, mais pour plaisanter. Il viendrait à son secours si vraiment les choses venaient à dégénérer, mais il le laisserait un peu dans la merde, rien que pour le trip. Visiblement l'idée plue aussi à Chloé. « Je vois ça ... J'serais curieux de savoir pourquoi tant d'acharnements sur Matt. » Dit-il en souriant. Il ne pensait pas un seul instant que Chloé s'acharnait sérieusement et de façon brutale sur Matt. Il y avait l'air d'avoir une amitié entre eux, mais pas seulement. Ce n'était pas qu'ils se tournaient autour, mais ... presque. Snow ne saurait pas dire exactement ce qui les liait tous les deux, mais si Chloé avait envie de balancer l'info, il serait ravie d'en savoir plus. Après tout, peut-être que Snow marchait sur les platebandes du futur étudiant. « Je suis persuadé que même vieux, j'aurais la classe ... » Plaisanta-t-il. Après tout, il prenait soin de lui, aimait bien bien présenter, il mangeait sainement, ne buvait que rarement de l'alcool, savait faire la fête sans être bourré, faisait régulièrement du sport, il était évident qu'une fois vieux, il serait bien conservé. « Avec un physique comme le tien, je suis prête à devenir ce que tu veux ! » Allez BAM, Snow et sa délicatesse légendaire. Il n'en ratait jamais une. Au moins Snow était un jeune homme franc. Il avait dis clairement dans une de ses lettres à Avril qu'il la trouvait bonne, ça ne le dérangeait donc pas de parler de la plastique de la belle brune qui lui faisait face. Après tout, qu'est-ce qu'il risquait ? Qu'elle le prenne mal ? Il ne lui avait pas sauté dessus, ils plaisantaient, au pire il lui sourirait et passerait au dessus. Snow avait une grande confiance en lui, avec sa belle gueule, souvent ses compliments, même peu délicat, passaient toujours.
Le sujet de sa soeur et de sa famille tomba sur le tapis. Snow fronça un peu les sourcils en entendant le mot "jumeau". S'il y avait bien un chose que January n'aurait pas employé comme terme, c'était bien jumeau. Elle était bien trop fière d'être aussi particulière en étant une triplée, elle n'allait pas gâcher son plaisir en modifiant la réalité. Chloé avait donc mal compris, ce qui n'était pas très grave en soit. Visiblement sa soeur ne s'était pas éternisée sur leur histoire, ce qui ne l'étonna pas trop pour le coup. Ce n'était pas classe de dire qu'on venait d'un cirque, surtout quand on rêvait d'un prince charmant et d'un beau château. « Triplés ... Il n'y a pas de jumeau chez les Shiver, on est des triplés, Noel, January & moi. Après pour les voyages .... oui, on commence à bien connaitre le Royaume Unis ... surtout les patelins perdus que personne ne connait. Quelle chance !» Dit-il avec ironie. Snow ne s'étala pas plus sur sa famille. Si Chloé voulait vraiment en savoir plus, elle devrait poser des questions, ce ne serait pas Snow qui lui servirait tout sur un plateau d'argent. Chloé se planta devant Snow, un seau avec un fond d'eau à la main. Snow regarda l'eau croupie et se dit que 'non, définitivement non, il ne la voulait pas sur la tronche'. Il esquissa un sourire et prit le seau des mains de la jeune femme. «Quelle idée de génie ... Vu que tu vas te taper le sale boulot, j'vais chercher l'eau ... comme ça, ça t'évitera de faire des bêtises ... Par contre si toi tu veux faire un concours de t-shirt mouillé, n'hésites pas, je serais ravie de t'aider ...» Dit-il en se marrant. Snow n'en ratait décidément pas une, elle était loin l'époque de sa candeur...
J'étais partie avec mon râteau, toute fière d'aller faire du jardinage ! Ben ouais, ce n'est pas vraiment comme si j'en avais déjà fait … Comment ça je suis une flemmarde ? Pas du tout. Bon, d'accord, un peu quand même. A la base, j'aime bien faire du sport, me défouler, tout ça tout ça. C'est bon pour les méninges dit-on ! C'est surtout bon pour mon excès d’énergie en fait. J'ai enfoncé mon chapeau de paille sur mon crane puis j'ai remonté mes lunettes de soleil. Non, je ne suis pas venue ici pour faire bronzette ! Même si, vue comment je me suis attifée, on pourrait le croire. C'est juste que je vais finir cramoisie si je ne met absolument rien. C'est nul d'avoir une peau de cachet d'aspirine ! En plus, l'été, on a toujours le droit à des répliques très ''drôles'' … Drôles pour les personnes qui le disent hein, parce que moi, ça fait 15 ans que j'me les coltines ces blagues. ''Et bien, c'est quoi ces cannes blanches ?'', ''bah dite donc, t'as pas vraiment essayée de bronzer cet été toi !'', ''T'es sûr t'étais au soleil cette année ?'', ''Pourquoi t'es aussi blanche ?'', tu crois que je l'ai choisi crétin ?! Bref, en ce moment, j'aimais vraiment mon chapeau de paille, même si je faisais peut-être un peu tâche avec tous les autres élèves de Poudlard. Mais tant pis, je préfère avoir l'air stupide quelques heures plutôt que de ne pas pouvoir m'asseoir pendant une semaine. Et puis, de toutes façons, c'est cool les chapeaux de paille !
Je ne faisais pas vraiment attentions aux autres élèves, ils partaient tous un peu dans leurs coins, faisant les tâches qui leur semblaient les meilleures. Ce n'est pas une si mauvaise idée finalement, comme ça au moins on ira plus vite. Et puis, de cette manière, il n'y aura -du moins je l'espère- pas de conflits.''Je te suis''.Je me suis retournée pour voir qui venait à ma rencontre. C'était Eléonore, notre préfète qui avait pour collègue Matt. Sera-t-elle encore notre préfète cette année ? Certainement, elle avait fait du bon travail -du moins, il me semble- alors autant lui laisser ce poste. En revanche, qui l'accompagnera ? Vu que Matthew part à l'université … aucune idée, on verra bien à la rentrée. Ce n'est pas vraiment ce qui me tarde en fait.''C'est Maxime ton nom, c'est ça ?''
''Yep tout à fait ! Et toi Eléonore, préfète de chez nous.''
J'avais dis cela histoire de lui prouver qu'elle n'avait pas besoin de se présenter. Même si, bon, au final, j'avais quand même eu l'air un peu stupide … bah, ça ne change pas vraiment de d'habitude en fin de compte. Ça m'avait quand même étonnée un minimum qu'elle connaisse mon prénom à moi, c'est qu'on ne s'est jamais réellement parlées. Pourtant on aurait pu se voir cette année au vue des quelques règles que j'ai transgressée. Mais bon, c'est vrai que ''Maxime'' pour une fille ce n'est pas courant, c'est peut-être de cette manière qu'elle s'en est souvenu. Oh et puis merde hein, je ne vais pas me prendre la tête pour ça quand même ! Elle sait, elle sait, c'est tout ce qui importe !
''Je pense qu'on va commencer par là-bas, histoire de ne pas être dans les pattes de Snow et … et sa collègue.''Dis-je en pointant du doigt l'endroit auquel je faisais référence. Non en effet, je ne savais pas vraiment comment elle s'appelait, mais on ne peut pas connaître tout le monde n'est-ce pas ?''J'espère que t'as des muscles, parce que vue ce qu'on a choisi, je pense qu'on va en avoir besoin !''Avais-je dis tout en riant. Parce que oui, ce n'était pas le plus facile. En plus on est deux filles … on a bien choisie notre corvée nous tient ! Mais ce n'est pas grave, du moment qu'on s'amuse, c'est le principal quand même !"Oh fait, tu passes en septième année c'est ça ?"Quand nous sommes enfin arrivées à notre destination, je me suis accroupie devant le potager. Par où commencer … ? Ah mais je sais ce qu'il nous manque ! Des gants ! Histoire de ne pas abîmer nos jolis ongles bien manucurés …. pfff, blague. Comme si j'avais le temps pour ça. Mais bon, je pense que des gants seraient tout de même apprécié. Il me semble en avoir vu pas très loin des râteaux que j'ai ramassé tout à l'heure. Mais bon, je n'y avais pas vraiment prêté attention, étant bien trop sur les nerfs à cause de Franz."Tu sais ce qu'il nous faut ? Des gants, ce serait dommage s'il nous arrivait des bricoles à cause de ça. Bouge pas, je reviens."Je ne lui ai pas vraiment laissé le temps de répondre que je me suis relevé pour partir en course jusqu'à l'endroit de tout à l'heure. Et oui, pas le choix, pas le droit d'utiliser la magie, alors on utilise nos pattes. Je suis revenue en un temps record -en étant plus essoufflée que jamais- avec deux paires de gants en main. J'en ai tendue une à Eléonore avant de me ré-accroupir devant mes petits légumes. Bon alors les carottes, va pas falloir rouspéter, si on est là, c'est pour prendre soin de vous !"Dis-moi, tu sais comment on fait en fait ? Non parce qu'enlever les mauvaises herbes avec les mains, ça passe, faut juste tirer dessus. Mais avec ça … on ratisse les mauvaises herbes et elles s'en vont toutes seules ?"
Quel drôle d'été ce sera, pensais-je pour moi-même alors que je regardais autour de moi le petit groupe qui avait été assigné aux champs. Il y aurait de tout évidence quelques conflits, surtout si certains Serpentards étaient incapables de se comporter respectueusement envers les autres. Il y aurait des malaises, par exemple entre moi et Matt, ou entre moi et Chloé. P*tain, il avait vraiment fallu que je me retrouve avec ces deux-là! Je n'avais aucune envie de les voir se bécoter dans ma face tout l'été. Déjà que c'était assez difficile pour moi de passer à autre chose - ça faisait même pas un mois encore qu'on s'était séparé... Valait mieux pour moi essayer de mettre le plus de distance possible. J'avais donc décidé de suivre Maxime - tout du moins je croyais être son nom -, une Gryffondor plus jeune que moi qui semblait sympathique.
''Yep tout à fait ! Et toi Eléonore, préfète de chez nous.'' Oui, c'était bien mon nom, et même si je trouvais naturelle qu'elle le sache puisque j'étais sa préfète, je ne pouvais m'empêcher de me trouver un peu poche de ne pas avoir su avec certitude qu'elle était le sien. Normalement, en tant que préfète, j'aurais dû faire davantage d'efforts pour connaître les noms de tous les Gryffondors. Une situation que je me promis de régler pour l'année à venir. ''Je pense qu'on va commencer par là-bas, histoire de ne pas être dans les pattes de Snow et … et sa collègue.'' Je regardai dans la direction qu'elle pointait et vu que Snow était avec Chloé. Ah, bien! Je respirai un peu mieux: ce ne serait pas aujourd'hui que je verrais mon ex bécoter Chloé. Ouf, une journée de gagnée! « C'est Chloé son nom, elle est à Serdaigle... Enfin... était, je crois qu'elle vient de terminer Poudlard. Bonne idée, allons nous trouver un p'tit coin tranquille! » dis-je avec entrain. Oui oui, loin de tout le monde et des regards, me concentrer sur autre chose. ''J'espère que t'as des muscles, parce que vue ce qu'on a choisi, je pense qu'on va en avoir besoin !'' Je regardai mes muscles de bras et prit la pose en essayant d'avoir l'air forte. Je finis par me dégonfler en riant: « Ouf, j'te dirais que je suis pas la plus forte au monde! Mais bon, on va bien y arriver, hein? Faut juste faire attention à pas se blesser! » En fait, j'étais vraiment pas une fille forte, j'étais plutôt du genre fragile, malgré mon caractère qui pouvait être assez explosif. Malgré tout, j'étais dans une meilleure forme physique qu'au début de l'année, notamment grâce aux entraînements que j'avais fait avec Ceyan.
Maxime me demanda si j'étais rendue en septième année. « Oui, septième et dernière année! Honnêtement, j'ai hâte de passer à autre chose. La plupart de mes amis sont déjà rendus à l'Université, du coup, je me retrouve un peu seule cette année. Au moins je vais pouvoir passer plus de temps à étudier et parfaire mes connaissances pour le test des Aurors sans que mes amis me reprochent que je ne leur accorde pas assez de temps » dis-je en riant. « Toi, tu es en cinquième année, c'est ça? As-tu une idée de ce que tu veux faire plus tard? » Tout en parlant, nous étions arrivées à un endroit plus tranquille. "Tu sais ce qu'il nous faut ? Des gants, ce serait dommage s'il nous arrivait des bricoles à cause de ça. Bouge pas, je reviens." Et avant que j'aie le temps de dire quoique ce soit, Maxime partit à la vitesse de l'éclair vers l'endroit que nous venions de quitter. Eh bien, elle en avait de l'énergie cette fille. Elle avait aussi beaucoup de jasette, la conversation ne serait pas difficile à faire, ce qui était tant mieux! Elle revient, l'air très essoufflée, et dit entre deux respirations: "Dis-moi, tu sais comment on fait en fait ? Non parce qu'enlever les mauvaises herbes avec les mains, ça passe, faut juste tirer dessus. Mais avec ça … on ratisse les mauvaises herbes et elles s'en vont toutes seules ?" Je regardai les outils à notre disposition: des gants, un râteau. Il me semble qu'on sautait des étapes... « Hmm... Eh bien normalement, il faut mélanger du nouvel engrais, ou plutôt du nouveau compost, avec l'ancien. Mais je ne pense pas que nous ayons de la nouvelle terre à notre disposition. Alors sinon... une espèce de truelle nous serait utile. Tu sais, pour arracher les mauvaises herbes d'une meilleure façon qu'avec nos pauvres mains! D'ailleurs.... » depuis tantôt que j'essayais de mettre les gants dans mes mains, « ... je crois que tu m'as amené deux gants gauches! Quelqu'un là-bas doit avoir deux gants droits. Ne bouge pas, je reviens, je vais chercher ce qui nous manque » dis-je avec un sourire.
Cueillir les pommes, c’est malgré tout une activité de ferme assez plaisante. Surtout qu’avec la nouvelle connaissance de Pia, ça va être drôle. Le ton est donné, il va y avoir du challenge. Perchés sur leurs échelles, panier pendant sur le dos, les deux jeunes gens commencent à ramasser les pommes tout en en croquant une ou deux au passage. « Un vers ? Bah … au pire en plus du fruit j’aurai mangé un peu de viande ! C’est pas la petite bête qui va manger la grosse. » Un nouvel éclat de rire s’envole du verger mais le regard de Pia se pose malgré tout sur la pomme qu’elle tient entre ses doigts. Un vers ? Elle a répondu à Matt à la légère mais quand même, c’est dégueulasse manger un vers. Cependant, ce petit incident ne ralentit pas les jeunes dans leur tâche. La discussion reprend de bon train alors que les pommes vont des branches aux paniers. « Ouah, t’as un débit de parole assez impressionnant ! » Il est vrai que quand elle est dans de bonnes conditions, Pia parle beaucoup. Le rouge lui monte aux joues à cette remarque. Ses yeux restent fixés sur les feuilles verdoyantes, un peu gênée. Le ton de Matt n’était pas accusateur mais il n’est pas le premier à lui dire ça. Heureusement il évite le malaise en enchainant et répondant à toutes les questions de la jeune fille. Pia l’écoute en souriant sous le soleil qui continue de cogner sous les frondaisons.
« Merci ! Mais j’avoue que je sais pas trop ce que je veux faire plus tard … » C’est une question qui revient souvent dans sa famille, la mater’ visant pour sa fille des études de médecine magique, ou bien dans la politique. Quelque chose de prestigieux. Ça attire Pia mais elle ne voit pas vraiment quelles sont ses passions. Peut-être cueilleuse de pommes professionnelle ? Elle secoue la tête en souriant bêtement face à cette idée. « Wah la fac ! J’aimerai beaucoup y aller. Tu pars en quel cursus, si c’est pas indiscret ? » Vu le charisme et l’aisance du jeune homme dans la vie, Pia ne doute pas une seule seconde de ses capacités d’adaptation. Le rôle d’étudiant lui ira à merveille. Il lui est quasiment inconnu mais elle est irrésistiblement attirée par Matt. A première vue il est un garçon foncièrement gentil. Et drôle. Dans la foulée de la cueillette lui aussi se met à croquer dans les fruits. Il est vrai qu’elles sont délicieuses. Le poids du panier pèse sur le dos de Pia. Elle n’a du ramasser qu’une douzaine de pommes depuis qu’elle est perchée sur son échelle, mais ça fait son poids. « Et tu n’es pas triste de quitter Poudlard ? Moi, j’ai déjà la boule au ventre alors qu’il me reste 2 ans … » Eternelle nostalgie, quand tu nous prends. Pia a déjà songé plusieurs fois à comment ça sera après l’école, dans le monde des grands, et ça lui fait peur. Balayant cette idée morose d’un revers de main, elle s’empare d’une nouvelle pomme et la balance dans son dos. Se perchant sur la pointe des pieds, la jeune fille jette un œil dans le panier voisin. Armée de son plus beau sourire, Pia lance une boutade. « Eh bien en tout cas, tu blablate plus que tu ne ramasses de pommes … pour un soi-disant champion ! » Mesquine, Pia lance d’un bon geste sa pomme mordue dans le panier de Matt.
