Une promenade entre cousins [PV Shayne]

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Hors-Jeu:

Une promenade entre cousins

C’était le mois de septembre et les sélections de Quidditch de Gryffondor avaient déjà eu lieu, seulement, Sarah n’en avait pas eu les résultats. C’était aussi un week-end de sortie à Pré-au-Lard.
Sarah avait l’autorisation d’y aller depuis l’année précédente, signée par son cousin et tuteur Orion, mais ne l’avait pas encore mise à profit. Shayne, qui faisait aussi partie de ses cousins, lui avait proposé de lui faire visiter le village sorcier. Cela lui convenait d’autant mieux qu’elle avait beaucoup de choses à lui raconter.
Finalement, l’année précédente – sans doute plus perturbée qu’elle n’avait bien voulu l’admettre par les divers décès de ses anciens camarades -, elle ne lui avait pas parlé tant que cela en dehors du Quidditch. Et s’il existait une sorte d’accord tacite entre eux stipulant qu’ils ne parlaient pas de leurs pères respectifs ensemble, il semblait important à la jeune rouge et or de lui raconter que c’était désormais son autre cousin, Orion Boréalis, qui avait sa garde. Et puis, non seulement c’était une nouvelle qui méritait d’être partagée, mais ça ne forcerait pas Shayne à aborder des sujets délicats ou douloureux, alors, cela ne porterait nullement préjudice à leur accord.

Bientôt, elle atteignit le lieu où ils s’étaient fixé rendez-vous. Voyant son aîné, elle le salua chaleureusement.

« Bonjour Shayne ! Comment vas-tu ? Tu as passé de bonnes vacances ? Comme se passe ce début d’année scolaire pour toi ? »

Aussi bavarde – quand elle était à son aise – que polie et soucieuse de son prochain, la jeune adolescente avait recouvert Shayne sous les questions.
Il serait toujours temps de lui annoncer la nouvelle dont elle voulait lui faire part un peu plus tard dans la journée. Peut-être devant une boisson dans une taverne ou un salon de thé du village ? Des échos qu’elle avait eus, on pouvait trouver ce genre d’établissements à Pré-au-Lard.

(c) Kira pour Never Utopia

Une promenade entre cousins (feat Sarah)

Les sélections de Gryffondor avaient eu lieu sans trop de problème pour Shayne, lui qui appréhendait son nouveau rôle en tant que capitaine. Enfin sans problèmes si l’on ne comptait pas les deux-trois donneurs de leçons comme la quatrième année Saige qui paraissait toute hilare et hautaine durant son discours. Elle avait tenté de dissimuler son rire, mais tant pis pour elle : Shayne avait tout vu, et son année en tant qu’attrapeur l’avait bien aidé pour cerner rapidement les choses même de loin. Non mais franchement, qu’est-ce qu’elle avait, celle-là ? Si elle cherchait à déstabiliser le nouveau capitaine rien que pour amuser la galerie, elle pouvait toujours se crever l’œil : c’était lui qui en avait le privilège ! Elle pouvait certes se marrer autant qu’elle voulait avec n’importe quel professeur de l’école, mais certainement pas pendant ses séances. Pour une séance de sélections, c’était pas gagné d’avance pour Saige : si elle souhaitait garder l’estime de son capitaine, elle allait devoir se tenir à carreaux à l’avenir, comme lui avec Maxton alors qu’en temps normal il se serait plu à défier l’autorité. C’est pas compliqué !

Mais revenons à nos niffleurs. Ce matin-là, Shayne avait rendez-vous avec Sarah, sa cousine, afin de lui faire visiter le village de Pré-Au-Lard. Lorsque la jeune fille lui avait dit ne jamais y être allée, le jeune homme était plus qu’étonné : qui n’aurait pas l’infime curiosité de visiter les tavernes, les salons de thé et les commerces de ce village tant convoité ? Sans compter le nombre de troisième année qu’il croisait depuis devant les vitres envoûtantes de Honeydukes, il s’étonnait qu’elle n’en eût jamais fait partie l’année précédente. Ce fut alors qu’il eut l’idée de l’accompagner lui-même à Pré-Au-Lard : hors de question que sa cousine n’y aille pas une fois avant ses quinze ans, plus tard ce serait trop tard !

En arrivant à l’entrée du village, Shayne s’arrêta près d’un mur adjacent aux commerces, là où ils s’étaient donnés rendez-vous. Apparemment la jeune fille n’était pas encore arrivée, alors il se décida à attendre quelques minutes. Puis le doute que celle-ci ne soit perdue à trouver leur lieu de rendez-vous le saisit alors car il n’y avait pas qu’une seule entrée au village. La pauvre, et si elle s’était égarée ? Merlin de Williams, tu aurais dû l’escorter toi-même jusqu’au village ! C’est vrai, après tout d’entre eux deux c’était lui seul qui connaissait Pré-Au-Lard. Alors qu’il commençait à s’ébouriffer les ongles d’anxiété, une petite tête brune apparut sur son champ de vision à moins de quelques centimètres de sa personne. Il fut ravi et soulagé de constater qu’il s’agissait de Sarah. A peine fut-elle arrivée près de lui qu’elle se mit à le bombarder de questions, avant même qu’il ne puisse ouvrir la bouche pour la saluer. C’était à peine si le jeune homme pouvait cerner le type de question qu’elle posait.

« Doucement, petite cousine, une question à la fois ! Tu surestimes un peu trop mes capacités de rapidité à mon avis. Ne crois pas que parce que j’ai été attrapeur je sais aussi bien cerner les mots que la trajectoire d’un Vif d’or ! »

Il arbora son rictus taquin habituel avec lequel il n’épargnait personne, pas même sa propre famille. Il jouait toujours sur le ton de l’ironie ou de l’amusement, et rares étaient les fois où il s’exprimait avec le plus grand des sérieux : si un élève ou professeur l’entendait parler une fois sans une once de taquinerie, ce serait qu’il n’était pas d’humeur et que la prochaine victime de ses coups de sang serait le premier venu. Heureusement lorsque cela arrivait, il se contrôlait assez bien pour épargner ses amis proches… Enfin, pas tous… Hein ? Mais de qui parle-t-on ? Oh ça va, tu veux quand même pas que j’épelle son nom ? Bon, A, Z,U… C’EST BON ! ON A COMPRIS ! Quoique, pourquoi elle ? Ce n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler « amie proche »… Bon bref !

« Bon pour te répondre… Salut Sarah… Je vais bien et toi ?... Plutôt bien et les tiennes ?... Et tranquille pour mon début d’année. Qu’en est-il du tien ? »

Shayne n’avait pas pour habitude de voir Sarah aussi vive… Enfin vive, sauf au Quidditch : elle allait si vite sur son balai qu’il était presque impossible de la voir. Un vrai p’tit Vif d’Or ! Et généralement lorsqu’elle était aussi rapide, c’était qu’elle était heureuse de quelque chose. Mais de quoi ?

« Dis-donc, tu m’as l’air bien enthousiaste ce matin. Qu’est-ce qui te rend de si bonne humeur ?... Attends, laisse-moi deviner… Le bibliothécaire t’a accordé un bon d’emprunt de livres venant de la réserve ? Neige a eu des petits ?... Ou bien… Le professeur d’Astronomie t’a donné l’autorisation de réviser dans la tour le soir ? Si c’est ça, tu as de la chance : même si j’aime beaucoup l’astronomie, c’est pas sûr que la matière m’aime en retour avec le nombre de retenues que j’ai obtenues. Rien que pour cela, le maître d’Astronomie ne m’aurait même pas laissé bénéficier d’une demi-heure. J’y peux rien s’il a un cheveu sur la langue quand il s’exprime ! »

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Une promenade entre cousins

Sarah était effectivement de bonne humeur. Après tout, c’était un bon moment avec son cousin qui s’annonçait, une des périodes de l’année faciles pour elle, avait des perspectives intéressantes pour cette nouvelle année et sa source principale de crainte semblait s’éloigner de plus en plus. Alors, son naturel avait repris le dessus et elle s’était montrée comme la tornade qu’elle pouvait être dans ses bons jours.
Lorsqu’il tenta de la tempérer un peu – puisqu’elle n’y avait pas été de main morte sur l’avalanche de questions qu’elle lui avait posées -, Sarah éclata d’un rire clair et joyeux. Elle était de bonne humeur et il la reprenait de façon amusante à son goût. Il n’y avait aucune moquerie, juste de la gaité restée trop longtemps enfermée au fond du placard.

« C’est vrai que je ne t’ai pas trop laissé respirer » admit-elle, avec un doux sourire.

Elle écouta ensuite attentivement les réponses qu’il lui donnait. Elle n’avait pas pris de ses nouvelles par simple politesse – même si cela comptait aussi pour elle – mais plutôt parce que ça l’intéressait sincèrement de savoir ce qu’il en était. Elle écouta donc d’autant plus ses réponses, cherchant à savoir si elle devait lire entre les lignes.

« Je vais bien aussi. A part une frayeur pendant le voyage scolaire cet été, mes vacances se sont bien passées. Cassi m’a emmenée à un match de Quidditch entre les Kenmare Kestrels et les Harpies de Holyhead. C’était formidable d’assister à un match de professionnels depuis les gradins ! » commença-t-elle, la plupart du temps avec enthousiasme.

« Quand à ce début d’année, il semble prometteur. Ces Olympiades magiques vont sûrement être très amusantes. Tu t’y es inscrit ? J’ai hâte que la course en hippogriffe ait lieu ! » continua-t-elle, toujours avec autant de vivacité.

Son cousin montra qu’il la connaissait bien en relevant son enthousiasme, d’autant qu’elle avait eu pas tant d’occasions que cela de lui montrer ce qu’elle pouvait donner lorsqu’elle était de cette humeur-là. Sans doute que le travail qu’elle avait commencé avec le psychologue scolaire l’année précédente apportait-il sa pierre à l’édifice. Aucune des hypothèses de Shayne n’était vraie et pourtant, elles étaient toutes censées. Elle aurait effectivement été ravie si l’une d’elle devenait réalité. Peut-être devrait-elle aider un peu les circonstances ? Mais, il semblait improbable qu’il pût deviner la réalité d’autant que cela faisait un an déjà qu’elle aurait dû lui en parler.

« J’adorerais qu’une de tes idées devienne vraie… Peut-être que je devrais tenter ma chance pour la réserve et les révisions nocturnes dans la tour d’astronomie... » commença-t-elle avec un mélange d’amusement et de sérieux, les yeux brillants. On sentait que l’idée était séduisante pour elle.

« Mais, non, rien de tout cela. Déjà, cette année commence bien. Et je suis ravie de découvrir Pré-au-Lard avec toi! Mais, il s’est passé quelque chose l’été 2028 dont j’aurais déjà dû te parler l’année dernière… Et que je comptais bien te raconter aujourd’hui, justement » répondit-elle.

Un voile passa dans ses yeux car si la fin était heureuse, le début restait douloureux et trop lourd pour elle. Shayne faisait sans doute des rares élèves de l’école auxquels elle pourrait peut-être envisager de tout raconter avant qu’il n’atteint l’âge adulte… Et elle savait bien qu’il faudrait qu’elle s’en ouvrît au psychologue scolaire si elle voulait pouvoir mieux avancer.

« A l’été 2027… quand j’étais chez mes géniteurs… J’ai assisté, comme plus petite… à… un de ces moments dont même eux estiment que je ne devrais pas les voir… C’était involontaire de ma part… Mais, enfin, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase à ce moment-là et j’ai tout raconté à Madame Cooper. Comme c’était Monsieur Sørensen qui était directeur, je lui ai demandé de n’en parler à aucun adulte, à part Monsieur Alexander si elle y tenait. Ce qu’elle a fait. » reprit-elle d’une voix fragile, car cela remuait tous ses pires souvenirs en elle.

« Je ne sais plus si tu l’as vu, mais j’ai déjà dû te parler de mon cousin germain du côté paternel, Orion Boréalis. Le fils d’une des sœurs de mon géniteur ? » vérifia-t-elle.

« Le hasard veut qu’il ait fait ses études à Poudlard dans les mêmes années que notre directeur de maison. Du coup, Monsieur Alexander l’a convoqué pour lui parler de moi et pendant que j’étais en voyage scolaire, celui qu’on a fait dans la forêt, mon grand-frère, Matthew, a récupéré mes affaires au manoir Davenport, Orion est rentré de ses longs voyages à l’étranger, trouvé du travail à Londres – où il s’est installé avec Matthew – et demandé ma garde. Je vis donc avec mon grand-frère et mon cousin et je peux voir qui je veux librement » continua-t-elle.

Cela lui avait permis aussi de fuir définitivement et en toute légalité une ambiance plus que nocive pour elle.

« Si j’avais conscience en septembre dernier de tous les changements que cela pouvait signifier, je n’avais eu que deux petites semaines pour y goûter. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas réussi à t’en parler avant, peut-être que ça me semblait… encore… trop fragile… Ou que les nouvelles du début d’année ont dû assombrir mon humeur plus que je n’étais prête à l’admettre. En tous cas, ça change littéralement ma vie ! Et le provisoire a l’air de bien s’installer » finit-elle sur une note optimiste.

« Alors, tu me montres le village ? » reprit-elle, ayant hâte de le découvrir.

Si elle pouvait envisager la possibilité d’en dire plus sur son passé à Shayne, ce serait assis devant une boisson et elle avait envie de profiter de sa bonne humeur retrouvée.

(c) Kira pour Never Utopia

@Shayne T. Williams

Une promenade entre cousins (feat Sarah)

Le rire franc et expressif était plutôt rare dans la famille paternel de Shayne. Sa tante, la mère de Sarah, d’aussi loin qu’il ne se souvienne n’avait jamais réellement exprimé de gaieté sincère lorsque la famille était au rendez-vous pour un dîner convivial. Il ne saurait compter le nombre de fois où pendant une réunion il guettait la réaction de sa cousine au moindre petit faux-semblant d’enthousiasme, ou encore lorsque l’un de leurs grands parents lançait une remarque plus que désagréable aux oreilles au sujet des Moldus et des enfants sorciers nés de leurs unions avec des sorciers et que le reste de la famille sauf les enfants hochaient la tête comme pour approuver son opinion. En parlant de ce genre de conversation que tenaient souvent les familles de longue lignée de sang-purs, c’était généralement durant ces discussions que Shayne se mettait à haïr son géniteur plus que d’ordinaire, car tandis que son grand-père faisait une litanie sur le mélange des « races de sorciers », Matthew quant à lui, bien que dans la famille il soit le seul à avoir fait l’exception et s’était marié des années auparavant avec une Moldue avec qui il eut deux enfants, se montrait silencieux tout au long du discours du patriarche, comme un enfant obéissant craignant de mettre son père en colère.

Comme si après avoir quitté Catherine la mère de Shayne pour une sorcière il approuvait désormais les paroles du grand-père Williams sur les « conséquences du mélange de sang ». Comme s’il niait avoir ne serait-ce qu’un lien avec ces Moldus, ces créatures sans pouvoir magique que l’on cherchait excessivement à protéger. Et Shayne le haïssait pour cela. Il le haïssait de demeurer ainsi sans rien dire, sans ménager ses fils qui étaient à table et écoutaient la haine déversée par leur famille sur des personnes comme leur mère. Le nombre de fois où il avait souhaité durant ces réunions dévoiler son opinion à son grand-père mais où Sarah ou Siggy l’en empêchaient d’une main discrète sur son genou. Voilà ce qu’avaient l’air les dîners en famille des Williams-Davenport : des conversations conservatrices et matérialistes à gerber sans le moindre petit rire franc d’un membre de l’assemblée. Shayne se demandait parfois si c’était la présence des grand-pères, Williams et Davenport, qui rendaient l’ambiance aussi délétère. Il ne le saura peut-être jamais car aucune des réunions auxquelles il assiste avec ses cousins et son petit frère ne s’organise en l’absence des vieux hommes.

Enfin, le rire n’était pas courant dans la famille. Voilà pourquoi entendre Sarah rire aux éclats était assez rare quand on savait la relation qu’elle entretenait avec ses géniteurs, alors autant profiter de sa précieuse bonne humeur et de l’instant de la voir tout sourire. Le jeune homme fut ravi d’apprendre que sa cousine avait pu assister au match de Quidditch. Quelque part il l’enviait car lui étant un fervent supporter de l’équipe des Harpies de Holyhead tout comme son père, non seulement il n’était plus assez proche ni de celui-ci ni de ses cousins pour qu’on l’invite à un événement, mais en plus il ne serait jamais venu à l’esprit de sa propre mère étant moldue de proposer un programme en lien avec le Monde Sorcier. « Tu as de la chance, je crois que pour ma part ça fait une éternité qye je n’ai pas assisté à un match digne de ce nom… Moi aussi j’ai hâte de les commencer, ces Olympiades ! Surtout que cette course, ce sera une opportunité pour moi de… » Heureusement, il se tut au bon moment. Il allait dévoiler son intention de participer dans le principal but de battre Murphy Leonhart dans un autre contexte que leurs cours communs, car il avait la ferme conviction que celle-ci ne maniait pas la théorie et la pratique de la même manière. « … de perfectionner ma vitesse et mon endurance. » Il réussit à se rattraper, mais cela ne l’empêcha pas de guetter la réaction de sa cousine à la fin de sa parole. Shayne ne connaissait pas la raison de la joie de Sarah, aussi s’était-il mis à deviner toutes sortes de raisons, mais aucune n’était la bonne. J’aurais essayer, se dit-il.

« Bien dommage pour le bon d’emprunt. J’aurais bien sollicité ton aide pour jeter un coup d’œil sur quelques livres de la réserve… Et pour ce qui est de la Tour d’Astronomie, ce n’est pas vraiment grave, l’autorisation n’est qu’une précaution : qui dit qu’on ne peut pas s’y faufiler la nuit quand les préfets dormiront ? »

Et il murmura discrètement ses derniers mots à l’oreille de sa cousine avant de reculer la tête et de lui faire un clin d’œil joueur, un rictus aux lèvres. Sarah semblait enthousiaste de se rendre à Pré-Au-Lard avec lui. Néanmoins lorsqu’il réitéra sa question en demandant la raison de sa bonne humeur, c’est là que son sourire se fana, et Shayne en voyant ce changement soudain d’émotion ne désirait rien d’autre que de voir réapparaître son sourire jovial. On aurait dit qu’un voile était passé dans ses yeux, brillants comme si elle allait pleurer et qu’elle se retenait, levant les yeux au ciel pour retenir ses larmes. Shayne soupira d’impuissance, la bouche entrouverte par la surprise et le désarroi tandis qu’il écoutait le récit de sa cousine. Durant l’été 2027, il avait passé presque tout son temps libre chez sa mère et son petit frère Siggy, et comme Sarah avait fait le voyage scolaire, il n’avait pas eu l’occasion de la voir et il n’avait donc pas pu connaître la situation dans laquelle elle vivait dorénavant.

Qui sont ces personnes qu’elle mentionnait par « eux » ? Shayne eut la nette impression qu’elle parlait de ses géniteurs, qu’il haïssait et qui le haïssaient réciproquement, lui et sa petite famille en commençant par sa mère moldue. « Comment osent-ils… » grommela-t-il entre ses dents à leur mention, le poing serré. Tels qu’il les connaissait, ils étaient bien capables d’abuser de leurs droits parentaux pour assurer leur autorité sur leurs enfants, seulement il ne savait de quelle manière, et c’est ce qui l’effrayait : à quoi avait-elle pu assister exactement pour que cela soit si terrible que leur directeur de Maison ait dû intervenir ? Il craignait le pire, aussi voulut-il savoir l’origine de la goutte de trop qui avait contraint Sarah à se confier. Mais il se ravisa, de peur de la plonger une nouvelle fois dans des souvenirs douloureux qu’il valait peut-être mieux qu’elle oublie. D’ailleurs, la seule vue de sa lèvre inférieure qui semblait trembler l’emplit de culpabilité, osant poser une main sur l’avant-bras de sa cousine pour la soutenir.

« Sarah… Je ne sais pas ce qui s’est passé, mais je suis désolé, sincèrement. Je savais que tes géniteurs étaient des personnages horribles, et je n’ai rien fait pour tenter de t’épargner leur courroux. Je pensais seulement qu’avec le temps ils allaient se rappeler que ce sont des parents qui doivent montrer l’exemple… Si c’est trop douloureux pour en parler, on peut s’arrêter là. »

Cependant, quel soulagement ressentit Shayne lorsqu’il apprit qu’elle avait quitté le manoir familial pour s’installer chez son cousin Orion, elle et son frère Matthew. « Oui je le connais de nom, tu m'en as parlé. » Il ne connaissait pas tant les deux concernés, puisqu’ils ne se rendaient presque jamais aux réunions familiales, même lorsque c’était au tour des Davenport d’organiser l’événement de retrouvailles. Surtout Orion qui était adulte et ayant quitté Poudlard avait trouvé du travail ailleurs. Néanmoins pour le peu qu’il connaissait d’eux et pour ce que Sarah lui avait conté à leurs sujets, ils semblaient être des hommes corrects, à l’opposé des idéologies de leur famille. Au moins, elle n’aurait plus à vivre dans une situation aussi lamentable avec des géniteurs qui oubliaient qu’avant d’être des sang-purs il s’agissait de parents.

« Mais non ne t’en fais pas, je comprends. Je suis désolé si je t’ai donné l’impression que tu ne pouvais pas te confier à moi. C’est vrai que je ne suis pas tellement dans la confidence… Mais tu es ma cousine, je suis ton cousin, faut bien qu’on soit là quand l’un a besoin de l’autre, surtout moi qui est l’aîné. »

Il ne s’attarda pas trop sur le sujet afin de laisser Sarah reprendre un bon coup d’air frais pour mettre de côté ses tracas et poursuivre leur chemin. « Bon allez, on va quand même pas rester debout comme ça à attendre qu’il fasse nuit pour entrer à Pré-Au-Lard. A moins que tu ne veuilles qu’on se fasse griller par le bon vieux Alexander de retour à la salle commune… Personnellement une retenue pour commencer l’année ne me pose pas de problème, surtout si je n’y suis pas seul. Enfin ça dépendra de toi hein, tu me diras ? » Il lui fit alors un clin d’œil taquin. Lorsqu’elle lui demanda de lui faire visiter le village, il accepta avec joie. « Avec grand plaisir, nièce-préférée-de-mon-géniteur ! D’abord petite précision : tu préfères qu’on passe par les grands espaces et parcs en premier, tu préfères commencer par les commerces ? »

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Une promenade entre cousins

Après avoir retrouvé Shayne à l’une des entrées de Pré-au-Lard, Sarah lui avait donc raconté que Cassi l’avait emmenée voir un match de Quidditch. Elle remarqua à quel point son interlocuteur semblait regretter de ne pas souvent avoir l’occasion d’assister à un bon match de ce sport.

« On pourra peut-être aller voir un match un de ces jours ensemble, quand il y en aura un intéressant » suggéra-t-elle, sachant très bien que ni Orion ni son grand-frère Matthew ne l’en empêcheraient.

Elle tendit l’oreille quant à ce qu’il disait des Olympiades. Elle eut l’impression qu’il avait changé sa réponse en cours de route, comme s’il n’avait pas voulu dire en quoi cette course serait réellement une opportunité pour lui.

« Seulement de te perfectionner sur la vitesse et l’endurance ? » fit-elle, peut convaincue par la fin de cette phrase.

« Ah bah c’est pas dit que j’essaie pas de négocier l’accès à la réserve, mais je pense qu’il me faudra un autre argument que "lire tous les ouvrages possédés par l’école" » fit-elle avec amusement.

Oui, aller à la tour d’astronomie de nuit pouvait se faire sans autorisation, il fallait juste se montrer prudent dans ce cas-là.

« Rien ne dit en effet que ça soit impossible. Je serais même surprise qu’aucun élève ne l’ait jamais fait »

Techniquement, Shayne était en train de l’encourager à enfreindre le couvre-feu, mais pour aller observer les étoiles comme pour observer des animaux, Sarah était prête à beaucoup. Et si elle ne faisait que rarement des bêtises et ne s’attirait que des punitions quand elle elle n’avait en réalité rien fait de mal, elle n’était pas à ce point à cheval sur les règles qu’elle ne pût en titiller une ou deux si elle avait de bonnes raisons de le faire. Observer les étoiles du meilleur point de vue possible en étant une à ses yeux.

Puis, elle évoqua à mi-mots auprès de Shayne qu’elle avait vu quelque chose qu’elle n’aurait pas dû et que ses confidences avaient conduit leur directeur de maison à prendre des mesures pour la mettre en sécurité, à l’abri de ses géniteurs.

« Ça fait bien longtemps que j’ai dû essuyer leur courroux… En mai 2023…. Dans le cas de la fin août 2027, mes géniteurs n’ont pas su sur le moment que j’étais descendue et que j’avais vu… Je ne sais pas si depuis Orion et Matthew s’en sont servi pour qu'Orion obtienne ma garde… Ça fait bien longtemps en tous cas que je ne me fais plus d’illusion concernant mes géniteurs… » commença-t-elle, appréciant le geste de son cousin.

Oui, c’était douloureux pour elle. Non, elle n’espérait pas véritablement pouvoir oublier un jour. Mais, elle avait peur de mettre Shayne, Siggy et Catherine en danger en mettant Shayne dans la confidence. Et c’était ce qu’elle ne tarderait sans doute pas à lui expliquer.

« C'est vrai que tout ça est douloureux et je ne crois pas que je pourrai oublier un jour…. Juste ne pas y penser tout le temps. Et non, même si tu n’es pas autant dans la confidence que mon grand-frère, ce n’est pas non plus que j’aie l’impression que je ne puisse pas me confier à toi… J’ai juste eu peur… Si je te disais tout et que père le découvrait… De vous mettre en danger toi, Siggy et ta mère, Catherine… »

En parlant de son père, de la terreur brillait dans les yeux de la toute jeune fille.
Puis, ils s’apprêtèrent à se lancer dans la visite du village.

« C’est vrai que ça serait dommage d’attendre la nuit, même si ça a sûrement son charme à ce moment-là aussi. » fit-elle avec un sourire amusé

« Je ne suis quasiment jamais en retenue, la seule fois où je l’ai été, c’était de manière injuste. Alors, si c’est pour une raison qui en vaut le coup et tant que ce n’est pas dans les cachots, je pourrais parfaitement l’assumer ».

Les cachots, référence à sa claustrophobie dont elle ne savait même pas si Shayne était au courant ou non. Elle ne le lui cachait pas, mais n’avait pas forcément eu de raison d’évoquer sa phobie avec lui.

« Je préfère qu’on commence par les grands espaces et les parcs »

Après avoir évoqué des souvenirs difficiles, elle ne serait que mieux en extérieur. D’autant que c’était dans la nature, les espaces verts qu’elle était le plus susceptible de se ressourcer.
Elle emboîta alors le pas de son cousin, tandis qu’il l’emmenait visiter le village.

(c) Kira pour Never Utopia

@Shayne T. Williams

Une promenade entre cousins (feat Sarah)

Les liens de sang n’étaient pas obligatoirement positifs, néanmoins Shayne savait qu’il pouvait compter sur Sarah et sur sa discrétion, s’ils venaient un jour de parler de leur famille. Sympathique comme elle était, son invitation à un match de Quidditch lui fit très plaisir, lui qui ne cachait pas sa passion pour ce sport épique. « C’est quand tu veux : moi tant qu’on n’invite pas nos vieux, j’suis partant ! » Malgré la passion de Matthew Williams pour le Quidditch, passer une soirée de match avec son père alors qu’ils ne s’adressaient presque pas la parole pourrait gâcher le moment. Pourquoi y mêler les parents ? Famille et Amusement, ça ne rimait pas. Et puis de toute manière, Shayne se doutait bien que sa cousine n’irait pas inviter ses parents à elle : déjà qu’elle ne vivait plus avec eux, pas besoin de remuer le couteau dans la plaie. « Après faudra quand même que tu demandes à Orion pour que je t’y accompagne seul. Surtout Matthew. J’ai pas envie de passer pour le cousin immature et de recevoir des remontrances sur la responsabilité d’accompagner une fille mineure dans un stade plombé. »

Shayne s’entendait bien avec la famille de Sarah, pour cela il n’y avait pas de problèmes. Mais connaissant les deux nouveaux représentants légaux de sa cousine, difficile de faire confiance à un autre qu’eux pour l’accompagner, surtout s’il s’agissait de Shayne, le garçon arrogant et rebelle de la famille. Un frère et un cousin responsables éviteraient de mettre leur protégée dans une situation risquée. Et Shayne qui n’était même pas majeur… ça promettait ! Le jeune homme comprenait donc que pour aller voir un match avec Sarah, sa famille lui donnerait beaucoup de fil à retordre. Il fit mine d’ignorer la question de sa cousine au sujet des Olympiades : il avait honte car jusqu’à présent, il pensait qu’il avait été suffisamment bon pour cacher ses intentions de réussir les épreuves, et maintenant elle avait tout gâché.

« Arrête : une fille sage comme toi finira un jour ou l’autre par attiser la sympathie des professeurs. Tu sais bien que si je te demande de me rendre toi-même ce service, c’est que moi je ne peux pas me le permettre. » dit-il en lui faisant un clin d’œil.

Certes, Shayne se rendait souvent à la Bibliothèque, si souvent que cela suscitait l’étonnement chez le Bibliothécaire, ses sourcils se fronçant chaque fois qu’il remarquait la tête du Gryffondor au fond de la salle. Et malgré ses fréquentes visites, le maître des lieux n’était pas dupe : il connaissait l’élève et son caractère bien trempé. Il n’y avait qu’à lire son expression de visage lorsque Shayne empruntait un livre pour le prouver, comme s’il avait peur de ne plus jamais voir l’objet ou que l’élève vienne à le rendre tard ou en miettes. Quelque fois, il lui arrivait de prétexter que le livre en question était en rupture de stock et qu’il le réservait au corps professoral. Quelle discrimination ! Une simple précaution, dirait le Bibliothécaire. Alors imaginez si le jeune Williams demandait un bon d’emprunt… C’est ça, pour qu’il arrache des pages ou verse malencontreusement ou non son encre sur le parchemin ?

« Oula ! Je crois que je t’ai malencontreusement contaminé le cerveau à force de traîner avec moi. C’est Orion et Matthew qui vont pas être contents du tout ! »

Lorsque Sarah lui expliqua qu’elle n’avait pas peur de ce que ses parents lui feraient, mais de ce qui pourrait leur arriver à lui et sa famille, il fut attendri par le geste de sa cousine. Elle avait l’art de faire passer les autres avant elle, ce qui parfois ne jouait pas forcément en sa faveur. Mais il était heureux que parmi tous ses cousins, il y en avait certains comme elle qui n’étaient pas pourris jusqu’aux os. Il tendit la main pour lui tapoter amicalement l’épaule.

« Ne pense pas à moi, le plus important c’est toi. Et je doute qu’on nous veuille du mal à moi, Siggy et ma mère, plus qu’à toi en tout cas. La famille a carrément enlevé Catherine de leurs conversations depuis son divorce… Et tu sais que tu peux compter sur moi pour lui régler son compte à ton patriarche : bon ok il fait deux fois mon poids, mais crois pas que la force que détient Matthew vient des Davenport, » dit-il en finissant avec un rictus aux lèvres.

Que Sarah réponde de manière aussi enthousiaste à la proposition de Shayne pour partager une retenue ensemble, le jeune homme y était surpris : jusque-là il pensait que sa cousine était un modèle de réussite et de sagesse dans tout Poudlard. Bonne poursuiveuse, bonne élève en classe, presque pas de retenue, et la préférée des professeurs. La voir excitée à l’idée d’enfreindre les règles l’amusait, mais quelque part il se jugeait coupable. C’était lui le rebelle, qui plus est son aîné, c’était à lui de l’éloigner le plus possible des dangers et des risques, pas de la tenter. Oula, Matthew risquait de lui passer un savon à la prochaine rencontre.

« Bon on va éviter d’aller trop loin. C’était juste une proposition. Faudrait pas que je déteigne sur toi plus que je ne le fais maintenant. »

Sarah préférait les espaces ouverts de Pré-Au-Lard que les commerces. Cela étonnait Shayne car généralement les personnes qui visitaient pour la première fois le village étaient attirées par les magasins comme Honeydukes, Poudlard n’ayant toujours pas organisé de stand bonbons au sein même du château. Néanmoins, c’était elle qui s’y rendait pour la première fois et Shayne n’était là que pour la faire visiter après tout. Il devait donc se complaire à ses souhaits.

« Comme tu veux... Ce n’est pas la première chose que j’aurais visité, mais bon. Après je tiens à te prévenir : si tu t’attends à de la verdure et des plantes un peu partout, les espaces de Pré-Au-Lard y sont dépourvus. »

Et ils se rendirent aux lieux souhaités. C’était un peu le début du village, et l’endroit était si banal pour Shayne qu’il craignait que Sarah ne s’ennuie déjà. Il ne s’agissait après tout que de simples terrains de jeu pour enfants et bancs pour vieilles personnes.

« Voilà les grands espaces. Comme tu vois, le seul parc qu’il y a est si petit qu’il fait la taille d’un terrain de basket. La plupart des personnes qui y vont sont les vieux habitants du village, certains aimant particulièrement donner des graines et des miettes de Citrouill’brioche aux pigeons. Y en a même qui viennent avec des morceaux de viande, prétendant en apporter pour des Sombrals… Des gâteux, je te le dis. Qu’est-ce que feraient des Sombrals dans un lieu public comme celui-ci, exposé aux humains qu’ils évitent en temps normal ? »

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Une promenade entre cousins

Sarah savait pertinemment bien que son cousin ne souhaitait pas parler de son père, mais elle se tenait à disposition, le jour où il se déciderait, elle serait là, prête à l’écouter et le soutenir.
Elle savait également à quel point Shayne appréciait le Quidditch et c’est pour cela qu’elle lui avait proposé d’aller voir un match ensemble. Elle était sûre pour sa part qu’en s’y prenant correctement – et malgré leur côté hyperprotecteur avec elle – elle pourrait convaincre Matthew et Orion de la confier à Shayne.

« Bien évidemment, sans nos vieux »

Effectivement, alors qu’elle avait fuit ses géniteurs, elle n’allait pas y aller avec eux, pas plus qu’elle n’allait imposer à Shayne la présence de son père à lui.

« Je ne le ferai pas dans le dos d’Orion. Après, j’imagine que s’il te voyait un peu avant, ça lui faciliterait les choses. Orion et mon grand-frère Matthew ont certes toujours été superprotecteurs avec moi et sont carrément devenus plus hyper-protecteurs que jamais avec moi, mais je suis sûre qu’ils peuvent accepter. Tu sais, pour nous permettre de passer un moment ensemble, avant ma rentrée en première année, alors que Cassi avait seize ans, Matthew m’a confiée à elle pour mes courses de rentrée. Officiellement, pour nos géniteurs, je les faisais avec mon grand-frère ».

Elle remarqua qu’il ne souhaitait pas lui répondre à propos des Olympiades et n’insista donc pas à ce sujet, ne voulant en aucun cas le mettre mal à l’aise. Et puis, elle n’aimait pas forcer les confidences.

« Oh, j’ai déjà attisé plus d’une fois la sympathie des professeurs et plus généralement des adultes de l’école. »

Elle repensait à la fois où le professeur Alexander l’avait trouvée prostrée au pied d’un arbre de la forêt interdite lors de sa première année ou lorsqu’il lui avait suffi l’année précédente de dire la vérité au concierge pour qu’il ne l’eût pas punie de s’être retrouvée hors de son dortoir après le couvre-feu.

« Toi, il y a un livre particulier que tu aimerais consulter à la Réserve ou tu es juste curieux de savoir ce qu’il y a là ? » lui demanda-t-elle.

Elle sourit amusée lorsqu’il prétendit qu’il avait déteint sur elle. La vérité, c’est qu’elle avait réprimé son côté rebelle par crainte de ses géniteurs. Enfreindre une règle si cela mettait en danger son prochain, c’était non. C’était là sa véritable limite en la matière.

« Tu sais… Des envies de rébellion, j’en ai eu plus d’une fois. Mais, en février 2027, j’ai fait une promesse à Cassi, et j’essaie de la tenir de mon mieux… Tu te souviens quand quelques temps plus tard, le jour où on aurait dû avoir la conférence sur le code international du secret magique, on a vu deux élèves se faire renvoyer parce qu’ils avaient refusés de donner leurs baguettes… ? L’un des deux élèves était Cassi, l’autre, Léo, qui est devenu son mari depuis… » lui confia-t-elle.

A part avec Matthew durant l’été 2027 et avec le concierge quelques temps auparavant, Sarah n’était guère revenue sur cet événement, qui l’avait pourtant choquée à l’époque.

« Ce jour-là, j’ai failli les suivre, faire comme eux… Me lever à la suite de Cassi et refuser comme elle de donner ma baguette… » finit-elle.

C’était un de ses plus mauvais souvenirs de cette première année avec le jour la première semaine de ses études à Poudlard où elle s’était retrouvée enfermée dans un cachot pendant plus de deux heures.

Si elle avait les qualités prisées par Gryffondor, elle avait aussi celles de la maison Serdaigle, ce qui tempérait quelque peu son impulsivité, parfois son côté casse-cou et ses envies de rébellion. Pour autant et malgré le respect qu’elle accordait aux adultes, elle n’était pas non plus le parfait petit ange qu’elle pouvait paraître.

« Orion et Matthew savent que je ne vais pas respecter toutes les règles à tout prix. Ils savent qu’il y en a plusieurs que je n’ai pas respectées… Parfois même avec la complicité de Matthew. Sans compter les fois où Matthew a menti à nos géniteurs pour m’éloigner d’eux, me permettre de passer le moins de temps possible avec eux. »

Donc non, Orion et Matthew n’étaient pas plus à cheval sur les règles qu’il ne le fallait. Bien sûr, si elle enfreignait celles qui garantissaient sa sécurité et celle des autres, qu’elle se montrait insolente ou envoyait valser une clause qu’ils estimaient importante, elle se ferait passer un savon, mais jamais ils ne l’empêcheraient d’être une enfant et préfèreraient sans doute la voir avoir une attitude de son âge que celle d’une adulte.

Elle finit par expliquer à son cousin que si elle ne s’était jamais ouverte à lui de ce qu’elle avait vécu ce n’était pas par manque de confiance ou qu’elle craignait qu’il ne fût pas disponible, mais parce qu’elle avait voulu le protéger lui et ceux auxquels il tenait. Elle apprécia alors son geste de soutien.

« On pourrait vouloir m’atteindre à travers les personnes auxquelles je tiens… Et si je te raconte, tu te trouveras comme moi face à des informations explosives… Si ON apprend que tu sais…
Et bien sûr que Catherine n’est plus dans les conversations depuis son divorce. J’imagine de que de notre côté, Orion, Matthew et moi avons dû être supprimés de l’arbre généalogique des Davenport, je ne pense pas que mes géniteurs aient apprécié ou accepté l’intervention d’Orion…
Quant à mon géniteur… C’est un sorcier redoutable… Et dangereux… Et je ne sais pas si qui que ce soit fait le poids face à lui… » répondit-elle, la terreur revenant dans ses yeux lorsqu’elle évoqua Damoclès.

« Pour l’instant, j’ai envie de profiter de la promenade plutôt que d’en parler. Et même à Kathleen je n’ai pas pu raconter ce que j’avais vécu, elle ne sait que ce qu’elle a compris par elle-même. Si jamais je me décide à te raconter…. Tu me promets que tu ne te mettras pas consciemment et volontairement en danger ? Même si j’imagine bien que tu risques d’être sacrément en colère contre mes géniteurs… Si je te raconte, ça sera à l’abri d’éventuelles oreilles indiscrètes. Et il vaut mieux aussi que tu saches… si je te raconte, je serai vraiment, mais vraiment pas bien immédiatement après. Du coup, pour l’instant, même si je pense qu’à toi, je pourrais raconter, j’ai envie de profiter de la promenade » ajouta-t-elle avec un grand sérieux.

Après quoi, elle s’était montrée amusée à l’idée d’enfreindre certaines règles. Il y en avait une en particulier… Elle sourit une nouvelle fois à la réflexion de son cousin.

« Je sais que ça ne va pas avec l’image d’élève sage que je renvoie… Mais, il y a une chose en particulier – à part pouvoir observer les étoiles de nuit du haut de la tour d’astronomie – que j’ai envie de faire…. Une promenade dans la forêt » admit-elle quant aux règles qu’elle n’avait pas envie de respecter.

« Des grands espaces et parcs dépourvus de verdure, c’est un peu dommage, en effet, mais pour l’instant, ça me fera de toute façon du bien de rester dehors. » répondit-elle.

Elle écouta les explications de son cousin sur le petit parc tout en observant les lieux.

« Peut-être des sombrals plus jeunes et donc moins farouches ? J’ai pas l’impression qu’il y en ait en ce moment dans le parc en tous cas. Tu sais que ce sont justement des sombrals qui tirent les calèches qui nous amènent de la gare au château ? »

Elle avait découvert en deuxième année qu’elle les voyait, justement durant le trajet entre la gare et le château. Elle était donc particulièrement bien placée pour savoir que les calèches n’avançaient pas toutes seules, comme certainement un certain nombre d’élèves le croyaient.

(c) Kira pour Never Utopia

@Shayne T. Williams

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