Maxton était en train de revenir de la bibliothèque, plongé dans ses pensées, quand un gamin de première année lui fonça littéralement dedans, l’air affolé. D’un air aussi agacé que placide, il immobilisa le gnome tout en manifestant son mécontentement quand il saisit au milieu des propos décousus de l’enfant son prénom et celui de sa sœur. Il plissa les yeux intrigués et son ton se fit plus enjôleur afin de faire parler l’enfant. Ce dernier semblait trop paniqué pour réagir favorablement à une tentative de déstabilisation de sa part, il n’avait donc pas d’autres choix que de se montrer aimable pour le forcer à parler. Celui-ci finit par lui indiquer que sa jumelle mandait sa présence de manière urgente dans les cachots, plus précisément le couloir est. Il laissa filer le petit être agité et resta immobile une seconde, entre perplexité et inquiétude. Sa sœur n’était pas du genre à se servir d’un tiers pour lui envoyer un message. Elle l’appelait par le biais de leurs chevalières, ce qui restait le moyen le plus discret et le plus pratique de solliciter la venue de l’autre. Néanmoins, le lieu du rendez-vous était tellement improbable qu’il pouvait comprendre qu’elle ait été obligée de lui donner des indications plus précises. Il hésita. Il avait un mauvais pressentiment. La zone était dépourvue de tableaux à sa connaissance mais ils parlaient dans la tour privilège quand ils voulaient s’épargner des oreilles indiscrètes. Tout cela n’avait donc aucun sens à première vue. Puis au bout d’une poignée de secondes, l’idée qu’elle puisse être seule au fond de ce couloir sombre et en difficulté prit le pas sur toute ambition de rationalité. Après Finnbjörn en janvier, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire à chaque fois que quelqu’un réclamait sa présence.

D’un pas vif, presque en courant, il se précipita vers les cachots. Il ne prit pas la peine de chercher un itinéraire autre que celui qui lui avait été imposé et, sans le savoir, joua parfaitement le plan du préfet de Serdaigle. A aucun moment il n’estima qu’il y avait le moindre danger pour lui-même. D’ailleurs, à aucun moment il n’avait imaginé que Blaze tenterait de lui tendre un piège dans le château même. Il le pensait fourbe, évidemment, mais pas assez téméraire pour risquer une telle chose. De manière totalement arrogante également, il se pensait évidemment capable de se défendre et de se sortir de toute situation dangereuse. S’il avait survécu à leur géniteur, il pouvait bien survivre à tout, non ?

Quand il arriva, les chandeliers étaient illuminés, ce qui lui fit ralentir le pas. Sans parler de méfiance, sa démarche se fit plus lente, plus prudente. Il n’y avait pas de situation d’urgence vitale manifestement, ce qui ne lui expliquait pas la mise en scène actuelle. Est-ce qu’elle avait pu apprendre pour Finnbjörn ? Est-ce qu’elle voulait l’agonir d’injures ?

- Bluebell ?

Seul l’écho de sa voix se répercuta sur la pierre sans que la moindre réponse ne lui parvienne. Il grimaça. Sa jumelle devait vraiment lui en vouloir pour ne pas daigner lui donner le moindre signe de vie.

- Blue, pourquoi tu n’as pas utilisé la chevalière ?

Inconscient de ce qui se jouait, il offrit sans le savoir un élément précieux sur la dynamique de son duo avec sa sœur. Il s’enfonça toujours plus profondément dans les boyaux des cachots quand il s’arrêta face à une silhouette immobile dans l’ombre. Ses yeux glissèrent sur la personne et les traits de son visage se crispèrent. Rien n’allait dans le comportement de sa sœur pour la simple et bonne raison que ce n’était pas sa jumelle. La personne qui avait mis en place ce plan avait omis de prendre en compte un léger détail. Il connaissait les traits de sa sœur absolument par cœur. Il était capable de reconnaître sa démarche les yeux fermés, avait en mémoire le rythme de sa respiration quand elle était endormie, rien ne lui était plus familier que la façon qu’elle avait de se mouvoir ou juste de se tenir debout. Il la chérissait assez pour qu’elle soit gravée dans son esprit sans la moindre erreur. Et elle n’était pas là. Faisant face à la personne qui continuait de se trouver dans le noir, il pointa sa baguette vers le mannequin sans réaliser qu’il s’agissait d’une marionnette, étant resté à une distance respectable.

- Qu’est ce qu’il se passe ici ?

Quel idiot. Il aurait dû se fier à son intuition.

Maxton se maudit intérieurement une fois perdu dans ce cachot. Il aurait dû se rendre compte que cela n’avait aucun sens et pourtant, aveuglé par sa loyauté, il ne s’était posé aucune question. C’était stupide et maintenant qu’il faisait face à cette silhouette inconnue, il s’en rendait compte. Il envisagea l’espace d’une seconde d’appeler sa sœur par le biais de leur chevalière, mais il était assez sceptique sur le fait qu’elle soit en mesure de le trouver ici. Ce n’était pas réellement son lieu de prédilection, ce qui lui donnait d’ailleurs un handicap. Il connaissait ces couloirs pour les avoir explorés, mais sans plus. Il ne s’y baladait pas fréquemment et sa salle commune était bien trop loin des cachots pour que cela corresponde à l’un de ses itinéraires. Tout ceci était fort préoccupant. Et pas très rassurant. Baguette pointée, il entendit le sort avant de le voir. Heureusement pour lui, il était resté suffisamment éloigné pour que l’éclair en sa direction ne le rate de quelques centimètres. Il se tourna souplement vers le lieu d’où le sortilège avait été lancé, tout en reculant d’un bond pour ne plus être en pleine ligne de mire. Il réfléchit l’espace d’une seconde à tourner rapidement les talons mais offrir son dos à l’ennemi n’avait rien d’intelligent. Surtout qu’il ne savait toujours pas pourquoi il avait été attiré dans ce traquenard.

La voix de Blaze retentit et tout prit enfin du sens. Maxton leva les yeux au ciel. Mansfield. Il fallait donc que cet empêcheur de tourner en rond le poursuive jusqu’à sa mort ? Pour une raison mystérieuse, le Serdaigle qui, il fallait le reconnaître, n’était pas entièrement stupide, s’évertuait à faire preuve d’autant de bêtise que d’immaturité, ce qui donnait ce genre de moments improbables où au lieu de chacun vaquer à leur occupation, il était obligé de le supporter dans les cachots. Il aurait pensé que la nouvelle direction et sa chute abyssale dans le classement le tenaient pourtant assez occupé pour l’oublier, mais il fallait croire que non. Etait-ce parce qu’on ne le voyait plus avec Mills qu’il éprouvait une telle obsession pour lui ? Si cela était le cas, il se promit d’aller demander aux professeurs et surtout au directeur que l’on éloigne cet énergumène de lui. Intelligent, certes, mais clairement psychologiquement dérangé. Il ne prit même pas la peine de répondre à son salut, se contentant d’un regard dédaigneux. Parler, c’était déjà lui faire grâce de son attention. Ce qui pour être honnête était déjà le cas. Il n’avait jamais oublié la cuisante humiliation qui lui avait été infligé la dernière fois et il n’avait aucune envie de recommencer. Même si au regard de la direction, se laisser faire pouvait être un mouvement d’échecs intéressant. Il était certain d’obtenir le renvoi du Serdaigle ensuite. Si seulement il n’avait pas eu autant d’ego.

Ses prunelles suivaient les mouvements du Serdaigle comme celles d’un chat quand il cessa brusquement son manège à la mention de la vipère. Le dévisageant avec incrédulité, il secoua la tête

- Tu es perturbé, Mansfield, il n’y a jamais eu de vipère. Si vraiment j’avais voulu t’éliminer, j’aurais réussi.

Il était monomane avec son reptile ! Personne ne pouvait lui offrir une couleuvre pour qu’ils passent leur journée ensemble et qu’il arrête d’embêter le monde ? Pourquoi ne pouvait-il pas comprendre que Maxton n’était pas la seule personne à ne pas pouvoir le supporter ? Se croyait-il si indispensable que cela ? Quant à l’éliminer, Maxton commençait à croire que c’était une idée à explorer, ne serait-ce que pour avoir la paix. A sa question, le Gryffondor ricana et le toisa avec son arrogance habituelle

- J’en pense que tes désirs ne sont pas des ordres. Je n’ai ni le temps, ni l’envie d’une telle mascarade.

Pour être exact, il n’avait rien contre la proposition d’un duel. Mais, il trouvait que le faire venir là avait tout du guet-apens et il n’avait aucune confiance en Blaze pour jouer à la loyal. Ce qu’il ne lui reprochait pas, puisque lui-même n’en avait nulle intention. Il refusait juste de lui donner un coup d’avance en acceptant ses conditions ou juste de lui donner l’impression que parce qu’il l’avait décidé, il allait obéir. Il reprit d’un ton doucereux

- De toute façon, il semble que lancer un sortilège et toucher ta cible soit au-delà de ta portée. Contrairement à moi.

Alors qu'il ne semblait avoir aucune intention belliqueuse à la base, il leva brusquement sa baguette afin de bénéficier d'un effet de surprise et la pointa vers lui

- Flipendo

Oh, il n'avait pas été très ambitieux dans le sort choisi, mais la seule idée que Blaze puisse heurter la pierre froide du cachot lui plaisait beaucoup. Beaucoup trop même.

2 : Echec
Le reste : Réussite, à voir si Blaze va parer le sort

Tout le charme des abrutis était que non seulement, ils ne s’en rendaient pas compte, mais qu’en plus ils avaient l’imbécilité triomphante. Voilà pourquoi, sans aucun suspense et malgré ses dénégations, Blaze ne revint pas à la raison. Il avait beau savoir que cela ne ressemblait pas à Maxton cette vipère, le Gryffondor était soit plus subtil, soit à la frontière de la violence, mais rarement entre les deux, et l’avoir interrogé à de trop nombreuses reprises sur le sujet, il refusait totalement de lâcher. Comme un chien à qui on aurait jeté un os, il était bien décidé à le ronger. Quelle plaie. S’il apprenait un jour qui était l’expéditeur de ce maudit reptile, il se promit de lui pourrir la vie autant que son incompétence était en train de gâcher la sienne.

En parlant d’incompétence, Mansfield ne semblait pas avoir réellement prévu leur altercation, ce qui rendit Maxton encore plus méfiant d’une certaine façon. A la fois, il n’estimait pas assez son adversaire pour considérer que le Serdaigle aurait dû avoir le dessus et, en même temps, leur dernière confrontation avait clairement démontré qu’il ne gagnait pas systématiquement contre lui et que le garçon était habituellement organisé. Est-ce que c’était une partie de son plan pour qu’il baisse la garde ? Si c’était le cas, c’était stupide. Le simple fait d’être perdu au fin fond des cachots suffisait à le tendre.

Pour une raison totalement inconnue, Blaze fit une sortie de route en se lançant sur une histoire d’acné, totalement fausse au demeurant, ce qui lui fit arquer un sourcil. Désormais, ils étaient passés aux attaques physiques ? Cela ne le gênait pas, il préférait son apparence à celle simiesque de son interlocuteur, mais cela modifiait également la physionomie de ce différend. S’il gagnait, ce serait contre un clown, ce qui était assez peu valorisant. Et s’il perdait contre cet enfant, l’humiliation n’en serait que plus grande. A la mention d’un meurtre, un rictus amusé se dessina sur ses lèvres, sans qu’il ne réponde pour autant. Pourtant, la lueur froide qui traversa ses yeux indiqua clairement que l’idée de tuer qui que ce soit ne lui était pas impossible. Si le Serdaigle savait qu’il l’avait même déjà fait.

Il ricana à la remarque de Blaze sur un pseudo piège et commenta avec tout le mépris qui était le sien.

- Ce n’est pas un piège, ça. Il aurait fallu que tu sois organisé pour ça.

Manque de chance, le sortilège qui aurait merveilleusement bien ponctué sa réplique explosa en une gerbe d’étincelles sur le bouclier que venait de faire apparaître Blaze. Bon, il fallait croire que cette confrontation allait durer plus longtemps que prévue. Ce qui l’arrangeait en un certain sens. Bluebell s’inquièterait au bout d’un moment. Depuis cet été, elle le couvait. Le plus drôle était qu’elle pensait qu’elle le faisait discrètement.

- Je suis un sorcier, moi.

Il n’aurait pas dû être surpris de cette proposition ridicule, après tout Mansfield avait certainement été élevé dans une famille aux manières relativement peu distinguées. Mais de là à se battre sur le sol comme des chiffonniers, il n’en voyait pas l’intérêt. Au mieux, ils s’en sortiraient chacun avec un cocard. Il ne voyait vraiment pas pourquoi il aurait dû se salir les mains. Mais puisqu’il tenait absolument à se débrouiller sans baguette …

- Expelliarmus !

4 : Echec (Maudit soit le dé. Je hais le dé.)
Le reste : réussite

Malheureusement pour lui dans latmosphère sombre des cachots, son sort manque Blaze. Oh de quelques centimètres, rien de fou. Juste assez pour donner raison à Blaze sur son piètre talent en duel.

Une fois son sortilège raté, Maxton s’était maudit intérieurement de s’être montré si peu talentueux alors que son adversaire n’avait jusque là pas brillé par son intelligence. C’était vraiment une situation absolument rageante, à chaque fois qu’il s’agissait d’affronter Mansfield, l’univers entier semblait se liguer contre lui pour que ses sortilèges ratent les uns après les autres. Néanmoins cette fois, il ne laisserait pas la situation dégénérer jusqu’à l’humiliation de la dernière fois. Déjà parce que contrairement à ce qu’il faisait mine de prétendre sur le sujet, le souvenir de la honte qu’il avait ressentie était encore cuisant et il n’avait d’ailleurs pas raconté à qui que ce soit ce moment peu glorieux de sa vie. Il avait bien donné les grandes lignes à sa sœur, comme toujours, mais en éludant volontairement certains passages. S’il perdait une deuxième fois, il n’aurait plus jamais la moindre crédibilité et donc aucune chance que le Serdaigle lui fiche la paix à l’avenir. Ensuite, la dernière fois, il n’avait aucun moyen de contact avec l’extérieur. Maintenant, il avait cette chevalière. S’il avait répugné à appeler Bluebell à la rescousse jusque là, il n’excluait plus de le faire juste pour conserver la face. Ce qui était certes bien pathétique mais mieux qu’être à la merci de Blaze dans les cachots.

Evidemment, son échec laissa une seconde à son adversaire pour prendre une décision et Mansfield choisit de répliquer. Rien de plus normal, il avait demandé un duel, il en aurait un, même si dans un instant de dépit et de cynisme, il commençait à se demander s’il n’aurait pas été plus efficace avec ses poings, même s’il ne s’était plus battu depuis ses huit ans. Après tout, il avait eu enfant une période pour le moins turbulente – perturbée avaient dit les spécialistes – il devait bien subsister quelque chose.

Blaze opta pour un sortilège classique mais particulièrement agaçant s’il venait à être touché et dans le doute, Maxton plaça son bras devant lui, comme pour parer. Il y avait des chances que le serdaigle vive cela comme un réflexe, mais si le sort de protection venait à échouer, il pourrait encore murmurer le nom de sa sœur dans sa chevalière histoire qu’elle vienne le sortir de ce guet-apens.

- Protego

2 : Echec
Le reste : réussite

Dieu merci pour lui, son sortilège fonctionna enfin, il fallait dire qu'il n'avait pas fait preuve d'une originalité de folie et une sortie de mur bleu apparut devant lui, subissant les assauts des lianes sans qu'elles ne parviennent à se saisir de lui pour le saucissonner comme un vulgaire goret.

Certainement influencé par les liens qu'il venait de voir, il pointa sa baguette vers Blaze et continua dans la même veine, avec pour idée de se saisir de lui ou au moment de lui infliger une blessure

- Carpe retractum

Dé lancé ici

Un fouet rouge apparut et claque en direction du Serdaigle.

Si Maxton avait été de bonne foi, il aurait dû reconnaître que ce duel avait un certain côté stimulant. Il jouait toujours pour gagner, mais rarement à ce point. Néanmoins, pour admettre la valeur de leur passe d’armes, il aurait fallu qu’il consente à reconnaître une réelle valeur à son petit camarade, ce qu’il se refusait à faire. S’en méfier, oui, mais avouer clairement que Blaze était sans doute son meilleur adversaire alors qu’il était sang mêlé était au-delà de ses forces.

Sans se rendre compte qu’il ne faisait que renforcer la théorie du complot de son interlocuteur, le sortilège qu’il choisit claqua dans l’air, le ruban ondulant à la manière d’un serpent, l’objet de toute leur querelle. A la décharge de Maxton, il était sur ce coup là réellement innocent, si bien qu’il ne songea pas une seconde qu’il allait continuer d’alimenter la haine de son adversaire. Lui était seulement guidé par l’envie de l’immobiliser et si possible de lui faire mal.

D’ailleurs, quand le Serdaigle fanfaronna après avoir réussi son protego en lui rappelant sa dernière défaite, ses mâchoires se crispèrent et ses lèvres se pincèrent jusqu’à ne plus être qu’une fine ligne sur son visage. Blaze éveillait en lui des instincts de violence dont il était de plus en plus coutumier, à son plus grand déplaisir. Enfant, il avait été turbulent, cherchant la bagarre pour évacuer un mal-être qu’il était bien incapable d’exprimer du haut de ses six ou sept ans. Quand il avait compris qu’il n’avait rien à y gagner et surtout que cela attirait des ennuis à sa précieuse sœur qui l’aidait dans toutes ses frasques, il s’était appliqué à devenir l’enfant moqueur mais calme qu’il avait longtemps incarné. Comme dans un jeu d’échecs grandeur nature, il avait appris à bouger ses pions sans se salir les mains. Puis la mort de leur père avait rebattu les cartes et avait fait vaciller tout ce qui composait son caractère. Il y avait une envie de destruction permanente latente qui restait tapie dans l’ombre, mais bien présente. Il n’y avait pas de victime désignée, l’Exmalum avait démontré qu’il pouvait très bien choisir de se saboter lui-même. Mais quand il était en face de Blaze et qu’il cherchait à le faire sortir de ses gonds, sa haine était uniquement dirigée envers lui. Ce n’était pas une simple envie de l’humilier, il avait envie de lui faire mal, de l’écraser comme on l’aurait fait pour un insecte gênant en se délectant d’entendre les os craquer et céder sous son poids. Qu’il soit réduit en cendres, suffisamment vite pour ne plus être un problème assez lentement pour être conscient de ce qu’il se passait et d’enfin perdre cette arrogance. Et pour cela, il fallait qu’il soit à sa merci et donc en partie au moins immobilisé.

Comme pour lui indiquer qu’il avait bien raison de rêver d’une défaite un peu violente, Mansfield rata son sortilège de glace qui lui explosa littéralement au visage, le projetant en arrière. Si cela avait été un vrai duel, la courtoisie aurait sans doute voulu qu’il s’arrête pour vérifier de son état, mais dans leur petite bataille, c’était au contraire le moment un autre sort pour profiter de ces quelques secondes d’avantage.

- Expedimenta

3 : Echec
Le reste : Réussite

Nouveau sortilège pour le voir pendu la tête en bas. Voilà qui lui remettrait les idées en place et qui laisserait sans doute toute latitude pour envisager d'autres actions moins aimables. Après tout, s'il ne parait pas, ils étaient tout de même dans un couloir désert ...

S’il avait fallu être parfaitement honnête, Maxton aurait dû reconnaître que Blaze avait été autant l’artisan de sa propre défaite qu’il avait un duelliste honorable. Mais évidemment, quand le sortilège frappa sa cible, il fut bien loin de ces considérations teintées d’une forme de modestie tant la satisfaction d’avoir gagné cette manche là submergea le reste. D’une certaine manière, la dynamique venait de s’inverser. Ce n’était plus Blaze qui menait leur rivalité, fort de son triomphe passée, mais bien une égalité parfaite. Voire peut-être une domination de sa part, selon la suite des événements.

Alors que le garçon se retrouvait la tête en bas, les pieds comme suspendus à un crochet invisible alors que ses doigts fouettaient l’air désespérément pour récupérer sa baguette, un nouveau plaisir prit le dessus. Il était à sa merci et il pouvait faire ce qu’il voulait. Lui faire mal. N’était-ce pas cette envie qui le tenaillait depuis longtemps ? Il pouvait bien se cacher derrière un vernis civilisé, la réalité était qu’il restait l’enfant bagarreur qu’il avait été, rongé par l’envie de trouver un exécutoire à la violence contenue depuis des années. La haine qu’il lui vouait en était une part importante, mais il y avait également celle contre Skyler, son besoin de destruction qui s’était considérablement renforcé depuis l’hiver dernier. Et Blaze, injustement, allait payer pour tout le monde. De toute façon, cela ne serait pas très grave, non ? Il n’était pas plus important qu’un cafard.

Jouant avec une lenteur délibérée de sa baguette du bout des doigts, il se positionna face au serdaigle et se pencha légèrement pour qu’il puisse voir le rictus mauvais qui lui barrait le visage, lui demandant d’un ton doucereux

- Penses-tu que des élèves puissent t’entendre si tu cries ?

Il connaissait la réponse. Non, pas réellement. C’était bien pour cette raison que Blaze avait choisi de l’attirer ici et c’était pour cela que retourner son piège contre lui avait autant de charme que d’intérêt. Il disposait de temps devant lui avant qu’une pauvre âme égarée vienne ici. Il cessa son geste et le regarda d’un air faussement songeur que contredisait la lueur glaciale de ses yeux

- Combien de fois je peux te couper avant que tu me demandes d’arrêter ?

Pourquoi se limiter à la violence quand il pouvait la saupoudrer d’une dose d’humiliation ? Le message était limpide, il arrêterait quand Blaze le supplierait de le faire. Mansfield comprit-il tout de suite ce qui allait se passer ? Il l’espérait à vrai dire. Plus que la sensation cuisante qu’allait provoquer le sortilège, c’était l’anticipation qui était la plus cruelle puisqu’elle laissait le temps à l’appréhension de monter, de saturer les sens. Ce fut pour cela qu’il prit volontiers deux secondes à se décider pour pointer sa baguette vers le garçon.

Comme le but n’était pas d’avoir à enterrer un cadavre après cette entrevue, il choisit volontairement de viser le bras du garçon, dans une zone qui ne contenait aucune artère et pas suffisamment de tendons pour mériter qu’il aille passer deux jours à chouiner auprès de Jane. L’idée était seulement de faire couler le sang.

- Diffindo.

Dé :
2 : Echec
La reste : Réussite

Dès que son sortilège entailla l’uniforme du serdaigle pour lui mordre la peau, il ressentit une forme de plaisir malsain autant alimenté par l’idée d’infliger de la douleur que par la sensation d’avoir enfin repris le contrôle de la situation qui lui échappait depuis un an. Désormais, Mansfield ne pourrait plus considérer qu’ils ne se battaient pas à armes égales. Une victoire pour chacun, une humiliation pour chacun. Le sang perla sur les rebords si nets de l’entaille, puis se mit à couler plus franchement, comme si la plaie le vomissait jusqu’à ce qu’il goutte sur la pierre. D’une voix dont suintait la satisfaction, il conclut


- Tu vois, je n’ai pas besoin d’un serpent si j’ai envie de te blesser.


Il aurait certainement pu rester là à continuer ce petit manège pendant de longues minutes quand plusieurs éléments se déroulèrent sensiblement au même moment. Sa chevalière se mit à chauffer autour de son doigt, preuve que Bluebell essayait de le retrouver. Sans doute était-elle agacée de ne le trouver dans aucun de leurs endroits habituels. Nul doute qu’elle était en train d’écumer tout le château et qu’à force d’une fouille méthodique, elle finirait par le trouver, même dans les tréfonds des cachots. Toute la question était de savoir s’il souhaitait qu’elle arrive pour contempler de ses yeux qu’il était plus problématique que la façade qu’il offrait habituellement au reste du monde ou si si au contraire elle restait comme toujours la mieux placée pour le comprendre et lui prêter main forte. Cela supposait aussi qu’il lui explique l’humiliation que lui avait infligée Blaze l’an dernier et il s’en était toujours bien gardé, par fierté. Ce n’était pas un mensonge, si elle lui avait posé directement la question, il n’aurait pas cherché à éluder. Mais tant qu’il pouvait faire semblant que cet épisode cuisant n’avait pas eu lieu, il aimait autant cela.

L’autre événement fut que Blaze tenta une nouvelle fois d’atteindre sa baguette avec une souplesse qui aurait pu forcer l’admiration si elle n’avait pas été aussi simiesque et Maxton se déplaça d’un bond pour la dégager d’un mouvement du pied, par réflexe. Un réflexe malheureux qui le plaça néanmoins bien plus à portée de mains de Blaze que ce qu’il aurait fallu.