Cette soirée aurait dû être identique à toutes celles qui l'avaient précédée. A Poudlard, on fêtait Halloween tous les ans et malgré la déception du bal de l'année dernière, la direction avait tenu à conserver les traditions. C'est pourquoi, en ce moment même une bonne partie des élèves devaient être en train d'ajouter une touche finale à leurs tenues vestimentaires avant de se préparer à rejoindre la Salle de Bal. Pour l'occasion, la décoration avait été totalement revue pour plonger la salle dans une ambiance un peu plus pesante que d'habitude. Dès l'ouverture des portes, les premiers élèves commencèrent à affluer, jetant des coups d’œil à droite et à gauche pour examiner l'endroit où ils mettaient les pieds. Petit à petit différents groupes d'élèves se formèrent et c'est dans un joyeux brouhaha que la soirée commença. L'interdiction formelle de prendre sa baguette ne semblait avoir dérangé personne, les élèves prenant certainement l'habitude de devoir les laisser dans leurs valises pour chacune des soirées organisées depuis le bal d'Halloween de l'année précédente. Comme à son habitude, la directrice ne tarda pas à faire son apparition pour souhaiter à tous les élèves de passer une excellente soirée. Seulement, alors que tout le monde se taisait pour écouter le discours du professeur McGonagall, pourtant presque identique à celui de l'année précédente, quelqu'un n'écoutait pas.

Le professeur Sullivan avait décidé très tôt dans la journée de s'attaquer à la préparation d'une potion dont il ne connaissait pas les effets, simplement parce qu'il l'avait trouvée sur un bout de page lui servant à caler le pied de son bureau qui était un peu bancal ces derniers temps. Il n'avait jamais été très doué pour les potions, mais les indications données semblaient claires et précises et la curiosité le poussait évidemment à chercher à savoir quels pouvaient être les effets de cette fameuse potion. Poussé par cet affreux défaut, il avait délaissé pour une fois la divination et s'était empressé de réunir tous les ingrédients nécessaires à la préparation de sa mixture. Ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'il put contempler avec fierté le résultat d'une journée d'efforts. Au début, il s'imagina tout simplement pouvoir boire la potion et constater par lui même ce que ça allait donner. Sauf que le peu de jugeote qu'il avait le rappela à l'ordre cette fois-ci. Il était peu raisonnable de tester par lui-même une potion qu'il ne connaissait pas. Mais à qui pouvait-il s'adresser ? Il aurait très bien pu aller voir le professeur de potion tout simplement et lui demander ce qu'il avait bien pu préparer, mais tout le monde le prenait déjà pour un malade dans cette école, mieux valait se tourner vers quelqu'un qui savait déjà à quel point il était excentrique et il ne voyait personne de plus au courant que sa femme. Il s'empressa donc de sortir de son bureau et de traverser toute l'école pour aller rejoindre Amethyst, probablement en train de travailler à l'heure actuelle, elle ne savait pas s'arrêter de toute façon. Il n'avait aucune idée de l'étendue de ses connaissances en matière de potion, mais peut-être qu'à deux ils parviendraient quand même à quelque chose ? D'un naturel optimiste, Keith était sûr et certain de parvenir à ses fins avant que la nuit tombe. Cependant, c'était sans compter sur l'absence de sa femme. Il fut étonné de ne pas la trouver dans son bureau mais ne s'en formalisa pas plus que ça. Après tout, c'était la soirée d'Halloween aujourd'hui, peut-être avait-elle voulu aller y faire un tour ne serait-ce que pour discuter avec la directrice qu'ils n'avaient pas souvent l'occasion de voir ou encore profiter de la soirée avec ses collègues. Le jeune professeur prit donc le chemin de la Grande Salle, son enthousiasme toujours aussi présent.

Malheureusement en arrivant à destination, il eu le déplaisir de constater que la foule d'élève ne lui permettait pas de voir distinctement les personnes présentes ce soir. D'autant plus que la directrice venait de commencer son discours et il aurait été plus qu'incorrect de sa part de choisir ce moment précis pour fendre la foule, semant ainsi la zizanie parmi les élèves. Il prit donc le parti de s'adosser à la porte, s'amusant avec la fiole qu'il tenait à la main. C'était plutôt rigolo en plus. Quand on l'agitait dans tous les sens, le liquide changeait de couleur en faisant de grosses bulles comme s'il entrait en ébullition avant de reprendre sa couleur initiale. Absorbé par son expérience, Keith ne réalisa pas que la directrice avait enfin terminé de parler et que les élèves se remettaient doucement en mouvement. Ce n'est que lorsque l'une d'entre eux vint le percuter violemment, lui faisant échapper la fiole des mains, qu'il reposa enfin les pieds sur terre. Mais il était trop tard, la fiole s'était déjà brisée et son contenu se déversait sur le sol. Son premier réflexe fut de relever la tête, regardant tout autour de lui dans l'espoir que tous les élèves n'aient pas tous tournés la tête en entendant le verre se briser. Fort heureusement pour lui, il y avait apparemment assez de bruit pour que personne ne prête attention à ce qu'il venait de se produire. Après un court instant de réflexion, Keith choisit de prendre son courage à deux mains et prit la fuite, laissant les élèves se débrouiller avec les dégâts, réaction affreusement mature, mais bon, ce n'était qu'un peu de liquide, ça ne tuerait personne...

Sauf que le jeune professeur n'avait pas attendu assez longtemps avant de quitter la salle de bal. La potion ne mit pas longtemps à s'évaporer disparaissant seulement en apparence du champ de vision des élèves. Au départ, rien ne semblait avoir changé, la soirée continuait comme elle avait commencé, dans la joie et la bonne humeur. Mais après plusieurs secondes, la totalité des élèves commencèrent à entendre un bourdonnement étrange et la plupart finirent par se laisser glisser sur le sol, une étrange impression de vertige les envahissants petit à petit... Mais que se passait-il ?

Pour la première fois de sa vie, Bailee avait dû vraiment réfléchir avant de choisir la tenue qu'elle porterait pour le bal. Pourtant, elle n'avait jamais été très intéressée par ce genre de soirée où elle ne mettait les pieds que pour accompagner Candlynn ou par curiosité, mais cette fois-ci, c'était un peu différent. La petite serdaigle ne l'avouerait jamais à personne, mais elle voulait à tout prix revoir le garçon qu'elle avait rencontré à l'infirmerie. Pourtant, leur première rencontre ne s'était pas spécialement bien passée. Ils avaient passé un bout de temps à échanger des répliques cinglantes dans l'espoir de l'énerver un maximum voire même de le faire pleurer, ce qui lui avait semblé presque impossible. Étrangement, alors qu'elle aurait dû être outrée de voir quelqu'un lui tenir tête, ce qui n'arrivait quasiment jamais, elle avait été plus impressionnée qu'autre chose et malheureusement son admiration n'avait pas disparu au cours du temps. Ce bal était donc l'occasion pour elle de recroiser la route du petit garçon, c'est pourquoi elle n'avait même pas attendu que Candy prenne la décision de s'y rendre avec elle avant de décider qu'elle serait de la partie. D'ailleurs, c'est à peine si elle avait boudé en apprenant que sa meilleure amie ne l'accompagnerait, elle avait préféré hausser les épaules et décréter que de toute façon elle n'en avait rien à faire puisqu'elle avait envie d'y aller et qu'elle avait assez d'amis pour réussir à s'amuser sans elle. C'était bien sûr complètement faux, Bailee avait autant d'amis que l'année précédente, soit une seule qui ne venait pas à la soirée. Si le poufsouffle ne se montrait pas, elle allait se contenter de déambuler toute seule comme une âme en peine à travers la salle jusqu'à ce qu'elle puisse rentrer dans son dortoir pour faire croire à Candy qu'elle avait passé une soirée formidable. Si elle revenait trop tôt, elle ne pourrait pas lui faire avaler ce mensonge et il était absolument hors de question que sa meilleure amie soit au courant du fiasco que pouvait devenir sa vie lorsqu'elle ne se trouvait pas à ses côtés. La petite fille n'avait jamais adoré être dépendante de quelqu'un, elle revendiquait haut et fort sa liberté et sa capacité à prendre des décisions toute seule dès qu'elle le voulait et comme elle le voulait sans que personne ne puisse l'influencer. Sauf que depuis que la petite serdaigle faisait partie de sa vie, elle avait plutôt l'impression de tout faire pour qu'elle reste à ses côtés quoi qu'il arrive et elle détestait particulièrement cette situation. Aller à cette soirée sans elle était peut-être un bon moyen de s'émanciper finalement, même si le but premier était de revoir cet étrange garçon en espérant qu'il soit là et qu'il n'ait pas décidé de faire toute autre chose.

La petite fille se prépara donc avec grand soin, changeant trois fois de coiffure avant de se décider à nouer ses cheveux en deux couettes qu'elle attacha avec des rubans noirs, assortis à sa robe. Elle avait toujours été assez coquette et ne s'en était jamais caché, elle adorait ressembler à une petite poupée cachant sous une apparence angélique son sale caractère qui resurgissait pourtant bien vite sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit. Sauf que jamais elle n'avait passé autant de temps dans le miroir. Elle avait tellement l'habitude de se coiffer et de s'habiller de la même façon tous les jours qu'elle mettait seulement cinq minutes à enfiler ses vêtements pour être prête, alors que là, c'était totalement différent... Elle voulait être jolie, et elle se demandait bien pourquoi. Ce stupide poufsouffle n'avait pourtant rien d'extraordinaire. D'accord, elle voulait le revoir, mais c'était plus pour entamer le deuxième round de leur petite guerre que pour sympathiser avec lui. De toute façon, il n'avait absolument rien de sympathique, il aurait été stupide de sa part de vouloir devenir son amie, il était trop bête pour le devenir, il ne lui ressemblait absolument pas, il ne méritait même pas de lui adresser la parole. Seulement, la petite fille n'arrivait pas franchement à s'en convaincre, repenser à son bref séjour à l'infirmerie provoquait toujours chez elle une drôle de sensation et un sourire béat s'affichait inévitablement sur son visage. Bien sûr, elle essayait d'ignorer tout ça et de se convaincre qu'elle délirait complètement mais ce n'était pas chose facile. Pour éviter de trop réfléchir, la petite fille préféra s'activer un maximum et elle attendit de pouvoir descendre dans la salle de bal en rangeant tous ses livres dans sa valise en faisant différentes piles entre ceux qu'elle avait lu, ceux qu'elle allait lire et ceux qu'elle voulait relire. Une occupation bien étrange pour une fille qui s'apprêtait à se rendre à un bal mais elle n'était pas du tout du genre à se rendre dans la salle commune pour glousser avec les autres filles en comparant leurs robes, leurs chaussures et leurs coiffure. Bailee avait bien trop l'habitude de s'attirer les moqueries de ses camarades pour vouloir tenter le diable. Elle détestait être comparée à une gamine alors qu'elle n'en était absolument pas une et refusait de renoncer à ce qu'elle aimait simplement pour qu'on arrête de la regarder de travers. Aussi préféra-t-elle attendre bien sagement que le brouhaha qui lui parvenait d'en bas s'arrête totalement avant de se risquer à mettre un pied dehors. C'était un peu stupide de sa part, elle s'apprêtait à se rendre dans une salle pleine d'élève, elle ne passerait pas forcément inaperçue et il était inutile de s'y rendre si elle voulait à tout prix rester dans l'anonymat, mais peu lui importait. De toute façon, il était un peu tard pour renoncer maintenant, elle n'avait pas envie de faire sa lâche devant Candlynn qui la surprendrait sûrement affalée sur son lit, portant encore sa tenue de soirée, elle devrait lui avouer malgré elle la raison pour laquelle elle était encore dans le dortoir alors que la plupart des élèves de l'école était en train de s'amuser au rez-de-chaussé.

Prenant son courage à deux mains, la petite fille finit donc par quitter son dortoir, descendant timidement dans la salle commune. L'assurance dont elle faisait preuve habituellement s'était un peu envolée, et son cœur battait plus fort que d'habitude. Elle fut ravie de voir que sa patience avait payé puisque la salle commune était presque déserte, elle la traversa au pas de course pour rejoindre la salle de bal le plus rapidement possible. A son approche, la masse d'élèves se fit plus présente et elle tâcha d'ignorer les rares regards qui se tournèrent vers elle lorsqu'elle arriva enfin devant la porte de la salle. Elle avait pratiquement loupé le discours de la directrice, mais elle réussit à se faufiler entre deux ou trois élèves pour parvenir à entendre la fin. Elle n'avait pas pensé que sa petite taille pouvait être un sacré handicap, mais il lui apparaissait clairement maintenant qu'elle aurait beaucoup de mal à retrouver le poufsouffle parmi les autres élèves, s'il était là, bien entendu. Coincée entre deux de ses camarades, elle dut attendre la fin du discours pour réussir à se déplacer, et elle décida d'aller vers le buffet, imaginant qu'il y aurait peut-être une chaise ou un tabouret où elle pourrait se hisser pour voir un peu mieux les personnes qu'il y avait dans la salle. Cependant, alors qu'elle marchait pour rejoindre le dit buffet, elle se sentit bizarrement lourde, comme si elle allait subitement s'endormir alors qu'elle ne se souvenait pourtant pas avoir eu besoin de faire une sieste avant de venir. Secouant la tête de droite à gauche pour se réveiller, la petite fille continua son chemin en essayant de rester concentrée sur son objectif final. Malheureusement, elle ne put pas continuer bien longtemps, elle profita d'un morceau de mur inoccupé par un groupe d'élève pour s'y appuyer, fermant les yeux alors que la salle se mettait à tourner autour d'elle. Décidément, elle n'était pas très douée pour profiter des soirées organisées par l'école, comment se faisait-il qu'elle soit malade à chaque fois qu'elle devait y participer ? Il était absolument hors de question qu'elle se rende une nouvelle fois à l'infirmerie, elle détestait cet endroit et ne voulait surtout pas y retourner. La serdaigle tenta vainement de se forcer à garder les yeux ouverts, mais bien malgré elle, elle se sentit sombrer, incapable de réussir à reprendre pied... Ouvrant les yeux, le jeune garçon reprit peu à peu ses esprits, étonnés de se retrouver assis contre un mur. Il ne se souvenait absolument pas avoir pris cette direction, mais peu lui importait. Tout le monde paraissait être un petit peu sonné autour de lui et il se demandait bien ce qu'il avait pu se passer. Il tâcha tant bien que mal de se redresser, ne voulant pas passer pour une mauviette devant tout un tas d'élèves mais il vacilla légèrement et dut s'appuyer contre le mur pour ne pas retomber immédiatement. Il se sentait un petit peu étrange et mal à l'aise, seulement, il fit son possible pour ne rien laisser paraître. Se tournant vers le premier élève venu, il rassembla le peu d'assurance qui lui restait pour demander sur un ton le plus neutre possible :

« Tu sais ce qu'il s'est passé, toi ? »

Le ton de sa voix le fit presque sursauter et il tâcha de se racler la gorge plusieurs fois pour retrouver un timbre un peu plus grave sans grand succès. Cette soirée ne commençait pas spécialement bien et il avait l'affreuse impression que ce n'était pas terminé.

La routine des années précédentes s'était réinstallée le plus normalement du monde dans la vie de Flynn depuis la rentrée. Malgré les recommandations de ses parents et de sa soeur, il avait plus souvent repris le chemin de la salle de retenue que des salles de cours mais ne s'en plaignait pas le moins du monde. C'était ainsi que devait se passer les choses de toute manière. Comme si c'était humain de passer ses journées assis devant une table à noter des trucs qui ne lui serviraient jamais à rien sur un parchemin qui finirait tâché d'encre ou en avion dès que l'occasion se présenterait... Ça semblait convenir à tout le monde en plus, ses professeurs ne s'encombraient pas d'un boulet, les préfets avaient de quoi occuper leurs rondes, Jefferson avait de la compagnie... C'était très bien comme ça. Il y avait peut-être la vieille McGo' qui ne voyait pas les choses d'un très bon oeil mais ça n'avait aucune importance au fond...

Le bal d'Halloween n'allait pas tarder à débuter mais c'était toujours en uniforme que le Gryffondor courrait dans les couloirs, le pauvre concierge quelque part à sa poursuite. Il n'avait jamais été très intéressé par les évènements du genre mais il n'avait pu nier qu'il avait passé une bonne soirée en compagnie d'Erin la dernière fois qu'il avait daigné s'y rendre. Bizarre, certes, mais bonne... Il ne l'avait d'ailleurs jamais revu depuis cette soirée-là. Peut-être qu'il l'avait tant désespérée qu'elle avait préféré prendre la fuite et arrêter l'école ? Cette idée le fit sourire alors qu'il se cachait, le souffle court, à l'intérieur d'un passage dissimulé derrière une affreuse tapisserie. Les pas du concierge se firent entendre peu de temps après alors qu'il tâchait tant bien que mal de reprendre son souffle. Être resté enfermer à la maison pendant deux mois n'avait pas été sans conséquence, c'était certain, et même après avoir passé deux autres mois à retrouver ses bonnes vieilles habitudes, il n'avait toujours pas aussi à l'aise dans les courses poursuites qu'il l'avait été avant les vacances. C'était bien dommage... Il repoussa un morceau de l'épais tissus qui le cachait et eut la joie de remarquer que le bas du pantalon de Jefferson était dans un très sale état. Un sourire satisfait étira ses lèvres alors qu'il s'engageait à l'intérieur du couloir secret. Le marécage portable qu'il avait laissé devant la porte de son bureau avait fait des miracles et il regrettait presque de ne pas avoir eu l'occasion de le voir se prendre dedans, se débattre comme une proie prise au piège... Ça avait dû être extraordinaire. Tant pis, ce serait pour une prochaine fois ! Ce n'était pas comme s'il n'avait pas l'intention de recommencer un jour... Peut-être avec le professeur d'Histoire, changer de cible pourrait être bien aussi... Ou alors avec sa soeur et ses amies...? Qu'elles devaient être drôle dans une telle situation ! Fiona le détesterait mais ça ne faisait rien.

Continuant son chemin à l'intérieur du mur, il finit par ressortir quelques mètres plus loin, débarrassé de la menace du concierge, qui n'avait visiblement toujours pas compris comment il faisait pour disparaître à chaque fois dans ce couloir, et emprunta les escaliers qui menaient au septième étage. Dans la salle commune des Gryffondor, les élèves commençaient déjà à sortir pour prendre le chemin de la salle de bal. Il était sûrement un peu en retard mais ça ne faisait rien. Il n'était pas non plus à deux minutes, et puis ce n'était pas comme s'il y avait une cavalière quelque part à l'attendre en bas. Il n'avait dit à personne qu'il comptait s'y rendre, de peur que l'information parvienne aux oreilles de son aînée et qu'elle se pointe devant lui au détour d'un couloir avec un sourire moqueur qui lui ressemblait bien. Il ne prit pas la peine de s'intéresser à qui y allait qu'il monta les marches qui conduisaient à son dortoir. Celui-ci était désert. Pas de traces de Drake, ni de Gabriel... Peut-être y étaient-ils déjà ? C'était possible. Un bref coup d'oeil à sa montre suffit à lui apprendre que la soirée commençait dans dix minutes à peine. Un peu en retard... Il vida sa valise sur son lit et extirpa du bazar le costume que sa mère avait absolument tenu à ce qu'il emporte, c'était d'ailleurs étonnant comment sa génitrice était capable de tout prévoir, en permanence, avant de filer sous la douche. Il en sortit aussi vite que possible, sauta dans ses vêtements et tâcha même de se coiffer. Mais voyant que c'était visiblement peine perdue, il n'insista pas et déclara forfait avant d'enfiler sa veste. Il avait l'impression d'être déguisé, comme la première fois, mais après tout c'était Halloween... Il ne traîna pas davantage et consentit enfin à suivre le mouvement et à prendre le chemin de la salle de bal.

En descendant les marches, il se surprit à espérer y croiser Levinson. Depuis la rentrée, il avait eu bien plus souvent eu l'occasion de la croiser que depuis qu'il était entré à Poudlard et il devait bien avouer qu'elle était plutôt jolie. Pas autant que Mimi, c'était certain mais tout de même bien plus que toutes les pauvres filles qui peuplaient l'école. Ils avaient bien fait de la nommer préfète, à la direction. C'était probablement la meilleure idée de leur année. Il ne comprenait cependant pas pourquoi Astride n'avait pas remplacé Barbie... Ni pourquoi ils avaient infligé ça à Gabriel. Le pauvre paraissait vraiment mal vivre cette nomination et c'était presque étonnant qu'il n'ait pas déjà demandé à être remplacé. Il avait le droit normalement, non ? Enfin, ce n'était pas trop son problème au fond, plus il y avait de gens sympathiques dans l'équipe préfectorale, moins il avait de risques d'assassiner le sablier... Tout ce qui comptait pour l'instant, enfin compter était tout de même un bien grand mot, c'était prouver à la blonde qu'il n'était pas toujours qu'un crétin. Ce n'était pas gagné mais ce n'était pas non plus impossible ! Encore fallait-il qu'elle ait pris la peine de se mêler au reste de l'école, bien entendu... Il n'y avait pas le moindre bruit qui s'échappait des portes ouvertes de la salle, ce qui signifiait que la Directrice était en train de faire son habituel discours. Le rouquin ralentit la cadence. Il n'avait pas la moindre envie de s'infliger ça. Alors qu'il attendait patiemment qu'elle finisse, adossé au mur près des portes, il eut la surprise d'entendre un truc en verre se briser et un professeur prendre la fuite. Il se laissa imaginer sans aucun mal qu'il avait été la cible d'un projectile et qu'une bataille se tramait à l'intérieur. Hors de question de louper un truc pareil ! Il se rua aussitôt à l'intérieur, mais tout était calme. Un soupir, et il se décida tout de même à chercher une tête connue, n'importe qui. A peine eut-il le temps de faire quelques pas que tout se mit à tourner autour de lui, rendant difficile sa progression au travers des élèves. Il eut juste le temps de retenir à l'une des tables du buffet que ses jambes décidèrent de le lâcher...

Heureusement, le malaise ne fut que de courte durée. Elle reprit rapidement ses esprits mais fut déranger par les odeurs de la nourriture qui lui chatouillaient les narines... Le buffet ? Mais ce n'était pas là qu'elle s'était arrêtée ! Regardant autour d'elle avec une inquiétude qu'elle tâchait de dissimuler tant bien que mal, elle ne put qu'être soulagée d'avoir échappé au pire. Elle se sentait certes un peu bizarre mais ça allait tout de même. Elle se redressa, essayant tant bien que mal d'avoir l'air sûr d'elle et épousseta sa robe, au cas où quelques miettes ou elle ne savait trop quoi encore s'y seraient accrochées. Sauf qu'il n'y avait plus de traces de robe, ni même de jupe d'ailleurs. Baissant prudemment les yeux, elle eut la désagréable surprise de remarquer que ce n'était pas qu'une impression, elle se retrouvait en pantalon, à un endroit où elle ne se souvenait pas s'être arrêtée. Une longue seconde d'hésitation et elle posa les yeux sur ses mains, ce qui acheva de la paniquer. Elle n'était plus elle ! Mais alors plus du tout... Ce n'était décidément pas drôle ! Affolée, elle observa les gens près d'elle dans l'espoir que personne n'ait rien remarqué. Ça ne semblait pas être le cas... Elle ne se souvenait pas avoir lu quoi que ce soit sur le changement de corps au milieu d'un bal d'Halloween. Il fallait se retrouver, peut-être que ça lui en apprendrait davantage. Parce que si elle n'était plus elle, il devait bien y avoir quelqu'un qui l'était. Le garçon qu'elle était devenu, peut-être ? Elle attendit un moment, histoire d'être sûre que les vertiges ne la reprendraient pas et partit à la recherche du dernier endroit où elle se souvenait avoir été. C'était bien cette salle, c'était toujours ça de pris. Et si elle ne redevenait jamais elle ? Qu'elle était obligée de rester en ElleNeSavaitPasSonNom jusqu'à la fin des temps ? Ses parents ne la croiraient jamais et c'était définitif, ils ne l'aimeraient plus du tout, même plus un petit peu ! Au fond, ce n'était peut-être pas une si bonne idée cette soirée, elle aurait certainement mieux fait de rester dans son dortoir...

~Dans une année à Poudlard, on y fête toujours plusieurs évènement qui se célèbrent par de traditionnels banquets ainsi que des bals. Beaucoup d'élève ont hâte à ce fameux bal, surtout les filles qui se préparent toujours avec le plus grand soin. Beaucoup sont très jolies, ce que pense Ryan. C'est pour une des raisons qu'il a bien hâte d'aller à ce bal mais n'a pas vraiment d'intérêt envers celui-ci outre que cela. Il irait peut-être faire un tour puis partir ensuite, très tôt. Cela dépend qui va s'y trouver. S'il n'y a que des Sangs-de-Bourbes, cela s'annoncerait complètement inintéressant et complètement du n'importe quoi. Mais le plus malheureux dans tout ça est qu'il doit se présenter à l'heure, même un peu avant à cause de son grade de préfet. Lui qui est un habitué du retard ou bien de dernière minute, rien ne peut être pire présentement. Souvent, les évènements de l'été apparaissaient dans sa tête et le fait d'y trouver Amara dans la grande salle le trouble déjà. Peut-être ne va-t-elle pas y aller? Il espérait au plus profond de lui. Le serpent n'a pas encore décidé de mettre un terme à leur relation mais il ne la voyait plus, il l'évitait plutôt. Il devrait peut-être lui demander de la rencontrer dans un endroit en particulier pour voir ce qu’ils font avec ce couple malgré le voyage à New York et toutes ces dépenses pour elle. En tout cas... Il ne devait pas y penser pour cette soirée et l'éviter surtout s'il la voyait. Même Naïa pourrait lui remonter le moral en ce moment... Mais il se prépara finalement pour cette soirée, choisissant simplement des pantalons noirs ainsi qu'une chemise d'un vert émeraude et argent surmonté d'un veston noir. Ça lui donnait un look assez chic mais peu importe. Il s'était habillé en vitesse et avait mis de l'eau dans ses cheveux pour qu'ils tiennent comme du gel que les moldus utilisent. Mais ne ne lui, il en avait pas besoin puisqu'ils tiennent sans ce truc dégoûtant... En effet, sa toilette ne dura guère que quelques minutes, dans le temps de le dire. Étant un habitué de la vitesse dans ce moment-là, ce ne pouvait être un problème. Les fois où il s'était levé trop tard et avait dû s'habiller en vitesse... Mais en ce moment, il n'est pas vraiment en retard donc il n'y avait pas de raison précise de cette excès de vitesse...

~Dans la salle commune, il ne vit aucune connaissance en vue. Ryan aurait apprécié y retrouver Cornelia qui devait être jolie ce soir si elle venait au bal tout comme Sandrine mais aucun signe d'elle. Tout comme Livy qui devait être là pourtant? Peut-être qu'elle tardait à se préparer. Sa coéquipière en termes de préfet devait, comme lui, arriver plus tôt au bal. Tous ceux de cet ordre le devaient probablement. Mais le serpent se moquait des autres des autres maisons bien entendu, tous des imbéciles. Que des plus jeunes parmi ceux qui étaient-là que le jeune Quick s'empressa d'ignorer. Il eut presque envie de frapper un jeune au passage mais cela pouvait lui coûter chers. Son travail de préfet l'énervait souvent guider les premières années par exemple quand ils se perdent, faire la loi même s'il s'en occupe très peu de cette règle ainsi que faire des rondes dans les couloirs le soir pour vérifier qu'il n'y a pas d'intrus se promenant la nuit. Il a toujours espéré prendre Meredith Woldorf et ses petits copains de Griffondor sur le fait mais rien jusqu'à présent. Ce serait le comble de bonheur pour lui-même si ces temps-ci, cette notion est peu présente dans sa personne. Il ne se sentait jamais vraiment bien et cela dure depuis son retour de New York. Ryan a l'impression avoir perdu une partie de lui aux mains de sa mère, depuis ces deux sortilèges qui l'ont affaibli et qu'il ressent un peu les effets encore aujourd'hui, d'une certaine façon... Allait-il devenir comme son père? Il n'espère pas... mais commence de plus en plus à avoir son caractère assez poussé... Si Cecily n’avait pas été de sa vie, il serait probablement enfermé à Azkaban à l'heure qu'il est... Allait-il l'être dans quelques années? Ou même cette année? Qui sait. Il fallait qu'il se contrôle, point. Pas s'acharner à chaque personne qu'il croise ou presque, même si ce n'est pas le cas présentement. Ryan devait se contrôler. Il finira par devenir comme son père s'il continue dans cette voie... Enfin bon. Il avançait assez vite pour aller se retrouver à la grande salle où avait lieu ce fameux bal. Pour une des première fois, il était en avance d'une dizaine de minutes. Cette fois-ci, il n'avait pas de cavalière à ses côtés comme ce fut le cas à celui de fin d'année où c'était Amara mais la tension entre les deux jouait dans tout ça et peut-être qu'elle n'y serait pas. Tant mieux pour lui... Comme prévu, il arriva un peu avant l'heure à ce bal...

~En effet, il y avait quand même assez de monde, beaucoup allait arriver à l'heure pile étant donné que plusieurs mettaient des heures à se préparer. Il n'y avait pas sa collègue à première vue quand il s'y rendit. Voir n'importe qui de ses bonnes amies lui rendrait le sourire mais ce n'est pas le cas. Même Naïa pourrait le lui rendre. Il était venu trop tôt probablement... Le serpent fila en travers des élèves pour voir s'il n'y aurait pas une bonne connaissance, quelqu'un de Serpentard bien entendu. Malheureusement, encore une fois, on refusait le port de baguette alors il l'avait laissé dans son dortoir, rangée dans ses choses. Il aurait bien défiguré quelques petites faces ici et là mais dans tous les cas, c'était une mauvaise idée... Bref, la vieille McGo' parlait en faisant un discours ennuyant et que tous et toutes s'amusent en cette soirée d'Halloween. Ryan avait à peine écouté... Pourquoi s'en soucier? Elle disait toujours les mêmes choses et avec les années, ça devenait lassant, trop même. La soirée allait pouvoir débuter. Encore une fois, il chercha un visage familier. Pourtant, il n'a pas vu Livy qui devait être là à l'heure étant donné qu'elle est préfète mais peut-être était-elle plus loin? De toute façon, il n'avait pas l'intention de rester tard comme il n'a pas de cavalière en cette soirée... Si Cornelia pouvait être là, pourquoi ne l'inviterait pas? Mais elle ne semblait pas à être encline à participer à cette soirée on dirait... Qui sait cependant... En cherchant de visages intéressants, il ne put s'empêcher de remarquer que plusieurs fille étaient particulièrement jolies jusqu'à ce qu'il vit un prof' tenter de s'enfuir, son ombre avait attiré son attention. C'était le prof' de Divination non? Comme il ne suit pas cette matière cette année, il s'en fiche un peu mais c'est peu après qu'il se passa un truc... Le serpent s'étourdit soudainement et tomba à un genou sur le sol. Que se passe-t-il? Lui avait-on jeté un sort à son insu malgré l'interdiction de baguette?... Ryan eut l'impression qu'il allait tomber malade quand...

~Soudainement, tout revint à la normal. On aurait dit un mauvais souvenir... Elle se leva debout pour tenter d'analyser ce qui venait de produire... Mais... Quand elle revint à elle avec cette chemise verte, c'était tout autre chose. Elle n'était plus elle qui auparavant se trouvait avec une robe et maintenant avec cette chemise émeraude? Que se passait-il? Rien de vraiment compréhensible. Du Polynectar? Impossible puisque c'était tout à fait différent même si elle n'en avait jamais bu... Y avait-il quelqu'un dans la salle pour lui expliquer ce qui venait de se passer? Mais tous les autres semblaient dans le même état qu'elle...

Le vent agitait les feuilles des arbres, qui tombaient les unes après les autres sur l’herbe encore légèrement mouillée après la pluie de ce matin. Pas de doute, l’automne était bel et bien arrivé. Le froid commençait à se faire ressentir dans tout le château, mais rien de bien dérangeant pour l’instant. J’étais allongé dans l’herbe, près du lac, regardant le soleil s’approcher de l’horizon. J’aurais bien voulu rester là jusqu’à la tombée totale de la nuit, car c’était à ce moment-là que la journée commençait réellement, mais ce n’était pas possible aujourd’hui. A l’heure qu’il était, je devrais plutôt me préparer, passer une demi-heure sous la douche pour pouvoir enfiler une jolie robe, me maquiller, et échanger des conseils avec les filles de mon dortoir. Mais parler maquillage avec Amara ne m’enchantait pas vraiment, alors j’avais décidé de venir m’installer ici, d’attendre un peu plus, pour pouvoir profiter de la quiétude de ce lieu si magique, du silence reposant qui le caractérisait si bien. Et bien sûr, comme toute chose de bien qui arrive dans le monde, ce fut de courte durée. J’entendis au loin des bruits de feuilles écrasées, indiquant qu’une personne approchait. Ne voulant pas avoir affaire à je-ne-sais quel malotru qui s’était aventuré ici à ce moment précis, je me redressai rapidement, attrapai mon sac, et m’éloignai de la personne approchant d’un pas rapide. Je ne savais pas qui s’était, et je n’avais absolument aucune envie de me retourner pour en savoir davantage, sinon, je devrais feindre un intérêt quelconque pour cette personne. C’est donc énervée d’avoir été coupé de quelques minutes de silence que je retournai au château par un léger détour, et montai dans ma salle commune pour me préparer.

Selon moi, les bals organisés à Poudlard étaient là pour deux raisons. La première, c’était pour attirer les problèmes les plus problématiques. Il n’y avait rien qu’à voir ce qui s’était passé l’an dernier. Même si je n’y avais pas été, cette histoire avait fait le tour de l’école, et nombre de personne en parlait encore maintenant, après un an. La deuxième raison était d’un tout autre genre. Les élèves allaient au bal dans l’optique de faire de nouvelles rencontres, bonnes ou mauvaises. Autant dire que pour épater la galerie, il fallait user de tous les moyens connus et imaginables. Entre toutes ces vielles familles de sang-purs dont l’or coulait à flot, et ces nouveaux riches dédaigneux, qui ne vous accorde un regard que lorsque votre tenue a été cousue main par un grand créateur. Même si, en apparence, je me fichais bien de toutes ces convenances ridicules destinées à un public d’un autre genre et d’une autre fortune que moi, j’étais assez stressée quand même. Ma robe n’avait rien d’un chef d’œuvre, ni par sa qualité, ni par son prix. Elle n’avait pas été fabriquée à Paris ou encore Venise, mais elle venait d’un marché de banlieue londonienne moldu qui avait au moins le mérite d’être dans mes moyens. C’était un cadeau de mon frère, pour mes quinze ans. Une robe, simple mais élégante, ni trop courte, ni trop longue. De couleur bleue nuit, elle était légèrement bouffante en dessous du nombril, et s’arrêtait à mi-cuisse. On ne pouvait pas vraiment dire que mon frère avait un goût prononcé pour la mode ou pour tout ce qui s’y approchait de près ou de loin, lui qui ne portait que des jeans et des chemises. Pourtant, il avait été capable de me trouver une robe qui m’allait à la perfection. Bon, bien sûr, je me doutais que ce ne serait pas l’avis de tout le monde, mais elle me plaisait, moi, et l’image que me renvoyait le miroir n’était pas si désagréable que ça en fin de compte. Je n’aimais pas trop cette sensation, d’avoir les jambes à découvert, c’est pourquoi je fus dans l’obligation d’enfiler une paire de collant noir pour terminer ma tenue.
Aujourd’hui, j’avais décidé de ne pas feindre mon sourire. Si je devais sourire, ce serait parce que j’étais vraiment heureuse d’être ici. Après tout, c’était Halloween, et pas n’importe quel jour sans intérêt. C’était la fête la plus importante pour ma "famille". Mon frère m’emmenait faire le tour du quartier le soir d’Halloween, et me laissait tenir sa baguette magique de temps en temps. Il n’avait pas peur que je l’utilise à mauvais escient, et encore moins qu’un moldu s’aperçoive qu’il s’agissait d’une vraie. C’était à une époque, la seule fête que nous célébrions sans penser à nos parents. Cette soirée nous libérait d’un poids très lourd à porter, et nous retrouvions, le temps d’une soirée, la magie qui coulait dans nos veines. Celle qui n’est pas discriminatoire, celle que les moldus perçoivent aussi et qui les fait se lever, se déguiser et partir à la quête de bonbons n menaçant leurs pairs avec un bout de bois vulgairement taillé.
Un coup d’œil au réveil posé sur la table de chevet m’indiqua que je n’étais pas en avance, et que je n’avais plus beaucoup de temps pour finir de me préparer. Je fonçai à la salle de bain pour peaufiner mon maquillage, rajouter un trait de crayon noir sous l’œil, une touche de mascara, un fard à paupières de la même couleur que ma robe, et un rouge à lèvres rouge sang. Les cheveux maintenant. Je les avais bouclés à l’aide d’un sort, et après avoir essayé en vain de les attacher en un chignon lâche qui me convenait, je décidai de les laisser onduler le long de mon dos.
Je retournai dans ma chambre pour enfiler la paire de talons haut noir que j’avais prévu de porter, et me regardai une dernière fois dans le miroir. La hauteur des talons donnait l’impression que ma robe était plus courte qu’elle ne l’était en réalité, mais rien de bien vulgaire, et puis, j’étais petite, et l’avantage d’être petit était qu’on pouvait porter des talons hauts sans pour autant finir par mesurer deux mètres. Je n’étais pas ce qu’on pouvait qualifier de parfaite - de tout manière, qui l’était ? – encore moins face aux princesses qui arpentaient les couloirs du collège, mais je me trouvais jolie habillée ainsi, et c’est tout ce qui comptait.

De nombreux élèves et professeur étaient déjà présents dans la Grande Salle quand j’y entrai. Le professeur McGonagall commença un long discours soporifique sur je-ne-sais quoi, n’écoutant absolument pas ce qu’elle disait. Je regardais autour de moi, cherchant des personnes que je pourrais connaître. Malheureusement, pas grand monde pour l’instant. Les autres attendaient sûrement que le discours soit terminé pour ne pas s’ennuyer ferme dès le début de la soirée. Il y eut une légère agitation dans la foule, m’indiquant dans un premier temps que le discours de début de bal était enfin terminé, et que d’autres élèves arrivaient. J’aperçus Hecate, et j’allais me diriger vers elle quand une sensation vraiment étrange me cloua littéralement à ma place. Je me sentais mal, tellement mal que j’avais envie de vomir. Ma tête me tournait, mes oreilles me donnaient l’impression d’imploser, et mes jambes faillirent me lâcher.

Puis tout s’arrêta comme ça avait commencé. Tiens, c’était étrange, je ne me souvenais pas de m’être arrêté là, mais en même temps, je n’avais pas vraiment toute ma tête, si je puis dire ça ainsi.

« Oh ciel, mais ta robe est immonde ! Mais ton déguisement est très original, il faut en avoir de l'audace pour venir en elfe de maison. » Me dit Hecate.

Je baissai les yeux au sol. Je pensais pourtant qu’Hecate et moi étions devenus amis. Visiblement, je me trompai. Mais pourquoi me parlait-elle d’une robe ? D’accord, c’était Halloween, mais je n’avais pas eu l’intention de me déguiser en travesti aujourd’hui. C’est là que je remarquai les talons, puis des collants, et la dite robe, et des cheveux longs et blonds tout autour de mon visage. Le rouge me monta aux joues. J'étais habillé en fille. Mais qui donc s’était amusé à nous jeter un sort ? Est-ce que c’était une farce de la direction ? Oui, c’était ça, dans quelques instants, tout redeviendrait normal, je récupèrerais mes vêtements, et mes cheveux, et dans quelques années, en repensant à ce bal, je rigolerai. Enfin, j’espère…

Cela ferait bientôt deux mois que la rentrée avait eu lieu, et peu de choses, en vérité, étaient venues rompre la lente monotonie des jours qui s’écoulaient sans jamais aucune surprise. Les semaines s’enchainaient, chacune identique à la précédente, avec les cours, les rumeurs de couloirs, les lettres de recommandation des ses parents, les conversations qu’elle se devait d’avoir avec des sorciers de son rang. Oh, Irène ne s’ennuyait pas, non, mais elle aurait aimé que le château connaisse plus d’animation. D’autant plus qu’elle n’avait jamais été réellement enthousiasmée par les cours –la plupart d’entre eux, du moins- et qu’il lui semblait que cette année, son manque d’intérêt pour les études avait encore augmenté. Il lui était devenu intolérable de se lever chaque matin dans le seul but d’écouter les palabres barbifiantes de professeurs inintéressants, et de travailler ses matières si peu captivantes à chaque fois qu’elle avait du temps libre. Le plus odieux, d’après elle, était qu’elle ne pouvait se permettre d’être une mauvaise élève. En effet, son père lui reprochait souvent de se désavouer en se faisant battre par une vulgaire Sang-de-Bourbe. Il ne cessait de lui répéter que ces choses là n’avait en aucun cas leur place à Poudlard et que leur rôle à eux, les vrais sorciers, étaient de leur montrer qu’ils leur étaient supérieurs. Et la Serpentard devait avoir honte de ses piètres résultats, comparés à ceux que certains Sang-Impurs pouvaient obtenir. Et c’est pourquoi, cette année plus que toute autre, malgré un intérêt extrêmement limité pour ce qu’on lui enseignait, Irène était dans l’obligation de travailler afin de faire partir des meilleurs élèves de l’école.

Mais ce soir, enfin, un évènement qu’elle avait attendu avec impatience allait animer un peu le château. Elle regrettait que les baguettes soient prohibées dans la salle de bal, car ses souvenirs ne la trompaient pas ; la magie aurait pu permettre de pimenter encore un peu plus cette soirée, et elle ne connaissait malheureusement personne qui soit capable de lancer des sorts sans baguette. C’était fort dommage, mais peu importait en vérité, le bal d’Halloween en lui-même restait un événement notable qu’il ne fallait rater sous aucune prétexte. Après tout, quelle occasion meilleure qu’un bal pour se rapprocher des vrais sorciers, de ceux issus de bonnes familles ? Quoi de mieux qu’un bal pour montrer, encore une fois, que la supériorité des Sang-purs n’était pas imaginaire ? Toute l’école était en effervescence, et seule la retenue dont elle devait faire preuve à tout moment empêchait Irène d’afficher un air surexcité à l’idée de ce qui allait débuter dans quelques heures. Mais pour le moment, l’important était d’honorer son nom et sa famille, elle ne pouvait se permettre de paraitre tristement banale. Elle se trouvait présentement dans son dortoir, face à un imposant miroir. Elle avait encore acheté une nouvelle robe pour l’occasion, et observait l’allure qu’elle lui octroyait. C’était un vêtement somptueux, d’un vert sombre altier. Le haut de la robe était fait tel un corset victorien, se fermant grâce à lacets de satin noirs. La jupe, plate à l’avant, s’arrondissait dans le dos, donnant à Irène l’allure orgueilleuse d’un paon. Des guipures de dentelles et de perles noires venaient agrémenter ce vêtement délicatement ouvragé, ainsi que des plumes noires qui bordaient joliment le décolleté et les pans du manteau de robe. Les manches en ballon étaient prolongées par des manches en voile brodé. L’ensemble, suranné, était complété par et de lourds bijoux fait d’émeraude et d’argent qui lui venait de l’une des ses éminentes aïeules. Il ne manquait à la Serpentard qu’à se coiffer. Un sortilège que lui avait appris sa mère –et qu’elle avait maintes fois répété- se chargea de lui relever délicatement sa chevelure, sur laquelle elle déposa une coiffe assortie à sa robe. Enfin, elle appliqua sur son visage quelques touches de maquillage, et enfila une paire de chaussures noires. Elle était prête, et, en n’en pas douter, faisait dignement honneur à ce rang qu’elle chérissait tant.

Elle descendit du dortoir et sortit de la Salle Commune, critiquant intérieurement le manque de tenue dont faisait preuve certaines de ses camarades. Elle ne pouvait que rire en imaginant la manière dont seraient vêtus les nombreux Sang-de-Bourbes qui polluaient son école, et retint avec difficulté un soupir excédés en songeant que malheureusement, il en serait de même pou certains véritables sorciers. Ah, quelle déchéance ! Heureusement que lors des diners mondains auxquels elle assistait à chaque vacances n’étaient pas présents ces sorciers pour qui le sang et l’élégance ne semblait guère importer. Irène arriva devant la salle de bal, et comme elle l’avait prévu, elle était en retard de plusieurs minutes. Elle poussa les portes, un sourire méprisant aux lèvres, mais il y avait malheureusement déjà trop d’animation pour que son arrivée soit remarquée par tout le monde. Quel dommage ! Elle se fraya, avec moult difficultés, un chemin au travers de la masse mouvante des élèves, frissonnant de dégout en songeant quel genre de personne elle risquait d’effleurer ce faisant. Elle cherchait des gens de bonne compagnie, c’était tout ce qui comptait. Soudain, un étrange malaise la prit. Un voile glissa sur son regard, tandis qu’un désagréable bourdonnement résonnait à ses oreilles. Elle se sentit vaciller, prise de violents vertiges. Que lui arrivait-il ? Lui avait-on lancé un sort ? Ou bien quelqu’un lui avait-il fait boire une potion aux effets dévastateurs ? Elle glissa au sol, jamais encore elle ne s’était sentie aussi nauséeuse. Quelque soit le responsable de ce malaise, il allait le regretter, foi de Robinson !

Et puis d’un coup, la jeune fille revint à elle. Elle ne se souvenait pas s’être assise, et encore moins s’être arrêtée à cet endroit là. Avait-elle réussi à faire quelque pas, durant son malaise, avant de s’écrouler au sol ? Probablement. Mais elle se sentait étrange. Il lui sembla que pendant qu’elle était prise de vertiges, on avait modifié son enveloppe charnelle. Son corps était différent de d’habitude, elle le sentait dans ses membres. Elle s’inspecta sous toutes les coutures, et bientôt, la stupeur laissa place à une certaine inquiétude. D’où venait cette étrange tenue qu’elle n’avait jamais enfilée ? Une robe tellement différente de ce qu’elle aimait tant porté, une robe désuète, appartenant sans doute aucun à une Sang-pure encore profondément ancré dans la tradition. Et pourquoi son corps semblait avoir été déformé ? Elle n’était plus comme d’habitude, elle n’était plus elle. Mais ce qu’il s’était passé, elle l’ignorait. Elle ne paraissait pas la seule à être dans cet état là. D’une certaine manière, c’était plutôt rassurant, elle ne devenait pas folle. Mais cela signifiait alors qu’ils étaient tous victimes de la même… Et elle comprit, ou plutôt, puisqu’elle n’était sure de rien, trouva une explication tout à fait plausible. Ce pouvait-il qu’un farceur, doté d’un sens de l’humour douteux, ait trouvé un moyen d’échanger les corps des élèves ? Ou alors, peut-être était-elle sous l’emprise d’un démon Voleur de Corps, bien que cette légende n’ait jamais été vérifiée. Quoiqu’il en soit, peut-être ce « problème » allait pouvoir se révéler amusant, finalement. Elle pouvait faire ce qu’elle voulait, ce soir, elle ne risquait rien. Les conséquences des ses actes retomberaient sur la fille dont elle habitait le corps. C’était dommage pour elle.

Elle aperçut Ryan Quick, quelque pas plus loin. Sans doute connaissait-il la fille dont elle avait pris l’apparence, ce qui représentait pour la jeune fille une chance unique, même si, bien sur, une fois qu’elle aurait retrouvé son enveloppe charnelle, tout redeviendrait comme avant. Mais ce n’était guère important. Cette soirée, et ce corps, pouvaient peut-être lui permettre d’atteindre ce but qu’elle poursuivait. Si c’était le cas, Amara Swan tomberait sur le dos de la fille, et pour elle, la voie serait libre.

« Salut Ryan ! » lança-t-elle une fois arrivée à la hauteur du Serpentard, avec un sourire qu’elle espérait aguicheur. Et soudain, le doute la pris. Si elle s’était fourvoyée, et que Ryan et son corps ne se connaissaient en rien, que ferait-elle ?

Elle ne songea même pas à l'éventualité que lui aussi avait peut-être changé d'envellope corporelle.

¤Pourquoi? Pourquoi Duncan s'était inscrit à ce bal? Il n'aimait pas se retrouver entouré de gens et surtout d'inconnu et il a décidé d'aller à quelque chose impliquant tout ça. Est-il devenu fou? Habituellement, il aurait préféré rester bien au calme sur son lit dans le dortoir et éplucher quelques bouquins ou bien faire quelques travaux. Mais qui sait ce qui pouvait arriver à cette soirée? Si Hecate y était? Parce que c'est la seule personne sur qui il a un réel regard, en tout cas, depuis quelques temps. Auparavant, ils étaient amis et ce, depuis la première année lors du cours de Botanique. Une des seules amies de Duncan. Il a Logan puis Meredith sinon. Sauf eux, ses amis sont limités. Que ferait-il là-bas alors? Il n'est pas pour rester seul dans son coin? Si? Et s'il y avait tous ces Serpentards comme Naïa? Cela allait être un pur enfer! Normalement, tout le monde avait hâte à cet évènement, surtout les filles, mais lui, il n'avait pas hâte de peur d'être seul toute la soirée. Donc, le lion devait prendre son courage à deux mains et franchir le seuil de la Grande Salle, même si on y trouve les serpents...

¤Duncan n'avait pas croisé Scipion dans le dortoir pendant qu'il se préparait pour le bal. Il ne savait pas quoi mettre. Mais il ne devait pas s'habiller comme un idiot. Que pourrait-il mettre? C'était Halloween et il pouvait mettre un déguisement? Non, il s'humilierait et serait ridicule. Le lion oublia d'utiliser un "Accio" et chercha les vêtements qu'il voulait. Un tuxedo. Pourquoi pas. Au moins, on ne se moquerait pas de son habillement. Enfin, il trouva son du et s'empressa de se changer avec la chemise blanche et ainsi que le veston, finalement, avec sa baguette qu'il n'oublia pas d'utiliser cette fois-ci, fit attacher la boucle au niveau de son cou. Tout était en place et pouvait y aller. Il avait l'air de quelqu'un allant à une soirée des plus chics mais ce n'était qu'un bal. Il ne voulait pas avoir l'air idiot. Duncan dut placer ses cheveux aussi puis il fut prêt à y aller. La salle commune était bruyante. Ici et là il y avait des élèves qui se préparaient mentalement pour le bal, d'autres qui ne discutaient que de ça. Cela n'en finissait plus. Pourquoi tant d'excitation pour cet évènement? C'est quelque chose que le Griffondor est loin de comprendre. Pour lui, ce n'est qu'une soirée spéciale, pas quelque chose d'extraordinaire ni une fin du monde... De plus, on s'affolait tellement qu'il eut de la misère à trouver le chemin vers le portrait de la grosse dame. Personne qu'il ne connaissait en tout cas. Il y avait bien cette fille, Molly Weasley, qu'il pourrait aller voir si elle est au bal mais ça reste à définir...

¤Sa descente vers la grande salle dura plusieurs minutes. Différents élèves de maison passaient ici et là, se dirigeaient d'un pas effréné vers elle. Pourtant, lui, il marchait, ni rapide, ni lentement. Rien ne pressait justement, il n'était pas en retard. Que cette soirée allait lui réserver? Du positif ou du négatif? Qui sait. Cela pouvait bien aller dans les deux sens ou bien les deux allaient s'entremêler... Duncan entra finalement dans la grande salle où, déjà, il y avait pleins de monde. Il se sentit immédiatement mal à l'aise. Il n'aime pas vraiment les bals et c'est pour cette raison qu'il n'a que peu participé au cours de sa scolarité dans cette école. Il se mêla à la foule pour écouter le discours de la directrice qui débuta une dizaine de minutes après son arrivé. Il n'avait pas eu le temps de se concentrer pour voir s'il y avait une bonne connaissance dans l'endroit. Peu après, les élèves se remirent en mouvement et lui, il fila dans un coin tranquille. Sûrement qu'il aurait l'air d'un imbécile assit tout seul mais il ne voyait personne avec qui il pourrait interagir facilement. Il avait remarqué Naïa en quelque part de la salle donc il voulait aller le plus loin possible de cette langue de vipère... Le lion se trouvait près d'une table puis il remarqua Hecate quand tout à coup, un malaise lui prit. Sur le point de tomber par terre, il s'appuya sur la table près de lui. Il devait tellement avoir l'air du plus grand idiot si on le voyait ainsi. Il n'avait pas remarqué que tous les élèves étaient dans la même situation que lui. Dans une vingtaine de minutes, il allait se réveiller sur le lit de l'infirmerie probablement, ridiculisé devant tous les élèves de l'école. Tout à coup, tout devint noir et il n'eut plus le mal qu'il avait quelques secondes plus tôt...

¤Que venait-il d'arriver? Au moins, tout était devenu comme avant. Les autres personnes dans la salle avaient-ils subi ce que elle avait dû subir? Quelque temps auparavant, elle s'était vu encombrée d'un malaise et le noir complet pour quelques secondes. Mais en se relevant, elle remarqua être plus grande et... différente. Elle ne se trouvait plus dans son corps original mais bien dans celui d'un garçon plus âgé. Qui pouvait-elle bien avoir pris l'apparence? Le monde semblait différent autour d'elle aussi, certains perdus. Bien qu'elle n'ait pas une grande notoriété, elle se mit en chasse d'aller voir ce qui c'était produit comme elle n'est pas gênée. Un peu plus loin, elle remarqua une fille rousse. C'était une Weasley, oui, elle l'avait déjà vu! Les Weasley sont des gens biens. Savait-elle ce qui s'était passé? Arrivée devant la rousse, elle la salua en lui envoyant la main et dit :

« Salut! Tu sais ce qui ce passe? J'avais un creux et plus rien! »

¤Elle fut agréablement surprise que sa voix avait pris une teinte beaucoup plus grave. C'était bien étrange tout ça.

Le jeune garçon attendit bien sagement que son interlocutrice daigne lui répondre en commençant tout simplement par observer la salle autour de lui. Personne ne devait remarquer qu'il était légèrement déboussolé, il serait bien trop facile de s'en servir comme une arme contre lui et il n'avait pas du tout envie de donner l'occasion à ses camarades de se moquer de lui. Il était bien assez débrouillard pour parvenir à trouver tout seul une solution à son problème quel qu'il soit. Cependant, il n'avait pas l'impression que quelque chose de vraiment très bizarre ce soit produit. D'accord, tout le monde avait l'air un peu groggy, comme si tous les élèves avaient un peu de mal à reprendre leurs esprits. Il n'était donc pas le seul à être tombé dans les pommes ? C'était assez rassurant, au moins personne n'avait été témoin de son moment de faiblesse, ce qui l'arrangeait particulièrement. D'accord, il n'était pas encore devenu un homme fort, grand et musclé, mais ce n'était pas une raison pour se laisser aller de cette façon, il était absolument hors de question que ce genre de petit incident survienne de nouveau. La prochaine fois, il pourrait se retrouver au centre de l'attention à cause de ça, et il n'avait absolument aucune envie que ça arrive. Malheureusement, toutes ces belles constatation ne l'aidaient pas à comprendre quelle était l'origine de ce soudain vertige. A la limite, au lieu de poser gentiment la question à la jeune fille qui se tenait à ses côtés, il aurait pu l'empoigner et la pousser contre le mur violemment pour être sûr et certain qu'elle lui réponde et sans tarder, rien de tel qu'un air menaçant pour délier les langues ou provoquer une sympathique bagarre dont il ressortirait inévitablement vainqueur. Seulement, qu'elle ait deux têtes de plus que lui ou non, son interlocutrice était une fille et il ne tapait pas les filles, donc cette solution était exclue. Au lieu de ça, il allait devoir se farcir une conversation sans doute interminable avec une parfaite inconnue, alors qu'il aurait largement préféré pouvoir aller retrouver son chat le plus vite possible. Lui au moins ne parlait pas, il n'avait pas à se montrer agréable et à se forcer à ouvrir la bouche pour prononcer des mots inutiles. Il n'avait jamais compris les personnes bavardes et ne les comprendrait sans doute jamais. Qu'avait-on a gagné en parlant de la pluie et du beau temps ? Pas grand-chose, quitte à avoir une discussion avec quelqu'un, autant qu'elle ait un intérêt quelconque, mais bon, c'était son avis personnel.

« Non, sans doute qu'un petit malin à voulu jouer au petit chimiste. Dis moi par contre, sais tu qui je suis ? Enfin … qui je suis là, en face de toi ? »

Quelqu'un qui avait voulu jouer au petit chimiste ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? C'était une espèce de poudre pour faire dormir et tout le monde s'était évanoui en même temps ? Dans ce cas, ça expliquait pourquoi personne ne l'avait remarqué lorsqu'il s'était évanoui, puisque tous les autres élèves présents avaient fait de même. C'était plutôt rassurant en fin de compte. Seulement, il se demandait combien de temps il était resté dans cet état, peut-être des jours ? Ah non ! Il ne pouvait pas avoir loupé son cours de sortilège ! Il avait révisé dur dans ce but, leur professer leur ayant annoncé qu'ils auraient probablement des duels à ce cours-là. C'était de loin ce qu'il préférait en classe et pour rien au monde, il n'aurait voulu louper ça. En plus, ceux qui étaient quand même venus en cours allaient probablement croire qu'il n'avait pas daigné s'y rendre parce qu'il avait trop peur de se ridiculiser devant l'ensemble de la classe ! C'était totalement faux évidemment ! Il aurait mis une raclée à tout le monde de toute façon, il avait travaillé dur et aurait dû avoir sa chance de le prouver à tous. Cependant, rien ne servait de s'affoler pour le moment, il fallait simplement qu'il réussisse à savoir l'heure qu'il était et tout rentrait dans l'ordre. Anxieux, le petit garçon se mit négligemment à enrouler une mèche de cheveux autour de ses doigts en réfléchissant à une façon d'obtenir rapidement le renseignement qu'il voulait. Au bout de quelques secondes, il réalisa que quelque chose clochait et s'arrêta net, le cœur battant. Depuis quand entortillait-t-il des mèches de cheveux ? Et pourquoi étaient-ils si longs ? De plus en plus mal à l'aise, le garçon commença à se tâter le crâne avec ses mains, cherchant à comprendre l'origine du problème. Il ne tarda pas à le réaliser. Des couettes ! Il avait des couettes. Non, non, non, non, non, il ne pouvait pas avoir des couettes, c'était pour les filles ! Il n'était pas une fille ! De moins en moins rassuré, le garçon baissa les yeux vers ses pieds et constata qu'il portait des collants et des chaussures cirées qui devaient lui donner l'air d'une vraie poupée. En quelques secondes, il venait de sombrer dans une confusion des plus totales. Qu'on disperse de la poudre pour endormir tout le monde passait encore, mais qu'on l'habille en fille ! Non, c'était impossible ! Ils n'avaient pas le droit ! En plus, il n'avait aucune idée de la manière dont il devait s'y prendre pour changer tout ça, il pouvait s'éclipser discrètement pour aller changer ses vêtements... Seulement, tout le monde avait déjà dû remarquer qu'il portait des vêtements de filles, ça ne passerait probablement pas inaperçu. Dans quelques secondes, tout le monde allait commencer à se moquer de lui et il serait la risée de ses camarades de classe jusqu'à la fin de sa scolarité à Poudlard. Non, c'était impensable, ça ne pouvait pas arriver, il fallait qu'il trouve une solution pour s'en sortir. Le petit garçon tenta de se calmer, sans grand succès et se décida à attraper le premier verre qu'il trouva afin de se regarder dedans. S'il devait avoir l'air d'une fille, autant savoir exactement à quel point il était ridicule. Il ferma les yeux l'espace d'une seconde avant de les rouvrir, se retrouvant confronté à son reflet. Quelle horreur ! Il n'était pas déguisé en fille, il était une fille ! Le cœur du jeune garçon s'arrêta l'espace d'un instant alors qu'il paniquait totalement.

« Nan, nan, nan ! Je veux pas rester une fillette, c'est pas possible ! Il faut faire quelque chose ! »

Il en avait complètement oublié la question de son interlocutrice. Il laissait son angoisse l'envahir sans se soucier le moins du monde des regards étranges qu'on pourrait poser sur lui. Qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir faire ! Il était hors de question qu'il reste une fille, il voulait devenir un homme fort, capable de se battre et remporter toutes les bagarres qu'il aurait provoqué, pas une espèce de poupée peinturlurée qui glousserait avec ses copines entre deux cours. Mais qui le croirait s'il révélait qu'il était un garçon ? Il n'avait aucune preuve de de ce qu'il avançait et redoutait de passer pour un vrai fou auprès de l'école toute entière et de sa famille. Mais son frère le croirait certainement, lui. Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble, avaient toujours été aussi proches que différents, il n'y avait aucune raison pour qu'il le prenne pour un fou, absolument aucune. Le petit garçon n'avait aucune envie de passer le restant de ses jours à Sainte-Mangouste, il était un garçon, il n'avait aucun doute là-dessus. De nouveau, il ferma les yeux, comptant lentement dans l'espoir de retrouver un semblant de calme. Il n'y avait pas de quoi paniquer, tout allait bien se passer, c'était un événement, certes inhabituel, mais ce n'était pas la fin du monde. Il allait finir tôt ou tard par s'en sortir et tout rentrerait dans l'ordre, aucun doute là-dessus. Le jeune garçon finit par rouvrir les yeux, légèrement moins angoissé que précédemment, c'est seulement à ce moment-là que la question de son interlocutrice lui revint en mémoire. Elle lui avait demandé qui elle était ? Et si... Non, ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas avoir subit la même chose que lui, c'était complètement irréaliste. Mais d'un autre côté, ce n'était pas si improbable que ça. Si tout le monde s'était évanoui comme lui, il était tout à fait possible que tout le monde se retrouve coincé dans un corps qui n'était pas le sien, non ? Les choses commençaient légèrement à s'éclaircir pour le petit garçon et au fur et à mesure que cet épais brouillard se dissipait, il commençait à entrevoir une porte de sortie. Si tout le monde avait changé de corps, ça signifiait qu'il était dans le corps de quelqu'un d'autre. Malheureusement, si le verre lui avait permis de constater qu'il était une fille, l'image n'avait pas été assez nette pour qu'il sache réellement qui il était. Si seulement, il pouvait trouver le prénom de son enveloppe corporelle ! Il n'aurait eu qu'à appeler à travers la salle pour retrouver son double et tout serait rentré dans l'ordre. Bon d'accord, ça paraissait un peu tiré par les cheveux, mais il ne voyait pas d'autre solution. En attendant, il allait tout simplement discuter avec cette fille étrange pour chercher à savoir exactement ce qu'il se passait en ce moment, il avait déjà mis trop de temps à comprendre ce qu'il se passait, il était hors de question qu'il reste dans l'ignorance plus longtemps.

« Euh, non, je ne sais pas qui tu es, je ne te connais pas... Une fille à première vue. »

Bien ! Très perspicace ! La jeune fille allait très certainement ravie de le savoir. En même temps, ce n'était pas de sa faute si elle posait des questions bizarre. Tout ceci ne l'aiderait pas à trouver une solution à son problème. Il était absolument hors de question qu'il garde cette affreuse apparence indéfiniment, il devait bien y avoir quelque chose à faire à ce sujet. Seulement, il n'était visiblement pas tombé sur la bonne personne.

~Que lui arrivait-elle arrivée? Tenter d'analyser la situation comme ça fut trop difficile, tout a été si soudain. Le mal l'avait rongée pendant quelques secondes et elle s'était réveillée dans un corps de garçon. Elle ignore de qui encore. Elle n'aurait pas dû venir, elle le savait mais cela avait été plus fort qu'elle. Se retrouver dans ce corps ne lui plaisait guère et si c'était à vie? Juste cette pensée la mit en profonde inquiétude. Sa vision semblait un peu brouillée et une voix qu'elle connaissait bien la fit sursauter :

" Je crois que je ne me sens pas très bien… ça risque de te faire rire mais j’ai vraiment l’impression de pas être dans mon état normal. "

~Qui était-ce? Comme elle ne voyait pas grand-chose, elle ne put définir la fille qui lui parlait. Cette personne semblait connaître le garçon dont elle avait l'apparence, ce qui lui donnait des frissons. Savait-elle qui elle est dans ce corps? Peut-être que tout le monde sait qui est qui sauf elle. Non, c'est ridicule, elle est peut-être la seule à qui c'est arrivé, non, la fille qui lui parlait aussi semblait aussi comme elle qui ne s'était vraiment pas sentit bien peu avant ce malaise. Pourquoi se mettrait-elle à rire? Ce n'est pas un moment enclin à rire. De toute façon, ce n'est guère son genre de rire d'un truc aussi général. Elle aussi n'est pas dans son état normal et très loin de là. Mais pourquoi cette fille qui semblait être brune l'avait interpellée subitement comme si elle la connaissait depuis longtemps. Elle ne savait que répondre et voulait aller se réfugier un peu plus loin pour retenter de comprendre la situation... Sa bouche s'ouvrit et elle dit, avec surprise, d'une voix assez grave :

« Euh... Oui, oui, je ne me sens pas bien aussi, je vais... »

~Sur ce, elle se retourna pour aller plus loin. Elle aurait voulu y aller en courant mais elle ne ferait que s'attirer l'attention sur elle ce qu'elle ne voulait surtout pas. De qui pouvait-elle avoir prit l'apparence? Sûrement quelqu'un avec une certaine notoriété étant donné que la fille dont elle n'a pas pu voir le visage clairement mais qui lui semblait que trop familier lui avait communiqué comme ça, sans qu'elle sache qui réellement lui avait parlé... Avançant plus loin de la fille qui semblait le connaître, elle tomba face à face avec :

« Salut Ryan ! »

~Une rousse qui était définitivement à Serpentard. Elle ne la connaissait pas mais avait une réputation d'être Pro Sang-Pure. Et elle l'avait appelée "Ryan"? Le seul Ryan qu'elle connaissait vaguement était le préfet de Serpentard. Elle avait donc atterrit dans le corps d'un serpent? Quel malheur! C'était beaucoup plus évident maintenant... Elle remarqua avoir du vert sur elle ainsi qu'elle était devenue plutôt grande. Ryan Quick, un préfet à éviter ainsi que Melrose. Elle avait presque envie de partir en courant de cette salle. Et puis, la fille Pro Sang-Pure de réputation a regardait comme si elle était obsédée par le corps dont elle avait la possession. Pourquoi on ne la lâchait pas à la fin? Elle aurait dû se retrouver devant un bouquin au lieu de fleurter la salle avec un corps qui n'est pas le sien. Et maintenant, une Serpentard en avant d'elle lui faisant les beaux yeux. Pourquoi elle? Son envie d'aller à la salle commune devint encore plus profonde qu'auparavant mais pas ainsi... Que devait-elle lui dire? Si jamais le vrai Ryan apprend qu'il a été humilié par elle, qui sait ce qui pourrait lui arriver... Et qui avait sa propre enveloppe corporelle?... Juste le fait d'y penser ne la rend qu'encore plus nerveuse et angoissée... Rapidement, elle dit, toujours de la voix grave qui l'habitait :

« Salut... » Elle hésita d'oser ajouter, prise d'une certaine crainte, « Tu as une idée de ce qui ce passe ce soir?... »

~Allait-elle la traiter de nom? Cette Pro Sang-Pure? Mais comme elle est dans le corps même d'un autre, peut-être n'allait-elle rien remarquer? La future réponse de la rousse lui donnait déjà des frissons...

Spoiler:

Elle ne mit pas bien longtemps à parcourir la pièce afin de se retrouver, ayant étrangement une bien meilleure vue de la salle depuis ce nouveau corps. Une bonne poignée de centimètres en plus faisait sensiblement la différence, il n'était plus question de peiner pour voir au dessus des têtes des élèves, elle n'avait plus qu'à se mettre sur la pointe des pieds pour y parvenir. C'était tout de même bien pratique. Dommage qu'elle ne puisse pas garder ce simple détail lorsqu'elle serait enfin redevenue elle. Dépasser sa meilleure amie qui n'aurait plus la moindre raison de remettre en cause son autorité puisqu'elle ne serait plus un mini-leader mais un leader à part entière, cesser enfin d'être prise pour une gamine et être reconnue à sa juste valeur, celle d'une élève à part entière, aussi intelligente et intéressante que les autres. Elle ne put s'empêcher de regretter d'avance de vouloir retrouver sa petite taille, mais c'était sûrement bien mieux ainsi, ça ne faisait aucun doute... Elle ne savait pas qui elle était devenue, mais elle était bien certaine de ne pas avoir envie de rester un garçon jusqu'à la fin des temps, d'avoir pour amis les imbéciles qui devaient servir de meilleurs potes à Celui-Dont-Elle-Ne-Savait-Pas-Le-Nom, d'être obligée de quitter l'école dans pas longtemps sans avoir appris tout ce qu'il y avait à apprendre puisqu'en plus d'être un garçon il était sûrement plus âgé puisque relativement bien plus grand... Pourquoi avait-elle eu la mauvaise idée de se rendre à ce stupide bal ?! Elle aurait été tellement mieux à lire dans son dortoir... Elle finit par se figer, à quelques mètres « d'elle », ou plutôt de celle qu'elle aurait dû être. Que c'était étrange de se voir vivre le plus normalement du monde alors qu'on était pas soi-même... Elle était en pleine discussion avec une fille, blonde, dont elle ne parvenait pas à distinguer le visage de là où elle était. Et si le garçon dont elle avait pris l'apparence était en train de se servir de la sienne pour attendrir les filles de l'école ? Cette idée lui donnait la nausée. Elle l'imaginait ou plutôt s'imaginait en train de sourire à toutes ses camarades plus âgées, dans l'espoir de les amadouer, de s'attirer leur sympathie... Il ne manquerait plus que ça ! Elle finirait par se faire attraper par une réputation de petit ange, de fille adorable, d'amis du peuple... Elle n'avait jamais particulièrement voulu faire fuir tout le monde mais n'avait pas pour objectif principal de se retrouver avec une foule d'amis à ne plus savoir quoi en faire non plus... Enfin, peut-être que ce serait mieux ainsi ? Avec sa meilleure amie, les choses ne semblaient plus aussi simples et merveilleuses que l'année précédente, et même si elle était consciente qu'elle ne retrouverait pas le même spécimen, ce n'était peut-être pas une idée absurde de la laisser penser qu'elle pouvait la remplacer sans mal, et même mieux, se faire des amis plus vieux, comme elle semblait vouloir le faire, elle, pour trouver de l'aide. Les yeux rivés sur son enveloppe corporelle, elle soupira et se résigna à laisser cette conversation continuer. Peut-être qu'il n'avait pas de mauvaise intention en fin de compte ? Il n'était pas impossible qu'il cherche simplement à en savoir davantage. Aucune importance. Elle pouvait de toute façon difficilement s'interposer en expliquant à la fille qu'elle était en pleine discussion avec une partie d'elle et qu'elle désapprouvait totalement. Elle était un garçon, encore inconnu d'ailleurs, et non elle-même, alors personne ne la croirait. Elle finit tout de même par tourner les talons.

En regardant autour d'elle alors qu'elle tâchait de trouver quelqu'un qui serait susceptible de lui expliquer ce qu'il venait d'arriver, elle eut l'étrange impression que tout le monde avait vécu quelque chose d'anormal. Tout le monde ou presque... Etait-ce possible ? Que ce soit l'oeuvre d'un fauteur de trouble comme il y en avait plein de le château lui avait traversé l'esprit mais si un grand nombre de personne avait bel et bien été touchée, on pouvait difficilement croire qu'un élève, même doué, puisse parvenir à un tel résultat. C'était donc pire que ce qu'elle pensait ! Si ça se trouvait, ce serait véritablement irréversible et elle ne pourrait plus jamais réintégrer son corps, et dans une plus large mesure sa vie toute entière. Elle ne pourrait plus retourner dans son dortoir, ni dans assister à ses cours, il ne serait pas non plus question de retourner chez elle... Lui fallait-il tirer dès maintenant un trait sur son existence ? Bien sûr elle n'était pas parfaite, il y avait un microbe pour lui voler ses parents et la réussite de son entreprise était désespérante, mais dans l'ensemble, elle n'aurait jamais voulu avoir une autre vie... Et puis, elle ne connaissait rien de celui qu'elle était devenue ! Comment elle pourrait savoir quel chemin elle devrait prendre en sortant d'ici, comment entrer dans sa salle commune, dans quel lit s'installer ? Comment pourrait-elle reconnaître ses nouveaux parents sur le quai de la gare lorsqu'elle rentrerait pour Noël ? Et est-ce qu'au moins il avait l'habitude de rentrer chez lui pour Noël ? Que ce serait désagréable de voir ses vrais parents l'attendre et passer devant eux sans même pouvoir les prendre dans ses bras pour leur dire un dernier au revoir avant de se laisser porter par cette vie qui ne lui appartenait pas mais dont elle devrait se contenter jusqu'à ce que quelqu'un trouve le moyen de lui rendre sa véritable apparence ! Elle ne voulait pas en arriver là, elle ne voulait pas tout ça ! Elle était sûrement prête à faire tous les efforts du monde, même à être gentille avec sa soeur pour la promesse que tout ça serait bientôt fini, qu'il ne serait pas question de rester enfermer dans ce corps-là. Elle ne voulait pas de nouveaux parents ! Il n'y avait pas grand monde qu'elle connaissait à ce fichu bal, pas grand monde à qui demander de l'aide. Demander de l'aide... Voilà à quoi elle en était réduite désormais. C'était humiliant... Elle avait toujours su se débrouiller toute seule, ou l'avait toujours feint en tout cas et voilà qu'elle était désormais contrainte de se tourner vers autrui pour espérer un jour se sortir d'un mauvais pas dont elle n'était même pas responsable ! Et puis, comment aller voir quelqu'un qu'elle connaissait elle alors qu'elle n'était pas sûre que Celui-Dont-Elle-Ne-Savait-Pas-Le-Nom soit en bon terme avec, ou du moins le connaisse simplement ? Avec la chance qui semblait être sienne ce soir, elle allait tomber sur la personne du château qui le détestait le plus au monde et en plus de ne pas avoir eu de réponse, elle serait sûrement contrainte de faire un séjour à l'infirmerie alors qu'elle avait réussi à y échapper jusque là... La solution lui apparut comme une évidence alors qu'elle passait près du Préfet des Serpentard. Tout le monde connaissait les Préfets, il y avait peu de chance de se tromper ! Mais elle n'avait pas spécialement envie d'aller aborder celui-ci... De toute façon, il était occupé alors... Sauf qu'il n'y avait pas non plus foule de Préfets... Ceux de Poufsouffle et de Gryffondor étaient aux abonnés absents, elle n'avait pas vu Jan-Hendrik, qu'elle n'aimait pas beaucoup d'ailleurs, ni la Préfète de Serpentard... Elle ne se souvenait pas non plus avoir croisé Hecate... S'il n'y avait que lui, avait-elle beaucoup le choix ? Probablement pas... Et puis, elle était un garçon pour une fois, alors autant que ça lui serve un minimum. Monsieur X ne devait sûrement pas être regardé de haut par plus de la moitié des Serpentards de l'école, si ? Peut-être même était-il un des leurs en plus ! Forte de cette déduction pourtant vaseuse, elle s'arrêta nette et revint sur ses pas. Il avait plutôt intérêt à lui donner les réponses qu'elle attendait s'il ne voulait pas qu'elle s'énerve ! Elle arriva rapidement de nouveau à la hauteur de Ryan Quick et se planta devant lui, déterminée, sans prêter une seule seconde attention aux élèves autour de lui.

« Eh toi ! T'es Préfet, non ? Explique ce qu'il se passe. » ordonna t-elle au Serpentard sur un ton de défi.

Le son grave de sa voix la surprit malgré tout. Elle avait intégré qu'elle était dans le corps d'un garçon depuis un moment déjà mais delà à s'entendre se donner une preuve de plus... Elle se souvenait vaguement avoir entendu cette voix quelque part, dans les couloirs certainement puisqu'il était totalement impossible que ce soit en cours elle en était convaincue, mais elle ne parvenait pas à mettre un nom dessus. Peut-être qu'elle aurait au moins cette information-là, à défaut d'avoir une quelconque explication sur la situation... Enfin, encore fallait-il qu'il daigne lui répondre. Elle avait bien conscience qu'elle ne s'était pas adressée à lui de la meilleure manière qui soit mais elle n'avait pas non plus envie de s'étendre en formule de politesse pendant dix millions d'années dans l'espoir que ce soit suffisamment agréable pour qu'il accepte de lui adresser la parole.... Maintenant, il ne restait plus qu'à croiser les doigts.

Décidemment, cette soirée commençait vraiment mal. De un, je risquais de m’effondrer en plein milieu de la salle, de deux, je me retrouvais à une place différente de celle où j’étais une seconde plus tôt, alors que je n’avais pas souvenir de l’avoir quitté, de trois, Hecate venait de m’insulter royalement, et pour couronner le tout, un idiot s’était amusé à me transformer en fille. Et c’était affreusement horrible. La première chose qui me vint à l’esprit était qu’être une fille ne devait pas être facile tous les jours. Porter des talons aussi hauts était inhumains et tous ces courants d’air au niveau de mes jambes étaient franchement désagréables, même si je portais des collants. A bien y réfléchir, c’était vraiment très bizarre de penser ça, ça me donnait l’impression de savoir l’effet que ça faisait de porter des collants, alors que pas du tout. Je me faisais peur tout seul maintenant. De mieux en mieux… Bref, tout ça pour dire que je n’aurais jamais dû venir à ce bal. Je le savais, j’aurais dû écouter la petite voix qui parlait à l’intérieur de ma tête et qui me disait de ne pas y aller. J’aurais passé une soirée tranquille à lire jusqu’à n’en plus pouvoir, et au lieu de ça, je me retrouvais dans le corps d’une fille. Eh, bien oui, c’était la seule solution. Les effets de ce sort ne ressemblaient en rien à un changement de corps comme ce que le Polynectar faisait. On dirait plutôt que c’était les esprits des personnes qui s’étaient déplacés et mélangés. Non, mais sérieusement, comment toutes ces filles faisaient pour sortir dans des tenues pareilles, c’était vraiment horrible comme sensation. Et puis, cette tonne de cheveux qui bougeait partout, suivant le moindre mouvement de tête que je faisais, et blond en plus en l’occurrence, c’était de trop grands changements pour moi. Je regardais autour de moi, pour voir si la personne à l’origine de cette farce était encore là. Mais toutes les personnes présentes semblaient elles aussi avoir subi des dommages mentaux. Si ça se trouvait, la personne en question avait elle aussi subit ce sort sans pouvoir rien faire. Dans ce cas, c’était bien fait pour elle ! Peut-être que c’était la faute de Naïa après tout, elle avait déjà fait des siennes les années précédentes, alors ça ne m’étonnerait pas si c’était de sa faute aussi cette année, si le bal était gâché. Bien que ça ne change rien à la situation dans laquelle je me trouvais à présent, si l’auteur de ce crime payait lui aussi, rien ne pourrait me faire plus plaisir. Au moins, il y avait une justice quelque part dans ce monde.

Me sentant un peu ridicule à rester dans la même position depuis plus de cinq minutes, je fis quelques pas en direction du buffet, pour me servir un peu de quoi manger. La nourriture aidait souvent à aller mieux en cas de problème, comme le chocolat quand on est triste. Mais à peine un de mes pieds quitta le sol, je failli m’étaler par terre, devant tout le monde, ce qui aurait été très embarrassant ma foi, je me rattrapai de justesse à l’élève qui s’était retrouvé comme par miracle à côté de moi à cet instant précis.

« Désolé. » M’excusai-je.

Je retins de justesse un hurlement à l’entente du ton que j’avais utilisé. J’avais la voix d’une fille. Logique quand on y pensait, puisque j’étais dans le corps d’une fille, mais… cette voix était trop aigüe, et douce. Ce n’était pas moi. Je voulais sortir de là, je voulais retrouver mon corps maintenant. Ça suffit, la plaisanterie a assez durée ! Je m’étais tout de suite détourné de l’élève qui m’avait servi de support, et j’espérais, qui que ce soit, qu’il ne soit pas possédé par Naïa. Ce serait le comble…

Je finis par respirer un grand coup, et enlever les horreurs qui me servaient de chaussures. Enfin je pouvais marcher normalement, même si tout à coup, mon corps d’emprunt semblait minuscule devant la foule. Il est vrai que les garçons étaient en général plus grands, voire bien plus grands que les filles, mais là… Cette fille blonde que je ne connaissais même pas était minuscule ! Je me mis à marcher avec réticence, ne sachant pas comment ce corps fonctionnait, quand mon regard tomba sur moi. Enfin… pas sur moi, mais sur mon corps, loin de mon esprit. Mon corps autonome, que l’esprit d’un autre élève avait envahi. Quelle bizarrerie ! Voir son corps se balader et ne pas pouvoir le contrôler, je n’avais jamais vécu quelque chose d’aussi étrange dans toute ma vie. C’était un cauchemar, forcément, ça ne pouvait pas être réel, cette situation était juste le fruit de mon cerveau. Oui, c’est ça, je rêvai que le bal était une catastrophe, comme ça, en me réveillant demain, je ne serais pas tenté d’y aller. C’était un avertissement, rien de plus. Sauf que, pour un rêve, c’était drôlement réel…

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