Ahh l’Écosse ! Pays merveilleux ! Territoire de conquêtes mais aussi de traditions inébranlables. Tartan, cornemuse, whisky et fantôme, la maison Bolt en assumait les couleurs. Il n’y avait pas plus fier qu’un écossais portant haut et fort les us et coutumes de sa patrie.

C’est avec cette dévotion que Jace Thomas Bolt vit le jour un certain premier janvier deux mille neuf, le kilt en guise de couche culotte. Il avait à peine eut le temps de téter le sein de sa mère qu’on lui rabâchait déjà l’histoire du vieux Dwyrm qui hantait le grenier. Baigné dans ces histoires comme un marmot dans l’eau du Christ, il en vint même à développer une certaine fascination pour les fantômes.

Quelle bénédiction ce fut que de découvrir un château entier en étant rempli ! Poudlard avait ses secrets et on l’y avait propulsé avec tant de vigueur qu’il s’amusa à en découvrir le plus possible. Cependant il se lassa vite de ses occupants - vivants bien sûr - et la solitude le gagna rapidement. Il n’avait guère aimé la façon dont les autres élèves l’avaient regardé le premier jour de son arrivée. Son accent n’était peut-être pas raccord et ses valeurs un peu arriérées, il n’en demeurait pas moins un jeune de onze ans aussi émerveillé que les autres par les splendeurs de Poudlard.

Ça aurait pu s'en arrêter là. Les années se seraient suivies sans aucune ombre au tableau, avec comme seul objectif, la réussite des examens. Hélas, quiconque met les pieds à Poudlard subit son lot de châtiment. Parce qu'elle est réputée, parce qu'elle accueille chaque année de nouvelles générations de sorciers, parce qu'il existe toujours des groupuscules prêts à mettre à mal une société déjà fragile, l'école de Magie fait régulièrement l'objet d'attaques inqualifiables.

La plus impitoyable pour Jace fut celle qui eut lieu durant sa troisième année. Il n'avait rien vu venir...


Jace a treize ans et maintenant il se prépare un jus de citrouille. Il ne dort pas très bien depuis quelques jours : Halloween est pour bientôt.

Le château est plongé dans une obscurité menaçante, aussi, se dépêche-t-il de finir sa boisson et de retourner s'allonger dans son lit. Cependant, le calme de la nuit le pousse à s'attarder dans sa salle commune et à se plonger dans ses pensées. Il remarque qu'il pense de plus en plus à cette fille qui traîne à la bibliothèque et qui fait toujours des nattes parfaites avec ses cheveux. Mais il chasse aussitôt cette pensée farfelue pour se concentrer sur autre chose. Il n'était pas sûr de vouloir pousser ses constatations plus loin.

Il posa son verre sur sa table de nuit et s'apprêtait à se mettre sous ses draps quand des cris retentirent au loin, comme de la craie griffant un tableau.

Ses voisins se réveillèrent en sursaut, un peu perdus. Ils le regardèrent étrangement.

« Qu'est-ce tu fais debout toi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »

Jace déglutit.

« - Je... je...

- Tu arrives parfois à sortir plus de deux mots à la fois ? »

Jace se retint de lui envoyer un crochet par-dessus le lit et au lieu de ça, se concentra sur l'origine du boucan.

Il suivit la plupart de ses camarades vers les couloirs où les esprits commençaient à s'échauffer. Jace repéra une vieille dame qui se cachait derrière une chaise et lui demanda d'où provenaient ces cris.

« Ils attaquent ! »

Sans vraiment en savoir plus, il comprit que tout allait bientôt tourner au pire. Et c'est alors qu'un groupe d'hommes et de femmes surgirent de nul part pour confirmer cette impression...

Ce fut le début d'une année difficile, la plus éprouvante de toute. Bien qu'il ne soit pas un né-moldu, il avait appris à vivre comme eux à Mayfield et il eut droit à quelques traitements de « faveur ». Ses relations se résumant la plupart du temps à des discussions brèves avec les autres élèves, rapides furent les vendus à le montrer du doigt. Même s’il n’était pas reclus, il se sentit plus que jamais seul.

La fille aux nattes se trouva être une née-moldue et il ne la revit que quelques fois durant l’année, à de rares occasions où elle nettoyait les cachots. Il en avait éprouvé beaucoup de peine et il tenta de l’aider à plusieurs reprises. Mal lui en prenne, les autres l’attendaient au tournant. La pire, c’était cette blonde qu’il ne pouvait même pas voir en peinture. Une certaine Narcissa...

L'année suivante fut plus calme pour Jace. D'abord parce qu'un directeur plus responsable avait repris les rennes du château. Et aussi car il se découvrit une amie de confiance, la née-moldue qu'il n'avait cessé d'aider l'année précédente. Ils partageaient des points communs évidents: le goût de la littérature, la vie moldue, la solitude... Ceci dit pour cette dernière, ils la sacrifiaient bien volontiers pour passer du temps ensemble. C'est ainsi qu'ils devinrent les meilleurs amis du monde et cela apporta à Jace un certain réconfort : quelqu'un le comprenait enfin.

La cinquième année fut plus angoissante qu'autre chose. Entre la bibliothèque qui cramait, les élèves qui s'attaquaient sans aucune raison apparente et le monstre qui avait élu domicile au château, Jace se serait cru à l'époque où le célèbre Harry Potter faisait la rencontre du basilic. Ce ne fut pas évident pour sa meilleure amie qui, à cause de son ascendance, était encore une fois mêlée à des histoires louches. Il y avait véritablement une maladie dans la plupart des esprits sorciers. Elle leur rongeait le cerveau pour n'en faire que des soi-disant révolutionnaires incapable de voir que les nés-moldus étaient comme eux.

Jace était révolté, indigné. Non seulement pour sa meilleure amie, mais aussi pour tous les autres qui faisaient les frais d'un courant obscurantiste déplacé. L'histoire ne leur avait donc rien appris ?

La famille Bolt possède un arbre généalogique énorme. Et encore, c’est un euphémisme... Jace était le petit dernier d’une fratrie de cinq enfants. Son père lui-même avait quatre frère et soeur, de même que son grand-père... Enfin vous avez pigé le truc.

Sa soeur, la cadette Elizabeth, avait quitté Poudlard depuis huit ans ans et vivait maintenant sur la côte française où un fou de breton avait osé lui prendre la main. Pourquoi fou vous demanderez-vous ? Et bien quand on est la seule fille de la famille et que les trois quarts de ses frères sont capables de faire cogner vos oreilles l’une contre l’autre, cela relève presque du suicide... Mais Gaël, son mari, en avait dans le pantalon et après plusieurs expériences traumatisantes imposées par les Bolt, il réussit à mériter sa main.

Gabriel et Arthur étaient ses deux plus grands frères. Ils avaient respectivement vingt-sept et vingt-huit ans. Ils habitaient la dépendance qui jouxtait par la droite la maison familiale. Ils y vivaient comme des rustres et aidaient les parents Bolt dans leurs travaux quotidiens. Il faut savoir que les Bolt vivent à la moldue, c’est-à-dire presque exclusivement sans magie. Jace les aimait bien la plupart du temps, quand ils ne le taquinaient pas sur son caractère solitaire et sur le fait qu’il n’avait pas vraiment d’amis.

Gendall était son frère le plus proche, le bizarroïde de la famille. Après ses études à Poudlard, il s’était engagé dans une carrière politique au sein du Ministère de la Magie. Personne chez les Bolt à part lui n’avait fait d’études supérieures ou même envisagé de vivre au milieu d’une ville grouillante de sorcier. Aux réunions familiales, il était peu présent et quand c’était le cas, le climat se modfifiait et l’air se faisait lourd. Mais Jace l’aimait bien car c’était le seul à s’intéresser à lui et à ses études. Il était parfois le seul exutoire à sa solitude.

Enfin il y avait ses parents : Catherine et Thomas Bolt. Médicomage pour l'une et commerçant pour l'autre, les Bolt n'avaient pas le temps de se prendre la tête avec des futilités. Tous deux étaient maintenant âgés et grisonnaient comme le ciel écossais. On ne pouvait pas leur en vouloir, élever cinq enfants dans un domaine isolé au milieu de la campagne n’avait pas été de tout repos. Mais tant bien que mal ils y réussirent, dans la tradition de leurs ancêtres, et leur inculquèrent des valeurs profondes pour faire d’eux des hommes et des femmes respectables.

Les enfants Bolt grandirent avec une main de fer sur l'épaule. Ils suivirent dans un premier temps l'école moldue, la seule sortie autorisée par leurs parents en dehors de leur domaine. « Vous devez voir comment va le monde c'est certain, leur répétait sans cesse leur mère, mais vous découvrirez bien assez vite que d'autres ne sont pas de cet avis.» Jace comprit bien plus tard de quoi il retournait: le secret magique était un sujet sensible.

Pour les Bolt, un homme averti est un homme en vie. Même s'ils souhaitaient que sorciers et moldus se tiennent la main, ils n'ignoraient pas quels drames pourraient survenir d'une telle fusion. Le monde n'était pas prêt et l'histoire l'avait prouvé à de nombreuses reprises. Les Bolt étaient convaincus qu'en élevant une génération de sorciers plus tolérants, ils parviendraient un jour à faire front commun avec les moldus... Encore fallait-il que tous en fasse de même.

Jace T. Bolt vous fait part de sa première fois à Poudlard via ces quelques lignes écrites sur son journal de bord :

Un clapotis désagréable tranchait sur le silence du lac. Rien à voir avec le mouvement de l'eau ou même le grincement du bois provenant des embarcations. Le son venait du contact entre la semelle du blondinet assis à côté de moi et le bois qui était en-dessous. Ce bougre stressait comme un porc qu'on allait bientôt emmener à l'abattoir et égorger. Si le corps n'était pas ainsi fait, il se serait également rongé les doigts jusqu'au moignon.

« Pas d'panique à bord. », songeai-je.

Le clapotis se tut soudainement et il ne resta plus qu’un silence surnaturel. Je levai les yeux, un peu surpris pour observer le gamin. Rien d’étonnant à première vue, si ce n’est qu’il avait des yeux exorbités. Mais c’est en suivant son regard que je compris l’arrêt soudain de son suicide en deux étapes : une immense tour, lorgnée de près par des murs hauts comme cent écossais, nous faisait face comme pour nous prévenir que le cours de notre vie allait bientôt changer pour de bon.

Poudlard avait ça d’incroyable : même si la magie ne se voyait pas, elle se sentait au fond des tripes. Moi qui n’étais déjà pas habitué à reconnaître la magie et à la voir en action, je venais d’ouvrir la boîte de Pandore. Mais au lieu de maladies, de nouvelles espèces et de guerres, des perspectives d’avenir et un nouveau foyer venait de m’être livrés sur un plateau d’argent. Cette impression se renforça quand, entré dans la Grande Salle, les élèves se mirent à applaudir et qu’un ciel, aussi plein d’étoiles que celui de ma campagne, se métamorphosa au-dessus de nous.

C’était une explosion de cris et de couleurs. Je grognai de contentement aussi, un son qui venait du fond de la gorge et qui signifiait « par tous mes ancêtres, v’là quelque chose de bon ». Le blondinet du bateau me fixa comme si j’étais un monstre sorti d’une forêt, avant d’échanger de place avec la fille qui marchait devant lui.
Message reçu. Je me renfrognai, quelque peu honteux d’avoir extériorisé ma joie. Mama m’aurait certainement botté les fesses car il n’y avait pas plus fier qu’un écossais. Je ne devrais pas me cacher mais montrer avec assurance qui je suis et d’où je viens, je le sais. Sauf qu’elle ne m’avait pas expliqué que les regards pouvaient faire si mal.

La fille qui avait prit sa place ne dit rien, elle se contenta d’afficher un sourire gêné. Bientôt nous fûmes arrêtés devant un grand pupitre. Des hommes et des femmes se présentèrent, un vieux chapeau tout moche avait été posé sur un tabouret et quelqu’un commença à nous appeler un par un. Je sentais l’angoisse monter, je ne savais pas trop pourquoi, mais bientôt ce serait à…

- Jace Thomas Bolt !

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Sur ce, je te souhaite beaucoup de plaisir dans cette nouvelle vie qui commence, et plein de merveilleux RPs !