" J'ignorais que tu le connaissais, c'est l'un de tes amis ? Je ne pensais pas rencontrer quelqu'un paniquer plus que moi, je dois reconnaître que c'est inhabituel. Il ne te laissera pas tomber, ou s'il le fait c'est que c'est le dernier des imbéciles. Il n'aurait aucune raison de le faire, tu dois être la meilleure en botanique de l'école ! Je suis certaine que tout va bien très bien se passer. "

Un de ses amis... ? Non, pas exactement mais maintenant qu'elle y réfléchissait, Astride avait beaucoup de mal à se dire qu'elle n'avait réellement discuté qu'une seule fois avec Gabriel. Le jeune homme lui avait semblé si familier dès leur première rencontre qu'elle en avait presque oublié qu'elle avait été incapable de le remarquer en cinq ans. Elle n'avait pas été très douée sur ce coup-là, elle aurait pu avoir un véritable ami sur qui compter en plus de ceux qu'elle avait déjà. La poufsouffle adorait Hecate mais sa meilleure amie avait un an de plus qu'elle et elles avaient été obligées de se séparer pour de nombreux cours, elle ne pouvait pas non plus vraiment travailler ensemble puisqu'elles étudiaient constamment des choses différentes et si Astride aimait pouvoir demander conseil en permanence à la serdaigle, celle-ci devait se lasser de jouer les professeurs particuliers dès qu'elles se retrouvaient assises côte à côte à la bibliothèque. Avec Gabriel, ça aurait pu être différent, il semblait être pareil qu'elle, il aimait passer tout son temps à la bibliothèque, il aimait lire, travailler, être attentif en cours, apprendre de nouvelles choses... A défaut d'être de bons amis, ils auraient pu au moins être un excellent binôme de travail comme celui qu'elle avait pu essayer de former avec Bonnie, d'ailleurs. Visiblement, ça n'avait pas collées entre elles deux et tout ça à cause d'une stupide dispute provoquée par un serpentard peu recommandable qui ne faisait plus partie de l'école, mais ce n'était pas pour ça qu'elle n'aurait pas pu tenter sa chance avec quelqu'un d'autre. La poufsouffle n'avait jamais vraiment eu totalement confiance en elle, oh bien sûr, elle savait qu'avec un peu de travail, elle pouvait obtenir des résultats scolaires plus que satisfaisants et elle en était ravie, mais il lui arrivait très facilement de douter de ses capacités et de sa réflexion, elle aimait donc beaucoup pouvoir compter sur quelqu'un si jamais elle se trompait et Gabriel aurait été parfait dans ce rôle là. Elle devait bien reconnaître que sa conversation avec le rouge et or lui avait laissé très bonne impression. C'était la première fois qu'elle se surprenait à avoir envie de revoir au plus vite une personne qu'elle rencontrait totalement par hasard, mais elle ne s'en était pas formalisée plus que ça jusqu'à la question posée par sa meilleure amie. C'était tout à fait normal qu'elle ait envie de passer un peu plus de temps avec une connaissance, non ? Elle voulait simplement essayer de tisser une belle amitié et il n'y avait rien de mal à ça. Le gryffondor était très certainement quelqu'un de très bien qui gagnait à être connu et comme elle était passée complètement à côté pendant cinq ans, elle allait simplement faire en sorte de réussir à rattraper le temps perdu, voilà tout. La poufsouffle n'arrivait pas franchement à se convaincre de son explication, mais pour le moment, elle lui suffirait amplement.

« Ami, c'est vite dit. On a eu juste l'occasion de faire vaguement connaissance un jour, je le remarquais pas tellement en cours ou à la bibliothèque, c'est quelqu'un de tellement discret. Mais il m'a fait très bonne impression. » Avoua-t-elle avec l'étrange sentiment d'en avoir trop dit. « Bah je me dis qu'il pourrait trouver d'autres élèves motivés parmi les nouveaux, je dois pas être la seule à aimer autant la botanique. Et merci, c'est très gentil, mais je ne suis pas si douée. C'est juste que j'aime ça, alors il a voulu me donner ma chance, il aurait fait pareil pour quelqu'un d'autre. »

Bien sûr, Astride était très flattée que sa meilleure amie la pense aussi douée, mais elle n'était elle-même pas vraiment convaincue. D'accord, le professeur Londubat lui avait offert une opportunité en or de faire ce qu'elle aimait le plus et elle lui en était reconnaissante, mais elle avait bien du mal à comprendre pourquoi elle et pas un autre et étrangement, ça lui paraissait toujours pouvoir changer d'un seul coup sans qu'elle ait cherché à le provoquer. Ça serait tellement normal après tout ! Il devait avoir d'autres élèves motivés pour poursuivre leurs études dan cette voie et pas forcément assez de temps et d'énergie à consacrer à chacun d'entre eux. Peut-être avait-il voulu l'aider parce que c'était l'année de ses BUSEs et que si elle échouait, elle verrait ses projets d'avenir partir en fumée ? C'était probablement le cas de plein d'autres élèves qui passaient eux aussi leurs examens cette année, et donc rien ne lui garantissait qu'elle conserverait encore ses privilèges une années de plus. Et pourtant, c'était bien l'une des seules choses qu'elle avait pu apprécier l'année précédente. Lorsque le professeur Londubat l'avait convoqué pour cet entretien dans son bureau, elle n'en menait pas large, mais en se rendant compte de son erreur, elle avait eu la très nette impression de ne pas avoir réussi à tout rater finalement. Elle appréhendait déjà à l'idée de décevoir à nouveau ses parents et ses professeurs l'année prochaine, elle devait absolument se remettre dans le droit chemin et redevenir l'élève sérieuse et concentrée qu'ils avaient toujours eu en face d'eux. Pour l'instant, toutes ses âneries n'avaient pas encore réussies à la pénaliser, sans doute parce qu'elle avait travaillé assez les années précédentes pour réussir à ne pas perdre le fil des événements en deux secondes d'inattention, mais elle craignait fortement que les choses ne se déroulent pas de la même façon l'année suivante, si elle continuait à s'engager sur cette plante glissante qui ne présageait rien de bon pour la suite de sa scolarité. Ses parents avaient l'extrême gentillesse de la dispenser d'un quelconque avertissement qui l'aurait plus angoissé qu'autre chose, mais même sans ça, elle avait l'impression qu'une épée de Damoclès flottait au-dessus de sa tête et qu'elle ne parviendrait à s'en débarrasser qu'en étant des plus irréprochables, ce qui n'était pas forcément dans son domaine de compétence. Cependant, bien que doutant fortement de pouvoir tenir assez bien sa langue pour éviter les ennuis, Astride était bien déterminée à essayer. Elle n'avait pas le droit de rater cette année importante qui amorçait son passage en dernier année avant un plongeon vers la vie étudiante et donc un peu plus de libertés. Si déjà, elle n'arrivait pas à se gérer maintenant et à montrer qu'elle pouvait être un minimum autonome, ses parents ne voudraient jamais accepter qu'elle puisse s'inscrire à l'université Londonienne pour continuer un cursus dans un monde qu'ils avaient toujours un peu de mal à concevoir. La jeune fille n'avait donc pas vraiment le choix et elle comptait bien saisir toute opportunité qui se présenterait à elle afin de leur montrer qu'elle était assez mature pour qu'ils puissent lui faire confiance.

" On se serrera les coudes, et on finira par y arriver, tu verras. Ah oui ? Très légèrement ? Mince alors, Hermès risque de ne pas m'être très utile dans ce cas de figure, quel dommage... "

Sa meilleure amie plaisantait, mais la situation n'en était pas moins un peu compliquée à gérer. Il y avait tellement de choses qui allaient changer l'année suivante, elle allait perdre la serdaigle sur qui elle avait toujours pu compter, celle qui la connaissait le mieux et elle ne savait pas trop comment elle allait pouvoir gérer cette absence à la longue. Sur un temps très court, ça pouvait très bien se passer, elles avaient l'habitude de passer une bonne partie de leurs deux mois de vacances loin l'une de l'autre, seulement en s'envoyant des hiboux de temps à autres et même si Hecate lui manquait un peu, elle arrivait à se faire à l'idée qu'elle ne la verrait que dans plusieurs semaines tout simplement parce qu'elle était au moins sûre de pouvoir la revoir quasi quotidiennement dans un futur proche. Sauf que là, elle n'aurait plus aucune certitude. Sa meilleure amie allait inévitablement s'éloigner un peu d'elle en découvrant un an avant ce qui allait devenir sa vie pendant plusieurs années. Elle allait sûrement vouloir profiter un peu de sa vie d'étudiante sans avoir à attendre que Astride sorte à son tour de Poudlard pour la rejoindre. Bien sûr, c'était Hecate, elle n'allait pas se dévergonder, elle avait toujours été sage comme une image et la poufsouffle avait dû mal à l'imaginer pouvoir réellement se lâcher simplement parce qu'elle n'aurait plus à se plier au règlement intérieur de Poudlard, mais quand même... Cette séparation risquait de mettre un peu plus de distance entre elles qu'elle ne l'aurait voulu. Et que se passerait-il lorsqu'elle quitterait l'école à son tour ? Elle aurait sûrement à faire ses propres expériences et non pas à suivre la serdaigle comme un toutou sous prétexte que c'était la solution de facilité. Jusqu'ici, elle s'était montrée plutôt douée pour se protéger de tout mauvais coup grâce à la jeune fille qui avait toujours des conseils intelligents à lui donner et qui, par expérience, pouvait lui donner de précieux tuyaux auxquels elle n'aurait pas pu penser toute seule. Ce n'était pas la bonne façon de faire, elle l'avait toujours su mais maintenant ça lui apparaissait comme une évidence. Elle pourrait toujours compter sur Hecate, mais elle n'avait pas le droit de se reposer trop souvent sur elle, ça ne risquait pas de l'aider à se rendre débrouillarde et Astride aimait pouvoir se dire qu'elle pouvait faire un certain nombre de choses par elle-même. Seulement, qu'elle arrête ou pas de demander toujours conseil à sa meilleure amie, celle-ci allait affreusement lui manquer lorsqu'elle serait loin. Il était difficile pour la poufsouffle d'envisager Poudlard sans une personne qu'elle avait toujours connu et encore plus sans sa meilleure amie. Pour le moment, elle se contentait de se dire que c'était encore loin, qu'elle avait tout le temps devant elle, mais le départ se rapprocherait inévitablement tout au long de l'année et elle ne pourrait rien faire pour l'éviter.

« Oh, tu me connais, j'ai vraiment du mal avec tout ce qui est scolaire, alors écrire, c'est pas vraiment à ma portée. » Plaisanta-t-elle vaguement. «  Il nous reste encore un an, tu sais, ça va passer très, très, très lentement et on repartira en vacances ensembles, je suis sûre que ça ira. »

La poufsouffle essayait tant bien que mal de faire bonne figure mais le cœur n'y était pas vraiment. C'était pour cette raison qu'elle n'avait jamais voulu vraiment envisager un potentiel départ. Ça lui paraissait toujours trop proche et trop douloureux et la nostalgie qui commençait à l'envahir risquait fort de ruiner leur repas si elle la laissait prendre un peu trop de place. Elle ne devait pas laisser une chose arriver, pas le premier jour de leurs vacances de rêves, ça serait un formidable gâchis.

" T'en fais pas, je suis certaine qu'il aura encore du temps pour toi, nouveaux ou non, il n'y a pas de raison qu'il ne tienne pas ses engagements, ça va bien se passer. C'est génial que tu le connaisses, je suis convaincue que vous allez bien vous entendre, vous avez pas mal en commun maintenant que j'y réfléchis bien. "

La poufsouffle n'en était pas totalement convaincue. Le professeur Londubat n'était pas venu la voir après les BUSEs pour lui demander comment ça c'était passé et si son enseignement supplémentaire avait été bénéfique. Évidemment, ça avait été le cas. La botanique avait toujours été la matière dans laquelle Astride était la plus à l'aise et les cours supplémentaires qu'elle avait passé en compagnie de son professeur lui avait permis de rajouter des informations capitales pendant son examen. Du coup, puisqu'elle n'avait pas pu le voir, elle avait écris un petit mot de remerciement qu'elle avait posé sur son bureau avant la dernière soirée à Poudlard. Elle trouvait normal qu'il ne lui ait pas répondu puisqu'elle était partie le lendemain et qu'il était déjà peut-être rentré auprès de sa famille sans avoir spécialement envie de rester auprès de ses élèves alors qu'il n'y avait plus de cours, mais ça ne lui assurait pas qu'elle puisse passer sa sixième année dans la serre comme elle avait pu le faire. Peut-être devrait-elle aller le voir en revenant à Poudlard ? Elle ne voulait pas avoir l'air d'en demander trop, c'était un privilège qu'il lui avait accordé et elle n'avait probablement pas le droit de le réclamer. De toute façon, ça ne servait à rien qu'elle se prenne la tête maintenant pour de telles bêtises, elle aurait tout le temps de constater ce qu'il allait se passer à la rentrée et trouverait bien une manière de s'occuper. Pour ce qui était de Gabriel, Hecate avait totalement raison, ils avaient beaucoup de points communs et la jeune fille se demandait encore comment elle avait fait pour ne pas les remarquer. A bien y réfléchir, ils passaient des journées quasiment identiques. Bon bien sûr, le rouge et or n'avait sûrement pas la même quantité astronomique de défauts qu'elle, il ne devait pas passer la plupart de ses journées à grignoter sans pouvoir s'en passer. Mais du peu qu'elle en avait vu, il paraissait tout aussi angoissé qu'elle et ça l'amusait plus qu'autre chose. Il lui semblait plus que difficile de faire des phrases complètes, mais elle ne s'en formalisait pas, peut-être que si elle le revoyait, il se comporterait différemment tout simplement parce qu'ils se connaissaient mieux à présent. Ils n'avaient pas eu l'occasion de se voir très longtemps, mais Astride se souvenait plutôt bien de leur discussion, ils avaient parlé de sa sœur, et apparemment Gabriel et elle avaient toujours été très proches, là encore, c'était un point sur lequel ils parvenaient à se mettre d'accord. La famille de la poufsouffle avait toujours été plus importante que n'importe quoi d'autre et elle aimait bien avoir rencontré quelqu'un qui pensait la même chose qu'elle. En connaissant Hecate, elle savait pertinemment que les relations entre frères et sœurs pouvaient être particulièrement tendues et qu'elle avait beaucoup de chance que ça ne soit pas le cas pour elle. Mais bon, même sa meilleure amie approuvait ses fréquentations, ça ne voulait pas dire qu'elle passerait beaucoup plus de temps avec le jeune homme que pendant ses cinq dernières années, elle comptait bien essayer de le revoir, mais ce n'était pas pour autant qu'elle le verrait de nombreuses fois et qu'ils deviendraient les meilleurs amis du monde.

« On verra, s'il a pas le temps j'avancerais le programme de l'année suivante pour être préparée au mieux lorsque je passerais mes ASPICs, j'ai acheté le bouquin en allant au Chemin de Traverse cet été. » Expliqua-t-elle avec enthousiasme. « Pour qu'on s'entende bien, il faudrait encore que je le revois, on est pas spécialement proches. »

Pour Astride, mieux valait qu'elle ne soit pas toute seule dans une librairie avec de l'argent sur elle. La jeune fille était incapable de sortir de ce genre d'endroit sans y acheter quelque chose ce qui affligeait sa mère qui essayait tant bien que mal de l'emmener dans des boutiques de vêtements dès qu'elle en avait l'occasion. Sauf que dans ce genre d'endroit, la poufsouffle s'ennuyait à mourir. Bien sûr, elle pouvait essayer les différentes tenues que sa mère lui proposait pour lui faire plaisir mais dès que quelque chose clochait, elle refusait catégoriquement de sortir de la cabine d'essayage et préférait très largement se rhabiller sans en sortir plutôt que de s'exposer à la vue de la vendeuse et de sa maman. En plus, à tous les coups, celle-ci lui faisait un splendide discours sur le fait qu'elle était une fille et qu'il lui fallait mettre ses formes en valeur si elle voulait réussir à charmer le garçon qui lui plaisait et tout un as d'autres choses que la jeune fille n'aurait jamais voulu entendre. La poufsouffle ne comprenait d'ailleurs pas, comment elle pouvait être si réservée alors que sa mère semblait aborder ce genre de sujet le plus normalement du monde. Mais bon, en l’occurrence elle aurait très largement préféré qu'elle se taise et qu'elle la laisse au milieu des livres qu'elle aimait tant. En plus, elle n'était pas une affreuse gamine chiante qui demandait la lune. Il suffisait de la laisser dans une bibliothèque pendant des heures et de vaquer à ses occupations le plus normalement du monde. A son retour, sa mère la trouverait certainement en train de lire son deuxième, troisième, quatrième, cinquième ou sixième bouquin, sans se préoccuper du tout de l'heure qui tournait. Malheureusement, tout ceci n'avait pas l'air de satisfaire sa maman. Elle aurait préféré qu'elle fasse partie de la masse de filles toutes identiques qui aimaient exactement les mêmes choses. Sauf que ce n'était pas le cas et que même avec beaucoup de bonne volonté, Astride ne parvenait pas à changer ce qu'elle était. Elle n'était pas à l'aise dans son rôle de vraie fille et n'avait pas du tout envie d'en devenir une. Bien sûr, elle pouvait faire des efforts pour faire plaisir à sa famille, mais elle ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas suffire qu'elle soit une excellente élève, d'accord elle avait plein de défauts, mais pas trop de choses à se reprocher sur le plan scolaire, c'était déjà ça de bien, non ? La poufsouffle n'en était pas forcément convaincue d'autant plus qu'elle n'était pas si douée que ça. Ses cours de potions ne se passaient pas très bien au niveau de la pratique et elle avait toujours l'impression d'être incapable de faire quelque chose de ses dix doigts. Ça ne lui apporterait rien dans sa vie future d'être simplement capable de retenir par cœur des pages entières de bouquins, ce n'était pas ça qui ferait son futur métier, c'était une certitude. Elle n'était pas aussi intelligente qu'Hecate ou que Bonnie, elle travaillait juste beaucoup plus que le reste des ses camarades de classe, tout simplement. Mais bon, pour l'instant, elle était en vacances et comptait bien en profiter, si jamais sa sixième année se passait mal, elle aurait encore sa meilleure amie pour l'épauler.

" Bien sûr de ça ira ! Enfin c'est vrai, tout le monde sait que tu fais partie des cancres de l'école, c'est de notoriété publique... Où est-ce qu'on ira, la prochaine fois ? "

Hecate faisait preuve de beaucoup d'optimiste, et il était difficile de savoir s'il était réel ou simplement une façade pour qu'elle parvienne à prendre la chose d'une façon un peu plus positive. Sa meilleure amie était assez douée pour essayer de donner le changer et camoufler au maximum toutes les angoisses qui pouvaient l'envahir. Elle n'avait sûrement pas envie de lui mentir, mais c'était presque une habitude autant que de se lever le matin ou de se brosser les dents après avoir mangé. Astride avait surtout eu l'occasion de constater cette facette de cette personnalité lorsque la serdaigle était venue la voir à l'infirmerie, elle l'avait évité pendants des jours et semblait tellement mal pour quelque chose qui n'était absolument pas de sa faute, elle faisait de la peine à voir. Mais pendant tout le début de la conversation, elle avait tenté de rester étrangement positive, ce que la poufsouffle avait eu beaucoup de mal à comprendre. Sauf qu'en l'occurrence, elle aurait espéré que cet enthousiasme soit réel et qu'elle soit vraiment convaincue que tout se passerait bien et que rien ne changerait entre elles. Après tout, elles n'étaient que des amies, il était normal qu'elles arrivent à passer du temps loin l'une de l'autre. Elles devraient nécessairement s'y habituer puisqu'en grandissant, elles auraient probablement de nombreux impératifs qui les empêcheraient de passer des journées entières ensemble sans avoir à se préoccuper de vaquer à d'autres occupations primordiales. Elles feraient certainement des études différentes, auraient un boulot différent et même si Astride était sûre de s'intéresser de très près à ce que sa meilleure amie, elle savait que prendre deux directions différentes, risquait de les éloigner un minimum. Et si Hecate tombait amoureuse décidait de vivre en couple et fasse passer sa relation en priorité ? C'était tout à fait possible et la poufsouffle ne pouvait pas lui en vouloir. Sauf que si sa meilleure amie se retrouvait avec une vie de famille et que par le plus grand des hasards, elle en faisait de même, elles risquaient fort de se voir encore moins souvent. Mais c'était plutôt normal, et ça voudrait dire qu'elles vivaient leur vie et non pas qu'elles n'étaient plus d'aussi bonnes amies qu'avant et puis de toute façon, elles avaient largement le temps avant d'en arriver là. Astride ne comptait pas avoir un premier enfant dès l'année prochaine, ni quitter l'école, ni avoir un métier et rayer toutes les personnes qu'elle avait connu à Poudlard de sa liste d'amis. Bien sûr, cette étrange échéance de fin d'année la faisait un peu paniquer, mais elle arrivait encore à se convaincre que c'était assez loin pour qu'elle n'ait pas s'en préoccuper plus que ça.

« Je pense qu'on a le temps d'y réfléchir, je pourrais pas te dire. En un an on a le temps de prévoir un super voyage, à moins qu'on s'inscrive à un nouveau concours, il était super celui-là, je me suis vraiment amusée. » Déclara-t-elle en finissant de déposer les pièces de monnaie sur l'addition. « C'est bon, on peut y aller. »

Sans attendre une quelconque réponse de la part de sa meilleure amie, Astride se leva et salua leur serveur avec un grand sourire avant d’entraîner Hecate au dehors. Ce n'était peut-être pas très américain comme premier diner, mais elle s'était amusée et après un tel déjeuner, il y avait fort à parier que leur fin de journée serait formidable tout comme le reste du voyage. Pour une fois, la poufsouffle n'avait pas l'impression d'être trop optimiste, mais simplement réaliste.