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[Année 2023-2024] | Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar... | Feat. Lena Chasemane
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Feat. Lena Chasemane Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...



Je disais assez rarement du bien sur Poudlard. Presque jamais. Peut-être même que je n'ai jamais dit du bien de cette école. Je ne sais plus. La preuve qu'un quelconque compliment devait être rare, pour que même ma mémoire ne me contredise pas.

La raison ? Il y en avait tant, en fin de compte ! Poudlard était l'établissement coupable d'une longue séparation avec mon frère. La fin d'une époque. Notre fin. Même si on ne l'avait pas su tout de suite. J'avais appris à le découvrir avec le temps. C'était aussi un établissement que tout le monde aimait, et moi, je me méfiais énormément des choses que tout le monde aimait. A force de considérer les avis d'une masse comme un exemple à suivre, on se perd dans la masse. Alors on devient tous similaires et on s'efforce de garder un avis de groupe, qu'importe ce qu'il engendre tant qu'on suit ce groupe.

Pour moi, Poudlard était aussi un lieu où l'on nous apprenait à être exemplaire : gare à ceux qui se seraient promené la nuit. Suivre les consignes. Gagner des points ou en perdre. Devenir un bon sorcier. Pourtant, les années l'avait prouvé - et malheur à ce qui oseraient me contredire sur ce point - Poudlard était aussi le nid de bien des vices, des horreurs et des massacres. C'est souvent là bas que tout commençait. Là-bas que tout se fissurait. Un endroit stratégique pour quiconque aurait voulu frapper un grand coup. Vous ne voyez pas où je veux en venir ? Deux semaines avant la fin des cours, un préfet avait décidé d'enlever 10 points à ma maison parce que je n'avais pas respecté pas le couvre-feu. Alors qu'il y a un an de ça, on torturait des élèves à quelques mètres de ma salle commune. C'est ce monde qui va mal.

Et pourtant... Et pourtant ! Malgré toute cette rancoeur que je continuais d'alimenter au fil du temps, je dois avouer que les vacances d'été me lassaient. La cohue dans les couloirs du chateau me manquait, les infâmes escaliers qui - j'en suis sûre - s'étaient ligués contre moi me manquaient, les préfets me.... Non pas eux. On va gentillement se calmer sur nos émotions Rachel. Poudlard a eu son compliment.

Ce jour là, donc, je me forçais à quitter ma chambre et à prendre un bon bol d'air frais. Je m'étais donné un objectif : acheter des feuilles de mandragore chez l'apothicaire pour m'entraîner à la réalisation de la potion de sommeil, une des rares recettes qui continuait encore et toujours à me résister, malgré mes nombreuses tentatives. J'avais bien failli manquer mon examen de potion à cause de ça cette année !
J'avançais à bon rythme dans ma quête, lorsqu'une silhouette connue attira mon attention à la fenêtre du Chaudron Baveur : Solenis Grandepoche, une amie d'enfance qui venait donner un coup de main au bar de temps en temps. Je décidais d'entrer.
L'endroit sentait la bière et le bois. Ou plutôt le bois qui avait bu beaucoup de bières en toutes ces années. Solenis était heureuse de me voir. Elle m'invita à m'assoir au comptoir et me servit une bierraubeurre. Oui, ma sociabilité s'exacerbait aujourd'hui. Trois semaines maintenant que ma mère demeurait mon seule interlocuteur. Je pouvais bien me permettre quelques banalités avec Solenis qui mangeait encore ses crottes de nez la dernière fois que je l'avais vue. La conversation devint rapidement ennuyeuse, et je fûs quelque peu soulagée lorsque son patron lui demanda, d'un air sec et condescendant, d'aller ranger la cave au sous sol.

Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar à boire une bièraubeurre au comptoir du Chaudron Baveur. Heureusement pour moi que je subissais en moyenne des pics de sociabilité qu'une fois toutes les trois semaines. Sinon, je serais déjà devenue gâteuse et alcoolique.



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Message(#) Sujet: Re: [Année 2023-2024] | Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar... | Feat. Lena Chasemane [Année 2023-2024] |  Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...  |  Feat. Lena Chasemane EmptyMar 31 Juil - 22:20

Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...




Et une année de plus séparée de ses anciens camarades de classe. Pour la deuxième fois, Lena ferait sa rentrée dans la classe inférieure à Prudence, Ariel et les autres. La plupart du temps, elle arrivait à oublier qu'elle aurait toujours un an de retard par rapport à ceux de son âge, mais lorsque la situation le lui rappelait, comme cet après midi-là, elle se sentait tout simplement dégoûtée. Jamais cependant elle ne le montrait, ni le mentionnait. Oh, ça avait dû lui arriver une ou deux fois avec Prue ou Mackenzie, mais elle préférait porter son fardeau seule et en silence. Et puis, ce n'était pas comme si elle était toute seule à avoir été forcé à redoubler. Le fait qu'il y en ai d'autres qui soient dans la même situation qu'elle, ça apaisait sa rancœur.
Cette journée de fin août, Lena l'avait consacrée à faire ses achats au Chemin de Traverse. Elle avait fait ses adieux à sa maison, son jardin, sa forêt, ses parents et avait pris le train avec Tom et Justin direction Londres. Quand on habite à quatre heures de la capitale et accessoirement du point de départ pour son école, on fait le nécessaire pour ne faire qu'un seul voyage.
Même si elle en voulait à la fatalité de ne rentrer qu'en quatrième année, Lena avait tout de même hâte de reprendre les cours. Comme tous les ans, elle avait fait une longue halte chez l’apothicaire pour y observer toutes les choses étranges qu'il y était vendu. Autrefois, elle s'attardait à la Sylve, le magasin de la professeure de Botanique. Mais les boutiques d'apothicaires, ce n'est pas ce qu'il manquait sur le Chemin. Si il n'y avait pas cette odeur pestilentielle dans la boutique, Lena y serait sans doute restée plus longtemps. Elle décida de faire un saut au Chaudron Baveur, car cela faisait plusieurs heures qu'elle sillonnait les lieux.
Lorsqu'elle poussa la porte du bar, elle remarqua tout de suite l'odeur conviviale de bièraubeurre et d'herbes à thé. L'endroit était assez éclairé, il fallait dire qu'on était au mois d'août, dans l'après-midi. Lena n'avait pas l'habitude d'entrer dans cet endroit, mais quand elle le faisait, la lumière était plus tamisée, comme si on cherchait à se cacher ici. La jeune fille n'avait pas l'intention de rester bien longtemps. Elle s'assit là où il y avait de la place, c'est-à-dire au bar. Seule une jeune fille brune aux cheveux courts y était installée. Toutes les tables isolées étaient prises. Sa bièraubeurre entre ses mains, la Serdaigle prit instinctivement de ses paquets entre ses pieds le manuel de soin aux créatures magiques. La Botanique était sa matière préférée, mais elle avait déjà emprunté à ses amies le manuel de quatrième année. Elle était bien curieuse de connaître en profondeur le programme de cette année. Sans vraiment prêter attention à ce qui se passait autour d'elle, la jeune fille parcourait attentivement les pages du manuel du haut de son tabouret usé.
Plongée dans sa lecture, la brunette tendit la main vers son verre et le rata de quelques centimètres. Lena, qui avait de bons réflexes, le rattrapa in extremis avant qu'il ne finisse en un tas de verre brisé. Toute la bièraubeurre s'était répandu par terre, de l'autre côté du bar. Lena avait fait cette gaffe au bon moment puisque le barman du Chaudron Baveur était parti. Cela ne faisait même pas cinq minutes qu'elle était assise et son verre était déjà vide. Le barman serait sans doute bien stupéfait par la rapidité de descente d'une adolescente, mais Lena pensa qu'il serait surtout en colère, vu les dégâts qu'elle avait causés. En se penchant au dessus du comptoir, elle remarqua que les verres et autres outils étaient tous souillés de boisson. Dans la détresse, Lena sortit sa baguette magique pour tout réparer. Elle la tendit. Si seulement elle se souvenait de ce sortilège pour nettoyer. Reparo non ? Non, c'est pour les objets cassés, ça, pensa-t-elle. Lena avait passé le dernier mois de son année scolaire à s'entraîner pour des sorts de combat, pas pour faire le ménage. Et puis même si elle s'en souvenait, elle n'arriverait sûrement pas à le faire fonctionner, malhabile comme elle est avec sa baguette.
Dans la panique, elle regarda autour d'elle et croisa le regard de cette jeune fille. Elle n'avait pas vraiment envie de lui demander de l'aide directement, elle se sentait juste stupide. Bafouillant des paroles incompréhensibles, la Serdaigle ne savait plus quoi faire. Elle s'arrêta net, puis subitement elle demanda très doucement:
- C'est quel sortilège pour nettoyer tout ça, déjà ?


hrp:
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Message(#) Sujet: Re: [Année 2023-2024] | Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar... | Feat. Lena Chasemane [Année 2023-2024] |  Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...  |  Feat. Lena Chasemane EmptyMer 1 Aoû - 16:31

Feat. Lena Chasemane Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...



Il était vraiment temps que la rentrée approche. Non pas que des gens me manquaient, ça, je m'en passais volontiers, mais surtout pour retrouver le château et mes recoins secrets. Le piment et l'adrénaline que me procuraient mes escapades nocturnes était la chose qui me manquait le plus. Ici, à Londres, il était très difficile pour une adolescente de se sentir hors-la-loi sans que la sanction soit trop pénible. Ca, je me le réservais sans doute pour ma vie d'adulte.

Accoudée au bar, je me contentais d'observer les gens le temps de finir ma bièraubeurre. C'était intéressant de constater la pluralité de la clientèle, en un bel après-midi d'Août. Des familles venaient se désaltérer et lutter contre la chaleur étouffante à quelques mètres seulement des poivrots : ces gens dont la vieille carcasse faisait officiellement partie du décors. J'étais persuadée que la chaise toute à ma droite était utilisée en permanence et depuis des années par la même personne.

C'est alors que le siège à ma gauche finit par trouver preneur. En tournant très légèrement la tête, je constatais rapidement qu'il s'agissait d'une preneuse, à vrai dire. Son visage me disait vaguement quelque chose, mais je ne pouvais bien la discerner tout en restant discrète.
Ce n'est que lorsque la jeune fille sortit son livre de Soins aux Créatures Magiques que je compris assez vite. Elle était à Poudlard, de toute évidence. De toute façon, il aurait été bien fabuleux que je me souvienne du visage d'une jeune fille hors-Poudlard. Même si son visage avait déjà croisé ma route, je ne pouvais pas dire grand chose de l'adolescente à côté de moi. En période de cours, il est assez facile de se classer les uns les autres, grâces aux couleurs de nos maisons. La seule chose dont j'étais sûre, c'est qu'elle n'était ni dans la même classe que moi, ni à Serpentard. Je l'aurais sans doute déjà croisée dans la sombre salle commune si ça avait été le cas.

Quelle idée étrange. Bien que le manuel ait pu m'éclairer vaguement sur la jeune fille, il n'en demeurait pas moins que j'avais à côté de moi une demoiselle qui étudiait, là, au Chaudron Baveur, le long du bar, en plein mois d'Août, sous une trentaine de degrés. A quel point les gens pouvaient-ils aimer se faire du mal ? J'hésitais un instant à aborder la jeune fille pour lui souhaiter ironiquement du courage pour ses examens d'Août, mais sa maladresse me devança.
Sa bierraubeurre s'étala littéralement de l'autre côté du bar, arrosant au passage les verres propre et les shakers cachés derrière le comptoir. Je retins mon souffle au moment de l'accident, et m'attendais à assister à une scène phénoménal de remontrance du patron, mais la petite avait de la chance, le gros grincheux était parti vérifier que Solenis rangeait la cave correctement.

Je souriais intérieurement. Il y avait des chances pour que mon sourire en coin se constate également sur mon visage tendu pour ne pas rire aux éclats. La gaffe était belle et silencieuse. Je crois que j'étais la seule à l'avoir vue.
La jeune fille était gênée. Elle n'avait pas l'air de savoir comment se sortir de cette situation et m'interpela pour un coup de main. Elle n'avait pas l'air très douée et ses petits yeux de biche me firent sourire de manière assez cynique. Est ce que j'allais tout de suite me jeter sur cette jolie proie ?


Recurvite.


J'aurais pu le faire pour elle, évidemment. Mais je n'étais absolument pas serviable, ni altruiste, ni même suffisamment compatissante pour ça. J'étais juste dans un bon jour, face à une personne qui ramenait un peu de Poudlard dans mon quotidien. En jetant un nouveau coup d'oeil à son manuel, je lançais :


Ce n'est peut-être pas cette matière que tu devrais réviser en priorité.



Ma voix était pinçante et un soupçon provocante, mais rien de virulent à l'horizon. Le temps n'était pas à la persecution des plus jeunes. Pas ici et pas aujourd'hui. Tous les tyrans ont bien le droit à des vacances, non ?



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Dernière édition par Rachel Ryder le Jeu 9 Aoû - 13:49, édité 1 fois
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Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...




La jeune demoiselle qui était assise à côté de Lena fut rapide et efficace dans son geste. Recurvite était le sort qui lui manquait. Lena se sentit affreusement bête de ne pas s'être souvenue d'un enchantement qu'elle avait appris en deuxième année. La jeune fille devait très probablement la prendre pour une incapable. Lena, dégoûtée d'elle-même, sourit bêtement quand l'autre côté du bar fut comme neuf. Elle sentait sur elle le lourd regard de celle qui l'avait aidée.
La Serdaigle avait été si absorbée par son manuel et si angoissée à l'idée de ne pas pouvoir se sortir de cette situation, qu'elle n'avait pas correctement observé le visage de sa voisine de table. En réalité, ce visage lui était familier. Lena en était sûre et certaine, elle l'avait déjà croisée. Logiquement, elle ne pouvait reconnaître la tête des adolescents uniquement de son école. Où aurait-elle bien pu croiser un visage comme celui-ci si ce n'était à Poudlard ? Lena se sentait de plus en plus stupide. Elle n'avait qu'une envie, maîtriser le transplanage et le sortilège d'amnésie.
Jouant nerveusement avec les pages de son manuel, Lena ne savait plus quoi faire. Devait-elle remercier la jeune fille et partir ? Ou bien faire comme si rien n'était arrivé ? La petite brune finit par doucement ignorer ce qui venait de se produire, quand la voix sèche et directe de sa voisine de table retentit.
- Ce n'est pas de la révision, répliqua aussitôt Lena sur la défensive, je ne faisais que feuilleter.
Elle savait pertinemment que ses compétences en sortilèges étaient déplorables et indignes d'une quatrième année. Il était inutile de le lui rappeler. Il était possible que son aînée avait la simple intention de la conseiller, tenter de la mettre dans la bonne voie dans ses études, mais Lena n'y croyait pas trop. Dans son intonation, le «conseil» de la jeune fille était glacial. Elle se força péniblement à sourire tandis qu'elle digérait la remarque qu'elle avait reçue. Agacée, la Serdaigle lâcha un soupir discret. Ce n'était pas tant la réflexion d'une inconnue qui la mettait mal à l'aise, c'était de devoir trouver un sarcasme pour renchérir au sien, sans s'enfoncer d'avantage dans l'incompétence. Elle ne prenait au sérieux aucune critique, sauf si elle venait de sa famille. Elle fixa alors son interlocutrice avant de reprendre en un sourire qu'elle voulait faux.
- Et puis j'ai encore du temps pour commencer à étudier les sortilèges, ne t'en fais surtout pas pour moi.
L'insolence de Lena pouvait à tout moment ressortir. Pour l'instant, ses paroles étaient encore prononcées calmement et n'étaient pas accompagnées de gestes brusques. Elle n'aimait pas passer pour une débutante. Bien sûr, elle ne niait pas avoir des lacunes en sortilèges, mais on peut avoir des compétences dans d'autres domaines, comme par exemple la botanique. Ce qui était son cas. Malheureusement, ces compétences ne sont pas celles qui sont considérées comme les plus importantes par la plupart des sorciers...
- Pourquoi ? Tu aurais des conseils à me donner ? demanda Lena sur un ton narquois. Si tu vas à Poudlard, tu devrais connaître beaucoup de choses !
Lena n'aurait su dire à ce moment-là si elle avait envie de se prendre la tête avec son interlocutrice, ou si elle était intriguée par cette dernière. Le fait est qu'elle s'était tournée vers la jeune fille, pivotant sur son tabouret. Elle pria quoi qu'il en soit pour que la brune aux cheveux courts fasse de même. Qu'elle se tourne vers Lena et qu'elle renchérisse sur un ton tout aussi insolent.

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Feat. Lena Chasemane Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...



Sitôt prononcé, sitôt lancé. Le sortilège avait mis du temps avant de revenir à la petite demoiselle, mais elle le lança immédiatement après mon intervention. Les dégâts furent bien vite réparés et c'est à ce moment là que nos regards se croisèrent, pour la première fois. Ses grands yeux ronds et bleus me fixèrent un moment avant de retomber avec douceur sur le manuel. Je pense qu'à ce moment là, elle savait que je n'étais pas l'aide qu'elle avait espérée en s'adressant à moi. Dans tout le Chaudron Baveur, à cette heure-ci, j'étais certainement la fille la plus froide et la plus cinglante. Hélas, le hasard ne joue pas toujours en notre faveur.

Je constatais assez rapidement, à la manière dont elle touchait son livre désormais, que je la mettais mal à l'aise. Je souris du coin des lèvres, quelque peu fascinée par la vitesse à laquelle je pouvais détruire toute sociabilisation naissante. Moi qui étais d'humeur plutôt agréable aujourd'hui, je n'osais pas imaginer cette rencontre dans des conditions un peu moins favorables.

La petite tenta de se justifier, sans doute pour atténuer le sarcasme que je lui avais envoyé en pleine figure, totalement gratuitement. Un sourire en coin se dessina peu à peu sur mon visage. Il était si simple de déstabiliser les plus jeunes. Cette fois, je dois l'avouer, je le faisais sans même m'en rendre compte. Je ne pouvais pas être plus tendre avec elle. Sans le vouloir, sa petite bourde accompagnée d'allures de première de la classe étaient une énorme perche tendue vers ma boîte à sarcasmes et à moqueries. Je me retenais alors de lancer d'autres réflexions qui auraient pu la mettre plus mal à l'aise encore. L'agneau était coincé et j'étais le loup qui allait manger son repas sans avoir à le chasser. Rien de bien flatteur pour moi, rien de bien fairplay pour elle. Ca ne m'interessait pas.
Je saisis donc ma choppe de bièraubeurre et la portait à mes lèvres, quand la petite renchérit. Je me stoppais net à ses mots, pendant une petite seconde. J'avalais doucement ma gorgée de bière pour éviter de m'étouffer et tournais désormais ma tête vers la jeune fille. Mes yeux s'enflammèrent et j'arborais un large sourire satisfait. Toute provocation était un jeu dans lequel je ne pouvais m'empêcher d'entrer. Rien de bien méchant de la part de la petite, mais c'était suffisant pour attiser ma curiosité. Moi qui m'étais dit que j'allais être sociable aujourd'hui... L'idée n'avait pas mis très longtemps avant de s'en aller en courant. L'insolence de la petite me plaisait et éveillait en moi tout ce que j'avais tenté de contenir jusqu'à présent.


Des conseils ?



Je répétais lentement ses mots. Je lui aurais volontiers conseillé de calmer son arrogance, mais je remarquais qu'elle se tournait désormais vers moi et m'attaquait de front. Je souris un peu plus. Le petit agneau ne voulait pas se laisser manger.
Je l'imitais : je pivotais lentement sur mon tabouret jusqu'à lui faire face et appuyait doucement mes coudes sur mes genoux, pour rapprocher mon visage du sien, tout en restant à une distance convenable. Après un léger silence à la regarder dans le blanc des yeux, je lançais finalement, d'une voix lente et basse :


Arrête de douter.



Je marquais une courte pause tout en fixant la jeune fille. Ses yeux bleus lui donnaient l'air d'un ange. D'une fille simple et sincère. Tout l'opposé de ce que j'étais, au final. Je repris alors, d'un ton calme et lent.


Arrête de douter de toi, face à des gens comme moi.



L'heure n'était pas encore venue pour manger l'agneau. Ce conseil, la petite le connaissait déjà, elle devait elle-même se l'être formulé il y a quelques secondes pour oser reprendre ses esprits et jouer la carte de l'insolence. Mais il était toujours bon, selon moi, de l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre.
De plus, je n'étais certainement pas la mieux placée pour donner des conseils d'ordre scolaire. Je n'étais pas la fille de la théorie, le nez dans un bouquin gentillement emprunté à la bibliothèque. Je prônais la pratique autant que faire se peut. Les sortilèges, je les utilisais pour contourner le règlement à Poudlard et me faufiler dans les rayons de la réserve, espace interdit de la bibliothèque.




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Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...




Le regard que la jeune fille portait sur Lena semblait volontairement intimidant. Le sourire qui figurait sur son visage satisfait indiquait qu'elle prenait grand plaisir à cette conversation. Pour le moment, rien d'agressif n'en était sorti, mais les regards que se lançaient les deux jeunes filles étaient froids et explosifs à la fois. Lena n'avait pas vraiment l'habitude de tenir tête à quelqu'un. Lorsqu'elle voyait une personne en difficulté, elle ne s'interposait pas, mais quand on s'attaquait à elle, Lena n'avait pas peur de rétorquer. Seulement, elle passait le plus clair de son temps en compagnie d'elle-même, alors elle n'avait pas vraiment l'occasion de se prendre la tête avec qui que ce soit. Seul Sage prenait encore la peine de l’ennuyer avec ses blagues puériles, et elle le supportait mûrement pour la simple et bonne raison qu'elle lui rappelait son petit frère, Justin. Lena n'était donc pas la plus entraînée dans le domaine de la réfutation, mais ne se laisserait pas faire. Enfin, elle essaierait.
La jeune fille se tourna vers la Serdaigle après avoir doucement bu une gorgée de sa boisson. La question sarcastique de Lena semblait l'avoir piqué, dans le sens où elle n'aurait pas rêvé mieux que d'avoir l'occasion de renchérir. Elle posa lentement son verre, se délectant soit du goût en bouche de la bièraubeurre, soit du champ de cynisme qui s'offrait à elle. Lena redoutait les paroles de la jeune fille comme on redouterait un sort dans un duel qui nous échappe. En prenant tout le temps qu'elle désirait pour faire languir Lena, la jeune fille approcha son visage afin de n'avoir qu'à susurrer sa réplique.
Lena ne s'attendait pas à ce que son adversaire prenne la question au sérieux. Sa réponse aurait pu être diaboliquement ironique, mais à première vue, la jeune fille semblait se soucier de sa cadette. Le regard néanmoins méfiant, elle fronça les sourcils tout en esquissant un sourire léger et sincère. Lena réfléchit un court instant, perplexe par l'honnêteté et le naturel du conseil que lui avait livré la jeune fille. C'est pourquoi, peu à peu, Lena perdit son sourire. Elle avait eu raison de se méfier. Le conseil aurait pu être de bonne foi et pur, seulement, toute la subtilité du message cachait une profonde arrogance de la part de son aîné. Des gens comme moi ? Que voulait-elle insinuer ? Pour qui donc se prenait-elle ? Lena n'avait pas douté d'elle. Elle ne calculait jamais l'impression qu'elle pourrait laisser à ceux qu'elle rencontrait. Comment pouvait-on douter de soi lorsqu'on ne se pose jamais ces questions-là ?
- Sans vouloir paraître vaniteuse, je ne pense pas douter de moi, articula Lena d'un ton assuré et rapide. Bon j'avoue, reprit-elle plus détendue, cela m'arrive de douter de ma baguette et de mes capacités en sortilèges.
Il était impossible pour Lena de savoir si elle avait rajouté cela pour détendre l'atmosphère, mais ce dont elle était certaine, était qu'elle ne se ravisait pas, elle ne se rabaissait pas à la hauteur de l’offense dont elle avait été victime.
- Mais qu'est-ce qui te fais croire que j'ai peur des gens comme toi comme tu dis ?
Si son interlocutrice avait été plus jeune et moins provocatrice, elle n'aurait pas lâché ce petit rire insolent en appuyant sa citation. Ce n'était clairement pas dans son habitude de parler de cette manière, sauf quand la personne en question l'en obligeait.
Lena se demandait dans quelle maison la jolie brune avait bien pu être placée. Sûrement pas à Poufsouffle. À Serdaigle non plus, jamais elle ne l'avait croisée dans la salle commune. La jeune fille intriguait de plus en plus Lena. Elle se demandait d'où elle venait, si elle était toujours aussi désagréable. Peut-être avait-elle passée une mauvaise journée. Quoi qu'il en soit, la jeune Serdaigle comptait bien poursuivre leur conversation tranchante afin d'en découvrir davantage. Ce jeu de lançage de piques lui plaisait bien en fin de compte, du moins pour l'instant. Elle aurait bien voulu rajouter quelque chose, mais rien ne lui venait. Si seulement elle avait un conseil à lui donner à son tour, le moment était opportun. Mais la jeune fille était trop impressionnante et donnait l'air d'être irréprochable. L'assurance de Lena commençait doucement à se dissiper, mais elle gardait toujours la tête haute.

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Feat. Lena Chasemane Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...



La petite était relativement courageuse. Il fallait le dire. Elle gardait un sang-froid maîtrisé et ne faillissait pas devant mon attitude volontairement intimidante. Elle restait droite et croisait mon regard autant qu'elle le pouvait, sans tenter de fuir ou de détourner les yeux. Je devais donc avouer, à moi-même évidemment, qu'elle attisait ma curiosité et que je comptais bien en savoir plus sur qui se cachait derrière ce visage si angélique.

En moins de quelques minutes, la jeune fille était passée du petit oiseau maladroit à la recherche d'une aide quelconque à un petit chat qui tente de rester stoïque face à des situations indélicates. J'esquissais donc un petit sourire narquois avant de me reculer doucement vers mon siège, redonnant ainsi à la jeune fille son espace de sécurité.
La petite me répondait avec une détermination inattendue, que j'étais heureuse de constater. La plupart de ses phrases semblaient empruntes d'une grande sincérité, et il était très rare de rencontrer des personnes dont on savait que l'on pouvait leur faire confiance rien qu'à l'intonation de leur voix. Bon, moi mon but était toujours de faire naître la méfiance chez les gens, nos deux caractères ainsi opposés étaient donc intéressants à confronter. Je reprenais cependant d'un ton sérieux.


Il n'y a pas meilleur personne que toi pour ta baguette. Les sortilèges c'est juste une question d'entraînement, ou alors de situation...



Je me remis rapidement à repenser à ma petite aventure dangereuse en compagnie de Prudence, lorsque le hasard nous avait toutes les deux amenées à l'Allée des Embrumes. Dans des situations de survie, les sortilèges reviennent tous seuls, et l'on ne se pose pas la question de savoir si l'on a fait le bon mouvement de baguette ou si l'intonation était juste. C'était peut-être ça en fait le secret : le lâcher prise ?


Il y a des moments bien plus stressants que le courroux d'un tavernier mal luné, où tu te rends compte qu'entre la théorie et la pratique rien n'est pareil. Mais peut-être que tu as déjà expérimenté ça sous Blackman.


Je parlais rarement de cette période là, tellement j'étais passée à côté. Contraiement à beaucoup d'étudiants, je ne me sentais absolument pas impliquée dans cet épisode meurtrier. Victime de mon indifférence à l'égard de mes camarades, encore une fois.

Ouuuh je sentais que la petite était piquée. Je commençais peu à peu à savoir ce qu'elle aimait et ce qu'elle n'aimait pas. Si la vanité faisait partie des traits conflictuels, elle serait servie, parce que je dois avouer que je n'en manquais pas. Elle témoignait cependant d'une insolence assez naturelle, ce qui me plaisait grandement, sans pour autant le montrer.
A sa dernière phrase, je pris grand soin de me lever de mon tabouret inconfortable, lentement. De ma main droite, je saisis mon verre que je fis glisser le long du bar, du côté de la petite Serdaigle, tout en me rapprochant d'elle une fois encore. Mon regard était glacial, mais j'arborais toujours ce léger sourire malicieux.


Tes yeux de biche.



Sans la lâcher du regard, je fis sèchement cogner ma choppe contre la sienne. Je laissais un petit temps de silence avant de lui adresser un large sourire un peu plus rassurant mais beaucoup moins naturel sur mon visage.


A ta santé, petite biche. Moi c'est Rachel.


Je sous-entendais évidemment ne pas connaître son prénom. Je ne pense pas que la jeune fille connaissait le mien avant que je ne lui dise.




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Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...




Assises au bar, se défiant du regard, les jeunes filles faisaient toutes deux preuve d'un grand sang froid. Chacune avait son côté impertinent. L'une hardie, l'autre provocatrice, le bar tender aurait pu assister à un véritable duel verbal, s'il avait été plus attentif. L'accident lui était passé inaperçu, alors ce ne fut pas étonnant que la confrontation en soit de même. Lena et son adversaire ne faisaient en effet preuve d'aucune agressivité. Elles avaient décidé d'attaquer avec leur sérénité hostile.
Lena n'était pas du genre à se froisser avec autrui. De nature observatrice et réfléchie, elle ne devenait insolente que si elle trouvait à redire sur une situation qui lui paraissait absurde, ou bien si elle était attaquée. Ce qui était le cas. Et même avec le caractère froid et méprisant de sa voisine de table, Lena poursuivait la conversation. Hors de question de s'avouer vaincue devant un tel orgueil. Et puis, il fallait dire que cette jeune arrogante personne n'était pas inintéressante dans certains propos. Pourquoi aurait-elle tord ? Peut-être qu'en effet, Lena n'aurait pas eu à réfléchir si les conséquences avait été plus redoutables, le sort lui serait venue en un claquement de doigts et elle aurait tout réparé instinctivement. La Serdaigle aurait aimé croire à cette théorie, mais jamais elle n'avait été aussi spontanée et efficace avec un sortilège. Elle n'avait toutefois jamais été exposée à un grand danger, baguette à la main. Mis à part la prise de possession de l'école par Blackman. Ce que son interlocutrice ne s'abstint pas de faire remarquer.
Lena venait d'arriver en troisième année lorsqu'elle avait été enfermée aux cachots. Ce n'aurait sûrement pas été une jeune troisième année qui serait arrivée à se dresser contre un groupe de néo-mangemorts, Lena le savait bien. Elle n'avait aucune raison de culpabiliser ou de se sentir incompétente. Lena sentit la douleur remonter, mais ce n'était pas le moment de se laisser submerger. Pendant un court instant, elle songea à cette soirée où tout avait basculé. Cela faisait presque deux ans, mais elle était vivante et avait réussi à panser ses plaies. Elle décida alors de répliquer avec recul et maturité.
- C'est vrai qu'on avait beaucoup plus de raison de craindre leur colère, mais je te rappelle que nous étions privés de baguette en ce temps.
Mais ce n'était pas le souvenir de cette période qui allait l'apaiser. En relevant les yeux vers le visage de sa voisine de table, Lena reprit son air méfiant et piquant. Elle n'avait pas oublié son arrogance et elle n'avait aucune envie de lui donner satisfaction. Le regard de Lena ne faiblissait pas.
Du moins c'était ce qu'elle espérait, car elle avait apparemment des yeux de biche. Jamais personne ne lui avait fait cette réflexion et elle ne savait pas vraiment comment la prendre. Surtout si cela venait de... Rachel. Lena pouvait enfin mettre un nom sur ce visage froid et si complexe. Elle ne parvenait toujours pas à savoir si cette Rachel donnait des conseils à sa cadette de manière maladroite ou bien si elle avait explicitement envie d'être agaçante ce jour-là.
Le bon sens d'une rencontre aurait voulu que Lena se présente à son tour, mais quelque chose l'en empêchait. Une voix dans sa tête lui conseillait de garder ses distances avec une personne qu'elle venait de rencontrer, surtout dans une ville qui n'était pas la sienne. Pourquoi Lena lui donnerait-elle son nom ? Elle n'était pas venue au Chaudron Baveur dans l'intention de faire des rencontres. Cette fille aurait très bien pu être une partisane de Blackman à la recherche de nés-moldus à éliminer. Lena savait qu'elle allait trop loin avec cette théorie, mais son expérience passée ne l'avait pas rendue plus sociable, au contraire. Lena avait toujours été quelqu'un de très secret. Elle aimait savoir que les autres ignoraient beaucoup d'elle.
- Ravie de te connaître, Rachel, dit-elle avec un air qu'elle voulait à la fois sarcastique et honnête.
En effet, Lena ignorait elle-même son ressentiment face à la jolie brune qui lui avait offert de l'aide avant de l'avoir offensé. Tout comme l'impression qu'elle avait de Rachel et tout comme la bipolarité de leur conversation, à la fois quiète et tranchante, Lena ne savait quel comportement adopter. Elle se méfiait de cette jeune fille et n'avait pas la moindre intention de devenir son amie, mais elle était tellement intriguée par sa personne. Elle voulait la tester, observer ses réactions. D'un autre côté, Lena désirait écouter ce que son aînée avait à lui dire. Elle lui avait déjà fait réaliser un point sur la pratique des sortilèges et cela pouvait continuer.
- Je suis Lena, prononça-t-elle d'un ton neutre.
La Serdaigle se décida à laisser sa fierté de côté et de prendre cette rencontre de manière plus raisonnée que cela. Si toutefois Rachel venait à s'en prendre encore à Lena, elle n'hésiterait pas à ressortir les crocs.
- Je vois que tu n'as pas d'achats scolaires avec toi, tu viens souvent au Chaudron Baveur seule et sans raison particulière ?


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Feat. Lena Chasemane Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...



La confrontation se faisait ressentir, peu à peu. La petite faisait de son mieux pour ne pas se laisser marcher sur le pied, ni se faire intimider. Et elle résistait relativement bien, je devais l'avouer. De mon côté, j'étais en vacances, loin de mes activités habituelles qui visaient - entre autre - à terroriser les plus jeunes. Je me contentais donc d'y aller doucement. Ce n'était ni le lieu ni le moment de foncer tête baissée dans un combat de nerfs. D'autant plus que j'avais de quoi faire potentiellement mal désormais...
Les mots de la jeune fille me firent rapidement comprendre qu'elle n'avait pas eu une place de choix dans la période Blackman. Si elle avait été traînée jusqu'aux cachots - donc non-loin de ma salle commune - c'était soit qu'elle était de sang dit "impur" soit qu'elle collaborait contre le tyran. Dans tous les cas, je me doutais bien qu'elle avait dû vivre des choses atroces, car ce Blackman ne faisait pas dans la dentelle, et des cris se faisaient entendre régulièrement du côté des cachots. Il n'était absolument pas nécessaire pour moi de surfer sur cette information, bien que rien que mon attitude pendant la période Blackman aurait de quoi faire peur à cette petite. Je n'étais pas une personne méchante, ça non. Mais j'étais souvent sans coeur. Je n'avais fait de mal à personne durant cette année de tyrannie, mais n'avais aidé personne non plus, même lorsque j'en avais l'occasion. Je me contentais donc de répondre à la petite, sans tendresse aucune mais avec un soupçon de délicatesse sur le sujet :


Il arrive que l'on se retrouve du mauvais côté de la balance, effectivement. Mais ça a tendance à rendre plus fort quand d'autres moments pénibles arrivent.



Manque de chance pour la petite, les cibles étaient les nés-moldus, comme ça l'était assez souvent dans l'histoire des sorciers de toute façon. C'était vraiment le genre de menace que je n'avais jamais eu à craindre, pour ma part. J'ai eu la "chance" d'être née d'un père et d'une mère sorciers tous les deux, et dont l'arbre généalogique n'incluait que des sorciers d'aussi loin que l'on pouvait s'en souvenir aujourd'hui. Craindre d'être née dans certaines conditions n'était donc pas une notion avec laquelle je vivais.

Je sentis un flottement de malaise entre mon prénom et le sien. Je comprenais que Lena donc, ne me fasse pas confiance - je déconseillais fortement qui que ce soit de me faire confiance - mais j'aurais su son nom tôt ou tard, à Poudlard si j'en avais eu l'envie. A vrai dire, je n'en avais rien à faire qu'elle me donne son patronyme ou le nom de son animal de compagnie, le but était de poser des bases - saines ou non - à notre conversation. Je ne savias rien de cette petite Lena, et pourtant je pouvais d'ores et déjà dire qu'elle réflechissait beaucoup, ce que n'étais pas un mal. Elle affrontait avec une certaine détermination la peste que je me permettais d'être avec elle et beaucoup d'autres. Ce qui ne pouvait que me motiver davantage.


Ravie.


Mon ton était assez ambigüe. On ne pouvait pas dire si j'étais ironique, moqueuse ou tout simplement neutre. En vérité, je m'amusais a reprendre ses termes sans pour autant lui rentrer dedans. Non, je n'étais pas RAVIE de la rencontrer, mais ça ne me posait pas non plus de problème particulier. C'était bien dans mon style, ça, de ne rien ressentir.
La question de Lena me fit subitement repenser à la raison de ma venue ici. Effectivement, j'avais réussi ma quête du bol d'air frais. Bien que le terme frais soit une façon de parler. Mais je n'étais pas encore parvenue jusqu'à l'apothicaire. Je répondis donc avec ma nonchalance habituelle :


J'aide régulièrement les petites maladroites à nettoyer leur bièraubeurre sur le plancher. Et puis aujourd'hui, j'avais décidé d'acheter des feuilles de mandragore chez l'apothicaire. Connaissant une des idiotes qui travaillent ici, je me suis arrêtée pour discuter et tu es arrivée.


Résumé rapide et efficace de ma journée. Je m'efforçais vraiment d'être la moins pinçante possible. Je m'étais promis d'être sociable aujourd'hui, et franchement, j'avais le sentiment de m'en sortir admirablement bien !


Et toi, petite biche, qu'est ce qui t'amène dans cette taverne miteuse avec ton livre de Soins aux Créatures Magiques ?




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Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...




L'indulgence dont faisait preuve son opposante étonna la Serdaigle qui se raidit et prit tout de suite un air dubitatif. Les mains serrées sur sa chaise haute, elle ne pût s'empêcher premièrement de se méfier d'autant de compassion, surtout dit sur un ton si terne. Elle fût toutefois si touchée par ses paroles qu'elle crut baisser un instant la garde. Cette manière qu'avait Rachel de voir les choses plaisait à Lena. La période de terreur qu'elle avait subite, bien qu'elle ne l'aurait jamais souhaité à quiconque, l'avait très certainement rendue plus forte. Elle s'en était déjà douté, et c'était en partie ce qui lui avait donnée le courage de revenir à Poudlard une année auparavant. Il était néanmoins toujours agréable de l'entendre de la bouche d'une autre personne que ses parents. Lena se contenta d’acquiescer simplement, elle restait une jeune fille fière et n'aimait pas être du même avis que ses adversaires.
L'expression qu'adoptait Rachel était si évasif qu'elle laissait Lena perplexe quant à la sincérité de son propos. Elle se demandait si la jeune fille en face d'elle s'efforçait à ne montrer aucune émotion, ou bien si elle était totalement indifférente à faire une nouvelle rencontre. En ce qui concernait Lena, elle prenait plaisir à discuter avec une nouvelle âme, d'autant plus qu'elle semblait divergente à tout ce qu'elle avait connu. Le comportement énigmatique de la jeune fille était ce qui laissait Lena assise sur cette chaise. Et malgré son caractère difficile, jouer aux insolentes s'avérait plutôt amusant. Bien sur, devant Rachel, garder la tête haute et une bonne rhétorique était un exercice bien plus tenace que prévu. Le seul moyen pour Lena de ressortir du Chaudron Baveur sans une Rachel comme ennemie, était de poursuivre sa conversation, et voir comment son interlocutrice réagissait. Tout simplement.
- On ne peut pas dire que je sois une habituée, ici, dit-elle en regardant furtivement autour d'elle. Je suis simplement venue ici me rafraîchir et essayer mes nouveaux jouets, ironisa-t-elle en indiquant son manuel.
Lena n'avait pas vraiment eu l'occasion d'observer la taverne. À peine était-elle entrée qu'elle s'était assise pour ouvrir son manuel de Soin aux créatures magiques. Et à peine l'avait-elle ouvert qu'elle s'était embarquée dans une galère, puis ce fut au tour de sa voisine de table de capturer son attention. Lena remarqua que les lieux rimaient parfaitement avec Rachel. La taverne n'était pas à première vue la plus hospitalière, mais en s'y familiarisant on pouvait la trouver fort chaleureuse. Rachel s'était montrée une fille froide et cynique, mais à mesure que la conversation avançait, Lena commençait à percevoir autre chose en elle et les deux semblaient vouloir se connaître.
Bien sûr, qu'elle ait manqué autant de respect derrière le dos d'une de ses connaissances n'était pas passé inaperçu aux yeux de la Serdaigle. L'«idiote» aurait pu être une personne méprisable, mais il fallait une raison pour que Rachel fasse une halte au Chaudron Baveur, surtout si elle venait en connaissance de cause. La question était: qu'est-ce qui l'avait amenée à franchir le seuil de la taverne, si elle trouvait le personnel idiot ? Avait-elle seulement quelqu'un à qui parler, si ce n'était «une idiote» comme le disait-elle si bien... Lena fronça les sourcils, l'air songeur.
La jeune Serdaigle ressortait justement de chez l'apothicaire. De tout le Chemin de Traverse, cette boutique était de loin sa favorite, elle qui était passionnée de Botanique. Puis, ce fut au tour de sa curiosité de prendre le dessus. Lena connaissait bien la mandragore et ses fonctions. De toutes ses utilisations, Lena se demandait bien laquelle Rachel en ferait. Il était totalement indiscret de mendier des informations aussi personnelles. Apres tout, peut être les intentions de sa voisine de table étaient tout à fait honnêtes.
- Des feuilles de mandragore ? C'est dans le programme des... au fait, je ne sais pas dans quelle année tu es, fit-elle remarquer.
La brune n'avait pas l'air d'être si vieille. Elle avait probablement un an ou deux de plus que Lena.


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Je regardais la petite avec mon air dédaigneux habituel. La tête haute, le regard en coin, un très léger sourire sur mon visage. Je pense que j'aimais beaucoup passer pour la méchante. Que les gens me craignent et m'évitent. C'était le genre de rôle que l'on m'avait attribué, à moi et à mon frère Alek, qui était soupçonné d'être un Mangemort et d'avoir participé à l'enlevement de McGonagall lors de l'année Blackman. En prenant sa défense et en me mettant au travers des "résistants" qui souhaitaient s'en prendre à lui, j'avais gagné mon étiquette de conspiratrice, qui fut rapidement remplacée par l'étiquette de la lâcheté quand il s'était averé que Alek n'était finalement pas un Mangemort. J'avais rapidement pris conscience que l'opinion des gens sur moi était tellement maléable que j'avais décidé de la forcer dans la direction qui me plaisait le plus. "Oui je suis une mauvaise personne, évitez-moi". En plus d'être le genre d'opinion rédibitoire pour beaucoup de personne, je prenais un certain plaisir à l'alimenter sans cesse. Est-ce que cela faisait de moi une mauvaise personne, du coup ? Peut-être !

C'est en regardant la petite Lena que je me rendais compte de tout ce qui nous séparait, dès le premier regard. Etait-ce vraiment une histoire de sang qui avait fait que nos deux vies prenaient des chemins radicalement opposés ? Etait-ce notre passé, notre maison à Poudlard ou bien notre simple volonté ? Est-ce que l'on aurait eu la moindre chance de se lier d'amitié si les événements avaient été différents ? Rien ne pourrait l'assurer. En attendant, le hasard des choses faisait que nous nous rencontrions, aujourd'hui. Ce qui était certain, c'est que Lena n'était absolument pas la personne sur qui j'aurais parié pour tenir une discussion de plus de dix minutes avec moi, malgré ma sociabilité exacerbée de cet été. Comme quoi la vie était parfois faite de surprises !


Ca se voit... J'espère que tu ne le prendras pas mal si je te dis que tu fais un peu tâche dans le décor.



En même temps, vu le décor... Non, il n'y avait aucune pique dans cette phrase. Juste une formulation sans poésie. On ne va pas se mentir, il était bien évident que la petite ne collait pas à ce pub de passage qui sentait la bière, le bois sec et le tabac. Le hasard était donc bien à son comble.
Lena sembla relever le but de ma journée. C'est vrai que cette précision sur ma venue ici aurait pu me donner un air studieux. En vérité, les potions me fascinaient. Leur complexité et leurs résulats était un challenge à la hauteur de mes ambitions. Je passais l'été entier à travailler les potions qui me résistaient et dont l'effet pouvait m'être utile, et je passais l'année scolaire à tenter de trouver de nouvelles recettes, notamment cachées dans la Réserve. Alors studieuse ne serait pas le mot le plus adapté à ma pratique.


J'entre en sixième année à Serpentard. Les feuilles de mandragore commencent à s'utiliser en cinquième année, pour les potions. Et toi, quelle année ?


Son manuel de Soins aux Créatures Magiques insinuait qu'elle était au moins en troisième année, puisque cette discipline n'était pas au programme dans les classes antérieures.


Passionnée de créatures magiques apparemment ?


Ma question ne servait évidemment qu'à rebondir sur le fait que, en pleine période de vacances, la petite prenait le temps d'examiner son manuel.




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Voilà comment j'ai fini seule, accoudée au bar...




On pouvait sentir une forte différence dans l'atmosphère depuis un petit moment. Les deux chattes avaient rentrées leurs griffes, mais Lena ne se laissait pas attendrir pour autant. Elle se sentait de moins en moins rivale à cette jeune fille, mais ne la considérait à peine comme une connaissance. À vrai dire, elle doutait fort qu’une relation amicale ait lieu après cet épisode inattendu... La Serdaigle n’oublierait pas non plus le caractère tranchant de Rachel de si tôt, et encore moins son visage. Non, elle n'oublierait pas son visage, même si les chances étaient très minces pour qu’elles se revoient un jour, si ce n’était dans les couloirs de l’école.
Lena échappa un petit rire, une sorte de rictus amusé:
- Je ne le prends pas mal. En fait, tu as tout à fait raison.
En réalité, Lena aurait aimé se fondre dans le décor, où qu'elle allait. Elle aurait aimé faire partie du monde des sorciers au même titre que ses camarades de sans mêlé ou de sang pur, mais elle savait que c'était pour le moment impossible. Et puis, même si la tolérance était ce qui manquait cruellement à certains sorciers, elle ne pouvait pas se considérer blanche comme neige. Elle ne faisait pas tous les effort du monde pour s'intégrer, en particulier au niveau vestimentaire. Jamais sans un jean ou un simple tee-shirt, on la dévisageait souvent lorsqu'elle se promenait sur le Chemin de Traverse.
Pourquoi cela n'étonnait pas Lena que Rachel soit à Serpentard. Peut être avait-elle trop de préjugés concernant cette maison, mais elle trouvait qu'elle avait tout à fait un caractère à vivre dans les sous-sols d'un château.
- Je..., bafouilla Lena qui s’éclaircit la gorge rapidement. J'entre en quatrième année du coup. Et.. je suis à Serdaigle sinon.
Lena avait cessé de regarder Rachel dans les yeux, comme si elle avait honte de quelque chose. C'était ridicule, de quoi pouvait-elle bien avoir honte ? Elle n'y était pour rien si elle avait redoublé. Tout ce qu'elle espérait était que sa voisine de table ne fasse aucune remarque sur le fait qu'elle ait passée presque une année entière enfermée. Non pas qu'elle était encore traumatisée par ces épouvantables mois, de cela elle s'était remise, mais elle arrivait à peine à supporter l'idée d'avoir un an de retard par rapport à ses anciens camarades.
- Eh bien... j'ai hâte d'être en cinquième année pour étudier tout ça alors, dit-elle avec cet air peu enthousiaste.
Lena avait réellement hâte de connaître les secrets des nombreuses potions que l'on étudiait à Poudlard et d'être capable de les réaliser. Elle était seulement bien trop plongée dans la mélancolie de ses pensées pour montrer plus d'entrain. Ses songes portaient sur son sort désastreux. Après quelques secondes de réflexion, Lena releva le regard vers Rachel, l'air suspicieux. Elle se demandait quelle position elle avait bien pu occuper durant cette période. Elle ne se souvenait pas l'avoir vu auparavant, dans aucun des côtés des barreaux des cachots, ni en tant que bourreau, ni en tant que victime. Elle n'a pas son plus de souvenir de son visage durant l'assaut au bal. Peut-être avait-elle fait profil bas, peut-être avait-elle été indifférente aux événements. Mais peu importait. Le principal était qu'elle ne l'avait jamais vu faire de mal à qui que ce soit. Lena décida d'ignorer ses préoccupations et de paraître la plus naturelle possible en poursuivant la conversation.
- Moi, mon truc c'est plutôt la Botanique. J'ai déjà lu le manuel presque en entier l'année dernière. Et puis je suis curieuse de savoir ce qui va être à l'étude en quatrième année pour le soin aux créatures magiques. C'est sympa mais... sans plus. Ce que j'aime, c'est plus les plantes et leurs propriétés, leur utilisation. Les potions aussi est un sujet qui me passionne. Enfin, soupira-t-elle.
Elle n'avait pas vraiment envie que cette fille qu'elle venait de rencontrer connaisse autant sur elle. Cette méfiance pouvait paraître absurde, mais venait de quelque part... Après avoir vu quelques uns de ses camarades se retourner contre elle et les autres nés-moldus, elle avait ses raisons de garder ses distances. Son penchant naturel à rester mystérieuse n'avait fait que s'amplifier.
- Et toi, j'imagine que les potions ont un intérêt pour toi, si tu les as choisis pour tes ASPIC. D'ailleurs, ce sont lesquelles qui sont étudiées en sixième année ?



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