Mars 2024.

L'hiver n'était pas pret de s'arrêter dans les montagnes d'Écosse. Lena en avait l'habitude; ici, il fallait attendre le mois de mai pour voir passer à travers les nuages les rayons du soleil qui chauffent la peau. En ce premier samedi de mars, la neige tombait à gros flocons à travers les vitraux du dortoir. La jeune Serdaigle était assise sur le rebord de la fenêtre depuis quelques dizaines de minutes, à observer de rares et courageux élèves qui bravaient la tempête pour satisfaire leur désir d'amusement. Il était certes bon de se défouler quand on a passé toute une semaine à étudier entre des murs froids, sans bouger. Lena adorait l'hiver. Elle n'avait pas vraiment de saison à détester, car elle trouvait toujours et dans n'importe quelle situation un moyen pour s'occuper. Il n'y avait personne dans son dortoir. Elle se délectait du silence qui régnait dans la pièce. Ce week-end là, les troisième année avaient autorisation de se rendre à Pré-Au-Lard pour la journée. La petite brune, qui ne se lassait jamais d'une visite hors du château, avait prévu d'y passer un moment en solitaire. Rien de tel qu'une petite balade tranquille pour se changer les idées l'espace de quelques petites heures.
Lena s'habilla chaudement, enfila son épaisse cape, son écharpe puis quitta la salle commune des Serdiagle. Sous ses pieds, elle sentait la neige fraîche et poudreuse s'aplatir. La tête engouffrée sous les épaisseurs de sa tenue, elle regardait avec émerveillement au loin, le paysage immaculé et infini qui s'étendait devant elle. La route était assez longue pour rejoindre Pré-Au-Lard. Pendant qu'elle marchait, Lena se sentait libre et elle chérissait chaque instant qu'elle pouvait passer à aller où bon lui semblait. Et dans la progression, elle se remémora malgré elle l'expérience qu'elle avait vécu une année auparavant. Elle se souvenait qu'au début de l'été, après avoir été libérée des cachots, cela lui faisait tout drôle de ne plus être enchaînée à une seule et même cellule, ni d'être constamment surveillée.
Peu à peu, on pouvait apercevoir de la fumée grisâtre sortir de petits bâtiments de pierre. Le village s'étendait devant elle. En arrivant sur la Grande Place, elle reconnut sans difficulté des têtes familières, beaucoup de jeunes étudiants flânaient en groupe dans les rues, malgré la basse température. Pendant quelques minutes, Lena se promenait sans but entre les bâtisses, observant et essayant de faire encrer dans sa mémoire les couleurs, les gens, la beauté de l'hiver. Elle adorait se sentir piétiner un carré de neige encore net et lisse. Puis, comme la jeune Serdaigle était dehors depuis une bonne demi-heure, elle se décida à entrer dans le magasin qui était le plus proche.
Fort heureusement, elle avait poussé la pote de Honeydukes. C'est l'odeur qui frappait toujours Lena en premier. C'était un parfum divin qui s'échappait de cette boutique, il n'en pouvait pas être autrement. Il y avait pas mal de foule à ce moment de la journée, en particulier dans la confiserie. Les élèves de Poudlard se bousculaient, faisant sans doute leur provision hivernale de bonbecs. Lena se faufila entre les étalages du magasin, sans rien chercher de particulier. Elle avait décidé qu'elle traînerait ce jour-là.
Peu de temps après être entrée dans la confiserie que Lena avait remarqué un visage qui lui était familier. C'était celui de Milaan. Il était à quelques pas d'elle. Le jeune Gryffondor était lui aussi un né-moldu. Il avait été enfermé, tout comme Lena, Mackenzie et les autres l'année d'avant. Comme pour tous les autres nés-moldus de l'école, Lena avait retenu son visage. Il avait été si maigre, si sale et fatigué que de le voir ainsi ce jour-là lui fit comme un choc. Elle avait parlé brièvement avec lui, lors de séances de soutien, et dans les cachots entre deux rondes de Mangemorts. Là-bas, lorsqu'on avait quoi que ce soit à qui se rattacher, on ne s'en privait pas. Tour le monde était dans la même situation et quelque chose avait changé dans l'esprit de chacun au cours de l'année.
Lena jetait des regards involontaires et incontrôlables sur ce garçon. Elle avait tellement envie de lui parler, de savoir comment il allait, ou ne serait-ce qu'un sourire au coin de ses lèves. L'envie était irrésistible, il fallait qu'elle sache.
- Salut ! Milaan, c'est ça ? Tu te souviens de moi ? Je suis Lena, fit timidement mais sincèrement la jeune fille.