Plan d'évasion: le retour [Lara]

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Scipion, son chaudron rempli de grimoires qu'il n'avait jamais parcouru, sortait tout juste de son cours de potions. Non, vous ne rêvez pas, Scipion était bel et bien en cours, et pour une fois pas en train de manigancer quelque méfait, de jeter des sortilèges de confusion sur chaque élève interrogé ou d'allonger les dents de ceux du premier rang. Correctement assis devant son pupitre et sa baguette rangée dans sa poche, il était attelé à écouter son professeur sans réellement l'écouter, se contentent d'avaler ses paroles les yeux vides et le regard vitreux. Vous vous demandez certainement pourquoi il avait décidé de perdre sa matinée en se rendant pour la toute première fois à son cours de la matinée, qui plus était à l'heure, qui plus était encore avec le matériel recquis, qui plus était de nouveau sans la moindre intention de nuire à qui que ce soit derrière la tête. Il y avait là deux hypothèses pour justifier ce comportement plutôt troublant venant de lui, la première était qu'il avait subi un lavage de cerveau, la seconde était qu'il s'était remis en question quant à son attitude en classe et avait entrepris de remédier à cela afin d'obtenir avec brio ses ASPICs. Seulement, il ne s'agissait d'aucune de ces deux probabilités, Scipion était tout simplement malade. Non, ce n'était pas là une excuse vaseuse inventée en situation d'urgence dans le but de sécher une énième journée de cours, il avait depuis la veille des migraines atroces, des nausées, tant qu'il soupçonnait des pastilles de gerbe d'être derrière tout cela. Seulement, il n'était nullement résolu à se rendre à l'infirmerie, puisqu'il ne connaissait que trop bien la cause de son infortune. Son état n'avait empiré que depuis quelques heures, mais cela faisait bien une semaine qu'il ne mangeait plus rien, qu'il ne dormait qu'avec peine et qu'il refusait obstinément d'adresser la parole à qui que ce soit. Errant dans les couloirs, ombre de lui-même, il s'appliquait seulement à éviter chaque Poufsouffle qu'il croisait, de crainte qu'une certaine préfète de leur maison ne se trouve dans les environs. Depuis la semaine passée, depuis ce duel qui n'avait jamais eu lieu, depuis qu'ils s'étaient embrassés avant qu'il ne prenne lâchement la fuite, il était au plus bas. Aucune opération, pas le moindre méfait ou la moindre manoeuvre destinée à nuire à l'ensemble des élèves n'avait été accomplie depuis ce jour-là, il était bien trop occupé à ressasser dans son esprit ces images qu'il refusait d'oublier, acceptant avec difficulté l'idée selon laquelle tout cela était terminé pour de bon, qu'il ne la reverrait probablement plus. C'était d'ailleurs pourquoi il se rendait à chaque cours qui le distançait de la fin de l'année. Si la perspective de ne pas obtenir ses ASPICs ne l'avait jamais dérangé, préférant plutôt s'offrir le luxe d'une nouvelle année entre les murs du château, aujourd'hui il mettait tout en oeuvre pour éviter un éventuel redoublement. C'était probablement mieux... pour eux d'eux. Être séparés pour de bon les empêcherait de souffrir inutilement, il faisait ce qu'il fallait, du moins c'était ce dont il essayait de se convaincre, visiblement vainement. Alors qu'il s'était donc rendu à son premier cours de potions depuis des mois, son professeur, qui le regardait alors comme s'il était un hippogriffe doué de parole, sûrement parce qu'elle ignorait d'où sortait ce nouveau venu qui n'avait jamais pris la peine de se présenter au cours qu'elle assurait, n'avait pas mis longtemps avant de le prendre pour un parfait idiot. Ce n'est que lorsqu'elle réalisa qu'il avait enfourné dans son chaudron les ingrédients pêle-mêle, confondu le sisymbre avec une plante à pipaillon et littéralement réduit en poudre la substance au lieu de la couper méticuleusement en morceaux qu'elle se rendit à l'évidence, bien qu'en septième, il avait le niveau d'un troisième année. Son mal de tête décuplé et le teint livide, dégoûté par l'odeur nauséabonde qui s'était dégagée de sa mixture, Scipion était sorti en se retenant aux murs pour ne pas s'affaisser. Tout commençait à tourner autour de lui, les bruits de couloir se perpétuant en échos dans son esprit... son environnement devenait trouble et il lui paraissait, au fur et à mesure qu'il avançait, tomber de Charbyde en Scylla. Se rattrapant à un angle de mur alors qu'il avait manqué de peu de tomber et de s'étendre de tout son long au milieu du couloir, il s'était brutalement souvenu qu'à cette heure-ci, il était de retenue. Maugréant, il avait descendu avec peine les escaliers et avait pris le chemin du bureau du concierge, situé quelques étages plus haut, se demandant si Lara y était. Il n'avait pas eu beaucoup de nouvelles de la jeune fille, qu'il n'avait d'ailleurs pas convié à d'éventuelles opérations ces derniers temps puisqu'il ne s'y adonnait plus. En ce moment, son esprit était tourné vers une unique personne, dont il ne parvenait pas à chasser l'image puisqu'elle le hantait continuellement. Non sans quelque difficulté et toujours pris de nausées, il avait gagné avec peine le repaire du concierge, avait hissé la tête dans l'interstice de la porte pour chercher son acolyte qu'il ne trouva finalement pas, et s'adressa à Jefferson d'une voix caverneuse.

" S'cusez... en cours... retard. "

Effectivement, Scipion méritait l'oscar de l'articulation pour avoir su s'exprimer aussi clairement. C'était sa troisième retenue de la semaine, seulement il n'était ni d'humeur ni en état de faire quoi que ce soit. La meilleure compagnie qu'il puisse avoir à ce moment-là était celle de son lit, seulement il guettait l'arrivée de Lara, espérant que cette dernière ne tarderait pas. Il n'était pas question qu'ils moisissent un instant de plus dans cette salle, et, sachant pertinemment que cette dernière ne se formaliserait pas de rester ou non, il avait commencé à élaborer un semblant de plan pour fuir en toute discrétion avant de s'effondrer d'épuisement sur sa table. Décidément, ce n'était pas son jour...

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*Les vacances avaient étés chargées. Lara était restée au château quasiment pendant deux semaines, et elle avait eu le temps de rencontrer Hecate - une des meilleures amies d'Alex - de s'expliquer, enfin, seule, avec Cooper, de rencontrer un certain Gabriel à la lisière de la forêt interdite, et de recevoir un message de son père qui désirait passer le dernier week-end avec elle. Elle avait passé une matinée avec lui avant qu'il ne soit appelé ailleurs, pour un de ses trop nombreux dossiers. Elle avait alors revu Lewis, avec qui elle s'était engueulée lors de leur dernière rencontre. Ils avaient donc eu l'occasion de se réconcilier, jusqu'à la prochaine fois. La seule chose que la jeune femme déplorait, c'était qu'elle n'avait pas eu le temps de passer un vrai moment en tête à tête avec Alex. Le jeune couple s'était vu, plusieurs fois, mais c'était rapide, en coup de vent entre deux autres rendez-vous.*

*Le professeur d'Histoire de la Magie était entrain de faire cours. La jeune femme avait deux heures d'affilées. Elle adorait ça, s'était sa matière préférée, mais pourtant, là, elle n'avait aucune envie d'être assise sur cette chaise. Il faisait beau dehors, et elle aurait aimé se poser dans le Parc. Mais au lieu de cela, elle devait encore subir du cours, et ensuite une heure de colle. La seule chose positif était qu'elle serait avec Scipion. L'Italienne n'avait pas vu le jeune homme depuis le début des vacances, elle ne l'avait pas croisé une seule fois, et pas une fois elle n'avait entendu parler d'un de ses méfaits, ce qui s'avérait plutôt étrange. Elle s'était presque inquiétée, en n'entendant parler de lui nulle part, à aucun coin de couloir. Pourtant, d'habitude, il y avait toujours une rumeur qui courait à son sujet, sur une prétendue escapade ou bêtise. Elle allait avoir l'occasion de lui demander ce qui lui était arrivé.*

*Le reste du cours passa avec une lenteur mortelle. La fin sonna enfin, comme pour un immense soulagement, et la Cavour se dépêcha de filer. Elle ne voulait même pas imaginer ce que Jefferson allait dire si elle se permettait d'arriver en retard. Soupirant déjà à l'idée de l'heure qui l'attendait, elle se glissa entre plusieurs élèves, en faisant attention à ne bousculer personne. Elle tenta de prendre un raccourci, mais le couloir qu'elle empruntait était bouché par des élèves, eux même retenus par une statues renversée, et par un Peeves hilare. Maugréant contre l'esprit frappeur, la Rouge et Or fit demi-tour et fonça en direction du bureau du concierge. Elle finit par y arriver, dix bonnes minutes de retard accumulées, essoufflée.*

" Excusez-moi ! Peeves a bloqué le chemin, il a renversé une statue ... "

*Lara jeta un regard circulaire et repéra le Sélené. S'avançant vers lui, elle espéra que Jefferson allait se dépêcher de filer pour réparer la bêtise de l'esprit frappeur, oubliant ses deux élèves qui étaient punis. Elle remarqua que le jeune homme était affalé sur sa table, des cernes sous les yeux. Il semblait vraiment très fatigué. Soucieuse, Lara s'installa à ses côtés, posant son sac sur la table.*

" Salut Scip. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? On dirait que t'as pas dormi depuis des mois... "

*Et c'était à peine une exagération. Le Gryffondor semblait être près à s'évanouir sur un bon lit moelleux, ou pas d'ailleurs.*

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" Excusez-moi ! Peeves a bloqué le chemin, il a renversé une statue ... "

La voix que Scipion perçut lui était familière, seulement il n’était pas vraiment en état de se féliciter de l’avoir reconnue. Au moins la présence de Lara l’empêcherait de passer ses heures de retenue à fulminer et à lutter contre son mal de crâne. Quelques mois plus tôt, alors qu’il se trouvait dans ce même bureau, il avait déjà mis en œuvre une opération d’évasion avec Zora. Finalement, les choses n'avaient pas tourné comme il l'avait prévu et il avait été contraint d'abandonner la Gryffondor derrière lui, pour s'assurer que la voie lui soit libre et qu'il puisse s'enfuir sans encombre. Cette dernière devait par ailleurs garder un certain ressentiment à ce sujet, mais il ne s'en était pas embarrassé. Elle savait à quoi elle s'exposait en s'alliant avec lui, et d'ordinaire il était davantage accoutumé à agir dans son propre intérêt, pas dans celui des autres. La même chose se reproduirait-elle avec Lara? Ils n'en étaient plus à leurs premières opérations ensemble, et il avait pris l'habitude de la convier à presque chaque manigance qu'il organisait. Seulement... en ce moment, il n'avait plus vraiment la tête à concocter quelque méfait. Est-ce que cela devait-il changer quoi que ce soit dans cette relation d'entraide qui les unissait? Il n'en savait trop rien. Probablement aviserait-il quand son état de convalescence prendrait fin, pour l'heure ce à quoi il aspirait était d'oublier, ni plus ni moins. Accessoirement chasser de son esprit l'image de la Poufsouffle qui y était ancré. Seulement, une idée vint le frapper à cet instant précis. Lara était-elle au courant? Le préfet des buses les avait vu, or il y avait fort à parier que ce dernier lui ait fait part de la scène à laquelle il avait assisté, puisqu'ils sortaient ensemble. Du moins, Scipion n'était pas encore assez aveugle pour être passé à côté de cela, il commençait à bien connaître la Rouge & Or et son comportement laissait à croire que les rumeurs qui circulaient alors dans le château étaient fondées. Scarlett était certainement derrière tout cela. Après tout, n'était-elle pas la reine en personne des ragots? Scipion fit la moue en y repensant. A l'origine, c'était à cause d'elle qu'il en était là. Bien sûr, si elle s'était abstenue de vouloir creuser plus loin qu'elle n'aurait du, il ne serait pas au trente-sixième dessous actuellement. Non, c'était la seule responsable dans l'histoire, il n'y avait pas à en douter. Et parce que la reine des commères en personne avait décidé de l'évincer, il était au plus bas. Ironie dramatique...

" Salut Scip. Qu'est-ce qu'il t'arrive ? On dirait que t'as pas dormi depuis des mois... "

Scipion était bien tenté de répondre qu'il se portait comme un charme et que tout allait bien dans le meilleur des mondes, seulement il avait beau exceller dans l'art du mensonge il doutait de paraître crédible, sa mine spectrale parlerait probablement pour lui. Lentement, il releva la tête vers Lara en s'efforçant de faire abstraction de sa migraine et de reprendre contenance. Lui adresser un large sourire révélant une dentition immaculée risquait de paraître exagéré, voire carrément suspect, aussi il se retint. Il était plutôt contente de la voir, même en aussi piètre état. Il avait besoin de se changer les idées, et s'il pouvait y parvenir au moyen de quelque méfait à accomplir en sa compagnie, alors il était partant. Se frottant les yeux afin de reprendre bonne figure, il se tourna vers son acolyte qu'il n'allait pas tarder à embourber de nouveau dans l'un de ses plans, chose qui déplairait très probablement à son petit ami mais dont il ne se formaliserait pas. Après tout, si elle n'avait pas pour intention de le suivre, que faisait-elle ici? Une retenue peut-être? Il n'y croyait pas une seconde. Après tout ce dans quoi il avait pu la traîner ces dernières années, il était convaincu que malgré les beaux discours du roi des moineaux en personne elle ne dirait pas non à la mise en oeuvre d'un plan d'évasion.

" Tiens, Lara! Effectivement, comme tu peux le constater, j'étais en train de déplorer de perdre mon temps dans une salle de retenue au lieu de terminer ma nuit dans le confort de notre dortoir. Navrant, n'est-ce pas? Il faudrait remédier à cela. "

Par "remédier" il sous-entendait plutôt "faire entorse à une bonne quinzaine de points du règlement, encourir le risque d'une nouvelle retenue et peut-être frôler le renvoi, s'adonner à une course-poursuite dans les couloirs, et enfin en venir aux baguettes si nécessaire". Seulement, il préférait sa formulation de manière à ne pas la voir arquer les sourcils tout de suite. Se redressant sur sa chaise et faisant craquer ses articulations de manière à reprendre son assurance originelle, il espérait pouvoir tenir le coup malgré tout, outre ses vertiges et sa migraine qui reprenaient de plus belle. Pour l'heure, mieux valait faire comme si tout se passait bien, c'était probablement mieux s'il tenait à ce que Lara soit de la partie. De toute manière, il se voyait mal lui expliquer quelles étaient les causes de son malaise, il n'en avait jusqu'ici parlé à personne et n'aspirait pas non plus à le faire. Il savait mieux que quiconque qu'il ne pouvait faire confiance à personne et que les fuites achèveraient de le faire tomber plus bas encore. Or, c'était précisément ce qu'il voulait éviter, si un jour la rumeur selon laquelle son laisser-aller était du à la préfète de Poufsouffle venait à se propager, il ne s'en relèverait pas.

" Bon, entrons dans le vif du sujet. Les bombabouses sont dans ma poche, en comptant le temps de réaction de notre opposant nous avons tout juste le temps de gagner quelques étages d'avance, il va falloir être rapide. Pour ce qui est des tâches, il vaut probablement mieux que je m'occupe de la diversion, tu partirais en éclaireur et je te rejoindrais dès que j'en aurais terminé. On est au sixième, j'ai placé les balais à l'entrée du couloir de l'infirmerie au quatrième pour avoir l'avantage du temps, autrement avec les escaliers qui n'en font qu'à leur tête ce sera la fin avant qu'on ait eu le temps de dire "Quidditch". Des objections? "

Il avait hâtivement griffonné le tout sur un morceau de parchemin qui traînait dans son sac, restait à espérer qu'il ait la force de tenir jusqu'à pouvoir être sorti du bureau sans encombre, son mal de crâne ne jouant pas vraiment en sa faveur. Restait à avoir les avis de la Gryffondor sur la question, mais après tout il n'y avait pas de raison pour que cette dernière préfère s'enraciner dans le bureau plutôt que de se divertir dans les règles de l'art.

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*La Gryffondor observa son ami relever lentement la tête pour poser son regard sur la jeune femme. Il semblait à bout de force. Qu'est-ce qui avait bien pu le pousser à ne pas dormir ? Ou qu'est-ce qui l'en avait empêcher. Ce n'était peut-être pas un choix qu'il avait fait de plein gré, peut-être même un choix qu'il n'avait pas fait du tout. Elle l'observa se frotter les yeux, comme un enfant qui vient de se faire tirer de son sommeil par les premiers rayons du soleil qui traversent les rideaux pendus au fenêtre, puis se tourner vers elle. Le Concierge était toujours assis à son bureau, visiblement plongé dans un papier très important, assez pour qu'il en oublie le sort de ses deux élèves collés, et hésitant visiblement à rejoindre le lieu du crime commis par Peeves. Sa réponse ne répondait absolument pas à sa question. Il éludait avec une grâce parfaite, mais ne fit qu'attiser un peu plus la curiosité de son interlocutrice. Mais elle n'allait pas avoir le temps de lui faire un interrogatoire en règle, pas tout de suite du moins. Qu'il affirme qu'il fallait remédier à cela voulait tout dire. Ils n'allaient pas trainer ici. Bien. Lara qui avait commencé à sortir une plume la rangea aussitôt dans son sac, et referma ce dernier, qui trouva place sur la table, près à s'envoler sur le dos de son possesseur.*

" Tu avais plus l'air de déplorer autre chose, mais passons, ce n'est ni le lieu, ni le moment pour parler de ça. Remédions-y tout de suite, je te suis ! "

*Une petite voix lui souffla sournoisement qu'Alex n'allait pas être, mais pas du tout, content, s'il l'apprenait, et il allait l'apprendre, oh oui. Rien ne restait jamais secret dans ce Château, il finirait pas l'être tôt ou tard, et elle aurait droit à la minute de réprimande. Pour le moment, il devait sortir de là, en enfreignant tout le règlement au passage. Mais ce n'était qu'un détail. Un très léger détail pour eux qui s'étaient introduit dans le bureau de la Directrice. Un petit sourire étira les lèvres de la Di Cavour, qui se pencha vers Scipion après avoir jeter un regard à Jefferson, qui ne semblait pas encore décidé à les mettre au travail. Elle l'écouta lui exposer son plan, écartant au fur et à mesure les petites notes d'avertissement qui se dressaient dans son esprit, lui indiquant qu'à cet endroit elle risquait des colles, à celui là des colles encore, à celui-ci le renvoiement ... Elle s'en fichait totalement et n'avait envie que d'une chose: quitter ce bureau. Lara l'écouta donc parler, et quand il eut finit elle pointa discrètement du doigt les cernes du Sélené.*

" Non, aucune. Sauf peut-être que tu sembles à peine capable de tenir debout, et qu'il y a donc de fortes chance qu'on se fasse rattraper. Je vais pas te demander ce qu'il t'arrive tout de suite, mais dans ton plan, il faut être en forme, et tu ne sembles pas l'être. "

*Elle pointa alors le Concierge et continua.*

" On peut aussi attendre qu'il parte pour aller voir ce que Peeves à fait dans le couloir, et pester contre le fantôme un bon quart d'heure. Ça nous laissera un peu plus de temps, et on pourra ainsi garder tes bombabouses si on se fait poursuivre. "

*La jeune femme poussa un léger soupir, entendant déjà les protestations du jeune homme. Elle devait cependant admettre qu'il avait été vraiment prévoyant. Mais rien qu'à l'idée des balais ... Elle se mordilla nerveusement la lèvre inférieure et ajouta un dernier problème.*

" Ah, et moi et les balais, ça fait douze. "

*Elle esquissa un sourire désolé avant de se renverser sur sa chaise.*

" Donc, tu as le choix. Soit on fait ce que tu as dis, et tu tombes de fatigue au bout de deux mètres, ou alors c'est moi qui tombe du balai, soit on attend de voir si Jefferson part. S'il ne part pas, on aura plus le choix. Mais j'ai pas confiance en tes forces, vraiment pas ... "

*Lara laissa un peu d'inquiétude percer dans sa voix. Elle et Scipion n'était pas dans une amitié où ils se confiaient tout, mais au final, ils en savaient pas mal l'un sur l'autre, et la jeune femme était de nature altruiste. Elle s'inquiétait donc pour le jeune homme.*

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Perspicace, et un peu trop en l'occurrence. Certes, il connaissait bien Lara, mais elle commençait à devenir un peu trop observatrice à son goût. Encore heureux, c'était dans son camp qu'elle était et non dans celui adverse... quoiqu'avec la relation qu'elle partageait avec le préfet des moineaux, cela restait à confirmer. Mais à part si depuis qu'il avait commencé à la convier à ses opérations elle s'était convertie en espionne au service du Serdaigle, il estimait ne rien avoir à craindre d'elle. A part être le genre de fille que tout le monde aimait, il ne pouvait pas lui reprocher grand chose de toute manière. C'était seulement là le reflet d'un manque de vigilance évident, puisque les amis étaient tout ce qu'il y avait de plus dangereux. C'était exactement la raison pour laquelle lui-même se gardait d'en avoir, mais toutefois la Rouge & Or était ce qui s'en rapprochait le plus puisqu'il avait appris à se reposer sur elle durant les opérations. C'était déjà un pas effectué vers la confiance... restait à savoir s'il lui en accordait suffisamment pour pouvoir lui confier le problème qu'il rencontrait en ce moment. Après tout, elle faisait partie des mieux placées pour ce genre de choses... Néanmoins, sa constation ne lui laissa pas l'ombre d'un doute quant aux inquiétudes qu'elle devait avoir au sujet de leur manoeuvre. Qu'est-ce qu'il disait quelques instants auparavant? Voilà pourquoi il était mieux de s'entourer d'imbéciles incapables de comprendre quoi que ce soit, eux au moins ne posaient pas de questions et agissaient selon les directives que l'on leur donnait en s'assurant de les respecter à la lettre près, il ne s'embarrassaient pas de ce genre de détail. Or, elle avait raison, il savait pertinemment qu'il n'était pas dans le meilleur état qu'il soit pour mener cette opération à bien, seulement il refusait d'avoir à moisir dans cette salle de cours parce qu'il ne se "sentait pas bien". Bon sang, il était Scipion Sélené, probablement l'être le plus mégalomane, arrogant, vaniteux et sûr de ses capacités du château, et voilà qu'il devenait une petite nature parce qu'il traversait un moment de faiblesse. Navrant, n'est-ce pas? Et il le devait à une seule et unique personne, Sarah, qui même sans s'y employer continuait de faire de sa vie un enfer. Ironie dramatique. Au moins, Lara ne s'aventurait pas à l'interroger sur l'origine de son état et il ne pouvait que lui en être reconnaissant.

" Se faire rattraper? Absolument pas, je me porte comme un charme et je reste le meilleur, comme toujours. Non, vraiment, tout vas se passer pour le mieux, et en moins de temps qu'il n'en faudra pour le dire, on sera allongés dans l'herbe du parc les doigts de pied en éventail. " avait-il déclaré en s'efforçant de se montrer convaincu par ses dires.

Oui, et bien en attendant, sa migraine le reprenait, le faisant grimacer légèrement mais veillant à ce que cela passe inaperçu. S'il ne parvenait pas à persuader Lara de se joindre à son expédition, cela signifiait qu'il avait perdu toute maîtrise de ses opérations et un tel cas de figure commençait à sérieusement l'angoisser. Elle était probablement l'une de ses plus vieilles alliées et si même elle commençait à se défiler tout simplement parce qu'il avait mauvaise mine, sa situation serait encore pire qu'il ne l'avait imaginé. Pour ce qui était de Peeves... Bonne suggestion, et qui plus était, cela montrait qu'elle semblait finalement décidée à l'accompagner, il ne pouvait que s'en satisfaire. En fin de compte, elle conservait sa place dans ses opérations, ce qui était une bonne chose. Durant un instant, lui avait effleuré l'esprit l'idée selon laquelle son préfet commençait à avoir sur elle un peu plus d'influence que prévu. Puis tant qu'il pouvait éviter le sujet de son mal de crâne et de ses vertiges de venir sur le tapis, il ne s'en porterait que mieux, puis il n'avait toujours pas décidé s'il évoquerait le sujet plus tard ou non.

" Hmm, c'est une bonne suggestion. Mais il faut agir vite, dans ce cas-là, tout reposera sur notre rapidité. Dans le meilleur des cas, on parvient à le semer, et dans le pire, on devra se séparer pour fausser les pistes. Enfin on verra sur le moment, on pourra toujours faire diversion. "

Pour l'heure, leur plan commençait à en imposer, il avait déjà eu l'opportunité de tâter le terrain lorsqu'il avait effectué le même chemin en compagnie de Zora, mais sans balai cette fois-là. Si ses calculs étaient bons, ils devraient conserver l'avantage un certain moment, il n'y avait donc pas de bile à se faire. Plus vite ils sortiraient, et accessoirement à deux, mieux ce serait, du moins s'ils ne voulaient pas voir tous leurs week-ends du mois de Juin passés chez le concierge. Et dire qu'il avait presque eu pour résolution de s'assagir... étant donné qu'il traversait une mauvaise période, il avait presque renoncé à ses manigances au profit de ses études, mais visiblement son semblant de résolution ne semblait d'aucune efficacité. Pour l’heure, il devait s’efforcer d’oublier Sarah, même si un sortilège d’amnésie aurait probablement été plus fructueux que d’efforts inutiles. La question des balais. Et bien voilà autre chose, la cerise sur le gâteau. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour primer en vitesse! Elle ne pouvait tout de même pas lui annoncer qu'ils allaient être contraints de faire le chemin à pied, autrement les escaliers n'en feraient qu'à leur tête et ils ne tarderaient pas à perdre leur avantage. C'était bien ce qui s'était passé avec Zora, il avait été contraint de l'abandonner parce qu'il lui avait été impossible de continuer. Serait-ce la même chose avec Lara? La laisser sur le terrain lui permettrait-il de se sauver, lui? Curieusement, il préférait écarter cette alternative pour l'heure.

" C'est bien notre veine. En six ans de cours de vol tu dois au moins savoir comment faire en sorte de ne pas tomber de ton balai pendant dix minutes, non? "

Du moins il l'espérait, autrement ils étaient fichus. Bien sûr, il aurait pu envisager de continuer sans elle, seulement pour l'heure il préférait quitter la pièce en sa compagnie. Après tout, c'était leur retenue, ils étaient tous deux impliqués dans cette histoire au même titre, même si c'était plus ou moins à cause de lui qu'elle se trouvait dans la pièce à ce moment-là. Plus coriace qu'il ne l'avait prévu, il allait falloir la convaincre et Scipion n'était pas certain d'y parvenir aussi facilement. Certes il était un peu fatigué et... bon d'accord, il était complétement au bout du rouleau, et attraper une pneumonie pour être resté dans la forêt interdite à méditer sur sa triste condition puis sur le lien qui l'unissait à la préfète n'était pas ce qu'il lui était arrivé de mieux. Néanmoins, il comptait bien s'efforcer d'être à la hauteur, même si cela se révélait plus difficile que prévu. Par contre, cette histoire de balais, c'était une autre histoire. Pourquoi avait-il fallu que ce ne soit pas son domaine de prédilection et que cela devienne un nouvel obstacle à son plan pourtant bien ficelé? Certes, il y avait toujours l'alternative qu'elle lui avait suggérée, à propos du concierge. Serait-il donc assez naïf? Il faudrait voir en fonction de lui.

" Tout va bien, je te dis. Et si on se rate, je m'engage à devenir ton coach de vol personnalisé, en tout cas il faut vraiment tenter le tout pour le tout. Je regarde s'il est toujours là. "

S'approchant discrètement de l'ouverture de la porte, Scipion risqua un oeil avant de la refermer et de se tourner vers Lara. Il ne leur restait donc plus qu'une solution.

Spoiler:

Le membre 'Scipion N. Sélené' a effectué l'action suivante : Le Hasard

'Le Hasard' : 4

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*Lara ne croyait pas un seul instant ce que son ami - s'il était possible d'appeler Scipion comme ça - était entrain de lui dire, mais déjà qu'elle s'inquiétait face aux cernes qui s'étiraient sous ses yeux, à la fatigue affichée sur son visage, et à son air qui ne lui disait rien qui vaille, elle se serait encore plus inquiétée si le jeune homme avait baissé la tête et avait avoué qu'il n'allait pas bien. Ce n'était absolument pas son genre, et qu'il essaie encore d'affirmer qu'il se portait au mieux de sa forme prouvait qu'il n'était pas totalement malade, ou quoi que ce soit qui aie provoqué cette fatigue. Légèrement rassurée en voyant qu'il restait encore lui même, en partie du moins, la Di Cavour ne put s'empêcher de rigoler face à son narcissisme qu'il affichait sans aucune gêne, avec fierté même. Elle comptait tout de même lui demander ce qui avait provoqué cet état d'épuisement chez lui, qu'elle avait toujours vu en pleine forme, un air arrogant sur le visage. Elle pouvait se montrer très obstinée quant elle le voulait. Scipion n'avait pas encore eu à subir ce trait de caractère, mais une fois sortit d'ici, il allait vite s'y retrouver confronter.*

" Me dire qu'on va pouvoir aller se prélasser dans le Parc au lieu de rester enfermer ici me plait assez, et si tu dis que tu es toujours égal à toi même, je ne vois plus aucun problème de ce côté là. "

*Oui, bon, l'Italienne le croyait à moitié, voire pas du tout, mais elle espérait qu'il réussirait à tenir jusqu'à ce qu'ils soient hors de danger - bien que cette idée reste toute relative. Si Jefferson n'oubliait pas qu'il était censé avoir des élèves collés, il ferait son rapport à la Directrice, et les deux Gryffondors seraient à nouveau collés. Mais qu'importe. Elle continua à écouter ce que disait le Sélené, en hochant la tête, parfaitement d'accord. On avait l'impression qu'ils cherchaient à échapper à des tortionnaires, ce qui n'était pas forcément tellement éloigné de la vérité.*

*La réaction du Sélené ne fut pas vraiment la même que celle d'Alex quand elle lui avait annoncé qu'elle n'aimait pas tant que ça les balais, et pour cause, ce n'était pas du tout dans le même contexte. Le jeune homme semblait frustré, comme si c'était un lourd handicap que lui imposait là la jeune femme. Qui soupira d'ailleurs, et se mit à jouer avec son collier, l'écoutant tout en portant son regard sur la pièce. Avec un second soupir, elle se décida. Après tout, il avait raison, elle pouvait bien rester dix minutes sur un balai sans en tomber, non ?*

" Je peux essayer. Tu me fais confiance sur ce point là, et moi je te fais confiance quant à ta capacité à ne pas tomber de fatigue au bout de cent mètre, ça marche ? "

*C'était un coup bas en quelque sorte. Elle savait que ça ne lui plaisait pas qu'elle remette en doute sa capacité à mener à bien cette opération, et elle comptait là dessus pour qu'il ne remette pas en doute sa capacité à elle à tenir sur un balai. Il était bien capable de l'abandonner en route. Lara avait eu des échos d'histoires dans laquelle le jeune homme n'hésitait pas à abandonner celui ou celle qui l'accompagnait. L'amertume dans la voix de Zora avait convaincu la Gryffondor qu'elle n'avait pas mentit. Et puis qu'elle intérêt aurait-elle eu à cela ? Enfin, elle allait essayer d'avoir confiance en elle. La Di Cavour commençait à se repasser ses leçons de vol dans sa tête, mais elle secoua la tête pour s'extirper de ses pensées. Elle aurait tout le temps d'y penser une fois qu'ils seraient sortis de ce bureau. Peut-être. Elle plongea son regard marron dans celui du jeune homme et esquissa d'un sourire.*

" Je me souviendrais de ta promesse, même si ça ne plaira absolument pas à Alex. "

*Et comme tout ce qui ne plaisait pas au Maddox faisait le bonheur du Sélené, elle était sûre qu'il se ferait une joie de lui apprendre à tenir un peu plus longtemps sur un balai. Lara attrapa son sac et le passa sur son épaule pendant que le jeune homme regardait s'il était toujours là. Elle s'approcha à son tour et regarda par l'interstice de la porte, pour constater avec soulagement que le Concierge n'était plus là. Elle sortit la première, vérifia qu'il n'y avait personne dans le couloir, et jeta un coup d'oeil pour voir si le Sélené ne s'était pas encore effondré par terre.*

" Direction le quatrième ? "

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" Me dire qu'on va pouvoir aller se prélasser dans le Parc au lieu de rester enfermer ici me plait assez, et si tu dis que tu es toujours égal à toi même, je ne vois plus aucun problème de ce côté là. "

Parfait, visiblement ils étaient sur la même longueur d’onde, et elle semblait prête à lui accorder sa confiance. C’était pour l’heure tout ce dont il avait besoin, les hantises qui le parcouraient à ce moment-là devaient bien cesser à un moment ou à un autre, de toute manière il imaginait mal qu’ils puissent se séparer, l’un dans une moitié du château et l’autre avec le concierge aux trousses. Ils étaient en retenue ensemble et aller devoir s’atteler à en sortir à deux, il valait donc mieux qu’elle ne soit pas constamment en train de douter de ses capacités. Certes, il était loin d’être au meilleur de sa forme, mais quoi qu’il en soit il refusait une seule seconde d’avoir à l’admettre, préférant s’ancrer dans l’esprit qu’il allait parfaitement bien. Nouvelle ombre au tableau, le problème des balais : la Gryffondor semblait peu confiante à l’idée de traverser plusieurs couloirs avec le seul souvenir de ses cours de vol. Il fallait pourtant bien qu’ils y parviennent…

Il hocha la tête verticalement lorsqu’elle évoqua leur marché. De toute manière ils disposaient de peu de temps, et devaient l’utiliser efficacement. La première fois qu’il avait fui de retenue, les choses s‘étaient corsées, et pour se sauver lui-même il lui avait fallu abandonner Zora derrière lui. Pour l’heure, il estimait à peu près une poignée de minutes d’avance sur le concierge, peu importait la manière dont ils s’y prenaient pour faire diversion, à moins que la méthode dont avait parlé Lara quant à Peeves à l’étage au dessus fonctionne. Quoi qu’il advienne, ils allaient devoir agir vite et bien.

« Ca me va, je suis certain de pouvoir aller jusqu’à Pré-au-Lard en courant et de faire l’aller-retour sans problème. Quant à toi, je suis certain que tu devrais bien tenir quelques étages, et dans le pire des cas, je crois que la vieille Pomfresh a du Poussos en réserve. »

Oui, Scipion était très doué pour rassurer les autres, c’était bien connu, néanmoins il était presque certain qu’elle ne s’en formaliserait pas. Quant à ce qu’il prétendait sur sa capacité à tenir autant de temps sans tomber de fatigue, lui-même en doutait, alors que d’ordinaire il avait une confiance aveugle en ses compétences. Pourquoi fallait-il qu’il repense à Sarah maintenant ? Ce n’était vraisemblablement pas le moment, il devait se concentrer pleinement sur leur fuite et s’y investir autant qu’il le pouvait, pas s’encombrer de détails qui auraient pu le compromettre. Il devait tout faire pour que leur plan commun fonctionne, pas tourner ses pensées ailleurs alors que visiblement, le moment était inopportun.

" Je me souviendrais de ta promesse, même si ça ne plaira absolument pas à Alex. "

Scipion esquissa un sourire à ses dires mais ne s’attarda pas dessus, se souvenant que le préfet des moineaux savait. En avait-il parlé autour de lui ? Pour cela, il fallait qu’il sache si Lara était au courant, si elle l’ignorait encore il y avait fort à parier pour que personne ne le sache. Si seulement encore personne ne pouvait en avoir connaissance… enfin bon pour l’heure, l’un et l’autre étaient ensemble, et il devait s’attendre à ce que lorsque Lara saurait quelque chose, le Serdaigle le saurait également et inversement, ce qui compliquerait un peu les choses. S’efforçant de laisser là ses pensées, et de se recentrer de nouveau sur la mission qu’ils avaient à accomplir, il mit tous ses efforts à profit pour retrouver un visage impassible.

« Oh, ne t’en fais pas, je suis certain qu’il en sera ravi. » répondit-il naturellement.

Bien entendu, il était convaincu du contraire, mais n’avait pas à le préciser, du moins pas vraiment dans son intérêt. La Gryffondor savait pertinemment que l’un et l’autre ne se portaient pas dans leur cœur respectif, et visiblement ça n’avait jamais semblé la déranger, aussi il ne s’en formalisait pas. Le préfet des buses n’était pas son premier ennemi, il y avait encore bon nombre de personnes qui ne pouvaient pas le voir en peinture, aussi il ne prenait pas le soin de concentrer toutes ses offensives sur un seul. Quoiqu’à l’ordre du jour, c’était par l’intervention Serdaigle qu’il s’était retrouvé coincé à la sortie de la chambre des secrets, qui plus était dans une tenue vestimentaire peu avantageuse, et c’était par conséquent lui qui était l’auteur de l’une de ses dernières retenues en date, qu’il devrait probablement effectuer prochainement, après celle-ci s’ils parvenaient un jour à en fuir.

" Direction le quatrième ? "

Il hocha de nouveau la tête, et, s’assurant d’avoir toutes ses affaires à sa disposition, prit la direction de la sortie où l’attendait déjà sa complice. Toutefois, avant de pouvoir faire quoi que ce soit ou d'esquisser le moindre mouvement, Scipion se figea. Juste devant lui venait de se profiler quelque chose à quoi il aurait nettement préféré ne pas être confronté, et qui en l'occurrence était très mal venu à ce moment-là. Une araignée. De taille moyenne. La vision d'une seule suffisait à lui faire perdre tous ses moyens, et en précisément alors qu'ils avaient besoin d'agir rapidement et de manière organisée, la bestiole tombait mal, très mal. Son sang se glaça en même temps que son visage se décolorait à mesure qu'il fixait l'immondice, néanmoins il ne pouvait agir autrement. La présence de Lara à seulement quelques mètres de lui le rappela à l'ordre, lui ordonnant de ne pas se laisser déstabiliser devant l'arachnide. Il ne pouvait décemment pas perdre contenance devant elle, il en relevait de son honneur, de son image, de sa réputation... d'ordinaire, lorsque son arachnophobie se manifestait, il parvenait à la contrôler sans trop de difficulté, d'efforçant de changer de pièce sans laisser entrevoir la moindre émotion ou tout ce qui aurait pu laisser sous-entendre que l'animal en question le plongeait dans un état second. Jusqu'alors, la seule qui savait pour cette faiblesse, c'était Evangeline, qui alors prenait les devants et ramassait dans le creux de sa main l'infamie avant de s'en débarrasser quelque part. Sauf qu'à présent, sa sœur n'était nulle-part, ils disposaient de peu de temps avant de quitter la salle de retenue et de se rendre aux étages inférieurs, et il ne pouvait à ce point piétiner son orgueil devant Lara. Mais demeurant immobile, comme si une force extérieure l'empêcher de se mouvoir, il ne pouvait s'empêcher de toiser la créature une bonne centaine de fois plus petite que lui, mais pourtant à ses yeux reflétant toute la dangerosité du monde. Chacune des huit pattes qu'elle était susceptible d'utiliser faisait naître chez lui un nouveau sentiment d'angoisse, aussi lorsqu'elle se mit en marche et commença à se rapprocher de sa position, il ne put s'empêcher d'effectuer un mouvement de recul.

" AAAAAH! Tue-la, tue-la, tue-la! " hurla-t-il à l'adresse de son acolyte.

Bon, certes, il y avait une nette différence entre une araignée de cette envergure et une tarentule, mais il ne pouvait s'empêcher alors de perdre tous ses moyens. Il y avait fort à parier que d'ici une poignée de minutes et lorsqu'il se retrouverait assez éloigné de la créature, il se haïrait d'avoir adopté une telle réaction devant Lara, néanmoins il n'avait pu faire autrement. Son teint s'empourpra aussitôt, oscillant entre l'écarlate et le violacé, aussi sans attendre quoi que ce soit, il se précipita hors de la salle, dépassa Lara et courut jusqu'aux escaliers sans vérifier que la Gryffondor était à sa suite. La vision de l'arachnide lui avait prodigué un tel dégoût que pour l'heure, il avait juste envie de quitter le château, de se faufiler au dehors et d'oublier cette vision pour le moins horripilante à ses yeux. Dévalant les marches quatre à quatre sans se retourner afin de voir si la Rouge & Or était sur ses talons, il n'avait stoppé sa course, déglutissant à mesure qu'il s'efforçait de reprendre son souffle.

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*Lara leva les yeux au ciel et poussa un soupir. Scipion n'était absolument pas doué pour donner confiance aux personnes qui l'accompagnaient. Elle ne retint pas la remarque. La jeune femme pensait plutôt que c'était lui qui aurait besoin des bons soins de Madame Pomfresh, et que c'était elle qui était plus en capacité de faire l'aller-retour entre ici et le petit village sorcier. Mais comme ils allaient bientôt avoir un concierge énervé aux fesses, ce n'était pas le moment de se disputer. Elle laissa donc la remarque couler, continuant à vérifier qu'ils étaient seuls dans ce couloir. Étant donné la chaleur qu'il faisait, tout le monde devait être dehors, entrain de se prélasser sous un arbre, les pieds dans l'eau du lac. La Di Cavour les envia un instant, avant de se souvenir que, s'ils arrivaient à s'en sortir, ils auraient aussi le droit d'aller s'allonger dans l'herbe. Elle jeta un rapide coup d'oeil à son compère, vérifiant qu'il ne s'était pas effondré par terre, encore plus blanc que tout à l'heure. Mais pour le moment, il tenait encore debout, alors autant en profiter. Elle avait beau lui avoir dit avoir confiance en lui, ce n'était qu'un gentil petit mensonge, en attendant qu'ils soient tranquilles pour pouvoir l'interroger un peu plus, avec plus d'insistance et moins de compassion. Elle était bien déterminée à satisfaire sa curiosité naturelle. Non mais. Elle laissa aussi passer la remarque concernant Alex, souriant à la mention de son petit ami. Les deux jeunes hommes ne s'appréciaient absolument pas, et ce, depuis la nuit des temps.*

*Comme le couloir était vraiment vide de toute présence qui aurait pu alerter le concierge, Lara commença à se diriger vers le quatrième, lançant quelques mots au Rouge et Or. Elle s'arrêta net, quelques secondes plus tard, en ne l'entendant pas lui répondre. Elle l'observa, étonnée en voyant son visage devenu presque translucide, cherchant ce qui avait bien pu provoquer cette peur chez le jeune homme, qui ne bougeait pas, et ne semblait pas décider à le faire. Lara regarda tout autour d'elle, réellement inquiète par l'attitude de Scipion, mais plus pour lui que pour elle-même. Rien dans les parages n'était susceptible de lui faire du mal, alors pourquoi avoir peur ? C'était à peine si elle se souvenait avoir ressentit une seule fois ce sentiment dans toute sa vie, alors pas maintenant, pas quand il n'y avait rien de menaçant dans son champ de vision. Pourtant, quelque chose ou quelqu'un devait bien être entrain de faire peur au Sélené pour qu'il réagisse ainsi, et effectue un léger mouvement de recul.*

*Son cri lui fit baisser les yeux encore plus bas, jusqu'à ce qu'elle rencontre une araignée, toute petite et toute immobile. C'était ça qui faisait peur à son ami ? Lara se retint de rire. Elle n'avait jamais vu Scipion montrer la moindre de ses faiblesses, c'était une grande première. Et puis, se moquer comme ça, ce n'était pas très gentil, et elle devait être très gentille et très compatissante si elle espérait pouvoir lui soutirer des informations. Alors qu'elle s'approchait tranquillement de l'araignée pour l'écraser avec son pied, Scipion tourna les talons et partit en courant. La Di Cavour laissa l'araignée en paix, et suivit tant bien que mal le jeune homme, qui semblait revigoré par l'envi de mettre le plus de distance possible entre lui et la bestiole. Ils dévalèrent des escaliers, et enfin, il se décida à s'arrêter. Lara le rejoignit une poignée de seconde plus tard. Elle reprit son souffle, légèrement heurté après cette course et se tourna vers Scipion.*

Je savais pas. Et je ne dirais rien. *Ajouta-t-elle après quelques secondes de silence.*

*Tournant sur elle même, elle constata qu'ils étaient arrivés au cinquième étage. Ils n'avaient qu'à emprunter un couloir pour retrouver des escaliers qui les mèneraient au quatrième. L'Italienne posa son regard marron sur son ami.*

On est tout près de l'infirmerie. On y va ?

*Il semblait peu à peu reprendre son souffle, et ses esprits, maintenant qu'il était bien loin de cette araignée. Décidément, cette mission était bien étrange, plus étrange que toutes celles qu'ils avaient vécues jusque là. Elle n'avait jamais vu le Sélené ainsi. Attendant qu'il se soit remit pour reprendre leur chemin, elle lâcha d'une voix égale.*

Une fois qu'on sera partis d'ici, tu me devras des explications.

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Sans prendre le temps de réfléchir un instant sur sa situation, Scipion avait choisi une direction aléatoire et s’était engagé sans ralentir sa course. Que pouvait-il faire si ce n’était se maudire d’avoir laissé entrevoir ne serait-ce qu’une infime parcelle de son ressenti ? Bon sang, il était Scipion Sélené, il avait mis des années à polir et dorer son image, ce n’était pas pour perdre la face maintenant ! D’autant plus parce que sa tête commençait à lui tourner sérieusement… non, ce n’était pas le moment. Pas maintenant, pas après s’être laissé humilier de la sorte par quelque chose que dont personne n’aurait jamais du être témoin. Puis il était bien loin de penser que parce que la personne qui s’était trouvée là à cet instant ne comptait pas dans sa liste d’ennemis la situation n’en était pas moins à son désavantage. C’était Lara après tout, il la connaissait depuis un bon nombre d’années… néanmoins, il avait passé tout ce temps à former cette barrière qui le séparait des autres, laisser à découvert un aperçu de tout ce qu’il désirait absolument garder dissimulé avait pour seul effet de le rendre furieux. Et actuellement, après s’être laissé désarçonner de la sorte, Scipion était en proie à la colère, tandis que son mal de crâne semblait s’accentuer. Où était la Gryffondor ? Encore en haut, probablement. Toutefois, il en allait de son honneur de mettre les voiles, il n’avait aucune envie de reconnaître qu’il s’était laissé intimider pour si peu et la fuite était le seul recours qu’il avait afin de ne pas piétiner davantage son orgueil. Cependant, alors qu’il pensait pouvoir regagner les étages inférieurs sans encombre, ses vertiges avaient commencé à le reprendre, ralentissant considérablement son allure. Les élèves qui circulaient à contre-sens le dévisageaient alors curieusement, loin de le reconnaître par rapport à l’accoutumée, ce qui avait le don de l’agacer plus profondément encore. Ne pouvaient-ils donc pas emprunter un autre chemin ? Sans se préoccuper d’eux, le Rouge & Or se fraya un chemin entre les élèves et sans ménagement afin de regagner le cinquième étage. Les balais étaient au quatrième… aussi, sans même qu’il ne s’en soit rendu compte, Lara l’avait déjà rejoint, ce qui le surprit légèrement. Elle était bien plus rapide qu’il ne l’avait soupçonné… probablement ne manquerait-elle pas de le railler au sujet de ce à quoi elle avait assisté. Scipion s’arrêta un bref instant, dévisageant la Gryffondor. Elle ne savait pas… évidemment. Personne ne savait. Il ne s’était jamais aventuré à le montrer à qui que ce soit, et s’il s’y était risqué, il en aurait pâti. Pourquoi l’aurait-il fait de toute manière ? Mais le fait qu’elle ait vu cet aspect-là de sa personnalité, élément qu’il aurait préféré à jamais dissimulé, lui déplaisait. Même à l’entourage qu’il côtoyait depuis bon nombre d’année, voire depuis sa première passée au sein du château, il ne s’était jamais révélé intégralement, prenant bien le soin de toujours conserver cette image qu’il se donnait. Or, voire cette même image fissurée était quelque chose qu’il avait relativement du mal à supporter. Sur quoi reposer sa vanité désormais ? Elle avait bien souligné le fait qu’elle ne dirait rien. Probablement avait-elle deviné qu’il n’était pas ravi qu’elle ait assisté à cela… Cela signifiait-il qu’il pouvait lui accorder un peu de sa confiance ? Scipion hésita. Il en avait déjà accordé bien suffisamment…

« Je… c’était une simple stratégie. Pour faire diversion. » déclara-t-il simplement, en relevant la tête et en s’efforçant de conserver un air impassible. « C’était prémédité, bien sûr. »

Il y avait fort à parier qu’elle ne croirait pas un mot de cela, il avait déjà trouvé des excuses moins stupides et plus crédibles. Le fait était qu’il n’avait rien calculé du tout, tout semblait lui échapper ce jour-là. Tout d’abord sa migraine, qui le contraignait à rester en constante vigilance et à veiller à ne pas repousser ses limites, sa phobie, qu’il n’avait pas su contrôler, puis Lara, qui en fin de compte, semblait conserver bien mieux l’ascendant que lui. Pourquoi fallait-il, qu’alors qu’ils avaient établi très précisément le plan qu’ils suivraient, tout dérape et parte en dérive ? La source de tout cela revenait pour lui à une seule et unique personne, bien qu’il refuse d’avoir à l’admettre, ou de reconnaître que parce qu’elle occupait ses pensées tout lui fuyait d’entre les doigts. Seulement… comment pourrait-il en parler à Lara ? Non, ce n’était même pas envisageable, il n’y avait strictement personne à qui il ferait part de ses débats intérieurs. L’infirmerie… Scipion posa son regard sur la Gryffondor, dévia ses yeux vers les escaliers et secoua la tête latéralement. Il était strictement hors de question d’aller flétrir à l’infirmerie, évidemment il était loin d’être parfaitement en forme, mais quant à le reconnaître… après tout, ne s’était-il pas toujours considéré comme infaillible ? Bien qu’il lui était arrivé de douter de cette théorie après s’être retrouvé suspendu à un rebord de la tour d’astronomie, il n’avait jamais démordu de son hypothétique idée d’invulnérabilité. Il était totalement exclu de renoncer devant la Gryffondor, il ne pouvait pas baisser les armes, pas maintenant du moins.

« L’infirmerie ? Pour quoi faire ? Je ne vois pas pourquoi, on est mieux de notre forme. On peut parfaitement descendre tout ça, il n’y a que cinq étages à descendre. Je suis persuadé que tu seras tout à ton aise sur un balai. »

Ce n’était pas vraiment le cas, il savait pertinemment qu’il risquait de ne pas pouvoir tenir. Mais comment se résoudre à abandonner ? Ce n’était pas une petite migraine qui aurait raison de lui… tout ça parce qu’il s’était laissé aller quelques temps… Sarah. C’était indéniablement sa faute, même indirectement. Elle avait beau n’y être pour rien dans cette histoire, tout semblait relié à elle… cependant, cela le contraignait à reconnaître que loin d’être invulnérable, un rien était capable de l’atteindre. Lui qui avait toujours été convaincu d’être incapable d’éprouver le moindre sentiment… Lorsqu’elle fit allusion à des explications qu’il devait lui donner, Scipion sourcilla, avant de dévisager la Gryffondor, et de diriger du regard l’escalier qui descendait à l’étage inférieur afin de l’inviter à descendre. Entreprenant de descendre quelques marches sans trop perdre de rythme, sachant pertinemment que le concierge ne tarderait pas à se rendre compte de leur absence, il vérifia que sa comparse était bien sur ses talons et se garda de tout commentaire. Lui devoir des explications ? Quant à quoi ? Soupirant, il se retourna vers la Rouge & Or.

« Je pense que je ne comprends pas grand-chose non plus à la situation… il n’y a rien à savoir. » affirma-t-il sans réelle conviction.

Lui faire confiance ? Rester en défensive ? Scipion commençait à osciller entre les deux. Il n’avait jamais réellement considéré qui que ce soit comme un ami, alors abandonner les barrières qu’il avait pour habitude de dresser était quelque peu étrange. Après tout, Lara en avait vu bien davantage que ce qu’il aurait voulu laisser entrevoir…

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