Don't tell me lies 'cause I see it, let me know your heart I'll try to fix it • (Ellyaïna et Lena)

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Don't tell me lies 'cause I see it, let me know your heart I'll try to fix it

Cela faisait plusieurs semaines que Lena l’observait. Le fantôme d’Ellyaïna parcourait les murs de Poudlard, inexpressive. On aurait dit que tout était vide à l’intérieur. Les pas traînants, le regard vers le bas, et jamais aucun mot prononcé, la Serpendard causait beaucoup de peine à Lena chaque fois qu’elles se croisaient. Lena aurait voulu lui adresser un signe, parler avec elle ou simplement lui accorder un sourire, tout ce qu’il y a de plus simple, mais pourtant réconfortant. En fait, lorsqu’elle passait devant son amie, Lena n’osait pas. Elle la prenait pour une poupée de porcelaine qui, si on l'effleurait, se briserait en mille morceaux. Une chose fragile qu’il ne fallait pas brusquer. Mais depuis quelques jours, Lena s’était mis en tête qu’il fallait faire quelque chose pour Elly. En tout cas, ce n’était pas en restant bras croisés qu’elle irait mieux. Elly était malade, ça se voyait. Quelque chose la tourmentait, pire, la torturait. Lena ne pouvait plus supporter de la voir ainsi et avait décidé de réagir. Un peu comme Ellyaïna l’avait fait pour son frère un an auparavant. Elle lui devait bien ça.
Depuis cet événement, depuis ce fameux jour où une jeune fille de Serpentard avait aidé un né-moldu, et avait reçu un sortilège impardonnable en conséquence, beaucoup de choses avaient changées. Lena n’avait jamais vraiment adressé la parole à Ellyaïna, bien qu’elles aient été réparties la même année. L’une avait pris la direction de la table des Serdaigle et l’autre irait rejoindre les Serpentard. Cette dernière n’était déjà pas très extravertie d’aussi loin que Lena se souvienne, et elle n’y avait jamais vraiment fait attention. C’était une fille solitaire et cynique. En y repensant, Lena comprit que quelque chose clochait depuis toujours dans la vie de cette jeune fille.
C’est pourquoi depuis peu, la jeune Serdaigle se creusait la tête à inventer des excuses pour obtenir un moment avec Elly. Mais ce qu’elle voulait n’était pas de savoir comment s’habiller, ou des conseils en Défense Contre les Forces du Mal, non. Ce qu’elle voulait, c’était de décrypter l’esprit de son interlocutrice. Ellyaïna représentait quelqu’un de si mystérieux pour Lena, elle l’intriguait au plus haut point et elle n’avait plus qu’une obsession: découvrir qui se cache derrière ce personnage froid et renfermé. Il faudrait trouver un sujet qui tienne la route, quelque chose d’innocent et qui n’éveille pas les soupçons.
Ellyaïna avait répondu au message de Lena. Elle l'attendrait à l'entrée de la Grande Salle. Se rendant au rendez-vous, Lena se sentait de plus en plus stressée. Elle ne voulait surtout pas blesser Elly, blesser sa fierté, ou bien lui montrer de la pitié. La jeune fille n'avait jamais vraiment su comment s'y prendre pour réconforter. Elle était toujours trop maladroite malgré ses efforts. Tout ce qu'elle savait faire c'était écouter. Elle était une excellente oreille, mais la communication et Lena, ça fait deux. Le plus important maintenant, était d'aider comme elle le pouvait celle qui a été une véritable héroïne l'année précédente, pour son frère.
Lena aperçut la silhouette fine d'Ellyaïna, qui l'attendait, adossée à l'ouverture de la Grande Salle. Lorsqu'elle la vit, Lena eut un grand sourire, voyant qu'elle avait réussi à sortir Elly du château. Elle savait bien que celle-ci préférait les endroits sombres et intimes, mais une petite marche au soleil ne pouvait lui faire que du bien, non ?
- Salut Ellyaïna ! Alors tu es prête ? Comment vas-tu ?

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Elle caressait distraitement Owson qui venait de la rejoindre. Ce petit rat merveilleux était sans doute la seule petite étincelle de joie dans sa vie et aussi triste que cela puisse être, le souvenir le plus heureux d’Ellyaïna a été l’adoption de ce petit rat qui représentait maintenant tout à ses yeux. Owson était son meilleur ami, le seul qui ne pourrait jamais la trahir, le seul en qui elle possédait toute la confiance du monde, le seul tout simplement qui savait ce qui se passait dans sa vie, parce qu’il l’accompagnait chez elle, lorsqu’elle quittait Poudlard l’été pour retourner dans cette maison qui représente pour elle le bûcher. En parlant de bûchers, ça lui faisait penser à la chasse aux sorcières dont elle étudiait le déroulement et tout ce qui s’y rapporte dans son cours de l’Histoire de la magie. Enfin, elle avait déjà bien terminé sa lecture de tous les petits détails concernant cette partie de leur histoire, mais ce n’était pas grave du tout. Elle continuait toujours d’écouter en classe, même si en dehors, elle était bien plus avancée. Elle aimait étudier. Elle aimait écouter. Elle aimait toujours apprendre encore plus et ne jamais rien faire d’autre que de se perdre dans toutes les données qui pouvaient se trouver dans les livres poussiéreux de la bibliothèque.

Owson lui mordilla le doigt doucement pour lui rappeler qu’elle ne pouvait pas traîner. En effet, Lena Chasemane lui avait fait parvenir un mot lui demandant si elles pouvaient se rejoindre et aller se promener autour du lac parce que la Serdaigle avait à lui parler. Ellyaïna ne savait pas ce qu’elle voulait lui dire, elle n’avait pas l’habitude que l’on la contacte afin d’avoir une discussion avec elle. Après tout, elle était toujours dans les allées de la bibliothèque, perdue entre deux livres parlant de sujets différents qui ne sont pas de son niveau, ou alors elle est dans ses cours. Peut-être que Lena avait de la difficulté avec un cours et qu’elle savait bien que la Serpentard pourrait lui venir en aide puisqu’elle était maintenant en quatrième alors que Lena, malheureusement, a dû redoubler ? Comme Tom… un frisson parcourut sa colonne vertébrale quand son esprit se dirigea vers le frère de cette jeune fille. Tom. Ce né-moldu pour qui elle a pris le sortilège de Doloris. Un éclair blanc se produisit dans son champ de vision et elle sursauta, se sentant happer par les souvenirs, des cris déchirant ses tympans. Ses cris à elle et ceux de son père. Et des sanglots. Ceux de sa mère. Sa mère si faible. Sa mère qui se contentait de pleurer et d’aimer cet homme détestable. Elle ferma brusquement son livre de sortilèges et sortit précipitamment de la bibliothèque en tentant de fuir les sons qui semblaient encore se répercuter dans son âme. Elle se dirigea immédiatement vers la Grande Salle. C’était à l’entrée de la Grande Salle qu’Ellyaïna avait donné rendez-vous à l’élève de la maison Serdaigle et elle hâta le pas pour ne pas se retrouver à être en retard.

Ellya’ avait horreur de se retrouver en retard. Elle trouvait que c’était un immense signe de non-respect et malgré son cynisme réputé, elle n’était pas une élève irrespectueuse ni même une personne irrespectueuse. Elle était seulement un peu désagréable par moment, ce qui s’expliquait par des événements que nul ne connaissait, par défaut d’avoir été élevée, parce qu’elle avait été jetée dans la vie sans qu’on ne lui apprenne comment survivre. On lui avait seulement appris à mourir. Elle fit soulagée de voir que Lena n’était toujours pas arrivée. Elle s’appuya contre le mur. Ça lui faisait étrange. De savoir qu’elle irait juste se promener dehors, pas pour aller à un cours, se promener et faire autre chose que de se plonger dans les études et travaux. Mais elle avait accepté et elle ne pouvait plus reculer. Elle ne savait même pas comment elle était supposée agir. Le contact social n’était pas son fort. Lorsqu’elle aperçut Lena, elle esquissa un léger sourire tandis que le visage de la Serdaigle était illuminé par un grand sourire. Revoir Lena lui faisait penser à Tom et comme chaque fois que ce nom surgissait, elle avait des frissons. Elle ne regrettait pas de l’avoir aidé. Non. Mais le traumatisme restait. “Bonjour Lena ! Prête. Un peu épuisée, j’ai travaillé tard sur la correction et révision de mon devoir de l’étude des runes. Et toi, tu vas bien ? Tes cours se passent bien ?” Elle se mit à marcher en même temps.

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- Bonjour Lena ! Prête. Un peu épuisée, j’ai travaillé tard sur la correction et révision de mon devoir de l’étude des runes. Et toi, tu vas bien ? Tes cours se passent bien ?
Le visage de son amie arborait un joli sourire. Ce n'était pas que son sourire qui était joli, Ellyaïna était une personne d'une beauté rare et troublante. Lena perçut néanmoins une touche de douleur dans l'expression de la Serpentard. Que pouvait-elle bien avoir encore. N'avait-elle pas déjà assez enduré ? La jeune Serdaigle se dit qu'il était temps que les deux filles se revoient. Elle était persuadée qu'écouter son amie, marcher à ses côtés, ne serait-ce que pour une heure ou deux, ne pouvait que lui remonter le moral et lui faire du bien. Lorsque Lena assistait autrui, elle se sentait utile, elle se sentait comme une salvatrice et cela ne pouvait que lui procurer une montée d'adrénaline dans le cœur. Pleine d'énergie, la petite brunette se hissa hors du château, Ellyaïna suivant derrière.
- Tout se passe très bien, merci de demander. Je suis toujours aussi férue de botanique. Mais comme tu l'as dit, on sent la fin de l'année qui arrive, les devoirs de plus en plus longs et les examens finaux qui approchent. J'ai tellement hâte que tout cela finisse.
Mais Lena n'était pas venue jusqu'ici pour parler devoirs. Chemin faisant vers le lac, les deux amies continuaient de faire la conversation, et de se renseigner sur les nouvelles de l'une et de l'autre. Plus le temps passait, plus la jeune Serdaigle commençait à se demander si tout cela n'était pas un peu ridicule. Si cela se trouve, Ellyaïna allait très bien, elle n'était que fatiguée par les cours, tout simplement. C'était exactement ce qu'elle avait dit d'ailleurs. En y réfléchissant bien, la jeune fille changea d'avis. Elle secoua discrètement et inconsciemment la tête, et se convainquit qu'il fallait résoudre ce problème. Aider Ellyaïna était son devoir après ce qu'elle avait fait pour Tom. Même si Lena se prenait un énorme vent, même si son amie trouvait son intervention indiscrète et s'enfuyait, même si elle ne voudrait plus jamais lui adresser la parole, elle devait prendre le risque. C'était après tout le moins qu'elle puisse faire.
Lena ne savait pas vraiment par où commencer. Pendant que les deux amies marchaient, elle observait l'air fermé et inquiet d'Ellya'. Lena ne pouvait dire ce que son amie ressentait à ce moment précis. Était-elle était triste, est-ce qu'elle n'avait aucune envie de se retrouver là, est-ce qu'elle pensait totalement à autre chose ou était-elle était mal à l'aise ? C'est d'ailleurs pour cela qu'Ellyaïna avait autant d'intérêt pour la jeune Serdaigle. Elle l'intriguait. Et jamais on ne pouvait vraiment savoir ce qu'il se passait dans sa tête. Cette fille-là était un véritable mystère, un coffre-fort que Lena voulait absolument, et sans vraiment savoir pourquoi, déchiffrer.
Les deux filles étaient arrivées au bord du lac. Lena contempla un moment silencieusement les reflets dorés que le soleil éclatant venait poser sur la surface lisse. Elle repensa brièvement à ce qu'elle avait ressentie le jour de sa répartition. Les barques, la vue de Poudlard pour la toute première fois.
- Je voulais savoir Ellyaïna... est-ce que tout va bien ? Quelque chose à l'air de te tourmenter. Tu peux me parler, je suis là. Tu sais, après ce que tu as fais pour Tom, je veux dire...
Lena s'interrompit. Elle avait sentit qu'évoquer le souvenir de cette fameuse journée, journée atroce pour Ellya', n'avait probablement pas été une bonne idée.

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✟ Holding my breathe 'til my body turned blue. We've got everything to lose. Yeah I'm waiting on you. Sun's come up and there's no one else around. Meet me in the shadows, won't you tell me what you found. You've got everything to lose. ✟

Le regard de la jeune fille naviguait autour d’elle, légèrement intimidée par le décor qui se présentait à ses yeux, elle qui se sentait à l’aise entourée de livres, parce que la lecture était le meilleur des refuges. Tandis que dehors, elle était vulnérable, elle n’était plus à l’abri. Il lui semblait que tout pouvait soudainement l’attaquer. Il lui semblait que soudainement, des buissons, des monstres pouvaient surgir et la plaquer sur le sol. Mais les seuls étaient ceux qui se prétendaient être ses parents, les seuls monstres de son existence étaient ceux qui avaient décidé qu’elle ne pouvait pas vivre comme le ferait une petite fille et qu’elle devait apprendre seule comment grandir. Elle croisa ses bras contre sa poitrine, incertaine de la tournure des événements. Quelque part, elle avait le sentiment que Lena ne lui avait pas demandé de venir seulement pour parler de la pluie et du beau temps, parce que tout le monde connaissait Ellyaïna et sa tendance à ne pas parler pour ne rien dire. Et elle n’avait pas dit n’importe quoi, l’Étude des Runes a toujours été la matière qui lui donnait le plus de fil à retordre, celle pour laquelle elle pouvait consacrer plusieurs nuits d’affilées pour être certaine que tout se trouvait à être parfait. Perfectionniste petit être qui ne savait pas comment lâcher prise. On ne lui avait pas appris, au contraire, elle avait trouvé refuge dans les détails, refuge dans le travail, pour oublier et être le plus souvent loin de cette maison qui ne lui donnait que des problèmes.

Elle n’y était pas. Ici, à Poudlard, c’était bien plus qu’un refuge, c’était un espace où ces êtres humains n’avaient pas accès, mais l’année passée avait tout foutu en l’air, Le château avait cessé d’être un refuge, ses cauchemars avaient été réveillé et elle s’était encore plus perdue dans les travaux pour ne plus penser, pour que les souvenirs s’effacent et se perdent dans sa mémoire. Peut-être que ce n’était pas la solution, mais elle était efficace, alors c’était l’essentielle pour la Serpentard. De toute façon, elle avait toujours été studieuse, ça ne changerait pas ici. Se faire battre si des mauvaises notes étaient rapportées aidait à devenir studieux, après tout, et ça s’était ancré dans son caractère, dans son comportement, de sorte à ce que ce soit maintenant une partie intégrante d’elle qui ne pourrait jamais s’effacer. Mais ce n’était peut-être pas le temps de penser à tout ça, de se perdre dans ses pensées, alors qu’elle était dehors - dehors brr - avec Lena. Il fallait plutôt profiter de ce moment avec la Serdaigle qui aurait dû être de son niveau, mais qui a redoublé au final. Profiter du temps dehors, du soleil qu’elle sentait sur son visage, ce soleil qui caressait doucement, gentiment son visage, profiter de l’air frais qu’elle pouvait respirer à plein poumon, avant qu’elle ne finisse enfermée dans la bibliothèque pour la dernière ligne droite, pour les révisions de fin d’années, pour passer en cinquième. Parce que ce n’était pas un si. C’était une évidence. Elle savait. Elle savait qu’elle passerait haut la main ses examens. C’en était presque trop facile.

Elle continuait de marcher avec Lena, tout en se disant qu’elle aurait aimé que l’année se finisse jamais, que le temps se fige et que plus rien que Poudlard n’existe, parce que les cauchemars ne la tuaient pas, mais eux le faisaient, eux en étaient capables. Pas à pas, elles finirent par arriver au lac et elle plongea son regard dans cette étendue d’eau qui avait été son salut, son refuge, son échappatoire, ce qui lui avait permis de s’éloigner de sa maison, de ce lieu de haine et de hurlements. Elle se perdait dans les souvenirs de la première fois, elle se perdait dans les souvenirs d’avant. La première journée. Ses premiers pas ici. L’incertitude ancrée dans son regard et pourtant, une force implacable, une force incroyable. Une certitude qu’elle réussirait. Il n’avait jamais été question de devenir populaire, jamais été question de se faire remarquer, seulement d’exister et de réussir. D’être la meilleure. D’attribuer le plus de points possibles à sa maison et d’oublier les autres. De toute façon, elle ne savait pas ce que c’était d’être sociale et elle n’était pas douée pour les relations. Elle se souvenait de sortir de ce train, de la foule d’élèves, de l’empressement des nouveaux, l’excitation dans l’air, toutes les énergies et elle se souvenait de sa haine, de son envie de vengeance qui résidait toujours dans ses veines. Ce besoin de les faire regretter d’avoir décidé qu’elle était un objet, une décoration, quelque chose que l’on pouvait malmener selon les désirs et les humeurs.

Elle leva la tête quand elle sentit que la jeune Serdaigle, Lena Chasemane, s’apprêtait à parler, faire voler en éclats le silence, et de ce fait, se montrait attentive. Parce qu’Ellyaïna savait écouter, au moins. Elle s’attendait à tout, sauf à ça. Sauf à une telle inquiétude de la part de cette… amie ? C’était une amie, peut-être, Ellyaïna ne savait pas trop. Mais elle ne pensait pas inquiéter, pourquoi s’inquiéter ? D’accord, elle n’était pas souvent à la Grande Salle, souvent elle ne mangeait pas beaucoup parce qu’elle étudiait plus qu’autre chose, peut-être qu’elle était pâle et frêle, et totalement blanche par le manque de sommeil. Mais fallait pas s’inquiéter. Tout allait bien. C’était faux, mais tout allait bien. Et quand son amie parla de Tom, un frisson la parcourut toute entière. Elle serra fermement ses bras contre sa poitrine, ayant froid malgré la chaleur, comme si on venait de la plonger dans un bloc de glace. Un éclair. Un éclair de lumière. Des hurlements. La douleur. Les souvenirs lui tournaient autour. Elle pouvait ressentir cette douleur inexplicable, indéfinissable, qui se propageait dans son corps, elle pouvait entendre ses propres hurlements, son coeur battant si fort à ses tempes, cette sensation de mourir, d’agoniser, de n’être plus qu’à quelques minutes de la véritable fin. Le sortilège de Doloris. Ses mains serraient si fort que les phalanges devenaient blanches. « Tout va bien Lena.. » Sa voix était elle-même si blanche, manquant de force. « Je suis seulement inquiète pour mes examens de fin d’année. Tu sais que je veux toujours être la meilleure, et tout réussir du premier coup. »

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La jeune Serdaigle appréciait marcher dehors, se promener, observer le paysage, prendre son temps, du temps pour soi, pour penser. D'habitude, elle le faisait seule, elle aimait être seule. C'était aussi le cas de son accompagnatrice. Lena ne voyait presque jamais Ellyaïna en dehors de la bibliothèque. Ni dans la Grande Salle, ni dans les couloirs, et encore moins dehors. La chaleur du soleil lui devait être étrangère, pour elle qui ne sort presque jamais des murs de pierre du château. Cela se voyait sur son corps. Ellyaïna n'avait pas toujours été aussi maigrichonne, aussi pâle. Quand les deux filles étaient dans la même année, Lena voyait une jeune fille, tout ce qui avait de plus normal. Maintenant, elle ne riait plus, ne souriait presque jamais, quelque chose avait considérablement changé en elle. La Serpentard n'était pas pour autant une jeune fille pleine de vie les premières années à Poudlard. Elle n'était pas comme les autres. Réservée, silencieuse, c'était comme si elle avait peur de se faire réprimander chaque fois qu'elle ouvrait la bouche. Lena se demandait bien d'où pouvait venir ce manque d'assurance. En réalité, avant cette fameuse journée, le jour où Ellya' avait aidé Tom, Lena ne la connaissait pas vraiment. Jamais elle n'avait prévu de tisser quelconque lien d'amitié avec elle. La Serpentard regrettait-elle d'avoir aidé son frère ? Lena n'en était pas certaine, mais cela était forcément la cause de son changement.
Les deux filles marchaient côte à côte sur les bords du lac. L'atmosphère n'était pas la plus chaleureuse du monde, certainement, mais Lena était soulagée d'avoir réussi à faire sortir Ellyaïna dehors. Même si c'était contre la volonté de la quatrième année. Un peu de soleil et de marche ne lui pouvait être que bénéfique. Lena était comme ça. Elle prenait beaucoup de plaisir à prendre soin des autres, les aider à faire ce qui est bon pour eux, les écouter, les conseiller. Tout ce qu'elle espérait était qu'Ellya' ne lui en voudrait pas trop de l'avoir fait quitter sa bibliothèque.
Même si la jeune fille s'obstinait à dire que tout allait bien, Lena ne pouvait pas le croire. Ce n'était pas les examens de fin d'année qui la mettaient dans cet état. Il était évident que la Serpentard tenait à protéger Lena en lui mentant sur ce qui la tourmentait. Peut-être que sa condition lui allait, mais on ne peut pas vivre sainement avec un traumatisme, surtout aussi néfaste que le sien. Elle avait tout de même reçu un sortilège Doloris pour avoir aidé un né-moldu, de son plein gré. Elle qui avait simplement voulu se montrer utile, se battre contre l'injustice, avait été punie. Pour une fois qu'elle osait montrer son mécontentement, pour une fois qu'elle avait levé sa voix, on le lui avait fait regretter.
Plus les deux amies marchaient en silence, plus Lena se demandait par quel moyen elle allait pouvoir aider Ellyaïna. C'était une chose délicate de parler d'un événement passé douloureux, mais il fallait le faire. Pour son bien. Même si Lena se montrait gauche, elle l'aiderait de son mieux.
- Vivement qu'ils finissent alors, tenta Lena avec un sourire maladroit.
Il y avait forcément autre chose. La Serdaigle cherchait dans son esprit un moyen d'arracher les vers du nez de son amie. L'atmosphère était lourde. Un fossé invisible séparait les deux amies, et Lena ne voulait qu'une chose, le supprimer.
- Je suis sûre qu'il y a autre chose Elly', fit Lena fermement mais respectueusement. Ça fait plus longtemps que ça, je ne te vois jamais à la Grande Salle, ni dans les couloirs. Tu évites quelqu'un ? Je suis désolée d'être si insistante, mais j'aimerais tellement t'aider. Tu sais, parler parfois, ça aide plus qu'on ne le croit.
Le regard d'Ellyaïna était fuyant.
- Ça te dirais de t'asseoir, proposa Lena en pointant l'herbe en pente au bord du lac.
Afin de mieux la cerner, il fallait s'arrêter de marcher. Un face à face serait plus approprié pour cette situation. Cela prendrait beaucoup de temps, mais Lena espérait vraiment que son amie se confesserait cette journée-là. Parler de ce qui nous hante, c'est faire revivre ces moments de souffrance et ça fait mal. Lena le savait. Mais une fois que c'est fait, le cœur est plus léger. Lena regarda fixement son interlocutrice, et tenta de décrypter un quelconque signe sur son visage. Un indice qui lui permettrai d'en savoir plus sur elle et ses problèmes si importants. Ellyaïna, je t'en supplie, dis-moi ce qui ne va pas.

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✟ si la voisine crie très fort, c'est qu'elle a pas bien entendu. Si elle a du bleu sur le corps, c'est qu'elle a joué dans la peinture. Et si un jour elle a disparu, c'est qu'elle est partie en lune de miel. En attendant les jours de pluie, elle met ses lunettes de soleil. Tout va bien. Tout va bien. Petit, tout va bien. ✟

Elle ne savait plus. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle n’avait pas senti le vent ainsi sur son visage, cette caresse douce et apaisante d’un élément que l’on ne pouvait, au final, strictement pas contrôler et qui pouvait, malgré les apparences, faire des ravages. Sans doute trop longtemps pour qu’elle vienne à y songer. Toujours enfermée dans la bibliothèque, toujours à éviter les autres et s’éviter elle-même. Éviter ses propres pensées, éviter les souvenirs. Se noyer dans le savoir, toujours apprendre davantage pour que l’esprit se focalise sur les nouvelles notions. Elle avait toujours fait ça, mais c’était beaucoup plus intense depuis.. cette mésaventure. Depuis le retour des cauchemars, les nuits s’effaçaient. Depuis le retour des cauchemars, elle s’effaçait elle-même et devenait son fantôme. Elle en avait bien conscience, mais quelque part, elle savait que c’était pour arriver. Elle ne pouvait pas demeurer en vie avec l’enfer qui résidait pour elle en dehors des murs de l’école, en dehors des études et des examens, en dehors de cette vie où la magie pouvait être utilisée. Parce qu’elle ne pouvait pas en faire usage en dehors des cours, en dehors de l’enceinte de l’école. Malheureusement. Elle avait toujours été ainsi, enfermée, renfermée. Disons seulement que tout s’était précipité l’an dernier, avec le sortilège impardonnable subi. Tout avait pris une ampleur qu’elle n’avait pu contrôler. Une ampleur importante qu’elle niait. Même si elle savait tout comme elle savait que ça risquait d’aller en empirant avec le temps et le retour chez “elle” en été. Chez elle. Oui, comme si elle pouvait considérer cet endroit comme un chez soi. Ce n’était qu’une prison, rien de plus. Une prison dont elle ne pouvait s’échapper parce qu’il fallait travailler et avoir de l’argent pour se débrouiller seule dans ce monde, en dehors de Poudlard. Oh, même à Poudlard il fallait de l’argent, mais elle en avait bien heureusement. Ses parents avaient eu cette indulgence de lui laisser un fond dans la banque Gringott. C’était déjà ça. Mieux que rien.

Ses bras étaient bien serrés contre elle, ses yeux fuyant, elle préférait ne pas regarder Lena dans les yeux. Les yeux étaient le mirroir de l’âme, et c’étaient eux qui te foutaient dans la merde quand on essayait de mentir, de ne rien dire. Alors c’était sans doute mieux d’éviter le regard de cette Serdaigle qui aurait dû être dans les mêmes cours qu’elle, mais qui ne l’était pas à cause des événements passés. Ces événements qu’Ellyaïna aurait aimé pouvoir oublier, mais qui étaient profondément ancrés dans son esprit et revenait la torturer la nuit en se mêlant aux traumatismes de sa vie d’en dehors de l’école, sa vie lors des vacances. Les coups, les cris, les disputes et les bruits de vaisselle. Ne rien voir. Ne rien entendre. Ça avait été longtemps les mots d’ordre pour survivre dans cette maison et ce l’était encore. Survivre. Pas échapper à la colère, à la haine. Seulement survivre. Ne rien voir. Ne rien entendre et surtout ne pas se faire remarquer. Ainsi, la jeune fille passait souvent ses journées dans sa chambre à étudier ou encore dehors, dans un coin, la tête encore dans les livres, pour faire passer le temps et oublier la douleur tiraillante. Poudlard était un salut. Un refuge. Avait été avant qu’elle ne subisse ce sort pour avoir tenté d’aider, de s’être imposée, de s’être exprimée, levée contre l’injustice. C’est sans doute grâce aux années entières passées à Poudlard que son corps n’était pas plus marqué que ça. Heureusement. Même si quelques cicatrices se posaient ici et là. Des brûlures, notamment, à l’eau bouillante, aux mégots de cigarette. Et cette fois où le verre avait été lancé et dont un éclat s’était enfoncé dans sa main. Urgences moldues. Mensonges. Histoire. Enfant maladroite. Silence. Ne rien voir. Ne rien entendre et surtout, ne rien dire.

Ellyaïna hocha la tête quand Lena lança un “vivement qu’ils finissent”. La Serpentard avait bien hâte que les examens soient choses passées parce que mine de rien, même si elle les prenait pour une excuse, il fallait dire que les examens stressaient quand même beaucoup l’étudiante modèle. Elle savait qu’elle allait les passer, mais elle ne pouvait tout de même pas s’empêcher de stresser, d’angoisser, de se dire que peut-être elle avait été trop confiante et que de ce fait, elle pourrait les rater. Donc, c’était une excuse, mais c’était aussi une vérité parce qu’elle était vraiment épuisée à faire d’étudier, étudier, toujours reviser pour être sûre de n’avoir manqué aucune notion. Elle rendit ce sourire mince, tellement petit, qui ne pouvait pas vraiment être plus grand et imposant, parce que cette atmosphère était étouffante et étouffait justement le sourire. Ellya’ savait bien que Lena n’était pas dupe. Mais elle ne voulait pas parler. Ne rien voir. Ne rien entendre. Ne rien dire et ne pas se faire remarquer. Combien de fois avait-elle répété ces mantras dans sa tête, les mains collées contre ses oreilles, bien avant d’avoir onze ans ? Trop de fois. Elle ne les comptait plus. Elles continuaient de marcher et Ellya’ pouvait bien sentir ce mur entre Lena et elle, un mur, un vide, un fossé et peut-être même plus encore, un abîme. Le poids du secret qui les séparait. « Je suis sûre qu’il y a autre chose Elly’ - Pourquoi y aurait-il autre chose ? » La réplique était sortie sans qu’Ellya’ n’ait le temps de réfléchir. Du tact au tact. « Je n’évite personne, je suis seulement à la bibliothèque. La Grande Salle n’est pas un bon endroit pour étudier et lire, il y a beaucoup trop de bruits. Tu as déjà essayé de lire dans la Grande Salle toi ? Je t’assure que c’est impossible. » Elle se fuyait elle-même. Mais ce n’était pas une situation qui était explicable, au final. Elle hocha simplement la tête à la proposition de Lena et s’installa dans l’herbe. Ses mains jouaient avec les brins d’herbe et elle fixait la pelouse également. « Je vais bien Lena, je préfère simplement la compagnie des livres à celle des gens. »
Tout va bien. Le bien résonnait dans sa tête drôlement.
Parce que rien ne va.

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Les doigts d'Ellyaïna jouaient machinalement avec les brins d'herbe et son regard fixait le vide, mélancoliquement. La tâche risquait d’être plus difficile que prévu. Plus Lena tentait d’amener son amie à lui dire ce qu’elle avait sur le coeur, plus Ellyaïna se refermait comme une huître. Il fallait qu’elle change de stratégie.
Ellyaïna avait affirmé si fermement de ne pas se soucier d'elle, qu'elle en devenait presque agressive. Lena n'avait pas connu la Serpentard avant l'événement qui les lièrent, là-bas dans les cachots, mais elle devinait que son attitude défensive venait de quelque part. Elle se dérobait, se cachait, mettait un masque de sourire sur son visage et un pressentiment envahit la jeune Serdaigle. Bien sûr, elle n'était pas au fait du passé de son amie, mais elle sentait que cet état d'esprit n'était né que récemment en elle. Elle n'avait certes pas eu l'occasion d'adresser la parole à Ellyaïna lorsqu'elles étaient encore dans la même année, mais elle ne lui était pas une inconnue pour autant.
Malgré tout, si elle l'affirmait, Lena se disait que oui, peut-être Ellyaïna n'évitait personne. Elle tenait un point, là. Il était vrai qu'étudier dans la Grande Salle n'était pas l'idéal, surtout pendant les périodes affluentes. Lena n'en était tout de même pas moins convaincue, quelque chose tournait à répétition dans la tête de son amie, et elle allait découvrir l’objet de ses tourments.
- Tu as raison, moi non plus je n’y arrive que très rarement, acquiesça Lena sur un ton innocent.
Si elle voulait gagner la confiance de son amie, il fallait qu’elle soit la plus douce et la plus subtile possible. En voyant le corps squelettique d’Ellyaïna, la Serdaigle songea à la fonction de la Grande Salle à être également un réfectoire, mais elle se ravisa immédiatement. Le silence était toujours plus envisageable qu’une parole de travers, même si elle n’a que de bonnes intentions. Les mots peuvent être une arme plus destructrice que les balles ou qu’un sort, parfois.
Lena observait intensément la Serpentard tout en s’interrogeant sur le sujet de ses pensées. Si seulement elle avait un indice, quelque chose qui puisse l’aider à rétablir un lien entre elles deux. Le fossé était abrupt, il lui fallait un pont.
La journée était radieuse, le soleil chauffait les visages deux deux amies et Lena remarqua les cernes sous les yeux d’Elly’. La situation semblait critique. Lena se mordit la lèvre quand elle s’aperçut réellement de son état. Elle avait eu une excellente idée de lui proposer cette marche en plein air.
- Il fait du bien ce soleil, tu ne trouves pas ? se risqua Lena. Après un hiver rude, rien de mieux que les rayons chaud du soleil pour sortir des murs obscurs du château.
Lena aussi préférait la compagnie des livres, et plus souvent d’elle-même, à celle des gens. Ce n’était pas pour autant qu’elle se terrait dans l’obscurité de la bibliothèque. Si Elly’ se réfugiait dans les livres, cela voulait dire qu’elle fuyait quelque chose. La réalité ? La peur de l’échec scolaire ? Le manque de sommeil que témoignaient les marques sur son visage, montraient à Lena que ses tracas la hantaient jusque dans ses rêves.
Si Lena avait raison, et que la peine s'était emparée d'Ellyaïna, la jeune Serpentard l'extérioriserait le moment venu. Il fallait laisser le temps faire son travail. Alors peut-être la meilleure stratégie était d'être pour Elly' une simple et bonne amie. Si Elly' était tourmentée, peut-être avait-elle simplement besoin d'un après-midi des plus commun, que passent deux filles de leur âge. Ne pas se poser de question, ne pas penser au pire.
Lena prit une grande inspiration.
- Que compte-tu faire cet été ? Si tu pouvais visiter une région du monde laquelle tu choisirais ? demanda-t-elle curieuse, le visage tourné vers son amie.
Lena ne demandait pas seulement pour faire la conversation ou bien faire changer les idées à Ellyaïna, mais parce que sa réponse l'intéresserait. Et sa réaction aussi. Allait-elle hésiter ? Avait-elle déjà songé à voyager ? Sans l'avoir prémédité, Lena réalisa qu'elle pouvait tenter de décoder les sentiments de son amie en posant de simples questions anodines. La Serdaigle se concentra et écouta attentivement.

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