Je peux ? [année 2021 : ft. Cécilia]

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Je peux ? [2021]

Les rayons du soleil fusaient à travers les grandes baies vitrées de la bibliothèque, répandant leur clarté sur les innombrables rangées d’étagères remplies de livres qui s’étendaient à perte de vue. Si l’on tendait l’oreille il était possible d’entendre le bruit des pages qui se tournaient, des plumes qui couraient sur le parchemin neuf, et quelques soupirs exaspérés d’élèves penchés sur leurs cours, le front plissé par la concentration. Si l’une des personnes présentes levait les yeux de son occupation, il lui était possible de voir des livres qui voletaient de ci de là, regagnant leur place sur les solides étagères de bois, comme attirés par un aimant, tandis que d’autres planaient mollement en direction du sorcier qui en avait fait la demande. En bref, l’ambiance était très studieuse à la bibliothèque de Poudlard, comme à son habitude.
Assise sur une petite table ronde entre deux étagères massives, la jeune Prudence, élève de deuxième année, griffonnaient à toute hâte sur son rouleau de parchemin, déjà recouvert d’une bonne quarantaine de centimètres de notes. Le nez plissé, le regard exalté, elle ne prenait même pas la peine de se relire tant sa pensée fusait à toute allure. À ses côtés, deux énormes manuels en plus de celui élémentaire d’Histoire de la Magie étaient ouverts, l’un abordant les grands traités magiques celtiques du tant de l’Europe médiévale, l’autre relatant la biographie de quelques sorciers célèbres de la même époque. Cela faisait une heure et demi qu’elle s’était penchée sur le devoir à rendre pour le début de la semaine suivante, en Histoire de la Magie, et elle avait déjà légèrement dépassé le nombre de lignes… Mais toutes ces choses étaient si intéressantes ! Comment résister à l’envie de toujours plus compléter son devoir ? Et pourtant, ce n’était pas le genre de choses qu’elle faisait dans toutes les matières, bien au contraire ; elle avait assez de mal à atteindre les centimètres de parchemin requis en potions ou bien en astronomie par exemple ! En revanche, l’histoire magique de son pays et son intrication dans les nombreux traités, les nombreuses guerres et révolutions au fil des années, la passionnait. Certes, elle préférait largement étudier les deux grandes guerres des sorciers et tout ce qui avait trait à cette époque plutôt que la période médiévale, mais cela n’en restait pas moins inintéressant, après tout, bon nombre de mythes et légendes magiques de leur temps puisaient leur source sur des évènements de ces périodes.
Relevant finalement la tête de son travail, Prudence recala distraitement une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille, un petit sourire fier sur le visage. Cette fois-ci, c’était la bonne, elle tenait la version finale de son devoir entre les mains ! Au moins, ses parents n’avaient pas à s’inquiéter de ses notes en Histoire de la Magie, c’était toujours ça. Il faut dire que Justin et May n’avaient pas eu de quoi dormir sur leur deux oreilles avec Poudlard, non pas à cause de ses résultats scolaires, mais plutôt des évènements qui s’y étaient déroulés ; en effet l’an dernier, alors que tout laissait présager une année calme et sans remouds suite à la disparition du dénommé Blackman qui avait pris le pouvoir à l’école un an avant l’entrée de Prudence, un attentat mené à la fête foraine installée à Pré-au-Lard avait causé la mort de trois de ses condisciples de Poudlard, plongeant le château dans le deuil et dans la peur. Qui ? Pourquoi ? Et surtout, étaient-ils en sécurité désormais ? Il s’agissait des questions que l’on retrouvait sur toutes les lèvres, des élèves, comme des professeurs, mais aussi surtout des parents. Ainsi, afin de rassurer tout ce beau monde, la direction avait décidé d’écarter les élèves du monde magique pour l’été, les envoyant travailler dans une ferme incartable afin de prouver à leur parent qu’ils étaient bel et bien en sécurité le temps que toute la lumière soit faite sur cette affaire. De plus, dès la rentrée la protection des élèves fut assurée par des Aurors dépêchés du Ministère de la Magie, terminant de convaincre les derniers réfractaires. Devant toutes ces conditions, le père de Prudence l’avait laissé retourner à Poudlard pour sa deuxième année, non sans une petite appréhension. Pour la jeune fille, le temps se déroulait normalement ; pas d’autres incidents, pas d’étrange cagoule retrouvée dans un coin du château, pas de nouveau dictateur à l’horizon, bref aucune raison de ne pas se concentrer sur ses leçons et devoirs, ce qu’elle s’appliquait à faire.
Rangeant petit à petit ses affaires dans son sac de toile, Prudence jeta un coup d’œil à la pendule et se félicita d’avoir été aussi rapide ; elle allait avoir le temps de passer à la volière confier une lettre pour son frère à Locus, afin de le rassurer lui aussi sur son retour à Poudlard. La Gryffondor ramassa les deux grimoires qu’elle avait empruntés et les lâcha devant les étagères concernées, s’amusant à les regarder flotter jusqu’à leur emplacement, à plusieurs mètres au-dessus du sol. Elle se préparait à quitter les lieux lorsqu’un profond soupir attira son attention. La brune pivota sur ses talons et fronça les sourcils, à la recherche du bruit. À quelques mètres d’elle, derrière une rangée de livres, elle aperçu la tignasse rousse d’une de ses camarades de maison, Cécilia, penchée sur le manuel d’Histoire de la Magie et apparemment prête à s’arracher les cheveux. Prudence connaissait Cécilia depuis à peine plus d’un an maintenant, en effet la jeune fille se trouvait tout comme elle en deuxième année à Gryffondor. Plutôt bonne élève, Cécilia était du genre à s’isoler dans la salle commune et à ne pas trop participer aux effusions collectives. Néanmoins elle n’en restait pas moins sympathique et la voir si dépitée à ce point empêcha Prudence de quitter la bibliothèque, après tout, elle s’était avancée dans son travail, non ? Et cela ne lui couterait rien de proposer son aide à sa camarade ? Libre à Cécilia de décliner son offre bien entendu. Tendant le bras en direction de l’étagère où s’étaient reposés les livres qu’elle venait d’emprunter, la jeune fille récupéra un de ces derniers et le calla sous son bras droit.
La décision de Prue était prise, elle tourna les talons, dos à la sortie et s’approcha de la table où s’était installée la rousse. Prudence lui décrocha un sourire franc et tira doucement la chaise à ses côtés.

« Je peux ? demanda-t-elle en désignant le petit espace libre qu’il restait à côté de Cécilia, pas évident tous ces traités, hein ! Essaye avec ce livre, c’est une pépite, tout y est mais raconté d’un point de vue plus… Romanesque ! Avec ça, l’âge de fer et ses incantations ainsi que toute la civilisation Hallstatt te paraîtront presque intéressants ! Et laisse de côté le manuel d’Histoire de la Magie, pour le coup il est plus soporifique qu’autre chose sur la magie celtique… »

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Je peux ? [2021]

Cécilia tournait calmement les pages d’un livre qui devait la passionner tellement qu’elle en était imperturbable. Elle caressait machinalement Salem qui ronronnait sur ses genoux. Le feu de cheminée de la salle commune des Gryffondor faisait régner une douce chaleur qui léchait les joues de la rouquine. Elle soupira un instant et sortit de sa torpeur, sa pause allait se terminer. Elle avait un devoir à rendre en Histoire de la Magie et elle avait beau repousser l’échéance le plus possible, le travail n’allait sûrement pas se faire tout seul. Décidée, Cécilia se pencha pour ranger son livre et empoigner son sac. Doucement, elle repoussa Salem et se leva de son fauteuil pour sortir de la salle commune.

Elle dévala les escaliers et atteignit en un rien de temps la Bibliothèque où elle trouva une place un peu isolée entre un rayonnage et une fenêtre. L’odeur du parchemin et des vieux livres avaient toujours cet effet d’apaisement immédiat lorsqu’elle pénétrait la pièce. La rouquine posa soigneusement ses affaires et tenta de ne pas faire trop de bruits, elle mit ses lunettes et commença à ouvrir son manuel d’Histoire avec réticence. C’était un mauvais moment à passer, se dit-elle. Son regard parcourut les pages du programme de deuxième année et une vague d’ennui la prit à la gorge. Un soupir exaspéré ne put s’empêcher de s’échapper et elle prit sa tête entre ses mains.

Un air pathétique se dessinait sur le visage de Cécilia et, trop occupée à se morfondre, elle n’entendit pas arriver une de ses camarades rouge et or, à tel point que la rouquine sursauta quand celle-ci s’adressa à elle. Elle s’appelait Prudence et partageait son dortoir depuis la première année. Cécilia ne la connaissait pas personnellement mais elles s’étaient déjà parlé quelques fois. La rouquine n’avait pas beaucoup de véritables amis, à part Bonnie, son amie Serpentard, car elle préférait ne pas trop se poser de questions. En effet, elle avait toujours si peur de ne pas plaire qu’elle préférait ne pas s’embarrasser à essayer. Cependant, elle était très observatrice et Prudence faisait partie de ces personnes qui lui avaient toujours inspiré de la sympathie : c’était avec des gens de ce genre qu’elle s’imaginait s’entourer quand elle rêvait d’une vie où elle était moins solitaire. Cécilia fut donc comblée quand Prudence lui proposa son aide et elle se décala pour lui laisser de la place :

« Merci beaucoup pour ton aide ! J’ai horreur de cette matière comme tu as dû t’en rendre compte. Le reste ça va, mais ça… C’est un supplice pour moi. Au fait… Prudence c’est ça ? Comment tu fais pour supporter cette matière ? J’arriverais mieux à la travailler si je l’appréciais, ne serait-ce qu’un peu… »

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Je peux ? [2021]

L’approbation de la rousse ravie Prudence qui profita de l’espace que lui dégageait sa camarade afin de s’installer plus confortablement autour de la table. C’était tellement rare qu’elle puisse apporter son air concernant les cours, surtout à quelqu’un qui était globalement bon, qu’elle espérait être efficace et surtout utile. En plus d’un an passé à Poudlard, les deux Gryffondor avaient parfois fait équipe lors d’épreuve à pratiquer en binôme pendant les cours mais n’avaient jamais trouvé le temps de discuter ; ironique quand on savait qu’elles se couchaient tous les soirs dans le même dortoir ! L’occasion se présentait donc en ce moment-même et hors de question de rater l’aubaine de peut-être se faire une amie ! Les fois où Cécilia semblait s’ouvrir aux autres étaient si rares qu’il fallait savoir déceler le bon moment pour ne pas la brusquer, hors ça semblait être le cas.
La question de sa camarade surpris Prudence ; comment faisait-elle pour aimer l’Histoire de la Magie ? La brune ne s’attendait pas à ça en proposant son aide, mais après tout il s’agissait là d’une interrogation légitime. Peu d’élèves appréciaient les cours d’histoire, et encore il s’agissait là d’un euphémisme ; il n’était pas rare que Prudence surprenne ses camarades occupés à s’échanger des cartes de sorciers et sorcières célèbres tirées des chocogrenouilles sous leur pupitre au lieu de suivre les aventures desdites célébrités en direct du cours. En bref, ce cours était plutôt évocateur d’une douce torture soporifique pour tous les enfants de l’école, et elle passait souvent pour une folle à être enthousiaste à l’idée d’être assise des heures durant au premier rang à suivre avec attention les moindres anecdotes que leur professeur voulait bien leur raconter.
Reportant son attention sur Cécilia, Prudence prit une petite inspiration et tenta de décrire le plus fidèlement possible ce qu’évoquaient pour elles ces leçons sur le passé magique du monde :

« Eh bien disons que je vois ça comme un puzzle, entre hier et aujourd’hui, que je complète petit à petit avec ce que j’apprends. Je me dis que ce que nous sommes maintenant, tout ce dont nous sommes capables, résulte forcément de faits réalisés par nos ancêtres sorciers qui avaient une façon d’utiliser la magie parfois bien différente de la nôtre ! En apprenant de notre passé et en sachant tirer des leçons des erreurs déjà commises, on ne peut devenir qu’encore meilleur, je pense. Et à l’inverse, s’inspirer de grandes réussites ne peut que nous être bénéfique ! »

Les yeux de la Gryffondor brillaient d’excitation tandis que repassaient à toute vitesse dans son esprit quelques anecdotes que son père lui avait raconté sur les sorciers célèbres de son époque et leurs prouesses.

« Derrière chaque potion, chaque sortilège, se cache un grand sorcier qui a su utiliser ce qu’il avait à sa portée pour faire la différence à son époque, je trouve ça juste incroyable ! Bien sûr je ne te cache pas que l’histoire actuelle me passionne bien plus, j’ai tellement hâte d’étudier les grandes guerres des sorciers, comprendre ce qui a poussé les Forces du Mal au pouvoir, et comment être prêt à les en empêcher si la situation se représente ! »

La jeune fille serra le poing, se rappelant la perte de leur condisciple. Etait-ce vraiment un signe avant coureur d’une nouvelle montée en puissance de magie noire en Angleterre ? Ou s’agissait-il vraiment d’un accident isolé ?

« En gros, je pense que pour savoir clairement où on va, il faut savoir d’où l’on vient, assembler toutes les pièces » conclut Prudence en reposant son regard acier sur sa camarade de dortoir. Il n’était pas question que Cécilia la prenne pour une illuminée à déblatérer pendant des heures sur l’Histoire de la Magie !
Autour d’elles, le silence régnait toujours dans la bibliothèque mais les tables aux alentours s’étaient vidées à mesure que l’heure passait. Au moins elles ne dérangeraient pas d’autres élèves à discuter et ne risquaient pas de se faire réprimander par l’irascible bibliothécaire qui flânait par-ci par-là pour surprendre les jeunes sorciers en plein bavardage. Elles avaient champ libre pour réussir le devoir de Cécilia et même faire plus ample connaissance si l’affinité était là.

« Et toi, qu’est-ce que tu préfères depuis que tu es à Poudlard ? »

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Cécilia ne se tournait que très peu vers les autres. Elle avait peur d’être embarrassante et se sentir mal à l’aise. Ne vous méprenez pas, elle était très en phase avec son caractère et ça ne la dérangeait absolument pas d’être comme cela. Si les gens avaient envie de faire sa connaissance, elle était toujours très sociable et aimable. Elle attendait juste un signe de leur part qui lui montrerait qu’elle était la bienvenue et le tour était joué. Prudence avait apparemment fait ses preuves en se joignant à la rouquine de son plein gré et cette situation la ravissait. Elle savait extrêmement bien entretenir les relations pour peu qu’on lui montre un peu d’intérêt.

La brune s’étendit alors sur l’Histoire de la Magie quand Cécilia lui posa la question. Elle était vraiment enjouée et son ton semblait passionné, la rouquine l’écouta alors attentivement et s’avoua qu’elle n’avait jamais vraiment vu les choses sous cet angle. Le coup de foudre pour cette matière était encore bien loin mais peut-être serait-il moins douloureux à présent de travailler ce cours. De toute façon, tous les conseils étaient bons à prendre dans son cas. L’idée de tirer des leçons du passé et de nos erreurs était, en plus de cela, un mantra pour George Hopkins qu’il avait pris soin de transmettre à sa fille. Celle-ci répondit donc :

« Tu as raison, je n’avais jamais vraiment vu les choses comme cela, même s’il est évident que je ne m’améliorerai pas en un coup de baguette, ça pourrait beaucoup m’aider. D’ailleurs si ça ne te dérange pas je veux bien que tu lises ce que j’ai écrit jusqu’à maintenant pour me dire ce que tu en penses, tu m’as l’air plutôt calée ! »

Cécilia lui tendit son parchemin qui, qu’on se le dise, ressemblait plus à un brouillon et l’on y apercevait plusieurs ratures : sa plume avait dû en prendre un coup. La bibliothèque était plutôt calme et les deux jeunes filles étaient assez isolées pour parler librement, alors Prudence engagea la conversation en lui demandant ce qu’elle préférait à Poudlard. La rouquine réfléchit un instant avant de répondre :

« J’aime beaucoup les cours de Vol mais je ne sais pas encore si j’en ferai mon option plus tard. J’aime l’ambiance et les rencontres que j’ai faite depuis ma première année. Mes parents me manquent parfois mais le château est accueillant et on a tellement de choses à y faire ! C’est très excitant de pouvoir enfin pratiquer la magie sans se poser trop de questions ! Et toi, tu aimes quoi tout particulièrement, à part l’Histoire de la Magie ? »

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Hochant doucement la tête en signe d’acceptation, Prudence tira vers elle le parchemin de sa condisciple de Gryffondor afin de lire son travail. Aux vues des tournures de phrases et de la construction de la dissertation, on sentait clairement que Cécilia était une bonne élève ; sa plume était agréable et ses mots bien choisis. Elle avait une façon de résumer les faits qui montraient qu’elle avait compris le sens du devoir demandé, restait maintenant à trouver assez de matière afin de compléter son travail. Tirant un propre parchemin de son sac de toile, Prudence griffonna quelques commentaires en se reportant sur l’essai de sa camarade puis elle ouvrit le grimoire massif qu’elle avait pris soin de rapporter avec elle. Rajoutant quelques informations tirés du livre sur son parchemin, elle se tourna vers Cécilia tout en terminant d’écrire :

« Honnêtement c’est très bien ! Je pense que tu peux juste un peu étoffer le deuxième paragraphe avec la partie des traités datant de la transition âge de bronze-âge de fer, pour embrayer directement sur la culture Hallstatt d’Europe Centrale et au contraire moins appuyer le paragraphe suivant et se concentrer plutôt sur le diffusionnisme ayant permis de répandre le bois des baguettes actuelles jusqu’aux îles britanniques grâce aux Celtes insulaires ! Comme ça tu peux conclure sur l’héritage actuel que l’on garde des Celtes ici, en Grande-Bretagne. Qu’est-ce que tu en dis ? »

La Gryffondor reposa sa plume et tendit ses notes à Cécilia tout en lui indiquant les passages concernés dans le manuel. Elle était certaine qu’avec ces quelques modifications le devoir de sa camarade lui permettrait forcément d’obtenir une des meilleures notes de la classe ! Le plus dur à acquérir restait la forme, le fond on le trouvait dans les manuels scolaires, or Cécilia maîtrisait clairement cet aspect là des devoirs, elle n’avait donc pas d’inquiétude à avoir concernant ces résultats.

Écoutant la tirade de la rouquine sur ce qu’elle appréciait depuis son entrée à Poudlard, Prudence hocha la tête en souriant. Il était vrai qu’elle semblait toujours très heureuse à l’époque où elles partageaient l’option des cours de vol en première année, et dans les souvenirs de Prudence elle se débrouillait plutôt bien.

« J’aime bien voler aussi, mais mes parents ont préféré que je renonce à l’option du cours de Vol cette année… Disons que mes huit et quelques passages à l’infirmerie l’an dernier à cause des blessures les ont un peu refroidi… Mon père préfère que j’arrête de faire la casse-cou à Poudlard et que je vole avec lui quand je rentre dans le Surrey, j’ai accepté un peu à contrecœur mais je pense que dans le fond ils ont raison, je suis trop dangereuse pour rester sur un balai ! pouffa-t-elle silencieusement, sinon j’ai hâte d’être en troisième année pour commencer les cours de soins aux créatures magiques ! Mon frère travaille dans la préservation de colonies de créatures menacées, il a terminé sa scolarité à Poudlard depuis deux ans et il est complètement passionné ! Du coup j’ai hâte de mettre en pratique ce qu’il m’a appris. Sinon bien sûr j’adore pratiquer la magie, mais je dois t’avouer que pour tout ce qui touche à la théorie je suis vraiment à côté de la plaque… »

Prudence soupira et baissa les yeux, un peu gênée de se dévoiler devant Cécilia qui de surcroit était une élève sérieuse ; allait-elle vouloir devenir son amie si elle savait que la brune n’était pas quelqu’un de studieux ?

« J’ai énormément de mal à rester concentrée, lui avoua-t-elle dans un souffle, pourtant je te promets que ce n’est pas de la mauvaise volonté ! Mais dès que je reste assise trop longtemps, mes pensées m’échappent et je ne peux plus suivre le fil même avec tous les efforts du monde… Je dois fournir deux fois plus de travail pour me maintenir au niveau et encore parfois c’est difficile, surtout pour la Métamorphose et les Potions… Dès qu’il faut mettre en pratique en revanche je m’en sors plutôt bien, mais j’ai peur de ne pas m’en sortir aux examens théoriques de fin d’année… »

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La bibliothèque était très calme et paisible et les livres flottaient dans les airs pour rejoindre leurs étagères respectives. La brune examinait attentivement le parchemin de Cécilia, concentrée. Après un moment d’annotations, d’allers-retours entre son devoir, celui de la rouquine et le gros livre posé sur la table, Prudence rassura sa camarade sur la qualité de son travail. Il manquait certaines choses et d’autres devaient être allégées pour donner le devoir parfait. Les idées de Cécilia trouvèrent alors dans son esprit un ordre logique et elle sut comment terminer son travail. Ça n’allait même pas lui prendre un temps fou. Elle leva la tête vers sa partenaire et lui adressa un sourire reconnaissant.

Prudence mettait la rouquine plutôt à l’aise et répondait à ses questions avec engouement. Elle y ajoutait des détails et les phrases s’écoulaient simplement et sans faux semblants. Cécilia adorait la simplicité et le naturel car cela lui rendait la vie et les relations si faciles. La brune parut un peu gênée lorsqu’elle expliqua à sa camarade que le côté théorique des cours n’était pas du tout son fort. Cécilia se demanda pourquoi, si elle n’était pas douée en théorie, c’est qu’elle était douée pour autre chose et ça ne faisait pas d’elle une moins que rien. D’ailleurs, elle avait ce côté papillonnant et curieux que la rouquine enviait beaucoup : elle n’avait pas sa spontanéité ni son naturel. Prudence avait un frère qui travaillait dans la préservation des colonies de créatures menacées et un voile presque imperceptible passa dans le regard de Cécilia qui pensa à sa mère en mission en Espagne avec ses dragons. Elle n’avait plus que trois ans à attendre son retour et à l’époque ne se doutait pas qu’elle ne la reverrait jamais, elle lui manquait beaucoup et les lettres ne suffisaient malheureusement pas à combler le manque.

« Ma maman travaille en Espagne, elle élève des dragons » dit la jeune fille, le cœur remplit de fierté. Elle renchérit alors sur les difficultés qu’avait évoqué Prudence : « Ne t’inquiète pas, je sais que ce n’est pas de la mauvaise volonté, la théorie n’est pas faite pour toi voilà tout ! Et tu sais, reconnaître que l’on ne sait pas faire certaines choses, c’est bien pour axer son avenir. Au moins, tu sais que tu préfères être dans l’action plutôt que les bouquins, y en a qui aiment les deux, d’autres qui préfèrent les livres, c’est ça la diversité ! Et pour les examens théoriques, si tu veux je t’aiderai, on fera ça ensemble et tu les valideras. Je te dois bien ça avec tout ce que tu m’as aidé aujourd’hui !»

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Le sentiment d’avoir aidé quelqu’un était une sensation agréable que Prue n’avait pas assez ressenti dans sa vie. Non pas qu’elle soit quelqu’un d’égoïste, c’était même plutôt l’inverse, elle n’en avait juste que trop rarement eu l’occasion. Chez elle, elle était la cadette et n’avait donc personne à aider, tout le reste du foyer étant des sorciers de second cycle. Elle n’était pas allée à l’école moldue avant sa rentrée à Poudlard et n’avait donc pas côtoyé beaucoup d’enfants avant sa onzième année. Et même depuis ses deux ans d’étude ici, elle n’était pas du genre à avoir les capacités suffisantes pour pouvoir se rendre les autres. Les seuls fois où elle avait eu le sentiment d’intervenir de façon efficace était pour aider un camarade dont on se moquait, et encore du haut de as deuxième année d’étude elle n’était pas très impressionnante… Pouvoir le faire aujourd’hui avec Cécilia avait donc quelque chose de très plaisant. Ou alors était-ce le sentiment qu’une amitié était en train de naître peu à peu ? Sûrement !

Sa camarade de dortoir lui parla de sa mère et Prue fut impressionnée ; vouer sa vie aux dragons, et dans un pays étranger en plus, voilà quelque chose qu’elle admirait ! Il s’agissait de créatures à la fois magnifiques et dangereuses, et la brune comprenait parfaitement que l’on puisse vouloir les étudier. Il y avait tant d’espèce, tant de propriétés magiques, tant de caractère différent parmi les colonies de dragons que l’on n’avait pas assez d’un vie pour tout apprendre. Le rêve d’un magico-zoologiste, en somme.

« Wow, tu dois être très fière d’elle ! Les dragons sont vraiment des créatures sublimes ! » conclue Prue en remarquant les étoiles dans yeux de la rouquine alors qu’elle parlait de sa mère.

Et il y avait totalement de quoi ! Cela devait être dur de savoir sa mère si loin de la maison. Rentrait-elle au moins pour les fêtes ? Les anniversaires de ses enfants ? Prudence l’espérait. Elle ne s’imaginait pas passer un Noël sans ses deux parents réunis !

Écoutant le raisonnement de son amie avec sérieux, Prue écarquilla les yeux. Elle n’avait jamais envisagé la chose sous cet angle, mais Cecilia n’avait pas tord, en effet. Elle savait que jamais elle ne pourrait pratiquer un métier qui nécessitait de la concentration et du travail écrit pendant des heures, étant bien trop dissipée pour cela. Alors que s’imaginer sur le terrain, à brandir sa baguette, courir dans tous les sens, l’esprit toujours vif et alerte, oh ça oui ! C’était une façon sage de voir les choses, elle tenterait de retenir tout ça la prochaine fois qu’elle se sentirait prise de court par un énième devoir interminable de métamorphose !

« Oh c’est très gentil à toi ! s’exclama Prue, vraiment touchée par l’aide que lui proposait spontanément la rouquine, je pense que tu pourrais vraiment m’aider à cerner ce qui ne va pas avec ma façon de travailler… Toute seule je patauge et au final je perds plus mon temps qu’autre chose… Ça se voyait à la façon dont tu avais fait ton devoir d’Histoire de la Magie que tu es très ordonnée et que tu sais clairement où tu veux aller, je pense que c’est ce qui me manque… En tout cas c’est vraiment gentil à toi ! »

Quelque chose lui disait qu’elle côtoierait bien plus Cécilia dans les prochaines années à Poudlard, et cela l’enchantait. Elle s’était fait quelques connaissances en un peu plus d’un an au château, mais pas de réelles amitiés. Avec la rouquine, elles pourraient faire la paire, c’en était certain !

« Ça te dit qu’on se retrouve dans la salle commune une fois que tu auras terminé ? lui proposa-t-elle en désignant le peu de travail qu’il restait à Cécilia pour terminer son devoir d’Histoire de la Magie, je ne sais pas si tu es fan mais j’adore la bataille explosive et je n’ai pas forcément de partenaire ! »

La Gryffondor hésita ; peut-être que Cécilia n’aurait pas envie de la rejoindre pour jouer à la bataille, elle aurait peut-être dû lui proposer autre chose ? En plus l’heure du dîner n’allait pas tarder, décidément ce n’était peut-être pas la meilleure idée…

« Ou on peut faire tout autre chose, bien sûr, se rattrapa-t-elle, en plus c’est bientôt l’heure de manger ! »

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