Quand les dés vont plus loin que l'histoire [Sage / Jack]

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Quand les dés vont plus loin que l'histoire
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Sage / Jack
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Mars 2024

Et si c’était mieux avec de l’imagination ?

Il était tard, et je devais être raisonnable pour me coucher tôt et entamer la semaine en forme. Un dimanche soir, la Salle Commune était généralement calme. Personne ne voulait aller se coucher, pour ne pas avoir à affronter le lundi matin. Comme si éviter de fermer les yeux pouvait arrêter le temps. C’était pourtant ce que je croyais dur comme fer, du haut de mes onze ans. Combattre l’horloge, en duel acharné avec les aiguilles, j’avais mon livre de notes entre les mains. Pas pour réviser, non. Mais pour écrire, pour continuer cette histoire qui me tenait à cœur.

J’étais un démon, capable de tout raser sur son passage. J’avais imaginé ce personnage en vue de ma prochaine partie de jeu de rôle à Lucan. Avec mes parents, nous nous y étions mis tous les trois l’an dernier. Je pensais, et je pense encore, qu’ils avaient accepté pour me faire plaisir, voyant qu’aucun camarade ne voulait se prêter au jeu. Moult tentatives, mais jamais quoi que ce soit de concluant. Des remarques dignes d’un enfant en guise de bilan de l’après-midi : « C’est nul ton jeu, ça sert à rien de toute façon, la magie c’est chiant. Je préfère sortir dans le parc et m’amuser avec des vrais amis. ». Mes parents avaient été témoins de la scène, nous jouions dans le salon. De la pitié ? Peut-être. Mais toujours est-il qu’ils étaient venus me voir après que mon camarade soit parti. J’avais les yeux qui brillaient, j’étais sur le point de pleurer. Comme un tragique destin de jouer seul. Vous avez déjà vu un Maître du Jeu sans joueurs ? L’un n’existait pas sans l’autre. Et il me manquait une partie. C’était probablement pour cela que mes parents avaient décidé de s’y mettre. Pour voir leur fils heureux. Et rien que pour cela je leur en étais reconnaissant. Par la suite, je n’étais plus le seul à m’amuser. Nous avions même démarré une campagne où je guidais les deux protagonistes à travers une contrée dangereuse et pleine de rebondissements.

Et si c’était mieux avec de l’imagination ?

Il se faisait tard, mais je n’avais pas fini d’écrire mon personnage qui allait servir de grosse brute pour le prochain scénario. Une sorte de boss de fin de donjon, un affrontement ultime avant d’arriver à la salle des trésors, pleine de promesses et d’équipements légendaires. Si tout était aussi fantastique que dans les jeux de rôles, je n’aurais pas eu besoin de m’enfermer dedans. Mais était-ce une si mauvaise chose ? Alors que le commun voyait un oiseau chantant sur une branche, je voyais un dragon sur son rocher défendant son butin gagné au prix de tant de sacrifices humains. Alors que tout le monde voyait un livre posé sur une table, je voyais une infinité de possibilités, de vivre une histoire. Si tout pouvait se passer comme dans ma tête, nous vivrions à cent à l’heure, sans s’ennuyer, toujours parés pour une quête pleine de récompenses.

La plume commençait à ralentir, ma tête voulait encore écrire des centaines de pages, mais mon corps me sommait de m’arrêter sous peine de le payer le lendemain. Je me levai, et dans un bâillement me retournai vers les escaliers. Quand je l’aperçus. Mon livre de notes toma au sol, la page fraîchement écrite visible. Le ridicule m’attendait probablement.

Et si c’était mieux avec de l’imagination ? Il était temps de le savoir.

Codage par Libella sur Graphiorum

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quand les dés vont plus loin que l'histoire

jack & sage

You had your maps drawn You had other plans To hang your hopes on Every road they let you down felt so wrong So you found another way You've got a big heart The way you see the world It got you this far You might have some bruises And a few of scars But you know you're gonna be okay And even though you're scared You're stronger than you know

Le dimanche soir n’était, certes, pas la journée favorite de Sage. Normalement le moment où il choisissait de rattraper le retard qu’il avait accumulé dans ses devoirs pendant le week end. Si on pouvait parler de “retard” en ce qui concernait le fils Sinclair qui avait pour habitude d’être en avance sur ses compagnons. Il passait normalement ses fin de semaine à faire du Quidditch, traîner avec ses amis, embêter Jade Shepherd, réunir son club de D&D magique, embêter de nouveau Jade Shepherd parce que c’était très drôle, et plein d’autres choses qu’un adolescent de son âge aime faire. Quand arrivait les dimanches soirs, un mélange de tristesse et d’excitation de mélangeait dans le coeur du jeune homme. La désolation de voir ces heures de plaisir derrière lui, le moment était venu de retourner travailler pour être un bon petit sorcier. L’excitation d’aller apprendre de nouvelles choses, au plutôt d’aller faire briller ses connaissances déjà partiellement apprissent devant le reste de ses camarades de classe. Sage était de ceux qui aimait briller. Il était un jeune homme vif d’esprit, avec une soif de connaissance incommensurable et une bonne dose d’arrogance pour énerver, à un moment où un autre, tout le monde qui croisait son existence. Ce soir, c’était sa soeur Kenny qui était énervée contre lui alors que les trois amis - Jayden, Mackenzie et Sage - profitaient des dernières minutes de liberté avant de devoir aller au lit pour attaquer la semaine à rigoler et discuter autour d’un bon bol de croustilles acheté chez Honeyduke. « N’importe quoi Sage, t’es incapable de faire un tel sort. C’est de la bullshite ! Même moi, je ne l’ai pas encore vu en classe. C’est le dernier chapitre de l’année et nous y sommes pas encore arrivé. » ,disait l’adolescente avec un roulement de yeux avant de poser son regard d’un air entendu sur Jayden comme si elle cherchait confirmation. « C’est pas parce que t’y es pas capable que j’en suis incapable Kenny ! Je suis nettement plus brillant que toi ! », répliqua Sage les poings sur les hanches. Comme à l’habitude, Jayden se tenait dans son coin, un petit sourire en coin, observant le frère et la soeur se disputer sans rien dire. Il avait bien vite appris que se mettre entre ses deux meilleurs amis ne finissaient jamais bien pour lui, donc se taisait, s’amusant seulement de les voir se taper sur le gueule pour la troisième fois de la journée. « Si t’es si doué, prouve le ! », lâcha Kenny un air de défi dans la voix. Son frère cadet ne sut résister plus longtemps à jouer les génies, tira sa baguette de sa poche avant de s’éclaircir la voix. « Avis! », lança-t-il sur un ton plus que sérieux. Évidemment, le sort n’était pas encore au point. S’il avait prétendu avoir réussi par le passé, cette fois, il ne se passa rien. « Je savais que tu mentais ! », dit Mackenzie Sinclair sur un ton nettement supérieur qui eut tôt fait de piquer son petit frère dans sa fierté. Furieux, Sage quitta le dortoir en claquant la porte derrière lui. La baguette toujours en main, il fila vers la salle commun espérant sincèrement que ni sa soeur, ni son meilleur ami de l’avait suivit.

La pièce était calme lorsqu’il y entra. Il n’y avait pas grand monde vu l’heure qui commençait à se faire tardive. Malgré le calme de la pièce, ça ne suffit pas à assoupir l’humeur tempétueuse du vert et argent. La rage le fit donner un coup de pied dans une table. Geste que le deuxième année regretta presque aussitôt lorsque la douleur commença à se diffuser le long de son gros orteil, son pied, plus son mollet. Ça avait tout de même eut pour effet de faire descendre sa rage d’un cran. Il était là, sautillant sur un pied, se tenant l’autre d’une main espérant faire disparaître la douleur lorsque son regard capta la présence du carnet sur le sol un peu plus loin. Intrigué, Sage posa prudemment son pied douloureux sur le sol, glissa sa baguette dans sa poche et s’approcha à pas de loup pour récupérer l’objet à l’origine de cette curiosité. Il ne lui fallut guère longtemps pour comprendre qu’il venait de mettre la main sur des notes. Pas des notes de classes comme il s’y attendait avant de se mettre à lire, et pas un journal intime non plus. Non. Les notes d’un rôliste en herbe. Quelqu’un qui prenait, visiblement, plaisir à écrire une potentielle quête. Curieux de savoir à qui appartenait ses notes, le deuxième année leva les yeux des écritures pour chercher son auteur dans la pièce - s’il y était encore. Son regard croisa celui d’un gamin avachi sur le sofa, les yeux plein de sommeil, mais toujours éveillé. « C’est à toi ? », demanda Sage en leva un peu le carnet pour lui indiquer de quoi il parlait. Le ton de sa voix était un peu froide et arrogante à la fois. Avec lui, on ne savait jamais à quoi s’attendre, tout comme lui n’attendit pas plus de réponse de la part du gamin avant de continuer à parler. « T’as encore beaucoup à apprendre. C’pas au top ton truc. » Peut-être un peu rude, mais Sage s’en fichait. Il ne connaissait pas son interlocuteur, et doutait avoir envie de le faire. C’était pas vrai, il avait un fond de talent derrière les écrits, sauf que ça, le deuxième année n’allait pas l’admettre. Ce serait dire que le gamin avait matière à devenir meilleur que lui. Sage n’acceptait jamais qu’on soit meilleur que lui...

(c) DΛNDELION

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Sage / Jack
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Mars 2024

Le livre au sol avait trouvé preneur. Et moi, sur le canapé à moitié endormi, partagé entre la honte et le ridicule, fut témoin d’une scène qui m’était bien trop familière. Une scène où mes camarades étaient tombés sur mes écrits et s’étaient moqués sans scrupule devant toute la classe. C’était ce genre de scène qui me restait dans la tête, même si j’avais acquis un peu plus de confiance en moi depuis. Je me demandais même si cette impression de honte allait me quitter un jour. Je n’avais que onze ans, mais ma sensibilité m’empêchait d’oublier quoi que ce soit de ce genre. La moindre petite humiliation pouvait me plonger dans une spirale difficile à gérer. Du moins sans aide.

Le jeune Serpentard ramassa le livre et le lut, comme pour l’analyser. Ces quelques secondes passèrent comme des heures. Je n’avais jamais demandé l’avis de quelqu’un sur mes scénarios, sur mes créatures, sur mes personnages, sur mes idées. Jamais je n’avais trouvé le courage de demander à quiconque de dire ce qu’il pensait de tout ce contenu, et le voir feuilleter mon livre de notes m’angoissai.

Profondément. Je me doutais que la qualité de ce que j’avais écrit ce soir était discutable, aux vues de l’heure tardive, et je m’attendais à une critique sèche et mauvaise. D’autant qu’il devait probablement y avoir des fautes de non relecture. Je n’avais pas eu le temps de vérifier mes écrits, et ce qu’avait le jeune garçon devant ses yeux était un transfert brut de mes pensées imaginatives. Rien n’avait été travaillé.

« T’as encore beaucoup à apprendre. C’pas au top ton truc. ». Je m’en doutais. A vrai dire, je savais qu’il fallait que je travaille le contenu, mais je ne m’attendais pas à tant de manque de tact. Surpris devant ce retour un peu sec, j’étais décontenancé. « Je sais oui, y a encore du travail à faire dessus, mais c’est une base pour le moment, c’est un scénario de base pour une fin de campagne facile. ». Mais avec le recul rapide, je me rendis compte qu’il connaissait l’univers, pour en faire une critique pareille. Je ne m’étais jamais intéressé autour de moi au château si d’autres élèves jouaient à des jeux de rôles, quels qu’ils soient.

Je m’approchai pour récupérer mon livre, au moins pour me sentir plus en sécurité, et relus le contenu. Il était vrai, après une relecture rapide, qu’il y avait clairement des détails à retravailler, que ce soit sur la créature en elle-même ou encore la description du donjon. La salle du boss de fin devait être plus grande, au moins pour laisser les personnages évoluer avec plus d’aisance et avoir plus de possibilité. Le monstre devait avoir un point faible, que je n’avais pas écrit. Tous ces petits détails, après un passage bref à froid, rendait le contenu assez pauvre, j’en convenais. Et je comprenais ce que voulais probablement dire mon interlocuteur. Mais j’étais vraiment curieux de savoir ce que lui voyait pour améliorer ce que j’avais écrit, ne serait-ce que pour voir ce que lui aurait rajouté ou enlevé. L’univers de Donjons et Dragons était vaste et offrait un potentiel riche, on pouvait réellement s’amuser à inventer sans être bloqué par l’environnement ni les contraintes.

« Moi c’est Jack au fait. Je suis en première année, ça doit se voir. Tu as l’air de t’y connaître, ça fait longtemps que tu joues ? Qu’est-ce que tu aurais enlevé ou rajouté toi au boss de fin de donjon ? ». J’étais réellement curieux d’avoir son avis, au moins pour voir si une imagination différente de la mienne pouvait enrichir mon contenu. Peut-être que l’échange pouvait découler sur une table, c’était une possibilité qui venait de fleurir dans ma tête. Ma bourse de dés dans mon tiroir de table de chevet allait probablement servir après tout.

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You had your maps drawn You had other plans To hang your hopes on Every road they let you down felt so wrong So you found another way You've got a big heart The way you see the world It got you this far You might have some bruises And a few of scars But you know you're gonna be okay And even though you're scared You're stronger than you know

En débarquant dans la salle commune après sa “dispute” avec Kenny,le dernier fils Sinclair ne s’attendait pas à mettre le nez sur un carnet contenant les écrits potentiel d’une partie de donjons et dragons. Il s’attendait encore moins à tomber sur un gamin à moitié endormi aux pieds duquel se trouverait les dit écrits. Le brun n’était pas tellement d’humeur à faire des nouvelles rencontres. Après tout, pourquoi pas. Si ça pouvait l’aider à oublier la honte qu’il venait d’avoir en ratant son sortilège… Sa fierté en avait prit un coup. Il avait bien besoin de se remonter un peule moral - et son estime personnel. Ce gamin ferait l’affaire question de distraction. Jusqu’à ce qu’il devienne d’un ennuie mortel, bien évidemment… « Je sais oui, y a encore du travail à faire dessus, mais c’est une base pour le moment, c’est un scénario de base pour une fin de campagne facile. » Oh tiens, voilà qu’on le glorifiait d’une explication. Après tout, il n’était pas débile, il savait très bien reconnaître le truc comme il savait voir au travers du garçon qu’il était complètement noice et que, visiblement, il n’avait jamais vraiment joué au truc. Il se lançait dans une tentative de “maître du jeu” sans même avoir déjà fait la partie joueur à ce que Sage avait pu lire sur les quelques lignes survolées. Le deuxième année toisa son cadet d’un air supérieur, ne se gênant pas pour laisser un jolie sourire moqueur sur ses lèvres. « J’aurais dit “pour une campagne mortellement ennuyeuse”, mais j’imagine que lorsqu’on n’y connait pas grand chose, elle semble palpitante. », répliqua Sage au jeune serpentard sur un ton moqueur. La cruelle vérité. L’adolescent aimait plaire, amis dans une mesure où il n’avait pas à prétendre que les merdes de ceux qui l’entouraient étaient palpitantes.

L’autre s’approcha pour récupérer son carnet des mains de Sage. Le fils de pasteur trouva le geste impoli, puisqu’il lui prit directement des mains - le lui arracha presque - alors qu’il ne le lui avait pas demandé. C’était le genre de chose qui le faisait normalement grincer des dents. Après tout, Sage ne lui avait pas volé son carnet, il l’avait seulement ramassé sur le plancher. S’il ne tenait pas à ce que quelqu’un tombe dessu, il n’avait qu’à mieux surveiller ses effets personnels. Bien élevé, il ne releva toutefois pas l’impolitesse, se contentant de toiser le garçon alors qu’il s’adressait de nouveau à lui. « Moi c’est Jack au fait. Je suis en première année, ça doit se voir. » Évidemment que ça se voyait. Aussi bien qu’un nez au milieu d’un visage. En plus d’être minuscule, il avait cet air de petit chien perdu que tout les premières années portaient. Facilement repérable. Le vert et argent se contenta de secouer la tête en signe d’affirmation. « Je suis Sage. », se contenta-t-il de répondre omettant volontairement de lui indiquer en quelle année il se trouvait. Il détestait le faire depuis qu’il devait mentionner que, malgré ses quatorze ans, il soit encore en deuxième année. Tout ça par la faute de Blackman… Ça le dégoûtait ! « Tu as l’air de t’y connaître, ça fait longtemps que tu joues ? Qu’est-ce que tu aurais enlevé ou rajouté toi au boss de fin de donjon ? » Sage réfléchit quelques secondes avant de répondre sur son ton le plus arrogant au jeune première année : « Difficile de ne pas s’y connaître quand on est le fondateur du club de D&D magique de Poudlard. J’y joue depuis que je suis assez vieux pour lire sans accrochage. Disons que je maîtrise largement le sujet. » La fierté pointait plus que nécessaire au travers de ses paroles soigneusement choisis pour tenter d’impressionner le dit Jack. « Honnêtement, Jack, à ta place, je recommencerais à zéro. Pas que ce soit complètement nul, mais, pardonne ma question, as-tu seulement déjà joué en tant que joueur avant de te lancer dans l’écriture de campagne ? Il semble y avoir des lacunes dans ton texte. Des trucs bien jolis sur papier, sauf qu’une fois mis en jeu, ce sera une autre histoire. Ça risque d’être un peu ardu voir impossible de mettre en scène. » Le deuxième année ne voulait pas être méchant. Pas complètement du moins. Il lui était toutefois impensable de laisser le garçon se planter de la sorte. Quant à y être, autant lui faire sentir que son aide serait indispensable, qu’il n’y arriverait pas sans lui. Ça, c’était un baume sur la fierté entaché de Sage.

(c) DΛNDELION

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