[ANNEE 2017-2018] Ce n'est qu'un mauvais moment à passer...

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Hecate était dissimulée derrière un pan de mur, veillant à ce que personne ne la remarque. La simple idée que l’on puisse la surprendre la rendait malade… si quelqu’un venait à savoir qu’elle se rendait dans le bureau de la Directrice, elle frôlerait sans doute la crise cardiaque. Si pour certains élèves le fait de se rendre en retenue était parfaitement insignifiant, elle en revanche était complètement torturée par cette simple idée. Pire encore… si Astride l’apprenait… oh, elle préférait ne même pas imaginer dans quelle situation elle se retrouverait. Elle avait raconté aux trois quarts de son entourage qu’elle se rendait à la bibliothèque tous les soirs après les cours, de même pour les mercredis et dimanches matins. Elle s’était justifiée par son devoir de botanique et ses recherches sur la ronce… seuls quelques rares Serdaigle étaient dans la confidence mais elle ne s’était pas étendue là-dessus, trop honteuse. C’était sa première retenue depuis six années de scolarité et elle était très loin d’en être fière, y songer continuellement l’empêchait souvent de se concentrer ou de dormir en paix. De toutes manières, elle ne se souvenait pas vraiment de la dernière fois où elle avait eu un sommeil paisible…

« Tiens Hecate ! Ca faisait longtemps ! »

La Serdaigle avait sursauté, peinant à dissimuler sa surprise. C’était terminé, elle était prise sur le fait. Comment se justifier ? On allait se moquer d’elle, la montrer du doigt, dire qu’elle n’avait aucune valeur… cette pensée l’horripilait. Et dire qu’elle n’avait rien demandé à personne… elle aspirait seulement à se faire oublier, à retrouver ses livres, ses manuels de divination, et à se garder loin de toutes ces personnes néfastes. Osant à peine se retourner pour faire face à son interlocutrice, elle reconnut Zora, ce qui ne la rassura pas pour autant. Prise de panique, la Serdaigle cherchait une solution tout en jetant des coups d’œil nerveux autour d’elle, sans qu’aucune ne lui vienne à l’esprit. De crainte que la Gryffondor ne soupçonne quelque chose à propos de sa présence en ces lieux, elle s'était empressée de se justifier plus ou moins maladroitement.

« J’étais… en train de me rendre à la bibliothèque. J’ai beaucoup de travail à faire. D’ailleurs… il faut que j’y retourne. »

Faisant volte-face de peur que Zora lui demande plus de détails, elle s’empressa de prendre un escalier qui l’éloignait encore davantage du bureau dans lequel elle était attendue. Mais bien trop soucieuse de ne pas se faire voir, elle était prête à prendre toutes les précautions nécessaires pour passer inaperçue. Mais à force de perdre du temps, le retard allait finir par la guetter… complètement angoissée et paniquée à la simple idée de ne pas respecter l’horaire, son teint était devenu livide tandis qu’elle essayait tant bien que mal de trouver un moyen de remonter sans que personne ne la suspecte d’être en retenue. S’il y avait bien quelque chose à quoi elle tenait plus que tout, c’était à sa réputation d’élève sérieuse, et elle ne voulait pas prendre le risque de la voir davantage entachée. Vérifiant que la voie était libre, elle se faufila prudemment jusqu’au premier étage, prononça le mot de passe une fois, puis une seconde fois puisqu’elle n’avait pas pris la peine de l’articuler correctement et s’empressa de monter les escaliers. La gorge nouée et la boule au ventre, elle hésitait à franchir l’ouverture, mais se rappelant qu’elle ferait mieux de ne pas s’attarder elle s’y contraint en prenant sur elle. C’était la seconde fois qu’elle pénétrait dans les locaux directoriaux… et une fois ses retenues effectuées, elle espérait bien ne plus avoir à y mettre les pieds. N’osant pas affronter le regard de la Directrice, elle avait baissé le sien, les joues encore empourprées.

« Bonjour… » s’était-elle risquée timidement, d’une voix à peine perceptible.

Toujours paralysée, elle n’avait pas osé s’avancer, restant à une certaine distance du bureau et se demandant si elle disposait de suffisamment de rouleaux de parchemin puisqu’elle ignorait en quoi consisterait sa retenue. Si c’était la Directrice qui devait décider de son châtiment, sans doute pouvait-elle espérer qu’elle ne lui demande pas d’aller s’aventurer dans des marécages chercher des Pitiponks… de toute manière, il n’y avait pas de marécage dans les environs. Du moins c’était ce qu’elle pensait… elle n’était jamais allée voir dans la forêt interdite. Et si elle devait descendre dans le lac ? Il fallait espérer que ce ne soit pas le cas…

Le dernier rendez-vous de la journée — un postulant pour le poste de Professeur d'Histoire de la Magie — venait de quitter son bureau, laissant un silence total s'installer dans la pièce. La Directrice rangea machinalement quelques papiers qui s'empilaient sur son bureau, c'était inutile de commencer quoi que ce soit puisque le repos ne serait pas de très longue durée et pour cause, l'une des élèves devait arriver d'une minute à l'autre. Hecate Juliet, une excellente élève de Serdaigle qui n'avait, jusqu'à présent, jamais fait parler d'elle autrement qu'en éloges de la part de ses enseignants. Et voilà que l'un des meilleurs éléments de sixième année avait été trouvé dans une position inquiétante dans les serres de l'école. Elle peinait à comprendre ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour en arriver là. Il y avait des élèves qu'on ne s'étonnait plus de voir dans de sales draps, cherchant les retenues et autres punitions bien plus que les Optimal mais là... Jamais elle n'avait inquiété qui que ce soit par un comportement inapproprié, et d'un coup elle se mettait à suivre les traces inadmissibles des pires de ses camarades.

La porte s'ouvrit finalement alors qu'elle refermait un tiroir dans lequel elle venait de ranger sa plume et quelques derniers parchemins. Minerva releva la tête vers l'entrée de son bureau et ne fut pas surprise en voyant la jeune fille dans l'embrasure de celle-ci. Elle n'était pas en retard et semblait au bord du malaise tant elle était livide. Au moins, elle ne semblait pas ravie d'être là, prenant cette retenue comme un triomphe inespéré comme cela était parfois le cas avec certains multirécidivistes. Elle ne parut pas prête à entrer réellement ni même à affronter son regard. Si elle était honteuse d'avoir atterri ici par ses propres méfaits, peut-être était-il bon d'imaginer qu'elle ne recommencerait pas l'expérience une nouvelle fois ? Il pouvait arriver à tout le monde de faire une erreur, un pas de travers et tant qu'il n'était pas question d'en faire une habitude, il n'y avait rien de très alarmant. Cela n'enlevait rien à la gravité des faits, c'était certain...

« Bonjour… »

La Directrice croisa les mains sur son bureau tout en observant son élève qui ne semblait décidément pas décidée à s'approcher, comme si elle risquait qu'il puisse lui arriver elle ne savait trop quoi si elle ne venait qu'à faire un seul pas de plus. Le plus dur était fait, elle était venue jusqu'ici, elle n'avait pas essayé d'échapper à ce rendez-vous forcé. Elle attendit quelques secondes mais rien ne vint. L'adolescente paraissait incapable de faire le moindre geste, comme paralysée. D'un mouvement de baguette, elle fit bouger la chaise qui se tenait devant elle. Hecate n'allait tout de même pas rester debout pendant une heure.

"Installez-vous, Miss Juliet."

Elle lui laissa le temps de le faire sans trop la brusquer. Bien sûr, elle n'était pas là pour la féliciter mais elle semblait avoir compris d'elle-même que ce qu'elle avait n'avait pas sa place dans une école et était assez honteuse et mal pour lui éviter mille et unes remontrances sans fin. Il lui fallait avant tout comprendre ce qui avait pu pousser une si bonne élève à rompre avec son image au risque de mettre son avenir en péril. Elle agita sa baguette derechef et fit apparaître deux tasses de thé qui se posèrent délicatement devant chacune d'elles. Elle laissa le silence, certainement pesant pour la jeune fille, s'installer pour quelques instants encore puis se pencha légèrement, le visage grave.

"Comment pourriez-vous expliquer votre geste ?"

Sa voix était calme, presque neutre. Elle n'était pas là pour la rassurer mais lui faire miroiter plus d'ennuis qu'elle pourrait en supporter en une vie entière ne semblait pas non plus très utile vu l'état dans lequel la Serdaigle s'était elle-même mise...

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"Installez-vous, Miss Juliet."

Intimidée, Hecate consentit à s'approcher. La pression était la même que celle qu'elle avait eu lors de ses BUSEs l'an passé... sauf qu'à la différence, cette fois-ci il lui semblait qu'elle ne pouvait pas tomber plus bas. Certes, il y avait toujours la perspective du renvoi, dont la simple idée la révulsait. Pour le coup, elle ne s'en remettrait probablement jamais... pouvoir se retrouver en retenue un jour ne lui avait jamais effleuré l'esprit. C'était quelque chose qu'elle cédait volontiers aux élèves qui passait leur temps à chercher à en recevoir, comme par exemple à l'abruti narcissique de Gryffondor qui se prenait pour le maître du château ou au rouquin récidiviste qui semblait avoir pris un abonnement à l'année dans les locaux du concierge. Loin d'elle l'idée de pouvoir un jour être apparentée à ce genre de mauvaises herbes, elle s'était toujours gardée du moindre écart et voilà qu'aujourd'hui elle se retrouvait dans une situation des plus inconfortables. Déjà qu'elle était nerveuse de nature, cet aspect se renforçait en présence de la maîtresse des lieux. Cette dernière ne semblait pas particulièrement énervée, ou disposée à l'enfoncer davantage... c'était déjà au moins ça. Hecate s'assit donc avec appréhension, toujours angoissée de ce que pourrait lui dire la directrice. Le silence qui avait suivi ses premières paroles commençaient à se faire ressentir lourdement, faisant accroître la tension et laissant imaginer à la Serdaigle qu'elle risquait plus d'ennuis qu'elle ne l'avait prévu. Fallait-il que ce soit elle qui parle la première? Devait-elle s'excuser de ses actes? Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle aurait du faire ou dire, et craignait bien trop d'être maladroite en se lançant dans un discours dans lequel elle expliquait qu'elle regrettait son geste, que jamais cela ne se reproduirait, etc.

"Comment pourriez-vous expliquer votre geste ?"

Hecate dut prendre sur elle afin de ne pas laisser son teint reprendre une couleur écarlate. Curieusement, son ton ne semblait pas chargé de reproche, mais plutôt calme... mais la question l'avait prise au dépourvu. A vrai dire, elle avait elle-même du mal à l'expliquer, si ce n'était qu'elle n'avait trouvé aucun motif capable de justifier son acte. Un temps, elle avait essayé de tout mettre sur le dos de Charles, en vain... la seule fautive, c'était elle puisqu'elle y avait consenti. Croisant et décroisant ses doigts sous le bureau et le regard toujours fuyant, elle essayait tant bien que mal de trouver une réponse qui aurait pu clairement expliquer ce qui l'avait poussée à agir de la sorte, nerveuse à l'idée de voir sa scolarité entre les murs de Poudlard en péril. Tout simplement, elle pensait s’être trouvée au mauvais endroit au mauvais moment, avait voulu oublier ses angoisses continuelles quitte à se laisser aller à des pratiques qu’elle était la première à reconnaître d’ordinaire comme scandaleuses et l'avait amèrement regretté par la suite. C'était ainsi qu'elle s'imaginait la chose. Toutefois, elle aurait du hériter des mêmes sanctions que son camarade, puisque finalement, elle était aussi fautive que lui, même s'il semblait accoutumé à ce genre d'incartades. Sans toucher à la tasse qu'avait fait apparaître la directrice quelques secondes plus tôt, la gorge trop nouée pour pouvoir avaler quoi que ce soit, elle avait levé les yeux vers elle.

" Je... je ne sais vraiment pas ce qui m'est passé par la tête... probablement la pression des examens... " se hasarda-t-elle hésitante.

C'était peut-être le cas, ou peut-être pas d'ailleurs. Déglutissant et jugeant inutile de se répandre en justifications alors qu'il n'y avait rien à justifier, elle se mordilla de nouveau la lèvre inférieure, confuse. N'osant pas demander en quoi aller consister sa retenue, elle n'avait pu s'empêcher d'imaginer des dizaines de scénarios possibles, tous pires les uns que les autres. Il fallait espérer qu'il s'agisse d'un travail écrit supplémentaire ou quelque chose dans le genre, tant qu'elle n'était pas envoyée chercher une quelconque plante dans la forêt ou une créature que l'on puisse qualifier de nuisible... cela dépendrait sans doute de la tournure que prendrait l'interrogatoire. La directrice ne lui ferait sans doute pas la faveur de lui éviter une sanction qu'elle jugeait bien méritée, il ne fallait donc pas s'attendre à ce que ses tourments prennent fin dès à présent. Elle commençait même presque à se faire à cette idée...

La réponse tardant à venir, Minerva avala une gorgée de thé avant de scruter le visage de la jeune fille. Celle-ci ne semblait pas très à l’aise, ce qui, en un sens était plutôt bon signe. Au moins, elle n’était pas comme la plupart des élèves qu’elle voyait défiler dans son bureau. Miss Juliet semblait prendre pleinement conscience de ses actes et bien qu’il soit un peu tard pour s’en rendre compte, la punition aurait certainement un impact positif sur son comportement. Rares étaient les élèves qui ne récidivaient pas après avoir enfreint le règlement. A croire que ça devenait une mode ces derniers temps. Les premiers mois de cours avaient d’ailleurs présagé une année riche en rebondissement et la Directrice était heureuse de constater que les choses n’avaient pas empiré depuis Halloween. Enfin, tout portait à croire que les élèves avaient retenu la leçon et que les fauteurs de troubles se tiendraient désormais à carreau. Etrangement, sous son masque impassible, Minerva avait tendance à comprendre tous les élèves qui passaient à longueur de journée derrière son bureau pour telle ou telle ânerie de leur invention. Après tout, ils étaient encore bien jeunes et voulaient certainement en profiter pour faire leurs propres expériences. Cependant, ce n’était pas parce qu’elle tentait de se montrer compréhensive qu’elle excusait leur geste. Il y avait probablement un tas de moyen de se sentir épanoui sans avoir à enfreindre le règlement, et surtout pas un nombre incalculable de fois. Dans le cas de la jeune serdaigle, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, il y avait fort à parier que la jeune fille ne recommencerait pas pareil exploit un jour. La culpabilité semblait la ronger et le regard persistant de la directrice ne l’aidait pas spécialement à se mettre à l’aise. Minerva entreprit donc de poser les yeux sur sa tasse, observant le liquide qui s’y trouvait comme pour le boire par la pensée.

" Je... je ne sais vraiment pas ce qui m'est passé par la tête... probablement la pression des examens... "

Le ton hésitant de la jeune fille lui fit relever la tête. Elle gardait cependant le visage grave, qu’elle ne pouvait pas se permettre de délaisser compte tenu des circonstances. Les explications de la serdaigle n’en étaient pas vraiment finalement et elle n’avait pas vraiment répondu à sa question. Elle aurait aimé savoir ce qui l’avait poussé à rejoindre son camarade pour de pareilles bêtises. Ça ne ressemblait en rien à l’étudiante studieuse et passionnée qu’elle avait l’habitude de côtoyer. Son dossier scolaire irréprochable parlait de lui-même et Minerva était tout de même réticente à l’idée d’y ajouter quelque chose de négatif. Miss Juliet pouvait encore sauver son précieux dossier si elle faisait un minimum d’efforts pour trouver ce qui l’avait poussé à se mettre dans une telle situation. Après tout, une seule incartade pouvait aisément être oubliée lorsqu’on considérait les merveilles qu’accomplissait la jeune fille en temps normal. Cependant, il ne fallait pas perdre de vue qu’elle venait d’enfreindre les règles et devait donc être logée à la même enseigne que tous les autres élèves. Un traitement de faveur ne risquerait pas d’être très bien vu par l’ensemble des professeurs et des élèves. La serdaigle méritait amplement sa punition et sans une plus ample explication sur les motifs de cette infraction, ce léger incident figurerait noir sur blanc sur les papiers qu’elle présenterait en vue de sa future admission à l’université. C’était déplorable et inévitable et il fallait que la jeune fille redescende sur terre et parvienne à reprendre assez d’assurance pour exposer clairement la situation.

« Mais encore, Miss Juliet ? Vous comprenez bien que la pression engendrée par les examens n’excuse pas tout. Si tous les autres élèves réagissaient comme vous l’avez fait à l’approche de la fin d’année, vous imaginez bien que les agissements de chacun seraient des plus préoccupants à l’heure actuelle. »

Le ton de sa voix n’avait pas changé. La jeune fille semblait déjà sur le point de faire une attaque, user de sévérité était donc loin d’être indispensable. Cependant, il fallait réellement qu’elle trouve le courage d’ouvrir un peu la bouche pour s’exprimer afin qu’elles puissent attaquer la retenue en question avant la semaine prochaine, ce qui n’était pas gagné pour le moment.

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« Mais encore, Miss Juliet ? Vous comprenez bien que la pression engendrée par les examens n’excuse pas tout. Si tous les autres élèves réagissaient comme vous l’avez fait à l’approche de la fin d’année, vous imaginez bien que les agissements de chacun seraient des plus préoccupants à l’heure actuelle. »

Hecate se tassa sur sa chaise, hésitante et de plus en plus mal à l'aise. Les choses s'annonçaient mal, on n'allait guère tarder à appeler ses parents probablement en vadrouille quelque part pour qu'ils viennent la chercher, elle risquait le renvoi définitif et allait être contrainte de se trouver une nouvelle école de magie où étudier puisque Poudlard ne voudrait plus d'elle. C'était affreux, toutes ses études semblaient compromises à cause de cette erreur dont elle continuerait probablement de s'en vouloir durant une belle poignée de mois consécutifs. Que pouvait-elle justifier, par ailleurs? Ses motifs? Elle n'en avait aucun, elle s'était laissée entraîner sans aucune raison valable, parce que sur l'impulsion du moment elle n'avait pas réfléchi et avait ressenti la nécessité d'agir de la sorte. Elle avait toujours vu Charles comme un scélérat de la pire espèce, elle ne pouvait prétexter s'être laissée influencer. Merlin merci, elle avait toujours veillé à ce que ce qui s'était passé avec Tyler ne se reproduise jamais plus, la leçon lui avait suffi, et elle préférait bien davantage se soucier de ses lectures pour chasser ses angoisses que de garçons qui n'auraient d'autre utilité que de la détourner du chemin qu'elle s'était tracée. Visiblement, l'objectif qu'elle s'était fixée n'avait pas été atteint puisqu'elle était en ce moment-même en train d'effectuer sa toute première retenue. Elle avait pénétré les serres par effraction et s'était retrouvée en train de fumer quelque herbe nuisible, elle n'avait jamais imaginé un jour pouvoir tomber aussi bas, mais elle s'était apparemment surestimée. Comment avait-elle pu en arriver là? Une chose était certaine, elle allait continuer de s'en vouloir jusqu'à ce que sa "peine" soit purgée et que cette histoire se retrouve à jamais enfouie. Et si elle venait à ressurgir des décombres du passé... non, par Merlin, elle ne devait pas songer à cela. Et si d'aventure Victor venait à l'apprendre... elle déglutit. Son image d'élève sérieuse était sa seule fortune, elle ne parvenait pas à imaginer un seul instant devoir s'en défaire. C'était le seul avantage qu'elle conservait face à son demi-frère, il avait tout et la seule chose qu'il n'aurait jamais pu lui voler, c'était son dossier scolaire éloigné de tout ce qui aurait pu l'entacher. Bien entendu, il ne manquerait pas de la railler à ce sujet, et sa bande d'amis prendrait inévitablement le soin de le lui rappeler à chaque fois qu'elle aurait le malheur de les croiser. Non, désormais elle allait redevenir une élève parmi le commun des autres, la honte de sa maison, et les vertus que l'on lui octroyait autrefois ne lui seraient plus attribuées. Elle finirait détestée de tous, et aurait encore de la chance si Astride consentait à lui adresser encore la parole après ce qu'elle avait fait. Et voilà, à présent elle se retrouvait juste devant la directrice, les mots bloqués dans la gorge et le teint livide, incapable de pouvoir expliquer son incartade. On lui avait laissé une chance de s'expliquer, elle n'avait pas su saisir l'opportunité et faisait probablement perdre à la directrice un temps qu'elle aurait pu consacrer à elle ne savait quoi d'autre. Comment pouvait-elle donner une raison valable alors qu'elle l'ignorait, tout bonnement, et ne voyait aucun moyen de satisfaire la directrice à ce sujet. Si elle n'était pas capable de s'apporter à elle-même des réponses, comment pouvait-elle y parvenir? Croisant et décroisant ses doigts nerveusement pendant qu'elle s'affairait à garder une respiration stable et posée.

" Je... je sais bien, oui. " articula-t-elle non sans quelque difficulté. " J'ai vraiment dérapé ce jour-là, ça... ne se reproduira plus. "

Visiblement, elle venait de gâcher sa seule et unique chance de se justifier... peut-être cela lui coûterait-il sa scolarité? Il fallait à tout prix espérer que non. Bon, après tout, Charles avait échappé au renvoi, elle pouvait librement penser qu'on ne lui demanderait pas de quitter les lieux dans l'instant. Toutefois, elle n'avait encore aucune idée de ce qui l'attendrait. Ses muscles se raidirent lorsqu'elle songea à l'éventualité selon laquelle ses parents seraient prévenus, si d'ailleurs ce n'était déjà fait. Enfin elle pouvait tout de même penser que non, ou alors elle leur avait écrit seulement la veille au soir puisqu'elle n'avait reçu aucune beuglante à ce sujet. Néanmoins, elle ne se faisait pas d'illusion, ce n'était qu'une question de temps avant qu'ils n'apprennent, qu'elle n'ait droit aux regards réprobateurs et à l'air suffisant qu'arborerait Victor. En ce qui concernait sa retenue, elle ignorait tout bonnement ce qui lui serait demandé, on pouvait tout aussi bien lui demander de copier des lignes que d'aller vider les marécages au milieu de la forêt interdite sans se faire dévorer par des Pitiponks anthropophages.

" Je... qu'est-ce que je dois faire? "

On allait définitivement finir par croire qu'elle était complétement stupide, toutefois il lui était impossible de ressasser encore et encore cette histoire. Elle ne pouvait décidément pas rester sur un thème aussi dérangeant sans perdre toute contenance, et puisque trop impressionnée et angoissée, sa déstabilisation avait atteint des sommets. Il lui fallait à tout prix entrer dans le vif du sujet, même si elle ignorait en quoi cela pourrait bien consister.

" Je... je sais bien, oui. J'ai vraiment dérapé ce jour-là, ça... ne se reproduira plus. "

Le professeur McGonagall avait véritablement envie de faire preuve d’indulgence. Des élèves aussi assidus que la jeune fille ne courraient pas les couloirs et il était donc important de préserver ses bons éléments. Aussi grave qu’était la faute commise, nul n’avait besoin d’être alerté et cet événement n’aurait probablement pas lieu des dizaines de fois, il n’y avait donc pas lieu de s’alarmer. De toute façon, si la serdaigle décidait de reprendre ses activités illicites une fois sortie de ce bureau, il lui faudrait sévir beaucoup plus durement qu’elle s’apprêtait à le faire actuellement. Quel supplice de devoir confronter une élève aussi brillante à ses erreurs. Etait-ce l’année qui voulait ça ? Elle avait eu de nombreux échos de bêtises commises par certains élèves de plus talentueux. Il y avait d’abord eu cette histoire de baignade dans le lac rapporté par son cher collègue Amery Jefferson. Elle avait eu beaucoup de mal à y croire. Enfin, de la part de Naïa Rosenberg plus rien ne l’étonnait, elle avait cru bon d’essayer de tuer une élève en plein milieu d’un bal alors essayer de se faire tuer par les créatures peuplant le lac, pourquoi pas ? Et dire qu’elle avait vu en elle la personne parfaite pour porter l’insigne de préfète de sa maison, comme quoi, il n’y avait pas que les adolescents qui commentaient des erreurs. C’était plutôt les complices de ce méfait qui l’avaient laissée sans voix. Miss Brawne et Miss Whitby deux élèves qui tâchaient généralement de frôler la perfection au niveau scolaire et qui, elle devait bien l’avouer, n’avaient pour le moment aucun problème pour y arriver. Il ne manquerait plus que les premières années se mettent à enfreindre le règlement eux aussi et ça serait l’anarchie à Poudlard. Minerva n’osait même pas l’imaginer, préférant de très loin se dire que cette année n’avait simplement pas été la plus calme de toute et que la suivante leur ne leur réservait que du positif.

« J’y compte bien Miss Juliet, ce ne sera pas une simple retenue qui vous attendra dans le cas contraire. »

Minerva s’accorda un moment de nostalgie, dévisageant sa tasse de thé comme si elle pouvait voir son passé à l’intérieur. Cela faisait tellement d’années qu’elle se trouvait dans cette école, elle avait grandi et surtout vieilli avec elle à présent. Toutes sortes d’élèves étaient passées devant elle à son plus grand plaisir. Il n’y en avait pas un qu’elle avait préféré plutôt qu’un autre. Chacun d’entre eux était unique et brillant à sa façon, il fallait simplement lui donner l’occasion de le montrer. Elle n’avait pas du tout hâte de quitter la direction de l’école. Elle laissait les années défiler lentement sans se demander quand son rôle prendrait fin. Il faudrait bien à un moment ou à un autre qu’elle cède sa place à un successeur, mais rien ne pressait. Elle avait forcément encore des choses fabuleuses à apprendre au sein du château. Depuis toutes ces années, elle n’avait pas encore percé tous les mystères qu’il lui offrait et n’avait d’ailleurs pas envie de le faire. Elle aimait conserver cette part de mystère qui donnait son charme à Poudlard et l’occasion aux élèves de faire des recherches approfondies dans leur établissement pour vérifier les légendes. Voir les élèves avancer et s’épanouir était justement ce qu’elle aimait et ce qui lui donnait envie de se lever le matin. Il lui arrivait bien souvent de recevoir des hiboux d’anciens élèves lui apportant la plupart du temps de bonnes nouvelles et ils la confortait dans l’idée qu’elle avait choisi la voie parfaite, ou en tout cas, celle qui lui convenait le mieux.

" Je... qu'est-ce que je dois faire? "

La voix de la jeune serdaigle la tira de sa douce rêverie. Enfin jeune, pas si jeune que ça finalement. Minerva la voyait encore arriver au château du haut de ses onze ans, déjà déterminée à réussir et pourtant si nerveuse lorsqu’elle s’était avancée vers le tabouret avant que le Choixpeau ne soit placé sur sa tête. Angoissé, les élèves l’étaient tous lors de leur cérémonie de répartition, mais elle analysait chaque visage et se rappelait chaque comportement comme si elle pouvait deviner instantanément ce qu’ils deviendraient en grandissant. Certains feignaient l’indifférence alors que la peur se lisait au fond de leurs yeux, d’autres regardaient d’un air émerveillé la salle dans laquelle ils venaient de pénétrer sans réellement y croire, d’autres encore semblaient ne plus pouvoir tenir debout très longtemps. Tout cela, elle s’en souvenait fort bien et c’était, avec la cérémonie de fin d’année, l’un des moments qu’elle affectionnait particulièrement, elle avait l’occasion de réunir presque tous les élèves de toutes les maisons et de s’adresser à chacun d’entre eux tout en faisant en discours qui semblait être destiné à un groupe d’élève. Enfin, il fallait bien qu’elle finisse par donner à Miss Juliet la nature exacte de ce qu’elle allait lui demander de faire avant que celle-ci ne fasse une syncope et finisse allongée sur son bureau.

« Je vous laisse jusqu’à la fin de l’heure pour rédiger une courte lettre expliquant les raisons de votre méfait et vos regrets. Ensuite, je vous laisserais repartir, vous avez, il me semble, des examens à préparer. »

Minerva lui tendit une plume et du papier avec un léger sourire. La punition n’était pas si terrible. Elle l’aurait terminé en un rien de temps. En bonne élève studieuse qu’elle était, devoir écrire ne devrait pas lui sembler insurmontable mais ça lui permettrait au moins de réfléchir à son acte de manière un peu plus approfondie.

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« J’y compte bien Miss Juliet, ce ne sera pas une simple retenue qui vous attendra dans le cas contraire. »

Les joues d'Hecate s'empourprèrent de nouveau. Merlin merci, elle espérait bien ne plus avoir de raisons d'être envoyée dans ce bureau, déjà qu'une retenue était la pire offense qu'elle n'ait pu connaître, si en plus de cela c'était un motif de renvoi que l'on envisageait pour elle... elle préférait nettement ne pas y penser! Astride aussi avait été envoyée en retenue cette année, à croire qu'elles étaient toutes les deux maudites ou qu'une quelconque malédiction leur planait dessus... mais il n'avait jusque là nullement été question de renvoi pour aucune des deux, et ce n'était pas sans angoisse que Hecate s'imaginait, sa valise à la main, passant la grille du portail, se retournant une dernière fois vers le château dans lequel elle avait grandi depuis ses onze ans avec l'interdiction formelle d'y remettre les pieds... non, c'était abominable, il ne fallait surtout pas qu'une telle chose survienne! Jamais elle ne se remettrait d'avoir été exclue parce qu'elle s'était allée de la sorte, il fallait à tout prix qu'elle se reprenne en main. La directrice venait très clairement de sous-entendre qu'à la prochaine infraction de ce genre-là, ce serait en la demeure familiale qu'elle passerait sa septième année, et cette simple idée terrorisait complètement la Serdaigle. Déjà que se retrouver dans ce bureau en compagnie de la directrice était déjà réellement impressionant, si bien qu'elle veillait au moindre de ses gestes et angoissait à la simple idée de commettre une maladresse... alors s'il était déclaré qu'elle n'avait plus sa place à Poudlard et qu'elle était passée au rang de délinquante pour s'être laissée embarquer dans de mauvais plans, il lui serait probablement impossible de s'en remettre. Avoir veillé durant six ans à rester dans une droiture extrême pour à présent être menacée de renvoi! Une chose était certaine, dans les semaines qui suivaient elle allait passer ses journées à se remettre en cause et à se jurer qu'elle s'éloignerait autant que possible de toute infraction imaginable. Elle n'avait jamais été très tentée par ce qui était susceptible de lui apporter des ennuis... sauf avec Tyler, puis en l'occurence avec Charles. Décidément, elle était bien trop manipulable... toutefois, restait également la réserve de la bibliothèque, dans laquelle elle avait maintes fois voulu pénétrer sans avoir en sa possession d'autorisation d'un de ses professeurs. En fin de compte elle ne s'y était jamais résolue, craignant bien trop ce qui suivrait ensuite son acte, et à présent cette seule idée semblait inconcevable, tant l'idée de mettre sa place à l'école en jeu était effrayante.

" Je... j'ai bien compris, oui. "

Ces simples mots lui demandaient déjà un effort considérable, alors faire face à la directrice en personne... elle ne s'autorisait à lever les yeux vers cette dernière que le plus rarement possible, et, craignant de voir s'abattre sur elle les foudres pour châtier son insolence, les détournait assez rapidement. En attendant, elle ignorait en quoi consisterait la sanction de sa témérité, et n'était pas pressée de la connaître, même en étant parfaitement consciente que l'échéance tomberait à un moment ou à un autre. Tant qu'il ne s'agissait pas d'un travail pratique ou en extérieur, et qu'aucune créature magique n'était impliquée là-dedans, ce devrait être à sa portée... il fallait également croiser les doigts pour qu'il ne s'agisse pas d'un temps passé à nettoyer elle ne savait quoi à l'intérieur du château, non par la perspective de faire le ménage, mais de celle d'être aperçue en retenue par les autres élèves. Il était suffisamment humiliant de s'y rendre alors que seul un nombre restreint de personnes le savait, alors si tout le château était au courant, elle pouvait tout aussi bien changer d'identité, de langue et de pays afin de se faire oublier. Aussi, sans que sa nervosité n'en soit atténuée, elle appréhendait déjà la réponse de la directrice, se demandant alors sous quelle cape d'invisibilité elle pourrait bien se dissimuler.

« Je vous laisse jusqu’à la fin de l’heure pour rédiger une courte lettre expliquant les raisons de votre méfait et vos regrets. Ensuite, je vous laisserais repartir, vous avez, il me semble, des examens à préparer. »

Hecate releva les yeux, oubliant de dissimuler sa surprise. Ecrire? C'était tout simplement ce que l'on lui demandait? Elle en aurait soupiré de soulagement, enthousiaste à l'idée que sa retenue ne soit soupçonnée de personne. Seulement... il devait bien y avoir un piège quelque part. Une lettre... serait-elle destinée ensuite à ses parents? Elle préférait ne pas même envisager cette éventualité. Bien sûr, il y avait fort à parier qu'ils viendraient à être au courant de son acte un jour ou l'autre, mais elle préférait de loin retarder l'échéance et prier pour qu'ils n'en sachent jamais rien ou que le hibou qui leur en fasse part s'égare en chemin. Expliquer les raisons de son méfait... elle n'en savait encore trop rien, mais peut-être que l'écrire serait plus simple que de tenter vainement de l'expliquer à la directrice. Au moins elle n'aurait rien à craindre d'un morceau de parchemin et d'un peu d'encre, elle y était accoutumée depuis six bonnes années et n'avait qu'à laisser la pointe de la plume aviser à sa place. Dans le pire des cas, elle pourrait simplement se contenter de trouver une réponse qui la satisferait ou qui correspondrait à ses attentes à défaut de trouver quoi que ce soit qui puisse justifier son acte. Restait même l'éventualité qui consistait à inventer un épisode de sa vie d'adolescente susceptible de pouvoir concorder, mais Hecate maîtrisait le mensonge aussi bien qu'elle ne gardait le contrôle d'elle-même devant un épouvantard, soit extrêmement mal.

" D'accord, merci pour votre... "

Clémence? Magnanimité? Gentillesse? Indulgence? Considération? Compassion? Pitié? Hecate ne savait pas vraiment comment définir cela, aussi elle s'empressa de se saisir du morceau de parchemin et de la plume et commença à rédiger le début de sa lettre. Le silence qui se faisait alors était plutôt pesant, voire étouffant, et davantage que sur ses mots elle était davantage occupée à faire attention à ne pas renverser son encrier sous le coup de l'anxiété. Le tout donnait approximativement cela : " J'ai affreusement mal agi en pénétrant dans les serres de botanique alors qu'il m'était interdit d'y pénétrer, et en piétinant les valeurs enseignées par ma maison au profit des incartades les plus honteuses. " Nommer son geste directement était plutôt difficile et la Serdaigle n'avait pas le courage d'assumer ce qu'elle avait fait. Aussi, après quelques instants passés à hésiter sur la suite et s'apercevant que la main qui tenait sa plume tremblait légèrement, elle reprit. " Cet acte est inqualifiable et je regrette amèrement de m'être laissée aller de la sorte, je n'étais pas vraiment moi-même ce jour-là et j'espère que le professeur Londubat pardonnera ma témérité. Je m'excuse également auprès de la directrice pour le désagrément encourru. " S'excuser par écrit devrait être plus simple sur le parchemin qu'à l'oral... elle poursuivit. " Je veillerais à l'avenir à ne jamais réitérer une telle chose, aussi je vous prie d'accepter ces excuses. Je sais que c'était complètement stupide et irréfléchi de ma part, mais j'ai réellement perdu mes moyens ce jour-là. " Jugeant suffisante la quantité de mots puisqu'elle préférait ne pas s'étendre là-dessus, elle tendit avec une légère anxiété le parchemin à Mc Gonagall, son malaise s'accentuant à mesure que l'entrevue se prolongeait.

" Voilà... " se risqua-t-elle non sans une certaine appréhension.

" Je... j'ai bien compris, oui. "

La directrice se contenta d’avaler une énième gorgée de thé, le regard dans le vide. Elle avait une punition à donner à présent et de toute façon, la serdaigle ne semblait pas assez à l’aise pour qu’elle puisse se permettre d’insister lourdement sur des motivations qui n’avaient existées que pendant un court instant. Visiblement, la jeune Juliet regrettait son geste et c’était le principal. Se rendre compte que l’une de ses plus brillantes élèves faisait face à une crise d’adolescence tardive entrainant un changement irréversible de comportement aurait été très loin de lui plaire. Les bons éléments n’étaient pas ce qui manquaient à l’intérieur de l’établissement, mais Minerva restait très à cheval sur le prestige de ce qui était devenu son école et comptait bien le conserver malgré les conflits de génération auxquels elle ne manquerait pas de se heurter tôt ou tard. Le professeur McGonagall devait bien reconnaitre qu’elle avait vieillie et même si elle se plaisait à entendre les rumeurs plutôt amusantes qui disaient qu’elle avait déjà dépassé les deux cents ans mais était devenue immortelle, elle savait bien que ce n’était pas le cas et qu’il lui faudrait un jour céder sa place à un autre. Ce jour n’était heureusement pas encore arrivé et rien ne pressait.

" D'accord, merci pour votre... "

Sa… ? Minerva ne savait pas vraiment ce qu’elle devait comprendre par-là, mais cette fois encore, elle n’insisterait pas pour savoir ce qui avait traversé la tête de cette jeune élève. Peut-être s’était-elle attendue à une punition d’une plus grande ampleur ? Là encore, c’était plutôt positif. Au moins, elle ne minimisait pas ses actes ni l’impact qu’ils auraient pu avoir si elle s’était montrée moins clémente. Mais toujours était-il que c’était la première fois que la serdaigle commettait une véritable erreur et qu’il aurait été plus qu’injuste de la punir trop sévèrement alors qu’elle semblait être assez mature pour comprendre d’elle-même que ce qu’elle avait tenté une première fois n’en admettrait pas de seconde. La directrice se contenta de laisser la jeune fille commencer à écrire sans ajouter un mot de plus, elle n’avait pas besoin d’être distraite, elle semblait déjà largement assez nerveuse comme ça, un peu de concentration et de réflexion ne pouvait pas lui faire de mal. Au bout d’un temps qui lui sembla tout de même assez long, la serdaigle releva enfin la tête de sa feuille, la punition visiblement terminée.

" Voilà... "

La directrice attrapa la feuille et la scruta en plissant légèrement les yeux pour pouvoir lire. Elle dut retenir un sourire en commençant sa lecture. L’écriture soignée correspondait bien à celle qu’elle avait l’habitude de lire lorsqu’une très bonne copie d’examens venait par hasard à tomber entre ses mains. Cette fois-ci ce n’était pas pour récolter une excellente note dans l’une des matières qu’elle étudiait, mais simplement pour effacer un acte qu’elle regrettait amèrement. Minerva ne mit pas longtemps à parcourir le papier, trouvant à peu près les mots qu’elle s’attendait à voir sans pour autant se retrouver dans le domaine du cliché et du prévisible. En bref, elle n’avait absolument rien à redire à tout cela et il était grand temps de mettre fin à une entrevue qui avait assez duré.

« C’est parfait. Vous pouvez retourner à vos révisions. »

Tout en parlant, la directrice s’était levée, invitant d’un simple geste de la main, son élève à faire de même. Elle n’avait pas envie de la congédier trop vite, mais doutait fortement qu’une discussion plus poussée sur le sujet leur soit profitable à l’une comme à l’autre. La jeune fille avait déjà tenté d’expliquer sans grand succès les raisons de ses actes et venait de passer un temps infini à écrire une lettre pour réussir à les exprimer avec les bons mots. Que demander de plus ? Hecate semblait de toute façon toujours aussi perdue et déboussolée qu’auparavant, se retrouver dans cet imposant bureau ne devait pas la rassurer plus que ça aussi était-il grand temps de prendre congé de la jeune fille. Elle devait avoir hâte de se sortir de cette ambiance pesante pour retrouver sa liberté. La directrice s’autorisa un sourire alors qu’elle ouvrait la porte pour laisser passer la jeune fautive, désormais débarrassée de toute culpabilité. Elle avait payé son erreur comme elle le devait et il serait tout à fait profitable à l’une comme à l’autre que pareille bêtise ne se reproduise pas avant la fin de l’année ni pendant celle qui allait suivre.

« J’espère que la prochaine fois que je vous croiserais, je n’aurais qu’à vous féliciter pour vos excellents résultats d’examens Miss Juliet. »

Sur ces bonnes paroles, Minerva prit définitivement congé de la jeune serdaigle et retourna s’assoir derrière son bureau. Elle avait une tasse de thé à finir et une lettre à relire avant de la ranger avec celle des autres élèves. Cette punition n’avait malheureusement toujours pas fait son temps apparemment. Heureusement que son rôle de directrice ne se limitait pas aux remontrances, ce n’était vraisemblablement pas sa partie préférée.

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