En ce premier weekend de la rentrée, nous avions décidé d’avancer sur nos devoirs avec Roxy. C’était tellement plus sympathique et déstressant de travailler avec elle qu’avec n’importe qui d’autre. Wyatt, qui était un ami exemplaire, avait cette habitude de toujours finir à la bibliothèque, mon endroit ô combien préféré de Poudlard. Il voulait m’y traîner à chaque fois que nos devoirs s’accumulaient dangereusement, et il parvint à ses fins deux fois en tout. Ce qui était un exploit : à chaque fois que je m’assoie à une table de la bibliothèque, j’ai l’impression que je vais être victime d’une crise d’urticaire.

Mon sac en bandoulière bien chargé à l’épaule, je me dirigeai d’un pas certain vers la Grande Salle. J’aperçus la tête brune de Roxy, d’ores et déjà en proie au travail, attablée au coin des Poufsouffle. Il était un peu plus de 9h45, et la table des Poufsouffle était plus ou moins agitée. Nombre d’entre eux y travaillaient en binôme comme nous, voire en groupe. Et d’autres, comme des élèves de 5e ou de 7e année, y travaillaient avec acharnement, munis de la plus grande concentration du monde. Pour les plus âgés, il ne restait plus beaucoup de temps avant les examens. De quoi s’instaurer un rythme de travail acharné sur fond de quelques « chut » adressés aux élèves les plus bruyants.

« Vous savez, la bibliothèque est ouverte les samedis, fis-je à leur égard. C’est une ambiance bien plus studieuse qu’ici, vous ne trouvez pas ? »

D’un geste de l’index, je montrai aux intéressés la grande porte, un petit sourire taquin. Puis, je retournai mon attention sur mon amie, installée quelques places plus loin, quelques parchemins sous ses yeux, signe qu’elle était en activité depuis un certain temps. Retenant un bâillement de justesse, je lui fis un geste de la main en guise de salut, et pris place sur le banc face à elle.

« Salut ! Alors, quoi de neuf ? Toi aussi t’as beaucoup à faire pour la semaine prochaine ? lui demandai-je tout en jetant un regard contrit sur les parchemins qui ornaient son espace de travail. Et moi qui pensais que j’en avais finis avec le plus gros du travail pendant les vacances ! m’écriai-je, consternée, en me massant simultanément mon épaule endolorie par mon sac. Il a fallu une semaine pour remettre les compteurs à zéro ! »

Paresseusement, je vidai une partie du contenu de mon sac sur la table, peu désireuse de m’atteler au travail un samedi matin, alors que j’aurais pu me balader au bord du Lac avec Prudence, ou au Parc avec des camarades de ma maison. Décidément, ces Poufsouffle étaient bien plus sérieux que moi et mes camarades de maison en ce qui concernait les délais. Je pris en main le commencement de mon devoir de potions, une dissertation sur les propriétés et les usages de l’essence de dictame. Je souriais : les cours du professeur MacDougall allaient m’aider à ce niveau-là, ainsi que les notes complémentaires de Wyatt qui était plus connaisseur que moi sur la question.

« Salut ! Pas grand-chose, et toi ? T’as passé de bonnes vacances ? » me demanda ma camarade de sa bonne humeur toujours égale.

« Rien à signaler de mon côté. J’ai passé les vacances à l’école, pour changer. Et toi, t’as pas passé les vacances à faire tes devoirs, j’espère ?

- J’ai pas taaaant que ça de devoirs, mais je dois t’avouer que ceux qui consistent à écrire sans fin sur un parchemin me démotivent tellement qu’il me faut un temps fou pour les finir. »

Elle désigna son brouillon couvert de graffitis et le parchemin incomplet de sa dissertation, l’air passablement ennuyée tandis que je m’esclaffais. Je lus avec attention l’intitulé de son devoir et en grimaçai comme simple réponse. Il n’y avait pas de matière plus ennuyante que l’Histoire de la magie. Et même si la professeure Castle était très compétente dans son domaine, il fallait dire que la simple idée d’enseigner cette matière avant la cinquième année était un crime contre les élèves perpétré depuis mille ans dans l’école de magie.

Alors que je me reconcentrai sur ce que j’avais à faire, je vis distraitement Roxy dessiner des plans mystérieux. Ce qui attisa ma curiosité aussitôt. Cependant, ne voulant pas me mêler de ce qui ne me regardait pas, je ne lui demandai rien et retournai à mon labeur. Je pris en main l’un de mes cours que je m’efforçai de lire, désireuse d’en faire un résumé pour m’aider dans ma dissertation en Potions. Je soupirai de lassitude. Chose que la Poufsouffle remarqua, ce à quoi je répondis qu’il y avait beaucoup trop de travail dès la première année.

« Ma pauvre ! T’es déjà coulée sous la tonne de travail ? Il te reste quoi à faire ?

- Potions, Sortilèges, Métamorphoses et DCFM. Quoique j’aime bien le cours du professeur Mandrake, il se démarque des autres, donc ça va. Mais je commence d’abord par les autres matières : je laisse le meilleur pour la fin. Et toi ?

- Moi ça va, tout ce qui est matières pratiques, j’arrive à faire au fur et à mesure. Habituellement, pour le reste, je me motive avec les copines, mais là, je sais pas… Je pense plus à mon prochain match de quidditch qu’ « origines de la ségrégation des mondes sorciers et moldus ».

- Ha ha ha ! » ris-je avant de poser ma main sur ma bouche pour me retenir.

Je me retournai pour voir les quelques visages agacés me dévisager. Je leur souris, l’air désolée, avant de retourner à mes occupations prioritaires : mes devoirs. Et tandis que je mis à parcourir les lignes de mon cours de Potions sur « L’essence de Dictame », j’entendais la plume de Roxy gratter sur le parchemin de façon irrégulière. Intriguée, je jetai un nouveau coup d’œil vers ses croquis, avant de finir par craquer sous le poids de la curiosité, et de lui demander :

« Tu dessines quoi depuis tout à l’heure ? »

Alors que je venais de confier à Roxy que j’avais séjourné à l’école pendant les vacances, elle me demanda si j’avais passé un bon Noël, l’air curieusement intriguée : « Ça a été. Le château était particulièrement calme, mais c’est ce que je recherchais justement. Mes grands-parents sont généralement trop sur mon dos pendant cette période, j’avais envie de souffler. » lui confiai-je sans ménagement. L’avantage avec Roxy, c’est que je pouvais lui parler de manière sincère, sans prendre de pincettes. La preuve en était que je lui avais fait part de mon inquiétude quant au fait de passer l’intégralité de ses vacances à faire ses devoirs. Chose qu’elle réfuta en partie, puisqu’elle avait passé de bonnes vacances en compagnie de ses proches, même si elle n’avait pas échappé à la corvée pour autant.

Lorsque je m’obstinai à trouver quelque chose à dire pour ma composition en Potions, Roxy eu un air de profonde compassion envers moi. Elle avait l’air d’être passé par le même processus éreintant que moi l’an dernier : « EH bah, tu vas avoir des fourmis dans les fesses et des courbatures dans les doigts toi ! Je préfère les cours de Winslow personnellement, même si ceux de Mandrake sont intéressants, je dis pas, mais je le trouve un peu…chelou non ? ». Aussitôt dit, elle replongea le nez dans son devoir d’Histoire de la Magie. Pour ma part, je continuai de l’observer, absorbée par ce qu’elle venait de dire. Finalement, ses propos rejoignaient la plupart de ceux des élèves de notre école : l’ex-auror avait une réputation peu élogieuse. Parfois, il allait jusqu’à inspirer de la terreur. Il était vrai que ses méthodes étaient plus que discutables, mais cela ne l’empêchait pas d’être un bon professeur - de mon point de vue. Et malgré mon désaccord avec l’opinion de ma camarade, je retins pour moi ce que je pensais de ce sujet. Quelques minutes plus tard, notre conversation continua sur la longueur du travail donné par nos chers professeurs et l’intérêt plus qu’évident de la Poufsouffle pour le Quidditch. C’était un sport compliqué et le simple maintien de l’équilibre sur le balai était difficile, mais je préférais assister à dix cours à la suite du professeur Soussa qu’un cours sur « La persécution des sorciers par les moldus ».

Je voyais bien que Roxy, se délaissant de son travail, échafaudait des plans de je-ne-sais-quoi depuis tout à l’heure. On aurait dit des plans d’objets inventés. Et alors que j’assouvis enfin ma curiosité en lui demandant ce que c’était, j’eus une réponse, certes, mais qui ne m’avança pas beaucoup :

« Je… Euh… Ce sont des plans. Pour fabriquer des choses.

- Je peux le constater, oui, même si je les vois à l’envers.

- Tu vois ça c’est une catapulte à boules de neige que j’avais fait l’année dernière, me répondit-elle en me montrant ces plans à l’endroit, et du coup, ça c’est une espèce de pince pour faire les boules plus vite.

- Waouh ! Eh bien, tu es douée !

- Je pense qu’on doit pouvoir l’ensorceler pour qu’elle se débrouille toute seule et ne plus avoir qu’à charger la catapuTIte !

- Tu lui as même donné un nom ? Je suis impressionnée… » fis-je complétement émue par cette merveille d’invention (qui plus est, je connaissais quelques élèves de Gryffondor qui adoreraient s’en procurer un prototype).

« Sinon, continua Roxy sur sa lancée, passionnée, j’étais en train de réfléchir à un système pour détecter les voleurs. Je suis sûre qu’avec un scrutoscope, il y a quelque chose à faire, émit-elle, pensive. M’enfin, bref, c’est pas ça qui va me faire avancer sur cette dissertation ! elle rit avec un air profondément indigné.

- Euh, excuse-moi, mais c’est quoi un scrutocope ? Struroscope ? » Je ne savais plus ce que c’était, mais si ce qu’elle disait sur la détection des voleurs se révélait vrai, alors on avait peut-être mis la main sur une véritable petite perle.

« Scru-to-sco-pe. Le mec qui a inventé ça a oublié que ça devait être prononçable !

- Scru-to-sco-pe ! répétai-je comme si nous étions à un cours d’élocution. Tu permets que je note ça, avant que j’oublie ? » Je pris instantanément une feuille de parchemin vierge et notai soigneusement le nom de la merveille avant que je ne le fasse répéter une énième fois à ma camarade. Cela risquerait de l’exaspérer à force. Pour une amatrice d’objets facétieux, je ne comprenais pas comment j’étais passée à côté d’un tel trésor ! Je ne savais pas du tout si l’usage du scrutoscope était commun dans le monde des sorciers. J’imaginais néanmoins que non, étant donné que je n’en avais jamais entendu parlé. Sinon, j’en aurais déjà quelques-uns dans mon dortoir, voire même sur moi, chacun pour un usage spécifique. Amère des quelques altercations que j’avais eu (élèves et préfets confondus), cela m’aurait évité bien des soucis par le passé.

« Ça vient de scruter je pense, m’éclaira Roxy.

- Ah ! Ça va m’aider à retenir le nom !

- Ça sert à détecter un danger, la magie noire ou une action douteuse. Ça ressemble à une toupie, enfin, du moins ce que j’ai vu dans les catalogues, parce que j’en ai jamais eu un vrai ! Certains disent que ça marche pas vraiment, mais bon, ça peut pas faire de mal. Je serais vraiment curieuse de savoir comment c’est ensorcelé !

- Et moi donc ! m’extasiai-je les yeux pétillants. À mon avis, ça doit marcher, c’est juste qu’il faut savoir le faire marcher. Ça doit être programmable pour chaque type d’action à détecter, non ? Les inventions les plus brillantes sont toujours celles qui demandent le plus de précaution. »

Totalement rêveuse, un sourire satisfait aux lèvres, je continuai à noter les informations que me communiquait mon mentor. De son côté, elle peaufinait ses croquis. Nous étions tellement appliquées : de vraies travailleuses ! Du moins, en apparence… Tandis que je relisais mes notes, totalement obsédée par cet objet, quelque chose me triturait l’esprit :

« Dis-moi, tu penses qu’on pourrait se procurer un scrutoscope chez Zonko ? Tu as une idée du prix aussi ? Je regardais de gauche à droite pour vérifier que personne ne prêtait attention à mes propos avant de poursuivre, me rapprochant de Roxy, murmurant presque : Parce que j’ai des connaissances dans ma maison qui me procurent des objets en tout genre. Des élèves plus âgés bien-sûr. Bon, ils touchent une petite commission sur la marchandise, trois fois rien. Et des passeurs dignes de confiance. D’ailleurs, si t’as besoin de quelque chose, fais-moi signe ! » Je lui fis un clin d’œil éloquent. J’avais une absolue confiance en Roxy ; elle n’était pas du genre à échanger ces informations avec n’importe qui.

HRP:

Roxy n’avait jamais tenu de scrutoscope entre les mains, comme la plupart des élèves de Poudlard. Je pouvais aussi demander à Perrin ou même à Tasha s’ils en avaient déjà, ou indirectement, s’ils connaissaient quelqu’un qui en avait. Mais comme me l’avait si bien fait remarqué ma camarade, mon intérêt pour cet objet paraissait suspect. Et même si je n’avais pas d’armée d’ennemis aux trousses, il fallait dire qu’avec les brutes qui martyrisaient notre groupe et d’autres premières années, un objet de cette envergure améliorerait notre quotidien. Je m’acharnai à noter les suppositions de la Poufsouffle, déterminée à me mettre en quête de la convoitise. Roxy marquait néanmoins un point : de ce que j’avais appris dans la théorie en sortilèges, la magie n’était jamais hasardeuse. Il fallait que le sorcier qui soit à l’initiative du sort définisse clairement l’usage de l’objet magique. En ce mois de janvier, peut-être avais-je une raison suffisamment motivante pour aller faire un tour à la bibliothèque ?

Lorsque Roxy me proposa d’en parler à sa grand-mère, je ne pouvais répondre par la négative, même si je ne voulais pas qu’elle s’attire des ennuis : « C’est d’accord, je veux bien que tu lui en parle ! Sauf si cela risque de t’attirer des ennuis ! Ma grand-mère peut être une femme effrayante par moments, je n’oserais jamais lui en parler ! Elle saurait qu’il y a anguille sous roche. » Je soupirai de dépit, imaginant l’air de pure suspicion que Mamie me servirait. Et concernant Papi, malgré sa discrétion, ma grand-mère finirait par être au courant, comme toujours. Puis, quand la conversation dévia vers « ma petite affaire », je vis bien l’air de total effarement de mon amie. Je n’en laissai rien paraître, même si au fond de moi, je pris peur qu’elle n’en fasse part à quelqu’un. Mais je me rassérénai lorsque Roxy me questionna avec curiosité sur la nature des objets que l’on se procurait :

« On s’est jamais procuré des planches ou des pièces détachées pour la fabrique d’objets. Mais si ça t’intéresse, je peux y remédier ! Fais-moi juste parvenir la liste d’objets qu’il te faut, et je chargerai des copains dignes de confiance de m’en procurer. Tu seras livrée dès la prochaine sortie à Pré-Au-Lard.

- Mais je suis bête ! s’écria soudain ma camarade. Pas besoin de trafic pour ça, la Salle sur Demande peut peut-être aider…

-…

- Mais si elle peut aider pour des outils, elle peut aussi le faire pour le scrutoscope ? Si ça se trouve des élèves en ont laissé là non ? T’as déjà essayé de te procurer quelque chose dans la salle ? » me demanda-t-elle, surexcitée.

« Non, mais je me demandais-

- Enfin, je dois pas m’inquiéter de te dire tout ça, je suppose que tu ne vas pas braquer le bureau du directeur ou de Mandrake ? » plaisanta-t-elle. Ou qu'à moitié aux vues du regard qu'elle me lança. « Le bureau de Mandrake, j’aurais trop peur, mais pourquoi pas celui du directeur ? » me mordillai-je l’index en faisant mine d’être plongée dans une profonde réflexion. Avant de rire joyeusement : « Bien-sûr que non, aucun des deux ! J’ai pas envie de me faire expulser ! Mais revenons-en à ce que tu disais sur la Salle sur Demande : qu’est-ce que c’est au juste ? C’est… une salle au sens propre ? Et où est-ce qu’elle se trouve ? » J’étais très curieuse à propos de cette salle et, sans le savoir, je venais de tomber sur un énième trésor. Grâce à Roxy.

« Ben oui, c’est une vraie salle. » Je n’en croyais pas mes oreilles. Cette salle digne d’une légende existait bel et bien ! « Mais elle n’est pas toujours là, tu vois. C’est une salle magique, un peu comme le balcon du monde si tu connais ? – Euh… non. – Bref, la salle sur demande n’apparait qu’à un endroit précis. Au sixième étage du château de Poudlard, près de la tapisserie avec un troll qui danse. » Je restai perplexe devant cette information. Une salle secrète au sixième étage ? Pourquoi faire ? Néanmoins, j’écoutai avec la plus grande attention les propos de la Poufsouffle. Qui sait ? Peut-être allais-je faire fructifier ma marchandise ? Mais je sentais que ça ne serait pas aussi simple que de se rendre à Pré-Au-Lard. Il fallait peut-être un sortilège d’une maîtrise assez élevée pour enclencher le mécanisme qui ferait apparaître la porte…

« Il faut passer trois fois devant, en pensant très fort, et très précisément à ce dont on a besoin. - Vraiment ?! » m’écriai-je, véritablement surprise. C’était donc aussi simple que ça ? Mais Roxy ajouta un élément qui me fit vite déchanter : « La salle n’apparaît pas toujours. Je sais pas trop si c’est parce qu’elle est déjà occupée, si elle trouve la demande nulle, ou si c’est parce qu’on pense à un truc pas assez précis. Mais quand ça fonctionne, c’est vraiment trop bien ! Tu vas essayer ? » me surprit Roxy par sa curiosité. Je la fixai, ne sachant que répondre. Si cette salle était si spéciale, elle ne devait se révéler qu’aux élèves dont la volonté et le besoin étaient les plus exacerbés. Autrement dit, elle ne se révèlerait pas à des premières années dont les intentions étaient de se procurer de la potentielle marchandise de contrebande.

« Sûrement, répondis-je enfin à ma camarade, mais pas tout de suite, j’ai d’abord d’autres choses à régler. Et puis, je devrais d’abord en parler à mes « passeurs ». Ils sont plus âgés que moi et je suis sûre qu’au moins l’un deux connait cette salle, à défaut d’y avoir déjà mis les pieds. » Je projetai d’office d’en parler à Wyatt, peut-être aussi à Prudence. Si l’on arrivait à y avoir accès, on pourrait même envisager des clubs d’entraînement pour les cours de Sortilèges et de DCFM. La perspective était tentante. « En tout cas, merci de m’en avoir parlé, tu viens de me rendre un grand service. Je t’en dois une ! N’hésite pas à faire appel à moi pour n’importe quoi ! Vraiment, pour n’importe quel service. J’insiste ! » À la suite, nous échangeâmes un clin d’œil, complices. Je jetai à nouveau un regard peu amène à mes devoirs, consciente qu’il faudrait vraiment m’y mettre, mais une question me brûlait encore les lèvres : « Dis-moi, tu y es déjà allée ? À la Salle sur Demande, je veux dire ? ». Au fond, je ne souhaitais pas continuer à importuner ma camarade bien occupée, mais c’était l’occasion ou jamais d’en savoir un peu plus sur les mystères du château.

HRP:

J’étais satisfaite de voir que Roxy avait assez confiance en moi pour me demander de l’aide et ce, pour quoi que ce soit. Ce n’était pas toujours évident d’être prise au sérieux dans son « trafic » dès la première année. Pour l’instant, ce n’était que très rudimentaire, mais si je pouvais avoir accès à cette fameuse salle, je serais la plus heureuse du château ! Il allait falloir que j’en parle à mes amis, voir s’ils en avaient entendu parler. Seulement à mes amis, bien entendu. Je ne voulais pas que des indésirables curieux apprennent l’existence de la Salle. C’était une information bien trop importante pour tomber entre les mains d’élèves remplis de mauvaises intentions. De plus, je ne désirais pas les voir s’emparer d’une salle avec autant de valeur juste pour le but de procrastiner ou de s’adonner à d’autres idioties. S’entraîner en sortilèges, aux duels en situation réelle,… c’étaient des raisons qui en valaient la peine.

Je fus plus que surprise d’apprendre que Roxy y avait déjà été. Et pas qu’une fois. Mais comme je l’avais deviné, une seule ne suffisait pas pour réussir à en déverrouiller l’accès pour de bon. Il fallait beaucoup de patiente. Chose que je n’avais pas. Si j’y emmenai Wyatt avec moi, il saurait se montrer plus patient. Tout autant que Prudence. Il fallait donc y aller à plusieurs, nos chances en seraient démultipliées. Aussi, il fallait agir à l’abri des professeurs ou encore du concierge. Voire même des élèves plus âgés ou encore des préfets. Je m’étais déjà faite assez punir pour l’instant, je voulais rester la plus discrète possible dès à présent. « Tu me diras comment c’était… Et pout ce que ça vaut, tu ferais bien de t’y remettre aussi, à tes devoirs si tu veux avoir le temps d’explorer plutôt que de finir en retenue ! ». Et en effet, l’heure tournait. Dépitée, j’osai regarder mon parchemin de Potions encore vierge. Prise dans le vif du sujet, j’en avais complétement oublié mes nombreux devoirs. Ainsi que le temps interminable que je devrais mobiliser pour tout finir. « T’as raison, faudrait qu’on s’y remette. Vraiment désolée d’avoir abusée de ton temps mais, … c’était sympa de discuter de tout ça avec toi ! ». Tout en reprenant sa plume, prête à en découdre elle aussi, Roxy ajouta, un regard plein de défi : « Allez, on y va ! Top départ, la première qui finit gagne une chocogrenouille ! – Va pour la chocogrenouille ! 3, 2, 1… C’est parti ! » Et nous nous mîmes au travail sous les regards moqueurs d’élèves plus âgés. De temps à autre, Roxy me lançait des regards compétitifs. Cette chocogrenouille n’était pas vraiment en jeu, non ?


Au bout d’une interminable heure, sous les coups de l’horloge, je jetai un coup d’œil désespéré vers ma voisine de table, toujours aux prises avec sa dissertation en Histoire de la magie. N’y avait-il pas de matière plus déprimante ? Roxy était courageuse de ne pas se laisser abattre. Car pour ma part, je crois bien que le temps du travail était écoulé. Ma patiente pour ce genre de tâche était généralement limitée. Je déposai ma plume sur la table et me mis à ranger mes affaires, faisant bien attention à plier mon devoir de Potions convenablement. Je savais comment la professeure Burgess pouvait être ô combien sévère sur la tenue de nos affaires (et hors de question de faire retirer des points à ma maison pour cette négligence). Je me levai et lançai à Roxy : « Décidément, je ne suis pas faite pour cette torture. Je finirai plus tard, j’ai un truc à faire avant. C’était sympa de travailler avec toi ! La prochaine fois qu’on se voit, c’est trois chocogrenouilles que je t’apporte ! » la gratifiai-je d’un clin d’œil. Et sur un sourire complice, je quittai la Grande Salle.

Sur le chemin vers ma Salle Commune, je bifurquai vers le 6e étage. Je me postai enfin devant ce qui devait être l’entrée de la Salle sur Demande. Posant mon sac dans un coin, reprenant ma respiration, je me concentrai au maximum sur l’objet de ma demande avant d’entreprendre trois allers-retours devant le grand mur. J’attendis ensuite quelques minutes, le cœur battant d’anticipation. Mais rien ne se produisit. Aucune porte ni aucun passage ne s’enclencha. Déçue mais néanmoins fière d’avoir essayé, je songeai à y amener des amis ou des camarades dignes de confiance la prochaine fois.

Grimpant les escaliers vers le 7e étage, je ne cessais de penser à Roxy et de la remercier mentalement pour ses précieux conseils. Une véritable mentor.

HRP: