Les vacances de Noël étaient passées à la vitesse de l'éclair. Certes, par définitions les vacances passaient toujours plus vite que les périodes de cours. Sauf celles d'été qui étaient un véritable supplice aux yeux de Cruz, qui comptait les jours qui la séparaient de la rentrée des classes. Mais pour ce qui était de celles de Noël, comme la jeune femme les passaient toujours à Poudlard pour son plus grand bonheur, elles défilaient à la vitesse de l'éclair. Celles-ci encore plus que d'habitude. Déjà, il avait fallu se remettre du bal organisé par l'école la veille des vacances. Franchement, se retrouver dans le corps de Zach Thompson ... Non franchement c'était super cool, Cruz s'était éclatée à être un garçon. Un garçon qui avait un certain nombre d'atouts, comme avait pu le constater la jeune femme lors de diverses palpations au cours de la soirée. Mais je ne m'attarderai pas là dessus, ça prendrait l'équivalent d'un roman sinon. Toujours est-il que lorsque la Serpentard avait retrouvé son corps à la fin de la soirée, elle avait eu la désagréable surprise de se trouver avec une entorse à la cheville laissée par l'occupant précédant. Charmant pour commencer les vacances. Heureusement, l'infirmier Lennox avait vite arrangé ça - toujours sympa d'aller rendre visite à cet infirmier, ne serait-ce que pour le plaisir des yeux. Les vacances avaient donc pu commencer et le château s'était vidé des trois quarts de ses occupants. Cruz aimait particulièrement cette ambiance intimiste. La salle commune des Serpentards était quasiment déserte, tout comme la Grande Salle. Les professeurs qui restaient à Poudlard se montraient beaucoup plus détendus et accessibles. Les missions de préfète se trouvaient considérablement réduites du fait du petit nombre d'élèves présents, ce qui laissait beaucoup plus de temps libre à Cruz pour s'occuper de ses devoirs et se reposer. Vous l'aurez compris, malgré cette période de fêtes qui ne signifiait pas grand chose pour elle, Cruz adorait passer les vacances de Noël à Poudlard.

Seulement, toutes les bonnes choses ont une fin et la rentrée des classes était arrivée bien trop tôt. La routine avait repris le dessus et Cruz ne savait plus où donner de la tête. Entre les devoirs à rendre, les doléances des élèves, les réunions du Club, le directeur qui risquait de leur pondre une nouvelle connerie à tout instant ... C'était un prologue de l'apocalypse. Et, au milieu de toute cette tempête, il y avait Edward. Avec lui, c'était toujours aussi simple et aussi complexe à la fois. Personne ne savait pour eux, pourtant ce n'était pas faute d'avoir failli être surpris parfois. Ils n'étaient pas ensembles mais il n'avait surtout pas intérêt à aller voir ailleurs. C'était plus compliqué que simple, en fait. Il restait cependant son binôme préfet et un allié de taille face à cet emploi du temps surchargé, c'était déjà beaucoup. Nous étions mardi soir, deux semaines après la rentrée et déjà Cruz était exténuée. Elle n'avait pas une minute à elle en ce moment. Heureusement, son emploi du temps lui avait laissé tout l'après-midi pour s'occuper de ses dissertations à rendre, elle allait pouvoir souffler un peu ce soir. Elle quitta donc la bibliothèque à dix-huit heures et descendit les escaliers pour se rendre dans les cachots. Une fois devant l'entrée de la salle commune, elle déclama le mot de passe et la porte s'ouvrit sans difficultés. Étonnamment, la pièce était relativement déserte. Seuls un duo de deuxièmes années s'exerçait aux échecs dans un coin. Ah, et sur l'un des canapés, il y avait aussi ... « Pumpkin ! Tu sais que ta simple vision suffit à illuminer ma journée ? » L'apostropha la préfète des Serpentards avec un sourire, tout en se dirigeant vers le septième année. « Tu permets, trésor ? Je sais que tu adores ma compagnie. » Et sans attendre la réponse de Luca, la brune s'installa à ses côtés dans le confortable canapé aux couleurs de leur maison. Cruz était d'humeur mutine ce soir et son ami était la personne idéale avec qui développer son talent inné pour la taquinerie et les jeux de séduction. De toute façon, le charmant Serpentard n'avait rien de mieux à faire, n'est-ce pas ? Peu importe, la décision de Cruz était déjà prise. A ses risques et périls.

Franchement, je ne peux vraiment pas. Tout juste sorti du cours de potion, je n’ai pas pu me résoudre à suivre Ed pour réviser. C’est hors de moi, pas après une journée de cours. Alors oui, encore un soir passe sans que je ne feuillette un bouquin. C’est à peine si j’en ai ouvert un. La vérité n’est pas toujours simple à entendre pour tout le monde, mais je vais la dire quand même. Ma vérité, c’est que je fais partie de ces personnes qui n’ont nullement besoin de passer des heures à réviser pour réussir. La gamelle, je l’ai déjà subis, parfois c’est inévitable, même pour les plus studieux. Mais je n’ai jamais changé mes méthodes de travail en 7 ans, et pourtant je suis arrivé en 7ème année sans trop de soucis. Plus studieux dans mes premières années, je me suis nettement dégardé à ce niveau là. Mais il y a des choses pour lesquels je m'améliore un peu plus chaque jour, des choses parfois bien plus importantes que les études, en ce qui me concerne. Je me rends aussi parfaitement compte que ce manque de sérieux me sera un jour fatale. La fatalité est peut-être même déjà présente. Je la vois chaque jour gigoter mon avenir flou et indécis devant les yeux.

A ses quelques pensés, je m’y suis forcé. J’ai ouvert un bouquin que je ne suis pas sûr de vraiment être entrain de lire. Faire semblant, lire en diagonale, ne rien comprendre, ou juste se rendre compte qu’on comprend tout, je ne sais pas quelle solution est la bonne. De toute façon je n’aurais plus l’occasion d’y penser pour le moment. Dans le silence de la salle commune seulement occupé de deux pechno joueurs d’échecs, une voix familière se fait entendre. A l’aide Lucifer, l’une des plus jolies filles que je connais vient d’entrer dans la pièce, et c’est à moi qu’elle s’adresse. Plus sérieusement, l’attachante amie Cruz me flatte de ses charmes dont elle a tendance à abuser. Un sourcil se hausse alors que j’esquisse un sourire en coin. Elle n’attend aucune réponse de ma part qu’elle s’assoit à mes côtés. Livre qui se referme, visage qui se tourne vers elle. Hausser à présent les deux sourcils à l’écoute de ses mots. Cause toujours trésor. Puis c’est immédiat. Je sais quoi lui dire, je sais comment contrer son petit jeu que je suis sûr de voir arriver. Notre rencontre se répercute assez souvent sur nos conversations. Etonnant d’ailleurs qu’on ne se soit encore jamais jeté l’un sur l’autre. De toute façon je n’oserais jamais, pas après ce que j’ai le don de constater. De quoi je veux bien parler ? C’est justement le sujet du jour. « C’est parce que tu es d’humeur joueuse et taquine que tu dévore Edward des yeux ? » Torse tourné vers la brune, envoyer de plein fouet le missile qu’est ma suspicion, et tirer une expression mesquine. Deux préfets, deux amis, loin d’être idiot, je n’ai pas pu m’empêcher de la ramener. Elle veut jouer, alors jouons. Seulement les règles du jeu seront quelque peu différentes cette fois. « A moins que ça ne soit encore une autre tentative de ta part, "Trésor", je pense pas que ses regards soient pour moi. » Chieur en évidence. Frustrer davantage Cruz en passant mon bras derrière elle, le déposant sur le dossier du sofa. En général, elle vient s'entraîner chez moi pour une chose que nous connaissons tous deux. Eh bien sachez une chose. Au fur et à mesure, je ne fais pas de cadeau. Au fur et à mesure, les entraînements deviennent de plus en plus dures. Je veux qu'elle sue. Et là, il y a de fortes chances que la gêne lui provoque quelques montées de chaleur. Mais en vrai, je l'apprécie beaucoup, je jure.

« C’est parce que tu es d’humeur joueuse et taquine que tu dévores Edward des yeux ? » Lui répond le septième année avec un sourire en quoi, en se tournant vers elle. Il est fier de lui, ça se voit. Et il peut, car Cruz ne s'attendait vraiment pas à ça. Est-ce qu'elle a été assez stupide pour se faire prendre en flag, par Luca qui plus est ? Ou est-ce qu'il tentait un coup de bluff magistral histoire de prêcher le faux pour savoir le vrai ? L'espace d'un instant, la préfète des Serpentards fut déstabilisée par la réplique de son ami. C'était bien joué, finement manœuvré. Néanmoins, il en fallait bien davantage à la jeune femme pour le laisser prendre le dessus. Il voulait jouer, ils allaient jouer. Elle se sentait particulièrement en forme ce soir, cela promettait une belle joute verbale. Et puis, après tout, qu'est-ce que cela pouvait lui faire qu'elle dévore soit disant Edward des yeux ? Ce n'était pas interdit, aux dernières nouvelles. Elle avait bien le droit de mater un garçon qu'elle trouvait agréable à regarder. N'était-ce pas ce qu'elle était précisément en train de faire avec Pumpkin ? N'était-ce pas ce qu'elle faisait avec lui depuis presque toujours ? Allons trésor, il fallait bien plus que ça pour désarçonner l'Espagnole. « Oh enfin Luca, tu ne vas tout de même pas me faire croire que tu es jaloux ? » Lui réplique la jeune femme avec un regard malicieux. Non, elle n'allait certainement pas nier l'évidence. Cela ne ferait que renforcer la suspicion de son camarade. Autant jouer franc jeu dès le début, après tout il fallait être aveugle pour ne pas remarquer qu'Edward était beau garçon et plaisait à la gente féminine. Cruz le remarquait d'ailleurs un peu trop ces derniers temps, et ce n'était pas pour lui plaire. Qu'elle s'amuse à séduire d'autre garçons, c'était acceptable. L'inverse, en revanche, ne l'était pas. Comment ça ce n'était pas logique ?

« A moins que ça ne soit encore une autre tentative de ta part, "Trésor", je pense pas que ses regards soient pour moi. » Répliqua le jeune homme tatoué, désireux de poursuivre dans la voie de la provocation. D'ailleurs, preuve en est, il passa son bras derrière la préfète, le déposant innocemment sur le dossier du canapé dans lequel ils étaient installés. Il la cherchait, c'était plus qu'évident. Et s'il continuait dans cette voie, il n'allait pas tarder à trouver la brune. Ce serait mentir que de dire que la proximité avec le bras de Luca ne faisait absolument rien à Cruz. Elle le trouvait attirant et l'avait toujours trouvé attirant, sinon elle ne se serait pas amusée à le séduire lors de leur première rencontre. Les tatouages qu'il avait accumulés au fil des années n'avait fait que renforcer cette attirance. Le côté bad-boy, ça plait aux femmes on ne peut le nier. Cependant, Cruz n'était pas née de la dernière pluie. Il lui en fallait plus pour la perturber. Ne surtout pas se laisser déstabiliser. Ne surtout pas se laisser monter le rouge aux joues. Rester calme et sûre de soi, voilà le maître mot. Cruz essaya de se concentrer sur son rythme cardiaque pour le faire diminuer. Elle n'allait pas se faire avoir par cet emmerdeur de pacotille. Elle le connaissait, elle savait comment il fonctionnait et elle n'allait pas tomber dans son piège. Sans que son sourire ne la quitte, la jeune femme plongea ses yeux sombres dans le regard clair de son camarade avant de lui répondre. « Eh bien tu penses mal. Te reluquer est l'un de mes passe-temps préféré et, compte tenu de ce que je vois, j'aurais tort de me priver. » Comme pour ajouter du poids à son propos, la préfète détailla le septième année de haut en bas. Il voulait jouer selon ses règles, avec un niveau de difficulté supérieur à celui qu'il maintenait d'habitude, c'était son droit. Cruz allait s'adapter, elle le faisait toujours. Ce soir là, elle allait même se surpasser. Gare à toi Pumpkin, gagner la bataille ne sera pas aussi aisé que tu le crois.

J’aurais du m’en douter. Ma réponse mesquine et volontairement piquante, passe pour un signe de jalousie. En vérité je suis juste un ami qui adore se noyer dans la taquinerie. Et si en même temps je peux apprendre des trucs ou confirmer des suspicions, c’est juste parfait. En prime, je suis simplement curieux de savoir ce qui se trame. Aux dernières nouvelles, je ne suis pas un gamin de 10 ans naïf et con comme ses pieds. Mais je préfère me renseigner en jouant, en taquinant, en répondant au même jeu habituel que le sien, parce que c’est plus drôle, parce qu’il est possible d’en faire dire bien plus qu’on ne le pense en sortant du naturel. Car dans un jeu, on a tendance à ne pas être soit-même. Dans un jeu, on joue plutôt un rôle, un rôle qui nous ferait presque oublier la vrai vie. Malicieuse, souriante, rien ne laisse apparaître son vieux réflexe. Elle se mordille la lèvre lorsqu’elle ment, un toc sur lequel elle travaille à chaque fois qu’elle s’amuse à m’aguicher. Là, rien en apparence. Rien à part son expression aussi faussement innocente que la mienne. Il serait alors temps de réfléchir à autre chose, un autre point d’attaque. Ceci dit, Cruz a très bien répondu. Si bien que je n’ai toujours pas la réponse à ma question. Mais quand on y pense, même si la réponse rentre parfaitement dans une rebondance qui vient à répondre à une question par une autre question, elle n’a pas nié les faits. Elle ne serait pas la seule fille que j’ai rencontrée à avoir des vues sur Edward, certes. Moi, mon interrogation serait plutôt de savoir; pourquoi Edward lui rend-t-il ses regards ? Y’a un truc. Sûrement. Et je me fiche de le savoir ou non, je veux juste faire chier. Faire chier comme toutes les fois où j’ai contré son jeu de séduction à la noix, d’autres fois où j’ai participé à lui en faire perdre ses moyens. Là, je réfléchis encore à ma stratégie de jeu, et je pense l’avoir trouvé.

Proximité établie par mes soins, regards fixés par les siens. Observer Cruz dans le moindre de ses gestes, de ses expression et de ses mots. D’après elle, me dévisager serait l’un de ses passes-temps, exactement comme elle le fait en ce moment. Elle illustre ses mots. Sympa. Je parlais d’Ed, mais elle accentue immédiatement le sujet sur moi. Facile pour esquiver un sujet de conversation. Moi, moi, et encore moi, moi qu’elle dévisage en plus. Ah séduction, une force de manipulation que le charme féminin. Mais Cruz et moi, ce n’est qu’un jeu marrant, c’est à peine si ne je l’aide pas à devenir meilleure. Et elle le devient, elle le devient parce que bizarrement, j’aurais presque envie d’allé plus loin dans cette connerie. Au fait, on est d’accord, s’il y a quelque chose entre Ed et elle, y’a aucun risque qu’elle face de trop l’andouille avec moi nan ? Rah, merde, y’aurait trop de techniques pour lui faire cracher le morceau. Mais on va y aller molo, c'est pas la réponse qui m'intéresse pour le moment.
Nos regards mêlés, mon bras toujours à sa place, insinuation perspicace de sa part. J’offre à la belle une moue terriblement taquine et avenante. « Parlons de ce que tu vois justement. Tu ne trouve pas que je réagis un peu trop bien à tes avances ? » Hausser les deux sourcils, sourire en coin, avant de prendre une voix innocente volontairement abusée. « Serait-ce parce que ton talent de séduction s’améliore, ou est-ce que je suis volontairement entrain de m’intéresser à toi pour des raisons pratiques ? » Plisser les yeux alors qu’ils fixent toujours encore le regard marron de Cruz. Question chiante, pire que chiante même. J’expose les faits, très clairement. La strict vérité, toujours le meilleur moyen de scotcher les gens sur place. Meilleur moyen de l’entraîner à son jeu débile. Approcher un tout petit peu plus mon visage alors que l’un des doigts fins de ma main derrière sa tête choppe l’une de ses mèches de cheveux. Ce n’est que Cruz, ce n’est qu’un jeu, depuis toujours. Aussi attirante qu'elle soit, il ne se passera jamais rien entre elle et moi. Right ? On pourrait penser qu'elle a réussi à me faire changer de sujet, mais ça, ce n’est que pour y revenir plus tard. Je veux l'emmerder avec ça, vraiment, je veux voir jusqu'où elle ira et jusqu'où j'ai raison, si encore j'ai raison. Ne vous méprenez pas, c’est parce que j’adore cette naine que je fais ça. Les gens que ne j’aime pas, je les ignore. Ou je les insultes.

Cruz venait de demander à son interlocuteur s'il ressentait une quelconque jalousie raison des potentiels regards qu'elle lançait éventuellement à Edward - oui je sais, ça fait beaucoup de probabilités nébuleuses. Cependant, malgré sa question plus que limpide, la jeune femme n'eut aucune réponse de la part du septième année. Etait-ce un oubli calculé de sa part, visant à brouiller les pistes, ou ne tenait-il juste pas à répondre ? Cruz ne savait pas quoi penser. Luca l'avait habituée à ses stratégies toujours plus élaborées mises en place pour essayer de lui faire perdre ses moyens. Parfois il arrivait à ses fins, d'autres fois non. Cela dépendait de l'humeur de la préfète, de son état de fatigue, de sa détermination. Certaines fois, elle n'avait pas envie de se prendre la tête à pousser toujours plus loin un jeu de séduction purement factice et désintéressé qui ne mènerait, de toute manière, à rien de concret. Mais il y avait des jours, comme ce mardi, où l'esprit de compétition de la jeune femme était en pleine forme et désireux de montrer à cet emmerdeur de première catégorie de quoi il était capable. D'ailleurs, en toute objectivé, Cruz trouvait qu'elle se débrouillait plutôt bien pour l'instant. L'entraînement que lui avaient procuré ses nombreuses tentatives précédentes avec Pumpkin portait ses fruits. Elle ne s'était même pas mordillée la lèvre inférieure, ce qui était pourtant un tic caractéristique chez elle lorsqu'elle mentait ou était stressée. Ça aussi, c'était quelque chose sur lequel elle avait travaillé. Elle ne voulait plus rien laisser paraître afin de peut-être - qui sait - gagner cette bataille ridicule un jour. Pour le moment, la jeune femme détaillait Luca du regard. Non, mieux : elle le déshabillait carrément, en priant toutes les divinités du monde qu'Edward ne fasse pas son entrée dans la salle commune des Serpentards à cet instant. Non pas qu'elle ressentait une quelconque culpabilité à aguicher de la sorte l'un des proches amis de son presque copain - vous me suivez ? Mais quand même, elle n'avait pas envie qu'une marque de jalousie de la part du préfet vienne confirmer les soupçons de son camarade de septième année. Pas maintenant, alors qu'elle se démenait pour changer de sujet et noyer le poisson, ce qui semblait être en bonne voie pour l'instant. Comment être sûre, avec un garçon aussi imprévisible et sournois que pouvait l'être celui qu'elle appelait, de façon provocante, trésor ?

« Parlons de ce que tu vois justement. Tu ne trouve pas que je réagis un peu trop bien à tes avances ? » Qu'est-ce que je vous disais ... Rien n'était jamais acquis avec un énergumène dans son genre. Les yeux toujours rivés dans ceux de Cruz, le Serpentard affiche une moue volontaire taquine. La jeune femme sait qu'il le fait exprès, même un débile s'en rendrait compte. Elle s'y connait d'autant mieux qu'elle arbore exactement la même stratégie, la plupart du temps. Avec des têtes d'ange comme les leurs, pourquoi s'en priver ? Quant au fait qu'il réagissait un peu trop bien à ses avances, c'est vrai qu'il ne se montrait guère farouche pour le moment. Mais ce n'était pas assez pour faire espérer à Cruz que la victoire se profilait. Elle était plus maline que ça et se doutait bien que cette accessibilité n'était qu'un leurre destinait à lui faire commettre une erreur. Cruz ne tombera pas dans le panneau, pas cette fois. « Serait-ce parce que ton talent de séduction s’améliore, ou est-ce que je suis volontairement entrain de m’intéresser à toi pour des raisons pratiques ? » Pumpkin plisse les yeux après avoir hausser les deux sourcils pour déclamer sa réplique. Une voix innocente, comme toujours, alors qu'il n'en est rien. Cruz avait réussi à le détourner de son questionnement initial mais elle se doutait que cela ne durerait qu'un temps : ce n'était que partie remise, elle ne connaissait que trop bien son camarade. D'ailleurs, ce dernier n'en avait pas fini avec elle. Voilà qu'il rapprochait son visage du sien, pas de quoi faire perdre ses moyens mais juste assez pour la décontenancer. Et voilà que sa main qui se trouvait derrière elle venait jouer avec l'une de ses mèches de cheveux. Bordel, il savait y faire et si elle n'avait pas intégré le fait que ce n'était qu'un jour, elle aurait presque pu se laisser avoir. Il était expérimenté, ça se sentait. Typiquement l'inverse d'Edward, pour le coup. Il pourrait peut-être lui donner des cours ? « Ou peut-être que tu me trouve vraiment attirante. Ou peut-être les trois à la fois, qu'est-ce que ça peut me faire ? On peut vérifier ça tout de suite ... » Répliqua la jeune femme en approchant son visage encore un peu de celui de son camarade. A ce rythme, leurs nez allaient bientôt finir par se toucher. Ils devaient donner l'air d'un sacré tableau, vu de l'extérieur. Heureusement que les deux marmots étaient concentrés sur leur partie d'échec. Doucement, elle posa sa main sur la cravate du Serpentard aux jolies couleurs de leur maison et, d'un geste expert, elle s'aida de son autre main pour commencer à la défaire. Sans jamais baisser les yeux. Bon, elle n'avait clairement aucune idée de ce qu'elle allait faire une fois la cravate enlevée mais au moins ça lui laissait le temps d'y réfléchir.

Oui, c’est habituel. Oui, c’est régulièrement que Cruz s’amuse à m’aguicher. Parce que nous savons tous deux ce que ça veut dire. Parce que nous en connaissons toujours la finalité. Fait-elle des progrès ? Vais-je l’arrêter net dès le premier défaut observé ? Vais-je être satisfait et jouer à mon tour jusqu’à me lasser ? Toutes ses questions proprement posés à chaque fois que son air séducteur s’approche de moi. Aujourd’hui est un jour spécial, quelque peu différent. Parce qu’elle est forte, très forte. Parce que je me sens à la fois attiré par la brune, une attirance que je veux pourtant simuler afin d’obtenir une petite information dont je me fiche. Paradoxe extrême. Alors, c’est quoi la vérité ? Où est-ce que je me positionne exactement ? Je suis le meneur, ou le mené ? Je commence à me poser ses questions complexes suite à la réponse qu’elle m’a apportée. Effectivement, je suis peut-être bloqué dans chacune des options que j’ai énoncées. Et l’amusement que je prends à me rapprocher d’elle n’aide en rien. Seulement je reste pour le moment bien conscient que je ne suis pas mené. Je ne le suis pas, car je garde en tête ma taquinerie principale, celle qui vient après ce que j’exerce en ce moment sur l’une de ses mèches de cheveux, visages rapprochés. Vérifier ça tout de suite, qu’elle dit. Vérifier en allant plus loin dans son jeu. Dangereux ceci-dit. Pourquoi dangereux ? Qu’est-ce qui empêche deux âmes attirées de se rapprocher ? Une amitié succeptible d'être ébranlée ? Un individu trop proche de chacune d’elle, peut-être ? Oui je pense encore à Ed. Il est ma finalité ainsi que mon ultime recours. Un peu comme si je cherchais Edward avec l’aide d’Edward, si vous préférez.

Bref, moi je suis resté bloqué sur "vérifier". C’est qu’elle ne lâche rien, pas cette fois. Le jeu, nous l’avons lancé tous les deux après qu’elle ait signalé le départ. Vous voulez savoir comment j’en suis arrivé à devoir jouer le jeu moi aussi ? Le problème c’est qu’au fur et à mesure, je savais ce qu’elle faisait. J’étais obligé de la remballer, de lui faire comprendre que je ne suis pas idiot. Seulement au bout d’un moment, c'est devenu plus drôle d’y répondre par le même amusement que le sien. Au cœur d’un jeu qui n’est jamais devenu incontrôlable, ses petits doigts fins qui défont ma cravate provoquent un battement violent de mon cœur contre ma poitrine. Juste un battement. La surprise. Nous sommes à présent plus proche que nous ne l’étions déjà. De ma tête et demi de plus, mon visage a automatiquement penchée de peu vers elle. Souffles presque mêlés, réflexe masculin que de baisser les yeux sur ce que je peux encore apercevoir de son corps. Arquer un sourcil, loin de me retrouver perturbé par de si petites broutilles. Mais qu’en sera-t-il pour elle ? « En fait, moi, la réponse je la connais trésor. A toi de vérifier. » Défi lancé. Je ne suis pas que taquin, je suis également un terrible provocateur. Voix grave et suave d’un ton plus bas que les précédents en vue de la proximité, mes doigts quittent sa mèche de cheveux afin de permettre à ma paume de main de se déposer contre son crâne. Sensible, délicate, elle glisse sur son oreille, jusqu’à atteindre sa joue bronzé. Ne la laisser en place que quelques secondes, juste le temps pour elle de percuter que deux doigts de mon autre main, se sont emparés de la coupe de son pull. Par là qu’on commence lorsqu’on veut ôter son haut, pas vrai ? Par là que je l’a tiens avec fermeté. Situation intrigante lorsqu’on sait à quel point la personne qui nous fait face est agréable à regarder. Situation intéressante lorsqu’on parvient à passer à côté. Je suis fort d’esprit, mais pas sans faille. Je sais ce que je fais, mais l’adrénaline est la seule chose que l’esprit ne peut contrôler, alors attention. « Un indice. J’ai noté l’absence de ce petit mordillement sur ta lèvre. Tu pense que je te crois sincère ou juste dans une parfaite progression que je mets à l’épreuve ? » Trop parler, trop en dire, peut-être susceptible de tout briser, comme tout relancer. Ajouter une dernière chose pour sauver les mœurs, au cas où. « Ca me perturbe d’ailleurs, si tu reprends pas vite ton vieux réflexe je vais devoir le faire à ta place. » Là j'abuse, mais j'ai adoré le dire, de ce ton amusé, de ce sourire en coin. Repousser le moment où le prénom d’Edward passera à nouveau entre mes lèvres.

Cruz avait posé les mains sur le noeud de cravate de Luca et commençait à défaire ce dernier, lentement mais d'un geste assuré, ses doigts fins dénouant sensuellement cette première barrière entre elle et le corps de son camarade. Tout ça avec les deux gamins qui continuaient leur partie d'échec le plus innocemment du monde. Ah, c'est beau l'enfance ... « En fait, moi, la réponse je la connais trésor. A toi de vérifier. » Répondit le septième année avec un ton terriblement provocateur. Il la mettait au défi et c'était bien mal connaître la jeune femme que de penser que cela suffirait à la freiner. De toute manière, Cruz était persuadée qu'il cherchait à lui faire prendre tous les risques. C'était évident, n'importe quelle personne qui la connaissait un minimum savait qu'elle avait un esprit de compétition à toute épreuve et qu'elle détestait perdre. Aussi fallait il essayer de rester lucide et de ne pas tomber dans le panneau telle une débutante, comme elle avait pu le faire lors de précédentes discussions. Cependant, Cruz devait bien admettre qu'elle était face à un adversaire de taille et pas seulement parce qu'il faisait près de quarante centimètres de plus qu'elle. Luca, qui s'amusait alors avec quelques mèches de cheveux de la jeune femme - sublimes cheveux épais et noirs, avec de jolies boules, soit dit en passant - abandonna cette occupation pour aller encore plus loin dans le jeu. Il posa délicatement la paume de sa main contre le crâne de Cruz, qui ressentit un petit frisson malgré elle - parce que sa main était froide ou pour une raison bien moins avouable, mystère. Sa main frôle ensuite l'oreille gauche de la préfète pour finalement atteindre sa joue, sur laquelle ses doigts se posent quelques instants. Le temps pour l'Espagnole de baisser les yeux à l'endroit de ce contact si inhabituel. Le temps pour le jeune homme de s'emparer de l'extrémité du pull de Cruz, au niveau de ses hanches, qu'il agrippe fermement. C'était donc ça son idée ? Faire comme s'il comptait déshabiller la sixième année là, au beau milieu de la salle commune, devant les gosses absorbés par leurs échecs ? Rien de nouveau sous le soleil, puisque c'était déjà ce qu'était en train de faire la jeune femme, qui avait laissé tombé la cravate de son camarade sur le sol. Quel manque d'originalité.

Et pourtant, Cruz se sent quelque peu fébrile de savoir que, si Luca le désire, il pourrait presque la déshabiller sur place. L'adrénaline, sans doute. La sensation de franchir un cap, d'entrer dans le domaine des interdits. Terriblement excitant, terriblement dangereux. « Un indice. J’ai noté l’absence de ce petit mordillement sur ta lèvre. Tu pense que je te crois sincère ou juste dans une parfaite progression que je mets à l’épreuve ? » Ainsi donc son entraînement avait bel et bien porté ses fruits puisqu'elle arrivait désormais à jouer la séduction avec Luca sans qu'il n'y ait aucun signe physique pouvant la trahir. Elle en avait fait du chemin depuis le jour de leur première discussion. La jeune femme se met à sourire, elle reprend de l'assurance et ses yeux se replongent dans le regard clair du septième année. Ses doigts s'attaquent désormais au premier bouton de la chemise de Luca, un peu en dessous du col. Bientôt, elle pourra voir la naissance de son torse. Après il faudra qu'elle lui enlève son pull mais peut-être n'aura-t-elle pas besoin d'en arriver là. « Là tout de suite Trésor, je t'avoue que ce ne sont pas tes pensées qui occupent mon esprit. » Expliqua la brune, en baissant les yeux sur le bouton qu'elle vient désormais de défaire. Elle écarte un peu les bords de sa chemise et plonge les yeux dedans. Pas mal, les lignes de son torse semblent bien dessinées. Puis, elle releva les yeux. Il ne fallait pas non plus trop lui montrer qu'elle appréciait ce qu'elle voyait, au risque d'être bien trop crédible. « Ça me perturbe d’ailleurs, si tu reprends pas vite ton vieux réflexe je vais devoir le faire à ta place. » Cruz écarquilla les yeux, ne comprenant pas où son camarade veut en venir sur le moment. Puis, elle saisit enfin le sens de ses propos et son sourire s’agrandit. Un soupçon de rouge traversa même ses joues avant de se dissiper bien rapidement. Cruz l'admettait, elle ne s'attendait pas à cette réplique. Cela semblait beaucoup trop facile pour être sincère, elle n'allait pas se laisser abuser. Même si son corps s'était mis à battre plus fort, parce que le jeu devenait bien trop dangereux. « Bah alors, qu'est-ce que tu attends pour le faire ? » Le questionna Cruz, avant d'émettre un petit rire narquois. Elle n'y croyait pas une seconde, à cette provocation. C'était beaucoup trop gros pour être vrai et, même si ça l'était, la partie était bien trop avancée pour que Cruz dépose les armes maintenant. Il fallait gagner, à tout prix. Il abandonnerait avant elle, la brune allait bien finir par l'y forcer.

La fermeté de mes doigts contre la laine de son pull, alors que ma cravate tombe à même le sol. Le serpent fait son grand retour rampant sur la moquette de la salle commune. Taquineries et provocations à l’œuvre, un trop pleins de questions venants de ma part, mais qui me mèneront exactement où je veux aller. Trop causer pour provoquer l’inverse chez mon auditeur, qui lui, ne voudra qu’agir. Et elle ne fait que ça. Répondre à mes provocations par des agissements qu’elle nous pousse tous deux à faire. Malgré tous les progrès qu’elle fait, il restera des choses bien trop faciles pour moi. Celle-ci en est une. La pousser à attaquer dans le sens que je souhaite. La seule difficulté que je n’avais pas prévu, c’est ce plaisir à jouer. Bien sûre, on prend toujours du plaisir à jouer, autrement on ne jouerait pas. Mais là je parle d’une envie de continuer, d’aller plus loin, tout en sachant que je ne le ferais pas. Vouloir toucher ne serait-ce qu’une seule parcelle de sa peau. Comme un enfant qui louche sur la petite framboise posé au dessus du gâteau, alors que ce n’est pas encore l’heure du dessert. C’est le même genre de tentation. Une tentation qu’on adore ressentir mais qu’on ne va pas assouvir. J’aimerais qu’il n’y en ait aucune parce que ce n’est qu’un jeu, seulement l’adrénaline, ça ne s’invente pas. Adrénaline d'ailleurs omniprésente lorsque ses doigts passent à la seconde étape, déboutonnants le col de ma chemise. Comme si elle n’avait pas la patience de retirer mon pull avant, elle commence par la couche de vêtement qui se trouve juste en dessous. Intrigante quand elle s’y met, douée quand elle excède. Sourcil arqué, expression naturelle de ma provocation tout aussi naturelle. Courant frais sur mon peu de peau laissé à l’air libre, alors qu’elle dit n’être intéressé que par une chose; mon corps certainement. Torse qu’elle s’essaie d’apercevoir, parole dont j’abuse un peu trop. Mais comme dit précédemment, c’est purement stratégique. Les mots sont le sens même de la séduction. Encore faut-il que ça ne dépasse pas la réalité.

Mes doigts sont toujours à leur position initiale, des doigts que je me suis forcé de ne pas crisper alors qu’elle déboutonnait de peu ma chemise. Paroles osés que j’ai lâchées, sans gêne, et qui furent presque trop pour un simple jeu. Je me pousse dans l’extrême, comme d’habitude. Un extrême qui m’envoie assez souvent vers ce que je désire. Bien que Cruz soit loin d’être indésirable, je n’en suis clairement pas rendu là. Sourire à pleine dent aux derniers mots de Cruz. Putain c’est qu’elle en veut. De moi ou de sa victoire, j’en sais rien. Mais sa victoire, c’est sûr, elle la veut. J’envoie une provocation, et elle y répond par une toute autre. Sachez que j’ai des couilles. Je peux tout faire à partir du moment où j’en ai envie. Et ce ne sont pas de fines lèvres aguicheuses qui m’arrêteront. Alors les doigts qui nichaient jusqu’à présent sur son pull viennent s’y glisser à l’intérieur. Lentement, sans gêne, je glisse ma grande main sur une petite parcelle de la peau au dessus de ses hanches. Rien d’abusé, rien d’excessif, simplement lui offrir ce petit contact du bout mes doigts froids. Mon autre bras revenu sur le dossier du sofa, je me prépare enfin au pire. Un rapide regard de côté en direction des deux cons avec leur échiquier, et j’adresse enfin le mot que je réservais. « S'il n'ya rien entre Ed toi, tu ne vois aucun inconvénient à c’que je le face tout de suite ? » Nos souffles rapprochés ne cessent de l'être alors que mon regard océan quitte ses yeux noisette. J'approche mes lèvres souriantes en coin des siennes, avec lenteur, mes fines babines entre-ouvertes afin d'accueillir les siennes entre mes dents. Lenteur volontaire, lui laisser le temps ou non, de me repousser une dernière fois. Soit j’ai tord, soit elle est aussi mauvaise que je le suis et elle se fiche de flirter avec le premier venu. Le souci étant qu’une lenteur pareille peut faire passer mon acte pour un moment de doute. C’est elle que je veux faire douter, pas moi. Alors je me permets d’avancer encore un peu, d’avancer jusqu’à frôler sa lèvre inférieur de ma lèvre supérieur.

Ce jeu de séduction entre les deux Serpentards était devenu une sale habitude, au fur et à mesure des années. Mais jamais, ô grand jamais, ce n'était allé aussi loin. C'était toujours resté plutôt gentillet et bon enfant, le genre de trucs qu'on fait pour passer le temps, sans pression ni sous entendu. De toute manière, ils ne se plaisaient pas vraiment. Ce n'était qu'une attirance feinte, n'est-ce pas ? Ce n'était pas réel, ça ne pouvait pas l'être : ce n'était qu'un jeu. Et les voilà pourtant dans une posture plus que suspicieuse. Cruz a défait la cravate du septième année ainsi que le premier bouton de sa chemise, tandis que ce dernier tenait fermement un pan de son pull. Et tout ça sous le nez des deux crétins de deuxième année toujours absorbés par leur partie. Bel exemple pour la jeunesse, me direz-vous. Qu'importe. Aller toujours plus loin dans la provocation, toujours répondre à celles de son camarade, ne jamais rien lâcher. C'était de cette manière que Cruz comptait arriver à la victoire. Alors forcément, lorsque Luca lui propose de mordiller sa lèvre à sa place, elle ne dit pas non. Pire que ça, elle l'invite à le faire. Une vraie tête brûlée, prête à tout foutre en l'air pour un jeu. Si intelligente et si stupide à la fois. Espérer que cela suffise à décourager Luca était totalement naïf de la part de la préfète. Elle s'en rend compte lorsque celui-ci glisse une de ses grandes mains glacées sous son pull et la dépose sur sa peau tiède, juste au dessus des hanches. Un autre frisson, encore. Mais elle se concentre pour ne pas lâcher du regard son camarade : elle croit encore qu'elle peut s'en sortir de la sorte. Idiote.

« S'il n'y a rien entre Ed et toi, tu ne vois aucun inconvénient à c’que je le face tout de suite ? » Alors que la préfète pensait qu'il battrait en retraite, c'est finalement tout l'inverse qui se déroule sous ses yeux. Luca arbore un sourire en coin qui ne laisse rien présager de bon. Puis, il rapproche tout doucement ses lèvres fines de celles de la jeune femme, plus charnues. Cruz ne bouge pas d'un poil, elle est bien trop tétanisée par ce qui est en train de se passer. L'adrénaline qu'elle ressent en cet instant fait battre son coeur à la chamade, comme s'il était près à transpercer sa poitrine. Le septième année approche sa bouche lentement, très lentement ... trop lentement ? Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Serait-il en train d'hésiter ? Ou veut-il la faire douter et lui laisser le temps de l'arrêter ? Comme il l'avait si bien dit, s'il y avait quelque chose entre Edward et elle - ce qui était clairement le cas - elle aurait tôt fait de mettre un terme à cette petite séduction. Mais ce serait bien mal connaître Cruz. Tant qu'elle ne se trouvera pas dos au mur, au bord d'un précipice et avec un pied dans le vide, elle ne s'arrêtera pas. Et encore, même si elle arrivait jusqu'à cet extrême, elle préférerait sauter que de se dégonfler. Stupide esprit de compétition, stupide égo qui la conduira à sa perte. La lèvre supérieure de Luca vient frôler la lèvre inférieure de Cruz et, pourtant, elle ne bouge toujours pas. Elle réfléchit à ce qu'elle va devoir faire pour se sortir de là, ce qu'elle peut bien dire pour s'en sortir. Mais ça ne vient pas, alors elle reste de marbre malgré ce frisson qui la parcourt. « Aucun. » Finit elle enfin par articuler, dans un souffle. C'est du bluff, très clairement. Mais Luca ne le sait pas, il n'a aucun moyen de s'en douter : ses lèvres sont restées parfaitement immobiles, entre celles du jeune homme. Partagée entre son désir d'aller au bout de ce qu'elle a commencé et celui de tout stopper pour ne pas mettre le foutoir avec Edward, Cruz ne sait pas bien où se positionner. Alors, elle attend, les yeux rivés sur les lèvres de son camarade.

Mes faiblesses. Si on en parlait ? L'amour, l'un des plus grand mystères de ma vie. Si perturbant quand il existe, si envient lorsqu'il n'existe pas. L'amour, ce sentiment si rare en ce qui me concerne. Et pourtant, il créer en moi la pire de mes faiblesse pour deux raisons: l'amour est présent dans chaque amitié, et mes amitiés, malgré tout ce que je laisse paraître, j'y tiens. Devenir fou lorsqu'on touche à mes proches, rien qui ne m'empêche de le faire moi même. Destructeur jusqu'au bout, destructeur des sentiments que je n'aime pas ressentir. L'amitié et l'amour sont mes plus grandes faiblesses parce que c'est la seule chose que je ne peux contrôler, mais aussi parce que je deviens dangereux lorsqu'il s'agit de ceux qui en sont le sommet.

Ma deuxième faiblesse, c'est cet esprit de compétition, de défi, de provocation. Je dois toujours relever le défi qu'on me lance, comme si ne pas y répondre serait hors de moi. Souvent drôle, respectable, mais parfois dangereux. Surtout en ce moment, sur le point de mordiller la lèvre de Cruz, si ce n'est pas l'embrasser. Pensés vers Calypso bien loin de moi aujourd'hui, pensé vers l'amitié que je partage avec Cruz, persuadé qu'un si peu de chose ne l'a détruirait jamais. Si une amitié se risque au danger en faisant ça, c'est celle d'Ed, si encore j'ai raison. Raison qui s'éloigne un peu plus alors qu'elle ne recule pas. Bluff de sa part ou stricte vérité, je ne peux plus reculer. Parce que j'ai des couilles. Aussi simple et bidon que ça. Souffles mêlés, paroles de Cruz qui provoquent une palpitation forte dans l'ensemble de mon corps. Vouloir reculer, mais ne pas pouvoir, bloqué entre le challenge et l'attirance. Principe exige, autant que la belle gueule de la Serpentard à la peau couleur caramel. Merde. Voilà tout ce que j'ai à dire.

Rompre le dernier millimètre qui sépare nos lèvres. Les miennes entre-ouvertes laissent échapper mes incisives que viennent mordre avec délicatesse la lèvre inférieure de Cruz. Paupières qui se ferment quelques secondes, le temps de tirer sensuellement sa lèvre inférieure vers moi. Ne pas prendre la peine de mordiller comme elle fait d'habitude, y aller franco, mais lentement. Je dois avouer y prendre du plaisir, mais je dois me rendre à l'évidence que ce n'est que le constat d'un jeu qu'aucun de nous ne veut perdre. Un jeu, un moyen de connaître la vérité qui se voue à l'échec. Qu'une seule et dernière solution en vue, rompre sa séduction qu'elle se tue à chaque fois de conclure. Lâcher ses lèvres, retirer ma main de sur sa peau chaude, retirer aussi mon bras toujours présent juste derrière elle. Me reculer tout court, un sourire au bord des lèvres, un regard azur perçant ses iris brunes. Je laisse davantage mon expression taquine prendre le dessus sur l'amusement que j'ai eu à le faire. Me reculer d'une fesse, l'a regarder de plus loin, couper court à la chose car c'est la meilleure chose à faire. « Ok, tu dis sûrement la vérité. En tout cas t'as progressé, c'est bien Trésor, en faisant comme ça tu pourras chopper n'importe quel simple d'esprit. » Insinuer une vérité; je ne suis pas simple d'esprit. Faire genre que je m'en branle alors que ce n'est pas le cas. J'ai kiffé, et elle est assez maligne pour l'avoir compris. Ce que je ne simule pas c'est cette facilité à me détacher. S'en foutre, toujours. Moment sympa, moment déjà terminé. Tourner le regard vers les deux abrutis qui nous regardent à présent. Hausser les sourcils et adresser des mots à la plus grosse tête de con des deux, des mots d'une voix suave, sans perturbation, sans aucune sympathie apparente. « J'espère que tu perds. » Regard à la fois vide et sévère, le rapporter vers une Cruz bien plus lumineuse que les deux autres. Autre chose Cruz ?

Cruz n'a jamais connu la stabilité, elle ne sait pas ce que c'est. Pas plus qu'elle ne sait comment réagir quand quelqu'un lui montrait explicitement qu'il la voulait, elle. Malgré les airs de fille sûre d'elle, qui a l'habitude de jouer de ses charmes, Cruz ne sait pas. Elle n'est pas conne pourtant, la gosse, pas plus qu'aveugle. Quand elle joue à ce petit jeu avec Luca, elle sait exactement où se trouvent les limites à ne pas dépasser. Raison pour laquelle elle fonce tête baissée. Oui c'est con, oui c'est totalement illogique. Mais Cruz est illogique, surtout quand elle se trouve face à un regard azur. Comme avec Zach, dans la salle de bain des préfets. Comme avec Edward, dans la salle des préfets. Comme d'autres peut-être, qui sait ? Elle n'est jamais allé trop loin, malgré les situations tordues dans lesquelles elle s'est foutue consciemment. Sauf avec Edward, parce qu'elle sait qu'il est bien pour elle. Comme elle sait exactement que Luca ne le serait pas. C'est un connard avéré avec les filles, l'Espagnole le sait. Elle l'a vu faire avec Mélusine, comme avec d'autres. Et Cruz ne veut pas être comme les autres. Ce qui ne l'empêche pas de tomber dans le panneau, présentement. De laisser le septième année placer une main sur sa peau, de le laisser approcher ses lèvres des siennes. De ne surtout rien faire pour l'arrêter. Elle aime l'adrénaline que ça lui procure, ce battement de cœur plus rapide qu'à l'accoutumée, ces frissons qui la parcourent. Le fait d'être surprise par les deux crétins, aussi. C'est pourquoi elle répond consciemment au jeune homme qu'elle ne voit aucun inconvénient à ce qu'il vienne lui mordiller la lèvre, malgré la relation qu'elle entretient avec Edward. Parce que dire non, ce serait aussi se trahir consciemment. Perdre la partie. Donner la victoire à Luca. Il est hors de question pour Cruz de le laisser gagner. Même si elle doit tout perdre en retour, elle veut être vainqueur. Et l'adversaire qu'elle a en face d'elle est pour le moins coriace. Il ne se laisse pas démonter par la réponse de la préfète, bien au contraire. Il s'approche encore un peu et viens saisir la lèvre inférieure de la jeune femme à l'aide de ses incisives. Il ferme les yeux, elle aussi. L'espace d'un instant elle y croit pour de vrai et ça ne la dérange pas. Pas une once de culpabilité sur le moment, juste l'envie de savourer sa victoire.

Quand, soudain, tout s'arrête. Luca cesse de mordre la lèvre et ne s'approche pas pour conclure. Au contraire, il se recule en enlevant en même temps sa main de sous le pull de la préfète et son autre bras de derrière elle. Fin de la parenthèse, retour brutal à la réalité. Il a gardé ce sourire satisfait et taquin sur les lèvres. Pas elle. Cruz est bien trop frustrée d'avoir perdu à un millimètre près. Luca se recule, c'est définitivement fini. « Ok, tu dis sûrement la vérité. En tout cas t'as progressé, c'est bien Trésor, en faisant comme ça tu pourras chopper n'importe quel simple d'esprit. » Sourcils froncés du côté de la préfète. Cette remarque ne lui plaît pas, mais alors pas du tout. Certes, elle a réussi à lui faire gober son énorme mensonge. Mais lui dire qu'elle ne peut chopper que les idiots, ça elle n'est pas d'accord. Elle est pas conne, elle a bien vu qu'il prenait plaisir à se rapprocher d'elle comme ça. Peut-être même que s'il n'y avait pas eu Edward dans sa vie, elle aurait fait en sorte que ça aille plus loin. Et ça aurait été plus loin. Ils le savent tous les deux mais refusent de l'admettre. Cruz se rend compte que les deuxièmes années les observent lorsque Luca en remballe un avec toute la délicatesse qui le caractérise. Regard sévère du côté de la préfète, regard qui veut tout dire : si jamais ils en parlent ou font un commentaire, elle les étrangle. Ils le savent, Cruz défend les membres de sa maison bec et ongles mais n'hésite pas non plus à les secouer. Luca retourne son regard azur en sa direction, c'est le moment de lui répondre. « Joue pas au plus con avec moi, trésor. J'ai pas besoin de tes compliments pour savoir que je peux chopper bien plus qu'un simple d'esprit, si je m'en donne vraiment les moyens. » Un petit sourire taquin renaît sur les lèvres de Cruz, qui avait revêtit une expression dure jusqu'alors. La prochaine fois, peut-être qu'elle tentera le diable. Bizarrement, elle en a extrêmement envie. Elle ne devrait pas, pourtant. Mais comment résister à l'envie de battre un connard champion dans l'art de jouer avec les filles ?

Je suis un enfoiré de première, sincèrement. Ou juste un bon joueur. Mais elle me connaît, elle sait comment je suis. J’ai simplement repoussé l’échéance bien plus loin que d’habitude, tout en y prenant un plaisir coupable. Jamais encore ses lèvres n’avaient frôlés les miennes. Quelques souvenirs de ses regards qui s’attirent, de ses petits contacts de peau contre peau, mais rien qui ne soit encore allé jusqu’à une si petite chose finalement. Coupure de ma part, comportement osé mais digne de moi. Habituel certes, mais avec elle, c’est osé. Car elle n’est pas comme toutes les autres. Je ne pourrais jamais me permettre de la traiter comme j’en traiterais une autre. Avec elle ce n’est qu’un jeu mutuel, et elle le sait. Au final, il faut un gagnant. Et qui dit gagnant, dit perdant. Une fois de plus, aujourd’hui, ça ne sera pas moi. Loin de vouloir la blesser par mes paroles, volonté espéré de me valoriser, ma remarque n’a pas semblée lui plaire. Il n’ya qu’à voir sa gueule sur le moment pour comprendre. Aussi dure et ferme qu’un pain de glace, elle se tourne à son tour vers les puceaux, leur jetant un regard si glaciale qu’ils en resteront certainement à leur partie d’échec, et rien d’autre.

Visage de Cruz qui s’estompe peu à peu vers le retour d’un sourire taquin alors qu’elle défend mes avances piquantes. Persuadée de pouvoir attaquer toute catégorie d’esprit, un enchaînement de mots qui ne peux m’empêcher de sourire à pleine dent alors que je me penche pour ramasser ma cravate gisante sur le sol. Me demander de ne pas jouer au plus con, c’est trop me demander Cruz, tu le sais bien. Mais je fais un effort et je me contente d’une réponse simple et pratique. Nul besoin de préciser que je flattais simplement mon égo. « T’en as les moyens. » Mais pas avec moi. Tant que je connaîtrais ses intentions et l’existence de ce jeu de dingue, elle ne pourra pas gagner. Tant qu’on ne m’aura pas nettoyé le cerveau, ça ne changera pas. Trop fier, trop encrée dans ce rôle de challenger qui me colle à la peau. Ramener le regard vers elle, calmer mes ardeurs alors que je place la cravate autour de mon cou, paré à la refaire. « Un conseil, évite de trop t’en venter, les gens ont tendance à jamais rien comprendre. » Aucune envie qu’elle se face passer pour une fille facile aux yeux de tous. Sourire en coin, rien de taquin, juste de la sympathie alors que je referme le bouton qu’elle a précédemment ouvert. Si j’étais encore coincé dans ce jeu, je lui aurais demandé de faire le nœud de ma cravate. Mais ça ne va pas, ça ne colle plus, et en plus c’est naze. Je le ferais bien plus rapidement moi-même. Me relever d’un coup, Cruz toujours assise sur le divan de la salle commune, finaliser le nœud de ma cravate, manches relevés, tatouages apparents. Sans la moindre idée de ce que je vais faire maintenant, pourtant décidé à ne pas rester assied ici. Peut-être qu'elle veut que je reste, peut-être qu'elle a des choses à faire. Je ne sais pas. Prendre mon livre resté derrière moi tout du long et tourner le regard vers la brune. « Sans rancune, Trésor. » Arquer un sourcil à nouveau, accompagné de cette esquisse indispensable au bord des lèvres. Une fin de jeu des plus habituels, pour une partie qui n’en était pas.

Fin de la partie. Game over, comme l'on dit dans le milieu des jeux vidéos. La victoire n'est qu'en demi-teinte, pour l'un comme pour l'autre. Luca ne s'est pas laissé séduire par la préfète des Serpentard et cette dernière ne lui a pas révélé son secret. Chacun a tenu ses positions et, dans un sens, c'était peut-être le meilleur dénouement possible pour cette situation. S'ils avaient cédé, l'un comme l'autre, alors les choses n'auraient pas été pareilles. Mais bon, inutile de se perdre dans des conjectures reposant sur des évènements qui n'ont pas eu lieu. Rien à changer et c'est tant mieux comme ça. Luca se baisse pour ramasser sa cravate qui se trouve toujours par terre tandis que les deux marmots détournent les yeux pour finir leur partie d'échecs. Il ne restera aucune trace de ce qui s'est passé dans cette salle commune, rien du tout. Et si le bruit court, Cruz saura exactement à qui s'en prendre. En préfète, elle est géniale. En Satan, elle excelle. « T’en as les moyens. » Lui répond finalement le Serpentard. Il s'arrête là mais Cruz sait que le "mais" est sous entendu. Est-ce que cela va suffire à la décourager ? Certainement pas. Cruz a bien vu qu'elle avait franchi un cap aujourd'hui. Jamais leurs lèvres ne s'étaient touchées de la sorte. Et, pourtant, Merlin sait que ça faisait un moment que Cruz tentait des choses avec le septième année. Est-ce que sa persévérance avait finalement porté ses fruits ou alors le jeune homme s'était-il joué d'elle jusqu'au bout ? L'égo de Cruz la fait pencher pour la première option, mais cela reste évidemment très subjectif. Il faudrait faire une nouvelle tentative pour valider cette hypothèse. L'idée ne rebute d'ailleurs pas la préfète. Pas du tout.

« Un conseil, évite de trop t’en vanter, les gens ont tendance à jamais rien comprendre » Cruz arque un sourcil. Qu'est-ce qu'il veut insinuer par là ? Que les gens pourraient la prendre pour une fille facile ? Rien d'étonnant à cela, avec le nombre d'abrutis qui logeaient au château. A partir du moment où c'était un garçon qui collectionnait les conquêtes, il avait le respect de ses paires. Quand c'était une demoiselle, les choses étaient bien différentes. Et ne me parlez pas de la solidarité féminine, pitié. Les femmes sont les pires garces entre elles, sachez le. Cruz l'avait compris depuis bien longtemps, il n'y avait qu'à voir la réputation que certaines filles se trainaient à l'orphelinat. Hors de question que ça lui arrive à elle aussi. Même si elle jouait dangereusement avec le feu ces temps ci. « Les gens sont stupides. Après tout ce n'est qu'un jeu, ce n'est pas réel, n'est-ce pas ? » Questionna la jeune femme, bien plus soucieuse de connaître la réponse qu'elle ne l'aurait voulu. Comme pour se rassurer sur ses agissements. Cela n'aurait pas d'impact, si ? Poudlard était un huis-clos, après tout. Ce qui se passait entre ces murs restaient entre ces murs, non ? Plus Cruz y réfléchissait et plus elle doutait de la chose. « Merci de t'en inquiéter, en tout cas. » Sourire sincère, dépourvu de toute malice, pour une fois. Elle connait la réputation de Luca avec les filles, elle sait donc qu'il est différent avec elle. C'est peut-être ce qui rend son amitié si précieuse, dans le fond. Le septième année rattache le bouton précédemment défait pas la brune et renoue sa cravate. Puis, sans crier gare, il se relève. Qu'est-ce qu'il est grand, n'empêche. Une vraie asperge. « Sans rancune, Trésor. » Finit-il par dire, en se saisissant du livre qu'il avait abandonné sur le canapé. Sourire en coin, comme à son habitude. Celui de Cruz lui répond, alors que cette dernière se lève également. Réajustant le bas de son pull, là où Luca avait précédemment glissé sa main, elle se dirige vers son dortoir et passe devant le septième année. « Sans rancune. J'ai déjà tout un tas d'idées pour la prochaine fois. Et si tu ne peux pas attendre, trésor, tu sais où est mon dortoir. » Clin d’œil malicieux avant de prendre la direction de ce fameux dortoir. Elle n'a pas pu s'empêcher de balancer une énième provocation, c'est dans sa nature. De toute façon, elle ne s'attend pas à ce que Luca y réponde. C'est fini, pour cette fois.

Un jeu. Oui Cruz ce n'est qu'un jeu. Faut- il que je lui réponde dans le cas où ça question aurait des arrières pensés interrogatives ? Est-ce que je suis moi même convaincu de la réponse qui nous semble évidente ? C'est un jeu oui, un jeu qui aurait pu s'étendre à bien plus que ça si on ne s'était pas amusé à tenter le diable. Jouer avec un ami pour qui l'attirance est éphémère, c'est plus simple qu'aguicher une personne dont on ne pensait pas l'être autant. Attirance physique, certes, mais la séduction est un ensemble. Ce sont les mots, la prestance, une attitude qui ne résulte pas simplement d'une pauvre tronche posé sur un long cou et d’un tige avec deux airbags avant et arrières. Alors si les écarts sont de mises, on ne peut en vouloir qu'à la constitution du corps humain. Question à laquelle je me contente de la regarder d’un coup d’œil en coin, paquetant mes affaires, paré à filer. Cruz, une amie que je n’ai pas besoin de voir chaque jour des heures durant pour l’apprécier. Le jeu y est sûrement pour quelque chose. Remerciements à un message passé, compris, et noté. Prévenant avec ceux que j’ai choisis, généralement du genre à les laisser se planter avant de les ramasser et de leur dire "je te l’avais bien dis."

Niché sur mes deux jambes qui feraient presque la taille de Cruz, livre à la main, je recule de quelques pas. Cruz suit le mouvement. Je la regarde discrètement de haut en bas alors qu’elle se relève du sofa, plus par réflexe du regard attiré que par instinct pervers. Sans rancune, spectacle déjà terminé, déjà oublié. Du moins presque. Car finalement c’est dans notre nature. Nature qui revient aussi vite qu’elle s’était envolée. Passage lent et aguichant de Cruz devant moi, clin d’œil, fausse invitation à la suivre, provocation qui recommence, un autre genre de provocation à laquelle aucun de nous n’attend de réponse. Sourire en coin, la regarder s’éloigner, ne pas pouvoir m’empêcher de baisser les yeux sur ses petites courbes alors que je prends le chemin inverse. « Au revoir, Cruz. » Jusqu'à la prochaine fois. Tourner la tête, définitivement, regard qui atterrit sur les deux petits cons face à leur échiquier. Passer à côté d’eux et en profiter pour taper sur la tête de l’un des gnomes avec le bouquin qui git dans ma main. Taquinerie aux couleurs amicales mais tout aussi sérieusement menaçante lorsqu’on me connaît.