L’histoire d’Edern peut sembler banale au premier abord. Né d’un père et d’une mère aimants, deuxième enfant d’une fratrie ne s’appréciant que dans le conflit qu’ils ont, il a toujours été un enfant curieux et disant ce qu’il pense. Combien de fois lui demandait-on de se taire alors même qu’il ne faisant qu’énoncer des faits que tout le monde pensait ? Lui-même ne s’en rappelait pas. Ne vous y trompez pas cependant, sa vie n’était pas exactement la plus classique du monde. Fils d’une musicienne, il fut remarqué très tôt que le gamin avait l’oreille absolue et aimait jouer des instruments de musiques. Celui sur lequel il se débrouillait le mieux ? Le piano, indéniablement, ce qui était assez surprenant compte tenu que sa mère s’était plutôt spécialisée dans le violon. Cette dernière voyait cependant tout cela d’un bon œil, se disant qu’elle pourrait le guider s’il voulait en faire sa carrière, et qu’one collaboration mère-fils entre un violon et un piano serait quelque chose de grandiose. Ainsi le jeune Edern commença à prendre des cours très tôt, progressant à une vitesse fulgurante, frôlant le prodige pour… Au final ne rien en faire, mais cette conclusion arriva bien plus tard. Peu à peu, quelques bizarreries vinrent pimenter son quotidien. De nombreuses fois, alors que son frère cherchait à l’insulter à table, le dessert de ce dernier lui explosait à la figure, étalant sur son visage de la crème fouettée. D’autres fois, des jeunes arrogants pendant quelques concours de piano virent soudainement leurs coiffures d’enfants modèles se transformer en véritable coiffure de porc-épic en pleine représentation ou perdre leurs pantalons alors même qu’ils saluaient le public. Aussi finit-il par avoir une réputation de « porte-poisse » qui, couplée à son caractère, ne lui laissèrent pas beaucoup d’opportunités pour se sociabiliser avec grand monde.

Cela ne l’empêcha pas d’avoir des amis, pourtant, avec qui il était fidèle et faisait les quatre cent coups. Eux, rien ne leur arrivait, ceux qui voulaient leur chercher des crosses finissaient généralement par recevoir une « punition poissarde » dont il avait le secret sans même le savoir. Il resta dans l’ignorance jusqu’à sa onzième année, le jour même de son anniversaire où un membre du personnel de poudlard vint expliquer à sa famille et à lui-même qu’il était un sorcier. La mère était plus ouverte à la discussion que le père qui sembla rire pour la première fois devant ses enfants face à cette annonce qui lui semblait pour le moins rocambolesque. Et pourtant, il dû se faire à l’évidence, le scientifique qu’il était n’avait absolument rien vu venir et, au final, ne savait que peu de choses sur le monde dans lequel il vivait. William, le frère d’Edern, quant à lui demanda s’il était un sorcier aussi, ce qui fut encore une occasion pour la fratrie de se chamailler au vu de la réponse négative à la question et d’un commentaire cinglant du petit jeune. C’est à ce moment là que le jeune homme dû faire un choix : Que mettre en valeur ? Avoir une profession dans le monde magique ou se focaliser sur le piano ? La réponse fut simple « On achète la baguette quand ? ». Pourquoi ? Tout simplement parce que pour lui le piano était un plaisir, mais découvrir un nouveau monde le faisait sortir des sentiers battus. Il ne suivait pas le chemin de sa mère, s’écartait entièrement de celui de son père et avait son propre monde… Et puis il pourrait toujours jouer du piano pour son plaisir personnel.

Sa première année à l’école se passa sans trop de soucis. Son caractère affirmé et sa propension à l’ouvrir quand il voulait ne lui donnait pas que des amis au sein de l’école mais en soit il y trouva sa place, ses marques, et un univers dans lequel il se sentait chez lui. Non pas qu’il se sentait mal à l’aise chez les moldus, mais au moins, on ne le voyait pas comme un poissard contagieux. Bon, bien sûr il y avait un problème avec les néo-mangemorts, un nouveau directeur bien qu’il n’ait pas connu celle que beaucoup semblaient regretter… Et puis pour ce qu’il en comprenait ces néo-machin trucs étaient des idiots. Bien sûr il y avait le coup de la gravure sur la main. Soit, c’était douloureux mais quand on sert de sac de frappe à une brute épaisse sans cervelle du nom de William, ce n’était pas grand-chose. Et puis « NM »… Pour né-moldu ? La première exclamation du gamin fut que c’était les mêmes initiales que le groupe qui les avait fait, comme quoi même en voulant les distinguer ils montraient juste leur stupidité. Puis vint l’été avec une croisière organisée par ascendance. Bien que l’idée d’être parqué comme du bétail ne l’enchante guère, le jeune garçon finit par voir le bon côté des choses… Après tout, plus on était de fou, plus il y avait de moyens de s’amuser ? Enfin… D’une certaine manière, et puis il n’allait pas se priver pour en profiter juste parce que d’autres personnes avaient des idées dépassées, si ?

Sa deuxième année est l’occasion pour lui de voir des choses plus joyeuses au départ. Le tournoi se passait bien mais… Au final rien ne se passa comme prévu et trois élèves perdirent la vie dans des attractions devenues folles. Etait-ce une attaque des néo-crétins ? Un simple accident comme il en arrivait souvent dans le monde moldu ? Toujours était-il que cette fin d’année fut mouvementée et laissa encore une fois un arrière goût assez amer dans la bouche de nombreux élèves. Lui ? Bien qu’il ne connaissait pas forcément les trois étudiants, il trouvait cela assez malheureux de perdre trois camarades alors même que l’année avait était sous les meilleurs hospices. Enfin, il ne se fit pas des amis en critiquant ceux qui se plaignaient de devoir faire des corvées pendant l’été. Pour lui, l’escapade à la ferme avait été plutôt amusante et riche en dépaysement face à sa vie londonienne partagée entre un professeur universitaire austère, une mère mélomane reconnue et un frère… Ah oui, petite anecdote, lorsqu’il revint chez lui le jeune homme eut le droit à se prendre une droite par son aîné lorsqu’il lui annonça qu’il avait croisé un animal ayant un regard moins bovin que le sien à la ferme.

Et enfin vint la troisième année, une année paisible et sécurisée. La seule jusqu’à présent d’ailleurs. Rien ne vint l’entâcher, tout était « parfait » si l’on omettait les différentes âneries que pouvaient faire les élèves, les conflits dans lesquels lui-même était pris avec certains camarades et autres relations. Au moins, cette année, pas de mort, pas de guerre, pas de néo-débiles… Il pouvait souffler un bon coup… Et puis l’été avait été amusant avec encore son lot de râleurs et surtout de bons souvenirs.

Et enfin vint la quatrième année, celle où il crut gagner au loto. Esclavagisme, confiscation de baguette, tortures et corvées en tout genre ! Comme c’était palpitant ! Ses sarcasmes et sa sale manie de ne pas savoir quand la fermer furent mis à rude épreuve mais ils tinrent bon malgré les doloris. Quelque fois, des mangemorts peu perceptifs au sarcasme ne comprirent pas qu’il se moquait ouvertement d’eux malgré la condition déplorable dans laquelle il se trouvait ce qui le faisait étrangement rire et lui permettait de s’accrocher. Bien sûr, il aidait les autres élèves dans le même bateau tout en évitant les assauts frontaux pour ne pas recevoir plus de sanctions que nécessaire, attendait patiemment l’heure de la révolte globale. Cette dernière vint enfin et, récupérant une baguette d’il ne savait trop qui, en profita pour se défendre et se battre jusqu’à la victoire des élèves malgré les pertes conséquentes. Lors de son passage dans la cellule psychologique placée à la ferme, il laissa la pression redescendre mais fit constater à ses examinateurs qu’au final… ce qui était plutôt étrange était sa troisième année sans encombre que le reste. Il avait fini par se persuader que le monde des sorciers était dangereux mais, aussi étrange que cela puisse paraître, ça ne le gênait pas le moins du monde. Alors bien sûr il était attristé de la perte de nombreux élèves et autres professeurs, chose qui ne se serait pas passé dans le monde moldu mais… Il s’était adapté. Et puis au moins maintenant William arrêterait de se demander pourquoi ce n’était pas lui le sorcier de la famille…

Et c’est ainsi, après deux petites semaines passées avec sa famille qu’il décida de repartir à Poudlard malgré les réticences de ses deux parents qu’il dut calmer en leur expliquant que les problèmes étaient maintenant réglés et qu’il ne risquait plus rien… Enfin, jusqu’à ce qu’un nouveau pépin arrive.

Jake Templeton : Son père, professeur de biologie à l’université. Cultivé et austère, Edern n’a pris que le premier trait de cette personne. On ne peut pas dire qu’ils soient en mauvais termes mais l’homme de science est sûrement le plus perdu quant à la nature sorcière de son fils. Pour lui, la sorcellerie a toujours été l’apanage des légendes et de fous voulant brûler des gens, alors voir son fils réparer des objets à coup de baguette magique était tout sauf rationnel pour le bonhomme. Il semble souvent exaspéré par l’attitude franche d’Edern, lui répétant sans cesse qu’il agit comme sa mère au même âge. Au fond, il adore ses enfants mais ne sait définitivement pas faire dans la démonstration excessive d’affection, ce qui le pousse souvent à être distant involontairement et à bouder dans son coin quand il se retrouve en dehors des petites confidences familiales ou des interrogations de ses deux fils.

Audrey Templeton : La mère d’Edern, violoniste reconnue et peu présente à la maison à cause de ses nombreuses tournées dans les différents auditoriums et autres concerto. Malgré cela, c’est d’elle qu’Edern tient sa facilité pour la joute verbale et son caractère libre. Peu de personnes pourraient se douter qu’elle n’a pas toujours été aussi sage qu’elle le parait sur scène et était ce que l’on peut appeler une fille à problèmes : refus de l’autorité, bagarreuse, bornée… A se demander comment elle a pu finir avec leur père, même si la réponse est simple et tient en peu de choses : ami d’enfance et voisin, c’est sûrement celui qui la connait le mieux. Le fait que son deuxième fils soit un sorcier ne l’ennuie pas du tout et elle lui envoie des lettres l plus souvent possible pour savoir comment se passe ses études, essayant même de s’intéresser au monde dans lequel le jeune homme vit à présent en lisant ses livres de cours dès qu’elle peut où en lui demandant des précisions sur telle ou telle créature magique.

William Templeton : Son crétin de frère, de deux ans son aîné. Ce dernier a toujours voulu le rôle de la brute épaisse, faisant valoir qu’il était le premier né, le plus costaud, le plus sportif… Edern a toujours aimé rajouter le plus idiot et le plus égocentrique derrière, quitte à se prendre un coup de poing. Jaloux, envieux, il est une cible facile pour les railleries de son petit-frère qui a bien plus de facilités que lui à taper sur les nerfs des autres là où lui se cantonne au simple fait de faire des hématomes. Leurs parents ont déjà essayé de nombreuses fois de les faire s’entendre mais en vain… A croire que les deux aiment se détester.

Chacun avait sa façon de se faire remarquer dans la file. Les sages, les turbulents, ceux droits comme i majuscules et d’autres plus décontractés… Et malgré cela, lorsqu’il fut appelé pour mettre le choixpeau, Edern réussit à se distinguer par un trait physique tout particulier : un œil au beurre noir. Pour comprendre comment cela était arrivé, il faut remonter au début du voyage, juste avant le départ pour la voie 9 ¾. Les yeux encore mi-clos malgré son cœur qui battait à cent à l’heure à la simple idée de découvrir sa nouvelle école, le jeune garçon semblait ne rien entendre autour de lui. Les voix étaient brouillées alors même que l’air renfrogné de William à côté de lui ne semblait pas le perturber plus que ça jusqu’à ce que ce dernier dise machinalement.

« Tu parles d’une motivation, il dort debout ! Je suis sûr que j’aurai été meilleur que lui dans cette école là… poidlourd !»

Edern poussa un soupire machinalement avant de se frotter l’arrière du crâne de la main droite. Il avait envie de bailler, de dormir et de se réveiller aux portes de l’école. Ce n’était pas possible ? Bon, tant pis…

« Tu veux pas te taire, Will ? Pas sûr qu’ils veuillent de toi à poudlard de toute façon… tu serais prêt à manger tes crottes de nez si on te disait qu’elles ont un goût de noisette… C’est une école de magie, pas une maison pour idiots…» Déclara alors le jeune homme avec un calme olympien et un aplomb sans pareil avant de recevoir le poing vengeur de son frère. Pourtant il ne pleura pas, se tenant simplement l’œil, habitué à ce genre de contre-attaque de la part de la brute. C’était définitif, il allait dormir dans le train, il venait de le décider, et le coup l’avait assez sonné pour lui donner une bonne raison de se reposer à nouveau et finir sa nuit. Enfin il franchit le mur après un dernier au revoir à ses parents, présents pour l’occasion. Le trajet se fit sans encombre et nous revoilà donc au point de départ.

« Edern Templeton ! »

Il avança alors tranquillement, un sourire se dessinant sous son œil boursoufflé et violacé. Quelques regards se tournèrent vers lui mais il s’en fichait pas mal, ses deux yeux fixés sur le choixpeau. Alors c’était ça qui allait décider de sa maison ? Bien sûr il avait écouté les descriptions rapides des maisons mais ne comprenait pas trop les raisons qui poussaient certains élèves à vouloir intégrer une maison plus qu’une autre. Ce qui l’étonnait le plus, c’était l’apparente vieillesse du couvre-chef qu’il allait devoir mettre sur la tête. Y’a pas à dire, il ne payait pas de mine. En passant à côté de la personne faisant l’appelle, cette dernière ne put que lui conseiller de passer à l’infirmerie pour soigner son cocard après la répartition. Le jeune homme s’assit alors sur le tabouret puis, alors qu’on s’apprêtait à poser le choixpeau sur sa tête, qu’il avait déjà vu parler, il ne put s’empêcher de dire.

« Vous avez déjà pensé à vous refaire une beauté chez un chapelier ? Ce serait pas plus mal… »

Et enfin, le verdict tomba.

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