Spencer & Jill & Octavia

What if all the myths were true...

Voilà. Spencer était parti et je me retrouvais en compagnie d’Octavia, comme le prévoyait le plan initial. Ce même plan ne prévoyait en revanche pas un état quelque peu perturbé par tout ce que Spencer et moi venions d’échanger. Il était tellement difficile d’interpréter ses regards, ses sourires et ses expressions de manière générale… Je devais sûrement avoir l’air d’un malheureux livre ouvert à côté… D’une certaine manière, j’étais contente qu’il soit parti pour pouvoir essayer de mettre un peu d’ordre dans mes idées, mais une autre partie de moi regrettait d’avoir dû le suivre du regard jusqu’à la sortie. Il était maintenant l’heure des bilans : celui que j’allais me faire toute seule, mentalement, et celui que j’allais partager avec Octavia. Le tout en essayant les robes que nous allions potentiellement choisir pour le bal de Noël dont la date se rapprochait dangereusement. Un peu en retard, nous ? Pas du tout ! Octavia était la seule petite adepte des retards… Moi ? Je mettais la traine sur le compte de mon manque d’envie d’aller au bal.

Peu de temps après mon arrivée dans la cabine d’essayage et après avoir enfilé la robe noire, je l’abandonnai pour rejoindre celle de ma meilleure amie. Parler avec Octavia me faisait beaucoup de bien…c’était un fait ! C’était toujours ainsi et le cas précis dans lequel je me trouvais n’échappait pas à la règle. Elle avait les mots, comme toujours. Ceux qui me faisaient réfléchir, relativiser et prendre un peu de recul sur la situation. Peut-être qu’il était simplement question d’arrêter de chercher à ce que ma relation avec Spencer soit « quelque chose » même si j’avais un peu de mal à prendre les choses différemment que comme ça. Octavia me demanda si nous avions réellement discuté de nous deux et j’eus besoin de réfléchir un petit instant pour lui trouver une réponse : « Non, je ne peux pas lui poser de questions… j’en ai posé trop, par le passé… » Je haussai les épaules en pinçant furtivement les lèvres, dans un petit signe d’excuses qui voulait dire quelque chose comme « dommage »…Puis, je repris pour dire : « J’étais en train d’essayer d’aborder les choses importantes au moment où tu es arrivée, mais c’est plus difficile que ça en a l’air. Je lui ai dit que je n’avais pas compris pourquoi il ne voulait plus me parler. Bien sûr, il y avait le sous-entendu « tu peux m’expliquer ? » dans ma phrase… mais, il n’a pas eu le temps de s’exprimer… Peut-être qu’il ne m’aurait jamais dit quel était le souci, mais il doit y en avoir un… Il ne m’a pas contredit quand je lui ai écrit que j’avais l’impression que quelque chose clochait, dans une des lettres … » Baissant un instant les yeux, je les relevais tout de suite après pour reprendre avec un petit sourire en coin : « Compliqué, hein ? Je suppose qu’il me parle par politesse, voilà tout… » Je haussai les épaules en disant ça et avant de reprendre : « Il m’a dit qu’il n’avait pas envie que je lui dise que j’en avais marre …Ça doit bien vouloir dire quelque chose ! Pendant un instant, j’avais l’impression qu’il allait réduire cette distance… mais, je me suis sûrement fait des idées. » Je terminai par une légère grimace, ne trouvant pas autre chose à ajouter pour le moment. A bien y réfléchir, Spencer était venu avec moi dans la boutique, il n’avait pas fui et avait même souri à plusieurs reprises. J’avais rarement trouvé autant de mystères en une seule personne, et c’était probablement une des raisons qui me poussaient à ne pas laisser tomber aussi facilement. Allez savoir…j’avais un peu de mal à comprendre moi-même. Finalement, pour rebondir aux dernières paroles d’Octavia, je m’exclamai : « Je vais finir ce que j’avais commencé à lui dire… tu as raison, je vais débloquer et éclaircir tout ça. Tu as du chocolat à laisser dans le dortoir dans tous tes sacs ? Au cas ou ça se passerait mal….. » Et je craignais surtout sa réaction bien qu’il m’aurait été judicieux de lui demander gentiment d’écouter sans forcément répondre. Le but de ma dernière prise de parole avait été destinée à lui donner quelques informations, pas à attendre une réponse particulière de sa part (même si j’avais clairement besoin de réponses). Octavia avait le don pour me faire sourire, et sa remarque sur la robe me fit sourire. Pour la première fois, je pris la peine de regarder mon reflet dans le miroir de la cabine. C’est vrai, la robe que Spencer avait eu à la main et que j’avais désormais enfilée n’était pas mal du tout ! En penchant légèrement la tête, je fis mon petit commentaire en disant, avec un sourire en coin : « J’dois changer de conseiller, c’est ce que tu es en train de me dire ? » Puis, tirant la langue à la jeune femme, je l’attirais près de moi pour qu’elle fasse face au miroir également avant de dire, pointant le doigt sur notre reflet : « Hey, regarde moi ce petit duo de meilleures amies en robes de bal ! Mon duo préféré ! On n’a pas l’impression qu’elles soient toutes les deux en peine de cœur… » Je roulai légèrement les yeux avant de dire : « La première qui voit Oliver te mater le soir du bal lève la main et gagne ….. le droit de se faire porter son sac par l’autre pendant une semaine ! » Le grand sourire que je lui gratifiais ensuite en disait long : « Je crois que j’ai 99% de chances de gagner ! C’est toi qui es belle ! » » Ça allait mieux, beaucoup mieux ! J’avais pu m’épancher un peu et désormais, j’avais Octavia pour toute éventuelle chute de morale et pour trouver la robe qu’il me fallait pour le bal. Comme toujours, elle était là pour m’aider à régler tous mes petits soucis… Le but était désormais d’être là aussi en retour…

Jill semblait totalement perdue. Cette conversation inopinée avec Spencer devait lui donner le tournis, et j'étais complètement d'accord d'être la personne sur qui elle pourrait s'appuyer pour retrouver ses esprits. Lui faire retrouver le sourire, c'était ça ma priorité. Ça passerait certainement sur un debriefing de son état d'esprit et des avancées avec lui, mais en fin de compte, je ne la laissais pas tomber. J'étais là pour lui faire étudier les options qu'elle n'avait pas considérée. J'étais là pour lui donner un regard objectif de la situation. Et j'étais là pour bassiner Spencer avec les perches qu'elle me tendait, à le travailler pour qu'il se rende compte que cette situation floue ne pouvait plus durer. Il fallait qu'ils éclaircissent ce qui se passait, il fallait qu'ils se parlent franchement, qu'ils mettent sur la table le sujet dont il était question et règlent ça au plus vite. Mais je n'étais pas de nature patiente. Jill davantage. Elle savait que ce moment viendrait. Certainement l'appréhendait-elle. Certainement voulait-elle connaître la réponse dans la seule issue serait positive. Elle n'avait pas contrôle de cette situation. Je ne sais pas si Spencer contrôlait quoique ce soit, mais j'espérais pour lui qu'il n'en avait aucune idée non plus. J'aurais à lui botter les fesses, si c'était simplement de la manipulation d'esprit. Je sais que Jill le ferait elle-même si c'était le cas, mais je savais aussi qu'en remettre une couche pour être sûre qu'il ait bien enregistrer ses erreurs potentielles ferait du bien.

Dans les cabines, je me sentais un peu gênée d'avoir débarqué de la sorte au moment qui devenait vraiment intéressant pour eux. Ils en étaient à l'étape de la confidence, après avoir dépassé les banalités de la vie. Je les aimais bien, ensemble. Ce serait un couple qui fonctionnerait, du cent pour cent blaireau. J'enfilai ma robe blanche, faisant glisser la fermeture éclair sur le côté au moment où elle rentrait dans ma cabine. Je l'accueillis avec un sourire, l'encourageant à me raconter ce qui la tracassait. J'étais un peu son défouloir, sa pensine, mais elle m'avait écouté avec mon récit au Ministère. Elle m'avait écoutée lorsque j'avais eu besoin de lui faire part de mes émotions sur ce soir-là et sur tout ces jours de torture supplémentaires en cellule, coincée entre Jayden et Shaelyn, ces idiots pathétiques. En parler m'avait fait du bien, et je savais que c'était de la sorte que l'on fonctionnait, à deux : j'avais besoin qu'elle me comprenne pour aller mieux, et inversement. C'était la première étape sur ce chemin d'acceptation. Et le but était évidemment d'aller mieux, de s'entraider, de vivre au mieux. « Non, je ne peux pas lui poser de questions… j’en ai posé trop, par le passé… » C'est vrai qu'elle m'avait expliqué ce truc de trop de questions et que Spencer la trouvait fouineuse. Ça ne m'avait jamais dérangé, qu'elle se perde en questions par moment, au contraire. Les questions, c'est signe d'intérêt pour la personne, non ? Spencer devrait s'en montrer flatté. Même s'il est parti en courant lorsque le torrent de questions de son amie avait pu l'assaillir, il aurait pu se rendre compte de son erreur en constatant que Jill n'était pas dangereuse pour lui. Jill n'est que bienveillance et rire, au final. Et supposant que Spencer est tout aussi perdu qu'elle, peut-être a-t-il simplement peur d'être affecté par cette relation si spéciale. Peut-être que cet obsédé du contrôle ne contrôle plus rien du tout lorsqu'il est avec elle. Cette idée m'effleura le cerveau et fut balayée par la suite de son récit. « J’étais en train d’essayer d’aborder les choses importantes au moment où tu es arrivée, mais c’est plus difficile que ça en a l’air. Je lui ai dit que je n’avais pas compris pourquoi il ne voulait plus me parler. Bien sûr, il y avait le sous-entendu « tu peux m’expliquer ? » dans ma phrase… mais, il n’a pas eu le temps de s’exprimer… Peut-être qu’il ne m’aurait jamais dit quel était le souci, mais il doit y en avoir un… Il ne m’a pas contredit quand je lui ai écrit que j’avais l’impression que quelque chose clochait, dans une des lettres … » Fiou, c'était flou tout ça. Je les sentais tourner autour du pot sans jamais aborder les tracas principaux. J'étais prête à réagir, mais sa petite pause ne dura pas, et exprima tout le fond de ma pensée. « Compliqué, hein ? Je suppose qu’il me parle par politesse, voilà tout… » Je roulai des yeux expressément lorsqu'elle aborda la politesse. C'était une pensée ridicule. Spencer était poli, mais il est bien revenu vers elle pour une raison, et ce n'est pas simplement par politesse, j'en étais convaincue. Mais pour laquelle ? Je n'en avais aucune idée. Autant ne pas s'avancer, parce que je ne savais pourquoi Spencer avait réagi de cette manière. Il avait dû avoir un déclic et quelque chose avait dû changer dans son comportement pour qu'il se décide enfin à passer à l'action. Peut-être qu'une rencontre fortuite à Pré-au-Lard était ce qu'il fallait pour renouer. Mais je me disais que si j'avais croisé quelqu'un dehors, je ne serais pas restée à papoter avec toute cette neige, avant d'emmener mon futur Jules dans une boutique de vêtements. J'aurais certainement salué l'individu sur ma route, et continué mon chemin sans m'en tracasser ... Ici, leur conversation sur l'arithmancie, le bal et je-ne-sais-quoi n'avait pas pu attendre. Malgré le froid d'hiver qui régnait, et la distance qui s'était installé entre eux, ça faisait franchement un beau rapprochement, pour réchauffer le petit cœur de Jill. « Il m’a dit qu’il n’avait pas envie que je lui dise que j’en avais marre …Ça doit bien vouloir dire quelque chose ! Pendant un instant, j’avais l’impression qu’il allait réduire cette distance… mais, je me suis sûrement fait des idées. » Je haussai les épaules, cherchant à conserver cette petite flamme d'espoir qui s'était allumée dans l'obscurité, et qui faiblissait sous les épreuves à subir. « Je pense que t'as raison. Pas que tu t'es fait des idées, mais qu'il voulait vraiment réduire cette distance. Je suis certaine que ça va être le cas, et que tu auras d'autres occasions d'aborder le sujet sérieux avec lui, le sujet qui pourrait peiner et éclater le bazar. Ou au contraire, vivre vraiment un chouette truc. Mais faut que vous parliez, et que vous sachiez. » J'étais convaincue que c'était la chose à faire, parler. Maintenant, ça paraissait plus simple à l'oral qu'en pratique. Et je n'étais pas Jill, même si nous nous ressemblions sur beaucoup de choses. Elle n'était peut-être pas si impatiente de découvrir ce que Spencer voulait dire. Peut-être qu'elle s'épanouissait malgré cette part de mystère qui planait. Peut-être qu'elle aimait prendre son temps pour pouvoir prendre la bonne décision. Jill courait un marathon, pas un sprint, au final ... « Je vais finir ce que j’avais commencé à lui dire… tu as raison, je vais débloquer et éclaircir tout ça. Tu as du chocolat à laisser dans le dortoir dans tous tes sacs ? Au cas ou ça se passerait mal….. » Alléluia ! Je souris sans peine, sincèrement, avec cette pointe d'amusement qui me faisait entrouvrir la bouche. « J'irai grattouiller la poire si jamais on dévore tout ... Qu'elle qu'en sera l'issue ! » Le chocolat n'était pas seulement réservée au défaite, c'était également un partenaire de victoires et de récompenses délicieuses ... Le meilleur moment de la journée, c'est quand on est dans notre petit dortoir, et qu'on avale carré après carré en discutant de tout et de rien. Rien de tel que pour soigner nos blessures émotionnelles et morales !

« J’dois changer de conseiller, c’est ce que tu es en train de me dire ? » Je lui lançai un regard effaré, complètement offusquée - faussement - de cette petite pique. Elle n'oserait pas, tout de même ! Choisir Spencer pour faire du shopping sur moi, elle n'oserait pas ! « J'ai pas dit ça !! Je dis juste que ce petit stagiaire a de l'avenir, mais que je dois lui donner deux trois conseils avant de se lancer ! » Oui, il y avait quelques sous-entendus dans ma phrase que Jill n'allait pas forcément comprendre. Des conseils, j'allais lui en donner, à Spencer, même s'il ne les attendait pas. Même si Jill ne m'avait rien demandé. C'était plus fort que moi de le prévenir qu'il avait intérêt à prendre soin d'elle, même s'il ne cherchait rien de particulier avec elle. Ces mecs qui nous envoient du rêve puis qui osent mettre de la distance entre eux le faisaient exprès pour nous rendre accro. Et voilà qu'on devait se soigner à coup de chocolat et de shopping pour surmonter nos peines, bien que rien ne soit fini. « Hey, regarde moi ce petit duo de meilleures amies en robes de bal ! Mon duo préféré ! On n’a pas l’impression qu’elles soient toutes les deux en peine de cœur… » À mon tour, je fixais notre reflet, posant près de la belle brune en lui faisant un petit clin d’œil dans le miroir. C'est vrai qu'on était belles et que ce duo était également mon préféré. C'est vrai qu'on avait pas l'impression qu'on était tellement en peine de cœur, mais il était vrai qu'aucune de nous n'avait abandonné l'idée que le garçon pouvait avoir un déclic qui nous serait favorable. Je ne sais pas ce que j'espérais de la part d'Oliver. J'étais trop paumée pour qu'il me retrouve dans tant de brumes. Qu'il comprenne, certainement, mais il ne comprendrait jamais vraiment que si je m'éloignais de lui de la sorte, ce n'était pas parce que je ne tenais pas à lui. Au contraire. Si je m'éloignais de lui, c'était parce que je savais qu'il ne tenait pas à moi autant que je tenais à lui. Parce que je savais que l'avoir à mes côtés ne me suffisait pas. Parce que je savais que le voir avec une autre que moi me rendrait complètement hystérique. Ma santé mentale avait peut-être tenu, jusque-là, mais je n'étais pas prête à essuyer une telle peine. Je n'étais pas prête à me briser une nouvelle fois. Nos ennemis ont peut-être laissé des séquelles, un an plus tard, mais Oliver allait transpercer mon cœur, littéralement. Et le pire, c'est que si tout était à refaire, j'aurais refait exactement la même chose en espérant que lui ferait les choses différemment ... « La première qui voit Oliver te mater le soir du bal lève la main et gagne ….. le droit de se faire porter son sac par l’autre pendant une semaine ! » Je lève les yeux au ciel parce que je suis mal à l'aise. Je suis toujours un peu gênée de parler de ça. J'en ai envie, et à la fois, je ne sais pas ce qu'elle ressent réellement. C'est clair qu'elle semble l'avoir accepté, mais dans le fond, faisait-elle ça pour ne pas me perdre, ou parce qu'elle trouvait ça réellement une bonne idée ? J'étais incapable de lui poser la question, de remettre ça sur le tapis. Mais le temps m'apporterait la réponse, non ? Je devais faire preuve de patience, pour une fois. « Je crois que j’ai 99% de chances de gagner ! C’est toi qui es belle ! » Elle me mettait au défi, mais bizarrement, je ne ressentais pas l'envie de relever le défi. Je ne voulais pas forcément qu'Oliver me mate. Je voulais qu'il me perce à jour comme il avait su voir en moi lorsque je venais de rompre avec Elijah. Je voulais qu'il comprenne ce qu'il se passait dans ma tête, que j'y ai réellement cru, à ces histoires de plaisir partagé, de bouche-à-bouche qu'il ne loupait jamais, d'intimité pour explorer une relation et de mec le plus merveilleux du monde. Il devait savoir que je n'étais pas folle, que ça ne s'était pas déroulé uniquement dans ma tête, et que j'avais besoin de comprendre ses raisons - quelle qu'elles soient - pour passer au-dessus. J'avais reçu son hibou pour cette soirée, j'étais confuse parce qu'il me proposait la date du bal, sachant que j'étais emballée d'y aller, et je ne savais pas s'il s'était planté dans les jours, ou si c'était sa manière de répondre à mes souhaits en m'invitant à danser. Je ne sais pas si le fait d'avoir été si directe l'avait fait changer d'avis, s'il s'était rétracté en inventant cette soirée la veille pour qu'on puisse s'expliquer à cœur ouvert. J'attendais des réponses, mais je m'attendais surtout - avec ces montagnes russes de l'émotion - à être une nouvelle fois déçue et désespérée. Après tout, je préférais envisager le pire scénario, de façon à ce que le futur soit simplement meilleur que prévu. « Cinq muffins au chocolat maison préparés par tes soins et avec amour qu'il ne me matera pas. 1. Tu seras là, il osera jamais. 2. T'as oublié qu'il ne me regardait plus. 3. Faudra déjà voir comment ça se passera, notre soirée de la veille. Mais personne ne nous enlèvera la palme du plus beau duo de la soirée ! Même si ces robes ne seront pas celles qu'on portera au bal ! Suivantes ! » Je voulais être positive, transformer ces sombres pensées en idiotes blagues. Et j'y arrivais pour le moment. Inutile de confier à Jill que je stressais pour cette soirée. Inutile de dire aussi que le bal à trois était une mauvaise idée car je ne sais pas ce que nous déciderons la veille. Peut-être qu'on allait se disputer et jurer ne plus jamais s'adresser la parole à nouveau ... Mais dans le fond, partager un nouveau moment à trois, ça me manquait. Cette habitude perdue l'an dernier devait revenir. Ça me manquait beaucoup trop.

Spencer & Jill & Octavia

What if all the myths were true...

J’allais raconter à Octavia ce qui venait de se passer. J’en avais eu la certitude dès qu’elle était arrivée près de nous, mais je n’avais pas encore idée de la manière dont j’allais présenter les choses et sur quoi j’allais avoir besoin d’aide. La situation était compliquée et je ne savais pas pourquoi elle l’était. Elle n’avait pas à l’être… Spencer et moi avions réussi à surpasser les petits différends de l’année dernière (tous causés par mes soins) et, nous semblions d’accord pour ne plus ressasser le passé et nous concentrer sur le présent et l’avenir. Qu’est-ce qui clochait alors ? Rien, à première vue. A bien y réfléchir, peut-être que rien ne clochait du point de vue de Spencer, mais alors, comment expliquer son côté fuyant de la dernière fois ? Peut-être que j’étais simplement en train de me faire des tas de films et que j’étais la seule et unique à m’angoisser de la situation… Tout ça parce qu’il me plaisait et que j’avais du mal à l’assumer et à l’avouer ? Il fallait que je relativise les choses, mais son départ venait de survenir, notre discussion était trop fraîche et j’avais du mal à quitter ce sentiment de déception après l’avoir vu quitter la boutique. C’était mieux ainsi, c’était sûr, mais notre conversation restait inachevée et je me voyais mal reprendre mon explication là où je l’avais laissée… Le mieux était peut-être de me donner tous les moyens d’y voir plus clair et de penser à autre chose pour me repencher sur ma relation avec Spencer un peu plus tard. M’épancher un peu et profiter des oreilles attentives d’Octavia, ainsi que ses conseils avisés fut l’étape qui me permit d’amorcer cette démarche. Au mieux, je lui fis le récit de ce que nous nous étions dit et de ce que j’avais du mal à comprendre… Octavia savait que je n’étais pas une fouineuse…pas vraiment…du moins, je n’avais pas voulu l’être ni passer pour une telle personne. Le mal était fait et j’avais beaucoup de difficulté à m’en défaire et à en parler autrement qu’avec beaucoup de mélancolie. Spencer était forcément méfiant me concernant et j’étais la seule responsable de tout ça… je m’en mordais énormément les doigts, mais comme pour le reste, c’était fait. Octavia reprit la parole après m’avoir laissé parler et je ne pus empêcher un léger soupir de soulagement lorsqu’elle me fit savoir qu’elle pensait que Spencer voulait vraiment réduire la distance. Vraiment ? Elle pensait donc que c’était possible ? J’avais eu (et avais toujours) le sentiment que Spencer avait vraiment eu envie de faire un effort, ne serait-ce que par sa démarche de venir à ma rencontre… « Je ne comprends pas pourquoi c’est aussi compliqué… Je vais essayer d’éclaircir tout ça…. J’ignore quand, parce que Spencer n’a pas dit qu’il allait au bal…et parce que c’est bientôt les vacances, mais je vais essayer…. T’es vraiment un ange de m’écouter me plaindre et chercher indéfiniment les solutions à ce petit bazar. J’avais dit que j’arrêtais de me frotter à des problèmes… Il semblerait que je continue, malgré moi. Enfin…Spencer n’est pas un problème, disons que c’est plutôt la compréhension qui pêche… » Je haussais les épaules, convaincue que la conversation allait s’orienter sur autre chose, et je ne demandais pas mieux. Octavia avait le don pour me faire sourire et elle le fit en me promettant de trouver à manger, quelle que soit l’issue de toute cette histoire. Elle était géniale et mon sourire ne fut absolument pas forcé.

La rigolade recommença avec l’idée du « changement de stagiaire » et, en lui disant ça, je savais bien qu’il était évident que personne ne prendrait sa place… pour rien au monde cela arriverait et j’étais persuadée qu’Octavia le savait. Ma seule véritable conseillère en chef se trouvait devant mes yeux avec une magnifique robe blanche qui, sans surprise, la mettait en valeur. Je pinçai les lèvres à ses paroles, l’imaginant bien former un stagiaire. Puisqu’il était question de Spencer, mon petit doigt me disait qu’elle n’allait pas rester sur le sujet professionnel bien longtemps. Lui jetant un petit œil suspect, je commentai quand même ses paroles en disant : « Hum… dis-lui quand même qu’un conseiller expert en robes de bal fait aussi office de « conseiller conjugal » parfois… et qu’il n’est jamais seul et en paix dans sa propre cabine d’essayage ! » Je m’étais incrustée, j’abusais clairement, mais je ne regrettais pas tout ce que je venais de dire à Octavia, ni tout ce qu’elle m’avait dit en retour, cela m’aidait à relativiser et à me dire qu’il existait bel et bien une solution. J’étais désormais apaisée. Pas entièrement parce que le tourment perdurait dans mon esprit, mais je pouvais sans peine dire à Octavia qu’elle était magnifique et que le reflet de notre duo était terrible ! Je mentionnais Oliver, espérant que leur relation soit au beau fixe à l’heure où nous parlions et que notre soirée au bal serait un bon souvenir pour chacun de nous. C’est en souriant après l’avoir entendue me lancer un nouveau pari de muffins au chocolat (maisons, préparés par mes soins et avec amour) que je lui répondis : « Hé ! Attends une minute, Spencer ne me parlait plus… il l’a fait aujourd’hui. Oliver peut très bien avoir… une lubie ! Ils sont comme ça, les mecs, ils sont des lubies… ils sont lubiques… j’ai pas dit lubRiques, hein ! Bref, tout ça pour dire que tu as raison, NEXT, on trouve les robes qu’il nous faut et on verra si les mecs ont de nouveau leur place dans notre conversation. Bilan définitif après le bal, voire même après les vacances ! » Qu’est-ce que je pouvais l’aimer, cette meilleure amie ! Elle venait encore une fois de me montrer à quel point elle était indispensable… ! Si je me trouvais en peine avec Spencer, elle me remonterait…Si elle l’était aussi avec Oliver, c’est moi qui ferai tout pour en faire autant…