S’investir corps et âme dans tout ce qui composait désormais son quotidien demandait à Tracy une quantité d’énergie considérable, si bien qu’elle finissait ses journées épuisée. Soucieuse de plaire à ces amies dont elle gagnait progressivement les faveurs, ses travaux de couture l’amenaient à redoubler d’ardeur, tandis que les recherches qu’elle menait avec Andrea lui envahissaient l’esprit, et que les devoirs de sa demi-soeur achevaient de pomper ses dernières réserves. Une fois ces tâches effectuées, elle s’était laissée choir sur son lit à baldaquins, dont elle fixait les rideaux, pensive. Trop de divagations chaotiques l’agitaient, peut-être stimulées par une trop forte consommation d’Aiguise-méninges maison… Ses recherches sur la Vie éternelle, sur la manière de transformer la Mort pour en faire un moyen de protection. Sur la manière de gravir un à un les échelons qui lui permettraient d’être un jour intouchable. L’image de son père lui vint en mémoire, et elle ne put s’empêcher de se demander, avec cette crainte enfantine, s’il serait fier d’elle. Peut-être, il le lui disait parfois. Pas s’il savait qu’elle s’abandonnait à des pratiques controversées, ou qu’elle était prête à conclure un serment inviolable. Elle ferma les yeux une seconde, ce dont elle n’avait bien sûr pas le temps. Tant pis, elle savait qu’elle ne dormirait pas : récemment, elle se surprenait à faire ce rêve étrange, si toutefois c’en était un, puisqu’elle était encore éveillée. Elle les voyait galoper au loin, comme des silhouettes fantomatiques, nébuleux spectres de la mort, et déployer leurs ailes décharnées. Les sombrals. Cette année-ci, elle les avait aperçus près de l’enclos du garde-chasse, et leur vue l’avait fait pousser un petit cri qu’elle n’avait su contenir en elle. Il n’y avait pas d’explication logique : elle ne connaissait pourtant personne qui ait trépassé, et dont elle ait eu à faire le deuil. Et pourtant, ce que lui communiquait ce terrible songe de l’au-delà était réel, et lui extirpait cette profonde mélancolie, qu’elle ne comprenait pourtant pas. Il n’y avait pas de remède à la tristesse. Elle se contentait donc de l’étouffer silencieusement, la réprimant dans sa gorge, et de ses yeux qui s’embuaient bien malgré elle. Puis, elle se rappelait à l’ordre, se forçant à se reprendre en main : elle n’était plus Amelia. La petite fille en elle avait disparu au moment où l’on avait marqué son dos, la contraignant à grandir tout d’un coup, trop vite, trop mal, tandis qu’elle tâtonnait pour trouver des repères, dans cet univers étouffant dans lequel elle tentait pourtant, avec l’énergie du désespoir, de se faire une place.
Et maintenant, son nouvel insigne l’envoyait dans les étages inférieurs, pour une ronde tardive qui ne lui laisserait pas le temps de se reposer. Les consignes étaient claires, et elle ne voyait pas par quel prétexte elle pourrait y échapper : cette promotion n’était pas une mauvaise nouvelle, mais ses relations avec les élèves avec lesquels elle allait devoir collaborer n’étaient pas des meilleures, bien loin de là. Et son co-préfet n’y faisait clairement pas exception, lorsqu’elle se souvenait de leurs interactions de l’année passée. Les circonstances étaient peut-être différentes, mais leurs relations ne s’étaient pas améliorées pour autant… D’après Cissy, Zach était trop borné, trop rancunier pour entendre quoi que ce soit, et elle se fiait au jugement de cette dernière, qui savait ce qu’il en était probablement mieux que quiconque. Là où les choses se complexifiaient, c’était qu’il n’était guère aisé de collaborer avec quelqu’un avec qui la communication passait aussi mal… Leurs entraînements de Quidditch les amenait peut-être à se côtoyer, même de loin, mais son poste n’avait rien à voir avec le sien. Aujourd’hui, les choses allaient être sensiblement différentes : deux heures de ronde risquaient de s’écouler avec une extrême lenteur si elle confrontait leur malaise, et le poids de leur ressentiment pour leurs actes passés. En se raisonnant, elle aurait du se convaincre que c’était à elle de faire un effort : elle se reconnaissait bien des torts dans ce qui avait pu se passer l’année dernière, y compris dans les propos qu’elle avait pu tenir à l’écart du préfet. Mais sa fidélité à Cissy primait, et raison ne pouvait se faire entendre. Elle se présenta donc, à l’horaire convenue, à la salle des préfets, en uniforme tandis qu’un serre-tête ordonnait ses cheveux, lui donnant un air strict qui ne lui déplaisait pas. Il était déjà présent lorsqu’elle entra dans la pièce, un peu hésitante. « Bonsoir. » lui adressa-t-elle, méfiante. La situation était déjà inconfortable, la mettant quelque peu dans l’embarras. Il était plus expérimenté qu’elle, plus familier avec la procédure, et elle imaginait sans difficulté qu’elle allait devoir s’en remettre à lui, même si l’idée n’était pas des plus agréables. Peu importait, si elle voulait mener cette tâche à bien, elle n’avait pas le choix. « J’imagine qu’on va être amenés à travailler ensemble, dorénavant. » constata-t-elle, comme pour dissimuler son incommodité. Deux heures. Et les suivantes seraient probablement pires.
Sérieux, pourquoi Shaelyn avait décidé de quitter Poudlard après Halloween ? Bon, en soi, je comprenais que l’évènement ait pu être plutôt traumatisant pour tout le monde, pour moi aussi, mais de là à purement et simplement quitter l’école… On faisait un bon duo de préfets, pas les meilleurs peut-être, mais on s’entendait suffisamment pour que ce soit une affaire qui roule. Et pour que ce soit mieux qu’avec la nouvelle préfète de la maison. Qui avait pensé qu’embaucher Tracy à ce poste serait une bonne idée ? Certes, les interrogatoires du ministère l’avaient désignée non coupable, mais ils l’avaient fait pour Narcissa aussi, et elle prouvait que ça n’effaçait rien. Je pouvais éventuellement comprendre qu’on évite de trop montrer qu’on apprécie les nés-moldus pour éviter les ennuis, mais leur cracher ouvertement dessus pour être dans les bonnes faveurs d’un connard, non. Enfin, j’arrivais à la supporter pendant le Quidditch, j’arriverai peut-être à en faire autant pendant les activités de préfet. J’avais juste à mettre tout ça de côté. L’ignorer elle risquait d’être compliqué, mais je pouvais ignorer ce qu’il s’était passé l’an dernier. De toute façon, je ne comptais pas non plus devenir son ami seulement parce qu’on était collègues. Collègues sera largement suffisant.
En plus, ce soir les interactions seront obligatoires. Si les autres rondes pourraient potentiellement se faire dans un silence peut-être gênant, ce soir je devais lui expliquer un peu ce qu’on devait faire en tant que préfets. Bon, c’était pas non plus le job le plus compliqué du monde, mais il fallait bien que je m’y colle. Le directeur lui avait sûrement déjà fait un petit topo, mais pour la pratique je serai plus à même de donner des détails et des conseils. Notamment sur le fait de pas se laisser marcher sur les pieds par les élèves plus grands que soi qui font des conneries. C’est pas le plus simple au début, j’avais mis un peu de temps à être à l’aise aussi. C’est pour ça aussi qu’on prend des préfets à partir de la 5ème année, pour limiter au mieux ce phénomène. Mais malgré ces bonnes intentions de l’instruire, j’allais à notre rendez-vous à reculons, en traînant les pieds. Franchement, qu’est-ce que je donnerais pas pour changer de préfète. Voire même pour ne pas en avoir au pire, c’était sûrement mieux.
J’arrivais donc dans la salle des préfets, un peu en avance pour être sûr d’être le premier arrivé. Je faisais naturellement ce genre d’efforts, la première chose pour que notre collaboration se fasse un minimum cordialement, c’était de ne pas changer mes habitudes. Pas la peine que je m’installe sur une des chaises, on n’allait pas rester longtemps. Et à l’heure convenue, Tracy entrait dans la salle, me saluant de façon tout à fait banale. « Bonsoir. » La tension était palpable. On ne se haïssait pas au point de se sauter au cou au moindre geste de travers, mais on ne se portait pas vraiment l’un dans le cœur de l’autre, et ça se sentait à nos regards, à notre voix. On était partis pour deux heures de ce manège, il y avait de quoi être appréhensif. Mais plus vite on s’y mettra, plus vite on en sera débarrassé. « En effet. Il va falloir coopérer avec Monsieur Parfait. » J’avais pas oublié les surnoms qu’elle et ses copines m’avaient donné, ironiquement ou non. Et encore, il y en avait eu des bien pire, mais mieux valait ne pas rajouter une couche au malaise entre nous en les citant. Je devais être plus évolué que ces filles et faire ce qu’il faut pour apaiser au mieux les conflits. Après tout, ça fait partie du travail de préfet aussi. « Je suppose que Londubat t’a déjà un peu briefé, mais si jamais t’as des questions… N’hésites pas. » Une légère hésitation qui trahissait une cordialité forcée. « Mais on verra ça une fois qu’on sera en route, en espérant que le château soit calme ce soir. » En passant à côté d’elle, je passais par la porte pour sortir, comme si elle n’avait pas été là. Je l’attendais néanmoins de l’autre côté. « Avec les autres préfets, on s’organise autant que possible pour qu’on couvre le plus de périmètre possible sans se croiser. Enfin, pas qu’on s’évite, mais c’est pour l’optimisation quoi. » La seule que j’aimerais éviter si possible était celle qui devait me suivre. Le comble. « Pour ce soir on s’occupe des 3ème et 4ème étages. Alors en avant. » concluais-je en tournant les talons pour commencer le tour du troisième étage.
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Mer 3 Jan - 13:17
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« Bonsoir. » Tout ce qu’il y avait de plus cordial, tout en restant froid. Tracy ne s’attendait ni à des effusions de joie, ni même à ce qu’ils fassent semblant de trouver que faire équipe ensemble était une bonne nouvelle. Assurément, ça n’en était pas une, lorsque l’on se rappelait leurs dernières rencontres, notamment celles dans la salle commune. Depuis qu’elle avait été envoyée aux cachots, elle n’avait jamais eu l’occasion de lui adresser la parole à nouveau, et elle préférait amplement que ce soit le cas. La raison aurait probablement exigé qu’elle s’excuse, mais pour l’heure, elle allait se contenter d’évaluer la situation entre eux. « En effet. Il va falloir coopérer avec Monsieur Parfait. » Elle leva les yeux au ciel tout en faisant tourner une de ses mèches de cheveux autour de ses doigts, l’air faussement distraite, comme si ce qu’il racontait ne l’intéressait pas réellement. Bien sûr qu’elle était réceptive, rappeler leurs mauvais rapports était une référence à l’année dernière, dont elle se serait naturellement bien passée. Travailler main dans la main avec Zach Thompson allait être une sacrée paire de manches… A peu près n’importe qui à Serdaigle aurait pu faire l’affaire, si l’on excluait toute la bande dont elle avait du subir les regards réprobateurs dans la salle commune avec Cissy l’année dernière. Si ça se trouvait, c’était simplement parce qu’il ne parvenait pas à avaler qu’elle se soit détournée de lui qu’il se montrait incisif… certes, c’était un peu de la mauvaise foi de sa part, d’autant plus qu’elle reconnaissait aisément que son comportement avait outrepassé certaines limites, et elle n’en était pas fière. Mais de là à le reconnaître devant Zach, qui l’avait toisée avec tant de mépris… ! « Tu en es encore à ces vieilles rancunes ? Tu devrais passer à autre chose, franchement. » lança-t-elle d’un ton légèrement dédaigneux en feignant de s’intéresser à la décoration pourtant inexistante de la salle des préfets, ou à quelques mots d’avertissements accrochés sur les murs. C’était lui qui avait commencé les hostilités, elle ne faisait que lui répliquer, quitte à s’enfoncer encore davantage dans la culpabilité et dans cette fausse image de garce prétentieuse qu’elle se donnait. Pour l’heure, il ne lui donnait pas de raison de se revêtir d’un autre masque que celui-ci.
« Je suppose que Londubat t’a déjà un peu briefé, mais si jamais t’as des questions… N’hésites pas. Mais on verra ça une fois qu’on sera en route, en espérant que le château soit calme ce soir. » Elle hocha la tête en signe d’acquisition, et sortit de la pièce à sa suite, remarquant naturellement qu’il agissait comme s’il parlait tout seul, ou s’adressait à un interlocuteur imaginaire. Cette sensation lui déplaisait. Il lui rappelait ces filles de sa classe qui la fixaient en murmurant, ces « traîtresse » persifflés dans les couloirs. Il lui rappelait Tasha en cours de potion, avec laquelle elle s’était retrouvée en équipe, qui s’était contentée de faire sa part, sans même lui adresser un mot, le regard chargé de reproches. Pourtant, elle sentait qu’il prenait sur lui, qu’il faisait des efforts pour que leur entente leur permette au moins d’assurer la sécurité des lieux, et de faire le travail pour lequel ils avaient tous deux été choisis. « Très aimable, je te remercie. Ça ne t’ennuie pas que je prenne quelques notes… ? » demanda-t-elle en sortant de son sac en bandoulière un grimoire de cours en guise de support, auquel elle fixait une feuille de parchemin, avant de pouvoir noter à sa propre attention quelques rappels. Elle ignorait si les explications seraient longues, mais elle tenait à se montrer à la hauteur de ses responsabilités en n’oubliant rien. D’autant plus qu’elle n’était pas la plus qualifiée pour faire démonstration d’autorité, comme avait pu le lui prouver sa première expérience de vérification des autorisations pour Pré-au-Lard… Le pire dans l’histoire, c’était qu’elle sentait qu’elle pourrait beaucoup apprendre de Zach, ce qui était en soi un peu frustrant. Il lui donnait l’impression qu’elle avait besoin de lui, et ça ne la satisfaisait absolument pas. « Enfin si, j’ai peut-être… une ou deux questions. Devons-nous rédiger des rapports complets suite aux infractions ? Est-il nécessaire d’avoir des témoins, ou notre seule parole est suffisante… ? » demanda-t-elle, en mordillant du bout des lèvres le haut de sa plume. Elle n’avait pas réellement pour dessein de le mettre en difficulté… pour l’instant. C’était seulement de la curiosité.
« Avec les autres préfets, on s’organise autant que possible pour qu’on couvre le plus de périmètre possible sans se croiser. Enfin, pas qu’on s’évite, mais c’est pour l’optimisation quoi. » Pourtant, éviter les autres n’était pas tant un problème en ce qui la concernait. Elle était en mauvais termes avec ceux de Gryffondor, en froid avec ceux de Poufsouffle, et pour clore en beauté, en tension permanente avec celui de sa propre maison. Seule la compagnie de celle de Serpentard ne lui aurait pas été problématique, et elle ne connaissait tout simplement pas son partenaire. Le bilan était donc, globalement mauvais. Donc même si c’était pour l’optimisation, elle se passerait aisément de les croiser, de leur parler, ou même de passer du temps avec eux. Ce serait très bien comme cela. « Pour ce soir on s’occupe des 3ème et 4ème étages. Alors en avant. » Elle continua de le suivre, silencieusement, se plaçant presque à sa hauteur pour ne pas avoir à donner l’impression qu’elle était à la traîne. Elle avait peut-être du retard sur lui en terme d’apprentissage de leur rôle, mais elle comptait bien le rattraper au plus vite, même si son emploi du temps le lui permettait à peine. Ils marchèrent bien quelques minutes, sans échanger, considérant sans doute que c’était inutile… Pour l’heure, le couloir était désert, et hormis la danse des flammes sur les torches et quelques portraits animés, nul mouvement ne venait perturber le calme olympien qui régnait. Puis, elle osa finalement briser la glace. « C’était comment, pour toi ? » demanda-t-elle finalement à son attention. « Je veux dire, au début. » Il ne le lui confierait certainement pas, mais elle éprouvait l’envie de connaître s’il avait ressenti les mêmes difficultés qu’elle.
Ce petit air de "cause toujours, tu m’intéresse" qu’elle arborait donnait déjà le ton de notre collaboration. Pour ceux qui n’auraient pas suivi, ça devrait suffire à faire comprendre qu’on était en froid, et que ni elle, ni moi n’avions vraiment donné notre accord pour se retrouver dans cette situation. On n’avait malheureusement pas à le donner, on va devoir composer avec, point barre. J’espère au moins qu’elle sera un peu plus attentive une fois lancés, j’avais déjà suffisamment de mal à l’imaginer avec un air réprobateur, grondant les malfrats. Elle serait plutôt du genre à se laisser marcher dessus, je pense. Dans tous les sens du terme. Et pour en rajouter une couche, elle faisait déjà preuve de mauvaise foi. Ca faisait quelques minutes seulement qu’elle était arrivée, et déjà ça commençait. C’était moi qui bloquais sur les vieilles rancunes ? C’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité, oui. « C’est pas moi le premier à avoir tiqué sur le fait qu’on travaille ensemble. » rétorquais-je avec un ton frôlant le cinglant. A ce que je sache, elle n’avait pas plus fait d’efforts pour effacer les erreurs du passé. Ca me fait mal de le dire, mais même Narcissa avait eu la décence de tenter quelque chose, même si ça ne s’était pas révélé concluant. Tracy, elle, n’avait fait aucun effort. Et c’était pas faute de savoir où me trouver à l’infirmerie. Ou même de me croiser régulièrement dans la salle commune. Elle en avait eu des occasions, mais elle ne les avait jamais saisies, tant pis. Et je ne comptais pas le faire moi, c’était elle qui s’était retrouvée du mauvais côté de la barrière. C’est elle qui se complaisait dans la soi-disant supériorité du sang pur avant que les masques ne tombent.
Mais il était temps de passer aux choses sérieuses, avec un peu de chance penser à autre chose m’éviterait de penser à ça. Ou pas, puisque le château semblait calme, et que de toute façon on risquait de marcher longtemps dans un silence plus que pesant. Avec Shaelyn on pouvait en profiter pour discuter, mais elle, elle ne me donnait pas envie de briser la glace. Je préférais faire comme si elle n’était pas là, en attendant qu’elle pose des questions. Parce que oui, j’étais un peu obligé d’interagir un minimum avec elle. Voyons le bon côté des choses, ce que je pourrai lui dire ne tomberait pas totalement dans l’oreille d’un sourd puisqu’elle demandait déjà si elle pouvait prendre des notes. Bonne initiative, même si je pense que le poste de préfet s’apprend plus par la pratique que par des notes. « Non, vas-y. » C’est pas comme si elle avait vraiment attendu pour sortir de quoi écrire, de toute façon. Excès de zèle, ou bien en avait-elle simplement rien à faire si je lui avais dit non, allez savoir. Pour le coup, ça ne me dérangeais pas, donc j’éviterai de créer un conflit là où il n’y en a pas. Et quelques instants après, elle posait ses premières questions. La curiosité de Serdaigle, elle ne s’était pas totalement perdue en arrivant dans cette maison. Des questions d’ordre administratifs, puisqu’elle parlait de rapports et de témoins. De la paperasse qui, heureusement, n’était pas nécessaire. Je plains le professeur qui devrait lire un de mes rapports manuscrit.
« La plupart du temps, quand on prend un élève en flagrant délit, on l’amène directement à un professeur – préférentiellement son directeur de maison. On fait donc un rapport des faits oralement pour expliquer au professeur pourquoi on lui amène quelqu’un, et ça suffit. Pour les témoins, en général il n’y en a pas besoin. Comme on les amène directement, les professeurs nous croient sur parole. Et s’il s’agit d’un conflit entre deux élèves, la victime servira de toute façon de témoin. » Bon, victime était un terme générique, il n’était pas rare que dans les conflits les deux parties se battent autant l’une que l’autre, mais l’idée est là. Même si c’est deux attaquants, ils prouveront d’eux-mêmes qu’ils se sont battu à coups de "mais c’est lui qui a commencé".
Et maintenant, parlons un peu organisation. On ne s’occupait pas toujours des mêmes étages, ce serait vite redondant, mais on s’arrangeait pour bien s’occuper de tout le château chaque nuit. Ce soir j’avais demandé à m’occuper des 3ème et 4ème étages, pas parce que c’était particulièrement plus calme, mais parce que c’était au niveau de la salle des préfets. Comme ça, elle voit où c’est, et on enchaîne. Plus vite on enchaînait, plus vite ce serait terminé, et plus vite on se débarrassera du malaise de la première fois, même si je n’étais pas vraiment sûr que les prochaines soient plus amicales. Et pourtant, ce fut Tracy la première à briser le silence qui s’installait, avec une question toute con, et pourtant touchante. Le début de sa question me laissa moi-même interrogatif, tournant la tête vers elle avec un sourcil levé. C’était comment pour moi quand ? Faisait-elle un peu de concessions pour parler de l’an dernier ou… ? Mais elle compléta vite sa phrase pour remettre ça dans le cadre du préfet. Malgré tout, la question faisait son effet. Elle s’intéressait à mon ressenti, même si c’était pour justifier ses craintes inavouées. Elle n’était peut-être pas si égocentrique. Sans m’en rendre compte, un fin sourire se dessina sur mes lèvres avant que je ne regarde de nouveau devant moi.
« C’était pas facile. Je suppose que ça l’est pour personne. T’es un élève parmi tant d’autres, et une année on te dit que tu devras les surveiller, les punir dans une certaine mesure s’ils font des conneries… Et d’un coup, tu faisais ta vie tranquillement, et tu dois apprendre à te faire respecter comme si tu étais au-dessus de tes camarades. » Je n’étais pas obligé de lui répondre, de la rassurer en lui disant qu’on était tous passé par là, mais je suppose que sa soudaine ouverture m’adoucissait aussi. « Je te cacherai pas que ça va être dur au début. Il vaudra mieux que… Je sois avec toi, le temps qu’ils s’habituent à ce que tu fasses figure de première autorité. Mais tu verras, avec la pratique, tu t’y habitueras toi aussi. » Moi qui pensais que le silence serait roi, j’avais pas mal parlé là. D’un côté, ce n’était pas plus mal, parler ferait passer le temps plus vite. De toute façon, même si ça me faisait bizarre, il fallait bien que je la prenne un peu sous mon aile.
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Mar 30 Jan - 21:38
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« C’est pas moi le premier à avoir tiqué sur le fait qu’on travaille ensemble. » Elle se contenta de lever un sourcil dédaigneux, superbe de sang froid. Ce genre d'attitude ne lui allait pas. Elle manquait d'assurance, de naturel, et en comparaison Cissy en maîtrisait bien davantage les atouts qu'elle. Rien à faire, elle perdrait toute crédibilité en se laissant démonter, ou en reconnaissant ses torts dans l'histoire qu'elle savait pourtant être réels. Toute l'année dernière n'avait été qu'un enchaînement de catastrophes, de mensonges emmêlés les uns dans les autres, de mauvais choix, qui au final avaient eu pour conséquences de l'entraîner dans cette spirale infernale. Et après trois mois de cet enfer, elle s'efforçait de se reconstruire en se plongeant avec bien trop de zèle dans le travail pour éviter de regarder en arrière et se focaliser sur ses erreurs passées. Voilà qui était l'essence même de son problème avec Zach Thompson : il lui rappelait toutes ces incartades, comme s'il lui agitait sans cesse son propre reflet, mettant en exergue ses fêlures encore trop nombreuses. Plus âgé qu'elle, il était cet élève sérieux, raisonnable, talentueux potionniste, presque irréprochable avec seulement contre lui ces récentes rumeurs étranges sur son compte qui circulaient dans les couloirs, l'affiliant à Casey ou Cruz, à sa grande surprise. Pourtant, Cissy ne manquait pas de répéter à quel point il se bornait à revendiquer ces principes de bien-pensants alors qu'il l'avait lui-même laissée tomber ! Elle ne connaissait pas tous les détails de leur histoire, mais elle était intimement convaincue que son amie était dans le vrai. "Et peut-être que je n'aurais pas à le faire si tu étais un peu plus conciliant. Les choses évoluent, et pour ma part, je m'y accoutume très bien." Elle mentait, bien sûr. Tout devait être si facile pour quelqu'un comme lui… ! Peut-être qu'il n'avait pas eu à mentir, peut-être qu'il n'avait trahi aucune de ses valeurs contrairement à elle et Cissy, mais que connaissait-il des choix qu'elles avaient eu à faire ? C'était si aisé, pour lui, de les critiquer en prétendant qu'il n'aurait jamais fait la même chose, qu'il n'aurait jamais baigné dans les eaux troubles de la délation et de la pusillanimité. Alors oui, composer avec lui serait difficile, parce qu'elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait exiger qu'il la pardonne pour ses actes. Se pardonner elle-même était déjà une entreprise suffisamment difficile…
Elle le suivit sans broncher, non pas que cela l'enchante, mais bel et bien parce qu'elle était forcée d'admettre que sans lui, elle se ferait dévorer par le premier venu. A dire vrai, elle avait peu eu l'occasion de le voir à l'oeuvre en tant que préfet, étant bien trop occupée à le critiquer l'an passé aux côtés de Naïa et Narcissa pour réellement prêter attention à la manière dont il gérait son rôle. Elle n'avait jamais pris la peine de tenter de le connaître en tant qu'individu, se contentant de rester dans l'ombre de ces amies qui avaient tant à lui apporter, jugeant que si elles lui conseillaient de se tenir éloignée de lui, c'était bien qu'elles avaient une raison de le faire. Pour autant, elle tenait à lui montrer que ce rôle ne l'effrayait pas, qu'elle était capable de l'assumer, même si elle doutait sincèrement d'être taillée pour. Peut-être avait-elle de meilleures notes que sa soeur, mais Candice aurait eu bien plus de carrure qu'elle, nécessaire pour un tel poste… "Non, vas-y." Elle obéit alors, et s'empressa de prendre en note les différents points qu'elle devrait garder à l'esprit par la suite. Au fur et à mesure que la liste s'allongeait, elle se surprit à prendre un peu peur de toutes ces nouvelles responsabilités. Faire régner l'ordre. S'imposer comme figure d'autorité. Comment y parviendrait-elle ? Elle était à peine capable de lever la voix, et s'excusait en rougissant presque immédiatement après. Elle ne serait ni crédible, ni respectée. C'était une erreur, le directeur aurait du penser à quelqu'un d'autre… « La plupart du temps, quand on prend un élève en flagrant délit, on l’amène directement à un professeur – préférentiellement son directeur de maison. On fait donc un rapport des faits oralement pour expliquer au professeur pourquoi on lui amène quelqu’un, et ça suffit. Pour les témoins, en général il n’y en a pas besoin. Comme on les amène directement, les professeurs nous croient sur parole. Et s’il s’agit d’un conflit entre deux élèves, la victime servira de toute façon de témoin. » Ses yeux s'arrondirent lorsqu'il parla d'"emmener" l'hypothétique fautif jusqu'au professeur. Ça avait presque l'air simple, à l'entendre. Pour sa part, elle avait beaucoup de mal à s'imaginer ordonner à qui que ce soit de la suivre jusqu'au bureau du professeur Winslow, comme si ce n'était pas légitime. Comme si dans ce château, tout le monde était susceptible de se plier docilement à sa volonté… Ça paraissait presque moins compliqué de les supplier gentiment de l'accompagner pour qu'elle n'ait pas de problème si elle ne faisait pas son travail. "Et… tu n'es jamais tombé sur des cas qui te donnaient du fil à retordre ?" l'interrogea-t-elle prudemment, s'efforçant toutefois de ne rien laisser paraître de ses appréhensions. Tout ça allait s'avérer compliqué, elle le pressentait… Cissy, elle n'aurait pas eu autant de mal pour se faire respecter, en revanche elle doutait personnellement d'avoir les épaules pour ce rôle.
Ce pourquoi finalement elle s'était risquée à lui poser cette question plus personnelle. Ça ne la mettait pas dans la meilleure des positions, surtout devant Zach, loin de là… et pourtant, il fallait bien qu'elle apprenne. Malheureusement, il était le seul, en l'occurrence, à pouvoir lui prêter main forte… « C’était pas facile. Je suppose que ça l’est pour personne. T’es un élève parmi tant d’autres, et une année on te dit que tu devras les surveiller, les punir dans une certaine mesure s’ils font des conneries… Et d’un coup, tu faisais ta vie tranquillement, et tu dois apprendre à te faire respecter comme si tu étais au-dessus de tes camarades. Je te cacherai pas que ça va être dur au début. Il vaudra mieux que… Je sois avec toi, le temps qu’ils s’habituent à ce que tu fasses figure de première autorité. Mais tu verras, avec la pratique, tu t’y habitueras toi aussi. » Elle le toisa, avec un mélange d'incompréhension et de surprise. A vrai dire, elle ne s'attendait pas à ce qu'il se montre… si compréhensif. Et c'était étrange, presque déconcertant, si bien qu'elle ne savait trop comment réagir. Une part d'elle restait sur la défensive, gardant en mémoire les dires de Narcissa qui le caractérisait comme un incomparable obstiné se conduisant comme un enfant, tandis qu'une autre part d'elle… aurait pu se fier à lui, à cette sympathie soudaine, à cette confidence proche de son ressenti actuel. Elle se contenta donc de laisser passer quelques secondes, laissant ses yeux se balader le long du couloir, fixant les flammes qui crépitaient dans les torches tandis que la lumière filtrée par les vitraux se faisait de plus en plus faible. "Je ne pense pas que j'y arriverais." déclara-t-elle, avec plus de sincérité qu'elle ne l'aurait voulu elle-même. C'était comme le Quidditch, ces choses-là : certains étaient prédisposés, ou naturellement douées, et Zach faisait probablement partie de ceux-là, en dépit de son humilité. Elle, elle l'était pour manier des aiguilles et retenir plus facilement ce que disaient leurs manuels de cours, point à la ligne. "Mais je ne me défilerais pas. Alors oui, si tu veux bien… je ne sais pas, être dans les parages, juste les premiers temps… je crois que ce serait bien, en effet." ajouta-t-elle, en relevant les yeux vers lui, comme pour tenter d'y déceler quelque chose, un signe que tout irait bien. Même si c'était faux ; elle avait envie de croire, ne serait-ce qu'un peu, que c'était possible.
Comme la harpie qu’elle s’évertuait à suivre partout où elle allait, Tracy s’entêtait dans sa mauvaise foi. Elle pourrait avoir du potentiel si elle ne décidait pas de suivre les mauvaises personnes. Fut un temps où je suivais également Narcissa, mais la force des choses m’avait permis de me rendre compte du vrai visage de la serdaigle. Hors, Tracy côtoie ce même visage tous les jours, et ne se rend même pas compte des choses. J’ai bien tenté de lui faire comprendre mais rien n’y fait. Alors tant pis si elle restait dans ses mensonges. Mais qu’elle n’essaie pas de sérieusement me faire croire que c’était de ma faute si elle n’appréciait pas l’idée que l’on travaille ensemble. Je ne l’appréciais pas non plus, mais j’avais au moins la décence de ne pas le faire savoir à voix haute. Elle ne semblait pas s’encombrer de ça, et osait en plus me refiler la patate chaude. Continuer sur cette voie n’allait faire que rendre cette première ronde, et possiblement les suivantes, plus pénibles encore que ce qu’elles allaient être. Je me contentais de lui répondre d’un soupir désespéré avant de nous mettre en route. On n’avait pas toute la nuit après tout, et j’avais des choses à lui expliquer.
Outre cet accrochage, je devais accorder à Tracy son zèle scolaire qui lui valait sa présence chez Serdaigle. Elle posait des questions, prenait des notes, presque comme si on était dans un cours. Des questions d’ordre administratif, même si on pourrait avoir une réunion d’information avec le directeur, le plus souvent les informations passaient de préfet à préfet, puisqu’il était rare que deux préfets partent du château en même temps. Je lui expliquais donc que les rapports se faisaient généralement à l’oral. Je n’avais même pas besoin d’observer sa réaction pour comprendre que l’éventualité d’emmener un fauteur de trouble jusqu’au bureau de Winslow ne lui semblait pas vraiment aisé. Elle ne s’imposait pas vraiment, en y repensant, toujours dans l’ombre de Narcissa. Elle tentait de sauver les apparences en posant une nouvelle question le plus posément possible, mais le sujet même de la question confirmait ce que je pensais. « La plupart du temps, heureusement, notre statut suffit à calmer les fauteurs de trouble, en les confrontant aux sanctions qu’ils encourent. » Ca avait notamment bien marché avec une jeune gryffondor assez récemment. Elle était encore jeune et impressionnable, malgré le piège qu’elle avait fait, mais… « Mais des fois il y en a des plus récalcitrants oui. Je ne saurais pas te donner d’exemple précis, mais des fois avoir sa baguette sous la main et quelques sorts d’immobilisation en tête n’est pas de trop. »
Mais plus que les questions administrative, elle finit par… se confier ? Indirectement certes, mais elle voulait savoir comment ça avait été pour moi au début. Cette soudaine honnêteté effaça, au moins temporairement, nos différends dans mon esprit et je lui répondis aussi honnêtement. Tout en tentant de la rassurer. Après tout, si ma co-préfète n’arrivait pas à s’imposer, ça allait être la galère, non ? Et puis, en un sens, quelque chose me poussait à être plus docile dans cette situation, à être plus compréhensif. Et cette soudaine sympathie que je lui offrais semblait l’étonner. Je ne sais pas ce que Narcissa lui bourrait dans le crâne à mon sujet, mais comme je m’en doutais elle n’était pas innocente dans notre relation. Peut-être qu’elle finira par se rendre compte que je ne suis pas le monstre qu’elle peut bien décrire. Quelques instants passèrent dans son incompréhension et dans le silence brisé uniquement par le bruit de nos pas avant qu’elle ne réponde. Une réponse sincère, peut-être un peu affolée d’après ce qu’elle me disait. C’était une facette de Tracy qu’on ne voyait pas souvent derrière son masque. Elle se reprit rapidement en annonçant tout de même sa volonté de s’améliorer en ma compagnie, tout en me fixant dans l’attente de ma réponse. Un sourire chaleureux se dessina sur mes lèvres sans même que j’en ai conscience avant que je lui réponde. « Je sais pas combien de temps ça prendra, mais… Tu peux compter sur moi. Je te soutiendrai jusqu’à ce que tu arrives à voler de tes propres ailes. » Une pause. Devais-je l’encourager encore plus, ou bien m’étais-je déjà trop adouci ? Oh et puis, après tout, je n’étais pas comme elles à garder un masque tout le temps. Autant être franc. « Et détrompes-toi, je pense que tu peux y arriver. Tu ne te crois peut-être pas au niveau, mais avec un peu de volonté, je suis sûr que tu feras une bonne préfète. » J’étais peut-être allé loin, mais qu’importe. Elle était, pour la première fois depuis longtemps, honnête, je ne pouvais que l’encourager dans cette voie.
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Jeu 1 Mar - 10:14
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« La plupart du temps, heureusement, notre statut suffit à calmer les fauteurs de trouble, en les confrontant aux sanctions qu’ils encourent. » Elle espérait en effet qu'il disait vrai, et qu'elle n'aurait à craindre aucune mauvaise retombée. Elle n'était pas Hadley, et n'éprouvait pas autant de nécessité à faire régner l'ordre, coûte que coûte. Elle s'affairait elle-même à bien respecter le règlement, naturellement, mais considérait le plus souvent que ce que faisaient les autres ne la regardaient pas. Notamment parce que depuis leur enfance, couvrir les quelques incartades auxquelles Candice s'adonnait était devenu une habitude, et Tracy ne manquait alors pas de fermer les yeux dessus. Avec tout ce que sa demi-soeur faisait pour elle, n'était-ce pas bien la moindre des choses que de lui accorder la discrétion ? Par dessus tout, elle désirait ne pas rencontrer d'ennuis, et se confronter aux fauteurs de troubles qui sauraient bien davantage qu'elle se faire valoir, même si son autorité était légitime. Zach paraissait toutefois convaincu de ce qu'il racontait... Et quelque part, elle s'en voulait un peu de ne pas s'être montrée plus attentive au poste qu'il occupait alors depuis maintenant plus d'un an. « Mais des fois il y en a des plus récalcitrants oui. Je ne saurais pas te donner d’exemple précis, mais des fois avoir sa baguette sous la main et quelques sorts d’immobilisation en tête n’est pas de trop. » Là, les choses se gâtaient. Elle s'efforça de ne rien laisser paraître, de demeurer parfaitement impassible, alors qu'à l'intérieur ses émotions commençaient déjà à s'affronter, et que l'idée de fuir toutes ces responsabilités sans se retourner lui traversa rapidement l'esprit. Rien ne l'obligeait à accepter ce poste. Il était dans son droit de plaider auprès de Londubat un profond mal-être et des troubles psychologiques liés aux évènements de l'année dernière qui l'empêcheraient de mener sa tâche à bien. Oui, c'était une idée. Après tout, ce serait mieux pour tout le monde, et elle pourrait elle-même suggérer Cissy à titre de remplaçante. Cette dernière, qui ne manquerait pas de déclarer que veiller sur des idiots ne lui plaisait guère, trouverait sans doute néanmoins un plaisir considérable à exercer un pouvoir qu'elle considèrerait comme relevant de son bon droit sur le reste des élèves. « Des sorts d’immobilisation… ? » répéta-t-elle comme pour assimiler l'information. Elle se doutait bien que Zach ne vagabondait pas dans les couloirs du château en pétrifiant à tout va le moindre plaisantin qui laissait sa créativité s'exprimer avec un peu trop de ferveur. Néanmoins, même si ce genre de cas était rare, l'idée qu'elle pouvait néanmoins en rencontrer lui déplaisait quelque peu.
Ils poursuivaient leur avancée, tandis que Tracy se trouvait toujours à sa hauteur, adoptant la même cadence régulière, étudiant l'environnement de ce couloir comme s'il était brusquement devenu intimidant. Comme si tout autour d'elle devenait une menace potentielle, comme si chaque élève représentait désormais un parasite susceptible de s'en prendre à elle. Elle s'arrêta sans préavis, et tandis qu'elle hésitait, elle s'éclaircit la gorge avant de s'adresser à lui à nouveau. « Dis, ça t’ennuie si… j’essaie sur toi, là maintenant ? Enfin pas de t’immobiliser, non ! Mais, une intervention, on n’a qu’à dire que je t’ai surpris en pleine infraction. Comme ça, pour m’entraîner. » suggéra-t-elle, d'une voix dont la douceur témoignait à la fois de la volonté ferme qu'elle souhaitait donner à l'exercice, mais également du manque d'assurance qui la trahissait. Ça ne lui plaisait pas tant que ça, de se montrer en position de vulnérabilité devant lui. Pourtant, elle savait intimement que, contrairement à Narcissa, il n'était pas de ceux dont la rancoeur les consumait... C'était parce qu'il était d'ordinaire silencieux et discret, se fondant presque dans la masse en se contentant seulement d'être un bon élève et un attrapeur de talent, qu'elle se rendait compte finalement qu'après ces quelques années passées à côtoyer la même salle commune, elle ne le connaissait finalement pas tant que ça. « Je sais pas combien de temps ça prendra, mais… Tu peux compter sur moi. Je te soutiendrai jusqu’à ce que tu arrives à voler de tes propres ailes. » Et le ton de la conversation changeait, imperceptiblement, devenant même plutôt agréable, d'une manière qui la surprenait elle-même.
Il témoignait à son égard une bienveillance qu'elle ne lui reconnaissait pas, et à laquelle il n'était pourtant nullement contraint, d'aucune manière que ce soit. Ce qui rendait sa réaction presque impossible à définir... qu'était-il bon de faire ? En répondant positivement à cet appel, elle avait cette impression désagréable de trahir Cissy, qui pourtant possédait toujours un avis fiable sur les autres, quoique parfois légèrement intransigeant. « C’est… enfin, merci. Je sais que t’es pas obligé de faire ça. Je sais que tu ne me dois rien, ni aide, ni soutien. » commença-t-elle avec réserve, avant de laisser ses commissures de lèvres s'étendre brièvement en un sourire de gratitude. « Mais merci de le faire quand même. » C'était honnête, même si elle éprouvait quelques réticences à faire preuve vis à vis de lui d'autant de sincérité, comme si de ce fait, elle n'était plus protégée. C'était ce qui rendait sa position d'autant plus délicate... au fond, c'était presque plus facile de lui en vouloir, de lui tenir rigueur de quelque chose dont il n'était même pas responsable. C'était, au fond, plus facile de le désigner lui comme coupable, plutôt qu'elle-même. Et malgré lui, il la poussait néanmoins à reconsidérer cette option, à sentir à nouveau cette amertume, ce déchirement lui ronger les entrailles... « Et détrompes-toi, je pense que tu peux y arriver. Tu ne te crois peut-être pas au niveau, mais avec un peu de volonté, je suis sûr que tu feras une bonne préfète. » Elle l'interrogea du regard, interrogative. Comment pouvait-il en être aussi sûr, alors qu'elle-même doutait de ses propres compétences, de son aptitude à faire preuve d'autorité... ? Peut-être cherchait-il seulement à la rassurer, parce que c'était ce que les conventions sociales exigeaient, au fond. Qu'ils fassent bonne figure, qu'ils obéissent aux règles qu'ils étaient censés faire respecter, qu'ils soient cordiaux, et n'aient à se plaindre de rien, encore moins du "privilège" qui leur avait été accordé. Pour une fois, rien qu'une fois, Tracy avait envie de jouer le jeu. Après tout... Cissy comprendrait, n'est-ce pas ? « Je vais tâcher d’être à la hauteur. Je pense que malgré… notre passif, on devrait être capables de travailler ensemble. » Il ne restait finalement plus qu'à s'accorder, à trouver une juste mesure qui définirait entre eux le bon équilibre. Quelque part, après leur échange... ça ne semblait plus insurmontable, de l'envisager comme partenaire. Et ça avait quelque chose de rassurant, de savoir qu'il croyait en elle.
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Dim 11 Mar - 16:49
Les préfets jouissaient d’une certaine aura, même malgré eux. On impressionnait facilement les plus jeunes avec seulement notre insigne, les plus vieux nous respectaient généralement suffisamment pour ne pas faire de conneries sous notre nez. Bien sûr, les premiers temps n’allaient pas être comme ça pour Tracy. Il faut que les élèves s’habituent à sa tête, s’habituent à ce qu’elle fasse aussi partie des préfets. Combien de temps ça prendrait ? Je ne saurais le dire, mais bientôt, comme je le lui annonçais, elle n’aura qu’à se montrer pour calmer les délinquants. Cependant, même si je tentais de la rassurer pour qu’elle joue correctement son rôle, il serait hypocrite de ne pas lui dire que, parfois, ça partait mal. Ca ne m’était jamais arrivé – heureusement au vu de mes talents en magie – mais il fallait y être prêt aussi. Et bien sûr, ça ne la rassurait pas vraiment que je lui parle de sorts d’immobilisation. « Ca n’arrive pas souvent d’en arriver à devoir utiliser ce genre de sortilèges, heureusement. Je n’ai jamais eu à faire à ce genre de cas. » En même temps, ma prise de fonction était tombée sur l’année des mangemorts, c’était pas vraiment propice à faire régner le règlement. « L’ancien préfet, par contre, m’a parlé d’un ou deux cas. Et puis, il y a une semaine, une gryffondor nous a fait un sacré coup… Mais bon, elle s’est rendue sans faire d’histoires, comme quoi… »
Et nous avancions dans les couloirs du château. Moi, habitué, j’avançais d’un pas décidé, observant la zone. Du coin de l’œil, je voyais Tracy suivre mon rythme, en bonne élève qu’elle était. Malgré ses craintes, elle faisait ce qu’elle pouvait pour rentrer dans son rôle, et même si ça me faisait mal, je devrais bien admirer un minimum ce comportement. Jusque-là, je ne la considérais que comme une fille suivant les mauvaises personnes, et les suivant aveuglément. Et vu celles qu’elle fréquentait, je doute fort qu’elle me suive volontairement. Enfin, volontairement d’un point de vue personnel, autrement dit elle devait me suivre seulement pour assurer son rôle. Mais d’un coup, je ne la voyais plus dans le coin de mon regard, et je me retournais pour voir ce qu’elle faisait. Elle s’était arrêtée net, et après quelques instants de silence m’annonça ce pourquoi elle s’était arrêtée. Ma main remonta jusqu’à mon menton tandis que je réfléchissais à sa proposition d’exercice. « Hum, je suppose qu’un exercice peut pas faire de mal. Tant que je finis pas pétrifié ça devrait aller, et si ça peut t’aider… »
Elle serait capable de vouloir le faire au nom de Cissy. Mais cette pensée fut de courte durée, et s’envola quand elle fit preuve d’une sincérité inhabituelle de sa part. Entrapercevoir la vraie Tracy, pas celle qui se contentait d’imiter les autres pour se donner un genre, m’adoucit inconsciemment et la discussion devenait bien moins stricte. Presque malgré moi, et j’insiste sur le presque, je l’encourageais dans son choix d’assumer les fonctions de préfète, et indirectement de continuer sur la voie qu’elle prenait, à être plus "vraie". Etonnemment, elle parut assez réservée sur la réponse qu’elle me donnait, mais finalement un sourire illumina son visage pour me remercier. D’aussi loin que je me souvienne, les seuls sourire qu’elle avait pu arborer en ma présence étaient moqueurs suite aux blagues de ses copines. En voir un autre était… rafraichissant. A tel point que le mien ne s’effaça pas de suite. « Y a pas besoin de devoir quelque chose pour aider sa co-préfète, si ? » Ce que je lui devais vraiment serait plutôt négatif, mais à l’instant présent ça ne m’importait pas. Pour l’instant, dans cet instant de discussion plus ouverte que les nôtres n’ont jamais été, le passé pouvait attendre. Et après mon dernier encouragement, elle en fit de même, laissa le passé derrière pour se tourner sur le travail qui nous attendait. Je penchais la tête pendant sa déclaration, et après quelques nouveaux instants de silence, je souriais. « Oui, je pense qu’on est sur la bonne voie pour qu’on arrive à collaborer. » Malgré le naturel qui ressortait de notre conversation, ça me faisait bizarre de penser que je pourrais bien m’entendre avec Tracy. On a tellement été en conflit l’an dernier que c’était presque inimaginable, et pourtant, on en arrivait là. Peut-être que j’avais hâtivement jugé son comportement. Ou peut-être qu’elle était plus prompte que sa copine à faire des concessions. Quelle que soit la bonne réponse, les rondes quotidiennes ne seraient peut-être pas si difficile à vivre, finalement.
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Jeu 15 Mar - 20:48
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« Ca n’arrive pas souvent d’en arriver à devoir utiliser ce genre de sortilèges, heureusement. Je n’ai jamais eu à faire à ce genre de cas. » Quelque peu rassurée, elle se contenta d'approuver silencieusement, tout en toisant les murs qui l'environnaient comme s'il s'agissait désormais d'une prison dont elle était à présent, avec son camarade, la gardienne. Cela faisait beaucoup d'un coup, et elle convenait, aisément, que malgré les lignes de notes qu'elle prenait, il en faudrait bien davantage pour qu'elle ne soit au niveau de ses collègues. Contrairement à eux, ou à sa demi-soeur, dont l'aisance en société n'était plus à prouver, son assurance lui faisait cruellement défaut, et elle peinait bien à s'imaginer faire preuve d'autorité d'une quelconque manière, que ce soit en levant la voix, ou en se servant de sa baguette. Tout comme elle s'imaginait difficilement rester neutre. Que se passerait-il si elle était confrontée, un soir, seule, à Fassbach... ? Mieux valait-il pour l'heure ne pas commencer à envisager ce cas de figure-ci... Et dans ce genre de situation, il se pouvait, en effet, qu'un sortilège d'immobilisation ou deux se révèle finalement utile... « L’ancien préfet, par contre, m’a parlé d’un ou deux cas. Et puis, il y a une semaine, une gryffondor nous a fait un sacré coup… Mais bon, elle s’est rendue sans faire d’histoires, comme quoi… » A nouveau, elle ne laissa pas entrevoir son appréhension, se contentant de garder pour elle ses inquiétudes. Il ne manquait plus qu'il aille les colporter auprès d'Anthea qui se ferait un malin plaisir d'en plaisanter... Cissy aurait définitivement constitué un meilleur choix. Et se montrer devant lui, dans une position de vulnérabilité, après qu'elle se soit permise de se moquer de son sort l'an dernier, accentuait son malaise. Difficile de rendre leurs relations cordiales dans ces conditions... Pourtant, il fallait bien qu'elle essaie, si elle ne voulait pas avoir à rendre son insigne en fin de mois et écrire expressément à son père que finalement, elle n'était pas à la hauteur. Sans la tutelle de Zach, aussi difficile était-ce à reconnaître, il paraissait évident qu'elle n'y parviendrait pas... « Je vois… qu’est-ce qu’elle a fait… ? » demanda-t-elle finalement en appuyant l'extrémité de sa plume sur le rebord du petit flacon qu'elle venait de déboucher.
Elle n'irait bien sûr pas jusqu'à dire qu'elle passait en sa compagnie un agréable moment, mais il avait au moins la décence de ne pas en faire un calvaire, où ils se seraient retrouvés à pointer du doigt tous leurs torts des dernières années, tout ce qui les avait opposés sur base d'un conflit sanguin et d'une amitié gâchée, alors qu'en d'autres circonstances, peut-être auraient-ils pu s'entendre... « Hum, je suppose qu’un exercice peut pas faire de mal. Tant que je finis pas pétrifié ça devrait aller, et si ça peut t’aider… » Elle le remercia à mi-voix, d'un hochement de tête, avant de s'écarter de quelques pas, tout en demeurant face à lui. Elle porta sa main à sa poche pour vérifier que sa baguette y était bien à porter, et s'humecta le palais tandis qu'elle réfléchissait à une manière d'aborder la chose. Jouer un rôle avait toujours été à sa portée : c'était ce qu'elle avait fait toute sa vie après tout... Mais cette fois, les choses étaient différentes. Elle prit une inspiration, et planta ses yeux dans ceux de son interlocuteur, fronçant les sourcils. « Eh, toi là-bas… ? Je ne sais pas ce que tu trafiques, mais tu… tu n’as pas le droit d’être ici à cette heure-ci. Qui est ton directeur de maison ? Ce sera… cinq points en moins, et une retenue. Et tu... vas devoir me suivre chez le concierge maintenant. » lança-t-elle, d'un ton qui oscillait entre la fermeté et l'incertitude, comme si ce qu'elle se permettait de faire n'était pas légitime. C'était... étrange. Et dire qu'il allait lui falloir s'y habituer... « Ça allait… ? Ça me donne un peu le trac. » se justifia-t-elle expressément, songeant en premier lieu qu'il avait sûrement du la trouver ridicule, mais que par politesse, il se retenait de le lui faire savoir. Il allait réellement falloir qu'elle s'entraîne...
Et franchir avec lui certaines limites en se risquant à parler de son ressenti personnel était un jeu dangereux : elle en était bien consciente. Il serait libre d'en disposer comme il le voulait par la suite, voire même de la discréditer auprès des autres... Pourtant, elle s'en remettait à lui. « Y a pas besoin de devoir quelque chose pour aider sa co-préfète, si ? » Elle demeura interdite, avec ce sentiment désagréable qui lui rongeait l'estomac, qui se diffusait en elle comme une vilaine infection qu'elle ne saurait guérir. Ça devenait de plus en plus difficile, à mesure qu'il déclarait qu'il était normal de l'aider, et à chacune de ses paroles bienveillantes, le souvenir de celles qu'elle avait prononcées à son égard la frappait à la poitrine. Qu'importait... il était désormais trop tard pour s'excuser. Il était trop tard pour faire machine arrière. « Non. Mais c’est parfois plus facile de tout simplement fermer les yeux. » répondit-elle simplement sans pour autant détacher les siens. Elle parlait autant pour lui... que pour elle-même, il le comprendrait aisément. Fermer les yeux et suivre. Laisser les autres prendre les décisions que l'on était soi-même incapable de prendre. Tout cela était tellement plus facile... « Oui, je pense qu’on est sur la bonne voie pour qu’on arrive à collaborer. » A nouveau, elle le remerciait intérieurement de son soutien qu'il lui assurait, et qui l'aidait, d'une certaine manière, à se convaincre que c'était possible. Qu'elle pouvait y arriver, qu'ils pouvaient composer ensemble, et qu'en le regardant faire, elle saurait apprendre de lui. Mais alors qu'elle s'apprêtait à formuler ces pensées à voix haute... d'autres ne tardèrent pas à interférer. Cissy, et son ressentiment envers Zach. Cissy, en qui elle avait confiance plus qu'en n'importe qui dans ce château. Cissy, qui si elle le lui demandait, la mènerait à se montrer envers lui tout aussi infecte qu'elle avait pu l'être par le passé. Elle se mordit la lèvre, et se massa le coude, un peu embarrassée. « J’en suis persuadée. Je… si ça ne te dérange pas, je préfèrerais que nous nous donnions rendez-vous ici pour discuter travail, et que nous évitions de faire ça devant Cissy. Je ne veux pas d’histoires… » Elle ignorait comment il le prendrait, ou s'il comprendrait. Même si proposer cet arrangement ne lui plaisait pas spécialement, elle y était contrainte, par ce serment d'amitié qui la rattachait à la Serdaigle.
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Mar 15 Mai - 16:33
Il fallait bien que je la rassure sur le poste qu’elle occupait maintenant, mais pas que je la berce d’illusions non plus. Il n’était pas impossible d’avoir à faire à des élèves récalcitrants, même si je ne saurais pas donner de noms de personnes qui seraient capables de refuser notre autorité. Les délits en eux-mêmes étaient, pour la grande majorité, mineurs. Les gros problèmes c’était une fois par ci par là, pas de quoi se formaliser outre mesure. Mais j’en avais eu un cas récemment, et évidemment ça attisait sa curiosité. C’était quand même une histoire de fou, en repensant à l’âge de la fautive. « Une première année qui avait visiblement préparé toute une panoplie de pièges pour se venger d’un gars de chez nous. Il a eu le bon réflexe de m’en parler pour que je vienne avec lui et que je voie ce qu’il se passait. Pour te dire, elle a même lancé un sortilège de coupure. J’ai appris après que c’était pour déclencher ses pièges, mais pour peu qu’elle ait mal visé… » Ca aurait pu salement finir. Heureusement qu’elle n’a pas essayé de plus se défendre après ça. J’avais évidemment sermonné mon camarade également en sachant pourquoi elle avait fait ça, mais ça n’excusait pas pour autant son comportement. Je vous jure, les premières années c’est plus ce que c’était…
Et, cette histoire l’ayant potentiellement inspirée, elle me proposa de faire un exercice pratique. Je doutais grandement qu’elle me lance un sort gratuitement dans la foulée, en tout cas en l’absence de Narcissa, donc l’idée était plutôt bonne. Sans vouloir paraître condescendant, ça me permettrait d’évaluer un peu là où elle en était, et de voir un peu ce qu’il y avait à améliorer. Je me prêtais donc à l’exercice et, après quelques politesses à mi-voix, elle se mit en position, et se lança. Le fond de son discours était bon, la forme était à revoir. Le ton de sa voix avait quelques fulgurances d’autorité, mais c’était encore loin d’être le cas de toute sa diction. Elle n’était clairement pas à l’aise avec ça. Et autant être honnête avec elle quand elle me demandait mon avis, ça ne pouvait que lui permettre de s’améliorer. « C’est pas mal… Tu as une bonne connaissance de la procédure, les bonnes paroles viennent naturellement, mais maintenant il va falloir que tu apprennes à appuyer ton discours. C’est normal, c’est la première fois que tu essaies, mais avec le temps tu devrais réussir à avoir un ton suffisamment convaincant pour que les gens s’arrêtent dès que tu leur parles. »
Et je serai là pour l’y aider. Ca paraissait bizarre que je dise ça au sujet de Tracy, et je n’étais pas sûr d’être totalement à l’aise avec ça dans l’immédiat moi-même. Et pourtant, le fait qu’elle dévoile son vrai visage, pas celui manipulé par Narcissa, pas celui qui lui avait permis d’éviter les cachots l’an dernier, pas celui qui m’insultait presque gratuitement dès que je m’approchais à moins de 20 mètres, m’adoucissait aussi. Peut-être qu’on finirait par s’entendre suffisamment pour que notre duo de préfets fonctionne bien. Avec nos antécédents, ça n’irait probablement pas plus loin, mais c’était déjà ça. Elle me répondait qu’il était plus facile de fermer les yeux. En soi, c’est plus ou moins ce que je faisais en faisant fi de ce qu’il avait pu se passer entre nous. Je savais bien qu’elle parlait surtout d’elle, mais je ne voulais pas repartir sur ce genre de sujet. On arrivait enfin à quelque chose, ce n’était pas le moment de tout gâcher en rétorquant. Je gardais donc le silence, la toisant sans animosité, avant d’affirmer qu’on devrait réussir à collaborer. Après quelques instants, elle acquiesçait, mais en ajoutant une requête à laquelle je ne m’attendais pas vraiment. Et pourtant, elle semblait évidente. Forcément, si Narcissa apprenait que Tracy ne me détestait pas autant qu’elle – du moins c’est l’impression que me donnait notre discussion actuelle – elle le prendrait mal. La connaissant depuis le début d’année, elle serait foutue de penser que j’ai ensorcelé Tracy. Je suis un peu la cause de tous les maux si on l’écoute. Un soupir s’échappa de mes lèvres. « Ouais, t’as pas tort. Je suppose qu’Anthea non plus ne serait pas particulièrement heureuse de nous voir comme ça. Se donner rendez-vous hors de la salle commune est encore la meilleure solution. Et en dehors de nos fonctions de préfets, il faudra qu’on fasse comme avant. » Ca ne me plaisait pas particulièrement de jouer un double jeu comme ça. Autant l’avis de Narcissa ne m’importait pas, autant celui d’Anthea, je préférais le garder positif. Et je pense que pour Tracy, ce serait sûrement l’inverse. Ca restait le meilleur compromis que l’on pouvait trouver, et celui qu’on allait devoir appliquer. « Donc on fait comme ça. C’est bien, on arrive à bien s’organiser dès la première ronde ! » Maintenant, il serait mieux de se concentrer sur le positif pour alléger un peu l’ambiance. « Faut qu’on avance maintenant, l’heure tourne. Si t’as encore des questions qui te viennent, n’hésite pas ! »
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(#) Sujet: Re: Flashbulb Eyes ♙ Zach & Tracy Sam 23 Juin - 13:19
Flashbulb Eyes
Zach & Tracy
Visiblement, malgré sa bonne connaissance théorique de ce qu'impliquait un rôle à haute responsabilité, elle avait encore un certain nombre de choses à apprendre, surtout en ce qui concernait la partie pratique. Savoir comment réagir dans une situation particulière sans directement y faire face ne valait pas l'expérience de terrain, et Zach était en train de le lui prouver en abordant avec elle les différents cas de figure qu'il avait eu l'occasion de voir depuis qu'il occupait ce poste. Et entre les premières années troubles-fêtes qui cherchaient à se faire remarquer par tous les moyens, ainsi que les petits rebelles qui avaient manifestement un problème avec la notion de règlement, elle sentait qu'elle allait avoir du fil à retordre... elle était pratiquement certaine de ne pas être taillée pour un tel rôle, mais contrairement à ce qu'elle pensait jusqu'alors, elle pouvait apprendre à le devenir. Si l'autorité naturelle et l'assurance était innées chez certain, elle se convainc qu'elle pouvait apprendre à forger ce trait de caractère à force de persévérance. Et puis finalement, son collègue semblait impliqué dans sa formation en tant que préfète, semblant tenir à coeur leur bon fonctionnement. Pour un peu... elle irait même presque jusqu'à songer que Zach n'était pas aussi désagréable que Cissy ne le prétendait. Ça ne signifiait pas pour autant qu'elle irait militer pour sa cause auprès de sa meilleure amie... mais elle pouvait bien lui reconnaître ça au vu des efforts qu'il faisait avec elle. « J’ignorais qu’ils étaient déjà capables d’aller jusque là… il va falloir que j’apprenne à ne pas les sous-estimer. » conclut-elle en pinçant légèrement les lèvres, tandis que les traits de son visage trahissaient les quelques doutes qu’elle commençait à ressentir. Elle tenait en tout cas à lui prouver sa bonne volonté, et à lui montrer qu'elle était prête à s'impliquer du mieux qu'elle le pourrait. Elle s'adonna alors à un exercice, en apparence simple, en s'essayant à une sorte de simulation d'intervention, tandis que le Serdaigle lui servait de cobaye, évaluant ses compétences d'un oeil attentif, et même bienveillant. Elle manquait peut-être encore de conviction, mais il l'assurait qu'elle était sur la bonne voie, et elle était prête à le croire : ça ne lui ressemblerait pas de la flatter inutilement, et il avait autant d'intérêt qu'elle à ce qu'elle progresse. « D’accord… j’imagine qu’il me faudra quelques temps avant d’y arriver. Mais je vais m’entraîner pour être à la hauteur. » affirma-t-elle avec détermination, laissant un timide sourire s'installer sur son visage, avant qu'il ne s'efface subitement quelques secondes plus tard : elle n'était pas mécontente que l'atmosphère devienne plus légère entre eux, mais si d'aventure Narcissa traversait le couloir, elle préférait nettement que cette dernière n'interprète pas cette collaboration comme une trahison : elle tenait trop à leur amitié pour la mettre en péril inutilement.
Et heureusement pour elle, Zach semblait partager son avis à ce sujet. Lui non plus ne semblait pas particulièrement emballé à l'idée d'avouer à Anthea que finalement, ils ne s'entendaient pas aussi mal qu'ils auraient pu le présager, et elle le comprenait aisément, ne portant pas spécialement de son côté la jeune femme dans son coeur. La décision la plus sage était donc de garder pour eux ce détail-là, et de laisser tomber les masques lorsqu'ils se retrouveraient seuls pour travailler. Elle n'était pas contre l'idée de jouer un nouveau rôle, après tout elle commençait à en avoir l'habitude dans cette école... « C’est une bonne idée, qui nous épargnera bien des soucis, et c’est parfait si ça nous va à tous les deux. Ça ne sert à rien de créer des tensions inutiles, la situation est ce qu’elle est. » reconnut-elle en glissant une mèche de cheveux derrière son oreille et en s'éclaircissant la gorge, tandis qu'ils traversaient un nouveau couloir, jusqu'à parvenir à une rangée d'escaliers qui les conduiraient aux étages supérieurs, qu'il leur faudrait encore inspecter, avant de commencer à rappeler l'imminence du couvre-feu à ceux qui, cavaliers, vagabondaient encore dans les couloirs. « Je te suis. Si on est efficaces, on devrait avoir rapidement fait le tour. Finalement, on ne s’en sort pas trop mal. » Elle le pensait sincèrement. Ses a prioris laissaient place à une certaine tranquillité d'esprit à laquelle finalement, elle prenait goût. Bien consciente que le rôle de préfète accaparait un temps conséquent en journée et une certaine volonté d'agir dans l'intérêt commun, elle préférait en effet que la cordialité soit au rendez-vous, et ne pas avoir à guerroyer en permanence, quitte à ce que ce soit avec celui que Cissy avait hissé au rang d'ennemi juré. Sa meilleure amie avait ses raisons, et elle les respectait. Mais c'était deux années de collaboration qui s'annonçaient, et enterrer la hache de guerre lui épargnait bon nombre d'ennuis supplémentaires auxquels elle n'avait, de toute façon, pas de temps à consacrer.
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