Liu Xi MacDougall s’était levée aux aurores pour profiter du Lac avant le lever des élèves. Elle ne crachait pas sur une grasse matinée de temps en temps, mais ses nouvelles fonctions étaient sources de stress, et elle ressentait le besoin de l’évacuer. La méditation aidait, mais après cet été éprouvant ce n’était pas suffisant. Aussi, elle avait chaussé ses baskets, et s’apprêtait à suer sang et eau en courant sans but autour du lac. Le premier kilomètre était le plus difficile, le temps aux muscles de s’échauffer après la nuit, aux poumons et au cœur d’accepter l’effort. Mais après ses quelques minutes de souffrance passées, elle ressentait le plaisir de la course, de son corps en action, du vent dans ses cheveux… Ce sentiment de liberté, de force. Elle n’avait besoin de rien d’autre que ses pieds pour aller au bout du monde.

Deux kilomètre cinq, le tour du lac n’était pas très grand, se dit-elle alors qu’elle entamait son deuxième tour. D’ici quelques semaines, elle aurait tellement cette distance sous la plante des pieds qu’elle pourrait mesurer les distances en tours de lac. Cinq kilomètres, le soleil commençait à se lever, répandant de magnifiques reflets dorés sur l’eau. Son angoisse commençait à quitter son corps, trop occupée qu’elle était à profiter de l’instant pour se soucier de son avenir. Elle accéléra l’allure, se sentant pousser des ailes. Arrivée au sixième tour, ses muscles étaient douloureux, son souffle court, elle n’était concentrée que sur une chose, respirer, ne pas exploser en plein vol, l’esprit libre de toute contrainte. La jeune femme ralentit l’allure, pour reprendre son souffle. Elle trempa son bandana dans l’eau du lac pour rafraîchir son visage et s’apprêta à se diriger vers le parc pour retourner au château quand une silhouette apparue dans son champ de vision.
Elle reconnut son collègue, professeur de vol si elle se souvenait bien… Elle savait qu’il s’appelait Weber, mais elle n’avait pas encore eu l’occasion de faire sa connaissance. Même si elle n’était pas dans une tenue très appropriée pour les mondanités, elle ne se voyait pas passer à côté sans le saluer et engager la conversation. Elle lança rapidement un sortilège de récurage pour rafraîchir sa tenue, remis de l’ordre dans ses cheveux, il était hors de question qu’elle ressemble à un chien mouillé.

Une fois prête, elle s’approcha du professeur un sourire aux lèvres pour le saluer. « Bonjour, vous-être le professeur Weber si je ne m’abuse ? Liu Xi MacDougall, botanique ! Le lac est magnifique à cette heure-ci, et c’est si…calme. » La jeune femme était plutôt douée lorsqu’il s’agissait de bavarder sans conséquences avec les gens. « Votre rentrée s’est bien passée ? » s’enquit-elle.