Là, où je t'emmènerai

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Là, où je t'emmènerai

avec Skat

J’étais occupée à récolter divers matériaux dans le parc jeudi matin, quand j’entendis deux élèves parler du balcon du monde. Je voulais commencer à réfléchir au mobile que j’offrirai au bébé à venir, un adorable petit frère ou une mignonne petite sœur. Au départ, je n’avais pas particulièrement prêté attention à la conversation, elle était là comme un bruit de fond, et moi j’étais absorbée dans ma tâche. Mais la discussion devenait de plus en plus animée, excitée, et j’avais été obligée de saisir quelques mots au vol. Le balcon du monde donc… Il semblait s’agir d’une salle qui permettait de visualiser n’importe quel endroit du monde. J’avais discrètement continué d’écouter… Non pas que les aventures de ces deux personnes m’intéressaient, mais plutôt parce que ça avait l’air fort intéressant à explorer, cette salle ! Apparemment, si j’entendais bien on pouvait reproduire les décors et même interagir avec.

Je résistai à l’envie de filer immédiatement au dortoir chercher Maddie pour lui montrer ma nouvelle découverte, enfin, lui en parler, puisque j’ignorai encore où se trouvait cette salle. Alors exceptionnellement, après avoir abandonné l’idée de me concentrer sur mes bouts de bois et mes bouts de cailloux, je m’étais dépêchée d’aller à la bibliothèque. Bon évidemment, comme je n’y passais pas des masses de temps, ma recherche était un peu laborieuse… Cela devait se voir, puisque lassée de m’entendre soupirer, un Serdaigle avait fini par me demande s’il pouvait m’aider. Egal à lui-même, il prit un air narquois en entendant ma question « pas besoin d’un livre, tout le monde sait ça, c’est au troisième étage, maintenant, va soupirer ailleurs » . Hmm. Trop cool vraiment ! Mais bon, j’étais polie et bien élevée, alors je le remerciai avant de filer au troisième.

Après avoir tourné et retourné à l’étage, j’avais fini par trouvé la petite porte discrète, sans oser toutefois la pousser… J’avais envie de partager cette découverte avec quelqu’un. Au départ, Madison semblait la réponse la plus évidente : si elle en avait entendu parlé, on y serait allées depuis longtemps, même si je n’avais aucune idée d’un endroit en particulier à visiter. Est-ce que Maddie rêvait de voyager ? Ou de revoir un endroit ? Il faudrait que je lui pose la question. Parce que la personne qui s’était imposée dans mon cerveau immédiatement après Madison, c’était Skat. Il devait sûrement avoir envie de revoir la Croatie ou je ne sais où… Il était tellement perdu ici, que ça pourrait peut être lui plaire, de savoir qu’il pouvait le temps de quelques minutes ou de quelques heures retrouver un endroit un peu familier.
Madison ne m’en voudrait sûrement pas de ne pas la faire passer en premier cette fois-ci, surtout si je lui expliquais les raisons de mon choix. Je ne savais pas où trouver Skat à l’instant, et la matinée était déjà bien avancée. Si j’arrivais en retard au repas, il faudrait que m’explique et si j’avais envie de lui faire une surprise, il ne fallait pas que je me fasse cuisiner par mes amies auparavant. Je déposais mes affaires dans le dortoir, et évoquait simplement ma pêche aux bricoles avec les filles.
Plus tard, je pris le temps de lui envoyer un petit mot :
« Salut toi, Je viens de découvrir un truc génial au troisième étage ! Je suis sûre que ça va te plaire… Si ça te dit, on se rejoint en haut des escaliers samedi matin à 7h, et je te montre ? A bientôt ! Roxy » .

Nous étions le Jour J, je m’étais levée aux aurores, croisant bien évidemment Madison, qui ne dormait déjà pas beaucoup à la base mais encore moins depuis la bataille. Difficile de l’éviter, moi qui adorais debout si tôt… « J’ai un rendez-vous, promis, je te raconte quand je reviens ! » dis-je en plaisant. J’étais sûre qu’elle croirait à une blague, tant la probabilité que j’ai un rendez-vous avec quelqu’un était basse. Mais j’étais tout aussi certaine que je serais assaillie de questions à mon retour.
J’attendais maintenant, absolument pas patiemment, en haut des escaliers… Pourvu qu’il vienne… Je serais tellement déçu s’il n’en avait pas envie. Mais en même temps, j’étais en avance. A l’heure pile, j’entendis des pas dans les escaliers, et aperçus la masse de cheveux du grand frère de Jade. Il eu à peine le temps d’arriver en haut que je l’apostrophai déjà avec un grand sourire, pleine d’entrain et d’excitation : « Ouf, je suis contente que tu sois venu ! Bonjour ! ça va tu es prêt ? »

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Roxy & Skat

Avec des gestes pleins de précautions, Skat rangea le petit livre en maroquin dans le tiroir de sa table de nuit et se releva. Ses doigts retirèrent les quelques plis créés sur le drap par ses coudes et époussetèrent les genoux de son pantalon. La routine rassurante qui s'était installée depuis la rentrée était bouleversée, ce matin-là. Il n'était pas question d'attendre que l'heure du petit-déjeuner approche en tournant dans cette chambre comme un lion en cage, bien au contraire, mais d'aller « à l'aventure ». Peut-être le mot était-il un peu fort pour ce qui l'attendait, il n'en savait rien, seulement l'heure était à la surprise et à la découverte. Et la surprise, elle avait été totale lorsque, quelques jours plus tôt, un hibou lui avait déposé un morceau de parchemins sorti de nulle part, bien loin des lettres d'ordinaire si formelles qu'il recevait. Qu'il s'agisse de sa mère ou de Sainte-Mangouste, les enveloppes étaient impeccables et les parchemins parfaitement pliés recouverts de lignes pleines et régulières... Rien à voir avec ce petit mot-là. Et la surprise n'avait fait que s'accroître à la lecture. Le Serpentard laissa ses doigts jouer avec et se resserrer autour. Il l'avait lu et relu un million de fois au moins, cherchant avec une application toute particulière le sens de chaque mot dans son dictionnaire pour être certain d'avoir bien compris ce dont il était question. Il ne voulait surtout pas se tromper et passer pour un parfait demeuré. Jusque là, sans que ça soit une franche réussite, il parvenait à s'en tirer sans trop attirer l'attention, alors il était hors de question de se laisser avoir pour une histoire de courrier mal interprété. Et pourtant, rien à faire, la traduction restait la même.

Il sortit le parchemin de sa poche et le relut une fois encore à la faible lumière de la lampe grésillante qui éclairait le dortoir sous-terrain : Salut toi, Je viens de découvrir un truc génial au troisième étage ! Je suis sûre que ça va te plaire… Si ça te dit, on se rejoint en haut des escaliers samedi matin à 7h, et je te montre ? A bientôt ! Roxy. Roxy... C'était sûrement le plus étonnant de toute cette lettre, d'ailleurs. Il savait qui elle était, bien sûr, et avait eu l'occasion de l'approcher un peu mais... Mais c'était l'une des amies de sa sœur, juste l'amie de sa sœur. Gentille, bien sûr, mais il peinait à comprendre pourquoi elle voulait le voir, lui, pour lui montrer il ne savait quelle découverte. Et pourtant, pas une fois, il s'était laissé aller à poser la moindre question. Il n'avait pas osé. De peur de la vexer ou de lui faire regretter son choix. L'heure du rendez-vous approchait. Il n'était plus temps de s'interroger, seulement de dire au revoir à Tišina et de la rejoindre, quoi qu'elle puisse lui vouloir. Comme s'il avait compris, l'oiseau s'agita sans un bruit sur son perchoir, déployant ses jolies ailes bleus dans l'espoir rapidement récompensé d'attirer l'attention de son propriétaire. Celui-ci tourna la tête, un sourire amusé aux lèvres et revint sur ses pas pour caresser du bout du doigt le doux plumage du Jobberknoll. « Reći ću ti kad se vratim. » Parce que c'était un peu la place que l'animal avait prise au fil des jours, celle d'un confident. Il lui racontait toutes ces choses idiotes et sans importantes avec lesquelles il ne se voyait pas vraiment L'importuner mais qu'il avait malgré tout besoin d'extérioriser. Et cette escapade matinale en faisait certainement partie. Il ne s'attarda pas plus longtemps, attrapa son blouson qui traînait sur la chaise de son bureau (l'une de ces horreurs en tissus épais aux boutons pressions qui fermaient sans pour autant tenir le vent à distance) et ferma discrètement la porte derrière lui.

Le château était encore endormi, il n'y avait que les salutations somnolentes des tableaux qu'il croisait pour briser le silence qui y régnait. Est-ce qu'il avait le droit d'être debout si tôt ? Chez lui, c'était même une obligation ! À huit heures, il fallait être levé, lavé, habillé, avoir passé une heure à la prière, rangé sa chambre et pris son petit-déjeuner (pour un peu qu'il soit mérité) afin de pouvoir commencer à travailler. Ici, il n'était plus question ni de travailler ni de mériter quoi que ce soit. Seulement vivre une vie facilitée au possible, trop à son goût, et étudier quelques heures par jour, trop peu en comparaison au vide qui meublait le reste de la journée. C'était sûrement l'une des choses qu'il surmontait avec le plus de difficultés. L'ennui. L'impression de ne pas mériter tout ce qu'on lui offrait en permanence, qu'il s'agisse de tout ce temps libre, de ces distractions, de ces dîners gargantuesques... Ça, le manque aussi, et cette communauté trop grande dans laquelle il se sentait régulièrement noyé. Ce dernier point s'arrangeait et il pouvait souffler un peu, réalisant peu à peu (comme ce matin par exemple) qu'il était en mesure de se faire des amis, lui aussi, que tous les enfants n'étaient pas cruels et méchants comme ceux de l'orphelinat. Les minutes passaient, il accéléra. Il ne voulait pas être en retard. On était pas en retard, ça ne se faisait pas. Et il s'en serait voulu de la décevoir, elle qui mettait sa vie entre parenthèse pour l'embarquer dans il ne savait quelle histoire. Peut-être aurait-il dû douter, s'inquiéter mais ça n'était pas le cas. C'était une amie de Jade et Jade ne pouvait pas mal s'entourer. Peut-être que son jugement était un peu étrange parfois, c'était mal de juger de toute façon, mais elle ne pouvait pas avoir d'amies qui n'étaient pas dignes de l'être. Sept heures pile, son pied se pose sur la dernière marche. Il n'eut pas le temps de reprendre son souffle que déjà la Poufsouffle apparaissait, un grand et rassurant sourire sur les lèvres. Un sourire auquel il répondit sur le champ alors que sa poitrine se soulevait à un rythme anarchique. « Ouf, je suis contente que tu sois venu ! Bonjour ! ça va tu es prêt ? » Prêt ? Il ne savait toujours pas à quoi. Pourtant, après un « bonjour » maladroit, l'adolescent hocha la tête. « Quoi toi as trouvé ? » Et pourquoi voulait-elle le lui montrer, à lui, alors qu'ils se connaissaient à peine ? Le brouillard était encore dense mais il espérait encore que la lumière finirait bien vite par se faire...

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Là, où je t'emmènerai

avec Skat

J’étais soulagée de voir Skat en haut des escaliers. Il ne m’avait pas fait faux-bonds. J’avais hésité à lui en dire plus dans mon petit message, mais…. 1) si j’en disais trop, ce n’était plus une surprise ; 2) je ne voulais pas lui faire peur avec cette histoire de salle magique. Je n’étais pas sûre de pouvoir écrire ce genre de choses sans que ça ait l’air d’être un plan foireux bizarre. Surtout que Skat, même s’il s’améliorait de jour en jour, ne maîtrisait pas encore totalement l’anglais. C’était plus facile de donner des explications quand on pouvait parler avec les mains et voir l’expression de son interlocuteur. De toute manière, maintenant, c’était fait. Etait-ce incorrect de le mettre devant le fait accompli ? J’espérais qu’il ne m’en voudrait pas. Je ne comptais pas le forcer à quoi que ce soit de toute façon.

En tout cas, à en juger sa question, j’avais au moins réussi à éveiller sa curiosité, un point pour moi ! Je réfléchis un moment à comment faire durer un peu le suspense tout en lui expliquant de quoi il s’agissait. « C’est une salle magique. Enfin, encore plus magique que d’habitude » dis-je avec un air mystérieux.
Le problème c’est que je ne savais pas exactement comment fonctionnait cette magie, la salle sur demande, je commençais à maîtriser… Enfin, autant qu’on pouvait la maîtriser, elle n’était pas toujours disponible ou partante pour apparaître, mais je savais le faire quand c’était possible. Est-ce qu’il fallait procéder de la même manière avec celle-ci ? J’espérais ne pas l’avoir fait venir pour rien, ce serait un peu la honte quand même ! J’ai une surprise pour toi Skat, on va regarder une porte et une salle vide pendant quelques heures ça te dit ? Jade se moquerait de moi jusqu’à la fin des temps… Et ce serait un peu mérité !

« Si j’en crois les conversations que j’ai surpris par inadvertance… » je me mordis la lèvre, je ne voulais pas qu’il croit que j’écoutais aux portes, j’étais curieuse et je ne disais pas non à quelques ragots, mais je n'étais pas une espionne indiscrète. « Enfin, je veux dire que j’ai entendu des gens discuter d’une salle qui permet d’aller où on veut. Elle est juste ici» dis-je en désignant avec excitation la porte juste derrière-moi.

« Je ne sais pas exactement comment ça fonctionne, je crois qu’il faut se concentrer fort sur l’endroit où on aimerait être, et la salle le fait apparaître à l’identique ! » je me retenais de sautiller partout en battant des mains comme une enfant de 4 ans, mais l’idée me rendait extatique, j’espérais vraiment que Skat ne déciderais pas de faire demi-tour… C’était quand même moins drôle d’essayer toute seule et j'avais vraiment envie de partager ma découverte avec lui.

D’ailleurs, il fallait maintenant que je lui demande ce qu’il en pensait. Et si ça l’intéressait. C’est un peu hésitante et timide que je pris la parole, avoir des bonnes intentions étaient une chose, mais qu’elles portent leurs fruits en était une autre. Est-ce qu’il pourrait mal le prendre ? Peut-être qu’il n’avait pas du tout envie de revoir un autre endroit. Mon idée ne paraissait soudainement moins brillante, je m’étais peut être un peu avancée ?

« Euh… Je me suis dit que tu aurais peut-être envie d’essayer… Tu sais, de voir un autre endroit que Poudlard, genre la Croatie. Mais ça peut être n’importe où en fait. Comme tu veux. Et si tu ne veux pas c’est pas grave, on peut se promener dans le parc ou je faire ce que tu veux. T’es pas obligé, c’est juste une idée, une proposition ! » dis-je tout à fait maladroite mais avec le sourire. Parce que j’étais quand même contente de lui proposer. Soudain, je me rendis compte que ma tirade devait sûrement lui paraître un peu…brouillon ? Je m’étais bien emmêlée dans ma tentative d’explication. Je ne lui avais même pas posé une question… Avec ça, je ne pouvais pas m’attendre à une réponse ! Je poursuivis plus posément, l’encourageant d’un grand sourire : « Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Tu as envie qu’on essaye cette salle ? C’est toi le chef !».
Et croisant très fort les doigts dans ma tête.

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Roxy & Skat

Elle était là. Elle l'attendait. C'était particulièrement étrange comme sensation. Voir naître un sourire immense sur les lèvres de quelqu'un qu'il connaissait à peine, seulement parce qu'il avait daigné apparaître. Bien sûr, c'était arrivé, les membres de la Famille étaient toujours ravis de le voir même s'il ne savait pas exactement qui ils étaient... Mais son père lui avait patiemment expliqué qu'ils attendaient beaucoup de lui... Alors ça ne comptait pas. Est-ce que Roxy aussi attendait quelque chose de lui ? C'était idiot, il ne pouvait rien faire pour elle. Il ne connaissait pas encore bien l'école ni ses élèves, il n'était pas particulièrement doué en cours (plus à cause de cette langue qu'il ne maîtrisait pas qu'en raison de réelles difficultés) et était plus perdu qu'autre chose. Non, c'était définitif : il ne lui serait d'aucune utilité. « C’est une salle magique. Enfin, encore plus magique que d’habitude. » Le mystère qui planait dans la voix de la Poufsouffle lui fit légèrement froncer les sourcils, l'ombre d'un sourire surpris et intéressé illuminant légèrement son visage. Il devait bien reconnaître que les secrets et les beautés de l'école avaient su étouffer un peu ses envies d'ailleurs. Il n'en rêvait pas moins de rentrer chez lui, bien sûr, mais l'attente était plus supportable qu'il ne l'avait cru tout d'abord. Plus magique que le plafond-ciel ? Que les tableaux qui bougent ? Que les fantômes qui passaient souhaiter bon appétit ? Que la nourriture qui apparaissaient sur les tables ? Plus magique que tout ça ? « Si j’en crois les conversations que j’ai surpris par inadvertance… » Elle se mordit la lèvre comme si elle avait dit une bêtise et l'adolescent la regardait faire sans comprendre. C'était mal de surprendre les conversations d'Inadvertance ? Ça arrivait à tout le monde d'entendre des choses qu'on n'était pas censés entendre... Alors s'il le prenait mal, il n'était vraiment pas très gentil... Elle craignait qu'il aille lui répéter ? Il ne savait même pas qui c'était ! Et puis, ça n'était pas son genre d'aller jouer les balances quand il n'y avait pas de raison de le faire. « Enfin, je veux dire que j’ai entendu des gens discuter d’une salle qui permet d’aller où on veut. Elle est juste ici. » Il se pencha légèrement sur le côté et fixa une seconde la porte qu'elle venait de désigner. Mais... C'était une porte. Juste une porte. Il imaginait qu'il devait y avoir derrière une salle de classe abandonnée ou un vieux bureau inutilisé... Et puis, on ne pouvait pas aller « où on voulait ». C'était pas possible. On pouvait pas sortir du château et s'il y avait une sorte de portail spatio-temporel dans l'enceinte-même de l'école, ce serait certainement la queue devant la porte !

Toutefois, il ne la contredit pas et attendit patiemment qu'elle continue. « Je ne sais pas exactement comment ça fonctionne, je crois qu’il faut se concentrer fort sur l’endroit où on aimerait être, et la salle le fait apparaître à l’identique ! » Une fois de plus, ses explications le laissaient dans le flou. Et ça se voyait sans le moindre mal. Il la regardait, le regard un peu absent, l'incompréhension y dansant visiblement. « C'est où, Lidentique ? » Parce que c'était bien beau d'y faire apparaître ce qu'on voulait, encore fallait-il pouvoir s'y rendre pour voir le résultat ! Mais si elle lui en parlait, c'est sûrement que c'était possible... On avait le droit de sortir de Poudlard ? Il était pourtant sûr que non... « Euh… Je me suis dit que tu aurais peut-être envie d’essayer… Tu sais, de voir un autre endroit que Poudlard, genre la Croatie. » En entendant parler de chez lui, le jeune homme en oublia toutes ses questions. Voir la Croatie ? Il pouvait voir même chez lui ? Son regard s'illumina. Ça faisait une éternité qu'il n'avait plus été là-bas ! Il n'avait aucun souvenir, aucune photo. Seulement les images qui restèrent férocement accrochées dans son esprit. Il donnerait cher pour revoir le village à nouveau ! « Mais ça peut être n’importe où en fait. Comme tu veux. Et si tu ne veux pas c’est pas grave, on peut se promener dans le parc ou faire ce que tu veux. T’es pas obligé, c’est juste une idée, une proposition ! » Elle ne se défaisait pas de son sourire et celui de l'adolescent n'avait de cesse de s'agrandir. Revoir la Croatie... Rien ne pourrait lui faire plus plaisir ! Elle avait l'air toute mal à l'aise, comme si elle craignait que l'idée lui déplaise ou qu'elle l'ait dérangé pour rien. C'était tellement loin d'être le cas. Il tâcha de la rassurer d'un sourire rayonnant. « Alors, qu’est-ce que tu en dis ? Tu as envie qu’on essaye cette salle ? C’est toi le chef ! » Skat hocha la tête avec un enthousiasme débordant. Et comment ! Il était plus que partant ! Il sautilla malgré lui, oubliant les espoirs de sa mère de le voir abandonner définitivement ses manières de petite fille, et s'intéressa à nouveau à la porte. Qui n'avait toujours l'air que d'une porte... C'était perturbant. « Oui ! On essaye ! » Il contourna lentement Roxy et s'approcha de la planche. Ses doigts effleurèrent doucement le bois. « Il faut que penser fort ? » Pas de sortilège ou de truc bizarre à faire ? Il commença à réfléchir à chez lui. Le bâtiment principal avec la salle à manger, l'infirmerie loin derrière, le potager... Mais est-ce que ça l'intéresserait, elle ? Ça ressemblait pas vraiment à la Croatie comme elle devait l'entendre... C'était pas trop là où les gens allaient. Mais lui connaissait pas vraiment là où les gens allait... Il avait aperçu Zagreb au travers des vitres d'une voiture et puis rien d'autres. Gêné, il se tourna vers la jeune fille. Son embarras était presque palpable. « Je peux faire juste là où il y a les maisons de nous... Le reste... on... n'a jamais été... » Il baissa timidement les yeux et fixa un instant ses chaussures. « Je crois ça ne est pas bien comme dans les livres. » Autrement dit, il n'y a pas grand chose à y voir...

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avec Skat

J’étais vraiment ravie de retrouver Skat, mon idée ne devait pas être si mauvaise s’il avait accepté de venir. Et il avait l’air plutôt intéressé parce que j’avais à raconter : ouf… Intéressé certes, mais aussi un peu dubitatif. Ce que je pouvais comprendre : je ne savais pas où il avait vécu avant, ou du moins pas encore, mais rien ne ressemblait à Poudlard. Même la demeure familiale de ma grand-mère qui se posait là en tant que grosse maison magique n’avait pas la magnificence du château. Tout ici semblait avoir mille ans et être potentiellement magique. Je ne serais pas surprise de croiser un tapis volant ou une armoire ensorcelée en vadrouille dans un couloir. J’espérais un jour être capable de créer des objets aussi fantastiques que ceux qu’on pouvait trouver au château ! En tout cas, Skat était adorable et me laissa finir… même si j’avais l’impression de l’avoir perdu à un moment donné. Oui forcément Roxy, si tu parles à toute vitesse sans faire attention aux mots que tu utilises… Tu ne lui facilites pas la tâche. Je retins un sourire, je ne voulais surtout pas le vexer, mais au fond, je trouvai sa petite erreur sur l’identique super mignonne, le genre de choses que disent les petits quand ils apprennent à parler. Si Madison avait été là, elle aurait sûrement trouvé un moyen d’expliquer ça en donnant une définition et en faisant des belles phrases, elle lisait tellement ! Je n’avais pas son talent pour les mots, alors j’allais au plus simple. Moi, mon truc, c’était plutôt les choses terre à terre et pratiques. Je cherchais comment illustrer mon propos autour de moi, et je trouvais rapidement : « L apostrophe plus loin identique. Excuse, j’ai parlé trop vite !» épelai-je doucement. « Ça veut dire que c’est pareil. Tu vois les deux dalles par terre là, elles se ressemblent ‘’à l’identique’’. En fait, on ne va pas vraiment en dehors de Poudlard. On va dans une copie. Enfin je crois que c’est comme ça que ça fonctionne !»

Et j’avais hâte d’en avoir la certitude ! Quand j’évoquai la Croatie, le visage de Skat rayonna. Ouf, je n’avais pas dit une bêtise ! Il était content ! « Coooool ! » Je souris au moins autant que lui. C’était agréable de faire plaisir aux gens. Même si Poudlard était un endroit magnifique et qu’il était enfin réuni avec sa petite sœur, ce n’était pas vraiment comme être à la maison. Je veux dire… Poudlard était pour moi une sorte de foyer, j’y avais mes amies, je pouvais m’y sentir en sécurité, à condition que rien de dramatique ne s’y passe nouveau. Mais mon refuge, c’était la maison de mes parents ou celle de ma grand-mère. Je savais que je pourrais y être chez moi, peu importe ce que je déciderais de faire de ma vie ou peu importe ce qui pouvait m’arriver. Je ne m’étais jamais sentie rassurée ou chez moi à l’infirmerie, heureusement la présence de Madison m’avait apaisée pendant ce séjour forcé, mais je n’attendais qu’une chose, c’était de retourner chez moi. Bon une fois arrivée chez moi, j’avais un peu déchanté, l’ambiance n’était pas au beau fixe, et en plus Maddie m’avait manqué quasi immédiatement. Tout ça pour dire que j’espérais que voir un endroit familier lui ferait chaud au cœur. Même si ce n’était pas sa vraie maison, qu’il n’y aurait pas ses anciens amis ou je ne sais qui… Quelque part, personne ne lui demandait de tout oublier. Ou en tout cas pas moi.

« Oui, je crois. Tu poses ta main sur la clenche, tu penses très fort à l’endroit où tu veux qu’on aille. Et quand c’est bon on entre … Et TADAAA, si ça marche : c’est magique on est au bon endroit ! On y va ? » En tout cas, c’est plus ou moins comme ça que je procédai pour faire venir la salle sur demande. Soudain, Skat sembla moins enjoué à l’idée de se rendre à l’intérieur. Est-ce que j’avais mal expliqué quelque chose ? Il semblait tout embarrassé, j’écoutais avec attention et ouvrait des yeux ronds… Oh… comme si je connaissais quoi que ce soit de la Croatie… Avant d’entendre parler de Skat, je savais vaguement que c’était à l’est et près de la mer. Je n’avais jamais vraiment ouvert un livre sur la Croatie. J’avais un peu honte du coup : je manquais définitivement de culture. Mais j’avais du mal à me poser pour étudier autre chose que les sortilèges ou la métamorphose. De toute façon, la géographie de la Croatie ne m’intéressait pas vraiment, j’avais juste envie de découvrir un peu la vie du garçon… « Oooh ça » dis-je en souriant et en faisant un signe de la main pour chasser cette idée. « C’est justement chez toi que j’ai envie de voir… C’est plus intéressant ! Tu pourras me faire visiter, me montrer tes endroits préférés… » Je lui avouais un peu coupable à mon tour : « tu sais, je n’aime pas trop lire… alors, de toute façon … je ne connais pas la Croatie des livres ! ». Je haussais les épaules, comme pour chasser mon embarras.
J’avais du mal à contenir mon excitation et je me tournais vers la porte. « Alors, t’es prêt, je te suis ? » demandai-je gentiment. Allez, dit oui dit oui dit oui...Stop le blabla et place à l'aventuuuure. Je ne sautillais pas sur place, mais je n'en étais pas loin !

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Roxy & Skat

Visiblement, l'idée était de quitter Poudlard pour aller ailleurs, grâce à une salle magique qui pouvait faire apparaître n'importe où. C'était tout de même compliqué. Il n'avait rien contre, évidemment, d'autant plus que Roxy avait l'air enthousiaste et voulait partager ça avec lui (avec lui !) mais il ne comprenait pas tout. Il se risqua néanmoins à l'interroger, juste pour essayer de savoir ce qui l'attendait. Il avait confiance, dans l'ensemble, il n'imaginait pas qu'elle pourrait l'emmener dans quelque chose de dangereux ou d'interdit mais tout de même. L'inconnu lui faisait peur et, autant que possible, il aurait aimé savoir à quoi s'attendre. Mais visiblement, le peu qu'il avait saisi n'était pas juste. Ça promettait ! « L apostrophe plus loin identique. Excuse, j’ai parlé trop vite ! Ça veut dire que c’est pareil. Tu vois les deux dalles par terre là, elles se ressemblent ‘’à l’identique’’. » Son regard s'éclaira enfin alors qu'il lâchait un « aaaaah ! » des plus explicites. Il ne se sentit pas vraiment idiot, pour une fois. Parce qu'il ne se sentait pas vraiment jugé, bien au contraire, elle prenait la faute sur elle, comme si elle était à l'origine de sa mauvaise compréhension. Il n'en était pas convaincu mais ça l'aidait à relativiser un peu. C'était une erreur et peut-être que c'était pas très grave. « En fait, on ne va pas vraiment en dehors de Poudlard. On va dans une copie. Enfin je crois que c’est comme ça que ça fonctionne ! » Il hocha doucement la tête. C'était plus clair à présent. Et même si elle n'était pas très sûre de ce qui les attendait, il voulait bien faire cette première expérience avec elle. Au pire, ça ne marcherait pas. Ce serait dommage mais peut-être pas dramatique...

Et puis elle parla de chez lui. L'espoir brilla très fort dans son regard. Rentrer chez lui. Enfin. Après des mois... Mais bien sûr, ça n'était pas vraiment « rentrer chez lui », seulement voir une « copie ». C'était un peu décevant mais il voulait le faire malgré tout. Est-ce qu'il y aurait une copie des gens, aussi ? Il voulait voir son père et Iskra plus encore qu'il ne voulait voir Pothum Plaščanski ! « Coooool ! » Elle semblait aussi ravie que lui de ce qui les attendait et rien que ça l'encourageait à essayer. Il n'avait pas envie qu'elle soit déçue, désormais. Alors ils testeraient ! Skat s'approcha de la porte et s'assura d'avoir tout compris. Il n'était pas question de se louper parce qu'il était passé à côté d'une information essentielle ! « Oui, je crois. Tu poses ta main sur la clenche, tu penses très fort à l’endroit où tu veux qu’on aille. Et quand c’est bon on entre … Et TADAAA, si ça marche : c’est magique on est au bon endroit ! On y va ? » Il observa la porte une nouvelle fois. Il fallait poser sa main sur la clenche. La clenche ? C'était quoi la clenche ? C'était la première fois qu'il entendait ce mot. Pourtant, la logique fit office de traducteur. La poignée. Kvaka. C'était le seul endroit où poser la main. « On y va. » Et il le pensa vraiment au moment où il le lui dit ! Mais tout changea rapidement lorsqu'il réalisa que « sa Croatie » n'était pas « la Croatie ». Il ne connaissait rien qui n'était pas dans les limites de ce qui leur appartenait. Il n'avait jamais voyagé, jamais visité quoi que ce soit. Il serait bien incapable de se souvenir des rues de Zagreb qu'il avait aperçues au travers des vitres sales des voitures dans lesquelles on l'avait poussé. Maladroitement, il expliqua son problème à la Poufsouffle. Il ne voulait pas qu'elle s'attende à quelque chose de bien alors que ça serait juste normal. Juste quelques maisons au milieu de nulle part... Pas de monuments, pas de choses grandioses. Rien de tout ça. Elle pouvait aller ailleurs, si elle voulait. Il voulait bien aller ailleurs, lui, si ça lui faisait plaisir.

Étrangement, elle souriait toujours. Comme si ça ne la dérangeait pas d'aller s'ennuyer un moment là où elle ne trouverait rien à voir. Parce qu'il ne se faisait pas d'illusions, bien sûr il aimait plus que tout là où il avait grandi mais il n'y avait presque jamais vu d'étrangers. Alors c'était sûrement que les gens avaient pas envie de venir... « Oooh ça. C’est justement chez toi que j’ai envie de voir… » La surprise se peignit sur ses traits. Elle voulait voir chez lui ? Pour de vrai ? Il lui semblait que ça n'avait aucun sens mais ses joues rosirent légèrement de plaisir. Personne n'avait jamais été très intéressé par chez lui jusque là. Sauf quand il fallait expliquer comment c'était pour que les gens en disent du mal après... « C’est plus intéressant ! Tu pourras me faire visiter, me montrer tes endroits préférés… » Il hocha la tête avec entrain. Il était d'accord ! Il lui ferait visiter ! Ils en feraient vite le tour, de toute façon, mais il tenterait de rendre la visite aussi intéressante que possible. Il voulait qu'elle ait une bonne image de ce qu'était chez lui, qu'elle comprenne pourquoi il aimait autant. Presque qu'elle se sente chez elle. À ses yeux, c'était le plus bel endroit du monde, un véritable refuge, un havre de paix qu'il n'avait jamais retrouvé jusque là. Ni à l'orphelinat, ni à Sainte-Mangouste, ni sur l'île où habitait sa mère, ni même ici, à Poudlard... Et il imaginait sans trop de mal qu'il ne le retrouverait jamais ailleurs. « Tu sais, je n’aime pas trop lire… alors, de toute façon … je ne connais pas la Croatie des livres ! » Il ne put s'empêcher de rire timidement. Il n'y avait rien de moqueur derrière cela, loin de là, il était juste soulagé de voir qu'elle n'avait pas d'attentes particulières ni d'espoirs incroyables. « Moi aussi. » Il n'avait jamais beaucoup lu, parce qu'il n'y avait jamais eu beaucoup de livres à lire. Son père avait fait une liste des livres autorisés (plusieurs en réalité, une pour les hommes, une pour les femmes et deux pour les enfants) et contrôlait rigoureusement les lectures de chacun. Et puis il n'y avait pas beaucoup de temps consacré à ce genre d'activité, ce qui l'en tenait plus éloigné encore.

« Alors, t’es prêt, je te suis ? » Ses lèvres s'arrondirent avant qu'il hoche la tête une fois de plus, se tournant à nouveau vers la porte. Sa main se posa sur la clenche alors qu'il se mettait à penser très fort à chez lui. Aussi fort qu'il le pouvait. Il revoyait clairement les lieux, s'enveloppait dans les odeurs. Il allait bientôt rentrer chez lui. Ça n'était qu'une question de temps, n'est-ce pas ? Lorsque le tableau fut parfait dans son esprit, sa main abaissa la poignée. La porte s'ouvrit. Son cœur battait la chamade. Il se surprit à espérer très sérieusement que ça ait fonctionné. Il laissa passer Roxy et la suivit, refermant derrière eux. Il sut, juste à la fraîcheur de l'air, qu'ils avaient traversé les frontières. Il n'y avait cependant pas grand chose à voir, juste une vingtaine de maisons toutes identiques, on ne pouvait plus simples. Au loin s'étendait une forêt dense et laissée à l'abandon alors sur leur gauche, de nombreux lopins de terre attendaient une quelconque récolte et une serre improvisée décorait étrangement l'immense jardin commun à tout le hameau. Quelques enclos étaient vidés de leurs animaux (il n'avait pas réussi à les faire apparaître ou bien la salle n'acceptait pas les êtres vivants ?), des outils en tout genre reposant contre les barrières. Normalement, le ronron de générateurs électriques aurait dû les accueillir mais seul le silence était là. C'était devenu tellement habituel au fil des années qu'il n'y faisait plus vraiment attention... Skat observait tout ça avec de grands yeux émerveillés. C'était chez lui. « On a fait ! On a parti de l'école ! » Sans réfléchir, il attrapa la main de sa camarade et l'entraîna au travers du village fantôme. « Là, c'est mon maison ! » expliqua-t-il, le doigt tendu vers une maison comme toutes les autres. Il revoyait encore sa petite chambre, près de l'entrée, et l'escalier inquiétant qui menait à la cave. Il n'y avait jamais vraiment été, seulement quand il n'était pas sage et que son père voulait qu'il réfléchisse sur ce qu'il faisait de mal. Il espérait que le décor lui plaisait et qu'elle ne regrettait pas d'avoir décidé de venir avec lui...

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Là, où je t'emmènerai

avec Skat

Apparemment, j’avais réussi à m’exprimer plus clairement cette fois-ci et Skat avait saisi ce que j’essayai d’expliquer. Il avait même l’air plutôt emballé, probablement pas tant par les merveilles que promettaient cette salle que par la possibilité de revoir le pays qu’il avait quitté peu de temps auparavant. Je n’étais pas tombée à côté de la plaque et ça me rassurait un peu, le contraire aurait été un peu embarrassant. Vous imaginez s’il m’avait dit qu’il ne voulait plus jamais y mettre les pieds et que c’était vraiment stupide comme idée ? Bravo Roxy pour les pieds dans le plat. Mais non, ouf. Maintenant, j’étais aussi pressée que lui.

Il semblait cependant en proie au doute… Lui avais-je transmis mon appréhension ? A moins que ce ne soit la crainte que je ne trouve pas chez lui assez bien ? Pour moi ce n’était pas ça l’important, ni même le but de cette sortie. Je veux dire, si j’avais eu envie de visiter un endroit grandiose, genre je ne sais pas moi, le Taj Mahal, je le lui aurais proposé directement. Et d’ailleurs, je l’aurais probablement proposé à quelqu’un d’autre. Moi, je voulais juste qu’il ait le plaisir de rentrer chez lui pendant un instant. On y avait tous eu le droit pendant ces deux trop courtes semaines cet été. Je n’avais pas exactement saisi comment c’était passé son extraction de la secte ou je ne sais quoi…Mais le souvenir vivace de l’infirmerie de la ferme était encore là. Cette envie viscérale de me retrouver dans un cocon que je connaissais bien, dans un endroit où je me sentais appartenir. Et puis, là, ça ne serait pas dangereux ou quoi, dans les faits, nous étions toujours à Poudlard. C’était juste une petite parenthèse. Ça ne coutait rien non ? En tout cas, je lui expliquais que pour c’était bien plus intéressant pour moi de découvrir son monde à lui et il semblait me comprendre.
S’il avait pu être nerveux, il semblait s’être détendu suite à cela, et était de nouveau prêt à partir à l’aventure. Il riait même maintenant. « Parfait, ça nous fait un point commun ! » dis-je gentiment. Habituellement, je ne me vante pas trop de ne pas être une grande lectrice, mais pour une fois, je n’en éprouve pas de gêne ou de honte. C’est juste un simple trait de mon caractère. J’aime faire d’autres choses, je m’intéresse à d’autres choses, mais je ne suis pas une élève modèle et studieuse. Si Madison n’était pas là, je crois que je serais toujours aussi perdue à la bibliothèque. C’est pratique une bibliothèque, je ne dis pas, pour trouver une réponse à une question précise. Mais lire des romans ne me procure pas vraiment de plaisir. Je le fais quand il le faut quoi ! Je l’encourage à y aller, et ça y est, il clenche la porte et me laisse passer…

« Wow » ne puis-je m’empêcher de murmurer. Il fait frais, et on se trouve à la campagne, à des milliers de kilomètre du château. C’est étrange… Il y a une grande forêt, des terrains… Et même une serre comme à Poudlard. Le village n’est pas très grand, les maisons sont toutes les mêmes. Il y a de quoi travailler et bricoler à proximité. Ça a l’air d’être un endroit plutôt agréable. Très calme. A moins que ce soit parce que la salle ne reproduit que les lieux et pas les gens ? Ils devaient bien y avoir des gens pour utiliser ces outils en temps normal. Je regarde Skat…il a l’air complètement subjugué par la vision de son chez lui. A ma grande surprise, il me prend la main et m’entraîne vers une maison, la sienne. Je ris toute heureuse de notre escapade « ouiiii ! T’as réussi, merci pour le voyage ! ». Je le suis guillerette vers chez lui. Je ne peux m’empêcher de contempler le paysage, c’est agréable d’être ici. On croirait vraiment qu’on est dehors… Je m’abaisse discrètement pour toucher la pelouse. L’illusion est parfaite.

« C’est beau, c’est…calme et paisible ! » dis-je en observant sa maison un peu plus loin, j’espère qu’il va me la faire visiter ! Mais je ne suis pas le genre de personne capable de rester dans la contemplation pendant très longtemps. Je ne peux pas m’empêcher de poser des questions, c’est trop tentant. « Alors c’est ici que tu vivais ? C’est quoi ces champs ? C’est pour mettre des animaux ou pour récolter de la nourriture ? Ou pour la vendre peut-être ? Désolée, je suis un peu nulle, mais j’ai jamais vécu à la campagne. » dis-je avec honnêteté. « Il y a une école ici ? Vous faisiez de la magie ? »
Je m’arrête dans ma longue litanie de question. J’ai tendance à oublier qu’il faut que je fasse des efforts et que je parle doucement…et que la curiosité est un vilain défaut. « Ahah, excuse-moi, je suis super curieuse, et je pose trop de question. Je me tais, je te laisse profiter un peu du décor ! » dis-je doucement avec un sourire, laissant le silence nous enrober, alors que nous nous dirigeons vers la bâtisse.

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là où je t'emmènerai

Roxy & Skat

Doucement, la porte de la salle s'ouvrit. L'adolescent espérait de tout son cœur que le résultat soit à la hauteur de leurs attentes. Il voulait quitter Poudlard, ne serait-ce qu'un instant. Pourtant, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Peut-être que ça n'allait pas marcher ou qu'il n'y aurait qu'un coin d'herbe au milieu de rien. Voire même moins... Alors la surprise fut totale lorsqu'ils posèrent le pied au milieu du hameau qu'il avait toujours habité. Son cœur se mit à battre à tout rompre. Une pointe de fierté parcourut son être. Il avait réussi ! En soi, ça n'avait rien d'un exploit, mais tout de même ! C'était l'une des premières choses toute Poudlardienne qu'il faisait lui-même et même s'il devait tout à Roxy, il restait néanmoins content de lui. « Wow. » Il hocha la tête, non sans une certaine hystérie. Son regard ne savait plus où se poser tant il y en avait à voir. Comme ça lui avait manqué ! Les odeurs étaient les mêmes que chez lui, le bruit du vent dans les feuilles n'avait pas changé. Difficile de dire qu'ils étaient encore à l'intérieur du château. L'étaient-ils vraiment, d'ailleurs ? Elle avait dit que oui, alors il la croyait, mais tout de même ! Où étaient les bureaux et les chaises ? Et les pierres du couloir ? Est-ce que la magie permettait vraiment tout ça ? Tout tout court ? Il ne se laissa pas distraire plus longtemps par ses interrogations et attrapa la main de la jeune fille pour l'entraîner à sa suite. Il voulait tout lui montrer ! Sa maison, le grand réfectoire, l'atelier où il passait le plus clair de ses journées... Là où il y avait les poules, aussi ! Il avait toujours bien aimé ses bêtes-là, c'était drôle de les voir marcher et essayer de s'échapper à chaque fois qu'on ouvrait le poulailler. Elle allait aimer, c'était obligé ! Elle comprendrait, elle, pourquoi il voulait rentrer et peut-être qu'elle parviendrait à le faire comprendre à Jade également. « Ouiiii ! T’as réussi, merci pour le voyage ! » Son enthousiasme le fit rire joyeusement. Pour la première fois depuis qu'il avait été arraché à sa vie, il n'y avait plus la moindre trace de gêne ou de nostalgie chez le Serpentard. Il retrouvait ses marques, ses racines. Il appréciait ce moment à sa juste valeur sans avoir au-dessus de la tête la moindre épée de Damoclès. Il était enfin de retour chez lui.

Sa camarade paraissait en profiter autant que lui. Sûrement pas pour les mêmes raisons, évidemment, elle devait bien se ficher d'être ici ou ailleurs, mais elle ne semblait pas regretter le déplacement. Tant mieux ! Il espérait qu'elle ne le regretterait pas, même à la fin. Qu'elle prendrait un minimum plaisir à visiter. Il n'y avait pas grand chose à voir, bien sûr, mais ça restait un endroit agréable. Un endroit où il faisait bon vivre et qu'il regrettait d'avoir quitté un peu plus chaque jour. Aujourd'hui plus encore que d'habitude. Passée l'excitation de la découverte, l'avoir sous les yeux lui faisait prendre brutalement conscience de ce qu'il avait perdu. Il fallait qu'il rentre, coûte que coûte. Est-ce qu'il y aurait encore des gens pour l'accueillir, s'il y retournait ? Est-ce qu'il serait seulement capable de retrouver son chemin ? Parce que, quand bien même il réussissait à retourner en Croatie, encore fallait-il trouver quelqu'un pour le ramener jusqu'à chez lui. Et avec tout le bazar qu'avait été cette affaire ces derniers mois, il y avait bien peu de chance qu'on accepte de l'y renvoyer. Ce qui était complètement stupide d'ailleurs ! « C’est beau, c’est…calme et paisible ! » Le compliment lui fit étrangement plaisir. Tout le monde s'appliquait à descendre en flèche tout ce qu'il aimait depuis qu'il était ici. Son père, sa vie d'avant, ses habitudes... Tout ! Alors qu'elle partage son avis le touchait vraiment. Elle aimait ici ! Ses joues rosirent légèrement alors qu'il lui montrait sa maison. C'était son point de repère, son véritable chez-lui. Peut-être que ça n'était pas grandiose mais c'était là où il se sentait bien. Rien à voir avec le manoir inquiétant qu'habitait sa génitrice. « Alors c’est ici que tu vivais ? » Skat hocha la tête. Oui. Il y avait passé toute sa vie, d'aussi loin qu'il se souvenait. Enfin presque. Ils avaient passé quelques semaines dans un petit village juste avant mais c'était un peu flou. Il se souvenait juste que c'était là qu'il avait rencontré Iskra pour la première fois et que la tapisserie de la chambre qu'ils occupaient avec son père avait des grosses fleurs pas très jolies... « C’est quoi ces champs ? C’est pour mettre des animaux ou pour récolter de la nourriture ? Ou pour la vendre peut-être ? » Ses questions ne le dérangeaient pas le moins du monde, bien au contraire. Il souriait comme jamais il ne l'avait fait ici et semblait heureux de partager son existence avec quelqu'un qui n'était pas là pour les juger son père et lui. « Désolée, je suis un peu nulle, mais j’ai jamais vécu à la campagne. » Il secoua doucement la tête. Il avait mis du temps à comprendre ce que ça voulait dire « nul » mais maintenant qu'il savait, il n'était pas du tout d'accord. Elle était loin de l'être ! « Il y a pas le problème. Tu n'es pas un peu nulle pareil ! » lui assura-t-il dans un sourire. « Comment ça est où tu vis ? » Il ne voulait pas qu'elle se sente mal à l'aise ou quoi que ce soit. Il s'en fichait, lui, si elle posait plein de questions ! Au contraire, ça lui donnait l'impression qu'elle s'intéressait vraiment, c'était plaisant. Elle pouvait continuer autant qu'elle le voulait, ça ne le dérangeait pas le moins du monde.

« Pour des animaux et pour aussi la nourriture. Normalement, il a les chevals et les euh... kokoši... les qui fait cot-cot. Et les autres. » Il ne se souvenait pas de beaucoup de noms en anglais. Ça n'était pas la première chose qu'on lui avait appris à son retour, évidemment... Alors il se contenta d'un fourre-tout histoire de dire qu'il y avait quelques autres animaux. Des lapins, des cochons et même une vache. « Des fois pour le manger ou des fois pas pour le manger. Normal ils sont pas ? » Il ne savait toujours pas si c'était la salle qui ne faisait rien apparaître de vivant ou si c'était une erreur de sa part. C'était dommage, il aurait bien aimé lui présenter son père et Iskra. Peut-être que ça les aurait rassurés de voir qu'il se faisait des amis, ici. Il n'avait même pas le droit de leur écrire. Et quand bien même il l'aurait, il ne savait même pas où le faire... « Il a plein légumes là-bas aussi. Peut-être ça a resté. On peut aller, si tu veux. » Il voulait lui faire plaisir autant qu'il le pouvait et lui montrer ce qu'elle avait envie de voir. Qu'elle sorte de cette salle en ayant passé un bon moment. Peut-être même qu'elle aurait envie de revenir, qui sait ? « Il y a une école ici ? Vous faisiez de la magie ? » Il haussa les épaules. Ça n'était pas du tout comme Poudlard, c'était certain ! « Petit peu. » Une certaine gêne s'installa. Il avait bien compris qu'ici, les études étaient plus ou moins primordiales, ce qui n'était pas vraiment le cas chez lui... « On fait l'école jusqu'à on sait un peu lire et écrire et compter et après on fait plus trop. On fait dans euh... Là-bas. » Il pointa le plus grand des bâtiments, qui servait à la fois de salle de prière, de réfectoire, d'école... De tout ce dont il y avait besoin. « C'est mieux être utile que faire l'école. Et pas la magie non plus. Que Tata et Iskra. Et moi petit peu. » Et encore, seulement ce qu'on avait bien voulu lui apprendre, ce qui avait un intérêt pour faire comprendre à la Famille l'ampleur de leur mission et tout ce qu'ils avaient à y gagner en restant à leur côté. Ça l'avait toujours un peu dépassé, lui, en revanche. C'était normal de rester puisque c'était dangereux dehors ! Il ne fallait pas partir. Jamais. La preuve ! À partir du moment où il avait mis un pied hors de chez eux, tout était parti en miettes.

« Comment ça est l'école de toi de avant ? Les professeurs a appris la magie à toi ? » Il avait envie de comprendre ce qu'il avait « loupé ». En parler avec Jade, c'était un peu étrange, il avait toujours l'impression qu'elle essayait de faire en sorte qu'il trouve tout merveilleux pour être sûr qu'il resterait mais, elle, elle n'avait aucun intérêt à le faire rester à tout prix. Elle ne lui aurait jamais proposé cette sortie si elle avait espéré qu'il oublie à quel point tout était mieux chez lui ! « Ahah, excuse-moi, je suis super curieuse, et je pose trop de questions. Je me tais, je te laisse profiter un peu du décor ! » Une fois de plus, Skat secoua la tête. Elle n'avait pas à excuser ! C'était nouveau pour elle, c'était normal qu'elle pose des questions ! Il en avait posé un peu aussi quand il était arrivé ! Surtout à cause du cheval inquiétant de la calèche... Et la fille qui ne l'avait même pas vu... Il n'avait pas encore essayé d'en savoir plus, sûrement à cause de la crainte de ce qu'il pourrait trouver. Il semblait tout droit sorti de l'Enfer... Et peut-être même qu'il était là pour l'y attirer et l'y embarquer avec lui... « J'aime bien les questions de toi, tu peux encore les dire si tu veux. » Il préférait de loin les siennes à toutes celles qu'on lui avait posées jusque là, suffisamment orientées pour lui faire dire ce qu'on voulait entendre qu'importe si c'était dans ce sens-là qu'il le pensait ou non. C'est pour ça qu'il avait fini par se taire. Parce que tout ce qu'il prononçait était retourné contre son père et que c'était loin d'être ce qu'il voulait. Il avait beau tout faire pour leur faire comprendre qu'il s'était bien occupé de lui et qu'il voulait rentrer à la maison, ça n'avait jamais servi à rien. Bien au contraire... Ils finirent par arriver jusqu'à la maison qu'il avait habitée pendant sept années. Prudemment, il posa la main sur la porte et poussa la planche. Il craignait qu'il n'y ait rien derrière, comme un décor en carton vide de sens. Mais non, la minuscule entrée les attendait. « Dobrodošli u moj dom ! » s'exclama-t-il dans un sourire rayonnant alors qu'il la laissait entrer. Il la poussa doucement jusqu'au salon, seulement composé d'une table et de quelques chaises ainsi que d'un fauteuil près duquel reposait une bible ouvragée. Il n'y avait pas de décorations, pas de photos, rien de tout cela. Seulement une tapisserie claire posée sur les murs et un tapis beigeâtre recouvrant la majeur partie du sol. « Là, c'est le porte de mon chambre. Et là, c'est là où on fait la douche. Et là, c'est le chambre de Tata et Iskra. » Et c'était tout ce qu'il y avait à voir, d'ailleurs... Il avait pris soin de lui indiquer les différentes portes tout en ignorant parfaitement celle de la cave. Il n'y avait pas besoin d'y jeter un œil, de toute façon...

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Là, où je t'emmènerai

avec Skat

C'est vraiment fascinant cette salle. Je me demande comment c’est possible. Est-ce qu’un jour je saurai créer des sortilèges aussi puissants? J’en doute, même si j’aimerais beaucoup. Je suis en Croatie avec Skat. Il a l’air tellement heureux de voir son village. Je suis contente d'avoir fait ce choix. Ça a un sens pour lui d'être ici. Je le suis dans son exploration, il semble avoir laissé sa réserve de côté, il est plus sûr de lui. J’aimerais bien que Jade puisse le voir comme ça, son grand frère.

Il ne paraît pas embêté par mes questions et me rassure quant à ma méconnaissance de la campagne. [b]« Ahah merci… C’est gentil. Moi, j'habite une petite maison à Londres avec mes parents… Et bientôt mon petit frère ou ma petite soeur. On habite dans un quartier avec des moldus, des non-sorciers.» Ma mère est maintenant enceinte de trois mois, peut-être qu’on en saura bientôt plus sur le sexe du bébé… mais là n’est pas la question. « Mais souvent, toute la famille se retrouve dans le manoir de ma grand-mère. Là c'est dans un endroit de la ville où il n'y a que des sorciers. Elle a un grand jardin et plein de chambres. Si tu veux un jour, je pourrais te montrer ici. Ou peut-être que pendant les vacances vous pourrez me rendre visite avec Jade ? » Je pense qu’il y a plus de chance qu’on visite depuis le balcon du monde, je ne sais pas si leur mère serait prête à les laisser se balader chez moi. Ils n’ont même pas le droit d’aller à Pré au Lard… mais qui sait.

« C’est une sorte de ferme alors? Kokosi?» j’essaye de prononcer du mieux que je peux. Après tout, c’est toujours ça d’appris non? Je lui souris « Les poules font cotcot.» On est tous des enfants quand il faut apprendre une langue. « Et les chevaux, comment on dit?» Chacun son tour, peut-être qu'à la fin de la visite, nous aurions un imagier le ferme anglo-croate!

J'écoute sa question et je ne suis pas sûre de bien comprendre. « Tu veux savoir si c’est normal que les animaux ne soient pas là ? Je pense. Je ne crois pas que la magie puisse créer des choses vivantes à partir de rien.» Je ne suis pas à 100% sûre mais ça me paraîtrait logique. Sinon il faudrait dupliquer les humains, ce serait compliqué. Et est-ce que l’original se souviendrait de ce qu’il s’est passé ici? J’ai l'impression que chaque découverte dans ce château soulève encore plus de questions !

Skat me propose d’aller voir les légumes, il n’a pas tort en théorie cela devrait être encore là… mais je dois être honnête, j’ai surtout hâte de voir sa maison ! « On va d’abord chez toi et après on va voir les légumes ?» Je lui propose à mon tour. Pendant ce temps il m’explique comment ça se passait pour l'école et tout ça. J’ai du mal à masquer mon étonnement… alors ils n’apprennent que le minimum et ensuite quoi ? C’est quoi être utile? « Être utile? C’est-à-dire ? Aider à faire le ménage ?» Enfin c’est ce que sous-entend ma mère quand elle me demande de me rendre utile… débarrasser la table ou changer une ampoule. Mais ça ne prend pas toute la journée… il ne devait quand même pas...travailler?

Quant à la magie… ça pouvait se comprendre s’il habitait avec des moldus, autant être discrets. « Oh je vois. Il y a des sorciers, vous trois, et les autres sont moldus?» Je demande tout de même confirmation. « Ça doit te faire un grand changement Poudlard.»

Je souris quand il me demande à quoi ressemble nos écoles… ce n’est pas si différent d’ici sur le principe. Je fais bien attention à parler lentement et à ne pas faire des phrases trop compliquées parce que je vais encore parler beaucoup… il va finir par ne plus oser me poser des questions ! « De 3 ans à 11 ans, je suis allée dans des écoles moldues. C'est un grand bâtiment où on est regroupé en fonction de notre âge. Au début on apprend à tenir un crayon, à colorier sans dépasser, à rester en place et à écouter le professeur. Et ensuite, on apprend à lire, écrire, compter comme ici. On ne fait pas de magie. On n’a pas de baguette avant d'arriver à Poudlard. C’est ici que les profs nous apprennent la magie. Mais nos parents nous expliquent quand même comment ça fonctionne comme ils utilisent tout le temps la magie à la maison. Enfin… pour ceux qui ont des sorciers dans la famille. Sinon les autres découvrent tout en arrivant ici!»

Le rythme de nos pas s'accélèrent et nous arrivons devant sa maison. Skat pose la main sur la clenche avec cérémonie ou appréhension et laisse exploser sa bonne humeur une fois à l'intérieur.. j’imagine que ça veut dire bienvenue ? Je dis « merci»,dans le doute, on n’est jamais trop poli. L'intérieur est très simple, épuré. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est très différent de chez ma grand-mère et sa déco vieillotte ou ma maison avec des trucs posés un peu partout. Mais tant qu'il y a de quoi s’occuper, la déco ce n'est pas très Important. La maison c’est surtout les gens qu’on y trouve. Est-ce que Skat en veut à son père ? Même si l’histoire est horrible, il a tout de même passé des années avec lui… je m'approche doucement du livre sur le fauteuil, il est beau vraiment travaillé. Cependant je ne touche à rien, je ne voudrais pas faire une bêtise. « Ta chambre est grande? C’est cool d'avoir un endroit pour soi tout seul. J’adore le dortoir avec mes copines, mais des fois un peu de calme, c’est bien aussi.» En général, je file dans une salle inutilisée et je bricole ou m'entraîne aux sortilèges. Je préviens toujours Maddie,Shynnagh ou Jade mais je disparais quelques heures. Je regarde les pièces que me montre Skat, sans oser lui demander de visiter… C’est un peu bizarre de demander à un garçon si on peut visiter sa chambre… ou même la salle de bain. Je ne veux pas qu’il pense que ça ne m’intéresse pas, j'espère qu'il me proposera d'entrer… en attendant mes yeux s'arrêtent sur une porte qu'il ne m’a pas présenté. Sûrement pas une pièce importante, mais ça me permet de rebondir et puisque j'ai le droit aux questions.. « Et là c'est quoi?»

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là où je t'emmènerai

Roxy & Skat

Se retrouver ici avait quelque chose de magique. D’extraordinaire même. Comment pouvaient-ils être encore entre les murs de Poudlard alors que Pothum Plaščanski s’étendait à perte de vue ? Cette salle n’avait donc aucune fin ? Comment c’était possible ? Il aurait aimé comprendre, bien sûr, mais pour l’instant l’envie d’en profiter était bien plus forte que le reste. Et puis, il fallait voir le bon côté : ce voyage inattendu leur offrait la possibilité de faire plus amples connaissances. « Ahah merci… C’est gentil. Moi, j'habite une petite maison à Londres avec mes parents… Et bientôt mon petit frère ou ma petite soeur. On habite dans un quartier avec des moldus, des non-sorciers. » Il voyait où se situait Londres, il connaissait même le Chemin de Traverse et Sainte-Mangouste. Et la gare aussi ! Ça ne faisait pas beaucoup, bien sûr, mais il pouvait au moins se représenter quelque chose. Londres, ça n’était pas qu’un nom inconnue sur une carte incompréhensible. Il y avait des maisons, là-bas ? Il ne se souvenait que des immeubles géants qui donnaient le vertige quand on les regardait trop longtemps. « Mais souvent, toute la famille se retrouve dans le manoir de ma grand-mère. Là c'est dans un endroit de la ville où il n'y a que des sorciers. Elle a un grand jardin et plein de chambres. Si tu veux un jour, je pourrais te montrer ici. Ou peut-être que pendant les vacances vous pourrez me rendre visite avec Jade ? » À ses derniers mots, le Serpentard hocha la tête avec enthousiasme. Il était partant pour lui rendre visite ! Peut-être qu’il ne serait plus là, il n’en savait rien, mais s’il était toujours prisonnier de ces frontières, alors il voulait voir la petite maison londonienne dont elle venait de lui parler. À moins qu’elle lui parlait de la grande maison pleine de chambre nichée en plein quartier sorcier ? Aucune importance, il voulait bien visiter ce qu’elle accepterait de lui montrer ! « Bientôt le petit frère ou le petit soeur ? Il va être dans beaucoup ? » C’était une bonne nouvelle ! Elle devait être contente d’avoir bientôt un bébé à la maison ! Enfin… Elle n’allait pas le voir souvent, durant les premières années, mais tout de même ! Est-ce qu’il avait été content, lui, quand on lui avait annoncé l’arrivée de Jade ? Sa mère lui avait montré des photos de lui tout petit avec, dans les bras, une chose en forme de patate emmitouflée de rose qu’on lui avait présenté comme sa soeur. Il n’était pas très souriant, fixant plutôt le nourrisson d’un air un peu méfiant, comme si ça pouvait se mettre à pleurer d’une seconde à l’autre. Mais, d’après le reste des photos qu’elle avait apporté une fois à l’hôpital, la méfiance était rapidement morte. Il regrettait un peu de ne pas vraiment se souvenir de quoi que ce soit. Néanmoins, il n’était plus certain qu’il s’agisse d’un mensonge. Peut-être qu’il avait juste oublié… Ça faisait très longtemps, c’était possible, non ? « Ça ferait beaucoup le plaisir de voir le maison à toi. » Après, peut-être qu’elle ne le pensait pas vraiment… Elle n’aurait qu’à faire semblant d’avoir oublié d’ici-là, tant pis…

En attendant, Skat s’appliquait à lui faire visiter ce qui s’était toujours imposé comme étant « chez lui ». Peut-être même qu’il se risquerait à prétendre qu’il s’agissait du plus bel endroit du monde, le seul qui jouait le rôle de véritable foyer. Les gens pouvaient bien en dire ce qu’ils voulaient, lui, il aimait ce petit coin perdu au milieu de nulle part, loin du monde et des vies étranges et stressantes qu’il avait eu l’occasion d’entrapercevoir entre deux prisons. « C’est une sorte de ferme alors ? Kokosi ? » Un bref hochement de tête servit de réponse à sa première question. Oui, c’était un peu comme une ferme, avec plein d’animaux. Enfin… Que des animaux purement utiles, que ce soit pour la nourriture ou pour le reste, comme les quelques moutons qui faisaient de la laine bien chaude pour l’hiver. Il n’y avait jamais eu ni chat ni oiseau dans les parages. Et seuls deux pauvres chiens vieillissant tentaient de faire régner leur loi entre les enclos. « Les poules font cotcot. » Une lueur de compréhension passa rapidement dans son regard sombre alors qu’il faisait le lien. « Kokoši, les poules. » reconnut-il en riant face à ce mot bizarre. Poules. Ça roulait sur la langue. Il ne voyait pas beaucoup de rapport entre l’animal et le nom qu’on lui donnait mais qu’importe. En croate, on entendait bien le son qu’elles faisaient, on ne pouvait pas se tromper, c’était forcément elles. Mais en anglais, pas trop… « Et les chevaux, comment on dit ? » Chevaux ? L’adolescent fronça légèrement les sourcils. C’était quoi chevaux ? Il se doutait bien que c’était un animal puisqu’ils venaient de parler des poules, mais lequel ? Doucement, la lumière se fit. Un cheval des chevaux. C’était pas logique mais il croyait se souvenir de quelque chose comme ça. « C’est le cheval ? Le cheval, konj. Les chevals… chevaux… konji. » Il n’était tout de même pas certain de sa déduction. Peut-être qu’il avait tout faux… Qu’elle lui avait demandé totalement autre chose… Mais pour une fois, il ne voyait pas cette erreur comme dramatique. Sa crainte constante de froisser ses camarades en maltraitant leur langage s’était soudainement envolée… « Tu veux savoir si c’est normal que les animaux ne soient pas là ? » Un nouvel hochement de tête suffit à Roxy puisque celle-ci repartit de plus belle. « Je pense. Je ne crois pas que la magie puisse créer des choses vivantes à partir de rien. » Alors ça n’était pas sa faute s’il n’y avait rien ? Le soulagement se dessina sur son visage enfantin. « Aaaaah ! U redu ! Ils sera pas là jamais les gens et les animaux ? Que les légumes alors ? » La magie avait beau être intéressante, elle était surtout incroyablement compliquée… « On va d’abord chez toi et après on va voir les légumes ? » Alors, sans se le faire dire deux fois, il délaissa le potager et continua en direction de chez lui. Il ne savait pas combien de temps ils allaient passer ici ensemble mais ils auraient bien le temps d’y revenir plus tard, de toute façon.

C’était un peu étrange de parler de l’école, de la manière dont on lui avait fait classe jusqu’ici… Parce qu’on ne lui avait jamais vraiment fait cours, en réalité. On lui avait appris à lire et à écrire, mais il ne se souvenait plus vraiment de ces heures passées sur une chaise, rien de plus… Il savait comment ça se passait parce qu’il l’avait vu avec d’autres enfants. Lui, il ne se souvenait plus. Est-ce qu’il avait appris rapidement ? Est-ce qu’il avait été sage ? Son père avait toujours prétendu que oui, bien sûr, mais lui n’en avait pas la moindre image. « Être utile ? C’est-à-dire ? Aider à faire le ménage ? » Une fois de plus, il hocha la tête. C’était plus large que ça comme tâches à faire mais c’était l’idée. « Le ménage, le nourriture, les animaux, les légumes, les vêtements… Il y a plein les choses à faire ! » L’école devenait alors secondaire, ce qui n’avait jamais été vraiment pour lui déplaire. Peut-être qu’il aurait eu d’autres choses à apprendre mais, jusqu’à cette année, il n’avait jamais imaginé quoi. Si on ne lui apprenait rien, c’est qu’il avait fait le tour. Jamais son père ne se serait plu à le laisser dans l’ignorance ! Enfin… Normalement… « Oh je vois. Il y a des sorciers, vous trois, et les autres sont moldus ? Ça doit te faire un grand changement Poudlard. » Le garçon haussa les épaules. Ça faisait un changement, forcément, après, de là à savoir s’il était grand ou non… Ça n’était pas seulement le fait d’avoir des sorciers à portée de main qui faisait que cela le changeait beaucoup de sa vie d’avant, c’était tout le reste également. Être enfermé ici, apprendre toutes ces choses, ne plus avoir de nouvelles de son père, moisir dans les cachots, commencer à se faire des amis, faire maladroitement connaissance avec une famille dont il n’avait jamais eu conscience de l’existence… Les sorciers, finalement, ça n’était qu’une infime partie du changement. « Petit peu… » Est-ce qu’elle avait connu un changement similaire, elle ? Ou bien Poudlard n’avait été que la continuité de ce qu’elle avait connu jusque là ? « De trois ans à onze ans, je suis allée dans des écoles moldues. C'est un grand bâtiment où on est regroupés en fonction de notre âge. Au début on apprend à tenir un crayon, à colorier sans dépasser, à rester en place et à écouter le professeur. Et ensuite, on apprend à lire, écrire, compter comme ici. »[/color] Skat l’écoutait raconter sa vie avec un intérêt quasiment palpable. Alors c’était un peu comme ils le faisaient ici ? Il n’y avait pas grande différence entre son école et la sienne ! Fort de cette explication, il décida qu’il n’avait rien loupé. « On ne fait pas de magie. On n’a pas de baguette avant d'arriver à Poudlard. C’est ici que les profs nous apprennent la magie. Mais nos parents nous expliquent quand même comment ça fonctionne comme ils utilisent tout le temps la magie à la maison. Enfin… pour ceux qui ont des sorciers dans la famille. Sinon les autres découvrent tout en arrivant ici ! » C’était un peu comme lui, finalement. Sauf qu’on lui avait appris deux ou trois choses magiques avant qu’il n’entre à Poudlard. Quelques potions et deux ou trois sortilèges, hâtivement exécutés avec la baguette de son père. Ça n’avait jamais été très concluant, beaucoup moins en tout cas que depuis qu’il avait la sienne !

Finalement, la porte de la maison se dessina enfin et il la poussa, non sans une légère hésitation. Il ne savait pas à quoi s’attendre. Est-ce que ça allait être comme le vrai chez lui ou bien une porte donnant sur rien ? Il craignait que la déception ne fasse partie de l’expérience. Mais non ! Il n’en fut rien ! La porte donna sur l’entrée qu’il connaissait si bien qui, elle-même, débouchait sur le petit salon qui offrait un éventail de nouvelles portes. C’était chez lui, pas seulement une illusion mise à mal par les limites de la magie. « Merci. » Le sourire de l’adolescent s’agrandit alors qu’il s’effaçait pour la laisser entrer à son tour. La porte se referma sur eux. Il inspira profondément cet air chargé de parfums rassurants et entreprit de lui faire faire le rapide tour du propriétaire. Il la regarda s’avancer dans la pièce, observant sûrement le peu qui l’entourait désormais. Est-ce qu’elle se sentait un peu chez elle, quand même ? Est-ce qu’elle se sentait bien dans sa maison ? « Ta chambre est grande ? C’est cool d'avoir un endroit pour soi tout seul. J’adore le dortoir avec mes copines, mais des fois un peu de calme, c’est bien aussi. » Il fixa un instant la porte close de sa chambre. Est-ce qu’elle était grande ? Il l’avait cru avant de voir la taille de son dortoir, à Poudlard. Ou même la chambre que sa mère lui avait laissé, sur leur île écossaise. Elle ne l’était sûrement pas tant que ça, en réalité… « Moyen peu… » trancha-t-il finalement avant de s’approcher et d’ouvrir la porte. Derrière, une pièce aux murs beigeâtres tout juste assez grande pour contenir un lit aux draps rose, une table de chevet et une petite commode. Au dessus du lit, une croix en bois toute simple était accrochée et c’était bien là la seule décoration. « C’est plus grand là à Mama… Mais pas mon chambre de moi… » Il haussa les épaules et soupira tristement. Sa maison lui manquait. Les gens qui s’y trouvaient également. Il ne comprenait toujours pas pourquoi on l’avait arraché à tout ça alors qu’il s’y sentait bien. « Tu peux faire t’es dans ton maison de toi, hein. »[/b] Ouvrir les portes, bouger, visiter… Elle était libre de faire ce qu’elle voulait, il n’y aurait personne pour en être dérangé. Certainement pas lui ! Il lui était bien trop reconnaissant pour penser à s’offusquer de quoi que ce soit. « Et là c'est quoi ? » Le Serpentard sursauta malgré lui en l’entendant. La seule porte qu’il n’avait pas montrée était la seule qui lui laissait un désagréable souvenir. Le seul endroit de ce village qui ne lui manquait pas. « C’est le sous du maison, c’est tout le noir dedans. Mais tu peux aller si tu veux. » Il n’y avait de toute façon rien à voir, sinon une ampoule grésillante pendant du plafond, ce qui ne la passionnerait probablement pas…

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Là, où je t'emmènerai

avec Skat

Je contemplais le village de Skat et profitai de son sourire, nous étions tous les deux émerveillés… Un peu comme deux enfants qui voient pour la première fois le père Noël ? Ma maison était très différente de celles d’ici, plus petite et étroite, avec un tout petit bout de jardin. Heureusement, avec un sortilège on a pu faire en sorte d’étendre le jardin, comme ça on a pu y mettre un abri de jardin qui est en fait bien plus grand à l’intérieur. C’est là que je bricole avec mon père. Peut-être avec mon petit frère ou ma petite sœur bientôt. Enfin bientôt, c’est vite dit, c’est que ça ne se fabrique pas en deux minutes ces petites choses : [b]« Pas tout de suite. En avril normalement. Ça me parait dans longtemps parce que je suis pressée… Mais en même temps, ça ne sera pas longtemps avant les vacances d’été, je le rencontrerai assez vite, et je pourrais profiter de lui. » Du moins c’est ce que j’espérais. Je n’osais imaginer un scénario comme celui de l’année dernière. Cela me rendrait folle. Je crois que je serais incapable de vivre ça de nouveau. En tout cas pas comme l’année dernière, en faisant profil bas. Il me reste trop de colère en moi. Beaucoup trop pour que ça n’explose pas à un moment ou un autre. J’essayai de ne pas y penser et me concentrer plutôt sur l’instant, beaucoup plus réjouissant : « ça marche, vous me tiendrez au courant avec Jade, quand vous savez si vous rentrez pendant les vacances prochaines ! »

Nous continuons la visite, et j’en profitai pour essayer d’apprendre quelques mots en croate. C’était difficile quand même. Je n’imaginais même pas ce que çcela devait être pour Skat de devoir retenir tous les mots nécessaires au quotidien. A la fin d’une journée, il devait avoir la tête farcie de nouveaux concepts et de sonorités bizarres. « Kokoši » dis-je en essayant de prononcer correctement. « Konj et konji, cheval, chevaux. Ça va, celui là, je trouve qu’il est plus facile à dire » dis-je en riant. « Ça doit être fatigant pour toi de suivre les cours et les discussions… ça te fait beaucoup de mots à apprendre en si peu de temps ! N’hésites pas à me dire si je parle trop vite ou autre surtout ! Tu te débrouilles déjà bien en tout cas.» J’étais vraiment admirative, les sons étaient si différents entre nos deux langues. Ce n’était pas parfait bien sûr, mais on parvenait à avoir une discussion et à nous comprendre, c’est que c’était suffisant pour le moment.

Quant à savoir si les animaux et les humains seraient là un jour… j’en doutais. Mais en même temps je ne connaissais rien « A mon avis non. La nature et les bâtiments, ça doit être plus facile à copier. En tout cas, j’aimerai bien être capable un jour de créer des sortilèges assez puissants pour ensorceler une pièce comme ça ! » dis-je avec des étoiles dans les yeux. Fabriquer des choses, créer, modifier de mes mains, avec des matériaux tangibles, c’était une chose, du petit bricolage. Mais la magie, ça me fascinait complètement, j’espérai un jour être capable de créer des mes propres sortilèges, mes objets magiques, peut-être même d’ensorceler des bâtiments ? Certaines maisons de sorcier avaient une vraie personnalité. Est-ce que Skat partageait cette fascination, cette envie de découvrir et de percer toujours plus les mystères de la magie ? Je n’osai pas poser la question. Peut-être qu’il aurait préféré rester tranquillement dans son village sans s’occuper de Poudlard.

Sa vie d’avant semblait assez différente de la mienne, même s’il fallait que j’aide mes parents, c’était vite fait. « Tu sais jardiner, coudre et t’occuper des animaux ?! Tout ça ?! » Dire que j’avais l’impression de faire une fleur à mes parents en me contentant de faire la vaisselle ou de ranger deux trois trucs. D’ailleurs, ils ne m’en demandaient pas plus, estimant que ce n’était pas mon rôle non plus. En tout cas, le Serpentard n’avait pas l’air particulièrement enclin à parler des changements qu’avaient entraîné son ‘’déménagement’’, je ne voulais pas insister s’il n’avait pas envie d’en parler. S’il préférait m’écouter raconter comment se passait ma vie avant Poudlard, même si selon moi, c’était bien moins passionnant que ce qu’il se passait ici, je pouvais me contenter de parler. Enfin, un peu, je n’allais pas monologuer pendant dix heures sans quoi on allait vite s’ennuyer.

Je le suivis jusqu’à sa maison… Skat avait l’air tellement détendu en pénétrant sa chambre, plus…à l’aise peut-être. Est-ce que ça lui manquait, de ne pas pouvoir retourner ici ? Il ouvrit la porte de la pièce, que j’imaginais plutôt petite… D’ailleurs je devais avouer que c’était un peu étrange pour moi, de rentrer dans la chambre d’un garçon. Mais, je ne faisais rien de mal n’est-ce pas ? C’était une simple visite, ça ne pouvait pas prêter à confusion. Je caressais du bout des doigts la couette rose, c’était tout simple, mais cela avait l’air douillet. Un petit cocon épuré. La croix au-dessus du lit m’impressionna un peu. Je ne croyais pas vraiment en dieu, mais cela avait quelque chose d’assez solennel, même menaçant parfois. Je laissai traîner mes doigts sur les meubles en bois : simples, mais construits pour durer. C’est l’impression que j’avais en tout cas. Je sortais de ma contemplation, m’adressant à Skat « ce sont des meubles de qualité » . Il soupira tristement en lui expliquant que l’autre chambre était plus grande… Je hochais la tête quand à la permission de me déplacer comme je voulais… Je me déplaçai vers la chambre parentale, mais me raviser « Mmmh je trouve toujours ça bizarre d’entrer dans la pièce des adultes. C’est pas vraiment interdit, mais c’est… pas chez moi non plus tu vois ? » . J’aurai le sentiment de forcer le jardin secret de quelqu’uns. « Je préfère la cave, parfait pour se faire peur non ?! » dis-je en plaisantant…
Je m’apprêtai à descendre, allumant une ampoule faiblarde quand je remarquai à nouveau un malaise chez mon ami… J’arrêtai mon geste, préférant d’abord vérifier que tout allait bien pour lui.

« Est-ce que ça va ? Tu veux qu’on s’en aille ? » . Je posai doucement ma main sur son épaule, avant de la retirer vite fait, entre la croix, la chambre et ma tendance à ne pas être du tout tactile, je ne savais finalement pas quoi faire de cette main ! « Ta famille d’ici te manque ? » demandai-je enfin. Ça ne plairait pas à Jade, mais ce n’était pas en ignorant les sentiments de son frère qu’elle s’en ferait un allier. Et même s’il s’agissait d’une horrible histoire… il avait le droit d’aimer sa famille.

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