"Eh, regarde ce que j'ai réussi à piquer chez le concierge !"

Ce fut sur ces mots que la Préfète arriva en haut de la Tour d'Astronomie. Elle avait vu un Gryffondor de première année sortir en catimini du bureau de Mr Jefferson, un sourire ravi sur les lèvres. Sentant le mauvais coup, elle s'était mise à le suivre sans un mot attendant simplement de le prendre la main dans le sac. Ça n'avait heureusement pas trop tardé. Le gamin rejoignit un de ses amis en haut de la tour et sortit un espèce de collier de la poche de sa robe.

"Tu préfères les colles jusqu'à la fin de l'année, ou le renvoi ?" questionna t-elle en s'approchant des deux garçons.

Le voleur recula d'un pas en palissant tandis que son ami disparaissait à toutes allures dans l'escalier. Ils restèrent à se toiser un moment, sans prononcer le moindre mot, sans même ciller. Il devait sûrement attendre qu'elle lui sourit en lui disant que c'était rien, qu'il n'aurait pas d'ennuies mais il dut malgré tout comprendre que ça n'arriverait pas puisqu'il baissa honteusement les yeux.

"S'il te plait, sois..."

Il n'eut pas le temps de finir qu'elle tendit la main pour récupérer l'objet volé. Il hésita un moment mais finit par le lui donner avant disparaître aussi rapidement que son ami. Sarah écouta les bruits de ses pas se perdre puis reporta son attention sur l'objet en question. Elle ne savait pas trop si c'était un collier, ou un sablier, ou peut-être même les deux. Elle avait déjà vu quelque chose de similaire dans un livre, mais elle ne se souvenait plus duquel, ni même ce dont il s'agissait. Elle descendit les marches à son tour, plus lentement, jouant avec le petit sablier, le faisant tourner dans un sens, puis dans l'autre, trois tours, puis cinq, puis tellement qu'elle ne parvint plus à les compter... Elle sentit quelque chose se prendre dans la chaîne qui pendait à son côté puis plus rien. Le monde se mit à bouger autour d'elle, si vite que ça en donnait la nausée...

Tout finit enfin par se stabiliser, par s'arrêter. Elle était toujours dans les escaliers de la Tour d'Astronomie, et quelques marches plus haut se tenait une Serpentard. Elle se souvint l'avoir croisé plusieurs fois dans les couloirs sans parvenir à mettre un nom sur son visage. Peut-être ne le connaissait-elle tout simplement pas ? Elle la fixa un moment, peut-être qu'elle n'avait rien senti de bizarre, qu'il n'y avait qu'à elle que c'était arrivé, jusqu'à ce qu'elle remarque que la chaîne du collier était passée autour du bras de la jeune fille. La Poufsouffle regarda une nouvelle fois autour d'elle.

"Qu'est-ce que c'était ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?"

Sa voix se faisait inquiète, plus qu'elle ne l'aurait voulu. Pourtant, elle semblait s'inquiéter pour rien, l'escalier dans lequel elle se tenait était toujours le même, pas la moindre pierre avait bougé... Elle craignait avoir été victime d'hallucination mais trouvait cette hypothèse étrangement fausse...

L'escalier était aussi calme qu'il l'avait été avant que tout ne bouge étrangement, pourtant un peu plus bas, on pouvait entendre des bruits de pas et des éclats de voix. Le château n'était donc pas mort, c'était toujours bon signe. Elle irait rapporter ce truc étrange au concierge, en profitant pour lui demander ce que c'était puisqu'elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part...

"Ce que tu avais dans les mains est un retourneur de temps. C'est un objet puissant et très dangereux qui permet comme son nom l'indique de retourner dans le temps. Alors dis-moi combien tu as fait de tour, c'est très important !"

Sarah ne parut pas s'inquiéter davantage, bien au contraire. Son visage s'était vêtu d'un air ravi. Elle venait de comprendre pourquoi elle avait l'impression d'avoir déjà vu cet objet. Mais tout ça semblait invraisemblable. Qu'est-ce qu'un retourneur de temps faisait entre les mains d'un gamin comme ça ?

"Et ils ne sont pas sensés être archi contrôlé par le Ministère ?" siffla t-elle froidement en regardant le collier toujours entre ses mains avant que la Serpentard ne le lui prenne. "J'en sais rien... Tu crois qu'on est vraiment loin du présent, là ?"

Elle remonta son sac sur son épaule et après avoir lancé un vague regard à la jeune fille, elle entreprit de descendre les marches. Elle s'arrêta presque en plein milieu et se retourna vers la rouquine. Elles étaient perdues elles ne savaient pas quand alors le seul moyen d'en avoir une idée était de descendre voir qui il y avait plus bas. C'était dangereux, ça pouvait laisser des séquelles graves sur le présent, Sarah en était bien consciente, mais faute d'autre choix, il fallait s'y risquer.

"Tu comptes rester planter là à attendre que le temps passe ?"

Elle lui désigna le reste de l'escalier d'un regard et reprit son chemin. Elle s'arrêta au bas des marches, cherchant de tous les côtés une tête connue, quelle qu'elle soit, pour se donner une idée du temps qu'il s'était écoulé, ou remonté elle n'en savait trop rien, depuis "l'accident", mais rien. Rien qu'un flot de visages qu'elle n'avait jamais vu qui la dévisageait en passant... Elle se sentait étrangère, perdue presque et inconsciemment, elle retira l'insigne de préfet qui brillait sur sa robe, ce serait sûrement plus facile de passer inaperçue ainsi...

Une certaine excitation l'envahit alors que les rires du dessous lui parvenaient plus nettement. C'était dangereux, c'était anormal, pas commun, extraordinaire... C'était tellement de chose à la fois ! Elle ne se souvenait pas avoir vécu quelque chose de semblable un jour. La petite fille sage et disciplinée s'était envolée. De toute façon, personne n'en saurait rien. Qui serait là pour les voir et s'en souvenir des années plus tard ? Soit ils n'étaient plus à Poudlard, soit ils étaient morts... Enfin... Normalement.

"Si. D'ailleurs, comment as-tu fait pour t'en procurer un ? Et oui, j'ai bien peur que l'on soit très loin du présent."

Sarah haussa vaguement les épaules, pas sûre d'avoir envie de lui répondre, mais après quelques secondes d'hésitation, elle se rappela qu'elles étaient dans la même galère, par sa faute en plus même si elle ne l'avouerait tout simplement jamais, et que tout pouvait servir pour sortir de là. Elle n'était pas certaine d'avoir envie de partir de cette époque avant de savoir quand elle avait atterri mais la rousse, elle le voulait probablement... Elle se résigna.

"Un gamin l'a volé dans le bureau de Mr Jefferson. J'étais partie pour le lui rendre avant d'atterrir ici..."

Elle la regarda cacher le collier sous son pull, cachant tant bien que mal la lueur envieuse au fond de ses prunelles claires. C'était étrange, comme situation, de se retrouver chez soi mais pas vraiment, avec une fille qu'on ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, entourée de centaine d'élèves qu'on avait jamais vu... C'était... La seule fois qu'elle vivrait un truc comme ça, le mieux serait d'en profiter pendant qu'elle en avait l'occasion !

"Mais attends, tu ne peux pas y aller maintenant, il faut qu'on trouve une solution."

Elle ne prit pas la peine de l'attendre, et encore moins de lui répondre, dévalant les escaliers à une vitesse impressionnante. Une fois en bas, la Serpentard la rejoignit et parut au moins aussi déboussolée qu'elle. Elle se sentait moins seule. Deux pauvres filles venues du futur perdues dans un monde qui ressemblait au leur sans l'être vraiment. Ca faisait très romanesque et pourtant...

"Au fait, j'm'appelle Sarah."

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'elle l'attrapa par le bras et l'attira dans la foule, suivant les élèves qui s'avançaient vers le hall. L'heure de dîner ? Ce serait bien, elle commençait à avoir faim. Sa main se resserra brusquement sur le bras de la rouquine alors que la Poufsouffle se stoppait nette au beau milieu d'un couloir les yeux rivés sur un petit groupe.

"Regarde !" s'exclama t-elle soudainement. "La cicatrice ! C'est Harry Potter ! Et... Il doit avoir 15 ou 16 ans... Ca veut dire que... Aaaaaah !"

Elle se mit à sautiller sur place comme une idiote et reprit son chemin encore plus rapidement qu'elle ne l'avait fait jusque là sans donner la moindre explication à sa compagne de galère. Elle avait vu, chez elle, un article de journal parlant d'un ancien professeur de potions dont le courage et l'héroïsme avaient totalement évincé l'Elu dans sa lutte contre Vous-Savez-Qui; Severus Rogue. Elle devait le voir !

"Un gamin l'a volé dans le bureau de Mr Jefferson. J'étais partie pour le lui rendre avant d'atterrir ici..."

Le gamin dont elle parlait était sûrement celui qu'elle avait croisé dans les escaliers de la tour d'astronomie. Il était donc entré dans le bureau du concierge. En même temps ce n'était pas si difficile, Arwenn y était déjà allée une fois, mais elle n'avait rien trouvé d'intéressant. Heureusement que la Poufsouffle était arrivée à temps, elle n'osait même pas imaginer ce qui serait arrivé au pauvre petit Gryffondor s'il avait fait un saut dans le passé.

"Au fait, j'm'appelle Sarah."

Arwenn allait se présenter elle aussi lorsque Sarah l'attrapa par le bras et l'entraina dans la foule, slalomant entre les élèves, en bousculant certains au passage. Et il fallait en plus qu'elles se fassent remarquer. Tout le monde semblaient se diriger vers le hall, peut-être l'heure du dîner. Elle aimerait bien, cela lui permettrait de réfléchir un peu.

La rouquine fut surprise en heurtant la Poufsouffle qui s'était arrêtée brusquement. Elle semblait fixer quelque chose dans le couloir. Arwenn suivit son regard, mais elle ne vit rien à part des élèves qui marchaient en petit groupe, se dirigeant vers la grande salle.

"Regarde ! La cicatrice ! C'est Harry Potter ! Et... Il doit avoir 15 ou 16 ans... Ca veut dire que... Aaaaaah !" S'exclama Sarah.

Arwenn l'aperçut enfin. C'était bien lui, Harry Potter, le Survivant, celui qui avait sauver le monde magique de Vous-Savez-Qui. Son père lui avait beaucoup parler de lui, il avait été à Poudlard avec lui pendant quelques année, mais à Serpentard. Le voir lui avait fait un choc, elle qui ne l'avait jamais vu ailleurs que sur les photos. Mais, cela voulait dire que Voldemort n'avait pas encore été vaincu ? Cela s'annonçait bien plus amusant qu'elle ne le pensait.

Elle regarda Sarah sautiller sur place, se demandant ce qu'il lui prenait. Serait-ce Voldemort qui le faisait cet effet là ? Lorsque la Poufsouffle repartit en direction de la grande salle, Arwenn sourit et la suivit sans rien dire. Elle oublia totalement l'idée de trouver une solution, se disant finalement que s'amuser ne lui ferait pas de mal.

Elles entrèrent dans la grande salle, elle était bondée. Arwenn se demanda si elles devaient manger ensembles ou si elles devaient chacune rejoindre sa maison pour se fondre dans la masse.

"Je n'ai pas eu le temps de me présenter, moi c'est Arwenn." Dit-elle en souriant à son interlocutrice.

Elle balaya la salle du regard et celui-ci s'arrêta à la table des professeurs. Ses yeux devinrent grands comme des soucoupes. Mais bien sûr, comment avait-elle pu oublier ? Severus Rogue, le grand Severus Rogue était là. Elle sautilla sur place à son tour.

"Oh Merlin !" Cria-t-elle, sa voix devenant plus aigüe qu'à l'ordinaire.

Elles finirent tout de même par entrer dans la Grande Salle. Elle n'avait pas changé, c'était toujours la même, les tables étaient dans le même ordre. C'était en effet l'heure de dîner, les élèves étaient tous installés à leurs tables respectives. Sarah la balaya du regard. C'était étrange comme sensation de reconnaitre quelques visages sans qu'eux n'aient la moindre idée de son identité. Un peu comme avec des célébrités. Sauf qu'eux n'étaient pas connus...

C'était la première fois qu'elle était fière de porter son uniforme. C'était bien plus simple de se fondre dans la masse ainsi habillée ! Elle n'osait pas imaginer les regards surpris, moqueurs et choqués si elle avait porté ses vêtements habituels, si différents de la mode ringarde des années 90, parce qu'elle avait finalement réalisé que le bond qu'elles avaient fait en arrière était de vingt ans. Vingt longues années. Elle ne savait toujours pas comment elles rentreraient en 2017, mais qu'importe...

"Je n'ai pas eu le temps de me présenter, moi c'est Arwenn."

La Préfète lui sourit. Au moins, même si elles étaient coincées là pour le restant de leur vie, elle saurait comment elle s'appelait. Ca ne servait certes à rien dans de pareilles circonstances mais ça faisait une attache de plus avec leur époque, leur monde. Maintenant, une autre question existentielle lui vint à l'esprit. Où allaient-elles se mettre pour dîner ? De ce que lui avait expliqué ses parents lorsque sa soeur était entrée à Serpentard, entre les Poufsouffle et eux, ce n'était pas les grands amours alors elles risqueraient de se faire remarquer.

Arwenn se mit à sautiller à son tour, criant même, alors qu'elles étaient toujours debout près des immenses portes de bois. De nombreux regards se tournèrent vers elles. Risquer de se faire remarquer ? Ah ah la blague. La Poufsouffle ne rajouta rien, ne souhaitant pas se faire directement cataloguée comme 'folle', le fait de ne pas être de cette époque lui semblait déjà trop compliqué à expliquer alors si en plus on voulait l'envoyer à Saint Mangouste avant même de l'écouter... Cependant, en voyant le regard de la rouquine complètement fixé sur le fond de la salle, elle l'imita.

"Oh mon dieu ! -Vise la subtilité du double sens- Il... Il... C'est..." bredouilla t-elle alors qu'elle se remettait à sautiller sur le même rythme que la Serpentard.

Elle avait eu la vague envie de le chercher mais le voilà là, assis à quelques mètres d'elle à la regarder comme une malade, bonne à lier. Les cris qu'elles avaient poussé avaient visiblement trahi leur présence. Et leur émotion. Sarah ne parvenait plus à regarder autre chose que l'actuel professeur mais elle sentait bien penser sur elle les centaines de paires d'yeux qui la jugeaient. Elles étaient dans le passé, ça n'aurait aucune incidence sur le présent... Ou du moins, elle tentait de s'en convaincre, sans y arriver réellement... Qui y arriverait, de toute manière ?

Elle finit par cesser de sautiller, palissant à vue d'oeil. Il était là. Elle avait lu tout ce qu'elle avait trouvé à son sujet, harcelé toutes les personnes qu'elle connaissait qui avaient eu un quelconque contact avec lui, accroché les photos des vieux journaux au dessus de son bureau, espéré sans y croire qu'elle le rencontrerait dans l'au-delà... Mais il était vraiment là, à l'autre bout de la Grande Salle... C'était irréel, c'était impossible, c'était... Vrai ! Elle donna un petit coup de coude à Arwenn.

"On va dîner normalement, à nos bonnes tables et... On se retrouve après, on essayera de... de... C'est merveilleux. De le retrouver. D'accord...?"

Elle respira un grand coup, effaça de son visage toute trace d'hystérie et après un dernier regard à sa camarade, elle suivit deux filles de Poufsouffle et s'installa à la table, aussi normalement qu'elle l'avait toujours fait...

La Poufsouffle se mit à sautiller au même rythme que la Serpentard. Elle avait visiblement vu la même chose qu'elle. Comme quoi, cela fait de l'effet un Severus Rogue. C'était son père qui lui avait parlé de lui pour la première fois. Il était son directeur de maison lorsqu'il était à Poudlard et également le professeur de Potion, redoutés par tant d'élèves à l'époque. Arwenn, elle, l'idolâtrait, elle aurait tellement aimé l'avoir comme professeur elle aussi. Surtout que la matière qu'il enseignait avant de devenir professeur de Défense contre les Forces du Mal était sa préférée.

Arwenn cessa soudainement de sautiller. Elles avaient attirer l'attention de beaucoup trop d'élèves et même de professeurs. Niveau discrétion, on ne pouvait pas faire mieux. Elle qui voulait ne pas se faire remarquer pour qu'il n'y est pas d'incidence sur le Présent. Sarah lui donna un gentil coup de coude.

"On va dîner normalement, à nos bonnes tables et... On se retrouve après, on essayera de... de... C'est merveilleux. De le retrouver. D'accord...?"

Arwenn hocha la tête. Elle prit tant bien que mal un air impassible et si dirigea à l'autre bout de la salle, à la table des Serpentard. Elle s'assit et mangea comme elle le ferait tous les jours. Elle évita cependant de se faire remarquer, elle n'adressa la parole à aucun des élèves assis autour de la table et essaya d'être la plus naturelle possible. Elle sentait bien sûr de nombreux regards se poser sur elle, mais elle n'y prêta pas d'attention.

Après avoir fini son repas, elle se retourna et jeta discrètement un regard vers la table des Poufsouffle. Elle vit que Sarah avait terminé elle aussi. Elle essaya de capter son attention et lui montra la sortie des yeux, lui faisant ainsi comprendre qu'elle l'attendrait là-bas. Elle se leva et suivit un petit groupe de Serpentard qui se dirigeait vers la sortie. Elle s'adossa ensuite contre un mur, attendant la Poufsouffle. Lorsqu'elle la vit enfin arriver, elle lui fit un signe de la main.

"Il est déjà sorti, il doit être dans son bureau maintenant. On fait quoi maintenant ?"

Arwenn parut d'accord avec elle. De toute façon, dur de faire autrement. Il fallait avoir l'air naturelles et intégrées dans une époque qui n'était pas la leur, et vingt ans, ce n'était pas rien ! Une fois assise à la table des Poufsouffle, Sarah se retourna discrètement pour voir comment se sentait sa camarade. Même si elle ne la connaissait que depuis quelques minutes, elle se sentait étonnamment proche d'elle, un rapprochement express probablement dû au fait qu'elle soit la seule personne qu'elle connaisse dans ce 'nouveau' monde. Une fille installée non loin d'elle la ramena à la réalité.

"On t'a jamais vu, ici ?"

La blonde se retourna brusquement. Pour la première fois de sa vie, elle aurait espéré qu'on ne la remarque pas, qu'on ne lui adresse pas la parole, qu'on fasse comme si elle n'existait pas. Elle ne pouvait cependant pas rester ainsi, sans même lui répondre. Et puis, elle ne savait pas pour combien de temps elle était là... Peut-être qu'elle devait se faire des amis parce qu'elle allait rester ici un long, très long moment.

"C'est normal." avoua t-elle en souriant d'un air faussement naturel alors qu'elle cherchait un mensonge à raconter. "Je suis nouvelle à Poudlard. J'ai fait tout le début de ma scolarité chez moi, mon père m'apprenait ce qu'il y avait à savoir mais ce n'est plus possible maintenant, alors on a écrit à... Dumbledore. Il a été d'accord pour que je finisse normalement."

Sarah se sentit plutôt fière d'elle. C'était certes un peu abracadabrantesque mais ça tenait la route, au moins suffisamment pour laisser planer le doute le temps du repas. Il ne restait plus qu'à espérer qu'aucun professeur ne viendrait lui demander ce qui elle était et ce qu'elle fichait là... Le repas se termina enfin sans évènement majeur. La Poufsouffle avait discuté le plus normalement du monde avec les filles près d'elle, les trouvant somme tout agréables. Elle aurait probablement été amie avec elles si elles avaient partagé leur salle commune au même moment... Le petit groupe se leva, Sarah suivit sans broncher. Après avoir quitté la Grande Salle, alors que la discussion tournait autour de ses inexistantes études à domicile, elle remarqua Arwenn et coupa court à la conversation.

"Mince ! J'avais oublié que j'devais faire un truc avant les cours de demain... On se retrouve tout à l'heure, dans la salle commune ?"

Elles acquiescèrent et disparurent au bout du couloir. La Préfète s'empressa de retrouver la Serpentard, adossée à un mur. Elle ne prit pas la peine de lui demander comment c'était passé son repas, elles avaient mieux à faire qu'à bavasser sur leur premier instant en 'immersion' !

"Il est déjà sorti, il doit être dans son bureau maintenant. On fait quoi maintenant ?"

Sarah regarda autour d'elle, espérant voir la silhouette du professeur s'éloigner dans un sens ou dans un autre, mais en vain, cependant, elle dut patiemment qu'un groupe de Gryffondor passe tranquillement, sans même les remarquer, pour répondre à sa camarade. Elles connaissaient les lieux, ça pouvait être utile. Une lueur un peu folle s'alluma au fond de ses yeux clairs.

"Et bien sauf si t'as une idée brillante pour nous faire rentrer en 2017, on va le retrouver, son bureau ! Ca fait des années que je rêve qu'un tel moment arrive, alors crois-moi, j'ai pas l'intention de rendre sagement dans ma salle commune et d'attendre d'avoir une illumination quant à notre retour ! Aller, viens !"

Elle avait toujours tout dirigé, voilà qui continuait. Elle ne la força à rien, mais elle n'avait pas l'intention de faire demi-tour maintenant. Elle était passée pour une idiote en entrant dans la Grande Salle, elle n'avait plus grand chose à perdre désormais ! Elle regarda Arwenn une dernière fois, cherchant à savoir si elle comptait attendre simplement que le temps passe dans les canapés de Serpentard mais ne trouvant pas de réponse qui la satisfasse réellement, elle prit le chemin des cachots d'une démarche sûre d'elle, voire même un peu prétentieuse. Le Grand Severus Rogue était quelque part dans ce château, il ne lui restait plus qu'à le trouver !

La grande salle se vidait peu à peu, mais la présence de nombreux élèves dans le couloir empêchaient les deux jeunes filles de parler de leur projet pour cette soirée, à savoir : Retrouver Severus Rogue. Elles attendaient alors patiemment que la plupart des élèves rejoignent leur salle commune.

"Et bien sauf si t'as une idée brillante pour nous faire rentrer en 2017, on va le retrouver, son bureau ! Ça fait des années que je rêve qu'un tel moment arrive, alors crois-moi, j'ai pas l'intention de rendre sagement dans ma salle commune et d'attendre d'avoir une illumination quant à notre retour ! Aller, viens !" Lui dit Sarah, sûre d'elle.

Non, Arwenn n'avait pas d'idées pour retourner à leur époque et à vrai dire, c'était la dernière de ses préoccupations à présent. Surtout qu'un de ses rêves les plus fous venait de se réaliser. Elle avait vu Severus Rogue, en chair et en os, le vrai Severus Rogue. Elle n'avait jamais penser que cela puisse être possible. Il était mort à leur époque. Mort en sauvant le monde des sorciers. Maintenant, il fallait qu'elle le voit de plus près, et peut-être lui parler, au risque de bouleverser un peu leur futur.

Sarah prit la direction des cachots et Arwenn la suivit sans hésiter une seule seconde. Elle marchèrent côte à côte, en silence jusqu'à l'entrée des cachots. Là, la rouquine s'arrêta net, retenant Sarah par le bras. Il y avait un petit problème. Le bureau du professeur de potion se trouvait dans les cachots, certes, mais il y avait aussi la salle commune des Serpentard. Et voir une Poufsouffle ici à une heure pareille aurait plus parut plus bizarre qu'autre chose et aurait attiré encore plus l'attention sur les deux jeunes filles, ce qu'elles préféraient éviter en ce moment. Surtout qu'entre les Serpentard et les Poufsouffle ce n'était pas le grand amour et ça, tout le monde le savait.

"Attends ! Tu ne peux pas rentrer avec ça." Dit-elle en désignant l'écusson jaune de la Poufsouffle.

Elle prit soinn de regarder autour d'elle pour voir si personne n'arrivait et déroula soigneusement son écharpe autour de son cou. Avec ça, la blonde pourrait sûrement cacher le jaune de son uniforme et passer pour n'importe quel Serpentard. Elle tendit alors l'écharpe aux couleurs de sa maison à son interlocutrice.

"On va pouvoir y aller maintenant !" Dit la rouquine, le sourire au lèvres.

L'entrée des cachots était à quelques mètres à peine lorsque Arwenn s'arrêta nette, la stoppant également par la même occasion. Elles étaient si près du but ou du moins, c'était l'impression qu'en avait Sarah. Pourquoi s'arrêter maintenant ? La Poufsouffle ne comprenait pas. Sa camarade avait eu l'air plutôt partante également lorsqu'il avait été question de retrouver l'actuel directeur des Sepentard. Avait-elle soudainement changé d'avis, de peur de bouleverser le futur ou d'avoir des ennuis en rentrant ? De toute façon, qui se souviendrait d'elles ? Elles s'apprêtaient à rendre visite à un futur mort, ce serait certainement pas lui qui irait cafter !

La Préfète se tourna vers la rouquine, des dizaines de questions dansant au fond de ses yeux clairs. Si elle voulait renoncer, qu'elle le fasse, mais ça ne serait certainement pas son cas ! Elle n'aurait plus la moindre occasion de ce genre, c'était on ne peut plus certain ! Alors qu'elle s'apprêtait à se défaire de l'étreinte de la Serpentard, celle-ci prit la parole, désignant son insigne jaune, expliquant ainsi son brutal arrêt.

"Attends ! Tu ne peux pas rentrer avec ça."

Comment n'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Elles auraient attiré tous les regards ! Aussi beau que puisse être le blason de Poufsouffle, il n'avait pas vraiment sa place dans les couloirs des cachots en dehors des heures de cours... Encore moins avant la chute de Lord Voldemort...

"Non mais quelle idiote !" reconnut-elle plus pour elle-même qu'autre chose. "J'y pensais plus..."

Heureusement qu'Arwenn était là, sans elle, ça aurait été probablement un drame, ou quelque chose y ressemblant très fortement. Elle détacha son écharpe et la lui tendit. Sarah hésita un instant et la prit délicatement. Elle avait l'impression de trahir ses couleurs et cette sensation n'avait rien de plaisant, vraiment vraiment rien... Mais il n'y avait pas d'autre choix.

"Merci."

Elle hésita une seconde fois et finit par se résigner, mettant l'écharpe verte et argent autour de son cou. Elle cacha aussi bien que possible toute trace d'appartenance à sa chère maison. Le résultat fut plutôt concluant. Avec l'absence de lumière des cachots, elle passerait très facilement pour n'importe quelle Serpentard. Génial...

"On va pouvoir y aller maintenant !"

La Préfète hocha la tête et reprit son chemin, faisant étonnement attention au chemin qu'elle empruntait. La salle de potion n'avait jamais changé, et elle savait très bien son emplacement mais une certaine appréhension commençait à l'envahir. Une fois devant la salle, devant Severus Rogue même, qu'est-ce qu'elles feraient ? Jouer les parfaites élèves alors qu'il ne les avait jamais eu en cours ? Lui exposer leur problème dans l'espoir probablement probablement vain qu'il leur vienne en aide ? Toutes les hypothèses qui lui venaient en tête lui paraissaient invraisemblables...

"Arwenn ?" interpella t-elle alors qu'elles continuaient d'avancer. "Une fois qu'on y sera, on fera, dira quoi ?"

Arwenn remarqua l'hésitation de la Poufsouffle. Elle voyait bien qu'elle n'était pas vraiment enchantée de porter les couleurs d'une autre maison que la sienne, ce que comprenait parfaitement la rouquine car elle aurait réagi de la même manière et encore, elle aurait sûrement refusé de la porter. Tous les élèves étaient fiers de leur maison, et porter les couleur d'une autre signifierait la trahir, c'était l'avis de la Serpentard en tout cas. Dans le cas présent, il est vrai qu'elles n'avaient pas vraiment le choix, c'était pour voir Severus Rogue après tout.

Elles reprirent ensuite leur chemin qu'elles connaissaient par cœur depuis maintenant six ans, car en vingt ans, rien avait changer dans ce château. La salle de potion se trouvait toujours dans ce couloir en pierre froid et sombre.

Plus elle se rapprochait du but, plus le cœur de la rouquine battait fort. Dans quelques minutes, elle serait dans la salle, devant Severus Rogue, le grand, le vrai, son modèle, un grand potionniste, le Prince de Sang-mêlé, et elle appréhendait vraiment le moment.

"Arwenn ? Une fois qu'on y sera, on fera, dira quoi ?" L'interpella Sarah.

Il est vrai qu'elle n'avait pas vraiment réfléchi à la question. Elle se voyait mal arriver tout sourire en disant : "Hey, vous ne nous connaissez pas, c'est normal on vient du futur. On est fan de vous et on voulait absolument vous rencontrer, ça vous dit une photo ?" Non, non, certainement pas, ce n'était pas elle.

"On improvisera" Dit-elle finalement, ne sachant quoi répondre.

Lorsqu'elles arrivèrent devant la porte, Arwenn s'arrêta et souffla un bon coup dans le but de se calmer un peu. Soudain, elle hésita, cela pouvait peut-être attendre non ? C'est vrai, après tout elle ne savaient pas encore comment rentrer chez elles, elles pouvaient y aller le lendemain. La rouquine chassa ces idées de sa tête, il fallait qu'elle prenne son courage à deux mains et qu'elle ouvre cette porte. Elle n'aurait pas été à sa place à Gryffondor, maintenant elle en était certaine.

Elle soupira une dernière fois et ouvrit les portes. Elles ne pouvaient plus faire marche arrière maintenant. La salle était toujours aussi sombre qu'à leur époque et les tables étaient disposées de la même manière. De grosses armoires étaient posées à chaque extrémité de la salle. Et puis là, en face d'elles, se trouvait son bureau où il était assis, penché sur ses copies.

Il releva la tête et détailla les deux jeunes filles. Il prit un air plus doux en voyant qu'elles appartenaient à sa maison, enfin c'est ce qu'il pensait. Il parut quand même un peu surpris, il avait devant lui deux élèves de sa maison et leur visages ne lui disaient absolument rien.

"Que faites-vous ici ?" Dit-il d'un ton froid, habituel à ce que lui avait dit son père.

Le moment fatidique était enfin arrivé, elles ne pouvaient plus reculer. Arwenn se lança, au début sûre d'elle :

"Et bien, comment dire... On aurait besoin d'aide pour..." Commença la Serpentard.

Elle perdit tout ses moyens et ne savait plus quoi dire. La rouquine lança un regard insistant à Sarah, dans l'espoir qu'elle puisse lui venir en aide.

"On improvisera"

Sarah ne put s'empêcher de grimacer. Génial l'improvisation... Quand bien même elles avaient pu espérer qu'il ne les prenne pas pour des idiotes, c'était fini, mort... Elle s'imaginait déjà rester planter comme une asperge à l'entrée du bureau, les yeux rivés sur Severus Rogue, incapable de bouger, de parler ou de faire quoi que ce soit d'humainement normal... Ca allait virer à la catastrophe monumentale. On en parlerait pendant des années de telle manière qu'en 2017, on s'en souviendrait encore...

La porte arriva rapidement. Trop rapidement peut-être même. Elles restèrent un moment devant celle-ci sans rien faire. La Poufsouffle était convaincue que la même idée, de faire demi-tour, leur traversait l'esprit. Étonnamment, cette idée ne lui semblait pas si mauvaise sur l'instant. Et dire qu'elle déclarait à peine quelques minutes plus tôt qu'elle irait coûte que coûte et même seule s'il le fallait... Son assurance s'était envolée à une vitesse affolante... Elle entendit Arwenn soupirer. Elles allaient mourir.

Les portes finirent par s'ouvrir. Le coeur de la Préfète menaçait de lâcher à tout moment... Ses mains tremblaient nerveusement et ses jambes risquaient de la laisser tomber rapidement... Elle releva timidement les yeux. Il était là, à quelques pas d'elle, assis à son bureau. Elle le trouvait bien plus impressionnant que sur toutes les photos qu'elle pouvait avoir dans sa chambre... Peut-être même un peu effrayant... Elle n'osait pas regarder sa camarade, craignant de se réveiller et de voir ce monde, ce moment tant attendu s'effacer aussi vite qu'il était apparu...

"Que faites-vous ici ?"

Le ton qu'il avait employé ne la frappa pas, comme si elle s'y était habituée mais sa voix... D'agréables frissons coururent le long de son dos. Loin d'elle l'envie de paraître groupie et pourtant... Groupie de qui, en plus ? Là, il n'était qu'un professeur comme tant d'autres, probablement plus détesté que ses collègues en plus... Si c'était un rêve, elle ne voulait plus se réveiller, plus jamais...

"Et bien, comment dire... On aurait besoin d'aide pour..."

Pour...? La suite ne vint pas. Sans avoir besoin de confirmation, Sarah sentait sur elle le regard insistant d'Arwenn. Un soudain regain d'assurance l'envahit. Elle ne voulait pas rester figée là, hébétée en attendant qu'on les envoie à Saint Mangouste pour une maladie mentale incurable... Elle voulait rentrer chez elle un jour, pas attendre vingt ans dans une chambre d'hôpital !

"On aurait besoin d'aide pour rentrer chez nous." avoua t-elle finalement.

Il était inutile de mentir. S'il était aussi intelligent qu'elle l'avait toujours imaginé, il avait bien remarqué et compris qu'elles n'étaient pas de Poudlard, du moins pas de ce Poudlard là, qu'il y avait un sérieux problème... Un certain intérêt sembla s'allumer dans les prunelles sombres du Professeur.

"Il y a deux heures, on était en 2017. On a eu un accident de retourneur de temps et on a pensé que vous pourriez nous aider. L'idée d'attendre sagement que le temps passe ne semble pas être une merveilleuse idée. Vingt ans c'est long."

Elle s'apprêtait à dire qu'en plus, elle n'avait pas forcément envie de vivre en temps de guerre, mais elle n'était pas certaine d'avoir le droit de révéler des passages du futur, même à Severus Rogue, alors elle se ravisa, terminant sa phrase par un sourire mi-désolé mi-fasciné.

"Après, si vous aviez le temps de nous expliquer comment fabriquer un philtre de confusion... On vous en serait vraiment reconnaissantes. Notre professeur ne sait vraiment pas faire un cours correct..."

Puisqu'elles étaient là, autant en profiter un peu. Bien entendu, elle savait préparer cette potion, comme Arwenn probablement, mais c'était la seule qui lui était venue à l'esprit... Peut-être parce qu'elles risquaient le contrôle au prochain cours, c'était fort possible...

Arwenn se sentait vraiment mal à l'aise. Elle venait de refiler à Sarah la responsabilité de tout expliquer, ou pas d'ailleurs, à Rogue. En temps normal, elle n'aurait jamais agi ainsi, mais on ne pouvait pas qualifier cette situation de "normale". Premièrement, elles avaient fait un bond de vingt ans dans le passé, chose qu'on ne faisait pas tous les jours. Deuxièmement, elle était ici avec une fille qu'elle ne connaissait même pas. Elle connaissait quoi, son prénom, sa maison ? Cela ne suffisait pas pour connaître une personne. Enfin, elle se trouvait à seulement quelques mètres de Severus Rogue, le vrai. Avec tout cela, elle estimait qu'il y avait de quoi être un peu déstabilisée.

"On aurait besoin d'aide pour rentrer chez nous." Dit finalement Sarah.

Autant dire la vérité, cela ne servirait à rien de mentir. Il aurait, ou avait déjà sans doute, remarqué que ces deux jeunes filles ne faisaient pas parti de ses élèves. Arwenn espérait que le professeur accepterait de les aider, bien que le contraire l'aurait étonné.

"Il y a deux heures, on était en 2017. On a eu un accident de retourneur de temps et on a pensé que vous pourriez nous aider. L'idée d'attendre sagement que le temps passe ne semble pas être une merveilleuse idée. Vingt ans c'est long." Continua la Poufsouffle.

La rouquine approuva d'un signe de tête. C'était la seule solution qu'elle connaissait, mais elle n'était pas envisageable. Si elle attendait vingt ans, elle aurait pratiquement l'âge de ses parents de retour en 2017. Non ce n'était vraiment pas envisageable. Arwenn sourit, gênée.

La blonde demanda ensuite à Rogue s'il pouvait leur expliquer comment fabriquer un philtre de confusion, philtre qu'Arwenn savait parfaitement préparer. Elle voyait ici seulement un prétexte pour en profiter un peu et elle félicitait intérieurement Sarah. Severus accepta poliment et leur expliqua en détail la fabrication de ce philtre, Arwenn bu ses paroles. C'était son rêve de l'avoir comme professeur et elle tenait ici l'occasion d'apprendre quelque chose venant de lui, il fallait bien en profiter. Après son explication, il se leva, Arwenn le trouva beaucoup plus impressionnant ainsi.

"Suivez-moi." Dit-il

Arwenn échangea un sourire complice avec la Poufsouffle. Elle se leva et le suivit. Ils quittèrent la salle et s'avancèrent vers la sortie des cachots sous les regards intrigués des autres Serpentard qui se trouvaient là. La rouquine se demanda où il les emmenait mais ne dit rien. Ils firent tout le chemin jusqu'à l'entrée du bureau du directeur en silence. Arwenn réalisa qu'elle s'apprêtait à voir Dumbledore, qui n'était pas encore mort à cette période de l'année.

Severus donna le mot de passe et ils montèrent l'escalier. Le professeur laissa entrer les deux jeunes filles en première. Arwenn ne se sentit pas dépaysée, ce bureau elle l'avait déjà visité un millier de fois. La seule différence était qu'ici, assis derrière son bureau, ne se trouvait pas McGonagall mais bien Albus Dumbledore. Et à en croire son expression, il n'était pas du tout surpris de les voir ici.

Sarah n'aurait jamais pensé qu'il accepterait de leur accorder réellement du temps, de leur expliquer la fabrication d'une potion aussi basique que celle-ci et pourtant... Peut-être que les bruits qui avaient toujours couru à son sujet n'étaient pas aussi vraies qu'elles l'auraient dû...? Froid, peut-être mais ça s'arrêtait bien là. Elle n'avait rien eu à risquer à demander, et pour une fois, ça avait payé. Un cours avec Severus Rogue... Et mieux encore, un cours particulier. Elle n'avait jamais osé en rêver...

Assise à une table non loin d'Arwenn, la Poufsouffle n'écoutait qu'à moitié. Bien plus fascinée par l'homme face à elle que par ses explications dont elle n'avait pas vraiment besoin. Elle l'observait, le fixait, le contemplait, elle cherchait à graver chacun de ses gestes, chacune de ses expressions dans sa mémoire pour ne rien oublier de cet instant magique, un peu volé, auquel elles avaient le droit. Un sourire discret, timide et subjugué avait pris place sur ses lèvres sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Elle était ailleurs, si loin de la réalité. Un véritable rêve éveillé.

Si contrôle sur cette potion il y avait, elle se devrait d'obtenir un Optimal. Une note excellente, parfaite, comme un souvenir, un hommage à ce cours parfait, à ce parfait professeur d'un soir. Lentement, l'idée que ce cours n'était pas forcément obligé d'être une exception s'insinua dans son esprit, l'éloignant un peu plus encore du chaudron qui bouillonnait devant elle. Peut-être que si elles gardaient le retourneur de temps... Severus ne lui laissa pas le temps de réfléchir plus longtemps.

"Suivez-moi."

Elle releva les yeux vers lui, grand, sombre, impressionnant et mystérieux. Mystérieux... Autant qu'elle l'avait toujours rêvé, lui donnant envie d'en savoir encore davantage à son sujet, de percer les mystères dont il s'entourait. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait réellement insignifiante. Une idiote, une gamine face à un tel personnage. Sarah se leva à son tour, croisa le regard de la Serpentard et lui rendit son sourire. Elle n'avait pas l'air déçu de reprendre de A à Z la préparation qu'elles avaient déjà dû apprendre en cours, c'était toujours ça.

Ils sortirent de la salle et parcouraient les couloirs en silence. La Poufsouffle savait parfaitement où il les emmenait et n'en était pas forcément ravie. Ses parents lui avaient souvent parlé de leur directeur, son père surtout, insistants sur le privilège qu'il accordait en quasi-permanence au célèbre Harry Potter... Un vieux fou, certes intelligent, qui cherchait souvent à mettre en valeur les Gryffondor mais dont la mort restait cependant une chose regrettable pour l'école... Elle n'avait jamais vu en quoi. L'acte en lui même était regrettable, mais pas sa mort. Elle n'avait pas vraiment envie de le rencontrer mais n'en fit part à personne, se contentant de suivre le rythme sans un mot.

Le professeur donna le mot de passe et tous trois montèrent l'escalier. Il les laissa entrer dans le bureau, ce que la Préfète ne vit pas de bon coeur. Elle détacha enfin l'écharpe d'Arwenn, qu'elle portait autour de son cou. La porte se referma derrière elles mais elle ne prit pas la peine de se retourner, jaugeant du regard le directeur assis à son bureau. Il semblait s'attendre à leur visite.

"Vous pouvez faire quelque chose, n'est-ce pas ?" demanda t-elle froidement, sur un ton de défi.

Après tout, on le disait intelligent, brillant même. Elle n'en avait jamais été réellement convaincu. Quelqu'un qui renonçait au poste de Ministre n'avait rien de brillant, au contraire. Elle le voyait comme un homme mentalement atteint, sans grande ambition... Mais elle ne demanda qu'à avoir des preuves du contraire, et c'était une bonne occasion après tout...

L'ancien directeur de Poudlard avait l'air de savoir parfaitement la raison de leur présence ici. Un homme très intelligent disait-on. Il fixait les deux jeunes filles en silence, attendant que l'une des deux se manifeste. Arwenn allait prendre la parole, mais Sarah la devança.

"Vous pouvez faire quelque chose, n'est-ce pas ?" demanda froidement la Poufsouffle.

Cette dernière n'avait pas l'air de le porter dans son cœur. A vrai dire, Arwenn non plus. C'était un vieux fou, ancien Gryffondor, qui privilégiait sa maison et également le «Sauveur du monde Sorcier» Harry Potter. C'était son père qui lui avait raconté tout ça, les Serpentard n'étaient pas vraiment bien vus à cette époque, c'est pourquoi il n'a pas vraiment gradé un très bon souvenir de son directeur.

Dumbledore, toujours silencieux, tendit sa main. Arwenn toucha instinctivement son cou où était suspendu le sablier. Elle pouvait le sentir au travers de ses vêtements. Elle le retira délicatement et s'avança vers le bureau du professeur. Elle hésita un instant mais le laissa finalement tomber dans la main qu'il tendait.

Il l'examina brièvement et invita les deux jeunes filles à s'avancer. La Serpentard s'exécuta bientôt suivie de sa camarade. Il plaça le collier autour de leur cou et commença à tourner le sablier dans le sens inverse. C'était si simple que ça ?

Alors que le sablier tournait plus rapidement, il leur assura qu'il ferait en sorte qu'il n'y ait aucune incidence sur le futur. Arwenn regarda une dernière fois Severus, toujours présent. Elle se fichait des possibles répercutions sur son présent,elle voulait seulement se souvenir de cette journée et surtout de sa rencontre avec le professeur. Soudain tout bougea plus rapidement. Ce dernier devint de plus en plus flou et finit par disparaître complètement. Elle regrettait déjà d'être partie si tôt.

Tout redevint finalement calme. Elles se trouvaient toujours dans la tour d'astronomie. Peu de temps semblait s'être écoulé depuis qu'elles étaient parties, quelques heures plus tôt pourtant. Elle fut soulagée de se souvenir de tout et repensa aux merveilleux moment qu'elle avait passé. Son ventre grogna ce qui l'a ramena à la réalité.

"Tu sais ce que tout le monde aime ? Le clafoutis. T'as déjà rencontré quelqu'un à qui tu dis : « fais péter le clafoutis ! », et qui te dit, « j'aime pas le clafoutis » ? Il n' y a rien de plus clafoutant que le clafoutis !" dit-elle d'un coup.

Elle plaqua sa main sur sa bouche. Avait-elle vraiment dit ça ? Elle se rassura en mettant ça sur le compte du voyage qui l'avait un peu retournée et qu'elle ne devenait pas complètement folle.

"Je suis désolée, c'est mon ventre qui parle pour moi. Bon écoute-moi bien parce que je ne le dirais qu'une fois. J'ai beaucoup apprécié ce «voyage» en ta compagnie et j'espère que l'on aura d'autre occasion de se revoir." avoua t-elle en retirant le sablier de son cou. "Tu veux le garder ?" ajouta t-elle.

[Je vais tuer Georgiana. XD]

Dumbledore tendit sa main et après ce qui sembla être une hésitation, hésitation que Sarah comprit parfaitement et approuva même silencieusement, Arwenn y mit le retourneur de temps. Il l'examina quelques secondes, un temps qui lui parut interminable alors que l'idée d'un retour en 2017 n'était plus vraiment présente dans son esprit, puis il les invita à s'avancer vers lui. La Poufsouffle ne put s'empêcher de se demander s'il n'allait pas les AvadaKedavriser sur place pour avoir enfreint autant de lois sorcières et de règlements de l'école mais elle se ravisa, Albus Dumbledore aussi dérangé soit-il n'était pas réputé pour tuer ses élèves, ou des élèves en généralisant un peu plus, circonstances obligent. Elle vit sa camarade faire quelques pas vers le bureau alors elle l'imita sagement.

L'actuel Directeur passa la chaîne du collier autour de leurs cous et fit faire au sablier des tours dans le sens inverse. Alors c'était tout ? Il n'y allait pas avoir de potions affreuses à avaler, ce qu'elle aurait courageusement fait pour ne pas passer pour une idiote devant le Prince, ni même de sortilèges complexes à réaliser ou de manipulation dangereuses et douloureuses à réaliser ? Il suffisait de faire le contraire ce qui avait été déjà fait...? C'était si bête que Sarah était persuadée que vingt ans n'aurait pas suffit pour y penser. Au milieu de cette réflexion pour le moins constructive, elle prit conscience que leur voyage s'achevait, qu'elle allait retourner dans leur monde, bien loin de celui dont elle avait rêvé tant de fois. Elle n'était pas convaincue d'avoir envie de quitter cette époque, mais faute de mieux, elle se tut.

La Préfète quitta le sablier des yeux et porta toute son attention sur Severus Rogue, toujours là. Elle ne savait pas s'il avait compris dès le début qui elles étaient et que c'était pour cette raison qu'il ne s'était pas montré aussi froid, cinglant et détestable qu'on le lui avait toujours dépeint mais elle s'en fichait. Il s'était montré à la hauteur des attentes et espoirs silencieux qu'elle avait toujours placé en lui. Peut-être avait-il été au courant d'une manière ou d'une autre qu'elles viendraient lui rendre visite ? L'envie irrépressible de retirer cette foutue chaîne et de lui sauter dans les bras comme l'aurait fait une enfant l'envahit mais avant qu'elle n'ait eu le temps de se ridiculiser, tout se mit à bouger rapidement une nouvelle fois, effaçant toute trace des deux hommes...

Les deux adolescentes retrouvèrent leur place initiale, à savoir les escaliers de la Tour d'Astronomie. Tout était aussi calme que lorsqu'elles l'avaient quitté. Il ne semblait s'être écoulé qu'une poignée de secondes seulement depuis l'accident et pourtant... Un sourire rêveur s'afficha doucement sur le visage de Sarah puis, alors qu'elle réalisa pleinement qu'elles auraient pu risquer leur vie mais qu'elles étaient rentrées chez elles saines et sauves, elle se mit à esquisser quelques pas de la Macarena en riant, le stress retombait, elles ne risquaient plus rien. L'estomac d'Arwenn se manifesta dans la foulé, probablement content lui aussi d'être revenu en 2017.

"Tu sais ce que tout le monde aime ? Le clafoutis. T'as déjà rencontré quelqu'un à qui tu dis : « fais péter le clafoutis ! », et qui te dit, « j'aime pas le clafoutis » ? Il n' y a rien de plus clafoutant que le clafoutis !"

La Poufsouffle posa un regard surpris et amusé sur sa camarade. Elle n'aurait jamais imaginé entendre des paroles aussi étranges, presque insensées, de la bouche de la Verte et Argent, mais elle mit ça sur le compte du voyage dans le temps, qui semblait les avoir atteintes, aussi bien l'une que l'autre. Elle ne pouvait donc décemment pas en tenir rigueur, ce qui n'était pas plus mal d'ailleurs. Elle ne put retenir un sourire un brin moqueur mais loin d'être méchant lorsqu'elle la vit plaquer ses mains sur sa bouche, c'était un peu tard pour bloquer le passage, c'était déjà sorti.

"Je suis désolée, c'est mon ventre qui parle pour moi. Bon écoute-moi bien parce que je ne le dirais qu'une fois. J'ai beaucoup apprécié ce «voyage» en ta compagnie et j'espère que l'on aura d'autre occasion de se revoir."

Une certaine émotion la rattrapa lorsqu'elle hocha la tête, comme pour lui dire qu'elle pensait la même chose. Elle était tout bonnement incapable de parler, sa gorge s'étant resserrée brusquement. Un peu plus et elle allait chouiner comme une gamine... Elle n'aurait jamais pu que se retrouver si loin de chez elles les aurait rapproché, mais finalement... Sans ça, elles n'auraient probablement jamais eu l'occasion de s'adresser la parole, pas même de vivre quoi que ce soit ensemble. Ce incident n'avait pas eu beaucoup de mauvais côté en réalité... Quand elle lui proposa le retourneur de temps, la blonde haussa légèrement les épaules.

"Oui, pourquoi pas. On aura probablement l'occasion de s'en servir de nouveau... J'ai un très mauvais pressentiment: Je suis sûre que je ne vais pas comprendre grand chose en potions cette année, et qu'il me faudra des cours particuliers..." plaisanta t-elle, une once d'envie et de vérité mêlée malgré tout à ses mots.

Elle le rangea précautionneusement dans son sac, oubliant jusqu'à l'existence du vol qui les avait mené jusque là. Si rien n'avait été volé, il n'y aurait rien à ramener dans le bureau de Jefferson après tout... Elle soupira doucement, heureuse et triste à la fois et après un dernier sourire à sa camarade, à son amie peut-être même, elle disparut dans les escaliers...