Cinquième année

Les journées se suivent et se ressemblent beaucoup trop à mon goût. Je vais en cours, je mange, je dors, et le lendemain je recommence exactement la même chose. Heureusement qu’il y a mes peintures, mes dessins et le Quidditch pour me changer un peu l’idée. J’aimerais réussir à considérer Poudlard comme ma maison, c’était le cas avant, mais j’ai beaucoup de mal à le considérer comme telle maintenant que mon école s’est transformée en un lieu de torture. Certes, il n’y a plus de traces des horreurs qui se sont déroulées ici mais moi je les vois encore partout, dans tout ce que je fais, tous les petits gestes du quotidien. A chaque fois que je m’assois à la table des Serpentard pour le petit-déjeuner, je me rends compte que cette habitude que je pensais acquise auparavant est plutôt agréable à retrouver. Je profite de chaque instant de bonheur parce que je sais que du jour au lendemain on peut me les retirer de nouveau. Je crois que c’est bien ça mon problème en définitive, j’ai l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête et cette sensation est compliquée à supporter. Je suis sûre que beaucoup de gens me diraient que je suis stupide, que ça ne risque pas d’arriver. Mais l’année dernière à la même période, personne n’aurait imaginé que des Mangemort débarqueraient dans les couloirs, attaqueraient les élèves et prendraient le contrôle de l’école tout en débarrassant le château de potentielles personnes qui pourraient essayer de leur nuire ou d’être en désaccord avec la nouvelle politique d’éducation. Parfois, je me demande si je n’aurais pas mieux fait de rester à Oxford, avec ma famille, j’aurais sûrement eu beaucoup moins peur. Mais je sais que je n’aurais pas supporté d’avoir abandonné ma jumelle, mon frère et tous mes amis. Je suis obligée de continuer parce que je ne veux pas abandonner cette partie de moi. Je sais que si je quitte Poudlard maintenant, je pourrais faire une croix sur le monde magique parce que je ne suis pas encore assez expérimentée pour faire mes propres armes sans poursuivre ma scolarité au château. Alors je serais plus forte que ça et je continuerais à avancer tant bien que mal. J’espère qu’avec le temps, les mauvais souvenirs s’estomperont et que ma routine se rétablira d’elle-même. Je me rends déjà compte que je ne sursaute plus trop quand quelqu’un arrive derrière moi et qu’il m’arrive de pouvoir passer plusieurs heures sans repenser aux affreux souvenirs qui me hantent encore. Je dors beaucoup mieux aussi, je crois que le fait d’être aussi entourée aide finalement. A la ferme, je ne supportais plus qu’on soit les uns sur les autres, mais maintenant je me rends compte qu’être entourée est justement ce qui fait ma force et je ne remercierais jamais assez mes amis et ma famille d’être là pour m’épauler.

Aujourd’hui, je me retrouve assise devant mon pupitre en cours de sortilège. Je me suis placée au troisième rang et fixe la porte placée devant moi avec étonnement. Je ne sais pas trop de quoi va parler ce cours mais en général il fait partie des enseignements que j’aime bien parce que la théorie laisse souvent rapidement place à la pratique. Mais évidemment, avant tout ça nous avons droit au fidèle discours de rentrée que je commence à connaitre par cœur. Nos professeurs aiment bien nous mettre la pression pour la cinquième année car il s’agit de la première année où nous avons à passer des examens officiels. Je ne suis pas spécialement ravie de devoir subir une telle pression mais j’ai déjà entendu le même discours l’année dernière alors je sais qu’ils essaient juste de nous mettre rapidement au travail et que de toute façon, quoi qu’il arrive, je ferais le minimum syndical, comme d’habitude. Je n’aime pas travailler, je n’y arrive pas, ça me fait chier d’apprendre plein de trucs par cœur. Autant je n’ai pas de souci lorsqu’il s’agit de m’entrainer pour un sortilège ou faire des potions mais dès que je dois ouvrir un bouquin, je pars en courant. Le professeur Winslow nous conseille évidemment de nous mettre très sérieusement au travail et je sais que je ne vais pas avoir le choix que de bosser sa matière si je veux espérer la continuer pour mes ASPIC. En réalité, je n’ai pas du tout réfléchi à ce que je ferais de ma sixième ou de ma septième année, ça me parait tellement loin encore. Pourtant, j’ai conscience que si je veux pouvoir mettre toutes les chances de mon côté, il ne faut pas que je néglige un enseignement tant que je n’aurais pas des plans un peu plus précis pour mon avenir. Pour le moment, mon cœur balance toujours entre le sport et le dessin et j’avoue que je ne me vois pas du tout faire de longues études, mais j’ai encore le temps de changer d’avis. Il est difficile de prévoir son avenir à seulement seize ans et je me demande si mes camarades sont, comme moi, perdus dans le brouillard. Je fixe toujours la porte devant mon pupitre lorsque le professeur annonce enfin l’objet du cours. « Bien, qui connaît le sortilège d’impassibilité et ses effets ? » Le sortilège d’impassibilité… Je fronce les sourcils, ça me dit quelque chose mais je n’arrive pas vraiment à savoir quoi. De toute façon, comme d’habitude Tracy prend rapidement la parole pour expliquer à tout le monde de quoi il retourne. « Professeur ? Le sort d’impassibilité permet d’empêcher d’écouter aux portes. Même les oreilles à rallonge sont également affectées. » Sa réponse provoque enfin le déclic dans ma tête, je sais de quoi elle parle ! Il est étonnant que je connaisse un sortilège avant qu’on l’ait étudié en cours, ce n’est pas mon genre de prendre de l’avance ni de lire quoi que ce soit. Cependant, avec Isidore, nous nous étions renseignés sur le sujet auparavant pour l’une de nos bêtises, alors je vois bien de quoi il s’agit. Je lève la main à mon tour, heureuse de pouvoir apporter un élément de réponse, pour une fois. « Il est impossible de distinguer à l’œil nu qu’une porte a subi ce sortilège mais si on lance un objet contre une porte et qu’il rebondit sans la toucher, ça veut dire qu’on lui a lancé ce sort… N’est-ce pas ? » D’un seul coup, je doute de ma propre réponse alors que j’ai pourtant vérifié cet aspect du sortilège par moi-même. En même temps, j’ai tellement peu l’habitude de prendre la parole en cours que je suis presque surprise par le son de ma voix.

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Cinquième année

L’idée de sécher ce cours de sortilège tentait bien Sinéad. Certes, c’était le premier cours de l’année et son absence serait sans doute remarquée mais franchement, était-ce vraiment utile d’y participer ? La rouge et or s’était mis une pression monstrueuse depuis le début de cette année scolaire parce qu’elle savait qu’il lui faudrait réviser tout ce qu’elle avait appris depuis le début de sa scolarité si elle voulait avoir d’excellentes notes à ses BUSE. Or, bien réussir pour rendre fier ses enseignants était vraiment très important pour elle et la Gryffondor était prête à se donner à cent cinquante pour cent pour y parvenir. Sauf qu’à force de se dire qu’il fallait qu’elle révise beaucoup, qu’elle se donne à fond et qu’elle ne néglige aucun des enseignements qu’elle suivait en ce moment, la rouge et or commençait tout simplement à saturer et pour le coup, elle aurait bien passé la journée au fond de son lit plutôt que d’aller en cours. Ça aurait été un peu dommage parce que Sinéad adorait le cours de sortilège, ou en tout cas, elle s’y amusait bien. Elle voulait gagner sa vie en fabriquant des baguettes plus tard, alors s’intéresser au sortilège lui paraissait primordial pour qu’elle réussisse correctement son futur métier. Peut-être devrait-elle parler au professeur Winslow de sa future ambition ? Après tout, il devait s’y connaitre dans le domaine. Mais pour cela, il fallait avant tout qu’elle cartonne ses BUSE pour pouvoir continuer à suivre ce cours l’année prochaine. Malheureusement, ça prouvait évidemment qu’elle ne pouvait pas se permettre de sécher le cours de sortilège aujourd’hui et qu’elle devait évidemment bouger ses fesses pour se rendre en cours avant de prendre le risque d’être en retard et de faire perdre des points à sa maison. Elle ne se souvenait pas s’il était dans les habitudes de son enseignant de leur retirer des points si jamais ils n’arrivaient pas à l’heure, mais dans le doute, mieux valait s’abstenir. La Gryffondor avait évidemment très envie qu’ils remportent la coupe cette année, surtout que son jumeau était préfet et que la fierté de toute sa maison rejaillirait forcément sur son frère. Autant dire qu’elle avait un peu prévu d’être une sorte de bras droit pour lui et qu’elle ne pouvait pas se permettre de se faire remarquer dès les premiers cours de l’année de peur de s’attirer les foudres de celui qui occupait la place la plus importante dans son cœur.

C’est donc la mort dans l’âme que Sinéad se fit violence et se retrouva assise à une table, devant une porte étrange, à écouter leur professeur leur rappeler l’importance de l’année des BUSE et le lourd travail qui les attendait. Tout cela ne rassurait pas la jeune fille mais elle savait qu’elle se montrerait sérieuse et assidue. Son travail serait certainement récompensé, il y avait peu de doutes là-dessus. Et dans le pire des cas, elle parviendrait toujours à recoller les pots cassés en prouvant à ses professeurs qu’elle s’était montrée travailleuse durant toute l’année et que l’échec de ses examens était quelque chose de ponctuel lié au stress ou à une mauvaise journée. Aurait-elle le droit de suivre des cours même sans avoir obtenu les notes nécessaires à la poursuite des dites matières ? Elle n’en savait rien. Peut-être que certains de ses enseignants seraient indulgents parce qu’ils la connaissaient bosseuse mais ce ne serait pas le cas de tous les enseignants. Par exemple, elle voyait mal le professeur Burgess faire preuve d’indulgence. Leur professeur de potions avait beau être absolument formidable, elle n’était pas spécialement flexible et avant qu’elle parvienne à faire passer les sentiments avant le règlement, il risquait de se passer du temps. Pour ce qui était du professeur Winslow, elle n’en savait trop rien en vérité, elle ne voyait pas trop de quoi il était capable. Il avait l’air plutôt gentil comme ça, ce n’était pas le professeur avec la plus grosse autorité du monde mais ses cours étaient intéressants et en général les élèves se tenaient tranquilles et faisaient preuve d’assiduité. Du coup, dans ses souvenirs, elle ne l’avait pas franchement vu s’énerver et elle n’avait jamais eu à lui soumettre une aussi importante requête donc elle n’arrivait pas du tout à savoir ce qu’il en dirait. De toute façon, mieux valait ne pas commencer par envisager l’échec qui n’arriverait peut-être pas avec un peu de chance. Sinéad devait se faire confiance et éviter de se montrer pessimiste sinon il était fort probable que sa meilleure amie, Alaska, soit en train de déteindre sur elle et ça ne laissait rien présager de bon. La jeune fille devait absolument se reprendre. Heureusement pour elle, le cours commençait enfin et elle s’appliqua à prendre des notes sur le fameux sortilège d’impassibilité qu’elle allait étudier aujourd’hui. Elle ne connaissait rien de ce sortilège aussi se garda-t-elle de prononcer le moindre mot à la suite de Tracy et Savannah, continuant simplement à écrire tout ce qu’elle pouvait sur son parchemin.

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J’aimais plutôt bien le cours de sortilège et après un cours de vol, je trouvais que cela créait la transition parfaite avec le déjeuner. Je m’étais bien dépensée, ce matin, sur mon balai et ma performance avait été pas mal remarquable. Je me sentais prête à postuler auprès d’Oliver pour qu’il me prenne dans son équipe, cette année. L’an dernier, Anoushka m’avait devancée au poste de Poursuiveur mais cette fois-ci, je comptais bien réussir mes sélections. Perrin n’aimait pas du tout ce sport et il ne me le cachait jamais, cependant, moi ça me plaisait et j’avais vraiment envie d’essayer cette expérience.

C’était donc avec cette pensée enthousiaste que je me suis rendue dans mon dortoir pour me changer rapidement et prendre mon sac qui contenait quelques livres de cours. J’ai vidé son contenu, ne laissant à l’intérieur que celui de Sortilèges. Puis, j’ai descendu les étages jusqu’à atteindre celui qui menait à la tour de Serdaigle. Non-loin de là, la classe du professeur Winslow nous attendait déjà, la porte ouverte. J’ai aperçu Perrin et Sinéad que j’ai salué avec sourire puis je suis entrée à mon tour dans la pièce. Ce cours avec cet homme-là m’avait pas mal manquée car je devais bien avouer que je n’avais pas du tout apprécié les méthodes du Mangemort qui l’avait remplacé l’an dernier. Au moins, maintenant, on allait reprendre de bonnes habitudes et suivre un enseignement de qualité. Pas que je sois une brillante élève pour autant, loin de là, mais je savais être un minimum attentive quand le professeur était bon. Sauf en Histoire de la Magie, il ne faut pas déconner.

Après que je me sois installée près de Perrin et de Megan ‒ qui était toujours radieuse, comme d’habitude ‒ j’ai levé un regard vers le professeur Winslow qui entama son discours de début d’année en nous parlant des BUSEs et du sérieux à faire preuve pour tenir le rythme. Sa tirade a été plus courte mais efficace, me laissant le temps d’observer avec curiosité la petite porte qui était collée à mon pupitre. Tiens, tiens, je me demandais bien à quoi cela allait bien pouvoir nous servir. La réponse n’a pas tardé à s’inscrire sur le tableau : Sortilège d’impassibilité. Personnellement, je ne le connaissais que de nom pour en avoir déjà entendu parler quelque part mais je n’étais pas en mesure de deviner de quoi il en retournait exactement. Tracy ‒ que je n’appréciais toujours pas pour ce qu’elle avait fait à Megan ‒ a pris la parole en première, nous donnant une partie de la réponse. Sur le coup, j’ai trouvé ça plutôt pratique comme sort pour empêcher les oreilles curieuses et certains devraient l’utiliser afin de ne pas être sujet à des rumeurs fâcheuses. Oui, nous savions tous que Poudlard regorgeait de personnes à la vie si passionnée qu’elles ne pouvaient s’empêcher de se mêler de celle des autres. Savannah ajouta ensuite d’autres explications, déclarant qu’une porte ayant subi cet enchantement fait rebondir tout objet lancé vers celle-ci sans qu’elle ne soit touchée. Sa réponse m’a plongée dans quelques pensées ; si cela fonctionnait sur des portes, qu’en étaient-ils des murs ? Pouvait-on insonoriser toute une pièce avec ça ?

Les participations n’en finissaient jamais et ça a été le tour de Spencer de lever la main, ce qui ne m’étonnait pas de lui. Il était très doué comme garçon et il avait pris l’habitude de m’aider en Histoire de la Magie, avant qu’il ne soit enfermé dans les cachots. J’étais très heureuse de le revoir en cours comme n’importe quel autre élève et j’espérais qu’il parvenait à se remettre peu à peu de ce qu’il avait vécu. Durant les vacances d’été, nous avions correspondu par lettre et il m’avait avoué être déçu de son redoublement mais en dehors de cela, il m’avait dit être bien content de reprendre une vie normale. J’ignorais s’il me cachait des choses mais, à cet instant, j’avais en effet l’impression qu’il arrivait à avancer et à tourner la page sur les horreurs qu’il avait pu voir ou subir. Rien que pour ça, il avait tout mon respect. Tout en l’observant, la plume en main, j’ai repensé à ses mots à tel point que je n’ai même pas compris sa réponse au professeur Winslow. J’ai juste saisi le mot « porte » à la fin mais cela n’allait certainement pas m’avancer plus sur l’explication en question…

J’étais sur le point de donner un petit coup de coude discret à Perrin pour lui demander de me laisser copier la phrase à noter mais je me suis retenue de le faire. Il allait trop mal en ce moment et il avait beau essayer de le cacher ou de ne pas en parler, je savais ce qui le chagrinait tant. J’étais tellement désolée pour lui, désolée d’être inutile et impuissante face au décès de son meilleur ami Phen et je m’en voulais d’un côté d’avoir été si médisante à son égard à cause d’une histoire de cœur avec Niamh… Si seulement je pouvais retourner dans le passé, j’aurais tout fait pour empêcher sa perte.

‘Ca te dit de sortir dehors avant le dîner ? J’ai quelque chose à te montrer.’

J’ai fait passer le mot à Perrin très discrètement en jetant un œil à notre enseignant, trop occupé à donner des explications approfondies. Ma mission était de le sortir de son état de détresse même si ce ne serait que temporaire. Je refusais de le voir déprimer encore et encore… J’étais consciente que je ne pourrais pas lui rendre le sourire d’un seul coup et lui faire oublier ce qu’il s’était passé mais je ne voulais pas qu’il sombre et qu’il perde sa joie de vivre. Ce serait bien trop affreux et j’étais sûre que Phen n’aurait pas voulu ça…

« … est en effet que la porte affectée va violemment repousser tout projectile lancé contre celle-ci, sans même la toucher... »

Oops. J’ai carrément zappé Winslow avec toutes ces histoires, ça la fout mal ! Bon, cette fois-ci, il était certain que mon cours contiendrait des zones vides alors j’ai passé des lignes en espérant les compléter une autre fois dans la semaine en empruntant le cours de Megan, par exemple. J’ai cependant repris rapidement mon sérieux pour noter le reste. A peine ai-je eu le temps de finir qu’il a déjà annoncé le début de la partie pratique qui consisterait à devoir impassibiliser les portes miniatures situées sur notre pupitre afin de nous entraîner à lancer le sort sur la porte de la salle en fin d’heure.

« Auris Arceo… Il faut que je retienne. » Me suis-je dit en fronçant légèrement des sourcils.

Il y avait aussi une gestuelle à respecter mais ça, je pensais pouvoir la gérer. Après tout, je n’étais pas mauvaise en sortilèges, loin de là. Disons que je savais me débrouiller à force de m’entraîner. Assez confiante, j’ai observé la démonstration du professeur dont la porte a effectivement fait rebondir la balle qu’il tenait deux secondes auparavant entre les mains. C’était plutôt sympathique comme début d’année pour reprendre les bases de la magie et des sorts plutôt utiles.

« Bien, vous pouvez y aller. »

J’ai tendu ma baguette en bois de Sycomore vers la petite porte et j’ai aussitôt ressenti des vibrations de sa part. J’ai souri, sachant pertinemment ce que cela signifiait. Elle adorait les nouvelles expériences et elle avait hâte d’assimiler ce nouveau sort, ce qui était plutôt motivant. Ne restait plus qu’à savoir en combien d’essais je parviendrais à bien l’exécuter.

« Auris Arceo. »

1 ‒3 ‒ 5 : Tasha lance le sort et une couche quasi-invisible vient entourer la petite porte. Winslow lance la balle sur celle-ci et elle rebondit ! C’est un premier essai plutôt convaincant.
2 : Il y a bien un petit filet lumineux qui sort de sa baguette et qui atteint la porte mais lorsque le professeur lance sa balle, cette dernière ne rebondit pas. On réessaie avec plus de concentration !
4 ‒ 6 : Le sort s’appelle bien Auris Arceo, n’est-ce pas ? Non parce que à ce compte-là, un incendio aurait donné la même chose ! Lorsque Tasha prononce le sort, elle se trompe dans son geste et la petite porte se met à flamber. Ca craint ! « Euh, professeur ? Je crois qu’il y a un problème. »

Cinquième année

Je suis la première surprise d’avoir réussi à prendre la parole pour donner une réponse pendant un cours et je ne suis manifestement pas la seule puisque Avalon se retourne vers moi, l’air tellement choqué qu’elle en oublie de donner un élément de réponse. Je lui adresse un sourire timide, non sans m’empêcher de penser que l’effet de surprise était plutôt cool s’il permettait de ne pas faire gagner de points à Serdaigle pour une fois. Ma sœur est chiante, elle sait beaucoup trop de choses, s’en est presque irritant. Bon, je l’adore quand même, hein, mais ça devrait être interdit d’être aussi brillante, surtout quand on a une sœur jumelle qui est beaucoup moins talentueuse, bonjour le complexe d’infériorité que je me farcis depuis des années… Et encore, ma sœur a eu la gentillesse de ne pas passer en sixième année en m’abandonnant à mon triste sort, je pense que ça aurait été la fin des haricots, pour moi, même si j’aurais été évidemment contente pour elle en la voyant éviter le redoublement de masse auquel la plupart des nés-moldus ont été malheureusement soumis. Mais bon, au moins, elle était là, près de moi et je dois admettre que même si voir qu’elle est constamment meilleure que moi en classe n’est pas tous les jours faciles, sa présence à mes côtés est plus que rassurante. « En effet, vous avez tout juste. Vous avez bien mérité quelques points pour vos maisons respectives. » J’ai raison ?! J’ai raison et j’ai fait gagner des points à ma maison ?! Je manque de m’étouffer de bonheur et me retiens de justesse de lever une nouvelle fois la main pour demander à notre professeur s’il ne se fout pas un peu de ma gueule. C’est mon moment de gloire, ma bonne réponse en cours, la seule ou presque depuis que je suis entrée à Poudlard. En général, quand j’ouvre la bouche, c’est qu’un professeur m’a posé directement une question, le reste du temps je me contente bien évidemment de me taire. Je fais la danse de la joie intérieurement mais essaie tant bien que mal de rester impassible alors que je note les éléments de réponse supplémentaires apportés par le professeur Winslow sur mon parchemin. Je suis vraiment concentrée, sûrement parce que pour une fois, je ne suis pas complètement à la ramasse par rapport aux autres. Comme quoi, le mental, ça aide vachement.

L’explication terminée, nous allions pouvoir passer à la pratique en utilisant les portes situées devant nous. J’admets que ce cours a l’air plutôt fun contrairement à beaucoup d’autres. Je trouve ça assez marrant de pouvoir tester le sortilège d’impassibilité sur cette pseudo porte virtuelle pendant que notre professeur jouait à la balle dans toute la salle de cours. Je veux réussir ce sortilège, il est beaucoup trop amusant ! Avant de me mettre à la véritable étape pratique, je répète évidemment le mouvement de la baguette tel que montré par notre professeur. Ce n’est pas bien difficile puisqu’il ne s’agit que d’une simple vague accompagnée d’un mouvement sec vers le bas. Je le refais une ou deux fois pour être sûre de l’avoir bien en tête avant de me lancer dans l’exercice en lui-même. Comme d’habitude avant de tenter un nouveau sort, je ressens une légère pointe d’angoisse. Je sais que je ne suis pas la meilleure sorcière du monde même si je ne suis pas non plus complètement nulle. Mon absence totale d’assiduité scolaire rend parfois les choses un peu compliquées pour moi mais ce n’est pas pour autant que j’ai envie de me faire remarquer comme étant le cancre total de la classe. Autour de moi, l’exercice a déjà commencé, je vois la balle du professeur Winslow rebondir sur la porte impassibilisée brillamment par Tasha et je ne peux m’empêcher d’espérer faire aussi bien qu’elle. De la même manière, Tracy réussit elle aussi parfaitement bien l’exercice ce qui me met encore davantage de pression. Il faut que j’arrête de les regarder et que je me concentre un peu plus, maintenant. Je me détourne donc de mes camarades et répète silencieusement le sortilège dans ma tête avant d’essayer pour la première fois à voix haute. Pourvu que ça marche. « AURIS ARCEO. » Je prononce ces mots clairement et distinctement, reproduisant du mieux que je peux le mouvement de baguette que j’ai répété au préalable, je ne peux pas échouer.

1 et 2 – Réussite parfaite, tout se passe à merveille, la balle du professeur Winslow rebondit sur la porte, je suis super fière de moi !
3 et 4 – Je crois que mon mouvement n’était pas très appliqué, j’ai eu du mal à le coordonner parfaitement avec le son de ma voix et je suis presque sûre que ça ne sera pas parfait, d’ailleurs, au lieu de rebondir parfaitement sur la porte, la balle semble plutôt rouler le long de celle-ci sans la toucher avant de tomber au sol, certes, elle n’a pas heurté la porte, mais le beau rebond attendu n’était pas là.
5 et 6 – Franchement, je m’attendais à tout sauf à ça… C’est un éclair qui sort de ma baguette pour aller frapper de plein fouet la porte. Celle-ci se retrouve avec un trou béant en plein centre duquel s’échappe de la fumée noire plutôt opaque. On dirait qu’elle a brûlé, c’est la catastrophe… Je crois que le professeur Winslow n’a pas besoin de lancer sa balle pour comprendre que c’est foiré.

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Cinquième année

Le cours sur le sortilège d’impassibilité se déroulait le plus normalement du monde et Sinéad avait tout simplement hâte d’arrive à la partie pratique du cours. Elle aimait bien la théorie mais à petite dose et parvenait à rester concentrée uniquement parce qu’elle savait qu’elle aurait besoin de toutes ses notes de cours pour espérer réussir ses examens qu’elle travaillait déjà à l’avance tant elle craignait d’échouer. Ce n’était pas forcément pour elle-même qu’elle avait peur de rater, après tout vu qu’elle voulait se lancer dans une profession plutôt artisanale, elle doutait d’avoir besoin un jour de toutes ces connaissances théoriques, mais elle savait que sa mère comptait sur sa réussite et malgré les conflits qui les opposaient, elle ne voulait pas la décevoir. Et puis, il y avait son père aussi, ce père qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle avait tellement envie de rencontrer. Peut-être que s’il avait de quoi être fier d’elle, il finirait par se présenter un jour et par lui avouer qui il était ? Il ne l’avait pas fait pendant toutes ces années, certes, mais c’était sans doute simplement parce qu’il était un peu intimidé, c’était tout à fait possible, non ? Bon, peut-être pas en fait mais Sinéad voulait envisager cette option parce qu’elle n’arrivait tout simplement pas à en envisager une autre. Elle voulait son père à ses côtés et elle s’imaginait que si elle persévérait, elle finirait un jour par le retrouver. Sauf qu’avec seulement son prénom en sa possession, elle ne risquait pas d’aller loin et c’était la raison principale pour laquelle sa mère et elle étaient en opposition permanente. Elle en voulait à cette dernière de faire autant de rétention d’informations, elle aurait pu lui en révéler plus pour l’aider dans ses recherches mais elle jouait les carpes, restant muettes devant toutes ses interrogations. C’était plutôt difficile à supporter pour la jeune fille qui rêvait de connaitre celui qu’elle adulait depuis sa plus tendre enfance. Peut-être qu’il ne méritait pas d’avoir un rôle dans sa vie, elle ne pouvait pas le nier puisqu’elle ne le connaissait pas du tout, mais elle aurait au moins dû avoir le droit de choisir et ce choix lui avait été enlevé par celle qui devait théoriquement vouloir son bonheur. Savoir que sa mère se fichait bien de lui imposer un choix primordial sans sa vie la mettait tout simplement hors d’elle.

Mais il n’était pas nécessaire de penser à tout ça aujourd’hui, elle avait fait taire les pensées désagréables qui l’habitaient pour se concentrer sur toute la partie théorique du cours d’impassibilité, regardant ses camarades donner les bonnes réponses alors qu’elle-même restait muette, comme elle le faisait la plupart du temps. Ce n’était pas par désintérêt mais simplement parce qu’il était plutôt rare qu’elle connaisse les réponses en avance, à part peut-être lorsqu’il s’agissait du cours de botanique dans lequel elle était plutôt callée compte tenu de l’enfance qu’elle avait vécu et des enseignements reçus grâce à ses ancêtres. En sortilège, elle se contentait donc d’apprendre et de retenir un maximum de choses, histoire d’avoir des notes plutôt correctes. D’un autre côté, grâce à la persévérance dont elle avait toujours fait preuve, elle avait plutôt un bon niveau dans cette matière et elle se débrouillait plutôt bien. Mais bon, ça n’enlevait pas le fait qu’elle devait rester concentrée et appliquée si elle voulait réussir parce que cet apprentissage n’était pas du tout inné pour elle. Au moment où le professeur les fit passer à la pratique, Sinéad se réveilla davantage, elle préférait largement cet aspect du cours. Suivant parfaitement les instructions données par le professeur, la rouge et or suivit le mouvement indiqué par sa baguette et répéta le sortilège qu’il avait donné, inscrivant même la formulation sur le parchemin pour ne pas l’oublier lorsqu’il lui faudrait s’entrainer pour les examens. L’heure de vérité avait désormais sonnée, il était temps de mettre l’exercice en pratique et d’essayer de colmater cette mini porte qui se trouvait devant elle. Sinéad occulta donc tout ce qui se trouvait autour d’elle et visa la porte de sa baguette. « Auris Arceo ! » Enonça-t-elle avec toute l’assurance dont elle était capable. Il fallait qu’elle y arrive.

1, 3 et 5 – Réussite parfaite ! La balle du professeur Winslow rebondit sur la porte, elle a totalement assuré !
2 et 4 – Bon, c’est moyen, moyen, la balle rebondit, mais le rebond et léger et pas assez net comme il l’a été sur la porte donnée en exemple par leur enseignant. Elle sait qu’elle n’a pas totalement réussi, il va falloir qu’elle recommence.
6 – La balle reste collée comme ventousée contre la porte, non seulement elle n’a pas réussi mais elle a surtout complètement échoué, on dirait que la porte essaie d’absorber la balle… Et merde !

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