Cours 4e année

Cours 4è année - Sortilèges

Ses mains tremblaient. Son esprit s’étourdissait. Les éclats de voix semblaient si loin dans la grande salle alors qu’elle cherchait à manger, trop loin. Ses yeux se perdaient dans la vide et la douleur lui vrillait le crâne. C’était arrivé sans prévenir. Dans la mêlée, ses yeux s’étaient posés sur Tom Chasemane et tout avait déraillé. Dégradé. Le monde s’était ouvert sous elle, elle était tombée dans un gouffre. Rapidement, il lui avait semblé qu’elle ne contrôlait plus rien, que son coeur s’était accéléré sans rien demander, battant à ses tempes, marquant le rythme. Et son corps avait suivi : ses mains s’étaient mises à trembler, sa respiration s’était accélérée et le monde autour d’elle s’était brouillée, il lui semblait que tout était tellement loin d’elle et elle n’entendait presque que son coeur qui se débattait, cherchant à sortir de sa cage thoracique, ainsi que son souffle haché. C’était une tornade autour d’elle qui n’en finissait plus et elle n’y arrivait pas. Elle avait l’impression de sentir des picotements électriques sur son corps, une décharge enflammée et les larmes lui montent aux yeux. Précipitamment, sans voir quelques regards interrogateurs, Ellyaïna sortit de table et courut jusqu’à s’enfermer dans les toilettes des filles, tremblante et vacillante. Et là, là, les larmes coulèrent dans le plus grand des silences, parce que jamais elle ne pleurerait en public. Jamais elle ne s’afficherait faible. La faiblesse était tout ce qu’elle tenait en horreur. Elle refusait de se ressembler à cette stupide femme moldue qui se laissait battre et détruire par un homme qui ne valait rien.

C’était le matin, et déjà les souvenirs la poursuivaient, l’assaillaient, ne lui laissaient aucune chance d’observer un repos. Il avait suffit de croiser le regard de Tom pour qu’elle soit replongée dans cette démence. Mais elle ne pouvait pas rester longtemps, elle ne pouvait pas souffler longtemps, pleurer dans les toilettes des filles, parce qu’aujourd’hui, ce lundi, elle avait cours de sortilèges. En fin de journée, elle aurait astronomie. Elle sortit de la cabine en essuyant ses larmes et se rinça le visage, ses mains tremblant toujours légère. Grande respiration. Il fallait aller en cours. Oh comme elle était déjà avancée dans sa lecture des sortilèges… elle avait déjà empruntée des manuels concernant des sortilèges qu’elle apprendrait que dans des années supérieures. Mais ce n’était pas sa faute, elle aimait tellement apprendre et ça la sauvait, à chaque fois. Ça la sauvait de la douleur et des souvenirs, ça la sauvait des cauchemars et elle aimait saturer son esprit de matières. Sa mémoire était exceptionnelle en plus de cela. Elle se souvenait de tout ce qu’elle lisait et c’était un salut. Elle ferma l’eau et respira encore profondément avant de se diriger d’un pas vif vers sa salle commune, aller prendre ses livres et puis elle se dirigea vers le local. Elle se savait en avance. Après tout, elle avait interrompu brusquement son repas du matin. Elle n’avait, d’ailleurs, rien avalé. Mais ce n’était pas grave. Elle n’avait même pas faim avec tout ça. Ainsi, elle fut - évidemment - une des premières arrivées et elle remarqua immédiatement la présence de sacs devant eux. Elle alla s’asseoir sans rien demander, en avant.

Rien ne changeait dans ses habitudes. Tout était toujours ainsi depuis sa première année à Poudlard et elle ne songeait point à déroger à sa façon d’être. Elle ne voyait même pas pourquoi elle le ferait. Il n’y avait aucune raison pour ça. Elle baissa les yeux et fixa ses mains quand le professeur entama le cours : il mentionnait brièvement - en sous-entendus à peine voilés si on voulait - les événements de l’année dernière et Ellyaïna ne voulait pas en entendre parler. Elle regarda de nouveau l’enseignement seulement après. Et elle ne put s’empêcher de trouver sa question si évidente. Évidemment, Failamalle. C’était clair comme l’eau d’un ruisseau pur, clair comme la pleine lune une nuit dégagée, sans nuages. Elle tourna son regard vers une élève de Serdaigle qui prit la parole et qui avait dû, sans doute, trouver tout aussi évident la question du professeur. Elle se sentait prête maintenant et elle ne put qu’attendre que le professeur se décide de leur donner les instructions - qu’elle avait déjà lu ! - et leur permette enfin de pouvoir lancer le sort. Ce qu’il était lent, quand même. Elle prit sa baguette lorsque ce fut le temps.

2-3-6 : Se concentrant attentivement, oubliant tout le reste, la jeune élève de la maison de Serpentard était maintenant prête à lancer le sort. Elle visualisait parfaitement les manuels qu’elle avait apporté ainsi que ses parchemins vierges et sa plume - avec son encre - qui étaient gentiment posés sur son bureau. Elle lança le sort distinctement. ”Failamalle !”. Les objets se rangèrent gentiment, sans opposer ne serait-ce qu’une petite difficulté. Satisfaite, Ellya’ reposa sa baguette.

1-5 : Bien que ses affaires semblèrent, sur le coup, décider de se ranger dans son sac, elles en décidèrent autrement à la dernière seconde en tombant lourdement sur le côté dans un bruit sourd, sauf un parchemin ayant trouvé le bon chemin. Ellyaïna serra les dents.

4 : Ses manuels et ses parchemins lévitèrent de quelques centimètres avant de retomber sur son bureau, ce qui donna envie à l’étudiante de tout envoyer valser. Elle n’aimait pas ne pas réussir.