Un matin dans la grande salle, des élèves éparpillés, des révisions, des jeux d’échec, rien qui ne m’intéresse franchement. Assied à la grande table des Serpentards, je me retourne vers celle des Gryffondor et cherche Aphrodite du regard, sans succès. Mes iris tombent sur d’autres cheveux bruns, bien plus bouclés, presque sauvages. Anoushka, je dois l’a voir.
D’accord, la dernière fois qu’on s’est vu, ça ne s’est clairement pas bien passé. C’était exactement comme à l’époque, avec en plus, un certain manque d’implication de ma part. La situation m’avait très clairement gavé, certes, mais je ne m’étais pas énervé, ni braqué, pas comme je l’aurais fait fut un temps. J’ai été salement surpris par un voyage temporel des moins ordinaires. Un retour en arrière, une suppression de changements que je trouve rarement aussi agréables. Oui, car ça l’était. C’était agréable de lui sourire. Mais ça, elle l’a oublié, comme si je n’en avais pas le droit, comme si je n’avais pas le droit qu’une poupée en porcelaine me sourie avec fraîcheur et me regarde de ses grands yeux clairs. C’est vrai, il y a des petits plaisirs que je ne tolère pas m’accorder. Je suis assez juste finalement. Mais si j’ai une chance de changer les choses à nouveau, je veux la saisir. Mais pas seulement. Je dois la créer, cette chance. Je ne sais pas combien de temps j’aurais le courage de lutter pour les souvenirs d’une ancienne empotée, mais autant que je le face tant que j’en ai le tempérament. Mon intérêt pourrait disparaître du jour au lendemain, sans laisser de reste, repartir dans l’ombre rejoindre les souvenirs enfuit d’Anoushka.
Alors je me lève, abandonnant sans excuse mes camarades verts, me glissant sans trop de discrétion dans le dos de la rouge. Ni un bonjour, ni d’excuse, l’interpeller directement, sans pincette. « Ca va t'sembler super bizarre, mais avant d'me jeter la première pierre, laisse moi t’emmener quelque part, ça prendra pas longtemps. » Passer pour un malade mentale, mais s'en foutre. A la fois je joue la manière forte. Handicapé du coeur, je ne sais pas m'y prendre alors je ne veux pas tourner autour du pot. Ecarter les bras, hausser les sourcils, pencher légèrement la tête, dégager toute l’innocence peu crédible que je suis en mesure d’exprimer.

Comme un aîné qui protégeait les affaires de son frère. Comme une fillette qui protégeait sa poupée de vilains garçons perturbateurs. Une action de mauvaise intention aux premiers abords, un geste des plus héroïques au grand final, mot que je n’utiliserais pourtant pas pour moi. Un opportuniste n’est pas un héro. Des mots qui décrivent pourtant bien la fin de querelles enfantines et le commencement d’une sympathie réciproque. Malgré les nombreuses fois où Kaegan s’est essayé à nous faire sympathiser en temps de paix, il s’est fallut l’une des pires période de Poudlard pour qu’il y parvienne. Il y est parvenu, involontairement, ceci-dit, mais il l’avait fait. Notre amitié fidèle a simplement ouvert une porte que nous gardions jusqu’à présent fermée. Je me suis moi-même ouvert en dévoilant mes véritables idéologies.
C’est à cet endroit que je veux l’emmener, celui où les choses ont changés. Si ça sera aussi simple que ça ? Je ne pense clairement pas. Je sens la douille à plein nez.

☾ anesidora

Foncer comme un idiot, comme si ça allait fonctionner, comme si le fait qu’on soit un petit matin de week-end donnait naissance à une toute nouvelle étoile au dessus de ma tête. Adresser la parole à la brune alors qu’elle s’en allait, la retenir, s’enterrer dans un trou duquel je ne suis pas sûre de pouvoir ressortir. Jamais, jamais je ne me lance dans une chose sans être sûre de pouvoir en ressortir. Cette exception même, confirme la règle. Culotté, à lui demander de me suivre, réponse ironique que je voyais déjà venir. Ce genre de remarques ? Je ne sais même pas quoi en dire. Ça me plait de l’entendre, mais ça ne me manquait clairement pas. Anoushka, distante comme je n’en avais plus l’habitude. Franchement, c’est plutôt le changement à l’époque qui aurait du perturber mes habitudes, pas un retour à la case départ. Bref, j’agis impulsivement comme si le temps m’était compté, alors qu’à l’inverse, c’est le temps qui va l’aider à se remettre de ses souvenirs. Ironie et sarcasme, sortis tous droits de sa bouche, caractère de sa personne que je trouve aujourd’hui très amusant. Alors bêtement je sourie, une expiration nasale en guise de rire. Je me rends bien compte que ça n’a pas sa place ici. Sourire disparu d’une seconde à l’autre, j’enchaîne, l’a prenant volontairement aux mots alors qu’ils furent de toute ironie. « Un coin sombre ? Pourquoi se cacher ? C’est mal me connaître. » Insinuer, forcer, parfait effronté à l’expression mesquine. Baisser la tête et les yeux vers le sol, reprendre quelque peu mon sérieux avant de relever le regard qui ne remonte pas si haut que ça en vue de ma taille imposante. « Tu veux la retrouver ta mémoire ou pas ? » Question franche, presque trop désagréable tellement elle s’est imposée sans lui laisser de choix. Parce que la réponse, c’est évidemment oui. Ne même pas attendre qu’elle me réponde, enchaîner en pointant à bras ouvert la sortie de la grande salle. « J’en ai pas pour longtemps je t’assure. Il y a encore quelque temps, tu m’aurais suivi. » Jouer la carte du mystère. Regard plongé dans le sien, sourcils haussés, apporter le maximum de confiance dont je suis capable, tâche difficile lorsqu’on sait qu’elle ne m’a jamais fait confiance. Du moins pour elle, dans sa petite caboche. Je ne sais pas trop ce que je fais honnêtement. Enfin je le sais, je le sais toujours. C’est juste que je n’ai aucune autre issue, aucune autre solution, et cette situation débile me fait peur. J’en fais beaucoup pour elle là, croyez-moi. Dieu seul sait combien de temps ça va durer. Ignorer les gens qui nous entourent, qu’une seule envie d’essayer ce que j’ai en tête. La plus part du temps, les souvenirs se déclenchent grâce à des sentiments. Exemple bidon, mais lorsque tu es triste, tu as tendance à penser un peu plus aux évènements triste de ta vie, parfois de manière dramatisée, et ton état empire. Idiot quand on y pense. Aussi, quand tu rigole avec un ami, tu auras tendance à vous remémorer vos vieilles conneries. Les sentiments créent une flopée de souvenirs sans qu’on ne s’en rende toujours compte. C’est à ça que je veux la confronter. Je n’irais pas jusqu’à reproduire la scène complète de peur de passer pour un attarder mentale, mais on va déjà essayer de l’emmener dans les cachots, ok ? Si elle ne désire pas de mon "aide" imprévisibe, j'irais voir ailleurs. Je ne sui ni son père, ni son mec. Juste un souvenir oublié.

☾ anesidora

Aviser de la toucher, pas une seule seconde je n’y aurais pensé. Elle est jolie certes, mais avec sa gueule de poupée je fais sérieusement tâche à côté. La belle et la bête, casimment. Et puis si je peux me passer d’une chieuse, je le fais. Et pourtant elle y croit sérieusement. Elle se sent aussi irrésistible que ça ? Aussi imbus de sa personne c’est possible ? Je ne préfère même pas y répondre, l’expression de mon visage exprime suffisamment le ridicule de ses mots. Je crois que je l’énerve, que je l’agace, que je l’a gêne, par ma simple présence. Fut un temps, j’aurais adoré provoquer ça chez elle, j’adorais même. Quel autre plaisir que de faire chier quelqu’un qu’on déteste sans même avoir besoin de faire le moindre effort ? Bref, j’ai joué la carte un peu sentimental, une chose qui ne me colle tellement pas à la peau, qu’elle a déjà pu l’arracher avec facilité. « Ouais ça aussi ! » Au sujet des claques. Mine innocente et amusée, rire carrément lorsqu’elle parle des droites qu’elle me collerait. Juré, juré qu’elle m’aurait suivi. Les ribambelles de phalanges dans la tronche, ça aurait pu être un peu avant, en effet. Mais il est une chose dans tout ça que je suis sûre de provoquer en elle, une chose au même niveau de la colère, peut-être même l’une des raisons de son énervement : la curiosité. Insupportable inattendu, mais mystère droitement imposé.

Ma supposition s’avère réelle lorsqu’elle me questionne, les nerfs à vif. Si c’est important ? Pour elle, très. C’était peu de temps avant son amnésie. Retrouver ses souvenirs à mon sujet, lui permettrait certainement d’en retrouver bien d’autres. Qu’elle le veuille ou non, j’ai fais partie de son quotidien fut un temps. Je me rappel sa venue dans les cachots, pour Kaegan, chose qu’elle ne sait plus. Notre souvenir commun qu’est celui-ci, n’est que le premier d’une succession. Il lui est indispensable. Mais au fond, pourquoi je m’en soucis tant que ça ? Il n’était pas prévu qu’une personne de plus apprenne pour mes véritables idéologies, mon jeu sur deux tableaux, mes intentions aux apparences lâches mais pleines de sens. Elle a tout oublié, je pourrais en profiter et m’en contenter. Et pourtant je suis là. Je dois vraiment l’apprécier si c’est ça. Je fais ça pour Kaegan aussi. « Tu veux m’emmener aux cachots ? Parfait, c’est là que j’veux aller, allons y ! » Sourire à pleine dent, un pas vers la sortie, forceur abusé avec trop d’entrain. Voir une fois de plus la tête qu’elle tire et reprendre mon sérieux un instant, parce qu’il va falloir s’y efforcer. Pour chacun de nous. Expiration forte, sourcils qui se froncent, regard fixe qui cherche à tout prit l’attention du sien. « Ecoute. Je sais bien que je t’énerve, et je m’en fou, calme toi, parce que c’est pas du tout mon but. Ca doit te paraître complètement ridicule, et c’est exactement comme ça je me sens actuellement, mais fais un effort. » Tout avouer, tout dire, parce que ça sera beaucoup plus simple. M’ouvrir à quelqu’un comme ça arrive rarement, me présenter sous un angle qu’elle avait pu elle-même découvrir, et apprécier, autrefois. « Tu me connais un peu, tu sais que je supportais pas de voir ta tronche, j’aurais aucun intérêt à venir te voir. Alors réfléchis. Y’a des choses que t’as oublié, et j’ai un comportement incompréhensible, ça sort bien de quelque part ?! » Je me suis mis à sa place, j’ai imaginé ce qu’elle peut bien penser et je l’ai interpréter à mon avantage. Mon avantage qui sera le sien également. Insister de mon regard on ne peut plus sérieux, vérité qui une fois de plus sort d’entre mes lèvres. Je mens rarement, il faut le savoir. Dévier le regard une seconde, le poser sur un jeune élève de Gryffondor sur le point de manger un genre de biscuit. « Attend.. » Petite idée débile, mais ça peut marcher. Me retourner de quelques pas, chopper le gâteau à même la main du gosse alors qu'il avait déjà commencer à ouvrir la bouche pour se l'enfiler. M’en foutre complètement, le laisser en plan, revenir vers Anoushka et lui tendre le cookie biscuit. « Arrête de faire la gueule et prends-le. On y va. » Comme si elle avait dit oui, comme si elle me croyait. Pourtant je suis certain que j’y parviendrais, elle n’est pas idiote. Par contre moi, j’ai l’air idiot pour le coup. Mais le jour où elle retrouvera ses souvenirs, ou si ça arrive, tout ça aura du sens pour elle. Le biscuit ? C’est un truc du genre qu’elle apportait à Kaegan le jour où je l’y ai surprise. Un sentiment de déjà vu, voilà ce que je veux provoquer chez elle une fois qu’on sera là-bas. Je n’espère pas grand-chose. Je l'a regarde, sans méchanceté, sans amusement, mais avec simplement énormément de sérieux, l'expression presque inquiète du fait qu'elle m'en mette une dans la gueule.

☾ anesidora

Attiser sa curiosité, établir un mystère peu élucidable si elle reste dans sa nature bornée, têtue et remplie de haine envers ma personne. Je devrais détester la manière dont elle me regarde, dont elle me parle. Je déteste quelque peu, mais je n’suis pas con, je comprends, c’est logique. Alors je m’impose, j’insiste, j’adhère aux regards et paroles sérieuses, je me pousse à le faire parce qu’au fond c’est ce que je suis. Bienveillant avec ceux qui le méritent, ceux qui m’entourent, ceux qui ont eu le courage de me montrer leur appréciation. Avec mes amis quoi, le peu d’individus que j’ai laissé gravir mon mur de pierre. Alors forcément, elle pose des questions, elle veut savoir à quoi s’attendre avant de me suivre aveuglement. Le contraire m’aurait étonné. Expiration forte, baisser les yeux au sol, reprendre patience. Elle insiste autant que moi dans le sens inverse, et elle ne lâchera rien. Je ne voulais pas avoir à me justifier, ni même argumenter mes intentions. Je ne le fais jamais. Je me permets alors un effort supplémentaire. « Aussi invraisemblable que ça soit, je veux juste t’aider à retrouver quelques souvenirs. » Parce que j’en fais partie, et parce que c’est la meilleure amie de Kaegan. Mais surtout parce que j’en fais partie, j’avoue. « L’objectif c’est que j’te conte tout sur place justement. » Tu viens avec moi aux cachots et basta, cherche pas midi à quatorze heure. Je m’étais arrêté un instant à la suite d’une idée folle. J’ai piqué le gâteau d’un jeune gryffond, pas de quoi se fâcher, c’est pour la bonne cause. On le remerciera plus tard. Elle est aussi mauvaise que moi quand elle veut, elle n’a pas à me jeter la première pierre. Et puis, je suis sûre que ce gosse a des tas de paquets de biscuits planqués sous son oreiller. « Roh c’est bon, il est assez gros ! » Sourcils froncés, geste je m'enfoutiste en l'air, pique glissé rapidement avec ou sans discrétion, alors que je prends les devants en direction des cachots. Pas question de s’éterniser, comme si le temps était compté. En vérité, le temps ne dépend que de nous.

Alors qu’on se rapproche peu à peu des cachots, je me tourne vers la boule de nerfs qui accorde mes pas. Et c’est là que je m’exprime, comme un conteur qui commence son récit. Ne plus lui donner d’ordre, simplement imposer le commencement de tout. « Pendant le règne de Blackman, tu es venue là. Tu avais une boîte de gâteaux en main. Tu venais les apporter à Kaegan. C’était la deuxième et dernière fois. » Simple, précis, énoncer une période pour laquelle elle me déteste davantage à la suite de ses souvenirs perdus. Pointer du doigt le gâteau qu’elle a toujours entre ses doigts fins au même moment où j’en parle. Oser prononcer le nom de Kaegan et de Blackmann alors qu’on se rapproche des cachots. J’ignore même si elle se souvient avoir rendu visite à Kaegan ne serait-ce qu’une fois. Hâter le pas jusqu’au couloir où je l’avais aperçu, non loin de la pièce où je l’avais caché. M’arrêter net, lui indiquer la porte en face, porte dont je sortais ce jour là. Une chance que je sois passé avant tous les autres. « Je sortais d’ici quand je t’ai vu. T'étais sur le point de sauter dans la gueule du loup. » Me taire enfin, fixer la rouge et or du perçant de mes iris bleus. J’exprime dans mon regard, tout le sérieux de la folie que je suis entrain de raconter. Elle doit sérieusement flipper au fond d’elle. Sacré courage qu’elle a de me suivre jusqu’ici, tout en sachant ce que les Néo-mangemorts y ont fait, ceux avec qui je m’étais lié. Laisser un répis, peut-être inutile car ce que je lui raconte doit lui sembler ridicule. J’avais envie de mépriser son comportement ce jour là. Mais je me contente juste de le raconter. Je n'ose pas imaginer comme elle doit se sentir. Elle doit bouillir à l'idée que je lui parle de ça, moi. Et à la fois, ce mystère paradoxale que je laisse planer doit être frustrant. Je veux fonctionner par étape, un trop plein d'information, ça serait pire.

☾ anesidora

Raconter, citer, adopter une voix naturellement grave de manière apaisée et réconfortante, rien qui ne puisse fonctionner lorsque ça vient de moi. Je m’attendais évidemment à la continuité d’une flopée de piques. On ne change pas quelqu’un en une fraction de seconde, encore moins quelqu’un qui ne se souvient pas de vous comme elle le devrait. Alors oui, voilà que je deviens le loup. Hors contexte, elle n’aurait pas complètement tord. Mais pour le coup, j’ai été le chasseur qui sauve la princesse d’une meute assassine. Mais ça, comment le lui faire comprendre ? J’ai de la suite dans les idées, mais quand les efforts ne sont pas mutuels, difficile d’avancer. Tourné vers Anoushka surprise que je me sois arrêté, plus proche qu’elle ne le désirerait alors. « Il est là le souci. Si on devait écouter et croire ce que tout le monde dit, on s’arrêterait de vivre et on laisserait les autres guider notre vie. » Paroles d’un ton de voix inférieur aux précédents, mes iris bleues fixé aux siennes. Voilà une expression de ma philosophie qu’elle ne doit pas avoir souvent eu l’occasion de voir. Je ne prends pas la peine de lui parler moi-même de la place que j'avais lors du règne de Blackman. Je réponds à côté, parce que je veux qu'elle s'en souvienne par elle-même, autrement j'aurais bien trop peur d'imposer des souvenirs à ma sauce.

Faire un pas vers la pièce dans laquelle je l’ai caché. Pour mon plus grand bonheur, elle veut connaître la suite. Alors j’enchaine, sans répis. « Ensuite ? Y’avait au moins cinq néo-mangemorts pas loin derrière moi, alors je t’ai embarqué là dedans. » Pointer la pièce du doigt, y rentrer par la suite, laisser Anoushka passer devant moi. Et là, j’hésite. Les sentiments revisités, c’est ce qui déclencherait les souvenirs. Si je l’a plaque contre ce mur comme je l’avais fait autrefois, elle ressentira exactement la même crainte envers moi. Facteur déclencheur, ou juste une hypothèse, ce comportement serait risqué. Un risque qui me ferait perdre Anoushka pour de bon. Alors autant le dire, autant dire le fond de ma pensée. « Je suis un enfoiré sans gêne, j’aimerais reproduire les faits, mais là j’peux pas, pas sans ta permission. » Elle est dos au mur contre lequel je l’avais plaqué. C’est de pure folie, rien que d’y penser. Je me sens terriblement con. Et dans ce qui va suivre, je ne me sens pas moi-même non plus. « Je t’aimais pas beaucoup Anoushka, mais je pouvais pas les laisser te faire du mal. Kaegan avait besoin de toi. Alors je t’ai caché ici, contre ce mur, le temps qu’ils s’en aillent. » J'ajouterais plus tard, que je lui avais également prié de ne jamais revenir. Tout dire, tout cracher, raconter des choses impensables, des choses qu’elle ne croira jamais. Alors que je m’exprimais d’un sérieux dont on ne peut douter, je m’avançais un peu plus vers elle, le pas léger, des pas que je voulais qu’elle évite en reculant vers le mur. Trop sincère pour un Pumpkin. Trop frustrant, même pour moi. Je ne lui demande pas de me croire, juste de se souvenir.

☾ anesidora

J’avais beau répondre à côté, Anoushka a finalement trouver le moyen de m’enfoncer davantage. Je sais que je suis un connard, et en prime, elle a tord. Donc tout va bien. Je n’ai rien à répliquer, autant ne pas y perdre mon temps. Mon récit, les souvenirs que j’essaie de lui faire revenir, notre présence ici-même, tout ça constitue une réponse suffisante à son attaque. Elle saura. Putain j’espère vraiment qu’elle finira par savoir d’elle-même. Car j’ai été là pour Kaegan, du début jusqu'à la fin. S’il y a une chose que je ne fais jamais, c’est abandonner les peu de gens que j’aime. Ce jour où je l’ai prise en flagre, j’ai même pris sa saloperie de boîte à gâteaux, et je suis allé les apporter moi-même à Kaegan. Evidemment, tout ça, ça lui ai inconnu. Elle me voit comme le connard traitre et sans cœur que j’étais avant ce jour, ce jour qu’elle semble persister à vouloir se rappeler. Parce que depuis que nous avons mis les pieds dans cette pièce, depuis que j’ai commencé à raconter ce qui s’y est déroulé, je vois que j’ai capté son attention.

Elle boit mes paroles, des vérités incontestables à mes yeux. Son regard ne me lâche pas, voilà à quoi je le vois. Mais surtout, elle me donne son accord. Mon idée folle, j’ai le droit de la réaliser. Je suis légèrement nerveux à cette idée, mais elle m’a été accordée. Anoushka recule alors que j’avance vers le mur que j’aurais autrefois presque marqué de son dos. Un signe de tête de ma part, indiquant que tels seront alors mes intentions. Tout reproduire, avec plus de délicatesse. Geste rapide, imprévisible, me jeter sur elle, sans prévenir. Je ne suis pas autant dans la précipitation face au danger que nous l’étions autrefois. De ce fait, par réflexe et dans la hâte, j’enroule mon bras autour de sa taille afin d’amortir le choque avec mon avant bras. Luca qui se soucie ? Il faut croire. Dans le processus, la paume de ma main vient se poser tout contre ses lèvres rosées. Visage suffisamment proche du sien, regard long et insistant dans ses iris, sentir son cœur battre comme la première fois. J’avais posé ma main sur sa bouche pour l’empêcher de crier. Tout lui avait fait croire que mes intentions étaient autre, jusqu’à ce qu’elle entende les NM ricaner derrière le mur contre lequel elle était adossée. Là, forcément, personne ne se fait entendre. Il n’y a qu’elle et moi, et le choque sentimental que je veux lui procurer alors que la situation semblait déjà lui être familière. Ce jour-là, j'avais même pensé à utiliser un sortilège informulé pour fermer la porte de quelques centimètres. Mais ils étaient loin d'être con. Avouns-le, nous avons eu de la chance. Tout aurait pu se passer autrement.
Quelques secondes seulement durant lesquels nos corps, nos souffles et nos parfums trop proches se mêlent, quelques secondes que j’interromps en me dégagent d’elle assez rapidement. Un petit pas en arrière, des sourcils froncés, dans l’attente d’un mot, un seul. Ceci dit, je suis encore suffisamment proche d’elle pour m’en prendre une belle dans la face. Arquer un sourcil finalement, loin d’être totalement rassuré par mon impulsivité. Gêné par le rapprochement hors situation, je ne peux m’empêcher de me justifier finalement, une voix basse, sincère et lucide. « J’ai été présent pour mes amis, Anoushka, tout du long. Tes putains de gâteau, je suis allé les apporter à Kaegan juste après t'avoir sauvé les fesses. » Kaegan en premier, tous sans exception. Au fait vous savez-quoi ? Je déteste cette situation. Elle ne me ressemble pas. Je me sens trop bon, trop gentil, trop investis, alors que tout ce que je fais, c’est être naturellement sincère. Une sincèrité qui revient quelque peu dans les mots, des mots sans tact exprimés avec douceur ceci-dit. Ca ressemble à des piques que je lui lance, mais mon ton de voix n'y est pas. Ce sont juste les mots que j'ai pour mauvaise habitude d'employer.

☾ anesidora

Tentative inespérée. Mise en scène reproduite exactement de la même manière. Bon pas exactement, mais à peu près. Elle ne s’en souvient de toute façon pas, alors quelle différence ? C’était légèrement plus délicat cette fois. Hors situation, j’ai eu le réflexe de minimiser les choses. Parce que personne d’autre que nous n’est là, et qu’aucun danger ne l’a guette vraiment. Une tête de plus qu’elle, j’aurais presque pu me dispenser d’une main contre ses lèvres, et simplement me contenter de mon buste si près de son visage. Mais il fallait qu’elle se taise. Il le fallait absolument. Tout comme il fallait qu’on en arrive là aujourd’hui. J’ai honte d’y apporté autant d’intérêt, mais je serais fier de pouvoir changer les choses. Dans ma prise de recule j’argumente encore un peu, des mots que je ne suis même pas sûr qu’elle a entendu, des mots qui furent de trop et qui m’ont empêché de constater ce qui se passe vraiment. Elle pleure. Anoushka pleure. Tremblante, elle s’écroule au sol, et moi, je ne fais rien, je l’a regarde, sourcils froncés, fixement pétrifié. Je me pose des questions. Je me demande ce qu’il se passe, si je lui ai fais mal, ou quoi d’autre ? Est-ce que ça a fonctionné ? Elle ne dit rien, je suis juste entrain de perdre sa lucidité. Mais je n’ose pas la toucher, loin de moi l’envie de me prendre une énième pêche dans la tronche. Je tente de lire dans son regard, mais tout ce que j’y vois, c’est le choque noyé dans les larmes. Ce sont chacun des caractéristiques de sa réaction qui me font alors comprendre : quelque chose se passe dans sa tête. Possible que des souvenirs ou des flash aient fait surface, que les choses lui parlent et que son esprit mortifié ait du mal à le supporter.

A ses dernières pensées, mais surtout à la voir gisé à même le sol, je me rapproche hâtivement. Me pencher d’abord, tendre mes bras et poser mes mains sur ses épaules avant d’abaisser les genoux. Constater son regard perdu dans le vide, dans le flou que sa tête est entrain de créer. Prononcer alors deux fois son nom, vite et sans articuler. « Anoushka, Anoushka ?! » Abaissé à son niveau, les paumes de mes mains filent vers ses joues mouillées. Je ne veux même pas être à sa place. Comment doit-on se sentir lorsque des flopées de souvenirs reviennent. Une torture pour le cerveau, une torture pour ce qui fait notre être et nos connaissances. C’est comme devenir quelqu’un d’autre en quelques secondes. Approcher mon visage du sien, lui imposer une fois de plus le bleu de mon regard. Je passe mainte fois mon doigt sur sa joue afin d’éponger les larmes qui y coulent. « Eh, ça va aller ! Qu’est ce qui y’a ? » Mes mots sont inutiles. Mais autant pour moi, je suis pas fais pour consoler les gens. On peut voir sur mon visage que je ne sais clairement pas quoi faire. Et pourtant je suis toujours aussi zen. Tout ce que je trouve à faire, c’est de lui tendre mes mains et mes bras au cas où elle souhaiterait s’y réfugier. Mes mots ne savent que descendre, blesser, plaisanter. Je peux rassurer mes amis, pas une femme. Encore moins une Anoushka qui ne se souvient que du pire de ma personne. Mais je tente. Parce que je n’ai pas le choix. C’est moi qui l’ai emmené là, c’est moi qui ai certainement provoqué la merde qui lui arrive. Une main sur sa joue, l’autre sur son épaule. « Respire, ferme tes yeux et concentre-toi. T’es forte, j’ai assez eu l’occasion de le voir. » Je vais m’arrêter là, je vais pas lui lécher les pieds non plus. Mais c’est vrai. Moi je peux rien faire de plus, c’est à elle de faire tout le travail restant. Et attention, phrase inédite; je serais présent s'il le faut. J'ai fais mon taff, je peux rien faire de plus, alors si je dois m'en aller, je le ferais sans ciller.

☾ anesidora

Habitude d’individu inutile. Regarder sans rien dire de spéciale, rien faire non plus, laisser le monde se démerder. Je suis peut-être lâche finalement, constatation avenante alors que je me demande si je réagirais même à quelqu'un sur le point de se faire tuer. Réflexion faite, je réagirais, le contraire serait fou. Rien qu'à penser à ce genre de choses, je me trouve à peine humain par moments. En tout cas, dans ce que j'ai face à moi, il n'y a rien de plus humain. Douleur, souffrance, larmes, et le pouvoir du cerveau qu'on perçoit une fois encore. C'est ma faute. Je me sens prit de remords, mais à la fois, je suis fier. J'ai tenté, j'ai osé, j'ai participé de ma simple volonté et j'ai provoqué une probable évolution dans son amnésie. Je ne vois que ça de toute façon. Mais le plus dangereux de tout ce que j'ai eu le culot de faire, doit certainement aussi être le plus adorable. Sous le coup de sa panique, je me suis empressé de la rassurer comme j'ai pu, à ma manière, sans trop d'affection. En général si je suis dans une situation affective, c'est que les gens sont venus la chercher chez moi. Si si, ça arrive ! Là, actuellement, c’est sans méchanceté, c’est juste hors de mes compétences. Je ne sais même pas si elle accepterait que je m’approche d’elle à moins de 10 mètres maintenant. Mais je n’y vois aucune résistance, aucun comportement qui égale celui qu’elle avait lorsque je l’ai aperçu dans la grande salle. Son regard noyé dans les larmes me fixe, et ça en devient perturbant. Loin d’être de nature compatissante, je me sens pourtant mal à la vue de la Gryffond aussi torturée. Même lors du règne de Blackman, je ne ressentais pas autant de mal être à la vue d’élèves en pleure. Je baisse les yeux, paumes de mains toujours posés contre ses joues. J’écoute ses paroles, et j’y réfléchis. Elle a des flash, elle voit des choses, mais surtout elle me voit, moi. Sourcils froncés, je ne trouve sérieusement rien à dire, rien qui ne puisse la calmer. Tout ce que je pourrais dire, ne ferait qu’empirer son état si encore je continue à parler de ce jour.

Mais je n’ai pas besoin d’en dire plus, car Anoushka se glisse au creux de mes bras. Ok, là je suis gêné. Encore incapable de refermer mes bras sur elle, je me comporte comme si elle avait la peste. Je n’ose pas la toucher. C’est lorsqu’elle dit se souvenir, d’une voix aussi perturbé et tremblante que la sienne, que je ressers mes bras autour d’elle, à même le sol. Situation inédite, affection si peu commune que ça en est peu crédible. Anoushka fut mon amie, un temps. Sans ça je ne l’a laisserais pas se blottir contre moi, sans ça je ne l’a serrerais pas de mes grands bras, sans ça, je n’aurais jamais posé une main sur le dos de sa tête afin de laisser celle-ci se reposer contre mon torse. En fait, sans ça, je ne serais même pas là. « C’était brutal, mais c’était nécessaire... Je suis désolé... » Luca, désolé ? Oui, ça arrive aussi. Un vide plat et pesant s’installe alors que je peux l’entendre suivre mon conseil. Elle respire, elle tente de se détendre et je ne peux qu’attendre qu’elle soit prête à se relever. Puis c’est à elle que je pense, Nana, celle qui a fait concurrence à toutes les femmes de ce monde, même à ma propre mère. Nourrice attentive, attendrissante, présente, femme extraordinaire qui me blottissait contre elle lors de mes nombreuses crises de nerfs. J’étais pas un gosse heureux, pas avec mes abruti de parents. Les seules marques d’amour que j'ai reçu venaient d’elles, voilà pourquoi les mienne sont aussi rares. Une pensée pour Nana, pour cette véritable mère qui m’a quitté, pensé qui m’efforce à serrer ce corps froid et tremblant un peu plus fort, sans m’en rendre compte, affection incontrôlée. « Tu vas avoir besoin d'temps. » Je pense surtout qu’on ne devrait pas rester là trop longtemps. Dès qu’elle sera capable de repartir et d’affronter les regards, je l’enverrais se coucher. Je n’ai pas décidé de faire ça un jour de Week-End pour rien. Presque trop sûr de moi, je savais que ça marcherait. « Dès que tu te sens prête, on y va. S’il y a quelqu’un que tu veux voir en particulier, un ami, un prof, un spécialiste, j'sais pas, tu m'le dis, je gère. » Voix grave, forte et puissante, mais d’un ton si doux qu’elle en deviendrait apaisante. C’est comme ça que je suis avec ceux qui ont eu l’opportunité de franchir mon mur de pierre. Voilà ce que ce que je suis lorsque les gens comptent. Le souci, c’est que soit c’est le cas de trop peu de personnes, soit je suis capable de me détacher sans aucun problème. Enfin, je parle de soucis, mais en vérité, je suis bien comme ça.

☾ anesidora

Keagan, je veux un pack de Bièraubeurre bien fraîche et 10 ans de respect pour ce que je viens de faire. Ou seulement la Bieraubeurre. J’abuse jusque dans mes pensées, parce qu'au fond, c'est ce que je voulais pour elle. Sérieux, j'avais commencé à adorer cette fille, autrement je ne serais pas là. En dehors du fait qu'elle est plutôt mignonne, j’ai finalement vu bien plus en elle que la chieuse qu'elle reste fortement. Une mistinguette bornée et caractérielle, blottie contre moi et qui fait jaillir le plus impensable de ma personne; mon affection. Quelques secondes semblent pour moi durer des heures. Contrairement à ce qu'on pense, c'est l’impression d’un temps long qui marque d'un manque d'affection, et non pas l’envie que ça dure. Jeune fille dans mes bras tenant à se calmer, brunette que je sens peu à peu s’apaiser, comme si mes mots avaient de l’influence et du pouvoir. En vérité ce qui afit, c’est peut-être juste son corps contre le mien, le corps de quelqu’un qu’elle ne doit plus être sûre de connaître. Jamais à l’abri d’une quelconque surprise, jamais bien loin de mes comportements inattendus et issus de la personne que peu réussissent encore à cerner.

Toujours à même le sol, le visage dépravé de la rouge et or me fait à présent face. Regard encré dans le sien, je ne prends pas ma peine habituelle d’y lire quoique ce soit. Tout est déjà dit sur son visage, dans ses larmes et dans les mots qu’elle emploie. Je ne fais que la regarder, par compassion. C’est là que je lâche tout. Je romps le contact au moment même où elle donne signe de vouloir se relever. Mais j’ai beau avoir rompu le contact définitivement, mes bras sont malgré tout prêts à la rattraper en cas de coup dure. Pas d’affection, juste une aide de plus. Anouhska tente vainement de se reprendre, autant en son for intérieur qu’en apparence. Rester attentif à la réponse à ma question, prendre la décision de s’y hâter. Allons chez l'infirmier Lennox. Elle sait ce qu’il y a de mieux pour elle. « Alors viens, je t’accompagne jusqu’à chez lui et après j’te fou la paix. » Voix direct et crue, mais malgré tout accrochée à la souciance. Persuadé qu’elle est capable de se déplacer sans que je n’ai à jouer la béquille humaine, je lui fais signe de passé devant moi. Mais avant ça, j’ai le droit à des remerciements. Vous devez vous en douter, ce n’est pas un mot que j’entends souvent à mon égard. Un regard bleu fixé au sien, un hochement de tête, un sourire en coin sincère, voilà ma réponse expressive face à une flatterie qu’elle n’aurait jamais osée il y a une heure. Mon expression peu commune veut tout dire, et elle l’aura comprit; ça veut dire "de rien". Maintenant, il ne lui faut que du repos et du temps. Ce n’est pas en me collant à elle, qu’elle remettra de l’ordre dans ses idées et dans souvenirs. De toute façon, ce n’est pas mon genre. J’ai fais ma part. Je n’ai peut-être plus qu’à attendre.

☾ anesidora