Anoushka & Keagan

Ca faisait des jours et des jours que je commençais à perdre patience dans ce foutu lit. Pas possibilité de me lever, de voir qui se trouvait dans cette grande infirmerie… Heureusement que je voyais souvent Daniela, qu’Edward passait régulièrement me voir, entre autres. Ca changeait et ça me faisait passer le temps. Bon, ne parlons pas de la douleur parce que c’était sûrement le pire. Heureusement qu’il y avait leur super potion pour calmer les moments où je n’avais qu’une envie : me couper la tête ! J’avais remarqué Dan un peu plus loin. Enfin Danni m’en avait parlé et il nous arrivait de discuter quand nous le pouvions… c’était pas fameux pour le moment car je crois que je passais les ¾ de mon temps à dormir, la totale loose ! Mais bon, quelque part il n’y avait rien de mieux quand je repensais à tout ce que j’avais fait ces derniers mois. J’étais rongé par la honte, sérieusement ! Et je me disais presque que je méritais ce qu’il m’était arrivé. Enfin… ma patience n’était pas légendaire et même si je n’étais réveillé que lors de courts moments, je m’ennuyais vite. Edward m’avait ramené quelques bouquins, et heureusement ! Après ça, les journées commençaient vraiment à être longues. Ce qui m’inquiétait était que je n’avais pas encore vu Anoushka. Je n’en parlais pas, à personne, parce que j’avais peur qu’on me dise quelque chose que je ne voulais tout simplement pas entendre.
Ce jour-là, à mon plus grand plaisir quand j’ouvris les yeux, l’une des infirmières m’avertit avec un large sourire que j’avais le droit de me lever. Est-ce qu’elle était sérieuse ? Peut-être qu’elle avait un humour à la con… Mais apparemment non ! Alors voilà, je passais je-ne-sais-combien de minutes à me mettre debout, mettant un peu de temps à me remettre à marcher. Ouais, plusieurs jours sans se déplacer par soi-même, ça laissait des traces… Ce que je détestais ça ! Têtu comme jamais, je prétendis que tout allait bien (même si ce n’était pas vraiment le cas) et que je pouvais me déplacer seul. Après m’avoir recommandé de ne pas marcher trop longtemps, je la remerciai et lui signifiai que je me débrouillerai très bien. Enfin, plus facile à dire qu’à faire… Difficilement, je me déplaçai en gardant ma main sur mon lit, l’esprit légèrement embrouillé. Ce n’était pas tant mon corps qui ne suivait pas, mais bien ma tête. Après quelques minutes à tenter de trouver l’équilibre, je remarquai une tignasse que je ne connaissais que trop bien à l’autre bout de l’infirmerie. Bon sang ! C’était la bonne nouvelle de la journée ! Soulagé comme pas possible, je ne pris pas le temps de me stabiliser et m’élançai vers elle, sentant la tête me tourner quand je fis ma petite accélération. Je m’arrêtai quelques secondes, fermant les yeux pour rétablir mon équilibre, avant de reprendre ma marche de façon plus posée, bien que mon envie de retrouver ma meilleure amie me poussait grandement au c** ! Je ne voyais plus les autres occupants des lits, il n’y avait plus qu’elle, rien à foutre des autres, désolé ! Arrivé à son niveau, je la regardai un instant en me sentant réellement soulagé de la voir là. Put*** c’était vraiment rassurant ! Ca faisait tellement longtemps qu’on ne s’était pas vu… La voyant un peu dans les vapes, je m’assis au pied de son lit, ne la lâchant pas du regard. A peine posé, elle se redressa légèrement avant de m’adresser un large sourire que je lui rendis, témoignant de mon soulagement d’être à ses côtés. Heureux de la retrouver, je ne pus m’empêcher de sourire de plus belle avant de me rapprocher d’elle, assis sur son lit au niveau de ses hanches. « KEAGAN ! » Je la regardai dans les yeux avec beaucoup de tendresse avant de saisir sa main avec une forte émotion, utilisant ma main libre pour lui enlever une mèche de cheveux de son visage. « T’as pris un sacré coup de vieux petite ! » Lui dis-je avec un certain amusement, juste pour la charrier. Je ne savais pas qu’elle était atteinte d’une certaine amnésie, je ne savais pas dans quel état elle était et c’était avec beaucoup de bienveillance que je lui dis : « Put*** ça fait trop longtemps… Qu’est-ce que tu fais là ? » Lui demandai-je en regardant son lit, me tenant prêt à aller régler des choses si l’un de nos camarades l’avait fait souffrir. Ok, on pouvait se dire que je n’avais pas pris bonnes notes de ma culpabilité envers Tracy mais… on parlait d’Anoushka, je pouvais être un cauchemar pour quiconque penserait lui faire du mal !

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Anoushka & Keagan

Elle avait sale mine. Mais qui ne l’avait pas, ici ?! Le plus important était qu’elle était vivante. C’était peut-être dur à dire mais c’était le cas. Je ne savais pas ce qu’il s’était passé dans le château ce soir-là, je n’avais que des brides de la part de Daniela, d’Edward… mais personnellement, je n’avais pas de souvenirs. Alors ne pas savoir ce qu’il lui était arrivé était quelque chose que j’avais du mal à encaisser. Savoir qu’elle avait été torturée à cause de Bennett, qu’elle avait subi le Doloris à cause du Quidditch… et que sais-je encore ! C’était déjà insoutenable, alors je me disais que si elle était là, c’était bien parce qu’elle avait subi autre chose, le soir de la révolte. Et ça me hérissait le poil de le savoir et de ne jamais avoir été là pour elle ! Mes nerfs n’étaient pas encore capable de se maîtriser, et même si je n’avais pas forcément la force de m’agacer et de montrer mon caractère de cochon, au fond de moi je passais mes journées à bouillonner, n’ayant qu’une envie : crier contre le monde entier.

Vous ne pouvez même pas imaginer le soulagement et la joie que je ressentais en la voyant là, sous mes yeux. Beaucoup d’amertume aussi, mais pas contre elle, contre moi… Je gardai ma main serrée sur la sienne, la regardant sous toutes les coutures afin d’être certain qu’elle était bien là. Je lui repoussai une mèche de cheveux avant de voir son sourire qui me faisait un bien fou. En vrai, je ne savais pas trop ce qu’elle avait. Des rumeurs parlaient de… d’amnésie ? Etaient-elles vraies ? Je n’en savais rien mais je voulais juste savoir si elle allait relativement bien. Je ne pus m’empêcher de la taquiner un peu, parlant d’un coup de vieux en la regardant, et je savais bien qu’elle allait répondre au quart de tour, ce qui ne manqua pas ! « T'as vu ta tronche mon chou, ils ne t'ont pas loupé ... » Je grimaçai légèrement à sa remarque. Ouais… elle n’avait pas tort, j’étais digne d’un tableau à la Picasso ! Le beau gosse à l’état pur… mais pour ce que ça m’importait ! Pas le temps de répondre que je sentis l’inquiétude prendre place dans la voix d’Anoushka. « Quel jour on est exactement ? » Euh… Alors là, bonne question. Je devais avouer ne pas avoir une super notion du temps moi non plus en ce moment, alors je cherchai une infirmière des yeux avant d’en capter une à deux lits de nous. « Eh ! Euh… Madame ? Hum… Désolé mais… on est quel jour aujourd’hui ? » Y avait pas meilleur calendrier que les gens présents ici de toute façon ! « Le 17 juillet mon garçon. » Voilà… Put*** de m**** ! Je réalisais tout juste que le mois de juillet était carrément bien entamé et que je n’avais rien capté. La loose… « Ben voilà m’dame, le 17 juillet. Joyeux anniversaire… désolé pour les trois jours de retard, et le cadeau encore inexistant… » Je haussai les épaules avant d’ajouter avec un petit sourire : « Je me rattraperai, 16ans ça compte, tu grandis… un peu. » Mais la suite me stoppa net dans ma connerie, dans l’effort que je faisais pour lui faire croire que j’allais assez bien pour faire un peu d’humour et pour ne pas lui montrer que je n’étais pas au top de ma forme. C’était à moi de prendre soin d’elle, pas l’inverse ! Alors même si je me sentais amorphe, avec peu d’énergie et maigrichon comme pas possible, je ne voulais pas le lui montrer, elle n’avait pas besoin de ça ! « Je ne sais pas trop ... » Commença-t-elle en rapport avec ma question, mais ce fut la suite qui me mit un vrai coup dans la poitrine, la voyant déprimée et larmoyante, ce qui me brise le cœur. « On m'a dit que j'étais dans les couloirs du 2ème étage pour aider un groupe de résistants ... Je me suis pris un sort en pleine tronche, ma tête à heurter le mur derrière moi ... Je ne me souviens plus de grand chose ... ni de cette soirée ... ni de cette année d'ailleurs. » Elle avait donc pris un sort. Ces put**** de Mangemorts s’en étaient encore pris à elle ! C’était insupportable et ma main se crispa sur la sienne alors que je prenais sur moi pour ne pas lui montrer ma rancœur vis-à-vis de ces tortionnaires. Je ne détournai pas un seul instant le regard, lui faisait comprendre que je la soutenais. Je refermais la deuxième main sur la sienne, ne disant rien mais lui faisant ressentir que je serai là pour elle. Toujours. « Je ne me souviens de rien ... Mon dernier souvenir remonte à 1 an ... 1 an, tu te rends compte ?! » Mon regard se baissa un instant alors que j’inspirai et expirai fortement. Après quelques petites secondes à me battre contre diverses émotions, je reposai mon regard sur elle, essuyant de mon pouce une des larmes qui s’abandonna malgré elle sur sa joue. « Tu vas te souvenir. On va tout faire pour que tu fasses travailler ta mémoire. Je… je te promets de t’aider, à te rappeler tout ce que je peux, à… Je serai là, pour toi, pour te défendre et te… venger… » Dis-je en avalant avec difficulté ma salive, pensant à ce que j’avais à Tracy pour la venger, justement. « … pour que tu te souviennes. Tu vas y arriver, j’en suis sûr ! » Lui dis-je avec un petit sourire encourageant.

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Anoushka & Keagan

« Merci ! T’inquiètes, c’était pas comme si j’avais été vraiment consciente que me anniversaire était passé. On fêtera le suivant ! » En guise de réponse, je haussai simplement les épaules. Un anniversaire, c’était un jour comme un autre après tout. Personnellement, le mien m’importait peu, je faisais juste en sorte d’être moins extrême quand il s’agissait de celui des autres. Cependant, Anoushka ne semblait pas vraiment attristée d’avoir loupé son anniversaire, alors autant rester sur la fin de sa phrase : on fêtera le suivant. Je lui souris légèrement comme pour approuver ses mots, que pouvais-je rajouter de toute façon ? Remuer le couteau dans la plaie n’était pas mon but, j’étais suffisamment maladroit et j’avais assez souvent merdé cette année pour ne pas faire de mal à ma meilleure amie en insistant sur des conneries. Je me rattraperai plus tard, même si cela n’avait pas d’importance pour elle, ça en avait pour moi. Pratiquement un an sans vraiment la voir… c’était juste hallucinant !

Après que je le lui aie demandé, elle me raconta ce qu’il lui était arrivé. Enfin, ce qu’on lui en avait dit, en réalité. Je ne pouvais pas dire ce qu’elle ressentait en ce moment-même mais, pour ma part, je crois que je préfèrerais oublier toutes les choses que j’ai faites pendant l’année plutôt que de les revoir toutes les nuits dans mon sommeil. Mais qui avait le droit de lui voler ses souvenirs ? Personne ! Alors évidemment que j’étais peiné pour elle, encore plus en craignant de voir des larmes sur ses joues. Je ne pouvais plus voir toute cette douleur et je regrettais de ne pas pouvoir faire plus pour elle. Tout ce que je pouvais lui promettre était de l’aider. C’était la seule carte que j’avais en main et je jurais de le faire, c’était tout ce qu’elle méritait. « Est-ce que tu as beaucoup souffert cette année ? Comment c’était votre vie en bas ? » Mes doigts essuyait ses larmes alors qu’elle me posait ses questions qui me coupèrent la respiration. Elle ne se souvenait de rien et du coup je devais lui raconter nos… vies. C’était dur, je n’y étais pas encore prêt et je savais que réaliser, ou encore assumer, mes actes était une chose traumatisante que je mettais de côté pour le moment. Enfin, de ce que je pouvais le faire. J’avalai ma salive avec difficulté, reposant ma main sur son lit alors que je la regardai quelques secondes sans rien dire, avec un certain malaise. Je détournai alors le regard, plus ou moins dans le vide, pour lui dire : « On a tous souffert, de façon juste différente. En bas c’était… glauque, glacial, effrayant, étouffant, douloureux… je… je voudrais éviter d’y penser, cet endroit m’a un peu… changé, en réalité. » Je n’osais pas la regarder de peur de devoir affronter des questionnements dans son regard, devant faire face à mes démons qui n’avaient été bien que trop présents ces derniers mois. J’ajoutai juste d’un ton un peu plus léger, me décidant de nouveau à tourner le regard vers elle. « Heureusement que Daniela était là. Enfin, non, pas sa situation mais… » Je soufflai. « Tu comprends. » Bien évidemment qu’il n’y avait pas que la présence de la Poufsouffle, celle de Malia, Jill, et quelques-uns (peu) d’autres aussi aux cachots, mais mon pilier avait été Danni, c’était évidemment. Et mes espoirs étaient basés sur Anoushka et Edward… la question ne se posait même pas ! « Est-ce que j’ai été présente pour toi ? Ne me mens pas pour me protéger, j’ai vraiment besoin de savoir. » Je fronçai légèrement les sourcils, surpris de sa question. Elle n’imaginait même pas à quel point elle avait été un espoir pour moi, c’était dommage ! « Oh que oui tu as été présente ! Tu as pris des risques pour m’envoyer des lettres, de quoi me donner de l’espoir. Tu as fait en sorte de pouvoir envoyer un message à mes parents avec l’aide d’Ed’, tu m’as aidé par tes mots et ta détermination. Tu as fait beaucoup, et sûrement des choses que je ne sais même pas, à ce que je pouvais comprendre dans tes lettres… tu peux être rassurée sur ce point, tu as été là pour moi. Et… même si tu ne t’en souviens pas, je t’en remercie, sincèrement. » Et c’était vraiment franc, parce que je n’avais jamais eu l’occasion de lui dire. Est-ce que je devais aussi lui dire qu’elle avait subi des tortures et que ça m’avait fait péter un câble, que j’avais de ce fait fait l’une des choses les plus horribles que je n’ai jamais faite ? Non… non je craignais de devoir me remémorer ce moment où je m’étais conduit comme un monstre. Trop de fois à mon goût, ces derniers mois. Je devais être là pour aider Anoushka, pas pour la faire se sentir mal. Curieux, j’en profitais pour lui demander : « C’est quoi, tes derniers souvenirs ? » Parce que, oui, il fallait bien que je sache où elle en était, pour ne pas dire tout et n‘importe quoi non plus…

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Anoushka & Keagan

Ma meilleure amie n’arrivait pas à assumer ce qui venait de lui tomber sur le coin du nez et cela m’insupportait ! En fait, j’étais agacé de ne pas pouvoir lui rendre ce qu’on lui avait pris. Cette amnésie, j’avais bien conscience que c’était une torture pour elle et je serais prêt à tout pour lui rendre ses souvenirs mais… Ben ouais, je n’étais pas Dieu, que vouliez-vous que je fasse ? Je me promettais de l’aider autant que je le pourrais, c’était à ça que servaient les amis nan ?! Elle avait tant fait pour moi, j’en culpabilisais presque et je me demandais comment lui faire comprendre que tout ça comptait énormément pour moi, même si elle ne se souvenait pas de ces moments.
Elle me demanda de lui parler de ce que nous avions vécu, en bas, et j’eus du mal à me lancer. Parce que c’était douloureux, parce que j’avais changé dans ces foutus cachots et que j’en avais honte. Je savais que je voulais l’aider et il fallait passer par là, lui dire quel avait été notre quotidien, mais malheureusement je n’y étais pas encore prêt. Je vivais cela comme un traumatisme et chaque mot me semblait difficile à passer dans ma gorge. « Je suis désolée de t'imposer tout ça … » Désolée ? Nous l’étions tous, à des niveaux différents et sur des sujets distincts. Je sentais dans sa voix qu’elle voulait que je lui en dise plus mais c’était plus fort que moi, je ne pouvais pas. Dans un souffle, baissant les yeux sur son lit, je lui dis : « Je te raconterai… plus de choses, mais… enfin je ne suis pas encore prêt. » Je relevai des yeux un peu honteux sur elle, lui demandant : « Promis. » Soit disant : « Un jour, c’est certain, mais pas tout de suite. » Demain, dans une semaine, dans un mois. Je ne savais pas, mais me forcer aurait des conséquences que je ne voulais même pas imaginer. J’étais déjà bien trop mal à l’heure actuelle, mais j’allais travailler dessus et me confier plus. Un jour. « Non … oui … enfin je ne sais pas, je suppose que vous vous êtes soutenu dans cette épreuve … » Je lui parlais du soutien de Daniela et ce fut à sa réaction que je réalisais : ses souvenirs remontaient à peu près à une année, évidemment qu’elle ne savait pas pour nous. Ma bouche s’entrouvrit quand je compris – cerveau lent bonjour ! – avant de se refermer, un peu mal à l’aise de devoir lui dire cela. Pourquoi ? Aucune idée mais repenser à la façon dont nous avions été ensemble était assez déstabilisant, surtout que je pensais aussi à Phoebe que j’avais fait souffrir, et croyez-moi c’était loin d’être de bons souvenirs ! « Je… en fait on est ensemble, avec Danni, depuis septembre. » Je la fixai comme pour capter l’ensemble de ses réactions, espérant juste ne pas la blesser en lui faisant réaliser une fois de plus qu’elle avait oublié beaucoup de choses. Je culpabilisais une fois de plus, sans pouvoir vraiment me l’expliquer. « J’aurais sûrement mal tourné sans elle… en bas… plus que je ne l’ai déjà fait. » Lui avouai-je d’une petite voix alors que mes yeux se baladaient un peu partout, relativement gêné par tout ça.

Elle se demandait si elle avait été présente pour moi et il était obligatoire de lui dire toute la vérité : elle avait été un espoir énorme ! Ses lettres, que je lisais et relisais, me donnaient la motivation nécessaire pour ne pas craquer, pour me dire qu’on arriverait à sortir de là. Et puis elle avait fait beaucoup, avec Edward, concernant mes parents. Ce qui comptait pour moi. Mes deux meilleurs amis, pas vraiment potes, qui s’allient pour ce genre de cause… Je peux vous assurer que ça faisait sacrément du bien au moral ! « Edward ?! J'ai écrit à tes parents avec lui ? Et ben, ça devait vraiment être atroce pour qu'il m'accepte à ses côtés sans m'envoyer chier, un vrai miracle … » J’acquiesçai d’un signe de tête suite à ses interrogations et ne pus m’empêcher de laisser échapper un petit rire face à ce constat. « Comme quoi, tout est possible ! Mais… sincèrement, vous avez été là pour moi, tu as été là et ne pas te voir… ben… c’était… long. » Elle me connaissait, elle savait que j’avais du mal à dire ce que j’avais sur le cœur mais j’espérais qu’elle lirait entre les lignes et qu’elle comprendrait qu’elle m’avait beaucoup manquée, que son absence m’avait été pesante et que je ferai tout pour qu’elle se sente mieux ! J’en profitai d’ailleurs pour la remercier, souriant avec émotion lorsqu’elle me serra la main. « C'est normal d'avoir été là pour toi, tu aurais fait la même chose pour moi ! » C’était évident ! Je ferai beaucoup de choses pour elle, des choses que je regretterai par la suite… Je l’avais d’ailleurs déjà fait mais je gardais bien ça pour moi. Je lui souris de nouveau, approuvant d’un petit signe de tête. Jamais je ne la laisserais tomber et j’étais bien content qu’elle en ait conscience ! Maintenant, la curiosité et la protection prenaient le dessus et je lui demandais quels étaient ses souvenirs. « Je crois que c'était quelques jours avant le bal de fin d'année. Je ne me souviens pas du bal, ni des vacances, ni de la rentrée, ni rien … » Ah… ah oui quand même ! Ouah, effectivement, elle en avait loupé des choses, et mon air surpris en témoigna alors qu’un pincement de lèvres se fit malgré moi. Pensif, je hochai la tête en essayant de retrouver ce qui avait bien pu se passer de particulier à ce moment-là mais… difficile. Alors je pris le penchant de l’humour, humour que je maîtrisais assez mal ces derniers temps. « La bonne nouvelle, c’est que tu n’te souviens peut-être plus de Laughlin ! » Ok, humour à la con mais elle savait l’amour que j’avais pour cet idiot… Je lui souris avant de reprendre avec plus de sérieux : « Le bal n’avait rien de particulier, tout du moins rien qui vaille la peine de s’en souvenir, il me semble… Les vacances, c’était en camp dans la campagne irlandaise. C’était pas le repos attendu mais bon, c’était des vacances normales. Après tu as vu ta mère, si je me souviens bien, et tu as passé de bons moments avec elle. La rentrée… lambda, crois-moi ce n’était pas les moments les plus exaltants possibles. On ne se voyait pas énormément. Tu passais pas mal de temps avec Laughlin, et moi j’avais toujours ma lubie… tu sais, avec ton cousin. Enfin bref, ne parlons pas de choses qui fâchent. Que veux-tu savoir ? Demande et je te dirai. Sauf… les détails, je… tu comprends, je t’en parlerai plus tard. » Je pouvais lui dire tout ce qu’elle voulait, mais concernant ces derniers mois, je ne pouvais que survoler, pour le moment, j’espérais qu’elle le comprenne.


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« Ah ! ... D'accord ! » Je le voyais bien qu’elle était déçue. Je voyais encore plus qu’elle m’en voulait. Mais que voulez-vous que je lui dise ? Je ne me sentais pas prêt à lui parler de tout ça. Elle n’en avait aucun souvenir, elle ne s’imaginait pas le traumatisme que c’était pour moi. En bas… Ca avait transformé les gens, ça m’avait transformé. J’étais devenu une version de moi-même juste cruelle et horrible, une version que je ne supportais pas, et elle voulait que je me remémore tout ça ? Nan, sincèrement je n’y étais pas encore prêt. Je serais capable de fondre en larme et de taper dans les murs de frustration rien qu’en y repensant… Je voulais faire beaucoup pour elle, j’étais prêt à beaucoup de choses mais… Ca pas encore. Ca viendrait. J’espérais juste qu’au fond, elle comprenait. J’étais un peu vexé de voir sa réaction mais en même temps je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle avait oublié. Elle ne pouvait pas savoir comme ça avait été difficile. Et elle devait être en colère de ne plus se souvenir. Je pouvais l’imaginer. « Ah ?! ... Ben je ne savais pas ... 'fin je ne m'en souviens pas ... Mes félicitations ... » Ses mots me restaient en travers de la gorge et je dus prendre sur moi pour ne pas lui montrer à quel point son manque d’enthousiasme me faisait mal au cœur. Elle s’en moquait… Elle se fichait du fait que j’avais trouvé quelqu’un qui me rendait heureux. Je le sentais. Ses félicitations étaient vides, il n’y avait pas de chaleur, ni de joie. Ils étaient… tristes, et j’en étais que plus blessé. Je baissais les yeux, fuyant son regard en tentant de me convaincre de ne pas lui en vouloir. Qu’elle était sous le choc. Elle était ma meilleure amie, en vrai elle ne pouvait qu’être heureuse pour moi… non ? C’était son amnésie qui la rendait si insensible. Enfin, je tentais de m’en convaincre pour ne pas laisser ma déception prendre le dessus. Je l’entendis bouger, ce qui me fit relever les yeux vers elle alors que je la vis passer ses bras autour de ses genoux, comme si elle cherchait à se protéger de moi. Comme si j’étais en train de lui faire du mal… ce qui serait bien la dernière chose que je ferais ! Je ne savais même plus quoi lui dire tant j’étais peinée de la voir ainsi. Elle n’était plus comme au début de nos retrouvailles. Elle ne semblait plus heureuse de me voir, de me parler. Ca me faisait énormément de mal, vous ne pouvez même pas imaginer ! Je ne l’avais pas vu pendant un an et… là… j’avais l’impression qu’elle ne voulait plus me voir. Je m’en voulais de ne pas lui apporter le sourire. C’était mon rôle m**** ! J’étais frustré, incroyablement agacé contre moi-même et blessé par ses réactions.

Je l’observais. Elle fuyait mon regard et je me sentais mal à l’aise. Qu’avais-je fait pour qu’elle devienne froide et distante en si peu de temps ? Vraiment, j’étais perdu… Mais je me doutais que j’étais en faute. Je ne comprenais simplement pas. « Si je me suis alliée à Ed pour t'aider c'est que j'ai dû trouver le temps très long aussi !! » Finit-elle par me dire. Je ne savais plus quoi lui dire de peur de la vexer, de la décevoir. Elle m’avait manqué. Incroyablement manqué. Et pourtant, à ses mots, je remarquais qu’elle n’était pas certaine que ce manque ait été réciproque. « J’ai dû trouver le temps très long aussi… ». Elle n’en était pas sûre. Je ne pus que répondre un petit : « J’en avais l’impression… » en repensant à ses lettres, mais j’en venais à en douter. J’étais triste. Je gardais ma rancœur en moi et je baissais de nouveau les yeux, avalant ma salive avec difficulté. Ce n’était pas les retrouvailles que j’attendais et je m’en voulais. Etait-ce par ce que je ne lui avais rien dit de ce que j’avais vécu ? Elle n’était pas égoïste à ce point quand même ? Elle n’était pas prête à me faire retourner en enfer ??? Je ne préférais plus y penser, je me sentais bien trop mal.

« SI je m'en souviens très bien figure toi !! » Bien sûr qu’elle s’en souvenait, et je n’avais pas parlé de Laughlin pour lui faire du mal. Mais mes paroles étaient mal interprétées, j’avais l’impression de patauger dans la semoule, de m’enfoncer un peu plus alors que je tentais de faire des efforts pour elle. A croire que tant que je ne serais pas prêt à parler de mon expérience, elle ne serait pas prête à me voir… Et je luttais pour ne pas lui en vouloir, pour comprendre et pour ne pas laisser mon impulsivité prendre le dessus et tout envoyer balader. Je le faisais pour elle, pour ma meilleure amie. Elle n’avait pas idée comme je prenais sur moi. Des larmes coulèrent sur ses joues et je me sentis comme le dernier des idiots en disant : « Nan nan, ne pleure pas… » Oh quel crétin, j’étais le pire des meilleurs amis ! J’essuyai d’un revers de main ses larmes alors qu’elle me disait : « ... Enfin non ... Je me souvenais de lui mais pas de nos un an ensemble ... je suis la pire des petites amies. » Punaise j’étais nul pour consoler quelqu’un ! Un vrai boulet ! Et j’en étais terriblement mal à l’aise. Maladroitement, je posai une main compatissante sur son genou en lui disant : « Ce n’est pas ta faute. Tu… tu te souviendras. Il comprendra. » J’aurais pu ajouter qu’il avait intérêt à comprendre auquel cas il saurait comment je m’appelle mais ce ne serait pas très malin. Je manquais de tact mais je n’étais pas si idiot. Je soupirai, me sentant totalement impuissant. Je ne savais pas quoi dire, encore une fois. J’étais tellement mauvais dans ce genre d’exercice. J’aurais voulu la prendre dans mes bras et lui dire que tout allait bien mais, d’une, je ne pouvais pas le faire tant elle était recroquevillée sur elle-même, et de deux, je ne voulais pas lui mentir. Rien ne disait que tout irait bien, c’était un fait. Alors je tentai de me rattraper en lui raconter des choses mais je la sens peu réceptive. J’en vins à lui demander ce qu’elle voulait savoir et sa réponse me coupe net la respiration. « Rien. Je suis fatiguée. » Ah. D’accord. Une boule douloureuse s’installe dans mon ventre alors que je me sens nauséeux. J’étais frustré. J’étais vexé. Et je m’en voulais de ne pas être la personne qui lui donnerait le sourire. Je hochai juste doucement la tête à ses paroles, fuyant son regard. « D’accord… » Je me levai de son lit, retirant ma main de son genou alors que je sens ma gorge se nouer, ajoutant : « Je… je vais te laisser te reposer. Je… je dois y aller, j’ai besoin… d’air, je crois. » Dis-je en soufflant alors que je n’osais même pas la regarder. Je déposai un baiser sur son front pour lui faire comprendre qu’elle comptait pour moi, mais les mots ne voulaient pas sortir. Le regard fuyant, je finis par dire avant de partir de l’autre côté de l’infirmerie, là où je pourrais m’agacer tout seul dans mon coin : « Si tu as besoin… » Les mots ne sortent plus, c’était tout pour aujourd’hui. Je ne lui en voulais pas. Pas vraiment. Mais bon sang elle m’avait mis le moral à zéro… et ce n’était pas le genre de thérapie dont j’avais besoin. Mais c’était Anoushka, et je ferais tout pour passer outre ce mauvais moment et être là pour elle…

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