Les jours s’enchaînaient et ce n’était pas si embêtant que je l’imaginais. On avait trouvé de quoi faire une cabane avec Myla et on pouvait dire que c’était notre petit repère. Bon, j’avais aussi tenté quelques activités mais entre celles qui avaient des airs de réunion pour alcooliques anonymes et celles où les gens n’avaient aucune envie d’y être, c’était loin d‘être funky ! Pouvoir cependant refaire du Quidditch, des cours de cuisine, du bricolage, du sport et… courir sans se soucier du reste du monde, c’était le pied ! Et la journée que je venais de passer avait été haute en animation. Je pouvais avoir de nouveau accès à tout ça autant que je voulais, je me devais d’en profiter à fond ! Bon, je cassais peut-être les pieds à certains, mais pour dire vrai, qu’est-ce que j’en avais à faire ?! Mes frères étaient là et même si je les évitais, pour mon pur bonheur (oui, je les aimais, mais quand même !), j’étais soulagée de les savoir ici et pas à faire les cons je-ne-sais-où (dixit Justin !). Oui, c’était risible venant de moi mais j’aimais bien dire aux autres ce qu’il fallait qu’ils fassent alors que je faisais moi-même tout l’inverse.

J’avais du mal à rejoindre le dortoir en fin de journée, et bien souvent je désertais le navire pour me barrer avec Mimi dans notre petite cabane. Carrément moins étouffant et sans les ronflements de nos camarades… ces filles étaient de vrais phoques ! Mais bon, ce soir j’y serai, parce qu’un vrai lit de temps en temps, c’était quand même cool ! Glissée dans mes draps, je n’avais pas mis long feu à m’endormir. Si vous ne voulez plus que je parle, faites-moi bouger toute la journée non-stop, donnez-moi un gros repas le soir (vive les défis à la con… hum !) et bam ! Vous êtes tranquille pour la nuit ! Oh punaise, j’étais sur un bateau… Un super beau bateau, une croisière de rêve avec tout le luxe… Ouah génial. Ou pas… Une tempête, je chavire, je bouge, je vais vomir… J’ouvris légèrement les yeux en sentant qu’on me secouait doucement, clignant à plusieurs reprises des paupières avant de reconnaître la voix auprès de moi. « Bonjour ma Zozo. » Je remarquai le doigt sur sa bouche et ne pus m’empêcher d’afficher un large sourire en sachant très bien que si Sav’ était là, c’était pour une aventure nocturne que j’adorerais. « Amène-toi, on part en balade. » Je me redressai immédiatement, virant les draps au-dessus de moi. Comme quoi, il y avait des mots, de certaines personnes, qui pouvaient me sortir de mon lit sans trop insister. « T'as quoi en t… » Pas le temps de finir ce que j’étais en train de chuchoter que je vis la bouteille dans sa main. Oh my god ! Oui oui, je n’avais que 14ans, et alors ? Je n’allais pas refuser une escapade en bonne compagnie… avec DEUX bonnes compagnies, ahah ! Je regardai vite fait autour de nous, attrapant juste mon sweat à capuches, mon petit sac en bandoulières aux mille merveilles et mes tennis, restant en pyja-short pour ne pas perdre de temps. A ses côtés, je lui souffle avec un large sourire enthousiaste, passant mon bras autour du sien : « Let’s go poulette ! ».

Rapidement, nous voilà à l’extérieur et je suivis bien docilement mon amie. Je n’étais jamais la dernière pour ce genre d’aventure, j’étais même souvent l’instigatrice. Là, elle avait l’air d’avoir une idée et j’étais carrément emballée. Je pensais qu’elle avait dû lire dans mon esprit car j’étais prête à lui demander l’heure qu’il était quand elle m’affirma : « Je savais que tu n’aurais rien contre une petite promenade rafraichissante à trois heures du matin. » Je fis mine d’être surprise par ce qu’elle dit, jouant mes airs de princesse tout en m’attachant les cheveux. « Trois heures du matin ? Oh, parfait, c’est mon heure pour aller sniffer les bonnes odeurs de bouse de vache. » Idiot, mais ça me faisait rire ! Arrivées au niveau de l’étang, nous nous installons toutes deux au bord de l’eau et j’étais tellement contente de passer un peu de temps avec Sav’ que je ne captais même pas qu’il ne faisait pas bien chaud. Rien à faire ! Est-ce que je me préoccupais des règles, des limites ou des répercutions ? Pas le moins du monde, ça ne m’effleurait même pas l’esprit.
« Merci de te joindre à moi. » Je lui souris largement avant d’écarter mes bras. « Quand il s‘agit de faire le mur avec toi, je suis toujours prête ! » Puis je montrai de mon index sa fameuse bouteille qui me faisait de l’œil. « Y a quoi là-dedans ? Vend-moi du rêve ! » Et à mon tour, je tapotai mon petit sac que j’avais vite pris, sachant que ce serait le moment de penser à ce que Justin m’avait donné. « J’ai une petite surprise là-dedans… de la part de Justin et ses potes… va falloir tester ! » Et elle devait se douter que si ça venait de Justin, ça craignait sûrement. Alors, on avait la boisson, une surprise à fumer (bien qu’elle ne le sache pas) et deux délurées… la nuit promettait, n’est-ce pas ?

Je ne savais pas un seul instant où Savannah m’embarquait, mais l’idée de partir à l’aventure avec elle me motivait toujours. Et ça me réveillait bien vite, tout comme de voir une bouteille intéressante entre ses mains. Bien bien bien… je me dépêchais et enfilais juste un sweat et des tennis avant de la suivre docilement, totalement excitée par ce petit moment nocturne. Oh il ne m’en fallait pas plus pour me lever du bon pied. Bon, c’était aussi parce que c’était la vipère. Quelqu’un qui m’importait peu aurait faire la même, je lui aurais juste aboyé dessus !
Je pris mon sac et hop ! C’était parti. Elle devait se demander ce que j’avais là-dedans et je me disais que c’était le moment idéale pour inaugurer ce que Justin m’avait refilé.

Ce qui était génial était d’être seules dehors. Pas de regards en coin, pas de chieurs aux alentours… la nuit était à nous, héhé ! « Tu veux peut-être qu’on fasse un petit détour pour dorloter les animaux ? Je sens que tu en meurs d’envie. » Oh alors là, elle avait tout bon ! Ma sensibilité en était touchée ! Hum… ouais, c’était de l’humour hein car même si les animaux ne me gênaient pas, je n’avais pas de temps à perdre à leur faire des caresses dont ils se foutaient royalement. « Tu me connais tellement bien ! Je rêve d’aller faire un câlin à chacune des bêtes… mais je ne veux pas t’imposer cette corvée ! » Lui dis-je d’un air malicieux, sachant que je n’étais pas à habituer à ce genre d’animaux de la campagne. Et elle le savait bien. Alors bon, autant passer son chemin !

« C’est la plus belle déclaration qu’on m’ait jamais faite. » Je ne pus m’empêcher de rire, réagissant directement en portant mes mains à mon cœur, battant des cils malicieusement. « Que veux-tu, je suis une vraie romantique. » Bien sûr bien sûr… c’était connu, Zoey Brewster était une émotive et une sensible… totalement risible ! En tout cas, cette taquinerie m’amusait et je n’en attendais pas moins de la compagnie de Savannah. Curieuse, je m’empressai de lui demander ce que cachais sa bouteille qui me faisait de l’œil. « Hmm… Il est écrit qu’il s’agit d’un hydromel liquoreux mais je ne sais pas du tout ce que ça veut dire… Il date de 2010… C’est vieux ? » Je haussai les épaules. 2010, c’était quand même loin, pratiquement mon année de naissance ! Je regardai à mon tour la bouteille, intriguée : « Ben, un peu… Tout dépend ce qu’hydromel liquoreux veut dire mais… j’suis pas connaisseuse. » Dis-je avec une petite grimace, me disant que si Justin était là, il nous renseignerait bien. Ce n’était pas un compliment à 16ans (pour lui), mais il était assez « expert » concernant tout ce qui ne devait pas être consommé. Les joies des quartiers ! « Seize pour cent c’est beaucoup, tu crois ? » De nouveau, je haussai les épaules en faisant un bruit avec ma bouche, témoignant du fait que je n’en avais aucune idée. « La meilleure façon de savoir c’est de goûter. » Lui lançai-je avec un petit sourire espiègle avant de tapoter sur mon sac, lui disant que j’avais moi aussi une petite surprise made in Justin. Ce qui n’était pas très rassurant de base mais qui signifiait « nouvelle expérience ». Enfin pour moi ce serait le cas, et si Justin avait jugé bon de me le donner maintenant, c’était que j’étais prête pour ça, nan ? Peut-être que Sav’ avait déjà consommé, qui sait, nous verrions bien. « Ah ouais ? Qu’est-ce que c’est ? » Un large sourire illumine mon visage alors que j’ouvre mon sac, trifouillant dedans. « Tu ne vas pas être déçue… » Ou peut-être que si, je ne savais pas, mais c’était le moment idéal pour s’adonner aux tentations de la vie ! Je sortis alors une petite boîte en fer, lui mettant sous le nez. « Sens-moi ça… une idée ? » Je le regardai avec malice, me demandant si elle reconnaîtrait avant de lui ouvrir juste sous les yeux, révélant six petits joints, un briquet et une petite barre de shit. Pas de cigarettes, Justin disait que c’était son petit plaisir quotidien et il commençait déjà à m’en laisser quelques-unes, depuis cette année en vrai. Il m’avait dit que ça me ferait du bien pour me changer les idées quand les choses n’étaient pas au beau fixe. Ca faisait du bien, oui, mais aider… De temps en temps c’était agréable, mais je ne voulais pas que ça joue sur mes aptitudes à courir, sur mes compétences, alors je minimisai, même si j’avouais bien apprécier. De toute façon, tout ce qu’il ne fallait pas faire, je le faisais… Mes yeux se posèrent sur ce petit cadeau de mon frère, alors que je lui expliquai : « Il m’a dit que c’était le moment pour moi alors… pourquoi pas hein, j’aime bien tester de nouvelles choses et… » Je sortis la barre de shit de sa boîte avant de la humer. « Il m’a expliqué comment faire… Tentée ? » Lui dis-je, souriante, me disant que si elle refusait, ce serait dommage, mais je le ferai seule, plus tard… ce qui serait quand même vachement moins drôle. Oui, vous aviez vu, mon frère avait une très belle influence sur moi… Ce soir, probablement ma première cuite, et ma première prise de drogue ! C’était fort ! Une soirée à marquer au fer rouge !

Dire tout et n’importe quoi, c’était peut-être l’un de mes plus gros problèmes. Mais j’avais 14ans, on n’allait pas non plus me demander de faire de maturité ! Je n’en avais aucune envie. Et bien que Savannah soit âgée de pratiquement deux ans de plus que moi, et qu’elle soit du même âge que Justin, je savais que cette différence ne jouait pas sur notre complicité. Nous étions différente, c’est vrai, mais nous avions aussi beaucoup en commun, assez pour apprécier de passer du temps ensemble. « Mais oui bien, sûr, zéro crédibilité ma grande. » Et j’en riais, parce qu’il était vrai que parler romantisme ou sagesse n’était pas ce qui me caractérisait le plus. Enfin, la première me semblait bien loin… et je me disais un peu trop jeune pour comprendre réellement ce que c’était, si seulement cela pouvait m’intéresser. Et croyez-moi, ce n’était pas le cas ! Je haussai alors juste les épaules de façon malicieuse. C’était bien la preuve qu’elle me connaissait bien, Sav’…

Nous voilà assises au bord de l’eau et je sentais que cette « nuit » allait être prometteuse. Inattendue, mais intéressante. De toute façon, tout ce qui sortait des règles m’intéressait, alors autant dire que j’étais hyper enthousiaste ! L’alcool, voilà bien une chose que je ne connaissais pas vraiment. Liam ne m’en avait jamais trop parlé (trop de protection, je vous l’assure) mais Justin était vraiment attiré par ce genre de boisson. C’était ça l’adolescence, comme il le disait. Et apparemment je m’en approchais cruellement. Justin était vraiment le pire de la famille… mais je l’adorais autant qu’il m’insupportait. S’il y avait une connerie à faire, c’était pour lui, et je trouvais ça assez enrichissant. Goûter à tout, tenter des tas de choses, c’était ce qui nous faisait grandir, nan ? En passant par ce genre de petites folies, j’en étais certaine ! Sav’ était un peu plus « vieille » que moi alors j’étais assez surprise qu’elle ne connaisse pas plus de chose sur ce genre d’élixir. J’avais l’impression qu’il y avait un monde entre elle et Justin, pourtant ils étaient de la même année. Enfin, pour ce que ça m’importait… A nous la découverte de ce petite plaisir ! Nous ne savions rien de cette bouteille, alors autant apprendre à la déguster ensemble. Je savais que Savannah était moins imprudente et aventureuse que moi, mais je la savais prête à tenter de nouvelles choses. C’était la soirée/nuit pour ! « Je t’avoue que je n’en ai pas la moindre idée, j’ai trouvé cette bouteille un jour en rangeant la réserve et je me suis dit que ça pouvait être cool d’essayer… Du coup je l’ai empruntée. » Et je partageais fortement cette prise d’initiative, approuvant ceci par un large sourire. Emprunter… voilà un mot que je connaissais mal. Enfin, ma « maladie » n’aidait pas, et c’était surprenant que ce ne soit pas moi qui ait emprunté cette bouteille. Pour une fois. Enfin, ce n’était pas comme si je ne retrouvais pas des affaires qui ne m’appartenais pas dans les miennes… problème problème, mais ce n’était pas actuel donc passons ! « Très bonne idée ! Cette bouteille te faisait de l’œil, tu étais obligée de « l’emprunter » ». Dis-je en mimant les guillemets d’un air clairement amusé. Maintenant, espérons juste que ce ne soit pas de l’alcool à 90° ou une potion néfaste parce que mourir dans cette punaise de ferme était loin d’être mon but ! Mais bon, j’étais assez imprudente pour essayer de goûter quand même. Un élixir, ce n’était jamais mauvais… « Je t’avoue que je ne sais même pas si ça se boit pur ou s’il faut mettre un autre truc dedans, mais de toute façon, je n’ai pas pensé à prendre autre chose, donc il va falloir se contenter de ce que l’on a. » Bon, elle confirmait mes doutes mais, pour dire la vérité, ça ne m’inquiétait pas. Un haussement d’épaules montra le fait que j’étais prêtre à voir si ça se buvait vraiment ou pas. Et pour ce qui était de diluer… Oh, ben on ferait sans hein ! On était des folles nous, ouais ouais ! Je lui fis part alors que la meilleure façon de savoir était de goûter, ce qu’elle partageait. Parfait ! Elle se mit à retirer le bouchon qui fit un bruit qui m’étira encore plus le sourire, regardant la bouteille avec un attrait particulier. Le goût de l’aventure, de faire des choses interdites et nouvelles… tout ce que j’aimais !

Avant d’en savoir plus sur la fameuse boisson, j’en vins à parler de ma petite surprise. Je ne savais pas quand je pourrais inaugurer ce petite cadeau de mon frère, et j’avais à la base pensé à Myla, mais là ça tombait pile poil bien. Le super bon timing ! Bon, Sav’ n’était pas ce genre de fille… c’est-à-dire, le même genre que moi, à faire tout et n’importe quoi sans se soucier des conséquences, mais je la savais assez délurée et prête à s’amuser pour essayer avec moi. Elle ne pourrait pas me le refuser quand même ? Ce n’était pas la définition d’une copine ! Après tout, j’étais toujours partant pour… tout, avec elle, alors autant dire que ce serait le moment de tester des choses différentes. Ensemble. Un cap je vous dis ! Et j’en étais impatiente. A mon tour, je sortis la fameuse surprise de mon sac. Une petite boîte contenant tout l’attirail d’un toxico novice. Oh, ne pas se méprendre hein, je ne voulais pas devenir une fumette girl. Loin de là ! Mais bon, tester, de temps en temps… qu’y avait-il de mal à ça ? Ne jamais se mettre de barrière, j’y croyais dur comme fer ! Je lui fis sentir la boîte, souriant de façon amusée, attendant de voir si elle reconnaîtrait l’odeur. « De la drogue ?! » J’acquiesçai d’un signe de tête enthousiaste, sans perdre mon sourire surtout en remarquant le ton qu’elle prenait. J’eus presqu’envie de rire quand je lui lançai en la poussant légèrement, de façon complice : « Respire ! Y a rien à craindre ! » Enfin, pas que je sache. Je lui expliquai alors ce que m’avait dit Justin avant de lui demander si elle était tentée, la fixant en étant convaincue qu’elle ne pourrait dire non. Elle était bien trop curieuse pour ça, n’est-ce pas ?! Une toute nouvelle expérience en bonne compagnie, ça ne se refusait pas quand même ! « Bien sûr ! On ira se recoucher moins bêtes. » Ah ça c’était le genre de réponse que je voulais entendre ! Bon, dans quel état on irait se recoucher était plus flou, mais au moins on aurait tenté de toutes nouvelles expériences… Et ça allait être drôle ! « A toi l’honneur. » Me lança-t-elle tout en me tendant la bouteille que j’attrapais sans aucune hésitation, le sourire aux lèvres. « Il est temps de savoir ce que ce truc a dans le ventre. » Je levai un petit sourcil malicieux comme pour dire « c’est un défi ? », avant de porter la bouteille à mes lèvres et d’en avaler une gorgée. Ouah ouah ouah ! Ce truc était fort ! Je grimaçai, frissonnant par la même occasion, tirant la langue comme un chien qui cherchait un peu de fraîcheur. Ok… j’étais clairement novice et ça n’avait aucun goût connu, bien que je tentais de trouver un arôme qui me parle. « Punaise ! C’est… incomparable ton truc. J’crois que ça n’a même pas de goût… » Dis-je en riant alors que je cherchais un peu. « On dirait qu’il y a des fruits rouges… et du savon… ou même du bois, de la fumée… je n’sais pas trop, c’est puissant, on dirait que c’est fade et en même temps hyper parfumé… j’suis nulle en alcool mais c’est pas déplaisant comme goût. » Dis-je dans un vrai rire amusé en lui tendant la bouteille. « Tiens, à toi grand sage de me dire ce que t’en penses. » Et autant dire que ça me chauffait déjà les oreilles… mais que je ne disais pas non à une nouvelle gorgée, parce que c’était fun quand même.
Alors qu’elle reprenait la bouteille, je l’observais en même temps que je commençais à sortir une « cigarette » (on y croit tous !) de la boîte métallique, me remémorant les indications de Justin. Pas compliqué, les joints s’allument comme des cigarettes, rien de plus simple pour ceux-là, c’était ce qu’il m’avait dit. Alors je portais le tube à mes lèvres, galérant plusieurs secondes pour allumer le briquer avant d’y arriver et d’allumer le joint, inspirant fortement et me mettant à tousser comme les jumelles de Marge Simpson ! « Ouah, c’est d’la bonne ! » Lançai-je malicieusement d’une voix rauque et irritée, toussant de nouveau avant de regarder mon amie boire la boisson, lui tendant un joint pour qu’elle essaie elle aussi. « Il faut que t’aies la paire, sinon ça ne s’appellerait pas la nuit des nouvelles expériences. » Et ce n’était que le début… des idioties. J’adorais ça !

Savannah avait beau avoir deux ans que moi, je me sentais bien avec elle. Bon, en soit la différence d’âge on la ressentait, pas de doute qu’elle était plus mature que moi mais elle ne me jugeait pas, et en même temps pour être en bon terme avec moi, il ne fallait mieux pas ! Elle était de l’âge de Justin et, en réalité, je me rendais compte que l’âge n’avait rien à voir. J’avais toujours été proche de mon frère, bien qu’on passait peut-être plus de temps à s’embêter qu’à s’aimer. Enfin bref… Je savais que je n’avais pas forcément les meilleures idées du siècle mais là, actuellement, c’était elle la petite rebelle du binôme ! C’était elle qui m’avait sortie de mon lit et c’était elle qui m’encourageait à boire… Hum, j’en étais choquée tiens ! Ahah. Bon ok, je n’allais pas la laisser en reste car moi aussi j’avais une petite surprise, donnée évidemment par Justin – encore lui ! – et le moment était idéal. Cette nuit toutes les deux tombaient à pic, et j’étais contente de pouvoir m’amuser en sa compagnie. Ca faisait longtemps, en vrai… et la voir en dehors de ces foutus cachots me faisaient un bien fou, et ce devait être encore plus grandiose pour elle ! Elle ne devait plus rien manquer, je l’y aiderai, c’était certain !
La bouteille qui était la raison de notre venue ici semblait avoir été « dérobée ». Elle se doutait bien que je me moquais du fait qu’elle ait commis un vol, qu’elle l’ait juste empruntée ou qu’elle soit la sienne. Peu importait, elle était là, nous devions l’en remercier.

Sav’ semblait un peu sceptique, au début, quand je lui montrais ce que ma petite boîte métallique renfermait. Oh je n’allais pas l’obliger, mais ce serait dommage de passer à côté de cette petite nouveauté, non ? Je n’étais pas une droguée, je n’avais jamais goûté, mais la rebelle dans l’âme que j’étais me pousser à essayer tout et n’importe quoi. Ca avait été le cas de la clope, même à 14 ans, et parfois j’avouais que j’aimais bien. Enfin bref, là c’était tout autre, ne nous voilons pas la face. Voyant l’hésitation de mon amie, je la charriai, lui disant qu’elle n’avait rien à craindre. De toute façon, à côté de ce qu’elle avait vécu, ça ne pourrait que lui faire du bien… En toute objectivité bien sûr ! Elle sourit et je me dis que c’était un encouragement, qu’elle était prête à tenter ce tout nouveau truc en ma compagnie. Hourra ! A nous les choses de l’adolescence, mouahahaha ! Elle me tendit la bouteille que je ne pris même pas le temps d’observer, la portant rapidement à mes lèvres pour finir par grimacer tant le goût était… étrange ? Nan vraiment, je n’avais pas de notions en alcool mais ce truc était un mélange de tout et n’importe quoi. Tellement n’importe quoi que je n’arrivais à rien identifier, la loose ! Fine connaisseuse n’est-ce pas ?! Sav’ éclata de rire et en bonne gamine je lui tirai la langue, comme pour lui dire « Tu verras bien vite sorcière ! », non sans cacher un amusement certain de par un sourire malicieux. Je ne m’y connaissais pas, et alors ? Je m’en foutais, je n’étais pas une alcoolique, encore heureux qu’à 14ans je ne sache pas décrire parfaitement ce qu’était cet élixir ! Oui, la nana s’excite toute seule, un problème ?! Hum… « Je vois que j’ai devant moi une grande connaisseuse. » J’explosai de rire, me redressant comme pour la jouer pimbêche et prenant une voix de snob à deux balles : « Evidemment très chère, une fine connaisseuse je dirais même… » Je pouffai encore plus de rire, lui tendant à mon tour la bouteille pour pouvoir moi aussi me moquer librement d’elle. Et ouais, chacune son tour ! Je l’observai alors porter le goulot à ses lèvres avant de la voir tout recracher, redoublant de rire. Alors ça, c’était le pompon ! « Ben alors l’experte, t’as avalé de travers ! » Lui lançai-je dans un rire moqueur. Enfin moqueur gentil, évidemment… « Je ne sais pas du tout ce qu’il y a là-dedans, mais je suis sûre que ça serait le top si jamais on a besoin de déboucher les toilettes un jour. » Sur ce point, avouons qu’elle n’avait pas tort. Ca pourrait très bien découcher les chiottes mais ça allait surtout nous rendre un estomac tout propre. C’te classe ! « Avoue, t’as trouvé ta bouteille dans le placard des produits d’entretien ? » Lui dis-je une fois de plus de façon moqueuse avant de la voir renquiller pour une deuxième gorgée. Pour quelqu’un qui trouvait ça dégueulasse, elle apprenait bien à la connaître, cette petite bouteille… Ce qui fit naître un petit sourire amusé sur mes lèvres alors que je lui piquai l’élixir des mains, bien qu’elle semblait me la tendre. « Eh oh, doucement, gardes-en moi ! » Lançai-je en guise de protestation. ‘Manquait plus qu’elle ne partage plus. Regardez-moi, après avoir tenté – avec une sale difficulté – de prendre une bouffée de cette superbe roulée, je lui en avais proposé. Ma générosité me perdra… Ou pas. Je sentais encore la réticente dans les gestes de Savannah mais on avait promis de s’éclater. Il y avait d’autres façons de le faire, forcément, mais c’était l’expérience de cette nuit, et je comptais bien m’y tenir ! Alors qu’elle avale une bouffée d’air frais (on y croit tous…), je reportai la bouteille à ma bouche pour en avaler une belle gorgée, grimaçant de nouveau fortement en sentant le liquide me brûler l’œsophage. Mais c’était sympa quand même, cette chaleur. Je sentais mes yeux s’embuer (Alcool ou fumée ? That is the question !) mais étrangement je trouvais ça fun. « Oh mon dieu, c’est immonde ! » Me lança-t-elle alors que j’en étais à ma troisième gorgée d’alcool. On sentait de moins en moins que c’était fort et carrément… dégueu ? C’en devenait presque plaisant. Ou c’était mon état qui faisait que ça devenait plaisant. Aucune idée, mais j’aimais bien. « Oh chochotte va ! C’est pas immonde c’est… différent. Tu préfèrerais une cigarette ? » Lui demandai-je en en sortant une de ma petite boîte métallique. Je ne lui laissai pas le temps de répondre que je l’allumai, buvant une nouvelle gorgée d’alcool avant de la tendre à Sav’, portant la clope à mes lèvres en disant : « C’est ça la liberté bébé, profite ! T’as tout ce que tu veux, t’en fais ce que tu veux, quand tu veux, en quantité que tu veux… laisse tes limites de côté ! » Lui dis-je avec malice avant d’avaler une bouffée de fumée et de la recracher, ajoutant avec un petit sourire satisfait : « C’est bien pour ça qu’on est là nan ? » Je la confrontais d’un œil espiègle avant de tirer une dernière latte, chose que je savais mieux faire (merci frangin !), lui tendant la cigarette en échange du joint. « Tiens, on fait échange, t’auras le temps de préparer ta gorge comme ça. » C’était avec beaucoup d’amusement que je lui dis ça, la laissant avec une cigarette et la bouteille d’eau, tirant une fois de plus sur le joint, chose qui me fit encore toussoter. C’était quand même vachement plus fort qu’une clope ! Et ça m’embrouillait un peu l’esprit mais c’était… pas désagréable, en fin de compte. Je me levai alors d’un bond, me plaçant face à l’étendue d’eau sous nos yeux, tournant un regard plus que malicieux vers amie, lui disant avant de prendre une nouvelle bouffée de cette drogue malsaine. « Tu n’vas pas dire non à un bain de minuit, hein ? Rappelle-toi que c’est la nuit des folies ! » Lui lançai-je de façon enthousiaste avant de hausser les sourcils, amusée, et de commencer à retirer mes chaussures. « Pas le droit de me lâcher petite précieuse, je te le ferai regretter à vie sinon ! » Lui lançai-je dans un rire alors que je jugeai bon de lui signifier, montrant nos petites trouvailles qui nous accompagnaient bien : « N’oublie pas ces merveilles hein, elles font partie de l’expérience… » Le n’importe quoi n’était pas fini. Pire ! Il ne faisait que commencer…

Je n’étais pas le meilleur des exemples. A 14ans, j’avais déjà gouté à des choses que je ne devrais avoir entendu que de nom. Mais la culpabilité revenait à mon frère, uniquement à lui ! Il disait qu’il fallait essayer, toujours, alors dès mes 13ans j’avais eu le droit à la cigarette et à de la Vodka… une gorgée m’avait suffi avant de la recracher immédiatement. Mais là, avec Savannah, c’était vraiment très drôle. Goûter à de nouvelles choses, c’était amusant. Et puis, ce n’était pas comme si je respectais à la lettre le règlement… Les règles étaient faites pour être enfreintes, n’est-ce pas ?
Quoiqu’il en soit, j’étais loin d’être experte concernant l’alcool. Et Sav’ non plus, autant le dire. C’était encore plus marrant ! Entre les rires et les grimaces, l’ambiance était déjà plus que présente et j’étais contente de partager ce moment avec mon amie. Il fallait l’avouer, ça m’avait manqué cette année… Bref ! Nous étions là pour nous éclater et nous allions le faire ! « Gnagnagna. Vas-y moque-toi, en attendant maintenant on sait que ce n’est pas de l’alcool de chochotte ! » Je ris de bon cœur tout en acquiesçant d’une signe de tête, disant de façon moqueuse : « Tu dis ça pour te donner bonne conscience d’avoir une tête de gobelin à chaque fois que tu bois une gorgée ! » Et je devais sûrement avoir la même tête mais c’était plus drôle de la provoquer. « Tout à fait. J’essayais de te tuer. Tu es plus coriace que je ne le pensais. » Je tentai de jouer la nana suspicieuse en fronçant les sourcils, la fixant, avant de rire, me rendant compte que jouer la comédie, là tout de suite, m’était impossible. « T’as même pas idée, une vraie dure ! » Bon en vrai j’avais surtout un caractère de cochon mais c’était drôle de plaisanter sur ce genre de sujet. Glauque pour certains, amusant pour nous. Je me penchais vers elle et dis malicieusement : « Enfin c’est surtout que tu m’aimes et que tu n’voudrais pas me faire de mal… » Oui, je me lançais des fleurs et ça m’amusait. Oh, les plaisanteries allaient bon train, et ce n’était pas prêt de s’arrêter !
« Eh ! J’ai bu seulement deux gorgées, espèce de poivrote ! » Blablabla, gamineries que je mimais par ma main en forme de bec représentant le fait qu’elle parlait dans l’air. Non sans un sourire amusé sur les lèvres, évidemment. Je lui pris la bouteille des mains avant d’en déguster une gorgée de plus à mon tour. « Poivrote toi-même ! Je te rappelle que c’est toi qui détenais ce truc qui va nous arracher la gorge… » Idioties idioties, il fallait bien l’embêter un peu la vipère, mouahaha !

Justin me fournissait tout ce qu’il ne fallait pas. Les cigarettes, c’était une chose, mais les joints… Je me demandais d’ailleurs qui pouvait lui fournir. Enfin, il faisait ce qu’il voulait après tout, ça ne me regardait pas. Enfin un peu… Oh, j’avais d’autres soucis de mon côté, qu’il s’occupe des siens ! En réalité, même si cette drogue n’était pas ce que je consommerais à longueur de journée, ce n’était pas si déplaisant que ça. Alors que Savannah me fit part de son ressenti sur cette substance, je lui allume et tends une cigarette, ça adoucira un peu le goût. Sûrement. De toute façon c’était la soirée des nouveautés et des folies, tout était possible !
« Je vais finir par croire que tu n’as aucune limite. » Je lui lançai un petit regard amusé alors que je reprenais une bouffée du joint allumé, me rendant compte que j’arrivais – un peu – mieux à m’y faire. Je ne toussais plus, c’était déjà ça ! Par contre, c’était comme si ça me ralentissait… c’était assez chouette la sensation. Je ne répondis rien à ses mots mais mon sourire espiègle voulait tout dire. Il était vrai que je n’avais que peu de limites. Je n’avais pas peur des gens, des élèves, des enseignants. Je me moquais de leurs avis, de me faire attraper, de me faire punir tant que je faisais ce que j’avais envie de faire. Que je faisais de nouvelles expériences et que je profitais. Autant le dire, je n’avais pas de respect pour les autres, pas tellement de compassion et surtout je n’étais pas la plus délicate des nanas. Mais devais-je spécifier que je m’en foutais royalement ? Ceux qui comptaient pour moi le savaient, et pour eux je ferais beaucoup. Les autres… qu’ils aillent au diable !

« Bien sûr. Cette nuit va être mémorable. » Evidemment qu’elle va l’être ! Je lui souris largement avant de répondre : « Et tout ça sera nos petits secrets ! » Un petit haussement de sourcils et nous voilà en train de faire échange de substances. Je ne savais plus trop combien j’avais bu de boisson, combien j’avais pris de taf de cigarette ou de joint. Mais ce dont j’étais sûre, c’était que mon cerveau ne réagissait plus « normalement ». C’était assez drôle, cette sensation.

Un bain de minuit. C’était ce qu’on se devait de faire et, autant le dire, je me doutais que si on était venues ce n’était pas juste pour admirer l’étang. Je la connaissais mon amie, ne déconnons pas ! « Bien sûr que non, pourquoi crois-tu que je t’ai amenée jusqu’ici ? » Voilà ! Je vous l’avais dit ! Ne croyez pas qu’elle était la sagesse incarnée hein, ce n’était qu’une apparence, ahah. Mon sourire se fit enjoué alors que je posais mes mains sur mes hanches. « Je savais que ton esprit était plus perturbé que le mien. » C’était de l’humour, bien sûr. Enfin, sur fond de vérité, héhé. « J’espère que tu as bien conscience qu’un bain de minuit implique d’être complètement nu, sinon ce n’est pas un vrai bain de minuit. » Un rire s’échappa de ma bouche alors qu’elle se levait. Je n’étais pas inculte, évidemment, si on faisait les choses autant les faire bien. « Evidemment mon capitaine, je respecte toujours les traditions. » Les traditions et les règles, c’était bien connu… En toute franchise, je n’avais aucune pudeur. Je me moquais de me retrouver à poil devant mon amie. Il n’y avait qu’elle, et ce n’était pas comme si on allait se reluquer ou quelque chose dans le genre. C’était dans le délire et, sincèrement, ça me faisait rire. Je la provoquai en la nommant de « petite précieuse », riant en la voyant réagir du tac au tac. Plus vite que moi, elle enleva ses chaussures ainsi que le reste de ses vêtements, restant juste en culotte. Elle allait vite, à croire qu’elle avait peur que quelqu’un d’autre la voie, ce qui me fit rire de plus belle alors que j’ingurgitait une autre bouffée d’air frais, posant le joint encore allumé sur ma petite boîte métallique. « Alors, qui est la petite précieuse maintenant ? » Je ne pouvais pas m’arrêter de rire face à l’aplomb de Savannah. « Toi. T’es juste une petite précieuse courageuse ! » Dis-je, amusée, avant de commencer à enlever mes affaires à mon tour. Du coin de l’œil, je la vis avaler de nouvelles gorgées d’alcool, sûrement pour se donner un peu de courage, et me voilà à mon tour en petite culotte, prête à courir dans l’étang et enlever cette dernière partie. Elle se précipita dans l’eau, désormais nue, et je riais encore et toujours. « Ah la vache c’est super froid ! » Tu m’étonnes que c’était froid, c’était un étang ! « Alors trouillarde, tu viens ? Elle est super bonne une fois qu’on est dedans ! » Je roulai des yeux à ses encouragements avant d’enlever à mon tour mon boxer et de filer le plus rapidement possible jusqu’à l’étang. « Oh punaise ! » Lançai-je en secouant mes mains dans tous les sens sous la fraîcheur de l’eau. A sa réflexion sur le fait d’être pudique, je l’éclaboussais. « Je ne suis pas pudique princesse, mais je n’voudrais pas te rendre non plus jalouse. » Lui lançai-je dans un rire. En vrai, je m’en foutais royalement de son corps, du mien. On s’amusait, on se lançait des défis à la con, c’était l’unique but de notre soirée ! Par contre, je venais tout juste de capter sa demande concernant la bouteille alors que j’étais déjà dans l’étang. « Ah… merde ! Bon j’y retourne. Ne matte pas trop ! » Lançai-je, amusée. Je sortis en toute hâte de l’étang, attrapant la bouteille d’une main et ma petite boîte métallique avec le joint de l’autre. Je rentrai de nouveau dans l’eau, les mains bien en l’air pour ne pas mouiller tout ça, avant d’arriver au niveau de mon amie, de boire une gorgée de la boisson et de lui tendre la bouteille. « Pfff, je crois que j’ai noyé le joint… » Avouai-je avant de me diriger vers le bord de l’étang, d’y poser ma boîte métallique avant de l’ouvrir et de rallumer un nouveau joint. Bien… c’était reparti. Tube au coin des lèvres, je nageai jusqu’à mon ami avant de faire la planche. A poil oui, mais on s’en foutait. Je le fis quelques secondes avant de me remettre droite pour avaler de nouveau la fumée du joint, levant la tête vers les étoiles. « Tu crois que c’est normal de voir les étoiles tournoyer dans tous les sens ? » Lui demandai-je dans un rire. Bon, je crois que j’étais en train d‘être cramée… Et ça n’allait pas aller en s’arrangeant.

On allait avoir des problèmes, c’était certain. Mais bon, pour être franche, ça ne me faisait ni chaud ni froid, ce n’était pas comme si ce serait la première fois pour moi… Surtout qu’on s’amusait vraiment bien, hors de question de faire demi-tour ! Aucune de nous deux n’avait l’habitude avec l’alcool, et c’était ça qui rendait l’expérience encore plus drôle. « Ma tête de gobelin te dit zut ! » J’éclatai de rire face à autant d’arguments, secouant la tête, amusée, répétant juste dans un rire : « Zut… » Ca faisait très poli et ce ne serait pas moi qui l’aurais dit mais je trouvais ça vraiment drôle dans la bouche de Savannah, me moquant ouvertement d’elle. Oh, une moquerie gentille bien sûr, je la taquinais juste comme j’aimais tant le faire. Elle savait, elle ne m’en tiendrait pas rigueur. Une vraie dure… Je le dis dans un rire mais je savais que mon enfance m’avait réellement rendu insensible à beaucoup de choses, avec un caractère à la con. C’était comme ça, j’assumais et au moins cela m’avait permis de ne jamais me faire marcher sur les pieds ! Voyons le côté positif… J’en profitai pour jouer sur les mots, disant qu’elle m’aimait trop pour me faire du mal. C’était amusant de la provoquer, et sa réponse me fit d’autant plus rire. « Bien sûr que non, je ne t’aime pas ! Ça va pas la tête ! Tout le monde sait à quel point je te déteste. » J’étais prête à mimer un air boudeur mais son éclat de rire me devança et je ris de plus belle. « Ca tombe bien, au moins c’est réciproque mon ange ! » Dis-je d’un ton mi provocateur mi amusé. Elle savait que c’était faux, on aimait juste se charrier. Je l’adorais vraiment Savannah, c’était une amie que j’estimais et évidemment que je ne lui ferai jamais de mal.

« Et je te rappelle que je ne détiens rien du tout et qu’il s’agit d’un simple emprunt. » Je roulai des yeux face à sa défense. « Mais bien sûr… » Ajoutai-je avec un petit sourire aux lèvres. Oui oui, on le savait bien, elle l’avait empruntée cette bouteille. Encore, ce serait moi qui le dirais, on saurait ce que ça voudrait dire, bien que je ne parlais pas de ma cleptomanie, mais venant d’elle, c’était quand même surprenant ! Enfin, moi je ne la jugeais pas, au contraire, je trouvais ça cool. En plus, elle partageait cette trouvaille avec moi, que demander de plus ?
Faire de ce moment un secret, en soit de m’en moquais. Personnellement ça ne changerait rien à ma réputation, mais vouloir protéger Sav’ faisait partie de l’amitié que je lui portais. Et puis, autant dire que les conneries, on ne les avait pas encore finies pour la soirée… « Promis. » Je souris en levant la même main qu’elle. Ce serait donc notre secret, cette soirée. Une soirée qui resterait longtemps dans ma mémoire, c’est certain ! Peut-être qu’à un moment l’enthousiasme de cette soirée passera la barrière de notre bouche mais je savais que ce serait juste parce qu’on en était contentes. Qu’en serait-il d’autre ? « Oh non, crois-moi j’en suis très loin, mais j’y travaille, un jour je finirais par t’égaler. » Un petit rire s’échappa de ma bouche. Oh mon dieu non, il ne fallait mieux pas qu’elle aille sur ce terrain parce que je savais que j’étais un phénomène, je pourrais la noyer sous les conneries tant j’en avais dans la tête ! J’étais perturbée, elle était perturbée, et c’était génial parce que nous au moins, on savait s’amuser ! « J’ai hâte de voir ça ! » Lui lançai-je avec un haussement de sourcils malicieux, ne pouvant m’empêcher d’éclater de nouveau de rire. Nous étions jeunes, nous voulions nous éclater, il n’y avait clairement pas de mal à ça.

Savannah venait de courir nue dans l’eau et je ne pouvais que rire, encore et toujours, sous ce spectacle drôle à en mourir ! « Je ne sais pas si c’est comme ça que tu essaies de te rattraper, mais sache que ça ne marche pas du tout ! » Ahah, bon ok elle voyait clair dans mon jeu mais c’était bien tenté quand même non ?! A mon tour, je m’élançai dans l’eau, remarquant dès que mon orteil s’immisça dans l’étang que c’était plus que froid ! Punaise, clairement il en fallait du courage. J’entendais Sav’ rire et cela me décrocha un sourire alors que je la charriai sur le fait qu’elle serait jalouse de mon physique. C’était encore une fois juste pour l’embêter, elle était très jolie la vipère, et sincèrement je n’avais pas envie qu’on se reluque non plus ! Sa réaction, la voyant tourner sur elle-même comme une ballerine me fit rire. Encore. « Tu plaisantes ?! Regarde-moi ça, je suis absolument sublime ! » Je levai un sourcil en la regardant, l’éclaboussant tout en lui disant : « C’est ça ouais ! Arrête de me faire du gringue, je n’suis pas de ce bord-là ! » Je l’éclaboussai une nouvelle fois en disant ça, parce que je savais qu’elle non plus mais j’aimais tellement l’embêter que c’était plus fort que moi. En vrai, oui, elle était très belle, mais se comparer n’était pas le but. Elle était sûrement mille fois plus féminine que moi, donc mille fois plus alléchante pour les garçons. C’était un fait, et ça ne me gênait pas, j’assumais totalement mon côté un peu trop garçon manqué mais mon autre côté princesse remédiait très bien à ça. Et puis j’avais aussi Wendy et Myla… mes deux acolytes qui faisaient tout pour que je sois plus féminine. Bon sang je crois qu’elles ne me lâcheraient pas ! Bref.
Par contre, j’avais juste oublié nos amis de la soirée sur la terre ferme. En deux temps trois mouvements, me voilà repartie les chercher, revenant avec la bouteille et… mes tubes mouillés. Génial. Heureusement que ma petite boîte métallique était de la partie ! « Mais quelle pas douée ! » Je ris à ses mots, parce qu’elle avait totalement raison, je n’étais pas douée, et le pire était que ça me faisait rire. Plus que d’habitude… Mon cerveau ne réagissait plus à la normale, c’était certain. Je lui tendis la bouteille après en avoir bu une gorgée avant de nager jusqu’à la rive, de rallumer un joint et de retourner vers Sav’, prenant soin de ne pas le noyer cette fois-ci. Ca tournait… mon cerveau fumait non ? Je levai un instant les yeux vers le ciel, remarquant que les étoiles tournoyaient dans tous les sens, ce que je fis remarquer à mon amie. « Je crois pas non. » Ah. « Elles tournent pas voyons, elles clignotent ! » Je ris de nouveau à cette information, avalant une bouffée d’air frais (hum…) en répondant : « T’es perchée ma fille ! Ca c’est parce que tu clignes trop des yeux ! » Je riais comme une gamine, voyant réellement plus les étoiles tourner et non clignoter. « C’est normal qu’on ne voit pas les nuages blanc la nuit ? Pourtant, blanc sur noir, ça doit se voir quand même… » Mon regard se posa alors sur Sav’ pendant quelques secondes avant de me tordre la bouche, posant une main sur mon menton, réfléchissant vraiment pour de vrai à cette question qui me paraissait importante. C’était pour dire notre état… « Ca c’est une vraie bonne question. C’est étrange… Peut-être que les étoiles se sont toutes liguées contre les nuages. Tu sais, du genre « Vous êtes trop moches moutons guimauves, on ne veut pas de vous la nuit. » ». Je gloussai comme une enfant avant de tourner sur moi, le tube bien entre mes lèvres, jusqu’à avoir la tête qui tourne. « Oh… Je crois que les arbres aussi ils clignotent… ils tournent… Les étoiles sont vraiment mauvaises… » Puis je me rapprochai de mon amie, lui saisissant la bouteille et lui mettant le joint entre les mains. « Aller hop ! Echange ! » Je bus une gorgée en ajoutant dans un rire : « L’eau elle s’est réchauffée… c’est encore un coup des étoiles ! » Finis-je de dire dans un murmure comme si c’était un secret. Ok, là j’étais faite ! Pour le moment je me sentais bien, hyper guillerette quoiqu’un peu (beaucoup) puérile, mais j’étais vraiment bien, à rire d’un rien. Pour le moment oui… Parce que je n’étais pas habituée à de tels mélanges, et bientôt mon estomac, autant que mon cerveau, ne le tolèrerait plus…

« Quand on a dix petits frères et sœurs, on apprend à faire preuve de politesse en toutes circonstances, ma biche. » J’avais beau avoir trois frères, ce n’était pas pour autant que la politesse était de mise chez nous, bien au contraire. Je ne pus alors que rouler des yeux, amusée par ce qu’elle venait de dire, spécifiant en levant mon index. « Très mauvais argument… Nous on est quatre et j’ai jamais dit autant de gros mots que chez moi ! » Et c’était dans un rire que je lui confiais cela. Bon, ce n’était pas une vraie confidence, elle le savait que je venais des quartiers chauds de ma ville et que ma famille était d’être… hum comment dire, la plus respectable ? Sincèrement, je m’en foutais royalement, au moins on disait les choses comme on les pensait, sans prendre de pincettes. 100% nature, que ça plaise ou non ! Enfin, je comprenais le rôle qu’avait eu Sav’. On avait juste eu une enfance différente… En vrai, je ne savais pas laquelle était la mieux, et pour dire vrai ça ne m’importait pas le moins du monde.
Se taquiner sur le fait que l’une et l’autre on ne s’aimait, c’était amusant. Pas d’effusion d’amour, ça m’allait bien. Si on était là, tout de suite maintenant, ensemble à déconner et à profiter de la nuit, c’était loin d’être parce qu’on se détestait… Mais j’étais loin d’être du genre à faire des compliments, ou à dire aux gens à quel point je les aimais alors… c’était plus simple comme ça ! Quoiqu’il en soit, si je la détestais vraiment, elle le saurait depuis bien longtemps. Et ce n’était pas le cas donc tout allait bien. « N’importe quoi, je sais que tu m’adores ! » Je ris en roulant de nouveau les yeux, la poussant légèrement en disant : « C’est bien de croire en ses rêves… » Si elle croyait que j’allais dire que je l’adorais, elle se mettait le doigt dans l’œil. Pas besoin de le dire pour le savoir, je préférais l’embêter. C’était bien plus drôle !
Elle avait du mal à l’accepter mais, oui, elle avait volé cette bouteille. Il n’y avait pas mort d’homme, personne ne devait vraiment s’en servir, au moins on en prenait soin désormais. Par contre, ce dont j’avais hâte, c’était de voir comme Savannah pourrait rivaliser face à mon extravagance et mon sans gêne à toute épreuve. Oh avec un peu d’entraînement, elle y arriverait, mais ce que je souhaitais c’était voir ça… Un beau spectacle en prévision, héhé !!!

« Elles ont toutes dit ça avant de tomber sous mon charme, méfie-toi. » C’était du n’importe quoi mais ça me faisait vraiment rire ! Je savais qu’elle déconnait, elle était bien trop in love de son Isidore… Chose que j’avais du mal à comprendre. Les mecs. Trop chiants, sincèrement, source de gros problèmes et de conflits à éviter, croyez-moi. Mais bon, je riais encore et encore de sa remarque, plaçant mes deux mains autour de mon visage comme si j’étais totalement séduite par elle. Mon sourire amusé me trahissant quand même pas mal… « Oh non, je suis en train de céder à la tentation… Mon Dieu quel charme, je défaillis ! » M’exclamai-je dans une imitation parfaite d’une nana totalement conquise, me laissant tomber dans l’eau face à tant d’émotion. Quelques secondes plus tard, je ressortis la tête de l’eau, pouffant de rire. Comme si c’était notre genre tiens… Mais pour la blague, sincèrement, je trouvais ça carrément drôle ! Le sujet qui nous accapara bien vite fut… les étoiles. Oui oui, vous ne rêvez pas, les étoiles nous avaient totalement hypnotisées (entre autres, évidemment…). « Nan, nan, nan, je cligne pas des yeux, regarde ! » Je la regardai et ne pus m’empêcher de rire en la voyant fixer le ciel sans fermer les yeux. « Tu vois ?! J’ai pas cligné et qu’elles clignotent toujours ! » Totalement perchée la nana ! J’avais beau regarder les étoiles, elles dansaient juste entre elles, elles ne clignotaient pas du tout. « Pffff n’importe quoi, ton cerveau a quelques problèmes… Elles bougent dans tous les sens ouais, elles dansent entre elles… le zouk même ! Nan, le rock… Un mélange, j’sais pas en fait… » Et voilà que je pouffais encore de rire, totalement amusée par la situation avant de reposer mon regard sur Sav’ et de remarquer ses yeux rouges, la montrant de mon index en explosant de rire. « Ouah t’es cramée ma grande ! » Ok, il n’y avait pas qu’elle, et je ne pensais pas du tout au fait qu’elle n’ait pas fermé les yeux pendant plusieurs secondes. Et là, nous étions en train d’affirmer que les étoiles s’étaient liguées contre les nuages. Mais oui, bien sûr ! Le pire était que j’y croyais dur comme fer ! « Tu crois que si l’étang se met à tourner lui aussi ça va créer un tourbillon et on va se faire engloutir ? » Je posai mon regard sur l’étang, fronçant les sourcils tout en l’observant comme s’il allait me donner son secret. Puis, un large sourire sur les lèvres, je me mis à tourner et tourner encore sur moi-même. Ola ! Mauvaise idée ! Je m’arrêtai net avant de rire de nouveau, m’exclamant à Savannah : « Ben, si on tourne dans le sens contraire, je pense qu’on peut le faire s’arrêter. Ca va créer un contre-courant, tu vois ? Et bam ! L’eau va s’évaporer et… On sera toute nue au milieu de rien, la loose ! » Finis-je par dire en riant aux éclats, comme si c’était la blague du siècle. L’alcool mélangé à la drogue, ça ne permettait pas de faire ressortir l’intelligence, c’était certain…
L’échange entre ces deux substances avait encore lieu. Je ne savais plus trop ce que je tolérais ou non mais autant dire que je n’avais pas les idées claires. Punaise, Sav’ absorbait carrément mieux les effets du joint, ce qui m’amusait grandement ! « C’est parce qu’il y a des courants d’eau et des courants froids… Parce que les poissons font pipi dans l’eau ! » Je me mis à rire encore une fois, comme une grosse gamine, avant de boire une nouvelle gorgée de l’élixir. « Tant que toi tu n’fais pas pipi dedans, ça me va… » Parce que là, ce serait la cata ! La tête me tournait vraiment et cette dernière gorgée d’alcool me retournait le cerveau. Je fermai les yeux, la tête me tournant, avant d’avouer à mon amie. « Je… je crois qu’ça va pas trop… » Je rouvris les yeux, me sentant nauséeuse, nageant le plus vite que je pus jusqu’à la rive de l’étang. A peine les mains sur le bord, mes nausées n’étaient plus dans mon imagination mais bien réelles… J’allais refaire la déco des rives de l’étang, comme si je croyais m’en tirer bien après tout ce mélange de nouveautés…

« Une vraie poissonnière ! » Cette remarque me fit rire car elle était totalement vraie. J’avais une grande bouche, je ne me souciais pas trop des gens autour de moi lorsque je parlais et il était vrai que, chez nous, on parlait fort et un peu pour ne rien dire. Notre enfance était bien différente, il n’y avait pas photo là-dessus. Eux étaient beaucoup plus que nous mais, juste à quatre, avec notre père, on pouvait donner l’impression d’être plus d’une dizaine. Ah… enfin, ça ne plaisait pas forcément à tout le monde, ça c’était certain.
En tout cas, j’adorais embêter Sav’, autant qu’elle m’embêtait pour dire la vérité. On ne se disait jamais qu’on s’aimait bien ou je-ne-sais-quelle connerie mais c’était le cas. La preuve ce soit où passer du temps ensemble me faisait du bien. Ca m’avait manqué, cette année !

« Ne t’inquiètes pas, c’est normal, j’ai l’habitude de produire cet effet-là. » Je roulai des yeux. Mais bien sûr ! Ahah ok c’était pour la blague, je ne savais même plus pourquoi nous en étions venues à ce délire mais je ne pouvais m’empêcher de rire. Déjà, parce que de base j’étais plutôt bon public, mais aussi parce que le mélange d’alcool et de drogue n’aidait pas à rester calme. Sachant que de base, être calme, je ne savais pas trop ce que ça voulait dire… Imaginez le problème ! Je lui envoyai quelques gouttes d’eau à la figure tout en poussant de rire, précisant : « Quelle petite prétentieuse ! » Humour humour, s’il y avait bien quelque chose que Sav’ n’était pas, c’était prétentieuse. Elle n’était pas là à se la raconter, mais j’aimais tellement l’embêter que je trouvais ça drôle de l’accuser de quelque chose qu’elle n’était pas. Elle avait sûrement beaucoup de succès auprès des garçons, après tout elle était jolie, mais pour ce que ça m’importait… J’aimais ce genre d’infos quand c’était pour des rumeurs, et concernant mon amie, je savais qu’il n’y avait qu’Isidore qui comptait pour elle. C’était répugnant de s’attacher autant à un garçon mais bon, je gardais mes commentaires pour moi. Parce que c’était elle. « Je veux aller danser avec elles, moi ! » Oh ouais… danser avec les étoiles, ça doit être génial. « Carrément… » Dis-je, émerveillée en penchant la tête pour observer ces fameuses étoiles. Elles dansaient vachement bien, moi aussi ça me dirait trop d’aller les retrouver. Et l’idée de Sav’ qui suivit fit naître, justement, des petites étoiles dans mes yeux. « Tu crois qu’on peut trouver une échelle assez grande pour aller dans le ciel ? » Je tapotai ma bouche de mon index, réfléchissant réellement à une solution pour y accéder. Trouver une échelle assez grande… Ben, c’était sûrement possible, mais ce serait carrément plus simple avec nos baguettes, non ? Enfin, on ne les avait pas donc, forcément, c’était moins facile. Mes yeux se reposèrent sur les étoiles alors que je fronçais les sourcils pour essayer de trouver une vraie solution. Oui oui ! « Ben, si tu la trouves je veux bien essayer. Mais… euh… sinon faudrait qu’on apprenne à voler. Ce serait cool ! » Ben oui, bien sûr, voler c’était donné à tout le monde. Le pire était qu’en le disant, j’y croyais dur comme fer et que mon sourire enthousiaste n’en faiblissait pas. Gardons bien en tête que l’alcool et la drogue étaient mauvais pour la santé, ahah ! « Tu crois que ça se voit sur ma tête qu’on a fumé et qu’on a bu ? » Je la fixai alors quelques secondes, me penchant un peu vers elle tout en fronçant les sourcils. Je posai alors mon index sur son front, la poussant légèrement, avant de m’écrier dans un rire, sans aucune discrétion : « Carrément ! T’as les yeux explosés et quand tu parles tu pourrais rendre saoul n’importe qui ! » Et j’en riais encore plus. Oui, ça se voyait, en plus son teint avait un peu pâli quand même. De toute façon, personne ne nous trouverait ici… hein ? « Il faut pas que ça se voit, je dois rendre visite à Isidore tout à l’heure, il va être fâché s’il sait que j’ai fait une bêtise… » Là, mon expression devint blasée. « T’es sérieuse ? » Lui demandai-je en l’observant avant de secouer la tête. « Tu saoules avec ton Isidore ! On s’en fout qu’il pense que t’as fait une bêtise, tu fais ce que tu veux de ta vie ma vieille ! Et puis c’est pas comme si c’était le premier à être sage, faut arrêter… » Lui lançai-je un peu agacée, espérant qu’elle ne se bloquait pas dans ce qu’elle faisait à cause de lui. Cependant, ma frustration ne dura pas longtemps et je me mis à rire de nouveau, repartant dans notre délire concernant l’eau de l’étang qui pourrait tourbillonner et disparaître. Bon, mon expertise de la situation n’était peut-être pas la meilleure, mais me retrouver à poil au beau milieu d’un étang sec, c’était loin d’être ce qui m’enchantait le plus. Je n’étais pas exhibitionniste, alors autant éviter de tourner dans le sens contraire hein ? Héhé ouais, c’était mieux ! « Faudra qu’on courre vite alors… » J’explosai de rire en imaginant la scène. Ca serait vachement drôle, mais espérons juste que ça n’arrive pas, courir ne serait pas le meilleur remède aux nausées qui commençaient à me donner des hauts le cœur. Je signifiai à Sav’ que ça n’allait pas trop, d’ailleurs, avant de me déplacer – non sans difficulté – jusqu’au bord de l’étang, posant mes deux mains sur l’herbe et respirant tout en me concentrant, les yeux fermés. La loose… C’était cool au début, c’était cool pendant… ça l’était carrément moins après. « Ca va ? Tu vas pas vomir, hein ? » Sav’ était arrivée près de moi et je gardais les yeux fermés, haussant juste les épaules, ne préférant rien dire de peur que… hum… certaines choses ne me trahissent. Franchement, je ne pouvais pas admettre que ce ne serait pas le cas, ça jouait vraiment au yoyo là-dedans et je n’avais pas l’impression de pouvoir tout contrôler. « Je vais chercher tes affaires, tu veux qu’on aille à l’infirmerie ? Ou tu veux juste t’allonger ? » Je rouvris les yeux en répondant du tac-au-tac : « Nan ! Pas l’infirmerie, trop d’adultes… là-dedans ! Je veux… juste… » Pas le temps de dire autre chose, le mélange ne pouvait plus résister, il fallait qu’il sorte. Et me voilà en train de ressortir tout l’alcool et la drogue que j’avais pu ingérer, ne m’étant encore jamais sentie comme ça… beurk, c’était donc ça, se taper une cuite. Faites que Justin ne le sache pas, il allait se foutre de moi autant que je l’avais fait quand il était revenu la tête en vrac chez mon père. Dégueuler à poil dans un lac… la classe à l’état pur !