Daniela & Keagan

Des cris. Daniela. Des sorts. Des éboulements. De nouveaux hurlements. Daniela. De la douleur. Une forte douleur. Un basculement. Les pleurs de Daniela. Plus rien. Daniela et Malia. Un escalier dur à monter. Un escalier surtout infranchissable. Plus de Malia. Juste Daniela. Le néant. Voilà ce qui me revenait encore et toujours. J’étais inconscient. Simplement inconscient. Je ne savais même pas si je faisais des cauchemars ou si cela était vraiment arrivé. Je ne ressentais plus la douleur. J’en avais des souvenirs, voilà tout. J’étais apaisé, je me demandais où je me trouvais… et par « où » je voulais dire dans quel état psychologique.

J’ouvris les yeux. Je me rendais compte que j’avais moins de difficulté à le faire que la dernière fois. La lumière me brûlait les yeux et instinctivement ceux-ci s’embrumèrent comme pour se protéger. Je disais ne plus ressentir de douleur ? Ben c’était carrément un mensonge car ma tête me faisait un mal de chien ! Je portais une main lente jusqu’à mon crâne, sentant une texture rêche. Un bandage. La classe… Punaise mais où étais-je ?! Je tentai avec beaucoup de mal à me redresser alors qu’une infirmière s’élança vers moi en posant ses mains sur mes épaules et en m’obligeant à reprendre ma position initiale. « Du calme du calme Monsieur Fassbach. Pas de folie voulez-vous ! Vous devez encore vous reposer. Tenez, prenez-ça.» Me dit-elle avec un sourire rassurant, me tendant un verre avec une couleur bizarre avant de s’éloigner. « On est où ? » Lui demandai-je en regardant les autres lits puis ma boisson d'un air sceptique. Elle se tourna vers moi avec ce même sourire bienveillant, m’indiquant quelque chose (ou plutôt quelqu’un) à côté de moi en répondant : « Demandez-lui. Je pense qu’elle a beaucoup de choses à vous dire, elle est là depuis le moment où elle a pu venir. » Je tournai alors ma tête vers l’endroit, remarquant Daniela assise juste à côté de mon lit, paisiblement (je l’espérais !) endormie. Je soufflais de soulagement en la voyant, ravi de la savoir bien. Des images me revenaient de notre dernier « moment » ensemble mais tout me semblait flou. Que s’était-il passé au juste ? J’aurais pu regarder les autres lits, voir qui s’y trouvait mais soyons francs, je voyais Danni devant moi et je n’avais besoin que de ça. Evidemment que je n’oubliais pas pour autant Edward, Anoushka, Malia, etc. Mais la regarder dormir me faisait me sentir bien, parce que je me disais qu’elle n’était pas en danger. Nous n’étions pas en danger ici, n’est-ce pas ? Pris d’un moment de panique, je me redressai une nouvelle fois en m’exclamant : « On est en sécurité ici ????? » L’infirmière revint vers moi pour rebrancher quelques… perfusions ? C’était comme chez nous ? Et elle me dit toujours avec calme : « Ne vous en faites pas, vous ne craignez rien ici. Et buvez s'il vous plaît, ça vous soulagera. » Bien. Je m'exécutai, me sentant plus que courbaturé et mon cerveau cherchant à sortir de ma boîte crânienne. Punaise, comment ça se faisait que je ne me souvenais pas de ce qu'il m'était vraiment arrivé ? Et après... Me replaçant, je retournai ma tête vers Daniela et remarquai que sa main était sur mon lit. J’imaginais qu’elle devait me tenir la main et que dans notre sommeil, je l’avais perdue. Je remédiais vite à cette faute en lui reprenant doucement la main, me sentant rassuré de ce contact, caressant le dos de celle-ci de mon pouce, prenant conscience que sa simple présence m’apportait beaucoup. Sa tête était ballante et, Keagan ne l’avait pas vu mais, une infirmière l’avait repositionné pour qu’elle soit mieux. Je me décalai un peu plus vers elle, avec un peu de mal devant supporter cette affreuse migraine (c'était ça ?) allant au bord de mon lit, portant mes lèvres à sa main et me penchant légèrement pour souffler au plus près de son oreille : « Il faut se réveiller si tu ne veux pas louper la tête de zombi de ton petit ami… » Et je ne la lâchai pas des yeux, n’attendant que quelques petites choses : capter son regard, la voir sourire de nouveau et la serrer tout contre moi.


made by roller coaster

Daniela & Keagan

Elle était là. Daniela était là, à mon chevet, et selon les dires de l’infirmière, ça faisait un sacré bout de temps. Je me sentais coupable de lui faire subir tout ça… Même si je ne savais plus exactement ce qu’il s’était passé, mais même au cours de l’année, je n’avais pas été tendre, je devais l’avouer. Elle qui était si douce et si compréhensible… un vrai ange. Elle ouvrit les yeux avec difficulté alors que j’avais posé une main sur la sienne. Lorsqu’elle capta mon regard, son visage changea du tout au tout et je ne pus m’empêcher de sourire doucement face à cette réaction. Elle serra ma main et la porta à ses lèvres. "Tu.. tu es réveillé, dieu merci..." Je vis des larmes s’abandonner sur sa joue et mon premier réflexe fut de lui essayer de mon pouce, lui disant avec bienveillance. « Ne pleure pas, tout va bien. » Enfin tout, c’était vite dit. Mais si ça pouvait la rassurer autant que possible, j’étais prêt à tout faire pour que ce soit vite le cas. Il faudrait sûrement du temps, je me sentais vraiment faible, mais la voir ici était sûrement la meilleure des thérapies, surtout avec ce sourire sur ses lèvres. Elle se redressa, portant sa main sur ma joue, en profitant pour fermer les yeux au contact de ses doigts et appréciant le baiser qu’elle déposa sur mes lèvres. Je rouvris enfin les yeux, la retrouvant assise, ne pouvant que remarquer son air préoccupé. "C..comment tu te sens ? Tu as mal ? Tu as soif ? L'infirmière a des potions contre la d..douleur s'il faut." Son débit de paroles était hallucinant et je ne décrochais pas mon regard d’elle, attendant quelques secondes avant de répondre. « Je viens d’en avoir une, une potion. Ca va… aller mieux, ne t’inquiète pas. » En vrai, la douleur était horrible mais ça allait passer, c’était certain. Même avec cette migraine (pour dire vrai, je ne savais pas qualifier ce mal…), j’avais remarqué qu’elle bégayait. Je ne pouvais m’empêcher de lui demander en fronçant légèrement les sourcils. « Ton bégaiement… il est revenu ? » Ce n’était pas un jugement, c’était un constat, et je me demandais si le traumatisme de la révolte en était la cause. Ne voulant pas qu’on s’attarde sur moi, je m’empressais de lui demander : « Comment tu vas ? Les Mangemorts… ils ne t’ont pas fait de mal ? » Dis-je, inquiet, la regardant avec attention, sentant que mes nerfs seraient mis à rude épreuve si elle me disait qu’ils l’avaient touchée !

"T..tout va bien maintenant... On ne risque rien ici, l'endroit est incartable... T..tu es réveillé depuis longtemps ? Je suis d..désolée, je me suis endormie..." Je prenais toutes les informations qui étaient bonnes à prendre, même si le fait qu’elle me dise que l’endroit était incartable me faisait penser à plein d’autres questions. A la fin de sa phrase, je secouai la tête de gauche à droite, répondant : « Je viens tout juste de me réveiller. Et… » Je la regardai un peu intensément, fronçant les sourcils. « … c’est bien que tu te sois endormie, t’as l’air d’en avoir besoin… » Ca se voyait qu’elle était claquée, et le but n’était pas qu’elle devienne un zombie mais bien qu’elle dorme ! « Ca… ça fait longtemps que je suis ici ? Mais on est où au juste ? Pourquoi c’est incartable ? Il s’est passé quoi ? » Les questions fusaient et je m’arrêtai net, me rendant compte que si je continuais comme ça, j’allais l’assommer avec autant d’interrogations. Pourtant, j’avais bel et bien l’esprit embrouillé… très embrouillé, et rien n’était clair pour moi ! Je serrai un peu plus sa main pour finir de lui dire : « Je suis content que tu sois là… » Un bruit me fit sursauter dans l’infirmerie et je sentis mon cœur s’emballer, comme si je craignais que quelque chose nous tombe dessus. Un peu sur la réserve, je me penchai un peu vers Danni, lui chuchotant : « T’es vraiment sûre qu’on est en sécurité ici ? » Parce qu’après tout ce qu’on avait vécu, croyez-le, je me méfiais de tout et de tout le monde…

made by roller coaster

Daniela & Keagan

Savoir où j’étais réellement, comment nous étions arrivés ici, ça me paraissait important et pourtant je ne savais pas si ça pourrait me soulager ou encore plus me stresser. Une chose était sûre : j’avais besoin de savoir ce qu’il s’était passé pour Daniela. Je devais m’assurer que rien de mal, de vraiment mal, ne lui était arrivé, d’où ma question concernant les Mangemorts. "Non, aucun n'est v..venu dans les escaliers, rassure-toi." Je pouvais souffler. Sur ce point-là, en tout cas, j’étais rassuré. J’avais besoin de savoir que personne ne lui avait fait de mal, auquel cas je savais que je ne pourrais pas me contrôler. Que ça la touche elle, Edward, Anoushka, et d’autres de mes amis… j’avais vraiment ce petit problème d’impulsivité maladive. J’aimerais bien en savoir plus la concernant mais je ne savais pas si j’étais prêt à entendre certaines choses. Elle m’expliqua rapidement que nous étions en sécurité ici, s’excusant de s’être endormie, ce à quoi je réagis directement. Il fallait qu’elle dorme, pas de quoi s’excuser !!! Son petit sourire amusé sur les lèvres, je ne pus qu’être ravi de le voir et de lui sourire aussi en réponse. "P..pourquoi ? J'ai une sale tête ?" Mon sourire s’agrandit alors que je la regardais affectueusement, répondant simplement : « Nan, tu es toujours superbe. Mais… les cernes ne trompent personne. » Lui dis-je de façon malicieuse sans la lâcher du regard. Je savais que je devais être dans un sale état, et la concernant, je la trouvais toujours très belle. Fatiguée, affaiblie ou non. Je voulais juste qu’elle aille mieux. Plus que moi-même ! Car oui, je le savais, personnellement il me faudrait plus de temps… et ça m’agaçait déjà de savoir que j’étais cloué ici !

La voilà qui m’expliquait l’essentiel de la bataille, les dernières choses que j’avais vues. Enfin tout du moins de notre côté. J’étais un peu… perdu. Malia était là, elle avait aidé Daniela et j’avais été leur fardeau pour la soirée, voilà ce que j’en déduisais. C’était assez agaçant. Je l’écoutais mais en même temps je me perdais dans mes pensées, n’arrivant pas tellement à me mettre les idées en place et luttant un peu contre cette migraine qui se faisait encore trop présente. Danni avait eu l’air de galérer, tout ça par ma faute. En grosse partie. C’était injuste pour elle. Cependant, je retournai la tête ici de façon vive en reprenant ses mots, choqué : « Trois jours ? » J’étais sur le c** ! Ca faisait si longtemps que j’étais… endormi ? Inconscient ? Je ne savais pas trop mais je n’aimais pas ça, pas du tout. Je n’aimais pas savoir que j’avais perdu connaissance tant de temps, sans savoir ce qu’il se passait, aux mains d’autres personnes. Je ne voulais être la responsabilité, le boulet de personne. Et le fait de ne rien avoir maîtrisé me faisait naître une sacrée boule au ventre ! Cependant, cet énervement naissant fut chassé d’un simple sourire de la part de ma petite amie. Elle était mon remède à toute épreuve, sans aucun doute, et je n’avais pas à lui faire subir mes humeurs qui prenaient facilement le dessus sur moi-même.

Sans prévenir, un bruit sourd me fit sursauter et accéléra ma respiration comme si un mal me guettait. La main de Danni sur la mienne m’apaisa un peu de nouveau mais je me sentais craintif comme jamais, étant sensible au moindre bruit anormal. "Chhhut... c'est rien, t'inquiète pas... Il y a des Aurors qui nous p..protègent. On est dans une ferme... la f..ferme où j'étais il y a deux ans pendant les vacances." J’avais l’impression d’être un gamin. Je l’aurais perçu comme dévalorisant mais venant de Daniela, j’acceptais. Parce que je savais qu’elle le faisait juste pour me rassurer et que je lui devais énormément. « La ferme… celle où vous étiez avec Max ? Avec le… le concours de Miss quelque chose ? » Lui lançai-je avec un petit sourire. Je me souvenais encore qu’ils m’avaient raconté tout leur été et que j’avais regretté de ne pas être avec eux. Je me souvenais aussi que c’était Daniela qui avait gagné ce fameux concours et que, là encore, j’aurais adoré voir ça ! Je ne pouvais me demander, par la même occasion, où était Max… Etait-ce le moment d’en parler ? Je n’y pensais pas longtemps alors que la Poufsouffle m’affirma que nous étions en sécurité. « Bien… espérons que ce soit vrai. » Je haussai simplement les épaules, un peu septique, me redressant un peu sur mon lit, non sans mal, demandant avec beaucoup d’intérêt à la jeune fille : « Comment se sont passés les premiers jours pour toi ? Tu as fait quoi ? J’espère que tu penses à toi, ne pense pas qu’aux autres Danni ! » Et oui, c’était un peu la morale que je lui faisais mais c’était bien parce que je la connaissais par cœur et que je savais qu’elle ferait tout pour soulager les autres, mettant son propre bien-être de côté. Et selon moi, c’était à arrêter pour le moment ! On devait prendre soin d’elle aussi, elle le méritait plus que beaucoup d’entre nous !

made by roller coaster

Daniela & Keagan

Tout n’était pas clair dans mon esprit. J’avais des brides de souvenirs et quelques images me revenaient mais beaucoup de choses restaient encore floues. Je me sentais paniqué au moindre bruit que je ne pouvais reconnaître et j’avais l’impression que retrouver une sorte de normalité n’était pas possible. Que je rêvais. Et pourtant, il semblait que ce ne soit pas le cas. Daniela était là et c’était la personne qu’il me fallait pour m’apaiser. Je ne pouvais m’empêcher de penser à Edward, Anoushka et tant d’autres, mais mon cerveau restait bloqué sur celle que j’avais sous les yeux. Evidemment qu’elle était belle. Elle était fatiguée et on sentait qu’elle avait été affaiblie pendant des mois et des mois, mais elle était belle, croyez-moi. Et je ne me fis pas prier pour lui dire. J’étais assez secret sur mes émotions, mes sentiments, je le prouvais beaucoup plus par des actes et des gestes mais là je me devais de lui dire qu’elle était magnifique, tout ce qu’il s’était passé ne changerait jamais ça, soyez en sûrs !

Danni m’expliqua, à ma demande, comment s’était déroulé la révolte, tout du moins ce qu’elle en avait vu. Et ce qu’il s’était passé après. Ce me sciait d’avoir été inconscient trois jours, je me sentais comme un boulet, une vraie plaie ! La présence de ma petite amie m’apaisait mais je me sentais quand même prêt à exploser contre tout et n’importe quoi… J’étais toujours moi, mais en pire. Cette année ne m’avait pas aidé dans le contrôle de soi, malheureusement, et je ne pouvais que vivre avec, bien que je ne sois pas encore prêt à admettre mes tords et à me les faire pardonner. Daniela avait dû supporter tout ça. Mes humeurs, mes colères, mes faiblesses… bref, je culpabilisais alors qu’elle avait toujours été là pour moi. J’espérais en avoir fait de même pour elle mais je craignais que ce ne soit pas le cas. Je ne la méritais clairement pas…

Nous étions dans la ferme dont elle m’avait parlée, avec Max, à une rentrée à Poudlard. Je m’en souvenais car c’était cet été-là qu’elle avait gagné un concours de Miss, ce qui ne m’étonnait pas. C’était aussi là que nous avions planifié un voyage pour l’été d’après, et que j’avais regretté de ne pas avoir été là pour vivre ce moment avec eux. C’était aussi cet été-là que j’avais appris qui était vraiment Fitzgerald… Oublions les sujets qui fâchent. En voyant son joli sourire, mes lèvres s’étirèrent alors que j’acquiesçai son étonnement d’un signe de tête. « Eh bien tu vois, je m’en souviens. J’aurais surtout voulu voir ça… » J’ajoutai avec un petit sourire malicieux, pour charrier Danni : « Voir toutes ces filles se battre pour être miss, ça devait être chouette ! » C’était pour l’embêter, en vrai je m’en fichais royalement des autres filles. Et même à ce moment-là, je me souviens me foutre totalement de la beauté féminine dans sa globalité. J’avais mis du temps, à voir que les filles avaient des attraits indéfinissables. Bref ! J’avais la plus mignonne, physiquement et mentalement parlant, sous mes yeux et c’était tout ce qu’il me fallait. Je tentai de me redresser un peu dans le lit, pour paraître moins faible et aussi plus à mon aise, Daniela me passant un coussin dans le dos. Très attentionnée ! J’en culpabilisais encore plus… Mais j’avais besoin de savoir ce qu’elle avait fait depuis qu’elle était là et j’espérais sincèrement qu’elle ne soit pas restée ici, tout le temps. Je la connaissais quand même ! Et je ne voulais pas qu’elle ne profite pas de ses journées de liberté à cause de moi, impossible ! Elle me sourit tout en me frottant le bras et je craignais que sa réponse soit dans ce sens…

Je l’écoutai avec attention me parler de son quotidien depuis sa première journée ici. Elle en avait bavé et ça me faisait mal de le constater. On avait passé toutes nos nuits ensemble, je l’avais tenu dans mes bras comme si je risquais de la perdre à chaque instant. Il était évident que passer une nuit sans elle, consciemment, me faisait angoisser. Pourtant il le faudrait, elle l’avait déjà fait et je ne pouvais que comprendre son ressentiment. Elle avait encore été là pour moi. Punaise mais personne n’avait eu la bonté et la décence de penser à elle ! Où étaient ses amis pour lui dire qu’elle devait faire des choses pour elle et non tout le temps pour les autres ! Voilà, j’étais de nouveau agacer contre… les autres. Tous ceux qui n’avaient pas été là pour dire à Danni qu’elle devait s’occuper d’elle plutôt que de s’occuper de moi. Je leur en voulais. Egoïstement et possessivement pour elle. Ils avaient des compléments alimentaires et… c’était tout ? Je fronçai un peu les sourcils, lui demandant : « Personne n’a pensé bon de te dire que tu devais un peu penser à toi ? Prendre soin de toi ? Où sont les amis qui sont censés être là pour toi ? » Dis-je de façon un peu amère contre eux. Soufflant, je tentai de me radoucir un peu, me rendant compte que je m’excitais d’un rien. « C’est quoi vos compléments alimentaires ? Vous… vous avez juste ça ? Il n’y a rien d’autres de fait pour que vous alliez mieux ? » Parce qu’au-delà de la santé physique, il fallait surtout prendre en compte la santé mentale ! Huit mois en enfer, ça laissait des traces sur notre corps, mais le traumatisme devait être pris en charme dès maintenant où personne n’arriverait à faire face à toute cette horreur ! Moi je n’y étais pas prêt, en tout cas. De façon bienveillante, je lui dis : « Danni, il faut que tu profites. T’es libre, à ce que je comprends… Profite de l’extérieur, de pouvoir lire, de pouvoir faire tout ce que tu veux ! Ca ne t’apporte rien de rester là à me regarder dormir, même si je trouve ça vraiment adorable. » Lui avouai-je avec un petit sourire, mais insistant tout de même sur le début de ma phrase avant de porter sa main à mes lèvres et de lui embrasser avec toute la douceur dont je pouvais faire preuve.

made by roller coaster

Daniela & Keagan

Je n’y étais pas. Je n’étais pas à la ferme quand il y avait eu ce fameux concours que Daniela avait gagné. Mais à croire que je n’étais déjà pas insensible au charme de la jeune fille pour me rappeler autant de ce détail… Je me rendais compte de certaines choses, encore aujourd’hui ! Quoiqu’il en soit, c’est vrai que j’aurais voulu voir ça. "On ne s'est pas b..battues, il fallait juste marcher le long du podium et dire quelques mots au micro. Je me suis jamais sentie aussi m..mal à l'aise !" Je ne pus m’empêcher de rire à sa mention « On ne s’est pas battues » disant juste dans un petit murmure amusé : « Dommage… ». Pour la blague, évidemment. Je me doutais bien qu’elle s’était sentie mal à l’aise, c’était loin d’être son truc ce genre de chose ! Mais elle avait réussi à gagner ce titre, et je n’en doutais pas un seul instant en la regardant. "Et puis je te rappelle qu'Anoushka a assez mal p..pris de ne pas gagner, mieux vaut éviter de relancer le sujet en sa présence. Surtout qu'elle le méritait b..bien plus que moi, ce titre." Ah. Oui, ça aussi ce n’était pas surprenant venant d’Anoushka. Je me pinçai les lèvres, la fixant, avant de lui sourire. Evidemment qu’Ani’ voulait gagner ce concours, elle était faite pour ce genre d’événement, elle adorait ça même ! Mais il fallait aussi apprendre à perdre. Ce qui me fit penser qu’elle m’en avait parlé d’ailleurs dans une de ses lettres à ce moment-là. Si mes souvenirs étaient bons. En guise de réponse, je haussai simplement les épaules. « Elle le méritait peut-être, mais c’est toi qui as gagné, tu le méritais donc plus. » Puis j’ajoutai dans une sorte de soupir : « Je n’suis pas fan de ce genre de concours, ça renvoie une mauvaise image des gens… Vous êtes toutes les deux jolies, et les autres devaient l’être aussi, c’était nul de vous mettre en compétition. » Et voilà le retour du Keagan grincheux. Bon, je ne le disais pas en mode râleur mais juste pour exposer mon point de vue. Je n’aimais pas ça mais, si c’était pour rire, pour ne pas se prendre au sérieux, pourquoi pas. Il fallait que j’arrête de m’agacer d’un rien, sérieux…

Danni me raconta ce qu’il s’était passé entre la bataille et la venue… ici ? Ouais, c’était ça. Tout n’était pas clair dans ma tête et je me rendais compte que je n’étais pas encore prêt à parler de cette année, ou de toute autre chose concernant ce que nous avions vécu. J’étais relativement bien agacé en entendant que Danni avait toujours été là. Non pas que ça ne me faisait pas plaisir, mais j’étais inconscient, elle se devait de prendre soin d’elle et de se changer les idées m**** ! Où étaient les amis qui devaient l’aider ? Je ne supportais pas de la savoir inquiète pendant tout ce temps, seule. Je sentais qu’elle essayait de me calmer mais je crois bien que mes émotions étaient décuplées. Mes sauts d’humeur aussi. J’étais déjà lunatique, je vous laisse imaginer… "Ne t'énerve pas... Tout le monde était p..perdu... On sortait d'une bataille sanglante après p..plus de huit mois d'enfer... personne ne savait quoi faire ni où aller sinon se laisser g..guider par les aurors." Ne pas m’énerver… Oui, elle avait raison. Mais m****, même s’ils étaient perdus, ils devaient se soutenir !!! Nan, clairement nan je ne pourrais pas être objectif ! Je soufflai alors pour ne pas m’emballer et pour ne pas faire subir mes humeurs à Daniela. « Oui… Tu as sûrement raison… J’ai juste du mal à supporter le fait que tu aies été seule, sans soutien de tes amis… Mais ça va venir, c’est sûr… » Y avait intérêt parce que sinon, dès que je sortirai de ce foutu lit, j’irai dire mes quatre vérités à ses fameux amis ! Elle méritait une attention particulière, c’était évident.

"Ça dépend des c..carences de chacun... des vitamines surtout, moi j'ai du f..fer... Et toi tu en as aussi dans ta p..perf." Ah, c’était donc ça. C’était un peu insupportable de se savoir dépendant de tous ces compléments. J’avais du mal. Et quelque chose me disait que j’aurais cette impression pendant encore longtemps. Je ne répondis rien, regardant la poche suspendue avant de reposer mes yeux sur la plus belle des filles. "Non il n'y a pas que ça... il y a des p..psychomages pour ceux qui ont besoin de parler." Des psychomages ? Oh punaise espérons qu’ils ne m’obligent pas à aller le voir, je n’en avais aucune envie ! « Ah… » Répondis-je simplement en la regardant, comme si je lui demandais si elle allait les voir. Je me doutais que c’était bien de le faire, mais personnellement j’espérais ne pas le faire, j’avais bien trop de choses à l’intérieur de moi qui ne devaient pas sortir, croyez-moi. De l’année dernière, ou d’années antérieures… Il ne fallait pas que ça franchisse la barrière de ma bouche, c’était certain ! Mais je me demandais si Daniela avait été les voir. Je lui demanderai… plus tard. Pour le moment, je voulais qu’elle profiter de ses moments. Même si j’adorais l’avoir à mes côtés, j’avais monstrueusement envie de dormir, et je n’avais aucune envie qu’elle s’ennuie ici-même.

L’infirmière nous interrompit et mon regard vira par pur réflexe vers elle alors que je ne voulais pas lâcher la main de Danni. Je la regardai de nouveau avant de lui sourire sincèrement, profitant pour garder en mémoire chacun des jolis traits de son visage. J’avais bien entendu que l’infirmière avait parlé d’anémie, chose que la Poufsouffle avait bien omis de me dire. Mais pour ne pas faire cas, et ne pas inquiéter la jeune fille, je dis juste en la fixant : « Anémie… tu as encore des choses à me dire apparemment… » Lui dis-je avec un petit sourire alors que je sentais au creux de mon ventre que je m’inquiétais pour elle, réellement, mais que je ne voulais pas lui montrer. "Je vais b..bien ! Je manque juste un p..peu de fer, ce n'est rien." Je haussai les sourcils en me pinçant les lèvres comme pour dire : « Ca ne semble pas rien… » avant de la laisser se lever, lui rendant son doux baiser, regrettant de la voir partir malgré ce que je lui avais dit un peu plus tôt. "Je vais bien. Guéris, vite. je t'aime." Je l’espérais, mais tout ça m’inquiétait, réellement. Avec un petit sourire, je lui répondis : « Je t’aime aussi. » avant qu’elle ne disparaisse. Alors que l’infirmière commençait à se charger de mon pansement, tracassé, je ne pus m’empêcher de lui demander. « Dites-moi… euh… Daniela… Elle va bien hein ? » J’avais besoin d’en être sûr, et elle devrait me répondre, j’en avais besoin.


made by roller coaster