“Le courage croît en osant et la peur en hésitant.”

Jill, Octavia, Tasha, Perrin & Oliver

Chaque jour ressemblait au précédent et était similaire au suivant. Peu de possibilités de ressentir une petite adrénaline positive, autre que concernant cette punaise de situation qui commençait vraiment à affaiblir l’ensemble des nés-moldus. Je voyais leurs visages, chaque matin, chaque soir… fragiles, parfois malades, affamés, fatigués, désespérés, etc. Rien n’allait et même mon optimisme en prenait un sacré coup ! J’avais plus de mal à rire et surtout faire rire, ce qui était loin d’être bon signe. Comme je le disais toujours, le jour où je ne m’amuserai plus et/ou je ne me marrai plus d’un rien, ce serait que l’espoir se serait envolé. Je n’en étais pas encore là mais je m’en rapprochais dangereusement. Heureusement pour moi, j’arrivais à garder le mental grâce aux personnes qui m’entouraient. Jill, évidemment, mais aussi Octavia, Alaska, Tracy, etc.,… et ceux qui restaient dans mon esprit comme Max, Allen, Perrin, Tasha et tant d’autres ! J’y pensais, tous les jours ils me donnaient de l’espoir et la force de continuer de rire et faire le clown, à sa juste mesure. Autant que je le pouvais, ce qui n’était malheureusement plus grand-chose selon moi.

C’en était tout simplement trop. Je voulais protéger ceux qui m’importaient mais j’avais l’impression de ne plus en avoir la force. Il fallait faire quelque chose et c’était la veille au soir que nous avions convenu de tenter de trouver une brèche au dôme de protection avec Jill et Octavia. Idée qui n’était pas forcément brillante mais qui nous faisait espérer de trouver une quelconque solution, pour nos camarades et nous-mêmes. Il était temps. Nous avions décidé de nous retrouver dans la matinée, le lendemain, nous éclipsant discrètement de nos corvées respectives pour faire ce que nous devions faire. Pas le choix ! Tout du moins, plus le choix…

Levés à l’aube, le travail nous attendait irrémédiablement. Comme chaque jour, de façon redondante et sans aucune motivation. Je remarquai du coin de l’œil les regards appuyés de mes deux complices, leur faisant un petit signe de tête avant qu’elles ne quittent les cachots pour se rendre à leurs tâches. Comme toujours. A mon tour, je devais m’exécuter. Avant que cela se fasse, et ne sachant pas trop ce que nous allions réussir à tirer de cette journée, j’avais été déposé un petit mot sur le « lit » de Tracy qui était déjà partie où il était inscrit : « Garde la tête haute et tu verras que les choses changeront. Personne n’a le droit de te juger. Courage et ne cède pas trop à la tentation de grignoter quelques toiles d’araignées. ». Je ne pouvais pas expliquer la raison pour laquelle j’avais besoin de laisser ce mot mais c’était comme si j’avais l’impression que je ne reviendrais pas ici ce soir. Ne cherchez pas… Comme un grand frère, je pensais devoir garder un œil sur elle. Je ne pourrai pas, aujourd’hui. J’avais aussi le sentiment de voir quelqu’un d’autre avant cette journée bizarre : Alaska. La jolie blonde était prête à partir et, alors que notre surveillant aussi moche que désagréable avait le dos tourné, je l’attrapai par le bras afin de l’obliger à me faire face, un petit sourire aux lèvres. « Bonne journée la globetrotteuse ! Et surtout fais attention à toi. » Je lui offris un sourire sincère tout en posant une main rassurante sur sa joue, sans vraiment réfléchir, ajoutant : « Evite de te mettre en danger aujourd’hui, ton super garde du corps à du taf d’homme au foyer comme pas possible ! » Ou comment lui faire comprendre que ma journée ne serait pas comme toutes les autres, sans oublier l’humour. J’échangeai avec elle un regard qui en disait long avant de retirer ma main et de lui faire un petit geste, tournant les talons pour rejoindre ma binôme et faire comme si la journée était la même que toutes les autres.

Effectuer sa corvée du matin à nettoyer les salles de cours avec son avantage : j’avais à ma disposition de quoi surveiller l’heure. Et là, en l’occurrence, c’était le moment ! Ma binôme était dans une autre pièce et il fallait que j’aille retrouver mes deux compères. On en avait décidé ainsi étant donné que l’on se doutait que les deux autres n’auraient pas de quoi surveiller le temps. Direction les toilettes des filles où ma jumelle se trouvait, le nez dans les chiottes. « Dès que tu auras fini de te shooter à la bonne odeur des toilettes, on pourra aller chercher O… » Lui chuchotai-je avec une certaine malice alors que je la regardai astiquer les toilettes, croisant les bras en ajoutant : « Cette image me restera gravée en tête, et je te le rappellerai ! Aller go, pas de temps à perdre ! » Finis-je par lui dire tout bas avant de l’attraper par le bras et de la forcer à me suivre dans les couloirs. Evidemment, nous faisions en sorte d’être les pauvres petits esclaves de d’habitude dans le château, histoire de ne pas se faire remarquer. La fin était prometteuse étant donné qu’Octavia effectuait son boulot matinal dans le parc. Il y avait du soleil, une chance pour elle… et pour nous et notre aventure vers la forêt interdite. Cette journée allait être un tournant… ou pas, de notre année si merdique.
« Aller princesse, on a rendez-vous avec le changement ! » Ca, c’était de l’optimisme. Ou de la bêtise, comme vous voulez ! Nous venions de récupérer la dernière pièce du puzzle et nous voilà prêts à faire quelque chose… de crétin mais psychologiquement ça valait de l’or. On pensait être passé outre l’œil averti des Mangemorts qui avaient l’air de plus penser au bal de ce soir qu’autre chose. Tant mieux pour nous. Sans attendre plus longtemps, nous nous étions mis à foncer droit vers la forêt interdite et l’espoir qu’elle représentait pour nous.

Alors que nous étions à l’orée de la dite forêt, j’étais loin de prendre conscience de cette impulsivité qui me faisait tout de même un bien fou. « Quand faut y aller, faut y a… » Pas le temps de finir ma phrase que j’entendais des pas décidés non loin de nous. Des Mangemorts qui venaient nous récupérer ? Il y avait de fortes chances que ce soit cela… Sans les avertir, je saisis les deux jeunes femmes par le bras et les obligeaient à me suivre pour nous placer derrière un arbre assez massif pour nous cacher tous les trois. Si cette histoire puait déjà, on était mal embarqué… Le souffle haletant et posant mon index sur ma bouche comme pour dire aux demoiselles de ne pas faire un bruit, je tendis l’oreille tout en prenant bien soin de ne pas nous montrer. J’étais loin de me douter que cet imprévu serait bien plus intéressant et enthousiasmant que j’étais en train de l’imaginer en ce moment-même !

Les blessures de la jeune fille n'avaient toujours pas guéri depuis la punition, et son mental en avait réellement pris un coup. Octavia n'était plus que l'ombre d'elle-même depuis quelques temps. Elle avait considérablement maigri, ses joues étaient creuses, son teint était terne et elle avait cette lueur dans le regard qui devait effrayer ses proches. Ses cheveux étaient constamment lâchés pour qu'elle puisse dissimuler son regard fuyant, ses membres tremblaient irrémédiablement, sans contrôle. Elle sursautait à chaque geste trop brusque, comme un petit animal effrayé, comme une enfant battue. C'est ce qu'ils étaient, dans le fond, mais elle devait l'avouer, elle avait tout simplement laissé tomber. Elle avait tout simplement compris qu'ils ne sortiraient pas d'ici, sans dommage, sans qu'une aide extérieure ne vienne ne les délivrer. Les néos-mangemorts les laisseront crever dans cette cave jusqu'à ce qu'ils aient la force de répéter inlassablement les mêmes gestes, de porter inlassablement le poids des autres élèves sur leur nuque. Octavia était dans un de ces bas, dont personne ne pouvait la relever.

Elle avait fait une briève apparition d'elle-même, à l'anniversaire des jumeaux. Ce semblant d'espoir l'avait fait vivre pendant 24h, le temps de leur jour de roi et reine, mais l'avait quittée le lendemain en se levant. Elle avait simplement passé le jet d'eau froide sur ses plaies pour faire cesser la sensation de brûlure pendant quelques instants, avant d'enfiler un sweatshirt large. Chaque jour qui passait se ressemblait. Elle faussait l'enthousiasme lorsqu'elle sentait le regard inquiet de Jill se poser sur elle. Elle pleurait sans sanglot le soir, laissant simplement ses larmes glisser le long de ses joues jusqu'à ce que son corps soit totalement déshydrater. Ses rêves lourds et noirs s'étaient transformés en film d'horreur. Chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle revoyait ses poufsouffles supplier sous les coups de fouet. Elle sentait son coeur se désintégrer à écouter les lamentations de Jill, les cris étouffés d'Oliver. Elle se réveillait en larmes, sanglotant, effarée. Elle n'oubliait jamais où elle était. Ce cachot, c'était devenu sa vie. Une vie dont elle ne pouvait plus en porter le poids.

Alors quant un soir, ils avaient parlé d'agir, réellement, Octavia n'avait pas longtemps hésité. Ce n'était pas du courage, ce n'était pas non plus la peur. C'était le désespoir qui avait parlé pour elle. Mais ses deux jumeaux étaient parvenus à lui donner un semblant d'objectif, un semblant d'échappatoire. Il y avait une petite chance, après tout. Il y avait ce tout mince espoir qui lui avait donné envie, qui l'avait convaincue de le faire. Et si elle y restait, au moins, ça s'achevait. Plus de souffrance, plus de douleur, plus cette peur constante qui lui agrippait l'estomac. Alors le matin venu, elle avait retrouvé un semblant d'elle-même. Elle avait cette attitude au quidditch, quand elle était concentrée, que rien ne pourrait l'ébranler, qu'elle était concentrée sur l'objectif. Au moins, elle n'avait pas l'air d'être un château de cartes que le moindre souffle ne pouvait ébranler. Elle avait fait deux tresses qui lui donnait un air revanchard. Et quand Jill lui jeta un drôle de regard, elle ne put que répondre par un haussement d'épaules. Ce matin-là, elle se sentait forte, portée par leur objectif de la journée. Elle ne tremblait pas, elle était posée. Elle planta son regard dans les deux interstices vides du masque du mangemort, attendant que celui-ci ne lui donne le matériel pour sa corvée. Elle attrapa une grosse paire de ciseaux, se demandant si elle pouvait lui planter dans le ventre et qu'il en mourrait ? Mais ce n'était pas le moment de passer à l'attaque. Alors elle rassembla sa haine pour la refouler dans un coin de sa tête, échangea un regard avec Samaël, son binôme asocial, et lança un regard à Jill et Oliver un peu moins confiant. S'éloigner d'eux pendant quelques heures ... Pourvu qu'elle ne se dégonfle pas comme un vieux ballon.

Mais travailler dans le parc l'aidait à apercevoir son objectif. Régulièrement, elle relevait la tête pour fixer la Forêt Interdite. Elle n'y avait jamais pénétré. C'était trop dangereux, c'était trop mortel pour qu'elle n'ose y perdre la vie. Elle plia son dos douloureux et coupait l'herbe haute avec acharnement. Elle imaginait que chaque mangemort était un brin d'herbe, et les décimait sans pitié. Elle imagina que sa demi-soeur était ce pissenlit, et le souffla sans crainte. Elle imagina que Jill et Oliver étaient de belles fleurs et les laissa vivre en arrachant les mauvaises herbes autour d'elles pour leur laisser de l'espace. L'espace dont ils rêvaient pour s'échapper. Ce petit oasis en plein désespoir, ce petit mirage au milieu de nulle part. Mais au moins, ils tentaient de mettre fin à leur condition. Et mieux valait aujourd'hui, maintenant, que dans trois mois. Parce qu'Octavia n'était pas persuadée de pouvoir encore survivre à ça durant trois mois.
Le soleil tapait, l'air de rien, et dans son large sweat, elle mourrait de chaud. Alors elle enleva son pull pour le nouer autour de ses hanches. Elle s'étonnait à chaque fois de sa maigreur, elle ne pouvait plus se voir dans un miroir, mais quand elle constata qu'elle pourrait faire deux tours d'elle-même avec les manches, elle commença vraiment à se préoccuper de son état de santé. « Aller princesse, on a rendez-vous avec le changement ! » La jolie blonde tourna la tête pour voir les deux jumeaux trottiner vers elle. Elle sourit. Cette image de liberté. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas été réuni dehors, par un beau jour de printemps ? Des mois ! Et par Merlin, ce que ça lui avait manqué ! Elle poussa un profond soupir, et chercha Samaël des yeux. Elle le vit au loin, s'approcher du terrain de quidditch un peu à l'abandon. Il ne les voyait pas, tant mieux. Mieux valait-il pour lui, s'ils étaient attrapés, qu'il ne sache rien. Au moins, il ne serait pas complice, et elle ne l'entraînerait pas sur l'estrade. Mais elle reviendrait pour le sauver. Ou du moins, elle enverrait quelqu'un pour le sauver, parce qu'elle n'était pas sûre qu'elle pourrait revenir au Château pour combattre ces néos-mangemorts. Elle n'était pas certaine d'avoir le courage d'y retourner si elle arrivait à s'en extraire.
Ses peurs s'envolèrent lorsque le trio se remit en route, la main de la blonde dans celle de sa brune. Ils couraient à toute haleine vers l'orée de la forêt, pour pouvoir masquer leur présence derrière les arbres. Ils étaient trop visibles dans le parc, n'importe qui à une fenêtre pouvait les voir progresser vers la forêt, et si quelqu'un se mettait en tête de les poursuivre, ils ne feraient pas long feu sur le chemin de leur liberté ... « Quand faut y aller, faut y a… » Oliver se figea, et Octavia calqua ses pas sur lui, ou plutôt se figea à son tour. À l'affût, elle entendit les bruits de pas derrière eux, et son cœur s'emballa, et elle ne put plus esquisser le moindre geste, comme tétanisée. Elle le voulait pourtant, elle voulait les suivre, mais elle ne comprenait pas pourquoi ses jambes ne voulaient pas les suivre. Heureusement qu'Oliver l'attrapa par le bras pour avancer, sinon elle serait restée plantée là, attendant qu'on vienne la chercher. Et au pire, si c'était le cas, elle pouvait bien se sacrifier. Pour eux, elle le ferait. Ils méritaient de se sortir de cet enfer, ils méritaient de continuer à s'épanouir loin de tout ça. Et elle, qu'est-ce qu'elle ferait ? Elle retournerait vivre chez les Rosenberg ? Elle continuerait à se balader dans son manoir qui pue la noblesse et qui veut que les nés-moldus soient dans cette condition ? Elle continuerait à craindre que Naïa ne se pointe dans sa chambre avec l'idée de la tuer ? Non, elle préférait se sacrifier, et leur laisser une chance d'aller jusqu'au bout, que de se faire prendre à trois, et de vivre une punition avec les deux êtres qui comptaient le plus pour elle ... « Si on est pris, on trouvera une excuse… un truc pour le bal, on cherchait un truc à ramener dans la salle de bal…. » Octavia releva la tête vers Jill d'un air grave, puis ses yeux se posèrent tout doucement sur Oliver. « Je vous aime, les gens. » Sans prévenir, elle lâcha leur main et se mit à courir vers la gauche, s'enfonçant dans la Forêt Interdite qui lui semblait soudainement plus amicale que ce qui la poursuivrait. Au moins, les éventuels Loups-Garous et autres créatures la tueraient sur le champ, ne prenant pas la peine de la briser mentalement sur une estrade, face à tous ses camarades et amis ... Elle courrait à en perdre haleine, sautant par-dessus les grosses racines qui semblaient gigoter, essayant de rester hors de vue en évoluant vers de gros arbres. La peur lui donnait des ailes, et l'adrénaline qui lui battait aux tempes lui faisait un bien fou. C'est cette liberté qu'elle voulait goûter, et maintenant qu'elle était partie, elle ne voudrait pas la rendre ! Elle n'entendait plus rien, mais au moment où elle sentit que son coeur était sur le point d'exploser, elle ralentit, et se glissa derrière un gros tronc renversé. La forêt était noire, il faisait sombre, et elle espérait ne pas tomber nez-à-nez avec une créature dégoûtante ...

Nous marchions dans la forêt, silencieux. Nous étions encore trop près du château pour oser dire quoi que ce soit de peur que les mangemorts qui patrouillaient dans le parc, près de la lisière ne nous entendent. Nous avions usé de prudence avec Tasha en contournant une partie du lac pour s'enfoncer dans la forêt derrière un immense chêne de sorte que personne ne pouvait nous voir. Enfin, si on portait attention au fait qu'on disparaissait derrière l'arbre et ne repassions jamais de l'autre côté, il y avait de quoi avoir des doutes. Si nous ne faisions pas attention à ce détail, tout passait très facilement. Comme si nous disparaissions dans un clignement de yeux. C'était parfait! Sauf qu'une fois dans la forêt, il fallait remonter un peu en direction de château et, à moins de s'enfoncer vraiment très loin où la végétation était super épaisse, nous n'avions pas le choix de rester assez près de la lisière. Je poussai une branche qui me bloquait le passage, puis la retint pour laisser Tasha prendre la tête. « Tu crois qu'on pourra commencer à la dessiner bientôt cette carte ? », demandais-je à voix basse à ma meilleure amie. Nous n'étions pas dans la forêt pour notre simple plaisir, bien qu'en un sens nous y prenions plaisir, nous y avions une mission à faire. Il y a quelques semaines, nous avions décidé de faire une carte magique de la forêt interdite. Vous avez déjà entendu parlé de la mythique carte de maraudeur ? Et bien notre petit projet est semblable, mais il englobe uniquement ce pan de nature annexé à l'école. Génial, non ? « Nous avons encore beaucoup de recherche à faire quant aux sortilèges à utiliser pour l'animer et tout. Tu crois que c'est plus de la métamorphose ou des enchantements ? Je me demande bien dans quelle section de la bibliothèque on va devoir chercher. » Nous connaissions la forêt comme notre poche. Savoir où il y avait les zones de danger, donc les endroits à éviter, et où il nous était sécuritaire de circuler. Je connaissais plein de petits endroits inconnus de tous, ou presque, parce que j'avais dû passer plus de temps entre ces arbres qu'entre les murs du château. J'avais tellement hâte de tout mettre en place. Notre plus grand défi resterait sans doute l'animation de la carte. La partie magie me stressait un peu. « Je crois que nous allions aussi devoir regarder en défense... », je suspendis mon chuchotement. Un craquement venait de se faire entendre. Mes gestes s'immobilisèrent jusqu'à ce que je devienne une statue. Je sentis Tasha faire la même chose à côté de moi. Un mangemort ? Mon regard glissa sur la forêt à la recherche de l'origine de ce bruit. Je scannai les espaces entre les arbres sans que mon regard n'accroche sur quoi que ce soit. Il y avait quelques oiseaux et écureuils, mais rien d'assez gros pour avoir causé un tel bruit.

Immobile comme un prédateur en chasse, je tendis l’oreille à la recherche du moindre bruit. Pendant un moment, tout fut tranquille, silencieux. Seul le soufflement du vent venait agiter les feuilles qui pendaient aux arbres au-dessus de nos têtes. Rien d’anormal. Des bruits rassurants dans cette forêt qui pouvait regorger de mystères. J’en avais vu de toute sorte par ici, j’étais donc en mesure d’affirmer que nous n’étions jamais trop prudent. Quelques minutes où Tasha et moi nous tinrent immobiles attendant de voir si quelque chose allait surgir entre les arbres. Il me fallut admettre que ce devait être un animal qui avait causé ce bruit. Un sombral sans doute. Même si nous ne les voyions pas, on pouvait parfois entendre leur présence aux alentours. Je commençai à me détendre. J’allais faire signe à ma meilleure amie de reprendre la route tout en lui lançant une plaisanterie à voix basse lorsqu’un silhouette féminine surgit d’entre les arbres en courant.  Une blonde avec deux tresses. Elle courait à toute allure comme si elle avait le diable a ses trousses. Je la regardai un petit moment surpris, puis regardai derrière elle sans rien voir. Peut-être qu'elle fuyait les mangemorts. « Mangemorts? », demandais-je à Tasha, nerveux. Je n'avais pas envie de le découvrir pour être tout à fait honnête. Le mieux était de foutre le camp aussi, et au plus vite. « Peu importe, on dégage! », lançais-je avant de partir à toutes jambes derrière la fille. Peu importe où elle allait, c'était mieux que de tomber nez à nez avec un mangemort. En pleine forêt, on risquait gros si on se faisait prendre! Le vent et les branches me fouettaient le visage dans ma course effrénée. Je jetai un rapide coup d'oeil en arrière. Tasha me suivait, mais personne d'autre. C'était bon signe, non? Devant moi, je pouvais apercevoir la fille aux tresses dorées qui venait de se planquer derrière un grand arbre. Je la suivis quelques secondes plus tard, m'arrêtant juste à ses côtés. Je posai une main sur l'arbre, tentant de reprendre ma respiration. « Dit moi... On... Courait... Pourquoi?... Mangemort?... Hyppogriffe?... Acromentule?... », soufflais-je en haletant. J'ignorais qui était cette fille. Son visage me disait quelque chose, mais je n'arrivais pas à la replacer. Elle était de gryffondor? Elle était en quatrième? Qui était-elle?

“Le courage croît en osant et la peur en hésitant.”

Jill, Octavia, Tasha, Perrin & Oliver

Après s’être tous les trois retrouvés, nous avions pris la direction, sans se poser plus de questions, de la forêt interdite. Dire que je n’étais pas stressé serait un mensonge monumental, disons juste que je tentais de ne pas penser aux conséquences que cela pourrait avoir si nous merdions majestueusement. Croyez-moi, j’arrivais assez facilement à ne pas réfléchir, même si mon cœur qui battait à mille à l’heure était bien conscient du danger, lui… Mais c’en était trop. Nous n’en pouvions plus d’attendre, de dépérir de jour en jour et de devenir l’ombre de nous-même. Nous n’étions plus en train de vivre mais de survivre… C’était insupportable, pour tous, et pour moi le pire était de ne plus réussir à faire rire ou sourire comme je le voulais. Comme avant. Il fallait se bouger, maintenant, ou tout du moins tenter de trouver une solution avant que les choses n’explosent, comme avait pu me le dire Max. Savoir qu’il se passerait quelque chose ce soir n’était pas d’actualité, mais le lien était bien présent… et les choses seraient différentes, c’était évident.

Je pensais à tellement de personnes que mon esprit s’embrouillait. Alors je faisais en sorte d’arrêter parce que j’allais merder, c’était certain. Penser juste à celles qui étaient avec moi pour ne pas s’éparpiller. Ma jumelle et l’une de mes plus proches amies… il fallait que je les protège, je me faisais cette promesse en espérant que ça le fasse. Et c’était par pur réflexe que j’avais attiré chacune d’elles derrière un arbre quand des bruits se firent entendre non loin de nous. Qui était-ce ? Aucune idée, mais autant être prudent, ce serait dommage qu’on se fasse chopper alors que nous n’avions aucune aventure à raconter. « Si on est pris, on trouvera une excuse… un truc pour le bal, on cherchait un truc à ramener dans la salle de bal…. » Par un simple signe de tête, j’acquiesçai, convaincu par l’idée de Jill. Le cerveau… c’était elle, ça avait toujours été elle entre nous deux de toute façon. Mais je savais aussi qu’Octavia réfléchissait plus qu’il ne fallait. Enfin, je l’imaginais, j’étais loin d’anticiper ce qui allait se produire. « Je vous aime, les gens. » Quoi ??? Ca ressemblait à un adieu cette connerie ! Qu’est-ce qu’elle racontait là ? Quelque chose l’avait piquée ? Sans avoir le temps de dire un mot, elle avait déguerpi, se mettant à courir comme une folle direction l’intérieur de la forêt. J’échangeai un regard interrogateur avec ma sœur, lui demandant juste : « Elle a craqué son slip ou quoi ? C’est quoi le truc ? » Parce que, réellement, là, je ne comprenais rien. Quel était le but de cette fuite ? Se faire tuer ? Repérer ? J’étais un peu paumé là… Haussant les épaules et tendant l’oreille pour savoir si les bruits étaient toujours présents, je ne mis pas longtemps à réfléchir à ce qu’il fallait faire. Serrant un peu plus la main de ma sœur et me redressant, je lançai : « On reste groupés… donc, on la suit. Accroche-toi soeurette, va falloir la retrouver, j’ai pas envie que tu me ralentisses. » Je lui adressai un petit sourire malicieux pendant, genre, 3 secondes et demi, avant de me reconcentrer un peu – oui oui ça m’arrivait – et de me mettre à courir, obligeant à Jill d’en faire de même, tentant de ne pas perdre de vue la tignasse blonde devant nous. En ce qui concernait les pas entendus… ben, si c’était des Mangemorts, on le saura sûrement bien vite…

Au bout de quelques petites minutes de course, nous voilà en plein milieu de la forêt sombre, sans aucune trace d’Octavia. Ok… Je tournai sur moi-même pour repérer une piste mais… « La merde ! Elle est passée où ? » Notre plan n’était déjà pas bien rodé à la base mais alors là, c’était la misère ! Je me stoppai net en entendant des bruits d’un côté – vous savez, du côté du gros arbre horriblement moche qui flanquerait la frousse à n’importe quel élève… ah, il y en avait partout ? Ok… ben on était perdu, c’était un fait ! -, plissant les yeux pour voir quelque chose. Mais rien. « Par-là. »Je m’approchai alors à pas de loup dans cette direction là. Que ce soit O., un Mangemort ou une créature, maintenant ça ne changerait pas grand-chose, nous ne savions plus vraiment ce que nous foutions là…


1 & 2 : Il fallut marcher un peu pour remarquer trois personnes… Octavia avait rejoint Perrin et Tasha ?! Ok… là, je ne comprenais plus rien du tout ! Mais c’était une bonne nouvelle au moins !!
3 & 4 : C’est après avoir marché quelques mètres que les silhouettes de deux Mangemorts qui discutaient se dessinèrent. Cachés derrière un arbre, je gardais une main protectrice sur le bras de ma sœur. Merde merde merde…
5 & 6 : C’était quoi ça comme créature ? C’était une créature magique, plus que sûr, mais… dangereuse ou non ? Allons voir et nous le saurons ! (C’est dans ce moment-là que les connaissances de Phen ou Perrin me manquaient…)

Son cœur battait à mille à l'heure. Ses pupilles dilatées ne cessaient de bouger pour prévenir du moindre danger. La jeune fille n'avait jamais eu aussi peur de sa vie, dans cette Forêt peu recommandable. Les larmes lui montaient au visage, mais elle gardait néanmoins la tête aussi froide qu'elle le pouvait. S'enfuir comme ça à toutes jambes aurait bien attiré un mangemort ou une créature qui leur aurait voulu du mal. Mais ces quelques secondes de répit lui fit comprendre que rien ne la suivait. Puis des pas semblaient se faire entendre, et elle s'accroupit et se colla à un tronc mort et humide, grouillant d'insectes qui lui montaient sur les pieds et qui grimpaient à ses chevilles. L'horreur. En temps normal, elle aurait simplement hurlé et ce serait enfouie une nouvelle fois, mais la peur lui bourdonnait de nouveau à ses oreilles. Les pas étaient doubles et semblaient venir droit dans sa direction. Elle laissa échapper un gémissement sourd, se priant de rester le plus immobile possible histoire que la créature, ou les mangemorts rebroussent chemin. « Dit moi... On... Courait... Pourquoi?... Mangemort?... Hyppogriffe?... Acromentule?... » Devant cette voix douce, Octavia écarquillait les yeux pour relever la tête et fixer Perrin d'un air interdit. Nerveuse, elle laissa échapper un rire qui sonnait drôlement faux. Elle pleurait aussi, évacuant la pression qu'elle s'était imposée et qui venait de lui jouer un mauvais tour. « Je te connais… Je… je t’ai déjà vue avec Jill et Oliver…plusieurs fois. » Son regard se posa alors sur Tasha, elle reprit alors petit à petit le contrôle sur ses émotions. Jill. Oliver. Elle espérait qu'ils soient saufs. Elle espérait qu'ils ne leur soient rien arrivés.

Elle se redressa, prenant conscience qu'elle était transpirante de cette course. « Mon imagination, je crois ... Jill et Oliver sont avec moi, il faut absolument les retrouver ! » avant qu'ils ne leur arrivent quelque chose. Et déjà, elle marchait en sens inverse, le cœur de nouveau affolé. Plissant les yeux pour essayer d'apercevoir leurs silhouettes entre les arbres, elle ne voyait rien. La forêt était trop sombre par endroit, et le paysage irrégulier l'empêchait d'avoir une vue dégagée des environs. En essayant de refaire marcher son cerveau, déconnecté suite à la peur, Octavia se rendit compte qu'elle ne savait plus d'où elle venait réellement. Elle avait pris ce chemin instinctivement, mais elle ne se souvenait plus des paysages qu'elle avait traversé. Elle semblait piégée, elle s'arrêta, supplia Perrin et Tasha avec ses grands yeux émeraudes, et lâcha simplement « Je ne me souviens plus du tout de ma course. » Ses yeux se remplirent de larmes à nouveau, excédée par tout ces événements qu'elle ne pouvait plus supporter. Elle se sentait totalement déboussolée, sans contrôle d'elle-même, ni des éléments extérieurs. Elle avait juste envie de disparaître. De creuser son terrier et de s'y endormir de longues heures, faisant disparaître toute cette réalité, trop lourde à porter sur ses fragiles épaules. Son cœur lui battait aux tempes, sa tête bourdonnait, ses démons lui criaient à quel point elle était stupide et inutile, et le pire, c'est qu'elle n'avait plus Jill ni Oliver pour la faire revenir à elle, à la raison, et à la faire s'accrocher à leurs minces espoirs. Elle était totalement démunie, absente de sa propre cervelle. « JIILL ! OLIVEER ! » Elle voulait simplement une réponse. Une petite réponse. Sinon elle sentait qu'elle allait sombrer dans les méandres de sa folie.