Bien sûr que c’était pas encore bon. J’allais devoir tester plusieurs choses avant de réussir à ouvrir cette brèche. Ma base de runes était correcte, quels que soit les enchantements à briser, à moins qu’ils en avaient inventé un sur le tas, ce dont je doutais fort. Ca ne se jouait sûrement que sur des détails, mais encore fallait-il trouver les bons. Et le bon sortilège pour accompagner. Cela étant, bien que ce premier essai fut un échec, ça me permettait d’affiner petit à petit mon analyse de la barrière et donc me rapprochait de la bonne solution. C’était comme ça que ça marchait, la recherche, après tout. On avance, on se heurte à des échecs, et on travaille pour l’outrepasser. Enfin ça, c’était le cas normal, au calme et sans pression.

Là, il y avait les élèves qui essuyaient les attaques à ma place. Le stress de devoir les sortir d’ici avant qu’ils ne finissent tous mal. Et rien que le bruit, les cris, et autres explosions n’aidaient pas à me concentrer. Ils me rappelaient toujours que, même si j’étais le plus expérimenté parmi eux, c’était tout de même moi qui restais en arrière. Enfin, il y avait bien Lennox pour les aider un peu, mais ça restait une majorité d’adolescents se battant contre des mages noirs bien entraînés. Les chances n’étaient pas vraiment en notre faveur. Raison de plus pour que je me dépêche de m’occuper de ça. Que j’ouvre ça et qu’on puisse disparaître dans la nature. Que des renforts viennent. Quoique ce soit qui allège un peu leur peine. Quoique ce soit qui les fasse redevenir des adolescents lambda plutôt que des soldats. Quoique ce soit qui rende une bonne fois pour toute une forme de dignité aux nés-moldus. Alors je continue, je change quelques runes, et j’incante de nouveau un sort de rupture.

How did I get so far behind the rest ?
– Sum 41

Il existe dans notre vie, des moments plus décisifs que d’autres. Des moments où réfléchir est notre ultime solution. Ces instants qui forgent les héros, qui les rendent plus fort, les poussant au-delà de leurs limites. Cet instant où il prend conscience que les choses sont en train de changer et qu’il est encore possible de faire quelque chose. Une fois au pied du mur, la seule solution reste de se retrousser les manches et de grimper. A la seule force de ses bras, de son mental. Ces derniers instants d’adrénaline où l’on serait capable de toutes les folies. Les sorts fusaient, couvrant parfois le son de quelques cris dont l’écho venait déchirer son cœur. Le temps était venu pour eux de se battre pour cette liberté qu’on leur avait ôté, de comprendre ces cris déchirant le calme ambiant qui ne leur dictait qu’une marche à suivre : Se battre.
Le regard plongé dans l’inquiétude de son amie, la jeune Poufsouffle ne sut quoi faire maintenant qu’elle était à court de potions. Toujours à genoux, bien peu touchée par la précédente propulsion, la réponse vint à elle assez rapidement. Devant elle se trouvait une baguette… Sans chercher à comprendre à qui elle appartenait et la voyant bien intacte, Niamh saisit sa chance de la récupérer et la serra fort dans sa main, le regard alerte. Derechef et aidée par Alaska, lui annonçant qu’elle ne savait pas qui avait été touché, elle se redressa sur ses jambes.

Lorsque la brèche fut ouverte, le Professeur Winslow leur annonça avec hâte, leur sommant de sortir au plus vite tandis que d’autres Mangemorts semblaient toujours affluer. Il avait raison… Ils devaient faire vite, partir. Le plus loin… Fuir toute cette accalmie. Tandis qu’Alaska et Niamh se dirigeaient vers l’ouverture, leurs mains jointes, un nouveau sort fusa jusqu’à eux, sifflant à proximité de l’une des oreilles de Niamh. Il vint s’écraser durement contre le dôme magique, n’ayant causé aucune blessure. Ou presque… La tête de Niamh tournait dangereusement tandis qu’elle sentit une nausée lui prendre à la gorge. Le sort venait de provoquer un sifflement continu dans son oreille, rendant son audition limitée et désagréable. Sa main libre vint prendre appui contre son oreille, tentant d’amoindrir les bruits entrant. Voyant le regard interrogatif de son amie, Niamh répliqua :

- Ca va… T’inquiètes pas. Ca m’a juste sifflé dans l’oreille.

S’entendre en écho dans sa propre tête était loin d’être agréable… Les sons paraissaient tous lointains soudainement, comme si elle était plongée dans une bulle. Son regard se posa sur la scène devant eux… Les Nés-moldus se battaient encore contre les Mangemorts présents, aidés par un l’Infirmier de l’école et d’autres élèves… Le regard de Niamh se plissa tandis que ses oreilles ne captèrent qu’un bruit sourd d’un sortilège explosant quelque part. Ou bien était-ce une potion ? La question n’était pas là… Ils se battaient tous. Joignant leurs forces pour leur liberté.

La jeune Poufsouffle sentit son bras se faire tirer par son amie, s’approchant de la brèche pour commencer l’évacuation. Quelque chose clochait… Elle ne se sentait pas à l’aise de fuir tandis que ces héros écrivaient l’histoire, leur histoire. Celle de leurs droits et d’un monde où tout être magique, qu’importe son sang, se voit acquérir le droit d’être nommé Sorcier. Niamh se souvint alors de ces instants où elle avait longuement rêvé d’être une héroïne. D’être l’une de celle qui changerait l’histoire, qui se battrait pour ses amis, ses convictions. Toutes ces histoires qu’elle se plaisait à dévorer tout le temps, s’imaginant à la place du héro principal. Tous ces fantasmes qu’elle pouvait aujourd’hui réaliser. Changer l’histoire. Ensemble. Tout était là, devant ses yeux. Mais elle avait été bien trop effrayée depuis le début pour comprendre ce qu’il en était réellement. Elle réalisait.

- …

Ses pas se stoppèrent, arrêtant ceux de la Serdaigle. L’observant avec le plus grand des sérieux, elle put lire dans son regard la folie qui lui traversait actuellement l’esprit. Elle avait une baguette. Elle avait toujours été l’une des meilleures en sortilèges… Et ils étaient tous là-bas, à se battre pour leur liberté à tous. Tous leurs amis se battaient pour la libération des Nés-moldus, mais également pour la libération de toute l’école. Toute la loyauté qu’éprouvait Niamh envers ses amis en prit soudainement un coup. Comment pouvait-elle simplement fuir sans même essayer ? Elle lâcha la main d’Alaska, toujours sans un mot.

Ils étaient tous là-bas. Toutes ces personnes auxquelles elle tenait. Toutes ces personnes grâce à qui elle avait tant apprit. Il y avait Scorpius qui avait tant prit soin d’elle. Jude qui lui avait montré qu’il était possible de passer au travers de la noirceur de son cœur. Zach qui lui avait apprit qu’il était encore possible de rire, même lors des moments les plus durs. Sinéad qui lui avait donné l’envie d’être forte. De suivre ses pas et d’exprimer qui elle était vraiment. Perrin et Matrim qui lui avaient apprit finalement à l’exprimer. Amélia qui lui avait montré qu’une médaille n’avait pas qu’un seul côté. Maël qui lui avait apprit à s’exprimer au travers de la musique. Phen qui malgré tous leurs différents, l’avait aimé dans ses moments les plus sombres. Ils lui avaient tous tant apporté et elle, elle partirait les laissant ainsi ? Ils l'avaient construite durant de nombreuses années, encore plus celle venant de s'écouler... Et elle, elle allait les laisser tomber.

Non, elle n’était clairement pas capable de les laisser et de fuir alors qu’ils étaient en train de réécrire l’histoire. Elle recula donc de deux pas, son regard désolé adressé à la blonde qui se tenait face à elle. Elle ne voulait pas avoir à vivre avec ce regret.

- Désolée Alaska… Je… Je reste. J’peux pas les laisser…

Plissant le regard sombrement, elle fit rapidement demi-tour afin de ne pas avoir à faire face à la réaction de son amie. Ou simplement de ne pas avoir à faire face à son propre miroir. Elle n’avait qu’une peur : changer d’avis. Continuer de fuir éternellement et ne jamais affronter réellement ses problèmes. Sa décision était très probablement suicidaire mais elle ne la regrettait pour le moment pas.

Revenant vers Declan, elle prit une grande respiration et exerça ce mouvement qu’elle n’avait plus pratiqué avec une vraie baguette depuis longtemps... avant de ne crier à pleins poumons ce sort qu’elle connaissait si bien :

- FLIPENDO !

Qu’il était bon de retrouver sa voix. De la faire entendre… Mais malgré ça, elle tremblait. Tous ses membres tremblaient. Elle était totalement effrayée, fatiguée, éreintée, mais pas moins déterminée. Car il existe de ces moments où l’on se sent chacun un peu le héros. Et ce moment, c’est maintenant.

So all that I'm trying to say
I'm looking for a better way
Some days it just gets so hard
And I don't wanna slip away.
- Sum 41

Spoiler:

En l’espace d’une seconde, Declan se retrouva sur le dos plaqué au sol. À peine le temps d’ouvrir les yeux qu’il vit un éclair vert passer au-dessus de lui. La raison de sa chute ? Spencer. Il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé ? L’avait-il sauvé d’un sort mortel ? Ou l’avait-il juste entrainé dans sa chute due à l’obscurité. Au final, le résultat était le même, il était encore en vie grâce à lui. Et ça, Declan allait avoir du mal à s’y faire. Acceptant l’aide de Spencer pour se relever, il l’avait suivi jusqu’à Isidore. C’était moche, très moche. La main n’était même plus attachée au reste du corps, il avait déjà vu un cas comme ça dans un hôpital moldu mais le type n’avait jamais revu sa main. Espérons qu’avec de la magie, tout puisse rentrer dans l’ordre. Il y avait un sort qui allait pouvoir sauver la mise : Vulnera Sanentur. Mais c’était un sortilège de 6ème année et Declan ne l’avait jamais expérimenté. Il n’était pas fan de l’idée de se blesser pour ensuite tester de se soigner lui-même. Cependant, Spencer ne se posa même pas la question et effectua ce sortilège. Qui à la grande surprise de Declan, fonctionna du premier coup. Isidore n’était pas sorti d’affaire pour autant, mais au moins sa main était toujours là.

Declan s’éloignait un peu et pu observer un début de brèche dans le dôme. Le Professeur Winslow avait réussi et les premiers renforts étaient en train d’arriver vers eux. Ils n’étaient pas des centaines, mais toute aide était précieuse en ces temps compliqués. L’effet du dôme était joli, on dirait une bulle qui éclate au ralenti. Mais ce n’était pas l’heure de rêvasser, le combat était loin d’être terminé. Declan repéra quelques baguettes à côté des corps des mangemorts étalés au sol. Il pointa sa baguette dans leur direction et grâce au sortilège Accio tenta de récupérer les baguettes. Elles flottèrent jusqu’à lui et il s’en saisit de sa main gauche. Il se retourna alors vers le groupe derrière lui et jeta les baguettes en criant à qui voudra les prendre. Il ne savait pas si elles allaient être utilisées, mais au moins elles étaient là.

Il fut rejoint par Niamh, une poufsouffle de 4ème année qui exécuta un flipendo juste à côté de lui. Enfin un élève qui était en état de se battre et qui était prêt à en découdre. En regardant par-dessus son épaule, il aperçut Liu en train de s’occuper de Blake lui aussi blessé. Même les adultes arrivaient à se faire toucher, Declan avait de la chance de s’en sortir indemne jusqu’ici. Mais autre chose attira le regard du gryffondor. Derrière les deux adultes, d’autre mangemorts étaient en approche et il ne vit personne en train de les attaquer. Il allait devoir changer de position s’il voulait aider. Malheureusement, il ne pourra surement pas s’occuper de la menace seul. Lorsqu’il passa à coté de Niamh, il lui indiqua la position des mangemorts et lui demanda son aide. Traversant le plus vite possible le groupe, il se dépêcha de pointer sa baguette vers les deux menaces et s’écria : « STUPEFIX »

Dés:

Joanne avait agit d'instinct et avait ramassé la main d'Isidore. C'était affreux, c'était dégoûtant mais c'était nécessaire, elle le savait. Elle savait que s'il avait une chance de pouvoir être opéré, il fallait retrouver sa main et il en aurait besoin s'il voulait retourner un jour faire une kermesse à son village et... cette pensée lui fit monter les larmes aux yeux. Tout ça était bien trop affreux pour elle. Tout ce sang, toute cette méchanceté... Et ses amis blessés partout.

Heureusement l'infirmier la déchargea de son fardeau et prit la main d'Isidore. Sa présence était infiniment rassurante. Joanne l'aimait bien et savait que c'était un géant au grand cœur. Ses paroles la calmèrent un peu et elle suivit ses conseils en respirant calmement. Elle retourna vers Isidore avec lui et c'est là que la jeune galloise s'aperçut que le professeur Winslow avait réussi à ouvrir la brèche dans le dôme ! Des secours arrivaient de l'extérieur ! Il y avait même une jolie femme asiatique près d'Isidore ! Tout allait rentrer dans l'ordre, c'était certain !

C'est sur cette pensée qu'elle se sentit poussée sur le côté par la grosse main de Blake. Le temps qu'elle comprenne qu'il l'avait protégée d'un sort, Joanne se redressa et fixa la tache sombre qui grandissait sur l'habit de l'infirmier. C'était de sa faute ! Il avait pris le sort à cause d'elle car il l'avait protégée. Il tenta de la rassurer mais elle voyait bien qu'il avait mal. Heureusement la jolie asiatique put le soigner un peu.

Tout ça avait trop duré ! Trop de gens qu'elle aimait étaient blessés et personne ne méritait ça ! Elle était soudain tellement en colère que la peur s'effaça brièvement. Avec un cri de rage, elle se mit à courir vivement et, prenant appui sur un petit rocher, elle sauta pour atterrir dans le dos d'un mangemort. Elle l'encercla de ses jambes autour de son torse pour s'accrocher à lui comme une moule sur son rocher. De ses mains de petite lionne, elle lui cacha les yeux, lui griffa le visage et lui tira les cheveux tout en lui hurlant dans les oreilles.

1-3-5 : "C'EST BON JE LE TIENS !" hurla-t-elle à ses camarades. Le mangemort est déconcentré en essayant de virer le parasite accroché à son dos. (Le prochain à attaquer un mangemort gagne une chance au dé )