J’avais besoin de m’évader, de prendre l’air. C’est qu’il était étouffant ce château ! Il l’était depuis la première fois que j’y avais mis les pieds il y a quatre ans, mais c’était encore pire aujourd’hui. Si je n’étais pas fait pour vivre dans des bâtiments « solides », les immenses châteaux c’était encore pire. Moi, je ne faisais qu’un avec la nature. J’étais un être libre, une nature sauvage qui n’aimait pas se faire enfermer. J’étais passé par la bibliothèque dans la journée à la recherche du plus de bouquins possible sur la métamorphose, en particulier l’animagie. J’avais un nouveau but, un nouveau projet que, j’espérais, me donnerait la liberté que je recherchais. Ce ne serait pas facile, même ardu, mais ma détermination était sans faille. Si je voulais réussir à le faire. Si c’était pour me prendre trois ans, je m’en fichais, je voulais juste réussir. Me transformer en animal. Me connecter encore plus avec la nature et ses habitants. C’était une chose d’être un passionné, un humain qui se faisait accepter partiellement dans me monde animalier. Sauf que ça ne me suffisait pas. Ça ne me suffisait plus. Je voulais une acceptation complète. Me fondre parmi eux, vivre parmi eux. Sans doute que ça avait à voir avec le fait que je n’aimais pas la race humaine. Enfin, un type d’humain en particulier. Si les animaux chassaient pour se nourrir, s’ils se battaient pour se défendre, l’Homme faisait ces deux choses à des fins de loisir. J’avais eu une vision bien assez claire de la cruauté humaine cette année alors que l’Homme devenait le prédateur de l’Homme sous mes yeux. Je voulais donc trouver un moyen de me soustraire à ce monde qui ne me convenait pas dès que j’en avais envie, dès que j’en avais besoin. L’animagie me semblait une échappatoire idéale. Je marchai donc en direction du lac, un gros livre de métamorphose vieux comme le monde et super poussiéreux sous le bras espérant trouver quelques réponses à mes questions par million.

Tout en marchant, je laissai mes pensées dériver à leur gré. Je me rappelais tout ce qui c’était passé dans les derniers mois. Les choses bien comme celles qui m’avaient marqué. S’il y avait une grande partie qui était dut à la présence de Blackman, je ne pouvais nier qu’une autre partie était de ma faute. J’étais le maître de mon propre malheur. Je repensais à toute cette histoire avec Phen et Niamh. Comment ça avait pris de proportions démesurées dans ma vie. Comment j’avais accordé trop d’importance à ce type de relation. J’avais eu un crush pour mon meilleur ami. Je disais eu parce qu’il m’avait fait beaucoup de mal en apprenant ce que je ressentais pour lui. La manière dont il l’avait appris n’avait pas été cool, je devais bien l’admettre, mais celle de m’aborder par la suite ne l’était pas plus. Je m’étais senti attaqué, j’avais eu l’impression qu’il m’en voulait de ressentir ça pour lui. Je m’étais senti jugé et lorsqu’il m’avait dit que je ne lui plaisais pas de la même manière que lui me plaisait, j’avais senti mon cœur exploser. C’était con parce que nous n’étions que des amis, que je savais qu’il était intéressé par Niamh, par les filles, mais ça avait quand même était difficile à vivre. D’autant plus qu’il m’annonça, par la suite, qu’il était en couple avec la poufsouffle depuis le soir de la saint-valentin. Comment planter plus profondément un clou dans mon cœur ? Je n’en avais pas la moindre idée. En tout cas, vivre sa première peine d’amour sans jamais avoir eu un couple, c’était difficile. J’avais coupé les ponts avec Phen après ça. Limitant les discussions au minimum. Si nous n’avions pas fait d’expéditions depuis des semaines, ce n’était pas le moment où tout s’arrangerait. Pas maintenant en tout cas. Même si, toute cette histoire avec Niamh avait pris fin en Avril, je ne me sentais pas d’aplomb pour reprendre ma place. La jeune fille avait joué un rôle important dans ma quête identitaire. Un rôle qui devait revenir qu’à moi. Mon meilleur ami m’avait laissé tomber pour une fille. S’il avait seulement dit que je ne lui plaisais pas, ça aurait passé, mais venir affirmer être en couple avec celle qui avait fractionné notre amitié, c’était trop pour moi. Liu Xi, elle m’avait conseillé de lui parler. Elle m’avait dit que je devrais sans doute essayer de faire quelque chose avec lui ; comme dans le temps. J’avais toujours pas eu le courage de lui proposer.

Après plusieurs minutes de marche, j’avais presque fait le tour du lac. L’endroit était tranquille, calme. Parfait pour se planter un lire un peu dans ce bouquin qui, je devais bien l’admettre, je ne verrais pas la fin cet après-midi. Peu importe, j’avais dit que j’étais patient pour ce projet. Je prendrais le temps qu’il faudrait et si, par la même occasion, je pouvais me sortir Phen de la tête, ce serait encore mieux. Je choisis un petit talus d’herbe verte complètement au soleil, juste au bord du lac. Il commençait à faire chaud. Nous approchions un peu plus du mois de juin et le soleil se plaisait à nous dorer de ses rayons. Je me débarrassai rapidement de mes souliers et remontait le bas de mon pantalon de lin couleur sable. J’avais laissé tomber l’uniforme aujourd’hui. Comme nous étions le week end, par défaut n’avions pas cours, j’en avais profité pour enfilé des vêtements à moi ; un pantalon sable, une chemise légère bleu ciel et un foulard rouge que je mettais sur ma tête pour me protéger du soleil lorsqu’il commençait à rougir ma peau blanche de rouquin. Je m’assis dans l’herbe, plongeai mes orteils dans l’eau et ouvrit mon livre sur mes genoux. Morelle descendit de mon épaule où elle était perchée pour venir se coucher sur une roche au soleil. C’était agréable. La tranquillité parfaite. Je commençais à peine à lire qu’un bruissement de feuilles me fit sursauter. Je me retournai rapidement, jetant un coup d’œil dans la forêt qui commençait non-loin derrière moi. Une silhouette se dessina dans l’ombre, caché derrière un arbre. « C’est pas très poli d’observer les gensà leur insu. », lançais-je sur un ton agacé qui faisait ressortir mon accent irlandais déjà très prononcé à la base.

Je m'étais rendu ici pour être tranquille, pour avoir la paix. Mais c'était raté. À peine installé dans mon oasis de solitude – comme si j'avais vraiment besoin d'un endroit pour aller me perdre dans ma tête, dans mes pensées – j'entendis un bruit derrière moi. Je me croyais seul avec Morelle et mon immense, super épais et poussiéreux ouvrage de métamorphose. Pourtant, des bruits venaient de la forêt derrière moi. Me retournant, je pus voir des yeux m'observer entre les arbres. Une silhouette derrière un arbre. C'est que ce n'était nettement pas très poli comme comportement. Les parents de cette personne ne lui avaient-ils pas dit qu'il ne fallait pas fixer les gens ainsi. Personnellement, ça ne me mettait pas tellement à l'aise. Je ne me genai pas pour lui faire savoir. Si ça le fit sortir des arbres, me permettant de voir de qui il s'agissait, ça ne m'aida pas plus que ça à savoir ce qu'il me voulait à me regarder comme ça. Il s'avança vers moi, un magnifique chat entre les bras, récupéra un bouquin et une lettre que je n'avais pas remarqué avant, puis s'assit au sol. « Je ne t’observais pas vraiment, c’est juste que tu es à la place que j’occupais avant qu’Osiris ne se sauve dans la forêt interdite. » ,répondis, finalement, le garçon. C'est qu'il en avait mis du temps pour répondre à une simple question! Je jetai un regard vers le livre qu'il venait de récupérer m'apercevant que je n'avais même pas fait attention au fait qu'il y avait un livre ici. Peu importe, maintenant, mon regard était fixé non pas sur le garçon étrange, mais sur le chat. Un magnifique chat avec un regard curieux. J'avais envie de le prendre dans mes bras, le caresser, jouer avec lui. Rien à faire de son maître, monsieur le félin occupait toute mon attention. Il finit pas miauler pour affirmer son mécontentement quant au fait que je le regardais si intensément. Son miaulement m'arracha un sourire, mais la réaction de son propriétaire fut comme si l'animal venait de donner le signal pour ouvrir la discussion. « Je m’appelle Zeno nous sommes dans la même maison si je ne me trompe pas tu es Perrin n’est-ce pas. » , dit-il anéantissant ma séance d'observation de son chat. Je relevai les yeux sur lui, l'observant pour la première fois. Il connaissait mon nom. Pourquoi donc? Il me fallut quelques secondes avant de comprendre que je l'avais effectivement déjà croisé sans pour autant parler. À la Saint-Valentin lorsque j'avais traîné mon matelas dans le dortoir des sixièmes. Chuck m'avait rapidement informé du nom de chacun de ses camarades de dortoir. Je n'avais, bien évidemment, pas trop enregistré l'information bien trop chamboulé par la journée que je venais de passé. Maintenant qu'il se présentait directement à moi, je reconnu le prénom. Un truc étrange, difficile à prononcer qui allait sans doute sonner comme "Seno" dans ma bouche puisque les Z, ils avaient toujours été difficiles à dire pour moi. « Je suis bien Perrin! Elle s'est Morelle! », ajoutais-je en désignant la boule de poile qui le prélassait sur la roche bien au soleil, ses huit pattes étendues de part et d'autre de son corps. « Zeno alors... Tu en as mis du temps pour répondre à ma question. J'ai crus que tu étais sourds ou quelque chose dans le genre. Heureux que ce ne soit pas le cas. Ça aurait été vraiment ennuyeux pour toi. Pas du tout pratique à Poudlard ! », commençais-je à bavarder sur un ton joyeux. « Alors cette petite boule de poils s'est enfuie. », repris-je approchant une main pour caresse l'animal qui était toujours entre ses bras. Le chat feula une première fois, mais ce ne fut pas pour me fâcher. Au contraire, je dirigeai ma main vers son museau pour qu'il sente mon odeur. Ça le mettrait en confiance. « Qu'est-ce qu'il a bien pu fait pour te faire fuir mon beau? » , demandais-je en parlant directement à l'animal. Il avait fini de renifler ma main venant frotter sa tête contre ma main en quête d'une caresse. Son geste fit naître une magnifique sourire sur mes lèvres. « Tá tú i ndáiríre álainn, tá a fhios agat go bhfuil? Ag iarraidh a bheith mo chara? » Je parlais directement au chat, ignorant presque le garçon. Je m'en rendis compte soudainement, riant de l'ironie de la situation. Je lui avais reproché d'être impoli et voilà que je faisais la même chose. Je levai les yeux vers luib]« Désolé, moment de distraction. »[/b], m'excusais-je, amusé. « Tu es en sixième non? Dans le même dortoir que Max' et Chuck? » C'était plus une affirmation qu'une question. Peu importait, c'était surtout pour être certain que je ne me trompais pas de type. Parce que s'il était vraiment dans leur dortoir, y avait des risques qu'il en sache plus sur moi que l'inverse.