Maximilien, Phoebe & Sinéad

Les choses commençaient doucement à évoluer au sein de l’école et Sinéad était très fière de pouvoir prendre part à son niveau aux changements qui s’opéraient. Certes, le planning des rondes qu’elle avait commencé à faire lors de ses escapades nocturnes et autres virées interdites avait surtout pour objet de lui permettre de vivre sa vie tranquillement sans craindre les mauvaises rencontres mais aussi d’avoir le champ libre pour rendre visite à sa meilleure amie qui se trouvait enfermée dans les cachots. Son planning n’était donc pas des plus élaborés et pas forcément finalisés puisqu’elle s’était contentée de recenser seulement des éléments spécifiques dont elle avait eu besoin à un moment ou à un autre. C’était un peu égoïste d’agir comme ça et maintenant qu’elle y repensait, elle se disait qu’elle aurait dû partager son idée avant et que ça aurait peut-être contribué à faire évoluer les choses un peu plus rapidement. Sauf que Sinéad n’avait pas franchement réalisé la gravité de la situation avant de devoir torturer son propre frère sous les yeux de tous ses camarades. Cette expérience l’avait complètement traumatisée et son envie de voir partir le directeur en était encore davantage renforcée. Avoir vu l’état lamentable dans lequel se trouvait sa copine Alaska avait été aussi un élément déclencheur dans sa prise de conscience. Certes, elle savait bien que les nés-moldus n’avaient pas une situation enviable et qu’ils n’étaient pas traités comme ils le devraient, mais elle n’imaginait pas qu’ils étaient si faibles psychologiquement et physiquement à cause des mauvais traitements qu’on leur infligeait. Certes, Alaska n’était pas la fille la plus positive au monde et la rouge et or faisait toujours attention à prendre du recul par rapport aux propos qu’elle tenait sinon elle passerait son temps à s’inquiéter pour sa meilleure amie. Toutefois, elle s’était rendu compte que la Serdaigle avait toutes les raisons du monde de broyer du noir cette fois-ci et elle n’avait pas du tout minimisé ce qu’elle vivait parce qu’elle avait pleinement confiance qu’elle n’exagérait pas sa situation, bien au contraire. Toutefois, elle avait bien sûr tenté de lui remonter le moral et de lui faire voir les choses sous un jour un peu plus positif mais ce n’était pas simple compte tenu de la facilité qu’avait la jeune fille de voir les choses de la manière la plus noire possible. Elle espérait quand même avoir réussi et maintenant qu’elles s’étaient arrangées pour mettre en place un système leur permettant d’échanger un peu plus souvent, elle était persuadée que sa meilleure amie avait un moral un peu plus élevé. Cependant, ce n’était pas pour autant qu’elle devait se renfermer son petit confort et ne plus voir tous les problèmes qui s’accumulaient autour d’elle. Sinéad avait promis à la jeune fille que leur directeur finirait par partir et elle voulait tenir sa promesse. Alors quoi de mieux que d’apporter sa pierre à l’édifice pour être sûre que ça se réalise un jour ? Certes, elle n’était pas une révolutionnaire dans l’âme et elle avait confiance que ce n’était pas grâce à elle que les choses changeraient de manière drastique. Toutefois, elle savait aussi que chaque geste était important et que toutes les contributions auraient un impact à plus ou moins long terme.

Ce soir, elle devait retrouver deux de ses camarades de Gryffondor et ils s’étaient donnés rendez-vous dans la salle commune à une heure où tous seraient remontés dans leur dortoir. Certes, il leur faudrait faire preuve de discrétion parce qu’ils ne pouvaient pas se fier à n’importe qui mais elle avait plutôt confiance en ses camarades de maison. Il n’y avait pas de traitres parmi eux, c’était une évidence. Encore une fois, Sinéad ne pouvait s’empêcher de retomber dans ses anciens travers et de se croire dans le monde des Bisounours alors qu’elle ne l’était pas en réalité et encore moins en ce moment. Cette vision trop positive des choses la poussait malheureusement à commettre certains impairs qu’il était parfois difficile de réparer comme celui auquel elle avait été confrontée avec Anoushka. Suivre quelqu’un lui avait peut-être paru être un acte sans gravité, il n’en avait pas été ainsi pour la jeune fille, victime de son petit jeu stupide, qui l’avait très mal pris et le lui avait bien fait comprendre. Evidemment, Sinéad n’avait pas recommencé par la suite mais elle ne savait pas forcément faire preuve de clairvoyance lorsque c’était nécessaire. Pourtant, elle ne se considérait pas comme stupide ou incapable de prendre les bonnes décisions, elle n’avait juste pas toujours la même façon de réfléchir qu’une personne lambda, raison pour laquelle elle était très souvent un peu évitée par ses camarades. Alors pour une fois qu’elle pouvait être utile, Sinéad avait vraiment l’impression que c’était Noël avant l’heure, non seulement elle allait pouvoir jouer un rôle dans la rébellion mais en plus elle avait été réellement sollicitée par ses camarades pour cela. Elle avait donc tout préparé pour ce soir, elle avait posé sur la table basse devant la cheminée le fameux plan qu’elle avait préparé en prenant bien soin de plier son parchemin pour éviter qu’un intru arrivant dans la pièce puisse tout de suite être attiré par les petits dessins étranges qui s’y trouvaient et cherche à en savoir plus. Assise sagement sur le canapé, elle attendait que ses deux camarades se joignent à elle pour commencer leur soirée de discussion. Sinéad se sentait nerveuse, elle n’avait pas du tout l’habitude de partager son travail avec d’autres personnes et elle avait peur qu’ils trouvent ça nul et veuillent tout recommencer, ou pire qu’ils ne comprennent pas ce qu’elle avait voulu faire et la trouve encore plus bizarre que d’habitude. Pourtant, elle connaissait un peu Phoebe, par exemple, et elle savait qu’elle pouvait avoir confiance en elle. Quant à Maximilien, il ne faisait pas partie des personnes qui avaient voulu lui nuire à un moment ou à un autre. Elle essayait de se raisonner pour se sentir mieux mais c’était plus fort qu’elle, la Gryffondor restait angoissée et son seul espoir était qu’elle le serait sans doute un peu moins lorsque leur fameuse réunion aurait commencé pour de vrai. Elle était extrêmement en avance mais les minutes défilaient et les deux rouges et or manquants n’allaient plus tarder à présent, ils pouvaient débouler de leur dortoir à tout moment et elle jetait donc des coups d’œil nerveux vers les escaliers, s’attendant à chaque instant à les voir se dresser devant elle.

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