Ancolia & January

Le plan de January était très simple et se déroulerait à merveille, elle en était persuadée. Elle allait devoir respecter six étapes, toutes décisives pour pouvoir atteindre son but. Et elle l’atteindrait, évidemment, il n’y avait aucun doute à ce sujet. Elle se préparait depuis des semaines, attendant le bon moment pour le mettre en application. Cette nuit serait la bonne, elle avait tout préparé et elle s’apprêtait à rendre une petite visite à Tracy et Callie dans les cachots. Elle n’avait jamais pris le risque de rendre visite à sa meilleure amie auparavant parce qu’elle était tout simplement une trouillarde qui n’aimait pas la prise de risque mais les choses empiraient et elle s’en voulait de pas être là pour celle qui partageait sa vie depuis son enfance et qui était, au fil du temps, plus devenu une sœur qu’une amie. Quant à Tracy, leur amitié était récente mais la Serdaigle lui avait été d’une aide précieuse, elle n’avait pas le droit de l’abandonner. Sa décision était prise, il était temps d’agir.

Un. Récupérer les affaires qu’elle avait préparé. Ses vêtements avaient été choisis avec soin, non pas pour être la plus belle, contrairement à d’habitude, mais pour passer le plus inaperçu possible. Certes, elle aurait pu se simplifier la tâche en choisissant de s’y rendre en pleine journée puisqu’elle aurait eu moins de soucis pour rejoindre le rez-de-chaussée mais son entrevue avec les deux filles aurait été bien trop courte à son goût, la nuit lui semblait davantage propice à une longue discussion. Vêtue de vêtements sombres, les cheveux attachés et des baskets aux pieds dont le bruit avait été d’abord testé pour arrêter son choix, January attrapa le sac qu’elle avait préparé pour l’occasion.

Deux. Sortir de la salle commune. Certes, elle aurait normalement dû avoir confiance en ses camarades mais avec la plus ou moins récente trahison de Dan qui n’avait pas hésité à vendre une gamine pour avoir le beau rôle, January ne savait plus à qui se fier et elle n’avait même pas parlé de son plan à Sibylle. Heureusement, la jeune fille était absente et elle put sortir de son dortoir pour se retrouver dans la pièce commune qui était elle aussi déserte. Tout se déroulait à merveille, elle avait déjà remarqué que ses camarades se couchaient assez tôt en cette période troublée durant laquelle trouver le sommeil pouvait s’avérer particulièrement difficile. Rejoindre la porte et s’y faufiler discrètement fut donc un jeu d’enfant et en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire, elle se retrouva dehors. Libre. Enfin. Les ennuis allaient commencer.

Trois. Ne pas se faire prendre par les gardes qui patrouillaient tout au long de la nuit. Elle ne connaissait rien de leur parcours et ils pouvaient surgir à tout instant devant elle, mettant fin à ses rêves d’escapade nocturne. January n’était pas une aventurière dans l’âme, pas du tout même, raison pour laquelle mettre en place ce plan très simple était extrêmement compliqué pour elle. La Poufsouffle flippait pour un rien et n’était absolument pas débrouillarde. La seule chose qu’elle se permettait était de sécher les cours ou de se vernir les ongles quand elle s’y ennuyait si jamais elle prenait la peine de s’y rendre. Rien de bien grave en réalité, ou en tout cas rien qui soit susceptible de lui faire subir une punition sévère. Cette nuit, elle prenait bien plus de risques. Son trajet commença donc extrêmement lentement, chaque petit bruit la faisait sursauter et chaque carrefour était source d’angoisse, elle se dissimulait dès qu’un son lui semblait suspect mais malgré son extrême lenteur, elle progressait, se rapprochant des cachots et s’éloignant de sa salle commune. Son objectif n’était plus si loin.

Quatre. Faire une pause dans les cuisines. January n’avait pas voulu se montrer trop prévoyante en chapardant de la nourriture à l’avance de peur qu’un trou dans les réserves soit trop visible et que les contrôles de nuits soient renforcés. Commettre deux actes répréhensibles en une seule nuit n’était probablement pas la meilleure stratégie mais après mûre réflexion, elle avait jugé utile de prendre ce risque. Les cuisines étaient désertes à cette heure-ci, les elfes n’étaient pas encore en train de préparer le petit-déjeuner et aucun élève n’était présent pour faire le ménage. Elle attrapa rapidement ce qui se trouvait à portée de main et qui ne nécessitait aucune préparation pour être ménagé, en espérant que son vol passerait plus ou moins inaperçu ou en tout cas que personne ne chercherait de coupable. Elle avait super peur d’être torturée mais encore plus que ses frères subissent cette punition à sa place. Noel n’était plus du tout en état de se battre, il était à bout de forces et elle n’avait plus qu’une idée en tête, le faire sortir de cette prison dorée, il ne le supporterait plus bien longtemps et elle avait peur qu’il finisse par se jeter par la fenêtre de la tour d’astronomie.

Cinq. Rejoindre le hall d’entrée. Cette étape-là n’était pas très différente de la troisième mais il ne fallait surtout pas que l’excitation prenne le dessus sur sa prudence et provoque une erreur qu’elle ne pourrait pas rattraper. Elle reprit sa lente avancée vers les cachots, cherchant à tout prix à éviter de se faire bêtement surprendre. Certains portraits dans les couloirs murmuraient sur son passage et son cœur faillit sortir de sa poitrine lorsqu’un bruit de pas se fit clairement entendre dans un couloir proche de celui dans lequel elle se trouvait mais elle parvint tant bien que mal à continuer sa route sans rencontrer d’obstacle majeur.

Six. Rejoindre les cachots. Elle était dans le hall maintenant et son objectif était à portée de main. L’étape qu’elle abordait était la plus périlleuse car les cachots étaient certainement surveillés même si elle n’était pas allée vérifier au préalable ce qui était une grosse erreur. Son plan lui avait paru infaillible mais il ne l’était peut-être pas tant que ça en définitive. Cependant, elle n’allait pas renoncer maintenant, c’était tout bonnement impossible, elle s’en voudrait énormément de baisser les bras à quelques mètres de sa meilleure amie et de son professeur particulier. Alors elle descendit quatre à quatre les escaliers du hall, prit la direction des cachots et s’apprêta à se jeter vaillamment dans la gueule du loup lorsqu’un bruit dans son dos la poussa à faire volte-face. La lumière d’une baguette la força à fermer les yeux. Cette personne ne prenait pas la peine de faire preuve de discrétion ce qui signifiait probablement que, contrairement à elle, elle avait le droit d’être là et donc que January était sacrément dans la merde. Son plan infaillible ne l’était décidément pas tant que ça.

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Ancolia & January

Mais qu’avait-elle pu bien faire pour avoir l’idée totalement stupide de se rendre dans les cachots à une heure pareille en sachant pertinemment qu’elle allait sûrement se faire prendre et avoir de gros ennuis ? Ou pire, que ses proches allaient peut-être avoir de gros ennuis à sa place justement pour lui montrer que c’était vraiment super nase de faire des trucs comme ça alors que c’était interdit. January en avait vu assez depuis le début de cette année pourrie pur savoir que les Mangemorts ne rigolaient pas du tout avec ces entraves au règlement et qu’il lui fallait faire preuve de beaucoup de précautions et de discrétion si elle ne voulait pas se retrouver au milieu de la grande salle comme bon nombre de ses camarades avant elle. C’était quelque chose qu’elle avait plutôt bien fait jusque-là et elle était d’ailleurs plutôt fière de s’en être aussi bien sortie malgré tous les obstacles auxquels elle avait été confrontée. Raison de plus pour ne pas tout bousiller en commettant une erreur aussi grossière que celle qu’elle venait de réaliser. Une petite voix dans sa tête lui murmurait de faire demi-tour, de retourner dans son dortoir et de ne surtout pas faire une telle connerie. Bien sûr, elle se cherchait des excuses et considérait presque cette excursion nocturne comme une sorte de devoir à accomplir. Quelle erreur. Tout ce qu’elle allait réussir à accomplir, c’était de distribuer des coups de fouets à toutes les personnes qu’elle aimait… Noel, Snow, Maël, Sibylle, Tracy, Aniek… Son cœur se serra alors que les prénoms de tous ceux qui avaient pris une place importance dans son cœur défilaient à une vitesse impressionnante dans son esprit. Elle ne voulait pas leur faire du mal, pas à eux, beaucoup avaient déjà affreusement soufferts de cette situation et elle savait qu’ils auraient du mal à en supporter beaucoup plus, d’autant plus qu’elle ne leur avait pas franchement demandé leur avis avant d’agir. Est-ce que ses frères et son amoureux auraient désapprouvé cet acte ? Probablement pas, ils considéraient eux aussi que la situation des nés-moldus était totalement injuste et qu’ils n’avaient rien à faire ici, mais elle était persuadée qu’ils l’auraient convaincue de ne pas se rendre là-bas toute seule parce que c’était trop dangereux, que les risques étaient infinis et que les retombées seraient de toute façon négative. Elle le savait. Elle en avait même parfaitement conscience. Alors pourquoi le faire quand même ? Cette question restait en suspens et plus le temps passait, plus elle se disait qu’elle aurait tout simplement dû renoncer. Sauf qu’il était définitivement trop tard pour faire marche arrière, son parcours s’était déroulé sans encombre et maintenant qu’elle aurait aussi proche de son objectif initial, elle ne pouvait pas franchement décider de renoncer et de repartir d’où elle venait. Par anticipation, elle avait savouré sa victoire, jubilant d’être arrivée aussi loin sans faire de mauvaise rencontre et surtout sans tomber dans les griffes des sbires de Blackman. Comme souvent, elle se réjouissait certainement un peu trop vite, malheureusement.

Elle avait eu le temps d’entendre quelqu’un approcher et lorsqu’elle fit volte-face elle se retrouva nez à nez non pas avec une personne mais plutôt face à un éclat de lumière qui la força à plaquer la main sur ses yeux. Ne pas savoir sur qui elle était tombée était super désagréable mais il était encore plus désagréable de devoir finir à moitié aveuglée par ledit individu. « Que fais-tu ici ? » Il s’agissait d’une voix féminine mais elle n’en savait pas plus. Le ton légèrement menaçant employé lui faisait bien comprendre que cette rencontre était loin d’être amicale mais cette agressivité ne ressemblait pas non plus aux Mangemorts. Quoi que, certains d’entre eux étaient tout de même sacrément tordus, à tel point qu’il lui arrivait souvent de craindre ce qui pouvait lui arriver lorsqu’elle en croisait un dans les couloirs même si elle n’avait strictement rien fait de mal. Toute la paranoïa autour de ces nouvelles règles et de la direction devenait de plus en plus réelle finalement et January était la première à craindre pour leur futur à tous. « Réponds moi et dis-moi la vérité ! » Manifestement, elle n’avait pas été assez vive et l’inconnue s’impatientait, mais en même temps, elle continuait à l’aveugler et elle n’avait clairement pas envie de parler à une boule de lumière. « Avant toute chose, est-ce que tu… Vous pourriez baisser votre baguette s’il vous plait ? » La Poufsouffle avait tenté d’être la plus polie possible en formulant son desiderata car elle savait qu’elle risquait de s’en prendre plein la tronche si sa demande ne passait pas. En plus, il fallait de toute façon qu’elle réponde à la question posée et vite si elle ne voulait pas avoir de gros ennuis. L’agressivité de son interlocutrice lui montrait bien que cette dernière n’était pas là pour plaisanter et elle tenait assez à son intégrité physique pour ne pas prendre le risque de recevoir des coups de fouet. « Je m’appelle January Holly Shiver, je suis en septième année à Poufsouffle, j’ai oublié un bouquin pendant le diner et j’étais tellement paniqué que je n’arrivais plus à dormir alors j’ai décidé d’aller le chercher. » Mentit-elle bêtement, ne trouvant pas d’excuse plus valable que celle-ci. Décidément, son plan était loin d’être infaillible, d’autant plus que la Mangemort allait certainement l’accompagner chercher son foutu livre alors qu’elle ne le trouverait pas puisqu’il n’avait de toute façon jamais existé. En définitive, elle s’était mis bien dans la merde toute seule comme une grande. « L’année des ASPIC est particulièrement angoissante, je sais que je me mets un peu trop la pression, mais c’est normal, non ? En tant que sang-pur, je me dois de donner l’exemple en ayant d’excellentes notes à mes examens. » Autant glisser son statut social discrètement dans la conversation et essayer d’attendrir son futur bourreau car seule la manipulation psychologique pouvait maintenant l’aider à se sortir de cette impasse. January avait l’impression que le temps s’était arrêté et elle avait juste hâte de savoir ce qui allait lui arriver par la suite. Elle priait intérieurement pour que ce ne soit pas trop douloureux.

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