January & Winchester

Toutes les journées se ressemblaient en ce moment à Poudlard et January s’ennuyait de plus en plus. Elle se forçait à faire profil bas ces derniers temps ce qui ne l’aidait clairement pas à profiter de ses derniers mois au château et elle désespérait de se créer de nouveaux souvenirs heureux dans les prochaines semaines. Bien sûr, elle aurait pu braver les interdits comme le faisaient bon nombre de ses camarades ou colporter des rumeurs comme elle l’avait toujours fait par le passé. Sauf que voir certains élèves devoir torturer leurs proches l’avait totalement refroidi et elle s’efforçait de respecter le règlement à la lettre tant l’image d’un Noel ou d’un Snow gisant au sol à ses pieds lui était insupportable. Elle ne savait pas où en était le Serpentard dans ses veines tentatives de détrôner leur nouveau directeur et elle ignorait pour le moment dans quel état d’esprit se trouvait son autre frère qui avait été plus touché que le reste de sa fratrie par les récents événements. Quant aux rumeurs, certes elle continuait à apporter sa contribution mais la fourbe attaque de Dan faisant suite à sa tentative désespérée d’en apprendre davantage sur ses secrets avait eu un effet particulièrement néfaste sur son couple, raison pour laquelle la Poufsouffle s’était mis au vert quelques temps. Elle tenait énormément à Maël et l’idée qu’il la quitte à cause de quelques stupides rumeurs lui déplaisait très fortement. Renoncer à son amusement principal n’était pas chose facile, mais elle avait dû se limiter pour éviter que les disputes n’éclatent trop souvent entre le Serpentard et elle. C’était une décision qu’elle avait prise seule sans lui demander son avis au préalable car elle savait qu’il s’en serait sans doute voulu de lui imposer quelque chose ou de lui de lui mettre un ultimatum mais elle lui devait bien ça et si elle devait faire un choix, celui-là était forcément le meilleur. Cependant, renoncer totalement restait au-dessus de ses forces et certaines de ses habitudes étaient difficiles à oublier définitivement.

D’autant plus que les rumeurs qui circulaient en ce moment dans l’école étaient plus que géniales et ne pas les écouter aurait été insupportable pour la jeune fille. Entre les rumeurs de consanguinité, de trahison et de liaisons amoureuses diverses et variées, elle ne pouvait pas s’empêcher de prêter une oreille attentive à tout ça, à défaut de les faire circuler. Bien sûr, il lui en restait un certain nombre sous le coude qu’elle voulait disséminer aux quatre coins du château mais elle attendait tout simplement le moment opportun avant de pouvoir agir de la sorte. Mais il y avait une autre raison à son incapacité de décrocher totalement des rumeurs de l’école et cette raison s’appelait Winchester. Elle était l’informatrice de son professeur depuis un certain temps maintenant et elle était très fière de ce rôle privilégié. Elle ne s’était jamais soucié de la manière dont il utilisait les informations qu’elle lui donnait et à dire vrai, elle n’en avait pas grand-chose à faire. Elle aimait trop ce sentiment d’importance que lui procuraient ses fréquentes entrevues en compagnie de son professeur pour réussir à s’en lasser facilement. Pourtant, rien ne lui disait que les intentions de son enseignant n’étaient pas des plus mauvaises et peut-être qu’en agissant ainsi, elle se rangeait sans le vouloir du côté de Blackman mais ce n’était pas comme ça que réfléchissait January. Elle servait ses propres intérêts avant ceux des autres et avait toujours agi de cette manière, aucune période de guerre ne pourrait changer ça. Elle avait pourtant reproché le même comportement à Aniek quelques jours auparavant mais elle arrivait à se trouver des excuses pour se persuader que sa situation n’était en rien similaire à celle de son ancienne amie. Elle n’avait parlé à personne de ce petit arrangement raison pour laquelle on ne risquait pas de lui faire la morale à ce sujet mais le jour où tout ceci serait découvert, elle aurait probablement de sérieux problèmes. La Poufsouffle se montrait donc particulièrement prudente, pesant ses mots et ses actions pour rester la plus discrète possible.

Pour leur entrevue du jour, la jeune fille était pile à l’heure lorsqu’elle frappa à la porte menant au bureau du professeur. Elle ne suivait pas sa matière mais elle avait l’impression d’avoir passé plus de temps dans cette salle de cours que dans celles où elle devait théoriquement être. Sur le chemin, elle n’avait fait aucune mauvaise rencontre et elle se félicitait d’avoir échappé aux sbires de Blackman. Son parcours n’était pas un exploit en soit, il n’était pas encore assez tard pour que les préfets leur ordonnent de regagner leur dortoir et sa présence dans les couloirs pouvait donc encore passer relativement inaperçu. Le retour serait certainement plus dur mais January ne se faisait pas de souci, elle y arriverait, elle s’en sortait toujours. Un sourire et quelques larmes de crocodile suffisaient à la tirer d’un mauvais pas. Alors qu’elle entrait dans la pièce, son professeur l’invita d’un simple geste de main à prendre place sur l’un des sièges inoccupés. Elle s’approcha et, sans décrocher un mot, attendit que l’enseignant termine ce qu’il était en train de faire. En temps normal, ce manque d’attention l’aurait sacrément agacée mais elle avait souvent l’impression qu’il agissait de la sorte pour lui faire croire qu’il était un homme extrêmement occupé. Elle lui laissa donc le temps dont il eut besoin avant de faire enfin attention à sa présence. « Mademoiselle Shiver c’est toujours un plaisir de vous recevoir. Votre visite et un peu comme une friandise qu’on nous octroie après un rendez-vous dentaire. Nous savons parfaitement qu’elle n’est pas saine pour notre hygiène buccale, mais si délicieuse qu’on ne peut s’en séparer. Enfin. Vous venez probablement pour votre récompense hebdomadaire. Qu’avez-vous à m’offrir cette semaine ? » La Pousouffle ne put évidemment pas s’empêcher de sourire devant cette comparaison aussi désagréable que flatteuse. Elle n’était pas sûre qu’il soit très doué pour les compliments mais toute flatterie restait appréciable malgré tout. « Navrée que ma présence soit un tel fardeau. » Commenta-t-elle sans se départir de son sourire. Il était maintenant temps de rentrer dans le vif du sujet. « Nous avons eu une semaine plutôt riche professeur, d’ailleurs une de vos collègues se trouve au centre de toutes les attentions, il paraitrait qu’elle torture des animaux, vous êtes au courant ? » Le professeur Burgess n’était pas dans les bonnes grâces de ces étudiants ces derniers temps. « Il parait qu’un système d’entraide scolaire a été mis en place aussi, que des jumeaux entretiennent une relation interdite et que le renforcement du système de punition suscite davantage la colère que le besoin de se plier aux règles. » Ce n’était que le début mais elle ne voulait pas s’étaler avant que son professeur ait orienté la conversation sur des sujets qui l’intéressait. Nul doute que les relations amoureuses entre élèves n’étaient pas sa tasse de thé.

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January & Winchester

Ce rendez-vous auprès du professeur était amusant, January adorait jouer les fouines et encore plus véhiculer les informations qu’elle avait en sa possession. Cependant, dans ce climat un peu tendu, elle savait que certaines choses se devaient de rester secrètes pour qu’elles ne parviennent jamais aux oreilles de leur odieux directeur. Pour une jeune fille qui aimait être le centre de l’attention et qui s’arrangeait pour tout savoir de ce qu’il se passait au château, il était difficile de tenir sa langue face à des personnes qui avaient l’air de vraiment s’intéresser à ce qu’elle avait à dire. Ce professeur faisait partie de ces personnes et elle avait fini par craquer et par accepter d’être son informatrice en personne ce qui ne manquerait certainement pas d’agacer ses camarades s’ils venaient à l’apprendre. Au départ, cette possibilité avait été source d’inquiétude pour la Poufsouffle mais maintenant, avec le recul, elle se disait qu’elle avait été bête de paniquer et que ses camarades ne seraient probablement jamais au courant de ce petit arrangement. « Bien. J’ignorais que Poudlard recevait au sein de ses locaux des Lannister. Annoncez-moi qu’ils sont à Gryffondor et je ferais mine d’être surpris. » January le gratifia d’un petit sourire faussement amusé alors qu’elle ne savait pas du tout de quoi il parlait en réalité. Tant pis, elle se fichait bien de savoir ce qui pouvait bien se passer dans la tête de son enseignant tant qu’il était satisfait des révélations qu’elle avait à lui fournir. Jusqu’ici, ça semblait plutôt être le cas. Pourtant, elle n’avait franchement rien dit de si intéressant que ça, préférant diffuser son savoir au goutte à goutte pour maintenir un certain suspens et aussi pour prouver à son professeur qu’elle était capable de répondre à toutes ses questions. Leur entretien ne faisait que commencer et January était bien décidée à lui raconter tout ce qu’elle savait, ou presque tout, en tout cas. Il était bien sûr évident que ses proches resteraient hors de tout ça tout comme ces histoires de potentielle rébellion. Mieux valait ne pas tenter le diable.

« Que pouvez-vous m’apprendre sur ce système d’entraide scolaire ? Entendez-vous par là qu’il prodigue une éducation aux impurs ? » Encore une fois, la manière dont s’exprimait l’enseignant n’était pas extrêmement facile à appréhender pour la Poufsouffle et le terme d’impur employé par le professeur qui incluait donc gentiment sa meilleure amie dans le lot, ne lui plaisait pas des masses. Mais encore une fois, January était là pour jouer sur les apparences et c’était quelque chose qu’elle faisait sans problème, elle voulait que son professeur ait bien conscience qu’elle savait tout sur tout et elle n’allait évidemment pas lui dire qu’elle ne souhaitait pas répondre à sa question ou qu’elle ne pouvait y apporter qu’une réponse partielle. « Je ne crois pas, leur absence de baguette serait un frein à leur apprentissage, si vous voulez mon avis. J’ai plutôt l’impression qu’il s’agit d’un cours particulier ou quasi particulier destiné à plusieurs élèves triés sur le volet. Je ne saurais vous dire quels sont les critères de sélection mais je n’y ai personnellement pas été conviée donc on peut éliminer la beauté, l’intelligence et le talent parmi ces critères. » Peut-être que le niveau scolaire était tout simplement ce qui avait été déterminant pour l’organisation de ces fameux cours et si tel était le cas, il était un peu normal qu’elle ne fasse pas partie des élus. C’était tout de même un peu frustrant, elle aurait bien aimé aller mettre son nez dans ce qui se passait là-bas. « J’aurais bien aimé jouer les infiltrées mais je crains fort que ce soit impossible. » Et pour peu que son frère fasse partie de tout ça, elle n’aurait tout simplement jamais pu parler de ce qu’il se passait réellement dans cette salle de classe. Elle tenait trop à Snow pour le mettre dans une telle position. Elle le savait impliqué dans beaucoup d’actions contre la direction ces derniers temps et elle tenait à le protéger de tous.

« Il est bien triste qu’un confrère puisse en venir à malmener des animaux. Le sujet me semble grave. » Très grave, oui, enfin pour les élèves qui défendaient la cause animale. January n’y était pas forcément sensible et elle ne pensait pas que son professeur le prendrait autant à cœur. Elle avait tort, manifestement. « Voyez-vous, Mademoiselle Shiver, j’ai pour loisir premier la chasse. Je reconnais qu’il est jouissif d’avoir ce sentiment donner la mort entre les mains. Cependant, je ne tolère en rien la maltraitance ou le don de mort gratuit. Je nourris une philosophie dans laquelle, une mort, animale ou autre, cela va de soi, doit être utile sous toutes ses formes. Rien ne me met plus en rage qu’une violence qu’on prodigue sans raison valable. Le monde est suffisamment sombre pour que nous nous abaissions à le noircir plus encore. » Il est jouissif d’avoir ce sentiment de donner la mort, entre les mains ? Ce mec était un véritable psychopathe et si elle n’avait pas voulu préserver son image de commère modèle, January se serait très certainement enfuie en courant. Au lieu de ça, elle resta bien sagement en place, écoutant attentivement ce discours réaliste. « Evidemment professeur, vous avez parfaitement raison. » Approuva-t-elle vivement alors qu’elle n’en pensait pas un mot. Aucune mort ne pouvait être considérée comme utile, il fallait être dingue pour imaginer que tuer quelqu’un pouvait être possible dès lors que ça servait à quelque chose. « Pouvez-vous me donner le nom et les faits je vous prie. Il est intolérable que de telles rumeurs circulent sur l’enseignement que nous donnons ici. Si les impurs n’ont plus de droit d’apprentissage magique, ce n’est en aucun lieu pour que la barbarie s’y fasse une place. » Le nom ? De qui ? De l’enseignante en question ? Oui, elle pouvait toujours le lui donner, elle doutait qu’il ait une quelconque autorité sur le reste du corps enseignant mais après tout, peut-être se trompait-elle. « Je crois qu’il s’agit du professeur de potions et une pétition circule pour qu’elle arrête de maltraiter les animaux dans le seul et unique but de réussir des potions parfaites. Je crois que beaucoup de ses élèves ne cautionnent pas de devoir ajouter des ingrédients d’origine animale. » Expliqua-t-elle à l’enseignant. Franchement, il n’y avait pas mort d’homme mais lui avait l’air de penser que c’était grave alors autant le laisser partir à la chasse aux sorcières sur ce sujet futile plutôt que de le voir chercher des noises à ses proches.

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