Le premier avril était normalement un jour de farces et attrapes, pour la jeune fille. Mais les mangemorts n'avaient pas vraiment le même sens de l'humour qu'elle. Couchée dans l'herbe verte et humide du parc, Octavia tenait dans sa main droite une paire de ciseaux qu'elle ouvrait et fermait sans y faire vraiment attention. Il faisait ensoleillé, en dépit des gros nuages qui se pointaient à l'horizon et qui se dirigeaient tout droit vers le Château. Il n'allait pas tarder à pleuvoir, et Octavia se retrouverait trempée par l'averse, impuissante de son sort. Mais pour l'heure, elle profitait de la douceur du temps, de la venue du printemps. Elle ferma les yeux, humant les doux parfums de la nature, les odeurs d'herbe fraîche et fraîchement coupée, l'odeur des pollens qui se mélangeaient au gré des vents, l'odeur de la terre, de la forêt. Et le calme. Le silence n'était pas total, elle entendait les bourdonnements qui émanaient du sol, du ciel et des arbres. Elle entendait même des remous dans l'eau du lac, non loin de là. La jeune fille avait cherché un coin un peu cachée, là où on ne pourrait pas l'observer à tous les étages du Château. Elle profitait du vallonnement de la plaine, et de la douce pente vers le lac pour se créer une bulle de solitude, dans laquelle elle profitait de ce moment printanier. Elle pouvait se prélasser devant les premiers rayons du soleil, elle n'avait juste qu'à agiter le bras jusqu'à n'en plus pouvoir, puis changer de main en dégourdissant la première.

Elle aurait pu être exactement au même endroit, en temps normal, à se prélasser des premiers rayons de soleil malgré un vent fort et désagréable, à simplement fermer les yeux et écouter tous ses petits bruits qu'elle arrivait à percevoir les yeux fermés. Elle imaginait un présent alternatif où tout serait normal. Elle verrait débarquer Jill et Oliver, qui auraient peut-être préparé une farce à son encontre. Elle se retrouverait trempée de la tête aux pieds, mais aurait fini par rire aux éclats, puis à se sécher d'un coup de baguette. Ils auraient ensuite refait le monde, et auraient été se réchauffer au Château pour ne pas attraper de rhume. Elle aurait croisé Elijah à la bibliothèque et ils se seraient ignorés pour mieux tenter de s'oublier. Elle se serait sentie mal. Et elle aurait été mangé, aurait évité de croiser tant le regard implacable de Naïa, tant le regard blasé de Loki. Et elle se serait sentie encore plus mal. Et puis Jill lui aurait remonté le moral par tous les moyens possibles et inimaginables. Et elle aurait filé au terrain de quidditch après-midi pour un dernier entrainement avant leur match contre Serpentard, stressée à l'idée de jouer contre le talentueux Shiver, et les autres brutes.
Elle poussa un long soupir, et roula d'un demi-tour, les yeux face au ciel, et plutôt à la tête de son demi-frère qui la regardait sans qu'elle ne puisse deviner son émotion. « Loki ! » Surprise, elle poussa un petit cri de frayeur et continua sa roulade pour finir sur les genoux, et s'éloigner un peu du Serdaigle. Elle ne l'avait pas entendu arriver, se pouvait-il qu'elle se soit endormie ? C'est bien possible, elle était tellement épuisée et stressée que son apparition avait fait augmenter son rythme cardiaque, et que son cœur battait tellement fort que sa cage thoracique semblait ne plus pouvoir le contenir. Elle tentait de rester calme, respirant pour faire partir les pensées noires qui lui montèrent directement à la tête. Peut-être qu'il n'avait pas vu qu'elle s'était endormie ... Elle avait peut-être encore une chance d'éviter un supplice, si elle se soumettait. La jeune fille ne dit rien et attendit qu'il ne daigne à lui parler. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient seuls depuis l'invasion des mangemorts au Château et isolés des autres élèves. Octavia avait rêvé de ce moment pour lui faire entendre raison, pour qu'il prenne conscience que les nés-moldus comme les sangs-purs ont droit aux mêmes chances - et au même traitement. Des tonnes de questions se déversaient dans sa tête sans qu'elle ne puisse les poser. C'était frustrant, trop frustrant. La jeune fille n'était pas calme. Les ciseaux se refermaient avec davantage de force et Octavia plissait le front sous la concentration. Elle essaya de ne pas montrer qu'elle avait peur, de masquer ses doigts tremblants, de taire son cœur battant, de ralentir le flot de ses pensées et de retenir les larmes qui commençait à naître aux creux de ses yeux. Elle se détesterait encore, si elle venait à pleurer et essuyer un nouveau refus de s'entendre. Donc, elle ne demanda rien, ne voulant pas être déçue d'entrée de jeu.