J'avais passé la nuit ans le dortoir des sixièmes années. La journée d'hier me laissait des souvenirs douloureux, mais également entremêlés et difficiles à cerner. J'avais fait un crise de panique. Tout ça parce que Niamh avait lu cette stupide lettre destinée à finir brûlée au fond de la cheminée. Je l'avais prise avec moi de peur que Phen ne tombe dessus dans notre dortoir. Je n'avais tout simplement pas pensé au fait que quelqu'un d'autre pourrait la voir. Au fait qu'elle pourrait s'échapper de ma poche, en traître à mon existence, et atterrir entre les mains d'une personne de qui Phen était proche. D'une personne qui éprouvait pour lui, les mêmes sentiments que moi. Je n'avais définitivement pas le don de tante Dearbháil pour la divination. Moi et la prédiction d'avenir, on ne faisait pas bon ménage ces derniers temps.

Quand j'avais vu la lettre dans la main de Niamh, j'avais été en colère. Furieux contre moi-même d'avoir été aussi inconscient. Enragé d'avoir été aussi niais et ne pas avoir pensé au fait que ma missive n'était peut-être pas aussi bien en sécurité dans ma poche que j'aurais pu le croire. Pourquoi je ne l'avais pas tout simplement planquée dans ma valise sous mon lit? Personne ne l'aurait vu là. Au fond de moi, il y avait toujours eu cette faible lueur d'espoir qui me disait que je pourrais l'envoyer. Que je pourrais tout lui révéler, qu'il le prendrait bien et, dans mes rêves les plus fous, il me disait qu'il ressentait la même chose pour moi. Sauf que, bien entendu, tout ça n'était que des rêves. La vague d'amour qui planait sur le château le jour de la Saint-Valentin m'avait juste fait déliré. Au final, ce n'avait pas été Phen qui l'avait lu la lettre, mais Niamh. Ce n'était pas un bonheur intense qui m'avait habité, mais un sentiment de panique profond à l'idée qu'elle devait passer la soirée avec mon meilleur ami et qu'il, d'une manière ou d'une autre, finirait pas apprendre que je lui mentais depuis des mois. Techniquement, je ne lui mentais pas, mais il ne le verrait pas de cette manière. Je le connaissais assez pour savoir qu'il prendrait cette « omission d'information » aussi mal que si ça avait été un véritable mensonge.

Après plusieurs grognements, refus de se lever et quelques minutes de bavardages, Maximilien et Chuck avaient fini par descendre prendre leur petit-déjeuner me laissant seul dans leur dortoir. Chuck avait voulu savoir comment j'allais, si je voulais qu'il reste, mais j'avais prétendu vouloir prendre une douche question de m'éclaircir les idées et oublier tout ça. En réalité, je ne voulais juste pas aller dans la Grande Salle, risquer de croiser Phen et devoir m'expliquer. Je n'avais juste pas envie de le faire. Pas envie de voir son dégoût sur son visage lorsqu'il réaliserait que tout ça n'était pas une mauvaise blague. C'était juste trop pour moi. Trop pour si tôt le matin. À la place, je traînerais dans se dortoir jusqu'à ce qu'il soit temps d'aller en cours, puis filerait directement dans la salle de classe. Je m'assoirais loin de mon meilleur ami et quand le cours prendrait fin, je filerais instantanément dans l'autre classe où je prendrais place à côté de quelqu'un déjà présent. Fallait s'asseoir au premier rang parce qu'on pouvait pas bavarder sans se faire repérer là. Je pourrais ainsi l'éviter toute la journée, passer la soirée dans la forêt interdite et revenir ici quand il serait temps de dormir. On se parlera demain. J'avais bien droit à une journée de répits, non? Mon plan aurait été parfait si au moment de sortir je ne m'étais pas rendu compte que j'avais laissé mon sac de cours chez les quatrièmes années. J'avais pas le choix, fallait aller le chercher. Avec un peu de chance, Phen serait déjà en cours. Il était tard non? La leçon allait commencer dans à peine cinq minutes. Peu de risque que je ne le croise en faisant un arrêt rapide dans notre chambre. Enfin, j'espérais...

Je me glissai à pas de chat dans le dortoir réservé aux étudiants de quatrième années. Je le partageais avec Phen et Hugo depuis quatre ans déjà, mais depuis Halloween, Hugo était dans le coma, donc il n'y avait plus que mon meilleur ami et moi-même. Heureusement, un coup d'oeil me signifia son absence. J'attrapai rapidement mon sac posé au pied de mon lit que je passai en bandoulière faisant bien attention de ne pas faire mal à Morelle nichée dans mon cou. Je m'apprêtais à sortir lorsqu'une silhouette se dessina dans le cadre de porte me bloquant la sortie. Eh merde! Pas maintenant....

A dire vrai, Phen n’avait pas passé la Saint-Valentin qu’il souhaitait. Il aurait préféré être en compagnie de Niamh plutôt que d’être avec cet élève de Serpentard dans les toilettes. Ce moment avait été tellement humiliant et gênant qu’il ne verrait très certainement plus les toilettes de la même façon… Il ne savait toujours pas ce qu’il s’était passé et surtout, il se demandait bien comment un sorcier avait-il fait pour réussir un tel tour de main. Parce qu’il n’avait pas été le seul dans ce cas, il y avait également eu d’autres membres de Poudlard comme son meilleur ami Perrin qui s’était retrouvé dans la même situation avec la jolie brunette qui hantait ses pensées. En apprenant cette nouvelle par personnes interposées, sa jalousie en avait pris un coup. Il se mit à se rappeler sa dispute avec le rouquin et quand il lui avait dit qu’il pouvait très bien être amoureux lui aussi. Sa jalousie avait laissé place ensuite à un autre sentiment. Il y avait des rumeurs comme quoi finalement, ce n’était pas forcément d’elle que Perrin était amoureux mais plutôt d’une autre personne, un garçon et ce garçon, c'était lui... Il avait croisé Niamh ce soir là et elle l'avait incendié en lui faisant comprendre qu'il s'était foutu de sa gueule et qu'il ferait bien de parler à son petit copain de rouquin... Le jeune Gryffondor était maintenant en colère et déçu, déçu parce que son meilleur ami ne s’était pas confié à lui. Il comptait d’ailleurs lui dire le soir-même dans le dortoir mais finalement, il n’avait pas vu le rouquin. Il n’avait pas dormi dans leur dortoir ce qui avait eu le don de le rendre nerveux.

Il s’était réveillé de bonne heure, il n’avait pas réussi à dormir bien longtemps. Il avait des devoirs à terminer pour certains cours. Il prit donc la direction des douches pour se rafraichir et se préparer pour ensuite se rendre à la bibliothèque. Il ne mit guère plus d’une vingtaine de minutes pour se doucher et s’habiller. Il pourrait ensuite prendre la direction de la grande salle pour se prendre un petit déjeuner et une fois le ventre plein, il prendrait la direction de la bibliothèque pour se plonger dans les bouquins et oublier les bruits de couloirs qu’il avait bien pu entendre. Après tout, il n’était sur de rien… Ca se trouve, il aurait pu embrasser Niamh et ne pas du tout être amoureux de quelqu’un d’autre. Bref, il tirerait tout ça au clair quand il réussirait à voir Perrin. Il prit le chemin vers le dortoir pour prendre ses affaires. Finalement, le destin avait décidé de les réunir bien rapidement. Il se tenait en face de lui. Il était devant la porte. Il lui bloquait la sortie du coup, il ne pourrait clairement pas s’enfuir.

« - Tient un revenu… J’ai cru que tu ne voulais définitivement plus me voir… Peut-être que la journée d’hier à quelque chose à voir avec ta disparition. Tu as quelque chose à me dire ? Tu as passé un bon moment avec Niamh ? »

La voix de Phen était tout à fait normale voir presque indifférente. Il n’était pas en colère tout du moins pas encore… Mais en tout cas, le rouquin allait devoir rapidement lui dire quelque chose parce qu’il pourrait vite perdre patience. Et quand il perd patience, il peut vite perdre son sang froid et agir avec impulsivité.

Après une nuit à éviter la confrontation, l'inévitable confrontation, avec Phen je m'étais résolu à lui parler le soir venu. En attendant, je n'aurais qu'à l'éviter en classe, ne pas manger dans la Grande Salle et ne pas... Enfin bref, se cacher. Je n'avais pas pour habitude de chercher à attirer l'attention, mais l'inverse n'était pas faut non plus; je ne voulais pas être invisible aux yeux des gens pour autant. Du moins, pas avant aujourd'hui. J'ignorais ce qui avait pu se dire à mon sujet pendant que je me planquais dans le dortoir des sixièmes années. Je n'étais pas spécialement pressé de le découvrir en même temps. J'avais pris mon temps avant de sortir. Limite j'allais être en retard en classe, mais je m'en fichais pas mal. Ça réglerait une partie de mon problème. Entre temps, je devais quand même récupérer mon sac de cours dans le dortoir des quatrièmes. J'espérais que Phen soit partie mangé, ou en cours, et qu'il ne traîne pas dans le coin. J’eus droit à un surplus d'espoir lorsque je découvris le dortoir vide. Malheureusement pour moi, au moment de me glisser dehors je découvris mon meilleur ami dans l'encadrement de la porte me bloquant la sortie.

« Tient un revenu… J’ai cru que tu ne voulais définitivement plus me voir… Peut-être que la journée d’hier à quelque chose à voir avec ta disparition. Tu as quelque chose à me dire ? Tu as passé un bon moment avec Niamh ? » , demanda-t-il directement sans prendre de pincette. Ça ne lui ressemblait pas d'y aller en douceur lorsqu'il voulait savoir quelque chose, donc je n'aurais pas dut le prendre si mal qu'il me parle sur ce ton. Ça ne servit à rien, je me sentis quand même mal à l'aise. J'aurais eu envie de disparaître dans mes chaussures. Me rétrécir à la taille d'un acarien, être invisible aux yeux du beau gryffondor. Il me fixait de ses yeux sombres, presque menaçant, attendant une réponse. Le rouge me monta aux joues. J'avais chaud, envie de vomir. Sa voix était calme, voir indifférente, mais elle me fit l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Il savait ou pas? Je suppose que j'aurais tôt fait de le savoir... « Euh... Bah rien de spécial à dire. On a passé la journée collée par la tête avec Niamh, ce qui n'était pas particulièrement plaisant comme il y avait aussi un hibou accroché à nos têtes. Du coup, il fallait le rassurer de manière régulière parce qu'il était effrayé et ne comprenait pas trop ce qu'il se passait. On a aussi dut finir par l'asseoir, parce que c'était pas trop trop confortable et... euh... Niamh elle a été obligé de s'asseoir sur mes genoux... » Je fis une pause, nerveux. « Mais tu le savais déjà tout ça, pas vrai ? Tu as vu Niamh hier soir. Elle m'a dit que vous aviez rendez-vous pour la saint-valentin... » J'hésitai à continuer. Soit je demandais, soit j'attendais qu'il apporte le sujet. Dans un cas comme dans l'autre, le résultat serait le même. Autant y aller directement, choisir soi-même le moment. J'inspirai un bon coup avant de continuer. « Elle t'a raconté? T'es fâché? » C'était un peu pitoyable, voir totalement désolant, mais j'avais pas mieux en stock. J'avais trop peur de sa réponse pour chercher une autre manière de dire les choses. Je tirai nerveusement sur la bandoulière de mon sac, attendant sa réponse. J'avais l'impression d'avoir commis une infraction et qu'on allait me gronder d'une minute à l'autre. Je baissai le regard que je braquai sur mes chaussures me sentant encore plus nauséeux qu'il y a quelques minutes.

Phen ne savait pas trop s’il devait tout de suite rentrer dans le vif du sujet ou bien s’il devait attendre que son meilleur ami lui explique cette histoire avec Niahm et surtout qu’il lui révèle enfin l’existence de cette fameuse lettre pour finalement lui dire qu’il était tout simplement amoureux de lui. C’était flatteur d’apprendre ça mais d’un autre côté, le jeune homme était à présent gêné. Il ne savait pas vraiment comment agir avec le rouquin. C’était difficile d’être à nouveau naturel et proche de lui maintenant qu’il savait que Perrin était amoureux de lui. Pour l’instant, il attendait de voir s’il se décidait à tout dire ou bien s’il allait s’enfoncer dans un énième mensonge. Le jeune homme en face de lui avait pour l’instant décidé de prendre le chemin de la vérité en lui parlait de l’épisode dans la volière avec la jolie brune qui hantait ses esprits la majeur partie du temps. Ils s'étaient donc retrouvés coincés tout comme lui s'était trouvé coincé dans les toilettes avec Maël. Une situation bien gênante qu’il ne voulait vraiment pas ébruiter. Il l'écouta donc attentivement lui parler de ça. Il sentit une petite pointe de jalousie lorsqu’il l’entendit dire qu’il avait dû la prendre sur ses genoux. Et puis, il continua en lui disant qu’il était très certainement au courant puisque Phen avait vu la brunette le soir même pour la Saint Valentin. Il avait clairement raison mais il voulait tout de même l’entendre de la bouche du rouquin.


« - Effectivement j’ai vu Niahm et elle m'a raconté cet épisode. C’était plutôt drôle même si j’avoue avoir été un peu jaloux… »

Il avait dit la fin de sa phrase d’un ton plus bas comme s’il ne voulait pas que Perrin l’entende. Il resta planter là en attendant d’en apprendre plus. Mais lorsqu’il ouvrit à nouveau la bouche, c’était juste pour lui demander si elle lui avait tout raconté et s’il était déçu. Que répondre face à ça. Lui dire qu'effectivement il était fâché ou bien ne rien dire et faire la politique de l’autruche ? Il prit finalement la décision d’en dire le moins possible pour qu’il se décide à lui dire lui-même ce qu’avait découvert Niahm.

« - Elle m'a fait certaines confessions effectivement mais j’ai beaucoup de mal à u croire. Peut être que tu pourrais m’en dire plus… Je suis plus désorienté que fâché à vrai dire… »

Fallait-il enfin lui dire la vérité ?

La peur m'avait poussée dans les tranchées. Métaphoriquement parlant puisque mes tranchées à moi, c'était le dortoir des sixièmes années. J'avais tout expliqué à Chuck comme je l'avais fait par le passé avec Sinéad puis Milo. Pour les trois, ça avait été difficile, mais également facile en même temps. J'avais juste eu besoin d'être moi. Seuls les mots avaient été difficile à trouver au tout début. Une fois lancé, ils venaient d'eux même. Niamh ça avait été une toute autre histoire. Elle l'avait sut bien malgré moi. Elle l'avait découvert à dire vrai parce que je n'avais pas l'intention de lui en parler. Sauf que maintenant qu'elle savait, une autre personne allait être au courant. Le principal concerné. Celui que j'avais essayé d'éviter le soir passé. Celui qui, à ce moment même, me bloquait la porte; mon meilleur ami, le gars qui me plaisait, Phen.

J'avais mes appréhensions quant à savoir si je devais parler directement ou pas. Est-ce que Niamh le lui avait dit? Je n'avais aucun mal à croire que si, mais comment le prouver sans me griller moi-même? En même temps, comment allait-il le prendre? Il avait, pour le moment, pas l'air très fâché. J'avais beaucoup trop peur de sa réponse pour y aller directement. Pour lui demander « Alors, t'en pense quoi du fait que je t'écris des lettres d'amour, t'évite pendant des mois parce que je suis vraiment très jaloux de cette fille qui te plaît et que c'est justement elle qui t'a dit que tu me plaisais aussi? » Euh... Non, pas certain que ce soit une bonne option pour moi. Je vais passer pour un débile profond. J'allais passer pour un débile profond. Je me contentai donc de le fixer pendant qu'il parlait, attendant la suite.

« Effectivement j’ai vu Niamh et elle m'a raconté cet épisode. » , disait-il d'une voix détachée. Quel épisode? Elle lui avait dit quoi exactement? Mon cœur cogne contre ma poitrine alors que je sentais la tension monter en moi. Je devais faire quoi maintenant? Je devais dire quoi? Pas le temps de réagir que Phen reprenait d'une voix basse : « C’était plutôt drôle même si j’avoue avoir été un peu jaloux… » Ah ouff! Il parlait juste du fait qu'on avait été collés l'un à l'autre. Il avait été jaloux? Certainement parce qu'il voulait, lui aussi, être collé avec Niamh. Personnellement, j'aurais bien passé mon tour. Laissé ma place à tous le monde à l'exception de Phen, qui l'aurait bien voulu. Je n'aimais pas l'idée qu'il soit collé à Niamh. Préférais que ce soit à moi ou à personne qu'il soit attaché par magie...

Je finis pas lui demander s'il était fâché après moi. Je ne parlais pas exactement du fait qu'il soit jaloux parce que j'avais été attaché à la poufsouffle, mais du reste. Savoir, si elle lui avait dit mon secret. « Elle m'a fait certaines confessions effectivement mais j’ai beaucoup de mal à y croire. Peut être que tu pourrais m’en dire plus… Je suis plus désorienté que fâché à vrai dire… »  Sa réponse fut sans équivoque; positif, il savait tout. Je sentis le feu me monter au visage. Je devais avoir les joues rouges de honte. C'était stupide parce que je n'étais, habituellement, jamais mal à l'aise avec mon meilleur ami. Pouvais-je l'appeler encore ainsi? On se parlait à peine depuis des semaines. Était-il encore mon meilleur ami sachant que je ressentais plus que de l'amitié pour lui? Avais-je tout gâché? Je sentais mon cœur battre à un rythme fou dans ma cage thoracique. J'avais les mains moites et la bouche sèche. Je ne savais pas par où commencer, quoi dire. C'était très désagréable comme situation. Je commençai à regretter de ne pas être allé en cours sans mes affaires pour une fois. Si je n'étais pas rentré dans ce dortoir, nous n'aurions pas cette conversation en ce moment.

« Tu as du mal à croire quoi? Elle a dit quoi exactement? », commençais-je d'une voix nerveuse. Je parlais sur un ton assez aiguë, un peu inhabituel pour moi. J'essuyai mes mains contre mon pantalon. Inspirai et expirai profondément avant de continuer. « Tu veux savoir quoi? Parce que si tu me dis pas ce qu'elle t'a dit, je peux pas savoir ce que je dois dire de plus... » J'eus envie d'ajouter que je n'avais pas envie d'ajouter quoi que ce soit, que je n'avais pas envie d'en parler, mais je le gardai pour moi. C'était à lui de parler en premier...

La situation n’était pas plus simple du côté de Phen. Il ne savait que dire, ni comment réagir face à Perrin. Il était à présent au courant que son meilleur ami avait des sentiments pour lui et qu’il était arrivé par lui… C’était déstabilisant et surtout incroyable. Comment ? Depuis toutes ses années n’avait-il rien vu ? Il ne savait pas… En tout cas, il n’avait pas vraiment imaginé ce genre de situation avec le rouquin. Il était gêné et peiné pour son meilleur ami. Les sentiments du jeune Gryffondor, il ne les partageait pas… Il l’adorait, oui… Mais comme un frère pas comme un homme qu’il pourrait embrasser et câliner. C’était trop compliqué comme situation et Perrin n’arrangeait rien par son attitude. Il semblait stressé et surtout, il n’arrivait pas à lui avouer qu’il l’aimait. Pourtant, le jeune homme faisait son maximum pour lui sortir les vers du nez. Il avait fait des allusions de toutes sortes mais pour l’instant, pas de révélation. Il jouait au jeu de « je te renvoie la balle » en posant des questions lorsqu’il lui posait lui aussi des questions. Le rouquin était tout de même stressé et anxieux, Phen voyait très bien les mains de son meilleur ami tremblées. Il ne savait pas trop s’il devait lui dire la vérité ou bien mentir pour éviter de le faire souffrir. C’était vraiment une situation délicate et il était dans une mauvaise position. Il avait le choix entre dire à Perrin qu’il était au courant de tout et lui avouer qu’il ne partageait pas ses sentiments ou bien lui mentir en lui disant qu’il ne savait rien de plus que ce sortilège qui les avait collé ensemble. Il avait pris le temps de réfléchir un peu avant d’ouvrir la bouche et de répondre le cœur lourd.

« - Elle m’a parlé d’une certaine lettre que tu as écrite dans laquelle tu révèles que tu es amoureux d’un garçon… Et que ce garçon n’est autre que ton meilleur ami… »

Il ferma les yeux et souffla légèrement à la fin de sa phrase pour éviter que son cœur ne sorte de sa cage thoracique. Il sentait la colère monter mais aussi les larmes. Il était en colère contre Perrin mais également contre lui parce qu’il savait qu’il allait devoir faire souffrir son meilleur ami. Cette simple idée lui brisait le cœur. Il tenta de retrouver une certaine contenance pour ne pas montrer à quel point il était dévasté par cette situation. Si on lui avait dit un jour que Perrin serait amoureux de lui, il aurait tout simplement ri. Mais cette fois-ci, c’était la réalité et il ne pouvait que faire avec. Il avait fini par rouvrir les yeux, plongeant son regard dans celui du rouquin.

« - Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Tu crois que je serais parti en courant… Que j’aurais eu honte et que j’aurais rompu tout lien avec toi… On ne choisit pas les sentiments que l’on peut éprouver pour quelqu’un… J’en suis bien conscient. Je suis déçu de l’avoir appris comme ça, parce que je pensais qu’on pouvait tout se dire. »

Il n’avait pas trouvé la force de lui dire que les sentiments n’étaient pas partagés… Il lui dirait plus tard. Pour l’instant, il voulait juste le rassurer et lui faire comprendre que quoiqu’il arrive, il serait toujours proche de lui…

Je ne savais pas si c'était l'idée que Niamh ait raconté à Phen ce qu'il y avait dans la lettre qu'elle avait lu qui me fâchait le plus où la manière dont mon meilleur ami abordait le sujet. Je ne serais attendu à ce qu'il se moque ouvertement de ce qu'elle lui avait raconté dans le style « Eh Perrin, t'imaginera jamais ce que Niamh m'a raconté. Elle prétend que tu serais amoureux de moi. Tu te rends compte? C'est carrément ridicule cette histoire. Comme si tu pouvais être amoureux de moi sans que je ne le sache. On est meilleur ami, on se dit tout. Et puis, si tu serais gay, je le saurais! » Ça, ça aurait été une réaction normale. Ou tout du moins, ça aurait été la mienne si quelqu'un était venu me raconter un truc aussi énorme sur mon meilleur ami. Voir si je croyais les autres alors que, clairement, ils ne le connaissaient pas mieux que moi. Impossible! Et pourtant, ce n'était pas la réaction de Phen. Non. Lui, visiblement, il n'avait pas confiance en moi. Pas de cette manière. Il avait plus confiance en Niamh qu'en son meilleur ami. Elle était où la logique là-dedans?

« Elle m’a parlé d’une certaine lettre que tu as écrite dans laquelle tu révèles que tu es amoureux d’un garçon… Et que ce garçon n’est autre que ton meilleur ami… » , avait dit mon ami avant de fermer les yeux, respirant un bon coup à la fin de sa phrase. Ça, c'était moi qui avait besoin de le faire pour réussir à affronter ce qui je m'apprêtais à devoir faire.; tout avouer. Certes, j'aurais pu lui mentir, lui dire que la fille, elle racontait n'importe quoi, mais j'entendais Milo et Sinéad me dire que je devrais finir par tout raconter à un moment où un autre. Qu'il allait falloir que je dise à Phen ce que je ressentais. Le moment était sans doute venu de la faire. Sauf que l'état d'esprit dans lequel je me trouvais, la colère à l'égard de Niamh, de Phen et de moi-même qui bouillait en moi risquait d'agraver les choses. « Et alors? C'est un crime d'avoir flashé sur toi? Niamh l'a bien fait, elle, et clairement, ça ne semble pas te déranger. » , lançais-je sur un ton un peu trop provocateur. J'aurais dû en rester là, mais je ne résistai pas. « Parce qu'elle a pas de pénis c'est okai, mais dans mon cas, ce ne l'est pas?!? Ouais parce que, clairement, ça change tout. » Le gryffondor avait le don de me faire sortir de mes gonds ces temps-ci. Chaque fois qu'on se parlait, ça terminait en prise de bec. J'avais toujours été du genre susceptible, mais jamais autant.

Phen avait finit par rouvrir les yeux et les plonger dans les miens. Un frisson me parcouru au contact de son regard que j'avais toujours trouvé très beau. Ma colère se dissipa un peu, l'espace d'un instant avant de laisser sa place à un mélange de déception et tristesse lorsque mon meilleur ami ouvrit de nouveau la bouche. « Pourquoi tu ne m’en as pas parlé ? Tu crois que je serais parti en courant… Que j’aurais eu honte et que j’aurais rompu tout lien avec toi… On ne choisit pas les sentiments que l’on peut éprouver pour quelqu’un… J’en suis bien conscient. Je suis déçu de l’avoir appris comme ça, parce que je pensais qu’on pouvait tout se dire. » Pourquoi je ne lui en avais pas parlé? Parce que j'avais eu peur de sa réaction, c'était vrai, mais surtout parce que j'étais très jaloux de Niamh. S'il ne s'était pas rendu compte qu'il me plaisait depuis toutes ces semaines, s'il ne s'était pas rendu compte que j'étais jaloux de le poufsouffle et qu'il avait cru mon énorme mensonge comme quoi c'était elle qui me plaisait, c'était bel et bien parce qu'il n'était clairement pas prêt à l'entendre. Pas plus qu'il l'était aujourd'hui. Ses paroles, elles me faisaient mal autant qu'à lui. Je savais que j'aurais dû lui faire confiance, mais j'avais eu trop peur de dire le tout à voix haute, que ça devienne réalité. Comme si le dire à Phen me rendait plus gay que je ne l'étais avant. Ce n'était pourtant pas le cas. Le fait de m'affirmer, ne faisait pas de moi un autre. Juste un personne en phase avec elle-même. « Et j'étais sensé glisser ça comment dans une conversation moi? » , commençais sur un ton un peu plus calme qu'avant. « Parce que c'est bien beau te le dire, mais ça change quoi au final? Tu vas me sortir que je te plais aussi maintenant? Je doute fortement que ce soit le cas. Tout du moins, pas de la manière que tu me plaies toi. » J'avais dit plus calme, mais pas moins sur la défensive. « Je ne prétendrai pas que la manière dont tu l'as appris est la meilleure, bien au contraire. Mais ta si super Niamh, elle aurait pu garder son nez dans ses affaires pour une fois. C'était à moi de choisir le moment où je voulais en parler à tout le monde. Pas à Cendrillon de le faire pour moi. » On repassera sur la réconciliation entre la poufsouffle et moi-même. S'il y avait eu un moment la veille où ça aurait pu arriver, et bien ce moment, il s'était dissipé aussi vite que la fumée au vent.

La conversation n’était pas forcément cordiale mais elle n’était pas non plus désastreuse. Ils se parlaient sans tensions et ça faisait du bien. Ils arrivaient à discuter des faits sans crier. C’était d’ailleurs étrange quand on sait que Phen venait d’apprendre que son meilleur ami était fou amoureux de lui. Il n’en voulait pas à son meilleur ami et il ne voulait pas le virer de sa vie pour ça. Bien au contraire. Il l’adorait et le considérait tout simplement comme son petit frère. Il sait très bien ce que peut faire un coup de foudre, il le vivait avec Niamh. Il l’avait déjà vécu et il savait que ça pouvait passer. Il n’allait donc pas s’éloigner de lui sous prétexte qu’il avait des sentiments. Il l’écoutait et ne put s’empêcher de sourire face aux remarques du rouquin. C’était plutôt drôle sa réaction et franchement, imaginer Niamh avec un pénis le faisait plutôt rire.

« - Je n’ai pas dit que Niamh avait le monopole du coup de foudre envers ma personne et que la personne possède un pénis ou pas ne change pas grand chose… Enfin… Bref, j’aurais juste préféré l’entendre de ta bouche… Voilà tout. »

Que Perrin soit gay ou même bi, Phen s’en foutait royalement. Il n’était pas ami avec une personne pour son orientation sexuelle et celle-ci ne conditionnait pas non plus ses sentiments envers qui que ce soit. D’ailleurs, le jeune homme est de ceux qui pensent que les sentiments ne se commandent pas et peu importe la personne. D’ailleurs, il ne s’était jamais mis de barrière, après tout, lui aussi pourrait très bien craquer sur un homme. Malgré tout, il était d’accord avec Perrin, ce n’était pas facile à avouer et surtout, ça ne conditionnerait très certainement pas le fait que Phen tombe raide dingue de lui et qu’il oublie du coup la jolie brune qui était à présent sa petite-amie. Au final, ce n’était pas la meilleure des façons qui soient mais au moins, le jeune homme le savait. Après, ce n’était pas non plus à Niamh de lui dire. Elle aurait dû respecter les sentiments du rouquin et ne pas venir tout balancer à Phen. En y repensant, est-ce qu’elle n’avait pas fait ça pour jeter son grappin dessus et être sûr qu’il allait être avec elle… La jolie brune ne serait pas capable de faire ça… Elle n’est pas aussi calculatrice.

« - Je suis bien d’accord sur le fait que ce n’était pas à elle de me le dire mais à toi… Après je sais à quel point ce n’est pas facile et je dis pas que tu aurais dû me dire ça comme ça de but en blanc. Ca m’aurait peut-être fait peur… Mais bon, j’en sais rien moi. Tu sais bien que je t’adore, t’es comme mon frère. Maintenant, c’est sur que je ne t’aime pas forcément comme tu aimerais que je t’aime… Et j’en suis désolé ! J’ai pas envie de te faire souffrir. »

Il se passa la main dans les cheveux un peu gêné. Il espérait ne pas lui faire de mal mais il voulait qu’il sache qu’il serait tout de même là pour lui, même s’il ne l’aimait pas comme il le souhaitait, il serait toujours son meilleur ami. Maintenant, peut-être que Perrin ne pouvait plus être son meilleur ami et ça, il espérait que non… Il ne voulait pas que sa relation avec le rouquin se termine. Non, ce serait bien trop dur pour lui.

« - Soit sur d’une chose par contre, j’ai gueulé lorsque Niamh m’a annoncé ça. J’étais énervé parce que c’était pas à elle de me dire ça. Je suis partagé parce que je suis énervé de l’avoir appris par quelqu’un d’autre mais aussi soulagé de comprendre ce qui n’allait pas en ce moment… J’avais clairement l’impression de perdre mon meilleur ami. Et ça je ne m’en serai pas remis et tu le sais bien. »

Il était sincère en lui disant ça, il ne voulait pas se dire que ce coup de foudre pourrait amener à la fin de leur amitié…

« - Après tu sais, on est bien jeune et tu trouveras sûrement bien mieux que moi ! »

Il essayait de prendre la chose sur la rigolade et il espérait que Perrin finirait par faire de même, même s’il était dans une position délicate.

« Je suis bien d’accord sur le fait que ce n’était pas à elle de me le dire mais à toi… Après je sais à quel point ce n’est pas facile et je dis pas que tu aurais dû me dire ça comme ça de but en blanc. Ca m’aurait peut-être fait peur… Mais bon, j’en sais rien moi. Tu sais bien que je t’adore, t’es comme mon frère. Maintenant, c’est sur que je ne t’aime pas forcément comme tu aimerais que je t’aime… Et j’en suis désolé ! J’ai pas envie de te faire souffrir. » Ses paroles me firent l'effet d'un coup de poing en plein visage. J'eus l'impression qu'on venait de me faire tomber une brique sur la tête, qu'on venait de me piétiner le cœur à pieds joints et qu'on l'avait déchiré en plein de morceau. C'était une chose de savoir que la personne que nous aimions ne nous aimait pas, mais c'était une autre chose que de l'entendre le dire. Je crois que ça aurait été plus facile à dire s'il s'était contenté de dire qu'il ne m'aimait pas plutôt que de jouer avec les mots, de dire qu'il ne m'aimait pas comme moi je l'aimais. Il a même dit que j'étais son frère. Son frère! J'en ai assez de un frère, pas besoin d'un autre. Surtout d'un qui dit ne pas vouloir me faire souffrir, mais qui n'a, visiblement, rien à foutre de moi. Un qui se regarde le nombril depuis des mois, qui change pour plaire à une fille et qui n'a plus rien à faire de ce que nous aimions faire avant. Qu'il n'a plus rien à faire de moi. Il se fichait de savoir ce que je ressentais en ce moment, de comment je dealais avec cette homosexualité maintenant dévoilé à tout le monde, de comment moi, j'aurais voulu le lui dire. Non. Tout ce qu'il voyait c'était que JE ne lui avais pas dit. Il ne voyait que le fait que MOI j'avais garder des secrets. Il me faisait sentir comme si j'étais le coupable dans cette histoire. Comme si c'était de MA faute s'il devait me dire qu'il ne m'aimait pas de la même manière que moi. Son « tu auras dû me le dire de but en blanc », il était la goutte qui faisait débordé le vase. Si je lui avais accordé ma confiance si longtemps, si je m'étais dit qu'il était mon meilleur ami envers et contre tout, je m'étais clairement voilé la face et ses prochaines paroles, elles vinrent confirmer mes doutes. «Soit sur d’une chose par contre, j’ai gueulé lorsque Niamh m’a annoncé ça. J’étais énervé parce que c’était pas à elle de me dire ça. Je suis partagé parce que je suis énervé de l’avoir appris par quelqu’un d’autre mais aussi soulagé de comprendre ce qui n’allait pas en ce moment… J’avais clairement l’impression de perdre mon meilleur ami. Et ça je ne m’en serai pas remis et tu le sais bien. Après tu sais, on est bien jeune et tu trouveras sûrement bien mieux que moi ! » Il a gueulé? Mais j'en ai rien à foutre qu'il est gueulé! C'était pas à elle de le lui dire, je le sais très bien. J'ai ma part de responsabilité dans cette histoire, mais sa réaction, elle fait chier! Il a juste gueulé parce que c'était elle qui le lui avait dit. Il a pas réfuté, ne m'a pas défendu, n'a pas remis en question ce qu'elle lui racontait. Il a gueulé! Et après, il se dit soulagé de comprendre? Il comprend rien. Absolument rien et, maintenant, j'ai la certitude qu'il ne comprendra jamais rien. « Ton meilleur ami, tu l'as perdu ça fait longtemps Phen. Pas parce qu'il avait développé des sentiments non-partagés pour toi, mais parce que cette amitié, elle n'a visiblement pas beaucoup d'importance à tes yeux. » , lui dis-je d'une voix étonnamment calme comparée à la tempête d'émotions qui se défoulait en moi. « Pendant tous ses mois, tu n'as cherché à me comprendre qu'une seule fois. Ça s'est terminé en chicane dans le hall, puis plus rien. Si tu tenais tant à notre amitié, tu aurais cherché à renouer avec moi bien plus que ça. Tu as changé Phen, et pas pour le mieux. Depuis que tu as posé tes yeux sur cette fille, elle est dans chacune de tes discussions. Tu ne peux pas t'empêcher de parler d'elle. Tu prends plus de plaisir à apprendre plein de choses inintéressantes sur le Quidditch pour pouvoir l'impressionner que tu en passes à observer les hyppogriffes comme on le faisait avant. Quand je me suis fait punir à coup de Doloris, tu n'as jamais cherché à venir me voir pour parler après. Pas un mot. Rien. Je n'avais que Sinéad, Rhea et Tasha autour de moi. Aucun signe de mon meilleur ami. Tu trouves ça logique toi? Parce que moi, je me serais précipité à tes côtés ou à ceux de Tasha si vous aviez dû vivre une telle épreuve. Toi, tu n'as rien fait si ce n'est que d'essayer de parler à Niamh. Si c'est ma jalousie qui ma premièrement pousser à prendre mes distances, ce n'est pas la cause du pourquoi je suis resté loin si longtemps. T'es visiblement plus le même Phen, il serait temps que tu t'en rendes compte... » J'aurais pu continuer pendant des heures et des heures à lui rabattre les oreilles avec ce qu'il avait ou n'avait pas fait, mais dans quel but? Je plongeai mon regard dans le sien avant d'ajouter : « Si tu ne sais pas pourquoi ce n'est pas moi qui t'es dit que tu me plaisais, c'est parce que j'étais pas prêt à le faire. J'étais pas prêt à ce que les autres sachent qui je suis. Niamh a choisit pour moi et toi, tu l'as supporté dans sa décision. Tu l'as supporté elle, pas ton meilleur ami. Alors oui, nous sommes jeunes et je trouverai quelqu'un de mieux. Je trouverai aussi des amis mieux que toi, plus fidèles et aux yeux de qui je suis vraiment important. » Je soutins son regard quelques secondes ne sachant pas trop si je devais bouger ou pas. Est-ce que je voulais vraiment entendre ce qu'il avait à dire. J'en doutais fortement et pourtant, je ne fis pas un geste.

Perrin n’était pas enclin à pardonner à Phen et il était de plus en plus incisif. Il essayait de faire comprendre à son meilleur ami qu’il l’avait perdu depuis bien longtemps, bien avant qu’il ne développe des sentiments pour lui. Il s’est vite rendu compte que le jeune Gryffondor ne s’intéressait plus à lui. Ce n’était pas vrai. Son rouquin de meilleur ami lui importait toujours autant, c’était juste qu’il n’arrivait pas forcément à le lui montrer. Plus il l’écoutait et plus il comprenait que c’était lui le fautif et pas Perrin. Il s’était effectivement éloigné et d’ailleurs, à force de paroles, il se rendit compte qu’il était loin le temps où il partageait du temps avec Perrin. En fait, il cherchait une raison, une cause à cet éloignement et la cause et bien c’était lui. Il s’en voulait fortement et il fallait qu’il trouve rapidement quelque chose pour se rattraper sinon il perdrait définitivement son meilleur ami. Phen n’était pas une bonne personne, il s’en rendit compte rapidement en écoutant le rouquin en face de lui. Il pensait l’être mais ce n’était pas le cas. Il devait lui présenter ses excuses d’une part et si celles-ci ne changeaient rien, il agirait jusqu’à ce que son meilleur ami se rende compte que finalement, il était une priorité pour le jeune homme.

« - Je sais que je suis le principal fautif dans cette histoire et que ce n’est pas tes sentiments pour moi… J’avais besoin de trouver une excuse mais en fait, tout ça c’est de ma faute… Je m’étais toujours promis que je ne ferais jamais passer notre amitié après une fille. Mais regarde, c’est ce que j’ai fait en fait avec Niamh… Tu as raison, je suis pas une bonne personne, et peut-être que tu trouveras un meilleur ami bien meilleur que moi. Mais moi, je ne peux pas vivre sans toi… T’es le meilleur ami que j’ai et que je veux pour toujours… Je m’excuse pour mon comportement et je ferai tout pour me faire pardonner. »

Ses derniers mots avaient eu du mal à sortir parce que les sanglots s’étaient invités dans la conversation. Il avait pris conscient de ce qu’il était en train de perdre, enfin de ce qu’il avait perdu. Il ne pouvait pas laisser faire sans rien tenter. Il pleurait comme une gamine mais il s’en foutait royalement. Phen savait que ça n’attendrirait pas Perrin, il avait bien trop de rancœur contre lui pour lui pardonner aussi rapidement. Son monologue n’aurait d’ailleurs pas forcément d’incidence sur la décision du rouquin. Le jeune Gryffondor savait d’ailleurs qu’il n’allait pas lui falloir bien plus de temps avant de déguerpir. Par contre, il n’était pas d’accord sur une chose, il n’avait pas supporté Niamh dans sa décision, il lui avait dit qu’il n’était pas d’accord et qu’elle n’aurait pas dû lui dire…

« - Je ne l’ai pas supportée comme tu dis… Je lui ai dit que je n’étais pas d’accord avec son choix… Mais le mal était fait… Peut-être qu’elle avait besoin d’être rassurée. J’en sais rien. Elle avait peut-être peur que je me moque d’elle. Mais même si elle avait peur, elle n’avait pas à faire ça. En tout cas je peux pas revenir en arrière ! La seule chose que je peux faire c’est me rattraper et te montrer à quel point tu comptes aussi pour moi ! Après tout je peux partager mon coeur entre ma copine et toi non... »

La fin de sa phrase avait été dite dans un souffle à peine audible. Il sécha finalement ses larmes d’un revers de manche en espérant ne pas voir Perrin partir pour de bon. Il savait que rien n’était gagné et qu’il allait devoir ramer mais il était prêt à tous les sacrifices pour garder son meilleur ami avec lui.

Si ce pouvait paraître lâche de chercher à éviter Phen depuis hier, la réalité faisait de son mieux pour me rappeler que j'avais bien fait de le faire. Que les choses n'étaient plus ce qu'elles étaient depuis des semaines. La dévoilation de mon petit secret ne ferait qu'ajouter un clou dans le cercueil de notre amitié. Si ce ne serait pas le dernier, celui qui fermerait le couvercle à tout jamais, il ne fallait pas se cacher que ce n'était pas loin de l'être. « Je sais que je suis le principal fautif dans cette histoire et que ce n’est pas tes sentiments pour moi… J’avais besoin de trouver une excuse mais en fait, tout ça c’est de ma faute… Je m’étais toujours promis que je ne ferais jamais passer notre amitié après une fille. Mais regarde, c’est ce que j’ai fait en fait avec Niamh… Tu as raison, je suis pas une bonne personne, et peut-être que tu trouveras un meilleur ami bien meilleur que moi. Mais moi, je ne peux pas vivre sans toi… T’es le meilleur ami que j’ai et que je veux pour toujours… Je m’excuse pour mon comportement et je ferai tout pour me faire pardonner. » , avait dit celui qui devait porter l'étiquette de meilleur ami. Il sanglotait. L'émotion ayant prit domination sa faculté à parler. Ses mots me touchèrent. Ils me firent du bien et mal en même temps. Il regrettait qu'on se soit éloigné. Il regrettait tout, et savait qu'il avait laissé Niamh s'infiltrer entre nous. Le truc, c'est que la distance ne se limitait pas à cette fille. J'avais eu besoin de lui après la pseudo-révolte, mais il n'avait pas été là. Il avait été aux abonnés absents depuis. Ça m'avait fait beaucoup de mal. Si on ne peut plus compter sur notre meilleur ami quand c'est important, alors qu'est-ce qu'on signifie vraiment pour lui? « Ró-dhéanach chun iarraidh rudaí a shábháil, tá tú caillte cheana féin dom », murmurais-je, en irlandais, d'une voix qui commençait à trembler. Je me rendais bien compte de ce qu'il était en train de se passer L'émotion menaçait de s'emparer de moi comme elle l'avait fait pour Phen. Je ne voulais pas me décomposer. Pas devant lui. Si je devais le faire, ce serait seul, ou en compagnie de Tasha, Sinéad ou Milo. Peu importe. N'importe qui pour me comprendre un minimum. Quelqu'un présent pour me supporter et m'apporter un peu de confort. « Il y a des choses que seul le temps pourra réparer. », ajoutais-je en anglais cette fois. « Tu n'es pas le seul a avoir des tords dans cette histoire. » J'avais ma part de responsabilité, j'en étais conscient, sauf que je n'étais peut-être pas prêt à en discuter maintenant. On m'avait toujours apprécié pour mon honnêteté, le fait que j'étais capable d'admettre mes fautes. Au moins, on ne pourrait pas dire que je n'aurai pas été honnête dans cette histoire. J'avais peur, et au vu de la tournure que prend la conversation en ce moment, j'avais mes raisons d'être effrayé.

Je m'étais montré agressif, sur la défensive depuis qu'on était face à face. Depuis le début de cette conversation, je faisais de mon mieux pour ne pas lui laisser la chance de trop me faire de mal. Il n'en faudrait pas trop pour m'abattre dans l'état que j'étais depuis la veille. Déjà, ces paroles m'avaient affectées, mais la suite était inattendue. « Je ne l’ai pas supportée comme tu dis… Je lui ai dit que je n’étais pas d’accord avec son choix… Mais le mal était fait… Peut-être qu’elle avait besoin d’être rassurée. J’en sais rien. Elle avait peut-être peur que je me moque d’elle. Mais même si elle avait peur, elle n’avait pas à faire ça. En tout cas je peux pas revenir en arrière ! La seule chose que je peux faire c’est me rattraper et te montrer à quel point tu comptes aussi pour moi ! Après tout je peux partager mon coeur entre ma copine et toi non... » Quoi?!? Sa quoi?!? La fin se sa phrase avait à peine été audible, et pourtant, c'était tout ce que je retenais du monologue qu'il venait de me faire. Il avait dit « sa copine », on est bien d'accord? Je n'ai pas entendu de travers, si? Mes oreilles se mirent à bourdonne, les larmes me montèrent aux yeux, mais je fis de mon mieux pour les retenir. J'avais mal. Ça faisait mal. Je n'avais pas seulement l'impression d'avoir été trahis, j'avais mal en dedans. Vraiment très mal. « Vous... Tu... », commençais-je d'une voix tremblante. Si je savais que je n'avais pas de chance avec lui. Si je savais qu'elle lui plaisait, ça n'était pas facile d'apprendre qu'il était avec elle ET qu'il savait pour moi. On venait carrément de m'écraser le cœur, de le broyer sauvagement. Je ne trouvais pas les mots pour exprimer l'effet que ça faisait. J'avais chaud et froid en même temps. Je voulais disparaître sous terre pour ne plus sentir ses yeux posés sur moi. Serrant les mains sur la ganse de mon sac pour ne pas m'écrouler avant de sortir d'ici je soufflai dans une voix qui avait à peine le contrôle sur le flot de larmes qui s'annonçait : « Je... Dois y aller... » Ça ne voulait rien dire, mais on s'en fichait. Fallait que je parte d'ici. Comme un coup de vent, je sortis du dortoir le bousculant en passant. J'en m'en fichais. Je voulais juste être loin. Très loin de lui. Presque en courant, je sortis de la salle commune. Je courrai encore et encore jusqu'à me retrouver dehors, le visage ruisselant de larmes. M'arrêtant, je me laissai glisser le long du mur du château en pleurant. Je m'en fichais si je devais être en cours. J'en m'en fichai si je me faisais prendre. En ce moment, j'avais juste l'impression que rien ne pouvait être pire que ÇA. Aimer, ça faisait mal...