{JUIN 2022} “La jalousie qui se tait s'accroît dans le silence.”

Elijah & Oliver

L’ennui. Désagrément, contrariété passagère provoqués par une difficulté, un obstacle, un empêchement, etc. ... Lassitude morale, impression de vide engendrant la mélancolie, produites par le désœuvrement, le manque d'intérêt, la monotonie. C’était ça. La définition était on-ne-peut-plus exacte. Je ressentais réellement ça en ce cours d’une longueur infinie de Botanique. Ce que je détestais ça. J’avais beau regarder à droite et à gauche, tout le monde semblait passionné par le bulbe présent juste sous nos yeux. Moi, personnellement, ça me donnait envie de retourner dans mon lit. Un mot glissa jusqu’à moi : Réveille-toi, ça ne va pas fleurir tout seul ! Je ne pus m’empêcher de sourire à ces mots. J’aurais reconnu l’écriture de ma sœur entre mille, et j’avais bien conscience que j’aurais besoin de son aide, ou de celle d’Allen, pour éclaircir certaines interrogations concernant ce cours. Ce que je détestais devoir me concentrer sur quelque chose d’aussi chiant…
Je relevai une nouvelle fois le regard pour remarquer, encore et toujours, mes camarades carrément à fond. Ils m’épuisaient rien qu’à les voir faire. Cependant, je remarquai une absence totale d’activité à ma droite. Octavia avait le regard dans le vide, prise dans ses pensées, et le pire était que je me doutais de ce qui la tracassait. Mon regard dévia jusqu’à Elijah avant de se reposer sur la Poufsouffle, lui donnant un petit coup de coude complice : « Sombre pas blondinette, tu vas t’en tirer avec une sale note sinon. Manquerait plus que t’es une retenue… » Dis-je avec un petit sourire sans mentionner le fait que je savais qu’il s’agissait du serpent. Parce qu’ils avaient rompu il y avait peu et que je savais que ça la tracassait. Il s’était fait des films et je ne souhaitais pas parler de lui car je ne serai clairement pas objectif le concernant. Alors je ne le mettais jamais moi-même dans la conversation. Cependant, la réaction de mon ancien ami était disproportionnée ! Il avait fait des raccourcis à deux balles et ça me gonflait de voir qu’il prenait encore un malin plaisir à la faire culpabiliser.

La fin du cours s’annonça – à mon plus grand plaisir – et je me dépêchai de regrouper mes affaires, disant à mes potes que je les retrouverai plus tard. J’avais besoin de faire une petite blague… Sortant de la serre de Botanique, nous voici à deux pas du parc. Et je voyais avec intérêt qu’Elijah se dirigeait dans cette direction. Retirant mon sac, je pris ma bouteille d’eau que je remplis à la va-vite grâce au robinet donnant à l’extérieur de la serre. Pratique ce truc ! Puis, je me mis à suivre le Serpentard, nous éloignant ainsi de notre promo.
Après deux ou trois bonnes minutes à marcher un peu plus loin dans le parc, je finis par l’interpeler, cherchant à mettre quelques points au clair. Bon, la manière n’était pas fructueuse, mais depuis le temps qu’on ne s’était pas parlé et qu’une certaine amertume s’était installée entre nous, je me disais qu’une interpellation à la Oliver serait le plus simple. Pour moi. Parce que pour qu’on puisse se dire les choses, il fallait que je le provoque un peu. Fort heureusement, la météo était à mon avantage… « Eh ! Tiedoll » Lançai-je au serpent pour qu’il se retourne, tout en continuant de m’avancer vers lui. Lorsqu’il le fit, je lui balançai le contenu de ma bouteille d’eau en plein visage, comme pour lui montrer sur quel terrain on allait. De l’idiotie pure et dure, mais je savais comment faire en sorte qu’Elijah parle. Un peu. « Avoue que j’suis sympa ! Après avoir crevé de chaud sous cette serre, j’te fais une faveur là ! » Dis-je avec malice alors que je m’approchais toujours de lui. Même si je me prenais un pain, je m’en foutais, il fallait qu’il arrête de faire culpabiliser Octavia pour rien. « Ca te remet un peu les idées en place ? Alors lâche-la, tu te fais des films mec ! » Dis-je cette fois-ci sans aucun sourire, mais je savais très bien qu’il comprendrait exactement de quoi je parle.

{JUIN 2022} “La jalousie qui se tait s'accroît dans le silence.”

Elijah & Oliver

C’était totalement puéril, et je l’assumais totalement ! Cette pseudo attaque envers Elijah était purement gratuite mais le gars avait carrément débloqué. Il s’était fait des films et il fallait que quelqu’un lui remettre les pendules à l’heure. Octavia m’avait pourtant bien dit de ne pas aller le voir, de ne rien faire… Moi ? Têtu ? Bof, pas plus que ça mais je pensais que j’avais quand même mon mot à dire dans l’histoire. Parce que bon, lâcher cette fille pour une question de jalousie qui se basait sur une notion totalement fausse, c’était faible comme excuse. Et je me doutais qu’au fond il le savait bien. On n’était peut-être plus potes à l’heure actuelle, mais nous l’avions été assez longtemps pour nous connaître plus que bien. Il ne me tromperait pas comme je ne le tromperais pas. Mais s’il fallait que je fasse en sorte qu’il ait les idées claires, autant le faire avec amusement. De toute façon, je ne savais pas tellement faire autrement.

« Adams. »

Ah ! J’aimais tellement ce petit ton qu’il employait avec moi. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant l’effet du contenu de ma bouteille sur son accoutrement soigné. Pure satisfaction personnelle ! J’adorais cette blague assez facile de base, mais là elle était encore plus jouissive, croyez-moi ! Je l’observai, haussant un sourcil malicieux sans perdre mon petit sourire, attendant un retour de sa part face au bonheur que je venais de lui procurer. Oui, j’étais un ange ! « C’est vrai qu’il n’y a pas de moyen plus intelligent de se rafraîchir avec toi. Toujours dans la primitivité. » Eh ouais ! Pas de détour possible avec moi, je fonçais dans le tas. Bon, primitivité avait une bien mauvaise connotation mais je prenais quand même ça avec amusement. Venant de lui, c’était ce qu’il pouvait sortir de plus sympa. Ah, sa tête avait bien grossi avec les années, je me demandais s’il allait redescendre un jour de ce put*** de piédestal ! Je fis une sorte de petite courbette moqueuse, lançant dans un amusement presque malsain : « J’prends ça pour un compliment. Je l’ai quand même joué soft, considère-toi chanceux… » Et c’était vrai, cette petite tentative d’approche était carrément gentille. J’en avais des pires en stock, celle-là faisait partie de la base, mais elle me faisait toujours autant rire. Je n’avais jamais dit avoir pris en maturité avec le temps, et j’en étais bien content quand je voyais certains de mes camarades bien trop sérieux et perdant la notion du rire en évoluant. Tellement triste.

Le ton de la rigolade se dissipa rapidement, lorsque je lui demandai le plus gentiment possible d’arrêter de se faire des films. En bref, qu’il arrête de faire culpabiliser Octavia et qu’il ouvre un peu les yeux. La raison qu’il avait trouvée pour rompre était carrément idiote, et m’y mêler était une erreur. Mes mots l’arrêtèrent dans son moment séchage de chien ou je-ne-sais-quoi d’autre qui était semblable à une envie de se débarrer de cette eau qui l’avait si bien atteint. Il me regarda de travers et, pour tout vous dire, cela ne me surprit pas. Je le fixai et j’attendais à ce qu’il me renvoie de là où je venais. Il ne me faisait pas peur, mais je trouvais que le moment était idéal pour lui faire comprendre qu’il pouvait parfois (souvent) se montrer en parfait crétin. J’avais peut-être besoin de distraction ces derniers temps…
Le serpent ricana, en bon abruti qu’il était, et ré-afficha rapidement un visage neutre, détournant le regard. « Ca, ça ne te regarde pas, Adams. » Ca c’était faux, et il le savait très bien. Ca me regardait dès l’instant où il avait prononcé mon nom comme étant l’une des causes de leur séparation. Si ça n’avait pas été le cas, je me serais juste permis de le maudire en silence, lui reprochant d’avoir fait du mal à une fille si sympa. Je ne m’en serais clairement pas mêlé car, comme il le disait là, ça ne m’aurait pas regardé. Mais ce n’était pas le cas actuellement. Il m’y avait mêlé, malgré lui, et j’avais horreur d’être pris en traître dans ce genre de connerie ! L’amusement était ce qui me faisait vivre, hors-de-question qu’un crétin vienne me mêler à des histoires de ce genre, juste parce qu’il était un put*** de jaloux !
Le regardant essorer sa chemise, je haussai les sourcils comme si j’avais entendu quelque chose d’incohérent. Je croisais les bras et vins lui faire face, restant calme mais pesant chacun de mes mots. « Tu as tort. Ca me regarde dès l’instant où tu m’as mêlé à cette histoire. Alors que les choses soient claires Tiedoll, et je te le dis pour elle, et pas pour te rassurer toi : il n’y a jamais rien eu entre nous, ok ? Mets-toi bien ça dans ta petite tête ! Elle avait juste besoin d’un ami quand tu jouais les crétins. Enfin ça, il semblerait que tu le fasses en toute circonstance de toute façon. » Je ne cherchais pas la merde, pas vraiment, je souhaitais juste qu’il prenne conscience qu’il avait fait une grosse erreur et que me donner comme excuse n’était pas quelque chose que j’admettais. La faute venait de lui, il devait l’assumer.