Rhea entra dans la salle de classe parmi les derniers non-retardataires. A la limite mais pas trop, pour elle qui se considérait comme une élève sérieuse. La raison de ce manque de ponctualité relative relevait d'un problème architectural inhérent aux vieilles bâtisses comme Poudlard. Entre deux cours, le temps nécessaire pour rallier les toilettes les plus proches se faisait parfois conséquent et cela était parfois sous-estimé par les enseignants. A croire que leurs vessies avaient subi un sort de sans-fond ! D'ailleurs en passant devant le nouveau professeur, Rhea se dit qu'un autre élément fondamental – au sens littéral – de Monsieur White avait été modifié. Il se tenait tout aussi droit et immobile que son chat noir. Si elle ne regrettait pas le caractère irascible de leur précédent professeur, ce dernier ne semblait pas irradier de bonté et de bienveillance. Cela avait sans doute d'ailleurs été le critère de sélection lors de son embauche. Quel genre d'adultes responsables pouvait accepter un poste dans un château où l'on torturait de jeunes sorciers ? Probablement un autre aspirant Mangemorts. Immédiatement, Rhea ressentit une vague d'antipathie pour cet homme sinistre. Une fois qu'elle eut fini de le saluer du bout des lèvres, elle s'avança dans le fond de la classe.

Depuis la porte, elle avait vu avec plaisir que la place à côté d'Adam était libre, aussi s'y dirigea-t-elle aussi vivement qu'elle le pût. Mais, alors qu'elle adressa un grand sourire à son patient désormais chevelu, une silhouette familière prit possession du pupitre voisin. Le déplaisir que ressentit alors Rhea se peignit sur ses traits aussi sûrement que son enthousiasme s'était manifesté. Tracy. Son ancienne meilleure amie. Amie tu parles ! Cette fille l'avait trahi ! S'était attaquée à une petite fille et maintenant se pavanait avec ces connards de suprématistes. Elle espérait qu'elle était heureuse de se trouver en leur compagnie car désormais la sienne lui était interdite ! Plutôt s'arracher les ongles que lui accorder ne serait-ce qu'un regard. En ces temps hostiles, Rhea avait besoin d'alliés sûrs et loyaux. Pivotant sur elle-même, elle choisit un bureau à quelques rangs de là et y déposa ses affaires. Le voisinage ici était plus plaisant, puisqu'il s'agissait de celui d'un certain rouquin de Gryffondor.

« Comment va mon Perrin ? »

Demanda Rhea en souriant de toutes ses dents, oubliant bien vite le dégoût qui l'avait prise à la gorge en voyant Tracy. Lui, au moins, elle pouvait lui faire confiance. Hélas, la discussion s'arrêta là, car le professeur White venait de prendre la parole. En élève modèle, Rhea se désintéressa de son ami et dirigea son regard bleuté sur l'homme.

"Bienvenue à votre cours de Défenses contre les forces du Mal. Je suis le professeur White et je vous enseignerai comment vaincre les créatures les plus sordides dans les recoins du Royaume-Uni. Aujourd'hui, nous étudierons les Harpies. Est-ce que quelqu'un aurait une idée de ce que c'est ? N'hésitez pas à lever la main, je suis curieux d'avoir vos avis sur la question. Le premier qui me parle de l'équipe de Quidditch des Harpies de Holyhead il prend la porte séance tenante qu'on se le dise."

Rhea haussa un sourcil. Cette dernière phrase était-elle un trait d'humour raté ou une menace ridicule ? Ils étaient en quatrième année, par Merlin ! Et puis tout le monde n'était pas fan de Quidditch ! Elle lança discrètement à Perrin – profitant que le professeur White regardât ailleurs – un regard qui en disait long sur son mépris de ce chasseur de harpies. Mais contrairement à ce qu'il prétendait, White ne semblait pas franchement fasciné par l'opinion de ses élèves sur le sujet de son cours et se chargea lui-même de dévoiler son avis sur la question.

"Reconnaissable aux ailes, aux cornes et aux serres dont elle dispose, la harpie est une créature dangereuse, capable de vous trancher la gorge si vous ne faites pas attention. Ne tentez pas la diplomatie, la harpie ne vit que pour protéger son territoire, elle n'hésitera pas à faire usage de toute la rage et de toute la furie pour vous blesser mortellement. Je veux que vous ouvriez vos livres scolaires nommés Dangers de Grande-Bretagne à la page 36. Vous aurez à m'expliquer l'origine des harpies par écrit pour la semaine prochaine, et la légende autour de Morgane La Fée à propos des harpies. En attendant, qui serait capable de me donner un sortilège pour neutraliser une de ces créatures hybrides ?"

Alors comme ça, devoir il y allait y avoir et ce dès les premières minutes du premier cours de White. C'était un peu brutal, n'aurait-il pas pu donner un ton un peu plus enjoué à son monologue ? Quoique... venant d'un mangemort, les espérances de Rhea étaient sans doute bien vaines. Prenant place sur sa chaise, la petite Gryffondor prit néanmoins quelques notes sur ce qu'il venait de dire, ajoutant bien la page du livre en question.

"Rappelez-vous ! Vous êtes en quatrième année, vous devez être capable de sortir du carcan scolaire pour rechercher les bonnes solutions. Il va falloir que vous ayez un peu plus d'imagination que Diable !"

« Professeur ? Un Confringo devrait suffire à la mettre hors d’état de nuire et de la viser en plein vol, non ? » 

Fallait-il toujours que Tracy parlât en première en cours ? Où qu'elle lui rappellât sa présence méphitique ? Sans doute voulait-elle entrer dans les bonnes grâces de leur nouveau bourreau. Néanmoins, un sortilège de Confringo était une réponse complètement stupide. White ne pouvait pas se contenter de cela, n'est-ce pas ? La plupart des hybrides étaient des êtres protégés par des conventions magiques ! On ne blessait pas impunément un centaure ou un Être de l'eau. Et si les Harpies avaient l'intelligence d'une palourde, leur qualité d'hybride les mettaient quand même un peu au dessus du moremphis de base. Rhea leva donc la main à son tour.

« Professeur ? Un Incarcerem pourrait faire l'affaire. Les cordes bloqueraient ses serres mais surtout leurs ailes. Incapables de voler ou de blesser quelqu'un, elles seraient beaucoup plus maîtrisables. »

Ce sortilège rappelait de très mauvais souvenirs à Rhea. Mais pour l'avoir déjà utiliser, elle savait qu'il marchait. Sur des mannequins d’entraînements, et sur les hommes de Blackman.

Les quatrième année

Compte tenu de la rébellion qui avait eu lieu parmi les élèves, Sinéad avait bêtement imaginé que le temps où ils étaient de petits élèves innocents, enchainant les cours sans grand intérêts dans le seul but d’obtenir un diplôme qui ne lui servirait absolument à rien était désormais derrière elle. Grave erreur, elle n’en avait pas encore terminé avec les cours, son emploi du temps demeurait inchangé malgré l’évidente évolution du règlement de l’école. A quoi jouait-il ce Blackman ? Que voulait-il faire d’eux ? Leur donner un maximum de connaissance pour qu’ils puissent constituer son armée personnelle ? Cette idée lui donnait froid dans le dos. Bien sûr qu’elle n’accepterait jamais de se battre pour quelqu’un comme ça. Sinéad avait été élevée depuis l’enfance en craignant les moldus et ce qu’ils représentaient. Les légendes des Travellers les décrivaient comme des gens mauvais, assoiffés de pouvoirs qui n’hésitaient pas à vendre leur prochain pour parvenir à leur fin. Mais n’était-ce pas la même chose au sein du monde magique, finalement ? C’était en tout cas ce qu’était en train de leur prouver leur nouveau directeur. Certes, certains moldus avaient eu peur de la sorcellerie, raison pour laquelle ils étaient obligés de vivre dans l’ombre maintenant et de ne pas révéler leur identité de peur que cette tuerie se répète et qu’ils soient la cible de la peur panique des gens pour l’inconnu. Sauf qu’ils faisaient exactement pareil en ce moment en tentant d’évincer les nés-moldus d’un monde qui pourtant était le leur. Et après les nés-moldus, ce serait à qui le tour ? Aux sang-mêlés ? Certainement oui, après tout, ils n’étaient pas non plus issus d’une lignée pure et Sinéad commençait à réaliser que la folie de certains hommes ne connaissait aucune limite et qu’elle avait eu tort d’envisager que ça puisse évoluer dans le bon sens. Oui, elle avait envisagé pendant un temps que Blackman finirait par ouvrir les yeux de lui-même et qu’elle pourrait alors retrouver sa routine, mais elle avait été sûrement naïve d’envisager une chose pareille, elle le savait désormais.

De toute façon, elle ne pouvait rien faire, Sinéad avait peut-être toujours été une casse-cou prête à braver les interdits, mais elle était toujours restée dans sa zone de confort. Se battre contre un autre être humain lui paraissait totalement au-dessus de ses forces. Pourtant, le courage ne lui manquait pas, elle en avait déjà fait preuve lorsqu’elle avait entendu son frère se faire torturer, elle n’avait pas hésité une seule seconde à voler à son secours et si c’était à refaire, elle agirait exactement de la même façon. Sauf que pour le moment, elle n’en avait pas franchement l’occasion. Combattre Blackman toute seule ? Certainement pas non, ce serait juste une excellente idée pour se faire tuer et elle avait encore de belles années devant elle, elle ne voulait pas mourir si jeune. Toutefois, elle savait qu’il fallait trouver une idée. Pour Alaska, pour Niamh, pour tous les nés-moldus actuellement enfermés dans les cachots qui ne méritaient pas ce qui leur arrivait. Perrin saurait certainement quoi faire, lui, mais elle n’avait pas encore pu le contacter ces derniers temps. Elle avait envie de le voir, pourtant, en tête à tête, mais se retrouver seul à seul avec les contrôles quasiment permanents qu’ils subissaient n’était pas chose facile et compte tenu de son comportement lors de la torture de ses camarades, Sinéad savait qu’elle n’avait pas le droit d’attirer l’attention sur elle, elle était déjà dans la ligne de mire de ces gardiens stupides qui ne réalisaient pas tout le mal qu’ils étaient en train de causer. Alors pour le moment, la Gryffondor prenait son mal en patience et même si cette situation hantait toutes ses pensées, elle continuait à avancer, mettant un pied devant l’autre pour rejoindre ses cours, souriant à ses camarades, rigolant aux blagues de Chuck, faisant le mur dès qu’elle en avait l’opportunité. Ça ressemblait presque à une routine même si elle pouvait sentir que tout ceci était faux et c’était bien ça le problème.

« En attendant, qui serait capable de me donner un sortilège pour neutraliser une de ces créatures hybrides ? » Sinéad refit surface d’un seul coup. Elle était assise au dernier rang en cours de défense contre les forces du mal et était censée suivre le cours qui se poursuivait depuis quelques minutes. De quoi parlait-on déjà ? Ah oui, des harpies. Devant elle, Tracy avait déjà pris la parole ce qui ne l’étonna pas spécialement et Rhea s’empressa d’ouvrir aussi la bouche derrière elle. Bien sûr, elle avait pris place à côté de Perrin, lui subtilisant une fois de plus son frère comme si elle ne le voyait pas suffisamment. Sinéad appréciait la rouge et or en règle générale mais certaines situations comme celles-ci la faisaient bouillir de rage. Elle aurait dû passer en premier, c’était sa place à elle et elle détestait plus que tout qu’elle lui vole constamment son frère. Toutefois, elle n’avait rien dit et était allée gentiment s’assoir au dernier rang, priant pour que Phen ne vienne pas la rejoindre, c’était la dernière personne au monde qu’elle avait envie de croiser aujourd’hui. Ce n’était peut-être pas très gentil de sa part, mais pour le coup elle n’avait pas envie d’être agréable, la dernière discussion qu’elle avait eu avec le rouge et or lui restait en travers de la gorge. Avant de se mettre à y repenser, elle chassa cette idée de sa tête, il fallait vraiment qu’elle se concentre sur ce cours ou le professeur allait finir par se demander si elle était vraiment attentive et en profiterait pour lui poser une question à laquelle elle ne saurait certainement pas répondre compte tenu de ses maigres connaissances sur les harpies. Tout ce qu’elle connaissait sortait des contes et légendes racontés par la tribu de nomades à laquelle elle appartenait depuis sa naissance, autant dire que ce n’était pas franchement brillant. Elle se força donc à se concentrer de nouveau sur le cours, prenant des notes de ce qui se disait sans pour autant ouvrir la bouche. Elle qui aimait parler, même pour ne rien dire, avait tout simplement peur d’être complètement à côté de la plaque cette fois.

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Les quatrième année

Le cours sur les harpies se poursuivait et malgré son intérêt pour la matière, la rouge et or avait tout simplement envie de dormir. Elle était bien plus efficace en classe lorsqu’elle participait mais dans le cas présent, les réponses fusaient de toutes parts et elle n’avait pas franchement de point de vue à donner sur la question, en tout cas pas plus que ce que ses camarades avaient déjà fait. Rigoureuse et appliquée, elle prit tout de même quelques notes, tâchant de retenir ce que disaient ses camarades mais surtout ce que son professeur leur répondait afin d’avoir une meilleure note si jamais ils étaient interrogés sur ce sujet lors du prochain contrôle de connaissances. La rouge et or adorait avoir de bonnes notes même si celles-ci ne lui serviraient pas forcément dans le futur et montrer à sa famille qu’elle pouvait être une bonne élève malgré son caractère explosif et son envie constante de s’amuser plutôt que de travailler. Bon, ce n’était pas une mince affaire, à la longue elle avait fini par passer plus de temps en retenue qu’en salle de classe et elle totalisait un nombre impressionnant de punitions en tous genres mais son jumeau restait imbattable à ce petit jeu ce qui évitait en général à la jeune Gryffondor le courroux maternel. Toute son attention convergeait vers son frère, ce merveilleux fauteur de trouble qui se battait constamment pour préserver ses convictions et les faire admettre du plus grand nombre. Sinéad passait presque pour un enfant de cœur à côté et elle ne le remercierait jamais assez d’être d’une aussi grande aide dans son envie constante de braver le règlement. A croire que les règles avaient été inventées simplement pour être enfreintes. En même temps, certaines d’entre elles étaient sacrément stupides et il fallait être bien allumé pour avoir pensé à un truc pareil. Interdire l’accès d’une forêt merveilleuse qui leur tendait les bras, par exemple. Comment avaient-ils pu penser une seule seconde que tous les élèves résisteraient à l’envie de s’y rendre alors qu’aucun grillage, aucune barrière et aucun panneau d’interdiction n’était là pour les dissuader de le faire ? Sinéad y avait presque élu domicile depuis le temps et elle ne comprenait toujours pas pourquoi ils n’avaient pas le droit de s’y aventurer, la nature était le meilleur endroit de l’univers et elle avait l’impression de retrouver un bout de son chez-elle adoré de cette manière. Bon, c’était une maigre consolation, évidemment, il lui manquait les tentes, les jeux, les rires, les enseignements de ses grands-parents, la bonne cuisine de sa grand-mère, les nuits passées dans le lit de son frère à refaire le monde et à imaginer leur avenir, les histoires racontées à Muirenn, les conflits permanents avec son ainé. Tout cela lui paraissait bien loin désormais et elle n’aimait pas ne pas savoir quand elle pourrait les revoir. Rester à Poudlard lui faisait plaisir, évidemment, elle se sentait bien dans cette école auprès des personnes qu’elle aimait mais elle avait aussi envie et besoin de retrouver son quotidien auprès des siens.

"Hélas, un sort explosif ne ferait que rendre les harpies qui l'entourent plus en colère. Sachez qu'elles sont sensibles au niveau du bruit et au saccage. Prévoyez une méthode plus calme pour les calmer, sans vous mettre l'entière tribu en furie bien entendu." Une méthode plus calme ? Il voulait dire un sort de groupe ? Parce que si les harpies étaient plusieurs à chaque fois et qu’ils devaient jeter un sort à chacune d’entre elles pour les neutraliser, il fallait espérer qu’elles soient vraiment pas trop nombreuses alors sinon ils ne pourraient jamais en venir à bout. Sinéad n’était sans doute pas la meilleure de la classe en sortilège ni en défense contre les forces du mal, d’ailleurs, mais elle se doutait qu’il ne devait pas être simple d’être seule face à un groupe pour n’importe quelle personne, même la plus entrainée. "Le Incarcerem, très bien. Parfait, un très bon choix dans une situation qui peut être désespérée. Mademoiselle Donovan c'est cela ? Vous avez parfaitement répondu. Néanmoins, il y'a plusieurs cas pour une attaque de harpies. Veuillez noter, vous en aurez besoin pour vos examens." La jeune fille s’exécuta directement, prenant des notes pour ne rien oublier. Un Incarcerem était donc efficace dans le cas présent, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se demander si ce sortilège permettait d’emprisonner une harpie ou s’il pouvait viser plusieurs d’entre elles à la fois. C’était plutôt individuel, non, normalement ? Et si leur professeur disait que les autres risquaient de s’énerver si on touchait à l’une des leurs ce sortilège n’était sans doute pas mieux que le précédent. Toutefois, elle ne chercha pas à provoquer un débat, se contentant d’écouter et de prendre de nouveau des notes lorsque leur professeur reprit la parole pour leur expliquer la dangerosité des harpies et leurs incroyables et mortelles capacités. Sinéad écoutait attentivement, passionnée par le ton du professeur et sa manière de raconter les choses et de leur donner des moyens de se défendre. Les harpies n’avaient jamais paru très impressionnantes aux yeux de Sinéad mais maintenant qu’elle entendait leur enseignant aborder le sujet, elle se rendait bien compte que ces créatures étaient bien plus effrayantes qu’elles en avaient l’air. Leur enseignant finit même par sortir une serre de harpie dans une boite que la rouge et or contempla avec stupeur et émerveillement lorsqu’elle arriva à sa hauteur. Elle n’était pas la seule à être fascinée, Tracy semblait l’être aussi et la Serdaigle prononça à voix haute la question qu’elle brûlait de poser elle aussi. « Où est-ce que vous en avez combattu une, professeur ? » Et surtout quand ? Et comment ? Et pourquoi ? Toutes ses questions étaient hautement importantes et poussèrent la Gryffondor à sortir de son mutisme pour la première fois depuis le début du cours. « Et il y en avait une seule ou elles étaient plusieurs ? » Elle imaginait son professeur se battre vaillamment contre un groupe de harpies en furie, si ça s’était vraiment passé comme ça, ce type était un génie et elle allait écouter ses cours avec une attention encore plus forte qu’à présent.

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Les quatrième année

Ce cours était sans aucun doute l’un des plus intéressants auxquels elle avait eu la chance de participer depuis le début de cette année. En même temps, leur professeur semblait savoir réellement de quoi il parlait et il était particulièrement agréable d’être face à un expert. Sinéad était une jeune fille facilement impressionnable et dans un cas comme celui-là, comment aurait-elle pu rester de marbre et complètement passive face à un homme qui avait l’air aussi cultivé que passionné ? Même lorsque les élèves, comme son frère, posaient des questions plutôt ardues, il semblait apporter une réponse précise et détaillée le plus sereinement du monde. "Le Petrificus Totalus fonctionnera sur des harpies qui vivent dans un endroit chaud ou tempéré. Si elles vivent dans les montagnes, à cause du froid, la peau des harpies s'endurcit et résiste à la magie. Tout est question de température à ce niveau-là, surtout avec des créatures aussi dangereuses et aussi vicieuses qu'elles. Ce sont des créatures qui vivent depuis la Grèce Antique, à l'époque de Persée et de Thésée. Après tout ce temps, elles ont appris à évoluer." Est-ce qu’avant de se lancer dans un sortilège, on avait vraiment le temps de se demander si on était dans un endroit chaud et tempéré ? Sinéad s’y connaissait plutôt dans ce domaine parce qu’elle parcourait le monde avec sa famille depuis des années et que ses grands-parents l’avaient poussée à étudier la nature et ses secrets depuis de nombreuses années. Toutefois, elle n’était pas sûre qu’avec un certain niveau de panique, elle soit capable d’avoir une telle réflexion, l’urgence pouvait avoir des conséquences dramatiques et elle était certaine qu’elle ne se serait pas sortie indemne de cette histoire. Bien sûr, il fallait prendre en compte l’expérience également, elle se doutait bien que son professeur n’avait pas appris ça dans un bouquin juste avant de venir en cours et qu’il avait sûrement eu son lot de galères et de déconvenues avant de se présenter devant eux mais ça n’en était pas moins impressionnant.

Impressionnée, elle le fut encore davantage lorsque l’enseignant se lança dans un récit à la fois passionné et passionnant de ses aventures avec les harpies. [b"Cela remonte à tellement longtemps ... C'était en Norvège, dans les montagnes de Jotunheimen. Deux amis et moi-même parcourions les étendues de glace à la recherche d'herbes de glace. Nous avions grimpé le premier col et nous étions fourbus, le froid, la fatigue, complètement exténués. C'est alors qu'elles se dressèrent face à nous ... Trois horribles harpies, leurs visages dévorés par le froid, leurs ailes battantes malgré le froid qui régnait ... Et leurs yeux, leurs yeux qui vous percent comme des dagues ... D'horribles créatures qui se languissaient d'avoir de la viande fraiche sur leur territoire ..."[/b] Herbes de glace ? Ce nom lui disait quelque chose sans qu’elle puisse pour autant réussir à se souvenir de quoi il s’agissait. Elle aurait sans doute posé la question si elle n’était pas trop prise dans le récit. Elle voulait savoir ce qu’il s’était passé avec les harpies et le ton employé par l’enseignant donnait à son histoire une dimension encore plus prenante. Il savait comment intéresser les étudiants, il n’y avait aucun doute à ce sujet. "J'ai une très belle cicatrice à la jambe de ses serres qui m'est restée, ce pourquoi vous pouvez admirer ses griffes aujourd'hui. J'ai simplement appliqué la loi du Talion en lui prenant un prix de ce qui restait de son corps." Et il racontait qu’un de ses amis était mort ou en tout cas disparu sans le moindre tremblement ? Comme si ce souvenir n’était pas le pire qu’il ait en mémoire ? Il avait dû vivre des trucs sacrément horribles alors pour ne pas être touché par ce genre de choses. La classe resta silencieuse et Sinéad fut incapable de prononcer le moindre mot tant ce récit lui paraissait surréaliste. Comment pouvait-il se satisfaire d’un travail dans une école après avoir vécu de telles choses ? Il devait s’ennuyer maintenant.

Malheureusement, les récits passionnant ne pouvaient pas durer jusqu’à la fin des temps, il leur fallait aussi participer aux cours comme les petits élèves lambdas qu’ils étaient et ça impliquait nécessairement de faire des devoirs. Sinéad redescendit donc brutalement sur terre lorsque leur professeur prit de nouveau la parole pour leur parler de quelque chose de beaucoup moins passionnant cette fois. "Vous me rédigerez deux parchemins sur la façon de vous protéger des harpies. Je ne vous noterai pas, par contre, je récompenserai les élèves ingénieux qui fourniront un travail de recherche sérieux. Cela sera traduit sous forme de points pour votre maison, ou par quelques points en plus sur votre prochain examen. Je me tâte à choisir." Pas de note mais une récompense ? Sinéad aimait beaucoup cette idée qui risquait de ne pas plaire aux petits intellos de la classe. La rouge et or n’était pas une compétitrice dans l’âme mais elle aimait faire le travail correctement pour ne pas briser son image d’élève sérieuse qu’elle était réellement. Son jumeau était beaucoup moins sage et appliqué en cours et elle s’arrangeait tant bien que mal pour sauver l’honneur familial et se montrer appliquée et rigoureuse en toutes circonstances. Sa relation avec sa mère n’était pas au beau fixe mais elle ne pouvait au moins pas lui reprocher son manque d’implication scolaire ce qui était une bonne chose pour la jeune fille qui avait déjà bien trop de raisons de se faire engueuler. « Est-ce qu’on doit le commencer en classe professeur ? » Oh non ! Elle voulait encore entendre les histoires du professeur, c’était quand même beaucoup plus amusant que de commencer un devoir qui nécessiterait de toute façon un travail de recherche assez important. Deux parchemins, ce n’était pas rien, ce devoir n’allait pas être une partie de plaisir. Fort heureusement, le sujet était amusant et elle était certaine qu’elle réussirait à se passionner pour les histoires diverses et variées qu’elle trouverait dans les livres. Elle avait déjà plein d’idées pour rendre son papier un peu original, elle ne voulait pas ne pas faire partie de ceux qui auraient des points en plus.

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