Tu la ressens encore la magie de Poudlard ? Celle dont tu me parlais tant.

Personne en vue, je me redresse pour soulager mon dos et pose soigneusement le sac que j'ai en main par terre, à distance de mes chaussures. Manquerait plus qu'il tombe et se renverse et je me retrouve avec un kilo de fientes d'oiseau sur mes chaussures. Non-merci, c'est répugnant et ça me ferait du travail en plus comme si je n'en avais pas assez. D'ailleurs, je ne regarde pas l'étendu de la tache qu'il me reste à accomplir mais plutôt la forêt interdite, d'un œil vide cette mais au moins je ne vois pas cette immonde volière. Elle a beau offrir un point de vue unique sur la prison dans laquelle nous sommes enfermés, je m'en suis toujours tenu aussi éloigné que possible, même du temps où la cage était dorée. D'abord parce que c'est tout en haut d'une tour vertigineuse - d'où la vue- sans ascenseur. Ensuite, écrire des lettres n'est pas particulièrement mon truc, je ne communiquais qu'avec ma sœur pour recevoir mes magasines et enfin, parce que la première fois que je suis monté ici, j'avais un balai, un seau et tout le touin touin en main. Je lui avais soit disant manqué de respect et cette enflure de préfète de serpentard m'avait assigné le nettoyage de la pièce. Je l'ai fait sans cesser de pester mais à cette époque en plus d'avoir un équipement décent, j'avais encore la force de me plaindre. Aujourd'hui, c'est différent, mes membres semblent peser des tonnes, mon ventre est vide et un étau se resserre avec toujours plus de force autour de ma tête. Seul la peur me retient de fermer les paupières et de m'endormir. La peur de l'épée de Damoclès qui tomberait si je ne rendais pas la pièce propre certes, mais surtout la peur d'en ressentir le tranchant dans mes rêves. La torture ne quittait jamais mon esprit mais elle se faisait plus présente quand mon esprit était sans protection, quand je dormais.

Il allait falloir que je me retourne et me remette au travail, j'étais loin d'avoir fini et quelqu'un pouvait arriver à tout moment. Plus qu'un instant de répit et je me détache de l'appuie de fenêtre. Plus qu'un instant et je reprends le sac. L'instant s'éternise et comme je suis incapable d'y mettre fin, quelqu'un le fait pour moi. J'entends des pas dans l'escalier, la personne est proche. Non, pas déjà ! Il ne lui reste plus que quelques marches avant de me voir. Je récupère mon chiffon et me dirige vers l'une des cages en traînant mon sac. Vous voyez bien que je travaille.

- Ah !

J'ai ouvert la porte un peu trop brusquement et un oiseau furieux s'est envolé de l'étage du dessus, laissant traîner ses serres sur une parie de mon bras à découvert. Faite que ce ne soit qu'une éraflure pensais-je avant de diriger mon regard vers la cible de ladouleur. Non, le précieux liquide rouge, déjà pauvre en force s'échappe de mes veines.