Nettoyer puis ranger la bibliothèque était généralement d'un ennui mais Callie s'y rendait toujours d'assez bonne humeur. Faire la gueule ne changerait rien du tout à la situation et même si ça restait une corvée comme n'importe quelle autre, il y avait des avantages à respirer l'odeur des vieux livres toute la journée. Au moins, elle était bien au chaud entre les murs épais du château, presque pas – voire pas du tout – surveillée par les hommes de main du directeur et les nombreux rayons permettaient de manquer au règlement en toute discrétion. Que ce soit, discuter avec quelqu'un ou effectuer de précieuses transactions telle que de la nourriture, des couvertures ou des vêtements chauds... Enfin, peut-être. Tout n'était encore qu'une hypothèse. Aujourd'hui, la jeune femme comptait tâter le terrain pour voir si il y avait possibilité ou non, par la suite, de donner rendez-vous à un ami. Et si c'était le cas, la bibliothèque pourrait s'avérer être un avantage considérable pour les nés-moldus et leurs alliés. Mais avant de crier victoire trop vite, il allait falloir attendre. Il n'y avait personne pour le moment, sans doute à cause de l'heure, et donc la rouquine ne pouvait pas observer ni tirer des conclusions. Oui, ce serait sûrement plus simple de choisir ces moments de calme pour voir Elijah mais il y avait aussi plus de risques que la présence de ce dernier, justement à un moment où la bibliothèque est habituellement peu fréquentée, éveille des soupçons. Avec les dernières punitions tombées, il était hors de question de prendre les choses à la légère et de faire courir des risques au serpentard. Et puis quoi, encore. Callie ne se le pardonnerait pas. D'ailleurs, c'était pour ça qu'elle n'en avait toujours pas parlé au principal intéressé. Dans le doute, c'était plus prudent même si elle était plus ou moins certaine qu'il serait d'accord avec sa façon de pensée. C'était aussi plus prudent d'agir seule pour le moment. Et en attendant de faire ses repérages, la rouquine faisait ce pour quoi elle était censée se retrouver entourer de tout ces bouquins : faire le ménage et ranger. Devenue reine du plumeau très rapidement, la poussière ne lui résistait pas. Certains livres non plus, d'ailleurs. Un de ceux du coin des métamorphoses dépassa de son étagère, tomba puis rebondit sur la tête de la jeune femme avant de finir au sol, s'ouvrant à son contact sur une page au hasard avec une image de panthère à l'allure féroce. Impressionnant. Et sans s'en apercevoir, la rouquine plongea dans la lecture, en diagonale, de la page. Ah, et si seulement elle aussi pouvait se transformer en un animal à volonté ! Pour donner du fil à retordre à ces satanés mangemorts. Ils le méritaient. Que c'était beau de rêver, la jeune femme n'avait clairement pas le niveau pour y arriver. Ni le temps, d'ailleurs. Un peu déçue, elle ramassa, ferma le livre et envisagea de le ranger.

C'est à ce moment-là que sa journée prit un tout autre tournant que celui prévu au départ. Sur la pointe des pieds, Callie crût d'abord avoir perdu l'équilibre avant de se rendre compte que contrairement à ce qui aurait dû se passer, son derrière ne heurtait pas le sol. Perplexe, elle ré-ouvrit les yeux juste à temps pour apercevoir une étagère lui passait devant. Depuis quand la bibliothèque était vivante ? Ce ne serait pas vraiment une surprise, après tout elle était dans une école de sorciers mais c'était bizarre car on ne lui en avait jamais parlé. A moins que ce ne soit elle qui passe devant les rayons ? Oui, c'était exactement ça ! Quelque chose l'attirait en arrière, sans qu'elle ne puisse faire quoique ce soit pour l'arrêter. De la magie, sûrement mais pour quelle raison ? Un mangemort l'avait-il prit en flagrant délit de lecture ? Son sang ne fit qu'un tour tandis que ses mains tentèrent à tout prix de se raccrocher à une étagère. Échec total. Sa course ne s'arrêta pas et en plus de ça, d'autres livres tombèrent. Du travail en plus, chouette ! Callie pourrait s'en occuper une fois de nouveau maîtresse de son corps. Ce qui se produirait une fois qu'elle aurait atteint sa destination, sans doute. Difficile de savoir ce que c'était et la rouquine était à peu près sûre de ne pas vouloir le savoir. Comme par hasard, c'est à ce moment-là que sa course s'arrêta. Son dos heurta quelque chose de dur qui la sonna pendant quelques secondes. Elle avait dû faire une sacrée connerie pour mériter ça... « Qu’est-ce que c’est que ce bordel ?!!! » Ça, elle aimait bien le savoir aussi. Le mangemort allait le lui rappeler dans quelques secondes, alors la jeune femme attendit un peu. En vain. Rien d'autre que des douleurs au niveau du dos et des petites pertes d'équilibre. Comme si quelqu'un gesticulait derrière elle. Comme si les mouvements de quelqu'un l'affectait directement d'une manière ou d'une autre. Bien sûr, elle avait tenter de tourner la tête pour en avoir le cœur net mais rien à faire, elle n'y arrivait pas. Elle ne faisait que provoquer de nouvelles plaintes. Donc, il y avait bien quelqu'un. Accroché dans son dos. Elle ne l'avait pas perçue de suite mais maintenant qu'elle était moins sonnée, Callie sentait un truc – une pression – inhabituelle dans son dos. « J'vais proposer une hypothèse dont je ne suis pas sûre. J'crois qu'on est accrochés par le dos... » Pourquoi et qui était son binôme inattendu restait en revanche un mystère. « Ce serait sympa d'arrêter de gesticuler dans tous les sens. C'est pas que j'aime me plaindre mais ce n'est pas agréable pour moi. D'être attacher non plus, tu vas me dire, mais on peut réfléchir sans bouger dans tous les sens. » Après, ce n'était qu'une simple proposition que le gars – parce qu'elle supposait que ce n'était pas une fille à la voix – n'était pas obligé d'accepter. Il pouvait aussi n'en faire qu'à sa tête, ce qui agacerait Callie et ce serait vraiment dommage de commencer leur collaboration forcée de cette manière...

S'occuper de la bibliothèque était sûrement la corvée la moins pénible et surtout, la moins difficile à faire. Rien de palpitant, peut-être, mais c'était largement mieux que de récurer les toilettes, laver les sols avec une brosse à dent ou décrasser la volière avec une éponge pleine de trous. Parce que oui, malheureusement, Callie était bien placée pour le savoir. Elle avait eu l'immense plaisir de faire le tour de toutes les corvées possible et inimaginable, avec une préférence pour l'entretien du parc et la préparation des repas. A croire qu'elle possédait un don insoupçonné pour la cuisine puisqu'elle atterrissait souvent là-bas, à filer un coup de mains aux elfes de maison. Tant mieux dans un sens, elle ne se pelait pas les fesses dehors à la place. La rouquine se plaignait mais peut-être qu'en fin de compte, elle n'était pas la plus à plaindre. Elle connaissait des filles qui connaissaient sur le bout des doigts, autant les toilettes des filles que celles des garçons. Oui, vraiment, dans son malheur elle avait quand même un peu de chance. La plupart de ses corvées n'étaient pas difficile à effectuer, il suffisait juste de prendre le coup de main. Pas compliqué ne voulait pas dire qu'elle se plaignait de son cas, bien au contraire, ou qu'elle méritait une difficulté supplémentaire pour compenser avec les moins bien lotis. On voulait la mettre à l'essai ? Voir où se trouvaient ses limites ? Comment ses geôliers voulaient-ils qu'elle effectue nettoie et range correctement avec une personne qui gigote constamment dans son dos ? C'était quasiment impossible. Il faudrait que ce quelqu'un accepte – gentiment si possible – de se déplacer dans le sens qu'elle veut et quand elle le veut. Autrement dit, elle allait devoir passer un accord. Avec une personne qui à première vue n'était pas prête de l'écouter ou de faire des concessions. En même temps, elle avait à faire à un mec. Elle ne pouvait pas s'attendre à un miracle. Elle allait devoir prendre son mal en patience, rester calme et essayer de négocier. Un super programme en perspective, dis donc ! Là, tout de suite, elle avait envie de lui coller une paire de baffe. C'est vrai que ça ne serait pas le meilleur moyen pour aider leur collaboration mais ça permettait au moins à la jeune femme de se défouler. Elle pourrait mieux réfléchir ensuite. Les mains lui démangeaient, dommage qu'elle ne puisse rien faire car ils étaient dos à dos. Tant qu'à les coller ensemble pour une durée indéterminée, les mangemorts auraient pu faire les choses bien et les mettre face en face. Histoire de savoir de suite à qui elle avait l'honneur et comment agir en conséquence. Est-ce que c'était leur œuvre au moins ? C'était étonnant comme idée mais en même temps, de qui d'autre ça pourrait venir ? Ce n'était pas logique. Et si c'était bien eux, rester plus qu'à savoir quand ils se lasseraient.

Alors que la jeune femme supposait qu'ils ne devaient pas être les seuls dans une mauvaise posture et que peut-être on attendait d'eux un comportement spécifique pour se sortir de là, son binôme eut l'amabilité de se rappelait à son souvenir.  « On va se décoller comment alors ?! Il faut bien faire quelque chose ! » Non, sans blague, ils allaient attendre sagement qu'on les sorte de là... Bien sûr qu'il fallait quelque chose mais il voyait bien que s'acharner à tirer et bouger dans tous les sens ne servait à rien, non ? Peut-être qu'il commençait à comprendre, se rendait compte de sa bêtise car il s'arrêta net. Déjà une bonne chose de faîte, elle n'aurait pas besoin de lui faire un dessin ni d'expliquer pendant trois heures le même truc. Étape suivante ? « On se connaît. » Elle ne pensait pas qu'il reprendrait la parole de suite, encore moins pour répondre à une interrogation muette. Elle n'était pas sûre que leurs identités respectives soient leur soucis le plus important mais tant qu'à faire, elle voulait bien se présenter. Ce serait une autre bonne chose de faîte. Qui sait, peut-être qu'ils découvriraient être des amis. Ce serait chouette mais la jeune femme n'y croyait pas sérieusement. Elle connaissait ses amis et était plus ou moins certaine qu'aucun ne réagirait comme ça. Après, elle ne les connaissait pas par cœur non plus. Peut-être une connaissance, alors. Oui, pourquoi pas mais du coup elle craignait le pire. « C'est possible. » répondit-elle pour gagner un peu de temps. Elle n'était plus tout à faire sûre de vouloir savoir qui se trouvait collé dans son dos. Et si c'était une personne qu'elle détestait ? Alors là, leur entente deviendrait impossible. Ou peut-être que simplement ils ne se connaissaient pas ? Tout était possible et il y avait autant à gagner qu'à perdre. Il fallait essayer. « Je suis Callie, et toi ? » Elle avait failli rajouter élève de septième année, Poufsouffle et capitaine de son équipe. Il ne fallait pas, si elle tombait sur un sang-pur qui fait copain-copain avec les mangemorts, elle payerait cher cette erreur. Quoique... Ce serait encore plus bizarre qu'ils aient mit leurs alliés dans une mauvaise posture, juste pour le plaisir de dire... C'était trop compliqué de chercher à comprendre le pourquoi du comment. Est-ce que c'était vraiment important pour les aider à s'en sortir ? Elle en doutait. Pareil pour leurs prénoms. Ça ne changerait rien mais elle croisa quand même les doigts, espérant tomber sur une bonne connaissance, un ami ou voir un inconnu. Heureusement que de l'autre côté, aucune chance qu'il ne la voit faire...

Spoiler:

La situation était terriblement inconfortable. En plus d'être priver de nombreux de ses droits de sorcière, la jeune femme n'était maintenant plus pleinement libre de ses faits et gestes. Si ni ses bras ni ses jambes n'étaient collés, il lui fallait quand même l'accord de son binôme – dont elle ignorait encore l'identité – pour pouvoir se déplacer et réfléchir. Parce que bien sûr, pour couronner le tout, son camarade de galère était bruyant et l'empêchait de trouver une solution réalisable afin de se sortir de ce pétrin le plus vite possible. Ce gars illustrait parfaitement le pourquoi Callie n'aimait pas le travail d'équipe. Certes, il y avait de beaux résultats derrière mais elle préférait largement faire fonctionner deux fois plus ses méninges et ne pas avoir à supporter les sauts d'humeur d'une tierce personne. Sauf que là, elle devrait composer sans sa formule gagnante puisqu'on lui avait imposé quelqu'un. Il fallait essayer de voir le positif, ça aurait pu être pire si ils avaient été trois. La rouquine touchait du bois, soit le sortilège qu'on leur avait balancé n'était fait que pour réunir deux personnes, soit il n'y en avait pas plus qui se baladaient dans la bibliothèque à ce moment-là. Dans le doute, elle espérait que personne d'autre ne franchirais les portes avant la fin du sortilège. Loin d'elle l'envie de se retrouver à nouveau aspirer à droite et à gauche dans la bibliothèque. Une fois lui avait suffit, c'était bien assez comme émotion. Qu'il soit mangemort ou non, l'investigateur de cette farce n'était pas drôle. Il n'aurait pas pu avoir la gentillesse de distribuer du chocolat, à la place ? L'ex-Poufsouffle leva les yeux au plafond. Elle ne pouvait pas se résoudre à attendre sagement que le temps passe ou qu'on vienne les aider, lui était beaucoup trop pénible. Elle devait chercher davantage mais à la place elle se mit à espérer que les heures passent vite. Il lui tardait le soir, de se réfugier sous les couvertures humides de ce qui lui servait de lit. Ce serait toujours mieux que supporter la présence forcée de l'inconnu, non ? Tout ceci lui donnait raison sur le fait que pendant des années, elle avait éviter le plus possible les endroits bondés. Parce que voilà, quand il devait se passer un truc, paf ! Ça tombait forcément sur sa pomme. Elle ne pensait pas qu'ils étaient les deux seules victimes du sort mais imaginait mal que tout le monde soit concerné. Ce serait à la fois trop fort et trop bizarre. Dans le cas où ils représentaient une minorité, ce n'était pas une raison pour les laisser poireauter pendant ce qui pourrait se transformer en des heures. Et si ils appelaient à l'aide ? Son petit doigt lui soufflait qu'il y avait peu de chance que son compagnon d'infortune ayant visiblement une grande gueule, accepte...

« Sloane m’a promis de t’embrasser pour moi, je vais enfin pouvoir savoir si elle m’a menti. As-tu reçu un baiser de Sloane de la part de quelqu’un ? »  Le prénom de Sloane aurait dû la rassurer, un ami de l'ex-préfète des Gryffondor ne pouvait pas être mauvais mais cette histoire de l'embrasser était louche. Non, la fille aux cheveux aux couleurs toujours plus extravagantes les unes que les autres n'avait rien fait de tel. Du moins, pas dans ses souvenirs. Et ça aurait été bizarre qu'elle le fasse. « Non... » répondit-elle sceptique. Si quelqu'un avait étrangement envie de l'embrasser, elle préférait que ladite personne se déplace, histoire de voir de suite qui la prend pour une quiche. Encore heureux que Sloane n'ait rien fait. Soit ce gars racontait n'importe quoi, soit son amie savait pertinemment que la jeune femme l'aurait mal prit. « Bon quoiqu’il en soit, tu vas me dire que tu aurais préféré bouffer un cafard que de recevoir mon baiser puisque tu ne m’aimes pas. Mais ça m’a fait plaisir. J’vois pas pourquoi il faudrait refuser la tendresse, dans les cachots. J’y vis depuis 7 ans maintenant, c’est comme ça que ça fonctionne. »  Bouffer un cafard ? Peut-être pas... Elle était affamée mais pas à ce point. Il se savait si indésirable à ses yeux pour en arriver à ses conclusions ? Il se trompait. Pour commencer, les personnes qu'elle détestait le plus étaient majoritairement des filles et ensuite, elle ne s'abaisserait jamais à manger des cafards. Un baiser, c'était quand même beaucoup moins dégueulasse. Par exemple, embrasser Aniek serait sûrement une expérience désagréable et traumatisante mais moins que de sentir une bête descendre le long de sa trachée. Enfin, sans doute. La rouquine n'avait jamais essayé et ce n'était pas dans ses programmes futurs. « Tu es élève à Serpentard et c'est tout ce que je sais pour le moment. » En même temps, ça dernière phrase ne laissait pas beaucoup de possibilités. « Tu as l'air de vouloir jouer aux devinettes, peut-être pour faire passer le temps ou pour en gagner mais moi, ça ne m'amuse pas du tout. Il semblerait que tu me connaisses bien, assez bien pour savoir que je ne t'apprécie pas donc tu devrais savoir que ça ne vas rien arranger si tu continues à esquiver ma question ? Qui est-tu ? De toute façon, que je t'apprécie ou non je ne pourrais rien te faire puisqu'on est coincés. » En vrai, il y avait bien une petite idée qui commençait à germer dans sa tête et elle voulait confirmation. Qu'il cesse de jouer, plus vite il parlerait et plus vite ils pourraient mettre leurs efforts en commun. En plus, c'était son idée de savoir à qui il avait à faire, la moindre des choses était donc qu'il parle.

Callie avait vraiment la poisse. Pour une fois que sa corvée n'était pas totalement à chier, qu'elle pouvait même y trouver un petit intérêt, il fallait que quelque chose vienne bouleverser ses plans. Soit sa bonne étoile lui faisait la tronche et mine de rien c'était une grosse colère, soit elle avait été très méchante dans une autre vie et elle le payait cher aujourd'hui. Dans les deux cas c'était dérangeant car la jeune femme ne voyait pas comment se racheter. Ce n'était pas possible de simplement faire table rase du passé ? Visiblement non puisqu'elle avait écopé d'un camarade de galère bruyant et stupide. Pour sa défense, non elle ne le jugeait pas à sa tête – puisque ça lui était impossible de la voir – du coup son jugement avait un peu de valeur, non ? En tout cas, elle ne devrait pas tarder à trouver des arguments dans ce sens. Déjà, le fait qu'il repousse sans cesse le moment de révéler son identité ne jouait pas en sa faveur. Il avait quelque chose à cacher, peut-être ? Le moment était mal choisi pour faire le pudique, être embarrasser, avoir des remords ou peu importe sa motivation. Et c'était encore pire si ça le faisait rire. Ce qui devait être le cas pour faire durer à ce point le suspens mais la rouquine n'était pas certaine. Elle attendait de voir. De savoir, plutôt. En attendant qu'une réponse claire vienne la sortir du flou total. Franchement, c'était censé l'aider d'apprendre que son amie Sloane ne lui avait pas transmis un baiser ? Bon, ça l'aurait aidé si ça avait été le cas mais comme ça ne l'était pas, l'indice était tout pourri. Il ne comptait pas. Elle en voulait un mieux. Voire qu'il cesse carrément de jouer aux devinettes sauf que ce n'était pas simple de le convaincre. Les hommes étaient vraiment les créatures les plus insupportables de l'univers. Et après on s'étonnait d'apprendre que Callie souhaitait vivre avec les loups plus tard. Au moins eux ne la ferraient pas tourner en bourrique comme ça. Ils ne la mangeraient pas toute crue non plus. Ça, c'était juste une idée toute faîte que des gens idiots se plaisaient à faire circuler. Elle se voyait plutôt à gambader avec eux dans les forêts, à voyager, à vivre enfin une vie paisible. Ouais, certainement qu'elle embellissait un peu la chose mais tant que ça lui faisait plaisir, peu importe...

La jeune femme commençait à piétiner sur place, signe que sa patience avait des limites. Il avait tord de la chercher. « Tu as des raisons de ne pas m’apprécier. Particulièrement par les temps qui courent, mais pour ta gouverne, je suis totalement innocent concernant ce qui vous arrive. Et si tu me cours après quand on sera décollés, hum ? J’vais quand même pas prendre ce risque, qu’est-ce que tu en penses. A moins que tu n’aies pas assez d’énergie pour me courser… Tiens en y pensant, j’ai une chocogrenouille dans ma poche, la bonté qui me caractérise te l’offre si t’en veux… »  Encore une devinette, pour pas changer... Callie l'aurait bien engueuler mais son estomac fût plus rapide, il prit les devants et gazouilla à la mention de la friandise cachée dans la poche du jeune homme. C'était tellement tentant, Callie en avait l'eau à la bouche rien que d'y penser. Miam... Depuis quand n'en avait-elle plus manger ? Il lui semblait que la dernière fois était dans le train pour venir. Ça lui manquait, elle avait forcément envie de récupérer la friandise de la poche de son camarade mais était malheureusement trop fière pour le lui dire. « Je n'accepterais que si tu me dis enfin qui tu es. » Son chantage n'avait aucune chance de fonctionner mais qui sait, sur un malentendu ça pouvait passer... «  Tu as quelque chose à te reprocher ? Sinon tu m'aurais tout de suite dis qui tu es. En tout cas, tu n'es pas très poli. Je ne t'ai pas fais autant mariner, MOI. » Pas sûr que les reproches soient une meilleure approche mais l'ex Poufsouffle devait bien reconnaître qu'elle commençait à manquer d'idées, là... Et pas moyen d'associer la voix à un visage, ce serait trop facile voyons. Oui, celle de son camarade lui disait vaguement quelque chose mais sans plus. En temps normal, Callie ne faisait pas suffisamment attention à ce genre de détail pour pouvoir deviner. « Si tu me dis maintenant qui tu es, je t'autoriserais à transmettre toi-même ton bisou... » Oui, alors là, ça voulait dire qu'elle était au comble du désespoir. Enfin, pas tant que ça puisqu'elle supposait que sa proposition aurait disparu de leurs esprits quand ils seraient libérés. Dans son cas, il n'y avait pas de doutes à avoir.

La jeune femme n'était pas connue pour son calme ni pour sa patience, c'est pour dire, elle prenait toujours rapidement la mouche quand on l'embêtait. Le genre de réflexe bien chiant, dont elle n'arrivait pas à se débarrasser, à son grand malheur puisqu'il faisait d'elle une cible de choix pour tout enquiquineur qui se respecte. Et visiblement, l'inconnu dans son dos était bien au courant de son caractère à chier. Donc ils se connaissaient. Au moins un tout petit peu. C'était vraiment gênant de ne pas être capable de le reconnaître et insupportable de le laisser la mener par le bout du nez de cette façon. Ce garçon semblait fourbe, donc il ne devait pas faire parti de ses amis. Mais alors qui était-il ? Callie n'eut pas le besoin de se torturer les méninges plus longtemps puisque monsieur daigna enfin révéler son identité, le moins que l'on puisse dire c'est qu'il aimait se faire désirer... « Le mec de tes rêves, ma chère Callie ! Le seul Hunter de ta vie dont tu te souviendras quand tu seras à la fin de cette dernière. » Il ne s'étoufferait pas avec la modestie celui-là. C'était du Hunter tout craché, comment avait-elle pu ne pas le reconnaître avant ? Il n'y avait que lui pour avoir des idées tordues du style transmettre un baiser par quelqu'un d'autre... En même temps, elle s'était du coup attendue à une personne qu'elle détestait vraiment, hors Callie ne le détestait pas tant que ça. Oui, Hunter était un gars bourré de défaut, surtout celui d'aimer la faire chier, mais il avait su lui prouver que dans le fond, il n'était peut-être pas si mauvais qu'elle le pensait et qu'elle avait tord de lui associer certaines idées. Il n'était certes pas la meilleure surprise mais ça aurait été pu être pire. En fait, la rouquine était plutôt soulagée. Hunter n'était pas que chiant, il était aussi gentil parfois. Et même si elle ne lui en pas touché mot, leur dîner en tête-à-tête dans la salle sur demande restait un bon souvenir qu'elle n'oublierait pas tout de suite. « Et je n’ai absolument rien à me reprocher, je suis blanc comme neige et je suppose que tu ne veux plus de mon bisou, désormais. C’est pas grave… je retenterai ma chance une prochaine fois. Ça s’appelle la ténacité. Allez, tiens. » Callie avait commencé à l'apprécier, un peu contre son gré, avant que tout ne dérape et cette drôle de situation était peut-être un message pour lui faire comprendre qu'elle avait eu raison. En tout cas, le don de la chocogrenouille jouait largement en sa faveur. La rouquine s'en empara plus vite qu'elle ne l'aurait voulût et s'efforça de mastiquer en prenant son temps, pour savourer la texture et le goût. C'était bien meilleur que n'importe quel repas qu'on daignait leur servir. Après des secondes qu'elle essaya de rallonger au maximum, Callie souffla un « Merci. » au jeune homme. Elle lui devait bien ça. « Je refuse le bisou mais ce n'est pas contre toi, je le fais pour ton bien. Ta copine ne serait pas contente si tu embrassais une autre fille, ce qui est normal, du coup je t'empêche de faire une boulette. Dis-toi que c'est ma manière de te remercier. » Oui, c'était un peu léger mais il s'en contenterait pour le moment, en attendant qu'elle trouve de quoi lui rendre la pareil.

Libérée d'un poids, Callie souhaitait désormais juste oublier le temps de quelques secondes leur situation inconfortable. Tout d'un coup, ça lui semblait moins grave d'être collé à un autre élève indépendamment de leur volonté. Oui, c'était toujours aussi peu pratique mais c'était avec Hunter alors ils trouveraient une solution. Ce n'était pas le garçon le plus intelligent du monde mais pas le plus bête non plus, contrairement à ce à quoi elle s'était attendu en le voyant l'enquiquinait plutôt que chercher une solution. Peut-être qu'il était tout simplement stresser à quant à la réaction de la jeune ? Ça semblait peu probable mais dans le doute, Callie décida de clarifier les choses. « T'sais, je ne te déteste pas. Du moins, pas autant que tu sembles le croire. Je ne suis pas prête de bouffer un cafard rien que pour ne pas avoir à t'embrasser... En fait, j'suis un peu contente que ce soit toi derrière moi. T'es peut-être pas la personne que j'avais le plus envie de voir mais c'est pas trop grave. Je sais que tu n'es pas aussi mauvais que je l'imaginais au début et je crois même que tu n'es pas de ceux qui profitent pleinement de ce qui se passe à l'école en ce moment. Je me trompe peut-être mais tu n'es pas aussi extrémiste dans tes idées pour voir tes camarades souffrir. C'est ce que je pense. Et puis sinon tu ne m'aurais pas offert une chocogrenouille. » A bien y réfléchir, ça n'était peut-être pas une si bonne idée d'avoir ouvert son cœur. Il serait bien capable de rire, de la traiter de naïve et de finir de la mettre en rogne pour tout le reste de la journée. Il fallait trouver quelque chose, un autre sujet de conversation et vite ! Ses yeux scrutèrent attentivement la bibliothèque pour lui donner une idée. N'importe quoi ferait l'affaire. « Je sais ! » s'exclama t-elle sans le vouloir à voix haute. « Hum, je veux dire que j'ai peut-être une idée pour nous tirer de là... Si on s'accroche à une table ou n'importe quoi, chacun de notre côté et qu'on tire de toute nos forces, le sort qui nous retient ensemble se rompra peut-être ? Ça fait déjà un petit bout de temps qu'on est comme ça, je ne pense pas que ce soit un sort destiné à durer. Je ne vois pas l'intérêt des mangemorts à nous laisser comme ça. Sachant qu'on est pas censé avoir de contacts puisque je suis une née-moldue. » En fait, ça n'avait pas de sens qu'ils soient collés, même un tout petit peu. A la limite, ça aurait été avec un autre né-moldu Callie aurait pu comprendre mais là, non. C'était vraiment bizarre, elle avait hâte d'entendre les explications de leurs geôliers mais doutait de les avoir un jour. « Alors, tu marches ou pas ? » La jeune femme essayait de paraître convaincue par son idée mais ça n'était pas le cas. C'était juste une idée pour détourner l'attention, et pour que ça fonctionne il faudrait que son camarade de galère accepte de croire aux chances de cette idée. Si il n'était vraiment pas si bête, ça allait être compliqué...

On peut arriver à tout – ou presque – à force de grande détermination. L'inconnu, qui n'était autre que Laughlin l'Arrogant Détestable, avait finalement cédé devant l'insistance de la rouquine qui n'était pas peu fière d'avoir réussi à le faire parler. Malgré le côté peu pratique de leur situation, celle-ci lui décrocha un sourire. Elle avait mit du temps certes, et peut-être que son camarade avait juste eu pitié, qui sait, car seul le résultat comptait vraiment. Callie avait réussit, point barre, et se sentait mieux depuis qu'elle savait qui se cachait derrière son dos. Que ce soit lui rendait la situation moins urgente et moins dramatique pour ses nerfs, c'était une bonne nouvelle. Au moins une « Oh ! Tu es adorable, jolie Callie. Si je pouvais te regarder dans les yeux, je suis sûr que je pourrais y voir en sortir des petits papillons. J’accepte ton excuse, elle passe bien en remplacement de celle où tu me dis « je ne sais pas embrasser » ou « je rêvais de t’embrasser mais ce n’est pas raisonnable ». » Des papillons ? Dans les yeux ? On ne disait pas plutôt dans le ventre ? Enfin, dans un cas comme dans l'autre, Hunter avait faux sur toute la ligne. En fait, il en faisait toujours des caisses. Du Serpentard tout craché. Callie préféra ne pas relever au sujet des soit-disant excuses qu'elle lui devait parce que c'était sûrement une autre tentative pour la mettre en rogne. Elle ne lui donnerait pas ce plaisir, maintenant elle ferait attention. Il s'était déjà bien assez amusé de leur situation, maintenant à son tour. « Tu m’expliqueras un autre jour ton « ce n’est pas contre toi » qui me laisse supporter que tu acceptais l’idée s’il n’y avait pas eu ma copine. » Qu'est-ce qu'il était chiant comme mec, elle avait oublié. Il ne s'arrêtait donc jamais jamais ? Heureusement qu'ils étaient englués ensemble de manière à ne pas se faire face, sinon le jeune homme aurait pu lire sans problème l'embarras qui se peignait sur son visage. L'ex jaune et noire n'était plus si fière d'avoir eu recours à la ruse pour le convaincre, elle sentait bien que cette histoire de baiser resterait un moment, à son grand dam. « Ou pas. Je n'ai pas l'intention de t'expliquer quoique ce soit. » Ou comment contourner la question en essayant de conserver sa crédibilité. La rouquine ne voulait tout simplement pas se perdre dans des explications sans fins puisque son camarade trouverait toujours un truc pour les déformer. Elle préférait encore mettre à profit leur plus ou moins entente – si on pouvait appeler ça comme ça – pour tenter de se sortir de ce mauvais pas.

Il lui sembla qu'Hunter, de son côté, ne mettait pas beaucoup de sien pour mettre en pratique l'idée qu'elle avait suggérer, alors Callie compensa au mieux en tirant sur la table de toutes ses forces, en vain. C'était quoi ce sortilège ? De la super glue ? « Ça ne bouge pas… tu vois bien que c’est peine perdue pour l’instant, nan ? Eh puis attends une minute… j’ai envie de rester attaché à toi, moi ! Tu étais en train de me dire que je ne suis pas suffisamment attaqué de la cervelle pour être content de voir des gosses de mon âge ou plus jeunes mourir … ? Tu penses très bien capt’ain ! » Son envie n'était malheureusement pas réciproque, il pourrait au moins en prendre en compte. Ce n'était pas parce que Callie aurait pu tomber pire qu'elle voulait prolonger aussi longtemps que possible cette expérience. « Je me répète, pour moi, les sorciers n’ont pas à fréquenter les moldus. C’est tout ce que je pense, je n’ai pas envie d’y revenir. Sloane est ma cousine, je ne tirerai profit d’aucune situation sauf celle de pouvoir la sortir de là et de la faire partir de Poudlard … dès que l’occasion se présentera. » Ouais, il lui avait déjà dit tout ça mais ça ne changeait rien. Ce qu'il disait n'avait pas de sens. En fait, il voulait que les moldus ayant un don pour la magie ne soient pas du tout prit en charge ? C'était complètement débile de les laisser en roue libre. Comment apprendraient-ils à maîtriser cette ressource dont ils ne sauront rien ? En revanche, c'était idéal pour laisser la pagaille envahir le monde des moldus. Et ce n'était pas comme ça non plus que l'existence des sorciers continuerait d'être cacher. Non, la rouquine ne comprenait pas le raisonnement de son camarade. « Tu tiens à Sloane, n'est-ce pas ? Pourtant, en disant que les moldus et les sorciers n'ont pas à se fréquenter c'est comme si tu reniais son existence. Ou au moins le fait de la connaître. » Pas la peine de faire un dessin, elle trouvait ça moche. C'était bizarre. A moins qu'il ne veuille la faire partir pour ne pas qu'on puisse faire un rapprochement entre eux ? Encore une histoire compliquée mais néanmoins intéressante, Callie était pressée d'écouter sa réponse. Et pressée de s'asseoir. Sans lui demander son avis, elle se laissa glisser sur le sol. Voilà, maintenant elle était plus disposée à prendre part à la conversation et à laisser tomber les solutions foireuses pour se libérer. « C’est gentil ce que tu m’as dit petite rouquine… à croire que tu n’es pas rancunière. Je ne vais pas m’excuser pour ce que j’ai pu te dire, c’était de la taquinerie, bien entendu. Tu ne m’en veux pas ? Je sens quand même un petit soupçon d’affection à mon égard, je suis content d’être collé ; tu veux retourner dans les cachots, c’est ça ? Profite, plutôt ! »  Bien sûr que si elle était rancunière ! Trop même et elle lui montrerait un de ces quatre si il cherchait mais pas tout de suite. La jeune femme lui en voudrait un autre jour, là il n'y avait pas trop d'intérêt. « Ah ouais, de l'affection, carrément ? Dis-moi, tu ne prendrais pas tes rêves pour la réalité ? Je n'ai pas dis ça. J'ai dis que je ne détestais pas, c'est pas la même chose. » Il ne manquerait plus que ça, de l'affection, n'importe quoi ! « Pfffff, t'es vraiment con comme mec. » C'était gratuit et elle l'assumait totalement.