Il y a seize années, naissaient deux beaux enfants, la première quittait le ventre de sa mère avec déjà quelques cheveux bruns qui trônaient sur sa tête, tout comme le second qui la suivi au bout d'un petit nombre de minutes et ce jour qui aurait pu être de fête, fut tout le contraire. Lorsque le garçon vu le jour, il ôta la vie de sa mère. La femme put admirer sa progéniture que peu de temps avant que son âme rejoigne le ciel, sous les yeux du père dont le coeur se déchirait, bercé par les sanglots de ses deux enfants.
Mais le père n'en voulu pas à son fils, estimant ce décès comme la cause du destin et non de la sienne, il assuma alors son rôle de père et pris soin des deux jumeaux qui grandirent ensemble, complices et aimant l'un envers l'autre. Loki ne pouvait se passer de sa soeur qui lui offrait cette chaleur rassurante, comme ces nuits où il pleurait leur mère, autant que le ciel. Cette présence maternelle ne lui manquait pas seulement, mais l'écrasait aussi sous le poids de la culpabilité, car il ne se privait pas que lui-même, mais aussi sa soeur Naïa.

Le garçon grandit avec cette douleur qu'il appris à cacher au fond de lui-même, sachant mûrir et apprenant le monde qui l'entourait bien plus vite que d'autres, une capacité si forte qu'elle en intriguait le père, au point de lui faire passer des tests qui diagnostiquèrent un QI supérieur à la moyenne et qui le rendit fier. Bien peu orgueilleux, Loki ne s'en ventait pas, mais su en profiter pour mieux connaître le monde des moldus lorsqu'avec sa soeur ils rejoignirent l'une de leurs écoles. Leurs coutumes et leurs modes de vie l'intriguait et ces connaissances leurs permirent d'y passer incognito.

Ainsi, les jumeaux passèrent une enfance paisible autant dans le grand manoir des Rosenberg que dans la forêt voisine, bien que n'aimant pas la chasse c'est par plaisir de voir Naïa heureuse qu'il acceptait d'y retourner, la voir heureuse dans le massacre avait plus d'importance que son propre dégoût à la vue du sang, raison pour laquelle il mettait à mort les animaux uniquement à distance tout en gardant un oeil sur sa soeur en cas de danger. Ils avaient quasiment tout ce qu'ils voulaient, étant quasiment des enfants gâtés, un bon nombre de domestiques leur évitant les corvées, mais la perfection n'existant pas, il fallut que leur paternel prenne le choix de refaire sa vie, sans même leur en faire part.
C'est alors du jour au lendemain qu'une femme, rencontrée de rares fois auparavant, s'installa chez eux accompagnée de sa fille, tels des intrus. Loki et Naïa ne pouvaient les voir autrement, ces moldus n'avaient pas leur place chez les Rosenberg et chercher à remplacer leur mère était tout autant insultant.

A partir de ce jour, le jeune homme dû redoubler d'effort pour contenir la colère de sa jumelle, entre deux disputes avec leur paternel, où le frère et la soeur tentaient chaque fois de le persuader d'éloigner Krystal et sa progéniture loin d'eux, de mettre fin à cette ridicule liaison qui entachait leur nom et les poussaient à la haine envers les moldus, ce qui de toute évidence se terminait toujours par un échec, dans les cris et parfois les larmes.

Forcés à s'y résoudre, ils continuèrent pour autant de ne pas les tolérer, mais pacifiste de nature, Loki se contentait de les ignorer et de rester un minimum courtois quand il n'avait d'autre choix, sans jamais chercher à les connaître. Autant dire qu'aucune des deux n'eu le droit ne serait-ce qu'une fois à l'un de ses sourires. Mais c'est par leur faute que la plaie de son coeur s'était de nouveau ouverte et que l'absence de sa mère recommençait le tourmenter.

Lui qui était toujours en désaccord avec la vision noire que Naïa portait sur le monde, secrètement il en approuvait parfois certaines et ses songes devenaient parfois plus sombre lorsque son inconscient le faisait de nouveau rêver, par manque d'occupation.
Son amour pour la paix et son dégoût pour la violence changeaient au fil du temps, mais suffisamment à petite dose pour que personne ne le remarque, ne s'en rendant pas toujours compte lui même.

Loki est doté d'un grand calme apparent, mais il est alors de plus en plus certain que son si bon fond n'est pas éternel.

Il n'est pas difficile de s'en douter, celle qui compte le plus aux yeux de Loki est Naïa, quoi qu'elle fasse il l'accepterait, où qu'elle aille il la suivrait. Rien ni personne n'est plus précieuse et importante à ses yeux et ces beaux jumeaux sont indissociables. L'un serait prêt à donner sa vie pour l'autre et c'est ensemble qu'ils passent la majorité de leur temps, que ce soit chez eux ou à Poudlard.
Loki ne pourrait vivre sans elle, il tient à Naïa comme à la prunelle de ses yeux, raison pour laquelle il fait toujours tout pour la protéger, ceci n'étant pas toujours une mince affaire, cette dernière étant dotée d'une impulsivité pouvant s'avérer parfois presque suicidaire.
Point noir de cette liaison, est que l'amour qu'ils se portent et si fort que le jeune homme souffre de jalousie face aux relations que sa soeur pourrait avoir avec d'autres.

Pour ce qui est du reste de sa famille, à commencer par le père, Loki n'en a jamais été proche, contrairement à Naïa. Malgré l'affection naturelle d'un fils pour son père, rien n'a jamais fait en sorte qu'ils se rapprochent, passant au bout du compte bien peu de temps ensemble et le côté très réservé du jeune sorcier n'aidait pas. Par la suite, l'arrivée forcée d'une belle-famille les aura définitivement éloignés l'un et l'autre sentimentalement.

Une belle-famille qui aura aussi rendu les jumeaux encore plus soudés et liés contre l'invasion intolérable de cette mère moldu et de sa sang de bourbe de fille, Krystal et Octavia. Pourtant curieux au départ de la manière de vivre des moldus , ces deux intrus lui en firent perdre entièrement l'envie, au prix d'une perte de savoir. Certes, elles n'ont au fond rien de si détestable, au stade de simples amies de la famille, l'entente aurait pu être meilleure, mais c'est de s'inviter chez eux sans leur accord en se prétendant dans le droit de porter le nom de leur honorable famille qui fut inacceptable.

Au départ la colère et ensuite le dégoût.

Un beau matin, Loki attendait non-loin de l'entrée du Manoir Rosenberg et, bien qu'occupé avec son tout petit rat reçu la veille pour son anniversaire, il semblait attendre quelque chose, son regard glissant parfois sur le paysage extérieur.
Avec Naïa, ils venaient d'avoir douze ans et déjà, ils avaient tout ce dont ils avaient besoin comme fourniture pour rejoindre l'école de Poudlard, maintenant il ne restait plus qu'à obtenir la lettre d'admission et il n'était pas difficile de croire que Loki en était le plus impatient, ce qui était compréhensible sachant qu'à cause de leur jour de naissance, ils durent attendre une année supplémentaire.

Cette école représentait le savoir et pour le jeune homme la connaissance était égale au bonheur, il en avait toujours une grande soif et il croyait fermement qu'y être intégré pourrait, si ce n'est le rassasier, au moins le combler durant sept années. De plus, cela l'éloignerait de cette belle famille non-désirée et qui savait souvent faire preuve d'un grand talent pour l'agacer. Avoir, entre-autre, Octavia collée à ses chaussures dans l'espoir d'avoir un peu plus de sympathie de sa part, était pesant.
Par chance, à force d'ignorance et de repoussement verbale elle acceptait parfois de s'en aller d'elle-même, mais certains jours elle était bornée au possible et il fallait alors attendre que Naïa s'amène pour enfin la faire fuir. Ô combien il avait pu bénir sa jumelle les fois où ils devaient en arriver là. Et le nombre de dispute à supporter régulièrement avec tout ce beau monde lui provoquait parfois de sacrées migraines.
C'est donc de toute évidence que Loki avait hâte de s'éloigner de tout cela, en compagnie de sa soeur, bien sûr, ceci n'aurait même pas été discutable.

Il vit enfin un hibou déposer deux lettres, ce qu'il s'était empressé de récupérer tandis que son bébé animal grimpait sur sa tête chevelue. Enfin, oui enfin, il les avait en main, quelle joie... oh oui quelle joie ! Si forte qu'il inspira un grand coup avant de couper son souffle et de courir rejoindre Naïa les yeux écarquillés, telle une furie.

"Naïa ! ça y est on les a reçues, regardes !!"

Voir Loki dans un tel état pouvait être très étonnant, lui qui était toujours si réservé et peu démonstratif de ses émotions semblait à cet instant tout excité et envahi de bonheur, ne pouvant mettre fin au sourire qui affichait toutes ses dents.
Les jumeaux contemplèrent alors ces mots écris à l'encre verte leur annonçant qu'ils pouvaient rejoindre la grande école des sorciers, avant d'en discuter ensemble, se demandant encore une fois quelle maison ils voudraient rejoindre. A ce sujet le jeune homme n'était pas encore certain, toutes étaient prometteuses et malgré les légendes et autres rumeurs dont certaines héritaient il se plaisait à éviter le plus possible de juger avant de pouvoir constater ce qu'il entendait lui-même.

Il était le premier à avoir toutes ses affaires prêtes la veille du départ et il avait passé la quasi-totalité de la nuit à garder les yeux ouverts, tiraillé d'impatience, seul l'épuisement avait su l'assommer pour quelques heures. Le voyage à la manière moldue imposé par le père lui avait paru alors d'autant plus long et insupportable grâce aux chants fort mauvais de Krystal et Octavia, aimant toujours autant gâcher la vie des jumeaux qui s'échangeaient parfois des regards de désespoir mêlés de compassion.
Loki se sentait un peu mieux chez leur tante, il la voyait certes peu et n'en était alors pas vraiment proche, mais elle était une femme calme, patiente et compréhensive. Plus jeune, le fils Rosenberg l'interrogeait souvent sur leur défunte mère, désireux de la connaître à travers les souvenirs qu'elle acceptait de lui confier et pour cela, il éprouvait aujourd'hui pour elle une certaine affection. Cependant, cette nuit là, même l'épuisement n'avait su le pousser dans les bras de Morphée, si rêveur il était. Fantasmant sur sa vie à Poudlard, son avenir. Fixant parfois le ciel à travers la fenêtre en espérant que Norah le regardait et qu'il la rendrait fière au fil de son apprentissage et de ce qu'il saura, il l'espère, accomplir.
Une larme coulait sur sa joue à cette prière, les yeux recouverts d'étoiles.

Le lendemain il était le premier debout, pressant un peu tout le monde pour enfin partir. Une photo de sa mère qu'il volait en toute discrétion. Et suite à une fin de voyage toute aussi pénible que le début, ils rejoignirent enfin la gare, un pas de plus vers le bonheur.
Sans perdre son temps dans les au-revoir dont il n'avait pas grand-chose à faire il rejoignait déjà le train, s'installant dans le premier compartiment vide. Lui qui croyait passer tout le voyage à admirer le paysage qui allait leur être offert, avait au final passé la presque totalité à dormir, tête contre l'épaule de Naïa, tant épuisé par ses nuits d'insomnie. Pas même les échanges avec ceux qui s'étaient installés devant eux n'avaient su mettre fin à son sommeil.

Pourtant, une fois les pieds dans Poudlard à écouter la directrice il semblait tout à fait réveillé, ceci lui ayant un donné un bon coup de fouet. Si sa soeur était rêveuse, il était cette fois tout attentif et impatient de connaître qu'elle serait sa maison et enfin, il était appelé. Un léger coup de coude à sa soeur pour la faire revenir sur terre et il s'en allait rejoindre le Choipeaux:

"Loki Rosenberg."

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