PREMIERS JOURS DE DÉCEMBRE. • Aimie était fatiguée de tout ce qu'il se passait. Déjà un peu plus d'un mois que Poudlard était passé aux mains de Blackman. Un peu plus d'un mois où les cours étaient différents. Plus de Winslow aux sortilèges. Plus de Breckenridge en défense contre les forces du mal. Plus d'Ashley pour rythmer les cours. Plus de Billie, de Sloane à Gryffondor. Tout était trop différent. Elle n'était même pas motivée par ses cours, elle se sentait inutile depuis la bataille de Poudlard. Elle pensait trop à son père. Trop à son incompétence. Elle n'avait envie de voir personne. Elle se renfermait sur elle-même. Elle s'éloignait même de son grand frère.

Elle se fichait de tout. De tout le monde. Bien qu'elle essayait d'aider les nés-moldus du mieux qu'elle pouvait avec le professeur Ziegler. Ce qui était un peu contradictoire. Néanmoins, elle allait en cours et s'enfermait soit à Gryffondor, soit à la bibliothèque, soit dehors loin de tous. C'était son humeur. Même si elle n'avait aucune motivation pour ses cours, elle faisait le strict nécessaire. Elle n'allait pas chercher plus loin, comme elle le faisait d'habitude, elle ne cherchait pas à s'entraîner plus que ça. Bien que Narcissa, lorsqu'elles s'étaient battues, lui avait clairement fait comprendre d'être comme avant, elle n'avait rien fait. Elle ne voulait plus l'écouter. Elle était avec ceux qui avaient et font encore, du mal à son père. Ça la rendait malade de savoir que son ancienne amie, à qui elle avait tout confié, était avec eux. Ça la dégoutait.

Cette après-midi là, Aimie s'était rendue à la bibliothèque. Elle avait envie de parler à Zach et Anthea du changement de comportement de Narcissa. Elle entra dans la bibliothèque, rendant les livres qu'elle avait emprunté. Elle lisait souvent des romans ou des livres sur l'histoire ou la divination pour ses dessins. Elle dessinait souvent ces derniers temps. Par chance, Zach et Anthea étaient là. Ils ne savaient pas qu'elle voulait leur parler. Ça sera très vite chose faite. Aimie s'avança vers eux, tapotant l'épaule de Zach en premier lieu, puis celle d'Anthea un peu plus loin avant de leur faire un signe pour qu'ils la suivent. Elle ne devait pas parler trop fort étant donné qu'ils étaient à la bibliothèque. Elle alla dans un rayon au fond de la bibliothèque, entrant dans le vif du sujet dès qu'ils arrivèrent. « Il faut que je vous demande quelque chose à propos de Narcissa. » dit-elle avec un air un peu ailleurs, les bras croisés. Elle avait l'air totalement à l'ouest. Non, elle n'était pas droguée.

La bibliothèque, c’était probablement le dernier endroit où on pouvait être tranquille depuis que tout avait changé. Le silence y régnait, on ne pouvait y entendre les langues de vipères de certains. C’était bien mieux que la salle commune de Serdaigle en ce moment. Tant pis pour le plateau d’échec, il prendra la poussière. Quoique, peut-être que Narcissa s’y adonnait avec ses nouveaux amis. Je m’en foutais un peu de toute façon. Moins je pensais à elle, mieux c’était. Et c’était pour ça que j’étais là aujourd’hui. Je n’avais même pas la foi de m’avancer dans mes cours, ils me déprimaient plus qu’autre chose en ce moment. Non, j’avais plutôt le nez dans une fiction où il n’y avait pas tous les problèmes du monde réel. Il me manquait juste mes écouteurs pour être tranquille, et surtout ailleurs. Mais bon, déjà que je ne pouvais pas les emmener en temps normal, ils seraient encore moins la bienvenue dans le château en ce moment. Trop moldus pour Blackman. Non pas que leur faire un pied de nez me dérange en soi. Je l’avais déjà fait. Ca m’avait valu de ne plus pouvoir revenir ici pendant un moment, ils n’avaient pas aimé que je chante en pleine bibliothèque. Et encore moins de nuit. Mais bon, la punition avait fini par être levée. Et aussitôt j’étais de retour ici pour passer mon temps libre.

Mais bon, la tranquillité, c’est vraiment quelque chose qui se perd en ce moment. Une main sur mon épaule me tira de ma lecture. Bon, c’était Aimie, ça aurait pu être pire. Je savais pas trop ce qu’elle voulait, mais bon, elle faisait partie des rares personnes de confiance, donc je refermais mon livre, décidant de le laisser là. Je reviendrai quand on aura fini de toute façon, et il y a peu de chance que quelqu’un d’autre prenne ce bouquin. Avant de partir, elle indiqua aussi à Anthea, que je n’avais même pas remarqué tant j’étais plongé dans mon truc, de nous suivre. Je commençais à avoir une petite idée de ce qui allait suivre. Il n’y avait qu’un seul sujet qui pourrait réunir nous trois en particulier. Un sujet avec lequel j’étais passé de la bonne entente à la guerre ouverte en moins de temps qu’on ne pourrait même imaginer. Ca devait sûrement être la même chose pour les deux, maintenant restait à savoir pourquoi cette réunion.

Nous finîmes donc par nous arrêter au fond de la bibliothèque, dans un rayon déserté. Ce n’était que nous trois, personne d’autre à proximité pour entendre et aller cafter comme le faisaient si bien certains. Nous avions tous les bras croisés, montrant qu’on savait pertinemment de quoi nous allions parler, et que c’était un sujet qui fâchait. Aimie ne semblait pas dans son assiette, mais elle annonça sans plus attendre qu’elle voulait nous parler de Narcissa. Evidemment. Anthea répondit en premier avant de s’inquiéter de l’état d’Aimie. Elle avait pas l’air au top de sa forme, ouais, mais si elle était là, c’était bien qu’elle savait qu’elle pouvait tenir. Je lui étais rentré dedans en balai volant il y a un moment, et elle s’en était bien sortie. Il en faudrait plus pour la mettre à terre.

« Je t’écoute. »

Je n’en disais pas plus par courtoisie, mais le ton que j’employais suffisait à finir ma phrase. Une fin de phrase du genre "mais vite, ça me saoule de parler d’elle". Rien de personnel contre Aimie. C’était juste que je préférais l’éviter ces derniers temps.

Aimie savait qu'elle allait leur en demander beaucoup. Ils étaient au courant de ce que Narcissa a fait et faisait. Ils ont dû mal prendre tout ça, comme elle d'ailleurs. Au fond, elle avait déjà peut être les réponses à ses questions. Ils ne devaient pas savoir ce qui était passé par la tête de leur ancienne amie. Aimie ne savait pas, même si elle aimerait savoir, savoir si elle devait définitivement abandonner l'idée d'espérer qu'elle joue un rôle. Elle ne savait pas. Lorsqu'elles s'étaient battues, elle avait été plutôt convaincante, mais Aimie ne reçut aucune punition pour ça. Narcissa ne l'avait pas balancée. Alors Aimie recommençait à se poser des questions. Elle détestait ne pas avoir de réponses, elle était comme ça. Alors, elle avait décidé de rassembler Anthea et Zach, pour peut-être avoir un semblant de réponses. Bien qu'elle avait un sentiment étrange qui lui disait que ce n'était pas gagné.

Alors, ayant pris Anthea et Zach à part au fin fond de la bibliothèque, elle leur déclara qu'elle avait quelque chose à leur demander. Très énigmatique, bravo Aimie. Et aussitôt le prénom de Narcissa était sorti de sa bouche qu'Aimie vit bien que ses deux amis n'avaient clairement pas envie de s'attarder sur la question. Bon, elle allait faire vite pour ne pas leur infliger un trop long ennui ou ne pas raviver leur colère. Anthea s'inquiéta même de l'état d'Aimie. C'était vrai qu'elle ressemblait à un zombie. Juste un peu. Elle appréciait l'inquiétude d'Anthea, mais elle ne voulait pas parler de son état. Elle allait bien. Elle se renfermait juste sur elle-même. Elle avait juste envie d'être loin d'ici. Comme tout le monde. Elle n'était pas au bout du rouleau non plus. Elle avait juste une baisse de régime quoi. Tant de choses étaient arrivées dernièrement, elle avait juste besoin de mettre de l'ordre dans ses idées. Zach la fit sortir de ses pensées. Elle devait être rapide.

Armée de son fidèle sourire, histoire de rassurer Anthea tout de même, elle prit la parole. « Tout va bien, merci de ton inquiétude, Anthea. Je suis juste un peu fatiguée, je dors peu. Ça ira mieux dans quelques jours. J'ai déjà vécu "pire". » Aimie sourit à Zach, pensant évidemment à leur petite mésaventure sur leurs balais respectifs. Mais oui, il y avait encore pire. La bataille, entre autres. Elle fit une très courte pause, le sujet n'était pas son état de santé. Et elle ne devait pas prendre de leur temps sur un sujet qu'ils souhaitaient éviter d'aborder. « Je suppose que je ne suis pas la seule à être surprise de son changement de comportement ? » Aimie enchaîna encore, n'ayant pas utilisé le champ lexical de la trahison la concernant. « On s'est battues. Et elle ne m'a pas dénoncée. » Elle leur demandait ce qu'elle devait en penser, et surtout leur point de vue sur Narcissa. Bien qu'elle avait une petite idée sur la question. Juste une petite.