Nous avions été parmi les premiers à quitter la grande salle. J’avais réussi à offrir un sourire bienveillant à Albus pour le rassurer quant à sa sœur. Malgré mon énervement, je n’allais pas renier qui j’étais, ni laisser tomber Lily. Contrairement à ceux qui ne révélaient leur vraie nature que ce soir. Mais aussitôt avais-je tourné les talons que mon sourire s’était effacé. Je l’avais rassuré, maintenant, je n’avais plus l’envie de sourire. Nous montions donc les marches à un rythme soutenu, nous ne voulions pas être rattrapés par ces traîtres. Même en passant devant l’infirmerie je passais mon chemin, bien que soigner mon bras ne serait pas bien long. J’y passerai plus tard. De toute façon, l’infirmière avait bien assez à faire avec des blessures autrement plus graves que la mienne. Je peux attendre, d’après la nouvelle direction on avait toute la journée de libre de toute façon. Nous avions donc passé notre chemin, monté les derniers escaliers, et répondu avec une certaine véhémence à l’énigme du heurtoir de Serdaigle. Heureusement que l’énigme avait été plutôt simple, je n’avais pas la tête à réfléchir longtemps là-dessus, et je n’aurais pas apprécié de rester enfermé dehors.

La salle commune était en parfait état, comme si elle avait été hors de cette bataille. Enfin, il y avait quelques chaises renversées par le passage des mangemorts, mais pas de signes de guerre magique sur les murs ou le sol. A l’entrée du couloir qui menait à la salle commune, des tapisseries avaient brûlé, je suppose donc qu’il y avait eu une résistance, et qu’une fois les mangemorts passés, la bataille était déjà terminée. Tant mieux, les élèves étant restés ici n’avait pas eu à subir ces visions d’horreur. Je m’approchais d’une table en silence, avant d’écraser mon poing dessus avec rage, comme si cela me permettrait de passer mes nerfs.

« Putain ! »

Je me retournais ensuite pour m’asseoir sur la table et faire face à Lily et Thomas. Je gardais ainsi également un œil sur l’entrée de la salle. D’autres élèves ne tarderaient pas à venir, et ils étaient la bienvenue. Mais si c’était Duke, Narcissa ou d’autres qui ont rejoint le camp de l’ennemi, il valait mieux les voir venir. Parce qu’évidemment, étant donné notre état, ils seront notre sujet de discussion principal. Et ce ne serait pas une discussion des plus cordiales pour eux.

Tout se bousculait dans ma tête, maintenant qu’on était au calme. Les horreurs de la tour. Le forcing qu’on avait fait pour sortir de ce cul-de-sac. La défaite qu’on avait tout de même essuyée. La vue des blessés à l’infirmerie quand on y a déposé Hugo. Le départ des né-moldus. Le discours et ceux qui étaient d’accord avec. Même les dernières actions de Narcissa avant qu’elle ne rejoigne Blackman repassaient dans ma tête. Un sacré méli-mélo, mais une seule question en ressortait.

« Comment ça a pu arriver ? »

J’avais regardé mon poing, toujours serré, posé sur mes genoux en disant ça. C’était une question si vague et qui, pourtant, résumait toute la situation. Elle s’appliquait à tout ce qui nous avait choqué en cette nuit d’Halloween où le "trick or treat" habituel avait été bloqué sur l’option trick. Mais malgré les images de mort, qui me hanteraient certainement longtemps d’ailleurs, ce fut sur autre chose que mon attention se porta particulièrement.

« Comment ces traîtres ont pu se dissimuler parmi nous sans qu’on ne s’en rende compte ? »

Ca n’aurait sûrement rien changé à la situation. Tout ce qui aurait changé, c’est que nous n’aurions pas eu ce sentiment de trahison. J’avais relevé les yeux vers Lily et Thomas. Si cette question portait une certaine incompréhension, elle trahissait également une forme de culpabilité pour ne rien avoir vu. Moi qui me méfie facilement, je n’avais rien vu venir. Rien. D’après les informations qu’on a eues, une cheminée avait été sabotée de l’intérieur pour permettre aux mangemorts de venir. Je ne pouvais m’empêcher de penser qu’on aurait peut-être pu éviter ça, si on les avait repérés avant. Si je les avais repérés avant…

Cette soirée était une épreuve pour Thomas. Il n’arrivait pas à croire que tout ceci puisse être la réalité. Il devait être dans son lit, dans le dortoir, en train de faire un cauchemar. Il ne pouvait en être autrement. Mais la réalité lui avait rapidement fait comprendre que ce n’était pas un rêve, il était bel et bien en train d’écouter ce mangemort de malheur leur dire qu’une nouvelle ère était en marche et qu’ils allaient devoir s’y soumettre. Comment être sur que tout ceci était vrai ? Et bien d’une part parce qu’il s’était explosé le bras en tentant d’aller retrouver l’amour de sa vie et d’autre part parce qu’il s’était pincé et qu’il avait ressenti la douleur. Maintenant, il fallait accepter tout ça. Accepter que l’homme dont il était fou amoureux allait être mis aux cachots pour être le fils de moldus et que du coup, selon ce Blackman de mes deux, et bien il n’avait aucune légitimité pour user de la magie. Quincey devait également accepter de se suivre les consignes de ce nouveau directeur qui allait à l’encontre de tous ses principes. Il ferait semblant s’il le fallait, mais dans l’ombre, il allait faire tout son possible pour ne pas respecter ses règles, pour aider ses amis punis par des hommes qui avaient des principes tellement archaïques et désuets qu’on avait l’impression d’être au Moyen-Age.

Il était remonté en compagnie de Zach et Lily. Il ne pouvait plus rester dans cette grande salle à écouter les débilités que pouvaient proférer certains élèves. Comment être d’accord avec ce que disait ce directeur de pacotille ? Comment pouvait-on lui vouer allégeance et se tenir à ses côtés ? Thomas ne comprenait pas du tout la décision de Duke et Narcissa. C’était tellement aberrant. Il était déçu et tellement en colère contre ses camarades de maisons qu’il en avait encore les points serrés. Il avait réussi à retenir sa meilleure amie pour ne pas qu’elle se retrouve dans une fâcheuse position. Il ne voulait pas perdre une personne de plus ce n’était pas possible.

Quincey était là sans être là. D’ailleurs, il ne remarqua pas le chemin parcouru. Il se rendit compte qu’ils étaient arrivés dans leur salle commune lorsque Zach tapa du point sur la table. La seule chose dont il se souvenait sur tout ce chemin parcouru, c'était avoir passé sa tête vers l'ouverture de l'infirmerie et apercevoir Fursy. Son coeur s'était mis à battre plus fort. Il dormait, enfin il en avait l'air. Il n'eut la force d'aller le voir... Il était en vie et c'était le principal. Dans la salle commune, Zach était tout aussi déstabilisé que lui. Il n’arrivait pas à croire à ce qui venait de se passer. Son putain raisonna encore quelques secondes dans l’esprit de Thomas. C’était le bon mot. Et les questions finirent par arriver.

« - Je n’en sais rien. Peut-être que nous avons été trop confiant quant aux capacités de Poudlard à tenir les mangemorts à l’extérieur. Nous aurions peut-être dû nous méfier un peu plus… »

Effectivement, à force de dire que le château était une forteresse infranchissable, peut-être qu’il y avait eu des défauts de surveillance et que du coup, l’ennemi a réussi à se frayer un chemin plus facilement. Ce chemin avait été une cheminée, trafiquée pour pouvoir laisser entrer les mangemorts.

« - Tu sais Zach je pense qu’il y avait des taupes au sein du château, il ne peut en être autrement… Regarde, y a bien Duke et Narcissa qui viennent de rejoindre les troupes de ce connard de directeur… C’est peut-être grâce à des élèves qu’ils ont réussi à entrer…

Thomas formulait des hypothèses mais après tout, ses hypothèses pouvaient très bien se tenir…

L’ambiance de la salle commune tranchait avec les habitudes de la maison. On était plus studieux et on faisait moins la fête que d’autres maisons comme Gryffondor, mais l’ambiance habituelle était tout de même chaleureuse. Ce matin, elle était sombre et un peu tendue. Les conséquences de la bataille de la nuit. Certains montaient se coucher, fatigués par la bataille et, peut-être, dans l’espoir de se réveiller en se rendant compte que tout cela n’était pas arrivé. Ces derniers n’avaient pas dû subir les attaques de plein fouet. La douleur dans mon bras avait été bien réelle, impossible que je ne puisse même qu’imaginer que ce ne soit qu’un cauchemar. Et pourtant, j’aurais préféré que c’en soit un... Ma rage face à cette situation s’était un peu dissipée dans cette pauvre table qui n’avait rien demandé. Elle restait présente, mais débordait un peu moins. Il valait mieux ça que de vouloir tout casser, c’était déjà un bon point. Ne restaient plus que le reste de mes sentiments. L’incompréhension, le dégoût, la culpabilité… Mon regard s’était posé sur mes camarades, comme pour y chercher un peu de réconfort, bien que je savais qu’ils ressentaient la même chose. Après tout, ils faisaient partie des gens en qui je pouvais encore avoir confiance.

Le premier à répondre comme il le pouvait face à cette incompréhension fut Thomas. Trop confiants hein ? Certainement. On était trop confortés dans la sûreté illusoire du château. Un sentiment renforcé par le départ soudain des aurors, qui semblaient se dire que nous étions enfin à l’abri. Ahah, la bonne blague. Pas très prévoyant, le ministère. Sauf s’il y avait aussi des traîtres là-bas ? Ah, les théories du complot pouvaient fuser à loisir. Il continua en mentionnant la présence de taupes dans le château. L’évidence. Le nom de Narcissa résonna étrangement dans ma tête, mais j’ignorais cette réaction. Le fait que des élèves avaient aidé les mangemorts à rentrer était une possibilité, mais à prendre avec des pincettes. Ce n’était pas une mince affaire que de saboter une cheminée. Mais avant que je ne puisse formuler mes doutes à l’égard de cette théorie, chose certainement peu pertinente, mais qui permettait de penser un peu à autre chose, Lily réagit à son tour. De nous tous, elle semblait la plus touchée, ayant déjà eu du mal à se contenir dans la grande salle. Le ton de sa voix était à l’exact opposé des habitudes. Elle qui était toujours pleine de vie, elle affichait une mine bien sombre et une voix presque éteinte. Ca faisait d’autant plus mal de la voir ainsi. Elle aussi lançait des accusations, qui ne l’aurait pas fait, mais envers la professeure de divination qui ne l’avait pas vu venir. De tous ceux qui auraient pu le remarquer, elle aurait dû être la première à avoir, au moins, des doutes.

« Ouais, et de ce qu’on a vu en bas, la plupart des traîtres sont avec nous. On a intérêt de faire attention à ce qu’on dit et à qui nous entend. »

De nouveau, je lançais un regard vers l’entrée de la salle commune. Il n’y avait toujours pas de signes desdits traîtres. On avait encore un peu de temps pour parler tranquillement. Et c’est ce que je fis.

« Ouais, il doit y avoir des taupes un peu partout. Je ne pense pas que ce soit grâce aux élèves qu’ils soient entrés. Apparemment ils sont venus par une cheminée, je doute qu’on apprenne comment saboter une cheminée à Poudlard… »

Ou bien ils avaient prévu ça depuis longtemps et s’étaient formés pendant l’été. Mais dans ce cas, le ministère l’aurait su, avec la Marque. Et saboter des cheminées, ça relevait d’un délit d’autant plus important. Enfin, bon, vu comme ils nous avaient lâché…

« Par contre ils ont dû les prévenir que les aurors étaient partis. Quelle idée de partir tous d’un coup, on avait encore plus l’impression d’être à l’abri… »

Voilà que moi aussi je lançais des accusations à tort et à travers. Ca permettait de lever un peu le poids de la culpabilité. Il restait présent, mais trouver d’autres fautifs permettait de diviser le fardeau.

« Mais on aurait tous pu le voir. Duke, il n’était pas si discret que ça quand on y pense. Il mettait toujours ça sur le compte de l’humour, et j’étais assez bête pour y croire… Et Narcissa qui traînait un peu avec lui, forcément c’était lié… »

Les deux plus grosses surprises étaient ceux avec qui j’échangeais le plus. C’était ironique. J’avais beau ne pas suivre la divination, ça aurait dû suffire.

Thomas faisait face à Zach et Lily, ils étaient tous les trois dans l’incompréhension totale. Ils n’avaient pas vraiment vu venir cette attaque comme tout le monde à vrai dire. Mais en plus, en ce qui concernait le jeune Quincey, il ne s’était pas non plus attendu à ce que des membres de sa maison fassent partie des traitres. Entendre Duke dire qu’il louait allégeance à Blackman avait été le premier coup de canon et le deuxième fut asséné par Narcissa. Comment tout ça pouvait-il être possible ? C’était tout simplement un cauchemar et ils allaient tous se réveiller dans quelques minutes. Pourtant, au fur du temps qui passait, le jeune homme commençait à se rendre compte que tout ceci était bien réel et qu’ils allaient devoir composer avec ce quotidien bien trop en décalage avec ce qu’ils étaient. Il écouta tour à tour sa meilleure amie, Lily puis Zach. Il était vraiment sonné et ne savait trop quoi dire face aux remarques de ses deux compères. Ils avaient raison l’un comme l’autre. Il se passa le visage entre ses mains tout en soupirant. Ses pensées furent pour son petit-ami Fursy. Qu’allait-il bien pouvoir faire pour pouvoir lui parler un minimum ? Il ne réfléchissait qu’à ça.

« - Si on nous avait dit qu’un jour nous serions une maison où les traitres étaient en majorité, je ne l’aurais pas cru… Comment on va faire pour trouver une solution à tout ça alors que les murs ont des oreilles ici ! »

Il fallait trouver un moyen de pouvoir se réunir, certainement avec d’autres élèves pour pouvoir parler d’un plan, de quelque chose capable de faire en sorte de virer cet enfoiré de Blackman. Il y avait la solution de la salle sur demande. Mais Thomas était persuadé que ce n’était pas la meilleure des chances possibles pour eux. Les mangemorts avaient très certainement eu vent de cette salle et par conséquent, ils feront tout pour la trouver et bloquer le passage. Bref, il fallait un endroit plus singulier mais dans lequel personne ne se douterait qu’une rébellion est en marche. Enfin, pour l’instant, aucune idée de rébellion n’avait fait surface. Mais pour Quincey, pas de doute, il faut se rebeller.

« On en sait rien Zach, un élève de septième année ou autre aurait pu être rencardé par les ennemis pour saboter cette cheminée. Enfin, maintenant on ne peut plus revenir en arrière de toute façon. »

Il soupira à nouveau, totalement désemparé. Le poids qu’il ressentait sur ses épaules était toujours là. Il culpabilisait de n’avoir rien fait. Sa tentative avait été avortée rapidement et il s’en voulait. Non pas parce qu’il pensait qu’il était la solution à tout ça. Mais surtout parce qu’il aurait au moins la satisfaction de se dire qu’il avait pu faire quelque chose… Zach tentait de trouver un coupable, de se dire que tout ceci n’était pas entièrement de leur faute. C’est vrai que le fait que les aurors soient partis tous en même temps n’avait très certainement pas aidé. Mais qui dit que s’ils avaient été là, la situation serait tout autre ? Ils n’en savaient rien.

« - On est sur de rien Zach… Et puis malheureusement, ça ne sert à rien de chercher des coupables. »

Il continua en exprimant une certaine logique pour les traitres faisant partie de leur maison. C’est vrai que Duke avait toujours eu des remarques étranges sur les nés-moldus. D’ailleurs, même si c’était toujours dit sur le ton de la plaisanterie, Thomas avait toujours été mal à l’aise face à ça. Le plus difficile à croire pour le jeune homme, c’était Narcissa. Elle était tout de même la fille d’un professeur de cette école et en plus, elle n’avait jamais vraiment eu un comportement étrange.

« - Ce qui est fait est fait… Maintenant à nous de voir si on se laisse faire et on courbe le dos face à tout ça… Ou si on décide de tenter quelque chose…

Oui, qui l’aurait cru. Une maison qui prônait l’ouverture d’esprit hein ? Comme quoi, les qualités que l’on énonce dans la description des maisons n’étaient pas pour autant obligatoires. Thomas pensait déjà à la suite, voulant trouver une solution à la situation. Y en avait-il seulement une ? On avait déjà perdu une bataille, et de façon bien trop écrasante pour que l’on ait une chance de contre-attaquer si vite. Si on pouvait faire quelque chose, ce n’était de toute façon qu’avec l’aide des professeurs, et sur le long terme. Malgré tout, il marquait un point.

« Faudra qu’on trouve un endroit où on pourra parler librement, tout simplement. Le château est bien assez grand pour que l’on arrive à ne pas les croiser si souvent que ça. »

Tant qu’on n’était pas dans la salle commune. Moi qui aimais tant y passer du temps avec le reste des serdaigles, je sentais que ce serait un lieu fui désormais. Je jetais un œil rapide vers le jeu d’échec posé sur une table avec une pointe de nostalgie. C’était fini ce temps. On ne s’était pas départagés avec Narcissa finalement, et on ne le ferait sûrement pas. J’adorais jouer, mais avec des gens que j’appréciais. Ce qui n’était plus son cas. Avec un court soupir je me retournais vers Thomas, Lily et Anthea tandis que le premier continuait avec sa théorie sur la cheminée. Il avait beau insister, ça restait peu probable dans mon esprit. De toute façon, comme il le disait, ce qui était fait, était fait. Même si ça pouvait nous faire du bien de chercher à qui la faute, ou même comment tout s’était fait, ça ne pouvait que nous alléger un fardeau sans pour autant le supprimer. Cela étant, peut-être était-ce de ça dont j’avais besoin…

Thomas finit par poser deux options, courber le dos et accepter notre sort, ou tenter quelque chose. Si quelque chose me poussait à avoir un choix très rapide, je gardais une forme de pragmatisme. C’était une peinture trop binaire. On pouvait ne rien tenter, puisqu’honnêtement, nous n’avions aucun pouvoir, sans pour autant jouer aux agneaux dociles. Mais avant que je puisse faire mention de cet avis, Anthea prit finalement la parole, après un silence qui avait duré tout le temps de la discussion. Malgré la situation, elle gardait son caractère qui avait sûrement joué beaucoup dans son amitié avec Narcissa. Et pourtant, l’impact de la trahison de cette dernière se ressentait très bien dans le ton de sa voix. Après sa critique, elle finit par poser une question intéressante elle aussi, la question de la confiance. Avec tout ça, il était aisé de devenir paranoïaque. Mais le simple débordement de ses émotions, qui était si rare et faisait donc mal au cœur, prouvait qu’elle faisait partie de ceux qui ne changeraient pas de bord aussi facilement.

« Il y a nous. Je pense qu’on peut difficilement penser que l’on a quelque chose à voir avec ces traîtres. Il y en aura certainement d’autres aussi dans Serdaigle, la maison ne peut pas être intégralement corrompue. Cela étant, si on veut faire quelque chose… »

Un bruit. Un bruit bien connu des serdaigles qui ont passé quelques temps dans la salle commune me coupa dans mon élan. C’était le bruit que faisait le heurtoir magique quand quelqu’un répondait à sa question et déverrouillait la porte. Pour être sûr que les autres ne continuent pas une discussion que l’on pourrait regrette, je levais un doigt devant la bouche pour leur signifier de ne rien dire. On ne savait jamais. Et effectivement, ceux qui entraient désormais dans la salle commune comme des princes n’étaient pas vraiment la bienvenue dans notre débat…

Pour les gens gentils :

Thomas était vraiment en colère mais également abattu par cette soirée. Il aurait aimé une chose, qu’on vienne le pincer pour qu’il se réveille et qu’il se rende compte que tout ceci était un cauchemar. Malheureusement, même si on était venu le pincer et bien il aurait juste ressenti la douleur et par conséquent, il aurait su que tout ceci était réel et qu’il ne rêvait pas. Toutes les personnes présentes dans la salle commune des bleus étaient abattues. L’incompréhension était de mise mais surtout plus que jamais, l’envie de se rebeller et de renverser ce régime de dictature qui ne leur correspondait pas. C’était d’ailleurs Quincey qui avait évoqué l’idée de trouver un plan pour pouvoir ne serait-ce qu’aider ceux qui venaient d’être enfermés dans les cachots. Il ne supportait pas l’idée de savoir ses amis enfermés dans cet endroit insalubre et encore moins de savoir Fursy là-dedans. Anthéa était d’accord avec lui, il n’y avait pas à réfléchir à pourquoi ils en étaient arrivés là mais plutôt de commencer à passer à l’offensive. Bien entendu, il ne fallait pas foncer dans le tas trop rapidement. Il fallait préparer une stratégie d’attaque qui tiendrait la route et qui leur permettrait sûrement d’avoir des résultats. Mais une question était de mise et elle avait mis le doigt dessus. En qui pouvaient-ils tous avoir confiance ? C’était bien compliqué maintenant de savoir qui avait les mains propres. Depuis le retournement de veste de deux personnes de leur maison, il était compliqué de rester confiant et de ne pas se méfier. La seule personne dont il avait pleinement confiance, c’était Lily sa meilleure amie. Pour le reste, il ne les connaissait pas assez. Zach était leur préfet, il devait donc pouvoir être un mec de confiance. En ce qui concernait Anthéa, elle avait l’air de confiance aussi, surtout depuis son discours. Mais peut-être jouait elle la comédie pour s’infiltrer et même à mal leur entreprise de rébellion ?

Thomas allait reprendre la parole pour appuyer les paroles de cette dernière mais il n’en eut pas le temps. C’était à cet instant précis que Narcissa et Tracy, les deux traitresses décidèrent de faire irruption dans la salle commune. Le jeune homme avait senti ses doigts se resserrer, il avait à présent les poings bien serrés. Il se retenait de ne pas se lever pour leur en coller une. Parfois, les plus bas instincts peuvent se réveiller et vous faire agir comme un véritable humain. Après tout, pourquoi user de ses poings quand on a la magie ? Il n’en savait rien. Il avait tout de même réussi à se retenir. Il avait la mâchoire serrée. Elles faisaient toutes les deux de la provocation. Que leur répondre ? Elles savaient très bien qu’elles n’étaient pas la bienvenue. Quincey hésitait entre leur cracher à la figure ou partir et s’isoler dans son dortoir. Finalement, il avait choisit une tout autre option.

« - Oh quelle bonne déduction ! Comme si on allait vous accueillir avec de grands sourires et des accolades ! Bande de sales traitresses ! C’est vous qui devriez être dans ces cachots ! »

Malgré sa colère, le jeune sorcier avait sorti ces phrases avec un certain calme. Bon, il les avait tout de même fusillées du regard. Il tenta de rester encore calme. Regardant Shad apparaître complètement abattu lui aussi. Il préféra se détourner de ces deux poufiasses pour aller le voir. Il ne prêta même pas attention à Naïa qui tenta de faire de l’humour nous.

« - Ca va ? Si tu as besoin de parler je suis là… »

Thomas n’aimait pas le voir comme ça. Il ne le connaissait pas vraiment, mais le voir comme ça le touchait.

Ben oui, il fallait bien qu’ils finissent par arriver. Même si je suis sûr qu’ils auraient voulu passer du temps avec leur nouvelle idole, il fallait bien qu’ils remontent dans leur dortoir à un moment ou un autre. Mais ça aurait quand même été mieux que ce moment soit le plus tardif possible. M’enfin, contrairement à l’attaque qu’on avait subi cette nuit, on était prêt à les voir débarquer. C’était déjà ça de pris. La conversation que nous avions avait laissé place au silence, et les regards s’étaient tournés vers les nouveaux arrivants. Même si je l’avais voulu, et dieu sait que je ne le voulais pas, mon regard ne montrait que dégoût et dédain. Certains s’en douteraient peut-être, d’autres seraient étonnés, mais avec leur choix, cette réaction était naturelle. Il y avait quelques trucs dans la vie que j’avais du mal à supporter, et Blackman et ses idéaux n’avaient pas eu de mal à prendre la tête du podium de ces choses. On pensait s’en être débarrassé après le retour de McGonagall, mais il semblerait qu’on aurait dû lui faire la même chose qu’il lui a fait… Ouais, ce matin mes pensées avaient tendance à aller beaucoup plus loin qu’elles ne devraient.

Evidemment, les connaissant, elles ne pourraient pas s’empêcher de l’ouvrir pour placer quelques remarques sur l’accueil qu’on leur offrait. La première à se lancer fut Narcissa, bien évidemment en direction d’Anthea et moi. On aurait pu faire comme si vous étiez pas là ouais, si vous aviez simplement passé votre chemin sans vous arrêter. Mais bon, maintenant je suppose qu’il va falloir régler nos comptes, au moins partiellement. Mon sang commençait à bouillir, mais je m’abstenais de lui répondre pour l’instant. A sa suite, Tracy lui annonça qu’elles étaient pas la bienvenue. Nan, t’as trouvé ça toute seule ? Il fallait un peu s’en douter que vous alliez perdre en popularité avec cette histoire. Pour en gagner auprès du camp adverse, certes, mais c’était pas avec eux qu’elles passeraient leurs soirées. Et finalement, sans grande surprise, ni même petite, Naïa se lança dans un humour ironique des plus déplacés. C’était tellement son genre, pour avoir essayé de m’en mêler j’avais pu évaluer l’étendue de sa tare. Je continuais d’appeler ça ainsi, mais je n’avais plus de compassion pour elle depuis longtemps. Et ce matin, si j’en avais encore, elle avait disparu sans demander son reste.

Et forcément, cette offensive porta ses fruits, c’était à notre tour de sortir un peu de nos gonds. Thomas débuta, en rappelant le pourquoi de cet accueil si froid. Et avec une pique sur ceux qu’il faudrait enfermer. Pas faux. Les détraqués et terroristes, c’était en prison qu’ils devaient aller, pas leurs victimes. Et question de bien leur montrer que l’on ne les considérait plus, il se détourna vers Shad pour le rassurer – en ignorant au passage totalement Naïa. A moi de reprendre le flambeau alors.

« Oh mais moi je ne veux que ça, que vous ne soyez pas là, Cissy. Mais bon, y a fallu que tu te poses comme ça devant moi, donc forcément… Si tu pouvais dégager, ça m’arrangerait. »

Un peu plus calme que Thomas, mais la hargne était bien présente dans le ton de ma voix. J’essayais de me contenir pour ne pas leur offrir ce qu’elles semblaient vouloir, à savoir notre énervement, mais je ne tiendrais probablement pas très longtemps comme ça. Je me penchais ensuite sur le côté pour ignorer Narcissa et observer Naïa.

« Il va peut-être falloir te trouver un vrai humour, là ça va pas faire rire grand monde. Ou si ce n’était censé être apprécié que par tes potes, bah tu peux faire ça ailleurs aussi. »

Heureusement que Thomas était intervenu avant, j’aurais sûrement explosé sur le coup avec ce manque de respect total vis-à-vis de nos camarades qui avaient eu moins de chance que nous. Je n’avais pas encore de noms précis sur ceux qui étaient tombé, elle avait de la chance. Si j’avais su qu’il y avait parmi les victimes des amis proches, là, je n’aurais pas pu me retenir du tout…