Les Snargaloufs

Les Septième année

Lundi matin, huit heure. C'était dur. Même pour la prof. Gabrielle n'avait jamais vraiment été du matin et qu'elle enseigne ou non n'y changeait rien. Pour autant, lorsque le réveil sonna à une heure indécente, elle avait réussit à puiser en elle la motivation nécessaire pour se préparer. Sécher son propre cours n'était pas vraiment professionnel. Même pour elle. Surtout le jour de la rentrée. Et puis elle commençait l'année en beauté, avec les septièmes années. Les plus doués. Les plus motivés. Et ceux à qui l'on peut dispenser les cours les plus intéressants. Du moins, elle l'espérait. On n'était jamais à l'abris d'une catastrophe. Et puis si Poudlard restait une bonne école, en la matière, elle était incomparable à celle de Castelobruxo où la botanique régnait en maître. Le paradis des plantes, et surtout de ceux qui les étudient. Enfin bref. Elle était ici maintenant, et il fallait bien qu'elle justifie sa paie un minimum. Et puis c'était toujours mieux que d'atterrir à BeauxBâtons.

Tôt, donc, Gabrielle se rendit dans la serre numéro une ou se déroulerait le début de son cours. Si elle comptait rentrer dans le vif du sujet en privilégiant la pratique à la théorie -qui était nettement plus soporifique, surtout pour un lundi matin, elle ne pouvait tout de même pas les emmener non loin de la serre numéro trois. Elle y avait déposé quelque petites choses, disons, plus volumineuses. Autant laisser un peu de suspens réveiller leur cerveau. Et le sien, par la même occasion. La première serre était exclusivement réservée aux premières années et, bien souvent, à la théorie. Il n'y avait donc pas grand chose d'intéressant aux alentours. Gabrielle s'installa sur une table, au fond de la pièce, et entama son café brûlant. Elle observait les lieux vides de vie. Les serres sont des endroits relativement paisibles, et elle aimait cette odeur de terre amer qui s'élevaient des plantes posées ci et là. Bien entendu, dans quelques instants, ce serait beaucoup moins tranquille. Elle était un peu anxieuse, il fallait l'avouer. Elle ne savait pas vraiment comment était enseignée la matière ici, n'y ayant jamais mis les pieds avant. Enseigner dans l'école où nous avons fait notre scolarité doit certainement donner un avantage. Une connaissance minimale des us et des coutumes. Les siennes étaient de rigueur en Amérique du Sud, mais peut-être pas ici. Elle avait un peu l'impression de se lancer en terre inconnue, scrutant les silhouettes qui s'approchaient lentement comme autant de nouvelles créatures à rencontrer. Elle inspira longuement, buvant à nouveau un peu de café chaud. Bon. Il ne fallait pas pousser non plus, on n'était pas en pleine jungle. Septième année ou pas, Poudlard ou pas, une école restait une école. Et la botanique restait la botanique. En tout cas, c'est comme ça qu'elle comptait se rassurer. Et puis s'ils la faisaient trop chier, elle pourrait toujours laisser une plante carnivore géante les bouffer en feignant l'accident. Mauvais plan, certes, mais plan quand même.

Des bruits de pas la tirèrent de sa rêverie. Enfin si imaginer des élèves déchiquetés par une plante relevait bien du rêve. Quelques têtes, peu nombreuses, apparurent à la porte de la serre. Voilà, c'était le moment. Sans bouger d'ou elle se trouvait, elle leur sourit et leur fit un petit signe de la main. Entrez ! Entrez et approchez. Encore une fois, elle ne savait rien des usages de cette école, ni de ceux de l'ancien professeur. Mais elle enseignerait de la seule façon qu'elle connaissait, loin de la sévérité de certains de ses collègues. Ce côté rigide et distant n'était pas dans sa nature. Elle n'avait jamais vraiment réussi à mettre une barrière entre ses élèves et elle. Son attitude parfois un peu trop familière lui avait déjà été reprochée. Mais ça fonctionnait bien, la plupart du temps. Et puis la froideur de certains donnait une atmosphère qu'elle jugeait bien trop austère pour son cours. D'ailleurs, si elle tentait de se donner des grands airs, ça sonnerait sûrement faux, d'autant qu'elle n'avait pas besoin de ça pour qu'un minimum de discipline règne dans ses cours. Après tout, s'ils n'écoutaient pas, ils risquaient de se blesser. Et si c'était un problème pour elle, c'en était un bien plus gros pour eux. Enfin. Le mieux était encore qu'elle reste elle-même.

Une fois que les nouvelles têtes s'étaient toutes plus ou moins approchées, elle put lancer les hostilités. Bien. J'espère que vous avez tous bien profité de vos vacances. Je suis le professeur Gabrielle De Montfort, et comme vous vous en doutez, c'est bien la botanique que nous étudierons ensemble.Toujours assise sur ce qui faisait office de table, elle leur adressa un sourire aimable. Je vous fais grâce d'un discours sur l'importance de cette année et de vos examens. J'imagine que vous en connaissez tous les enjeux et, de toute façon, mes collègues se chargeront bien mieux que moi de vous faire un sermon. Installez vous, mais ne prenez pas vos aises, nous n'allons pas rester ici bien longtemps. J'ai prévu des choses plus intéressantes pour vous que de simples bavardages. Alors j'espère que vous êtes suffisamment réveillés ! Ce qui valait aussi pour elle-même, puisqu'en cas d'incident, elle devrait réagir rapidement. Elle les scruta quelques secondes avant de poursuivre. Quelqu'un a-t-il déjà entendu parler des Snargaloufs ? Commençons par le commencement. Gabrielle sirota son café en les fixant, attendant que l'un d'eux -voire même tous, soyons fous- montre un quelconque intérêt à sa question.

Les Snargaloufs

Les Septième année

Gabrielle parcourut les différents visages des yeux. L'avantage des élèves de septième année était qu'ils étaient peu nombreux. Alors contrairement aux autres qui suivraient, elle connaissait plus ou moins leur nom. Elle s'arrêta un instant sur l'un des premiers arrivés. Il avait l'air concentré, mais si Gabrielle attendait une réponse à sa question, elle ne viendrait certainement pas de lui car ses réflexions semblaient visiblement sans rapport avec le cours. Heureusement, une voix finit par s'élever, lui permettant d'oublier le mal aise provoqué par ces yeux qui étaient en train de la scruter.

Tout en terminant son café, elle écouta avec attention la réponse du jeune homme. Albus Potter. Son nom ne lui était pas inconnu, mais elle ignorait tout de ses compétences en botanique. Elle lui sourit, satisfaite, avant de se relever de la table où elle était assise. Exactement, Monsieur Potter. Il ne faut pas se fier à son aspect rachitique et desséché. Cette plante est très vigoureuse, surtout quand il s'agit de protéger son bien. Et comme vous l'avez suggéré, même une fois passé la barrière de ses tentacules épineuses, une nouvelle épreuve vous attend. Celle de ses dents. C'est pourquoi, aujourd'hui, vous aurez besoin de ceci, lança-t-elle en désignant des pairs de gants en peau de dragon. Mais ce n'est pas tout. Je ne connais pas encore votre niveau et bien que vous soyez arrivés jusqu'en septième année, je préfère couvrir mes arrières. Parce que si les leurs se faisaient bouffer, ce serait aussi à elle de rendre des comptes. Votre objectif, aujourd'hui, sera de récupérer les graines de Snargalouf. Les botanistes utilisent un sort appelé Somnoherba que nous allons apprendre dans quelques minutes. Il permet de calmer une plante très vivace là où les tranquillisants classiques échouent. Si votre sort est correctement réussi, il aura pour effet de ralentir ses mouvements, voire même de les stopper complètement. Et croyez moi, quand un Snargalouf vous envoie une tentacule en plein visage, cela peut se révéler des plus utiles. Elle en avait fait l'expérience une fois. C'avait été très douloureux. Gabrielle se dirigea vers la porte de la serre, leur indiquant d'un geste qu'ils pouvaient faire de même. Elle avait disposé non loin de là plusieurs souches de Snargaloufs qui attendaient patiemment un adversaire à affronter. Et alors que certains étaient déjà dehors, Gabrielle barra la route à l'un de ses élèves. Bosman. Elle afficha un sourire légèrement plus sarcastique, se tenant devant lui, avant de murmurer : Le comble pour un botaniste est de ne pas savoir de servir de ses mains. Montrez-moi que vous n'êtes pas arrivé ici par hasard et utilisez donc quelques uns de vos doigts pour ramasser ce mégots que vous avez jeté devant ma porte ! Oui, sa porte. Surtout qu'en plus de la nature, c'était aussi son herbe à elle qu'il venait de polluer.

Loin d'en vouloir à cet élève pour ce que nous appellerons une erreur de parcours, Gabrielle prit la tête du groupe pour les mener à l'arrière de la serre où attendaient ces fameuses souches d'arbre. Bien. Je vous demanderai à tous de respecter une certaine distance de sécurité tant que vous n'êtes pas certain que votre sort a fonctionné. Et quoiqu'il arrive, restez sur vos gardes, car il est possible qu'elle essaye de vous feinter. Elle marqua une pause, fixant tour à tour leur jeune visage. Et s'il vous plaît, ne jouez pas aux cons. Si vous pensez pouvoir atteindre la cavité d'un Snargalouf sans le moindre sort, vous risquez de vous blesser gravement. Elle préférait être claire sur ce point. Elle n'avait guère envie de transporter l'un d'eux à l'infirmerie avec des trous dans tout le corps. Elle se déplaça finalement fasse à l'une des souches d'arbre, pointant sa baguette dans sa direction. Le mouvement n'est pas compliqué. Ce qu'il faut, en revanche, c'est bien viser le centre de la plante pour donner le maximum de puissance à votre sort. Il suffit ensuite de dessiner trois cercles dans le sens contraire des aiguilles d'une montre avant d'abattre votre poignet d'un coup sec. Histoire que tous comprennent bien, elle en fit la démonstration, énonçant clairement un Somnoherba qui eut pour effet de faire cesser tout mouvement à la plante. La plupart du temps, elle continuait de remuer légèrement. Seuls ceux ayant une grande maitrise de ce sort pouvaient la pétrifier totalement. Approchez vous, lança-t-elle en se dirigeant vers la plante. Une fois votre sort lancé correctement, il faudra vous munir de vos gants pour réussir à récupérer les graines. Elle désigna d'un geste les dents en mouvement du Snargalouf. Comme vous le voyez, le sort n'atteint que ses extrémités et ne stoppe donc pas le mouvement de ses dents, alors soyez prudents. Elle laissa un silence s'interposer entre eux tout en les fixant, sourire aux lèvres. C'est à vous ! Elle avait hâte de voir comment ils allaient s'en sortir. Elle s'éloigna ainsi de quelques pas, de façon à se retrouver derrières eux. D'ici, elle pourrait aisément les observer travailler et, si besoin, intervenir pour les empêcher de se faire trouer...

...Ou pas.

Spoiler:

Les Snargaloufs

Les Septième année

Le cours se présentait plutôt bien et les élèves étaient attentifs. Elle les mettait désormais devant le fait accompli et ils n'avaient plus qu'à montrer de quoi ils étaient capables. Prudente, elle ne s'éloigna quand même pas trop. Son regard s'attarda sur Albus qui semblait jauger le snargalouf. L'étudier était une chose, s'y confronter en était une autre et il ne valait mieux pas se jeter dans la bataille trop vite. Bon point pour lui, donc. Elle fit quelques pas en direction d'un deuxième élève, celui-là même qui cru bon de polluer sa serre de son mégot. Heureusement pour lui, il s'était rapidement exécuté lorsqu'elle lui avait demandé de déblayer son herbe de ce cadavre de cigarette. Bref, celui là semblait bien plus ambitieux et lança le sort sans perdre de temps. Elle l'observa en silence. Joli mouvement de poignet et belle conviction pour un première essai, sa cible semblait touchée mais tout restait à faire. De son côté, Albus se préparait toujours.

Tout aurait pu très bien se passer. Poudlard est une bonne école et les septième année se débrouillent en principe plutôt bien avec les matières qu'ils ont choisi. Mais encore une fois, Gabrielle préférait se méfier. Elle avait été habituée à l'excellence dans une école ou la botanique régnait en maître. Or, ici, ce n'était qu'une matière parmi tant d'autres. Pas de quoi permettre aux élèves de réussir avec brio, en sommes. Et finalement, ce léger doute qui subsistait quant à la capacité des septième année à réussir leur sort sans problème lui avait surement évité des ennuis. La première erreur de l'année, et pendant le premier cours de l'année d'ailleurs, avait été commise par Lawrence Bosman. Un élève audacieux, visiblement, mais pas très regardant sur les consignes de sécurités. C'est sans doute pour quoi il n'avait pas pris la peine de vérifier que sa cible avait été touchée au cœur et qu'elle ne bougerait plus. Ce n'était pas faute de les avoir prévenu. Une légère déception compléta son inquiétude lorsqu'elle vit son élève se prendre une tentacule en pleine tête. Snargalouf : un, élève : zéro. Sans perdre plus de temps, Gabrielle brandit sa baguette et lança un « somnoherba » qui figea la plante pour de bon. Elle ne serait plus un problème, désormais. En revanche, tout restait à faire pour le gryffondor. Le cours est terminé ! Retournez-tous au château ! Une seule option possible, désormais : l'infirmerie.

Elle avait espéré mieux, pour un premier cours.