My room is just an organized
mess

Lundi matin, je profitais habituellement de mon emploi du temps peu chargé pour faire une simple grasse matinée. Petit bémol, les gars dans le dortoir qui avaient pris les cours de Botanique se levaient aux aurores, me réveillant par la même occasion. Du coup, j'étais quand même en mouvement, en profitant pour aller prendre le petit dej' avec les autres, à les voir abattu par la fatigue qui était surtout une démonstration de flemme de leur part d'aller en cours. J'avais une matinée relativement sympa : je ne commençais les cours qu'à 13h, me laissant tout le temps pour me préparer mentalement à la semaine qui suivait. Quoique je n'étais pas à plaindre, niveau cours, j'avais quasiment rien. Je devais juste me coltiner d'énormes bloc de 2 ou 3h par matière. Les profs n'étaient pas non plus un problème : je m'adaptais. Mais les revendications de Burgess, elle pouvait se les mettre là où je pensais. Les Potions, ça semblait intéressant comme cours, mais avoir une véritable vipère comme enseignante n'était pas la meilleure chose non plus. "Heureusement", je n'avais que 5h de Potions par semaine, ce qui m'aidait à relativiser. Un peu. Une fois mon petit dej avalé, je fis le chemin en sens inverse, direction la salle commune des Rouge et Or.

Fermant la porte derrière moi en entrant dans le dortoir, je du me rendre à l'évidence : j'étais totalement éveillé. L'effort des marches à descendre puis à remonter avait éradiqué mon sommeil, et je me retrouvais dans une salle qui n'attendais que des étudiants ravagés par la fatigue. Je soupirais, fermant à moitié les yeux. Je n'avais rien prévu du coup, si ce n'est dormir, mais la vision de mon lit était carrément repoussante. Me dirigeant presque mécaniquement vers mon matelas, je saisissait la couette. Au moins mon lit était refait, et c'était une chose de moins à faire. M'asseyant dessus, j'observais un peu les environs. Certains élèves étant partis précipitamment, quelques-unes de leurs affaires étaient éparpillées au sol, ce qui me procura un petit rictus. Encore ce côté maniaque qui frappait à la vue du bazar... Même si personnellement, je trouvais que ça allait. Avec le temps, je m'étais habitué au capharnaüm des gars qui partageaient le dortoir, et ce n'était que quand je voyais mes affaires sans dessus-dessous que je me transformait en femme de ménage exterminatrice de la moindre poussière qui oserait rester là. Mais s'il y avait bien une personne à qui j'avais toujours eut envie de faire un coup-bas niveau bordel, c'était Lawrence. Notre amitié avait été fichue en l'air quelques années auparavant, et puis, pouvait-on vraiment appeler ça une amitié ? On ne se parlait qu'aux heures de pointe à la Grande Salle, autour d'une bonne assiette de bouffe. Je lui avait fait de nombreuses remarque sur le barda autour de son lit, qui entravait le passage. J'étais pas concerné, mon lit se trouvant non loin de la porte, mais la vision de toutes ses fringues étalées par terre me donnait des envies de meurtres parfois. D'ailleurs, Law' faisait partie de ces élèves actuellement en cours de Botanique, c'était donc le moment idéal pour frapper, non ?

Je me dirigeais alors vers le chantier, un sourire narquois au visage. Je n'allais pas foutre le bazar, tout était déjà au sol. Non, j'allais lui rendre service. Attrapant une bricole par-ci, un vêtement par-là, saisissant sa valise sous son lit, j'y rangeais alors certaine chose, prenant la peine de les plier - s'il vous plait ! - Quoi d'autre... Ah, ses boites de cigarettes ! Allez, je lui en laissait trois, en souvenir de notre amitié perdue. Le reste, je l'éparpillais autour de sa piaule, en cachant un dans sa té d'oreiller, en compagnie de quelques-uns de ses t-shirts, et les autres sous le lit, dans le tiroir de sa table de chevet. Alors oui, c'était pas vraiment rangé, mais il suffisait de tout changer de place pour que Lawrence ne sache plus s'y retrouver dans son joyeux bordel. Quand il fut aux alentours de 10h, heure à laquelle le cours de Botanique se terminait, j'espérais que le Gryffondor remonte à la salle commune, histoire qu'on rigole un peu. Enfin, que je rigole un peu serait plus exact. Je quittais la salle, m'évitant ainsi d'être le premier suspect sur les quelques Gryffons qui auraient pu s'y retrouver, je marchait le long des couloirs, cherchant à apercevoir Lawrence rentrant au bercail. Au fond, ma mascarade ne servait à rien : il me jugerait tout de suite coupable du souk que j'avais pu mettre dans ses affaires. Au détour d'un couloir, je le vis, bien sur le chemin de la salle commune. Me cachant dans l'ombre du corridor, je le laissais prendre quelques mètres d'avance, avant de partir à sa suite, une fois qu'un juron se fit entendre dans le quartier général de notre Maison.

My room is just an organized mess

J'arrivais même pas à décoller ce sourire idiot de mes lèvres tellement l'idée de mettre Lawrence en boule me plaisait tant. Il passa devant moi sans me voir, et je retins alors ma respiration le temps qu'il entre dans la salle. Je tendis l'oreille, juste au cas où il aurait décidé d'être de bonne humeur, mais, il allait vite s'apercevoir que ses paquets de clopes n'étaient pas tous présents sur son chevet.
« Bordel de merde à cul... »
Il ne m'en fallait pas plus pour confirmer mes pensées, et j'éclatais de rire tout seul dans mon couloir. Seul, mais heureux. Reprenant contenance et un visage un minimum sérieux pour ne pas paraître responsable (on ne va pas se le cacher : ça ne sert à rien), j'entre alors dans la salle commune. Les jeunes Gryffondors, toujours les mêmes, me lance un regard qui témoigne de leur incompréhension totale. D'un autre côté, ils n'ont pas l'air rassuré à l'idée que le Bosman soit hors de ses gonds. Et moi qui vais me faire engueuler. Je dois passer pour un véritable maso', à leurs yeux. Même s'ils n'en savent rien. J'attrape la poignée de la porte qui mène à notre dortoir, et tout mon sérieux s'efface quand je vois la bouille de Lawrence se retourner vers moi, le regard mauvais, le temps d'une seconde, pour se concentrer sur sa valise. Oh mon Dieu. Elle est rangée, il doit être complétement paumé, pour ne pas oser toucher ses affaires. A moins qu'il n'admire le rangement, pour la première fois de sa vie. Mais j'en doute.
« Warlock, je te jure que si c'est toi, t'as intérêt à vite me dire où t'a rangé mes affaires. Sinon je te jure que je te défonce ! »
Alors qu'il haussais la voix, je me laissais aller une nouvelle fois au rire. Décidément, c'est plus fort que moi. A moins que je ne sois complétement défoncé à je ne sais quelle drogue qui m'est passée sous le nez, ce matin, au déjeuner. Le Gryffondor attrapa alors ses affaires, et les envoya valser dans la totalité de la pièce les unes après les autres. Ce mec était incroyable : je range sa chambre, et lui revient en mode ouragan Katrina et saccage tout à nouveau. Maintenant, il y avait des vêtements complétement froissés sur un lit entièrement défait, sur lequel une valise vide attendait patiemment qu'on la remplisse. Quelques t-shirts, affalés sur sa table de chevet, menaçaient déjà de tomber au sol, ce qu'ils firent quand Lawrence attrapa la lampe à huile qui était, elle aussi sur la table. Il la lança d'ailleurs dans ma direction la seconde d'après, énervé par toute cette organisation. J'arquais un sourcil tout en souriant quand elle vint s'éclater contre le mur derrière moi, puis je me retournais vers Bosman.
« Pas mal, mais la prochaine fois, utilise les fléchettes ! » en effet, l'objet s'était brisé sur une cible de tir, qui n'avait pas tardé à la rejoindre dans sa chute quelques instants après.
« Warlock, putain de toi ! Où t'as foutu mes clopes ? »
Et voilà. Le Bosman étant à nouveau dans son habitat naturel, il se concentrait sur le problème que je pensais être le plus important à ses yeux. Je fonça des sourcils, faisant mine de réfléchir. Il ne pensais pas que j'allais tout lui dire maintenant quand même ? Et puis mon plaisir personnel de le voir jouer à cache-cache avec ses affaires, alors ? Merde quoi, on a plus le droit de rire ici. Dommage que je n'ai pas eu d'appareil photo, histoire d'immortaliser le moment où le coin de Lawrence ne croulait pas sous le bordel. Je ne me rappelais même plus, avec ces conneries du coup.
« On s'en fout ! Mec, je suis en train de te sauver la vie ! » lui dis-je en ironisant ma voix. « Ou au moins l'atmosphère de cette pièce, parce que putain ça émet cette daube ! » je lui balançais une de ses boites que j'avais - j'avoue tout - gardée dans ma poche juste pour lui balancer comme une Poké Ball à la gueule. Honnêtement, l'odeur de la clope me donnait envie de gerber, et j'étais pas le seul, alors autant satisfaire le plus grand nombre. Je m'assis alors sur mon lit, toujours en rigolant, alors qu'il cherchait frénétiquement ses amies les plus fidèles en retournant les affaires des gars qui allaient aisément reconnaître les traces du passage de la Tempête Bosman, quand ils reviendraient.