La provoque [FT. Fursy]

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OVERTON Fursy

« La provoque »

Où l'art de foutre la merde

Awa se réveilla d’une humeur délicieuse aujourd’hui, c’était un de ces jour rare ou on ouvre les yeux en appréciant les rayons du soleil et on sent que rien ne pouvait vous détourner de la voie du bonheur que votre vie vient d’entreprendre.
Awa écarta ses couvertures, n’accordant pas un regard au fatras d’affaires qui se déversa à ses pieds. Il était principalement composé de livres, bien que ce soit pas vraiment une bonne idée de dormir en compagnie du Monstrueux livres des monstres, mais celui-ci ronflait paisiblement malgré sa chute. Il y avait aussi quelques vêtements, des vieux paquets de bonbons et même quelques crayons de maquillage moldu qu’Awa finirait bien par chercher en pestant. Il se leva et s’habilla distraitement, ne nouant pas sa cravate strié de bleu jusqu’au bout, préférant laisser les deux pans pendre de chaque côtés de son col.
Il prit le miroir mobile qui gisait sur son bureau et l’ajusta à son niveau, s’adressant un regard plein de malice. Il savait que beaucoup le méprisait pour la manière dont il cultivait son physique, dont il choisissait ses conquêtes où sa manière d’être en générale. Mais il fallait dire qu’il en avait strictement rien à battre. Tant de gens semblaient absolument vouloir donner leurs avis sans savoir que ce dernier n’intéressait personne. Parallèlement à leurs jugements, Awa exécrait les étroits d’esprits... A l’entendre on pourrait croire qu’il détestait tout le monde mais en réalité c’était faux, il aimait les Hommes, voyant leurs forces dans leur différences.
En équilibrant le miroir sur ses yeux Awa capta le regard de Fursy, ce dernier le toisait avec un dégoût non dissimulé. Il était dans le même dortoir depuis des années mais a part quelques regards noirs échangés dans la volée, leurs rapports étaient resté très ...limité. C’était typiquement le genre de personne qu’Awa aimait embêté. Tout en soutenant son regard dans le miroir, il se pencha sur son reflet et traça de fines bandes noirs au-dessus de ses yeux, soulignant leurs éclats bleutés.
« Bah, alors Fursy tu mate mon cul ? » balança Awa, les yeux rivés sur le reflet du garçon. Il cracha son venin d’un ton badin, un sourire insupportable planté sur les lèvres. Il n’avait pas crié mais c’était prononcé suffisamment fort pour que la majeur partie du dortoir soit alerté du grabuge qui s’annonçait et de la suggestion fort peu délicate sur les penchants sexuels de Fursy.

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Awa & Fursy

Depuis la rentrée, il lui semblait que rien n'allait vraiment. Pour la première fois de sa brève existence, Fursy regrettait les vacances. Moisir dans la ville la plus pourrie du pays, s'ennuyer à en mourir en croisant les doigts pour que ça passe plus vite... Profiter de la présence étrangement rassurante de sa belle-mère ou du rapprochement agréablement surprenant avec Quincey... Et maintenant... Maintenant il fallait qu'il fasse comme s'il ne s'était rien passé, comme s'il n'avait rien eu à apprécier de ces deux interminables mois. Il fallait feindre l'indifférence, recommencer à le détester. Garder ses distances, l'ignorer, le laisser roucouler avec Sainte Potter sans rien dire, sans faire savoir à cette abrutie de première qu'il était chasse gardée. C'était un véritable enfer qu'il s'imposait depuis des semaines. Qu'il leur imposait depuis des semaines... Parce que le brun n'avait pas eu son mot à dire, de toute façon. Rien ne devait se savoir et il devait agir en conséquence. Et comme si cette comédie ne suffisait pas, le destin avait décidé d'en rajouter une couche. Tout ce qui se passait dans l'école depuis la rentrée ne faisait qu'accentuer un malaise plus que présent. Se retrouver à devoir coopérer avec et diriger l'équipe des bleus alors qu'il ne pouvait en blairer aucun, éviter de justesse l'activité piscine de ce crétin de Winslow, voir Daniela en larmes une fois de plus, essuyer les idées vengeresses de Burgess et se taper Carter pour un devoir... Il faisait de son mieux pour faire comme si tout ça ne l'atteignait pas vraiment, comme s'il était au-dessus de ce qu'on pouvait lui imposer mais force était de constater que, si le résultat restait relativement convaincant parfois, c'était intérieurement une autre paire de manches. Il se levait chaque matin avec l'impression désagréable que quelque chose allait lui tomber sur le coin de la tronche. Il ne savait jamais quoi, il ne savait jamais quand, mais la paranoïa commençait à se faire lourdement sentir. Rien n'allait. C'était une véritable catastrophe et les nerfs du rouquin étaient mis à rude épreuve.

Ce matin n'échappait pas à la règle. Après un long réveil passé à observer de loin la silhouette endormie de Thomas, il avait fini par consentir enfin à se lever pour filer sous la douche, sans un regard de plus pour qui que ce soit. S'il n'aimait pas traînasser au lit pendant des heures parce que la perte de temps était évidente – et qu'il n'en avait jamais eu l'habitude – il aimait encore moins avoir à faire tout le contraire de ce qu'il aurait pu vouloir et supporter la masse grouillante et stupide que formaient ses camarades aiglons. Comment en était-il arrivé à les mépriser à ce point ? Il n'en savait rien... Peu trouvait grâce à ses yeux, en réalité. Leur préfet, peut-être, parce que même s'il se mêlait souvent de ce qui ne le regardait pas et semblait, comme les autres, prendre un malin plaisir à lui chercher des noises, il n'en était pas moins l'un des rares à se montrer plus intéressant que prévu ? Et encore, ça restait largement discutable. Ce fut en relevant les yeux après avoir terminé d'attacher s chaussure droite que son regard clair se posa sur Kingsley. En train de se maquiller. Le jeune homme se crispa presque aussitôt. Ce gars était ridicule. Quand il était rentré à Noël, en première année, et qu'il avait parlé de ses camarades de dortoir à son géniteur, celui-ci avait reposé un peu trop brusquement son verre sur la table avant de se demander comment une école soi-disant aussi réputée qu'on leur avait vendue Poudlard pouvait accepter des erreurs pareilles. L'idée était restée. Son camarade l'avait toujours dégoûté et il ne s'en était jamais caché. Le voir s'enfoncer toujours davantage dans son rôle de diva lui donnait parfois des envies de baffe. Lui faire ouvrir les yeux, qu'il réalise qu'il était censé être un mec et que s'il voulait vraiment se prendre pour une gonzesse, il avait qu'à le faire ailleurs. Qu'il rejoigne Baxter et compagnie au lieu de leur imposer sa décadence ! « Bah, alors Fursy tu mates mon cul ? » La tension monta d'un cran alors qu'il tâchait de garder un calme olympien. S'il y avait bien une personne qu'il ne materait pas dans le coin, c'était celle-là. L'horreur ne l'intéressait pas encore. Un jour, peut-être, au point où il en était... Mais ça n'était pas dans ses plans. « Je préférerais devenir aveugle qu'd'en arriver à mater un truc comme toi. » S'il n'y avait pas la moindre trace d'animosité dans sa voix et qu'il s'était efforcé de lui répondre sur le même ton, son attitude toute entière laissait entrevoir le contraire. Il pouvait pas faire comme d'habitude et fermer sa gueule, lui, non ?

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Awa sourit en entendant les paroles de Fursy, prononcés avec le plus grand calme mais le langage du corps lui, ne trompait pas. Un poisson hargneux qui ne voulait mordre à l’hameçon, hein ? Awa arrangeait ses cheveux dans la glace d’un air coquet. Si il on ne lui avait pas tant répété à quel point il était beau, il aurait pu être vexé. Mais au lieu de ça il fit doucement demi tour sur lui même pour faire face à Fursy, un grand sourire aux lèvres. Les autres occupants du dortoir faisaient semblant de ne pas les regarder mais Awa sentait leur yeux sur lui comme les projecteurs d’une salle de théâtre illumine le protagoniste principal. Et ça, ça ne l’aidait pas du tout à faire profil bas. Au lieu de ça, il fit mine de tomber en pâmoison, les deux mains sur le cœur et d’une voix exagérément aigu il s’écria.
« Oh non, tout mes rêves brisés, buhuhu ... » Il se redressa, et planta ses yeux dans ceux du garçon, communiquant toute l’insolence dont il était capable. « Qu’est ce’tu regarde alors ? »
Il n’avait aucune bonne raison de le provoquer, juste l’envie de faire un peu de bruit. Bien que c’était typiquement le genre brute qu’il avait l’habitude d’asticoter, ça finissait rarement bien pour lui. Combien de fois était il rentré chez lui le nez brisé ? Les côtes en morceaux ? Son visage délicat tuméfiés ? Les coups, il les avaient sûrement mérité, mais le mépris, il n’en était pas si sûr. Il avait grandi sous le regard désapprobateur du reste du monde. Seul son père ne l’avait jamais jugé, il avait soigné ses blessures avec patience –sans ses sorts de soins le nez d’Awa ressemblerait à kinder bueno-, il avait relevé son menton tant de fois et séché ses larmes. Pendant un instant il eu un pincement au cœur en pensant à ce que son père dirait, sans doute secouerait-t-il la tête en soupirant... Awa ravala rapidement ses souvenirs, préférant se concentrer sur son nouveau jeu intitulé Qu’est ce qu’on récolte à faire cracker Overton...

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Awa & Fursy

Il y avait des gens qu'on détestait à raison, ça avait été le cas de Thomas pendant des mois et des mois mêmes si les raisons étaient incertaines et finalement difficilement défendables ; il y avait des gens qu'on détestait sans savoir pourquoi, c'était le cas de Fassbach qui continuait de s'enfoncer chaque jour un peu plus dans le rôle d'ennemi public n°1, un rôle qui lui allait d'ailleurs à ravir ; et puis il y avait les gens qu'on détestait par conviction, comme lui. Elle. Ça. Dans d'autres circonstances, peut-être qu'ils auraient été amis. Peut-être que les années qu'on les avait forcés à partager auraient fini par faire leur œuvre, les liant plus qu'ils ne l'auraient pensé. Peut-être qu'il aurait posé sur lui un regard amusé à chaque caprice idiot. Mais les circonstances n'étaient pas différentes et rien de ce qui lui inspirait n'était positif. Absolument rien. À chaque fois qu'il posait les yeux sur lui la voix criarde de son éducation lui murmurait à l'oreille tout ce que son père s'était efforcé de lui faire entrer dans la tête. Les insultes qu'il s'était mangées parce qu'il avait eu le malheur de pleurer sous les coups, les regards assassins parce qu'il avait eu des élans affectifs enfantins soi-disant trop féminins... C'était un môme et il avait fallu en faire un homme. Qu'importe les moyens pourvu qu'il y ait le résultat. Et le résultat avait été là. Le poussant chaque jour à se détester davantage parce qu'il s'était éloigné des chemins qu'on avait tracés pour lui. Sans comprendre une seule seconde que c'était sûrement l'éducation même qu'on lui avait offerte qui l'en avait éloigné. On ne pouvait pas apprendre à détester ces garces vénales et les désirer en même temps. Et Kingsley était tout à la fois. La femelle capricieuse et le mâle probablement castré. Tout ce qui pouvait, en soi, le déranger. Et il n'avait d'autre choix que de le côtoyer tous les jours depuis des années. De voir grandir sous son nez l'échec qu'il était.

Le blond se retourna, un sourire détestable planté sur les lèvres. Lui ne souriait pas, se contentant de l'observer sans un mot. C'était quoi, son problème, hein ? « Oh non, tous mes rêves brisés, buhuhu... » Son numéro ne suscita pas la moindre réaction. Il le confortait seulement dans son idée : ce garçon, s'il en était vraiment un, n'était pas normal. Son regard se planta dans le sien et le rouquin ne cilla pas. Il ne savait pas à quoi il jouait mais il risquait de perdre. Ça n'était pas le jour qu'on l'emmerde. En ce moment, ça n'était jamais le jour qu'on l'emmerde. Il pouvait prendre sur lui un peu mais tout avait ses limites. Et se faire prendre pour un con dès le réveil risquait largement de les exploser. « Qu’est ce’tu regardes alors ? » Non, il ne comprenait décidément pas. S'il reconnaissait volontiers chercher la merde à tout va, cette fois, il n'avait rien fait. Il n'avait rien dit. Pas le moindre mot. Pas même un soupir qui lui aurait échappé. Rien. Il n'y avait eu qu'un regard comme il en avait existé des tas. Celui-là avait ouvert les hostilités alors que tous les autres avaient à peine été remarqués. C'était complètement stupide. Et lui savait qu'il marcherait dans son jeu parce qu'il n'attendait sûrement que ça depuis des jours. Pas que Kingsley déclare la guerre, non, seulement une occasion de se défouler. N'importe laquelle. Et qu'importe si ça signifiait passer ses nerfs sur une gonzesse. Parce qu'il n'était rien d'autre dans le fond. « La plus grosse fiotte de Poudlard. » Sa voix n'avait pas changé de ton, innocent, détaché. Hypocrite, surtout. Mais ça n'avait aucune importance. Il ne faisait rien d'autres que d'attendre qu'il continue, qu'il le pousse à bout, qu'il mérite vraiment toute la haine qu'il pouvait nourrir à son égard depuis des années. Sa simple existence était une raison suffisante mais le monde entier ne comprendrait pas. Là, peut-être qu'on admettrait enfin qu'il n'avait pas vraiment tort...

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Awa éclata de rire. Comme c’était peu original... Il s’attendait à quelque chose de plus imagé venu de Fursy, ce gars là le lorgnait d’un œil sombre depuis des années et la seul chose qu’il était parvenu à dire à son sujet était ...fiotte ? C’était comme faire une biographie de quelqu’un et conclure qu’il était mort à la fin de sa vie. Overton aurait pu choisir de décrire l’échec de l’évolution humaine incarné par sa personne, comparé les notes d’Awa avec la libido de certains professeurs, suggérez une relation incestueuse avec son père où même faire appel au terrible argument de tout bon conservationniste,le fameux : contre nature ! Mais au lieu de ça il choisissait une insulte fade et sans intérêt qui ne faisait que rebondir sur le jeune androgyne comme l’eau sur une cuillère dans le fond d’un évier. Cela lui faisait irrésistiblement penser à la tirade du nez de Cyrano de Bergerac mais il n’en dit pas un mot, il savait que Fursy n’était pas complètement demeuré et comprendrait probablement la référence mais là il ne là méritait pas à cause de sa rhétorique bas de gamme.
« Oh, excuse moi mon chat, je voulais pas te faire de concurrence. » Il lui servit un sourire plein de fiel puis se pencha un petit peu plus vers lui. « Tu sais que l’une des causes principales de l’homophobie est l’homosexualité refouler des présumé homophobes ... »
Sur ce il lui fit un clin d’œil qui se voulait entendu. Bien sûr il n’avait absolument aucune preuve de ce qu’il avançait, n’y croyant pas vraiment lui même, mais le meilleur moyen de faire enrager un hétéro est de lui dire qu’il ne l’est pas. La réaction d’un homme à ce moment est tellement drôle qu’elle vaut bien le retour de bâton. Pour imager un peu c’est comme agité un briquet sous leurs testicules, il commence par gueuler puis se jette sur vous, et finalement se retire dans leur antre pour lécher leurs blessures.

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Awa & Fursy

Cette conversation était vide de sens. Kingsley cherchait consciemment les ennuis et lui ne faisait que gerber ce qu'on lui avait impatiemment inculqué. Est-ce qu'il le pensait vraiment ? Il n'en savait rien. Sûrement, oui. Il ne s'était jamais posé la question. Il ne s'en était jamais posé beaucoup, dans le fond, acceptant sans broncher les idéologies discutables qu'on avait choisies pour lui. Il n'y avait pas que son père, de toute façon, les voisins, ses amis... Tout le monde semblait d'un seul et même avis ce qui l'avait conforté dans l'idée que c'était le bon. Et à Poudlard... Ils en étaient presque à débattre de leur humanité à eux, pauvres sang-de-bourbes, souillures de cette brave société sorcière. Alors ils étaient mal placés pour parler. Leur avis ne comptait pas. Il n'avait jamais compté. Et puis il fallait bien reconnaître que cette matinée ne volait pas haut. Ça n'était qu'un jeu idiot dont ils connaissaient certainement la fin tous les deux. Le seul plaisir existant encore était de la repousser un peu pour savourer pleinement la partie. Ça ne donnait pas envie de s'investir, pas envie de réfléchir. Seulement de répliquer par principe, parce que tout était mieux que de s'avouer vaincu devant une fille. De toute façon, il ne réfléchissait jamais vraiment. Oh, bien sûr, devant une copie ou un professeur, il en était capable et s'en sortait même brillamment, mais en dehors des salles de classe, la réflexion était limitée. On agissait d'abord et après on regrettait de ne pas avoir fait preuve de jugeote. Il n'y avait qu'à voir avec Quincey... Son énervement et son empressement à le faire taire avait eu valeur d'aveux, le poussant à reconnaître sans un mot que ce qui l'avait dérangé dans leur dégoûtante proximité n'était rien autre que l'envie qu'elle lui inspirait. Un mal pour un bien, sur ce coup-là ? Il n'en savait rien. Parfois oui, parfois non. Surtout non, d'ailleurs... Surtout non depuis qu'ils étaient revenus au château.

« Oh, excuse moi mon chat, je voulais pas te faire de concurrence. » Fursy secoua légèrement la tête en levant les yeux au ciel et préféra reporter son attention sur ses chaussures qu'il n'avait pas fini d'attacher. Le garçon ne devait pas en avoir beaucoup, de concurrence. C'était rare de tomber aussi bas, dans les environs. Il y avait bien eu Hummel, bien sûr, mais force était de constater qu'il restait plus digne et supportable que cette poupée bâclée. Lorsqu'il releva les yeux, la blondasse n'en avait visiblement pas fini. Il détestait d'avance le spectacle qu'ils donnaient. Il se pencha un peu plus vers lui, s'attirant sans mal un nouveau regard assassin. « Elle va garder ses distances, la drag queen, ok ? » Tout son corps était tendu, prêt à bondir sur sa proie quand elle dépasserait les bornes. Et vu comment elle était partie, il y avait de grandes chances que ça ne soit plus qu'une question de minutes. Il aurait pu rendre les armes, attacher sa cravate à l'arrache, attraper son sac et se barrer, éviter une confrontation qui ne servait à rien et qui lui donnerait tort, de toute façon. Qui lui attirerait peut-être même des ennuis, qui sait ? Mais c'était bien trop lui demander que de se laisser insulter par cet enfoiré sans rien dire ! « Tu sais que l’une des causes principales de l’homophobie est l’homosexualité refoulée des présumés homophobes... » Son cœur loupa un battement. Qu'il la ferme mais qu'il la ferme ! Son clin d'oeil l'acheva. Il se releva brusquement et poussa violemment son camarade contre son bureau. « Ferme ta gueule, connasse ! » Il n'avait aucun argument à opposer à sa théorie foireuse. Parce qu'il la savait vraie, au moins dans son cas. Il n'en avait jamais eu autant après l'univers tout entier qu'au moment où il avait compris ce qui lui arrivait...

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Fursy réagit exactement comme Awa l’avait prévu. Où plutôt comme avait réagit tant d’autres avant lui. Le garçon se détendit comme un ressort et le poussa violemment, le choc fut brutal, Awa fut projeté contre son bureau qui l’atteignit au bas du dos, juste au niveau des reins. Il chancela légèrement mais refusa de tomber, il s’appuya au dernier moment contre le bois de la table et se redressa aussi sec.
« Huhu ! » Gloussa Awa sans la moindre gêne, ignorant la douleur qui lui vrillait les reins. « Pas besoin de montrer à tout le monde que j’avais raison, t’aurais pu le garder pour toi. »
Des regards curieux et parfois apeurés sévissaient autour d’eux, mais personnes ne bougea d’un pouce. Si ils pouvaient, ils se seraient installés confortablement avec un pop-corn pour regarder. La plus part d’entre eux savaient déjà que la suite était inévitable, quelque un sans doutes se demandait si il fallait les séparer et le reste considéraient déjà Awa comme mort et enterré. Car à ce stade sa conduite relevait du masochisme. Fursy dominait Awa d’une bonne tête et devait peser deux fois son poids ... Il allait le massacrer. Mais malgré son allure fluette, Awa était capable d’encaisser à peu près n’importe quoi, il faisait fit de la douleur tant qu’il obtenait ce qu’il voulait. En l’occurrence, il avait vraiment envie de voir Fursy écumer de rage. Lui qui passait son temps à le regarder de haut, à le traite fiotte... Il saurait que même en y mettant tout sa force, il ne parviendrait pas à se rendre plus fort que lui. C’était une joie vicieuse qui s’emparait de lui, pousser quelqu’un et voir ses limites se briser en direct, c’était grisant. Et même si ça allait lui coûter un aller-retour à l’infirmerie Awa n’allait pas se démonter pour autant, car si les hématomes et les côtes cassés allaient guérir, la trace des paroles d’Awa ne s’effaceraient jamais.

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Est-ce que Kingsley savait ? Est-ce qu'il avait remarqué quelque chose ? Surpris les regards qu'il retenait souvent de poser sur Thomas ? Est-ce qu'il avait remarqué le nouveau changement de son attitude envers lui depuis l'an dernier ? Est-ce qu'il était assez logique pour faire le rapprochement là où la majeur partie de l'humanité n'avait rien vu d'autre que le connard qu'il était ? Il n'en savait rien. Il n'espérait pas. Il ne restait plus que ça à faire de toute façon. Croiser les doigts très fort. Peut-être aurait-il prié s'il avait cru en quelque chose... Avec un peu de chance, il n'y avait là que des mots balancés au hasard dans l'idée de le blesser. De le faire réagir. Ce qui fonctionnait parfaitement. Il ne marchait pas dans son jeu, il courait. Il n'en avait même pas conscience, trop formaté pour s'en rendre compte. Il faisait seulement ce que n'importe qui aurait pu attendre de lui dans une telle situation : foncer tête baissée et cogner. Qu'importe si la réflexion aurait mieux valu. Qu'importe si l'ignorance aurait été préférable. Il n'en était pas capable. Laisser couler, faire semblant de s'en foutre pour ne pas lui donner la satisfaction de l'avoir atteint. Il n'avait pas seulement été dérangé, il avait été inquiété. Parce que le secret pesait lourd sur ses épaules et il craignait chaque jour un peu plus que la difficulté qui était sienne depuis des semaines finissent par se remarquer. Edward l'avait bien fait dès le début, alors pourquoi pas d'autres ?

« Huhu ! » Son gloussement le fit bouillir alors qu'il posait sur lui un regard plus haineux que jamais. Cette pédale avait encaissé le choc sans ciller, continuant comme s'il ne s'était rien passé. Il attendait quoi, hein ? Qu'il lui foute clairement sur la gueule, c'était ça ? Les poings serrés, les muscles tendus, il tentait bien en vain de se calmer. Sa respiration commençait à se faire discrètement anarchique. En plus de chercher la merde, il fallait qu'il le prenne pour un abruti. Il n'essayait pas de comprendre les intérêts de son camarade dans cette histoire, trop occupé qu'il était à répondre bien docilement à chaque nouvelle provocation, mais même s'il l'avait fait, le résultat n'aurait pas été concluant. Ça n'avait aucun sens. Il souhaitait quoi ? Lui attirer des ennuis ? Il imaginait vraiment que c'était la première fois ? Il avait tout fait ici, les points en moins, les heures de colles – il y avait même passé une semaine entière pendant les vacances de Noël, une année, pour une bagarre en plein milieu d'un cours – les lettres inutiles envoyées à un paternel qui se fichait bien de savoir ce que foutait sa progéniture tant que ça ne la lui renvoyait pas sur les bras... Cette fois ne changerait pas, n'est-ce pas ? « Pas besoin de montrer à tout le monde que j’avais raison, t’aurais pu le garder pour toi. » Ce fut la remarque de trop. Parce que bien plus vraie encore que les précédentes. Lui offrant la vision déstabilisante de ses propres erreurs. Il avouait sans un mot depuis le début. Et s'il s'arrêtait maintenant, c'était pire encore. Rebrousser chemin comme pour essayer de lui donner tort. « La ferme, j't'ai dit ! » aboya-t-il une fois de plus. Son poing s'abattit sur le visage trop pâle de Kingsley. Est-ce que ça l'avait soulagé ? Non, même pas. Est-ce qu'il avait envie de recommencer ? La réponse était malheureusement moins évidente...

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Le poing de Fursy l’atteignit violement à la machoire, sa lèvre inférieur éclata sous la pression, compressé contre ses dents remplissant sa bouche de sang. Ses genoux chancelèrent et menacèrent de céder sous le choc mais Awa se força une fois de plus à rester debout. Il se redressa, jouissant d’un sentiment absurde, à partir de là il n’était même plus ce qu’on pouvait appeler un être pensant, juste une boule d’adrénaline doté d’un venin à toutes épreuves.
Il colla son doigt dans le plexus de Fursy et glissa jusqu’à son menton pour le relever d’une pichenette avant de balancer à haute voix la première chose qui lui passait par la tête.
« Champagne ! C’est un comming out à ce niveau ! » Lança-t-il à toute la salle, au cas où quelqu’un n’aurait pas encore compris de quoi il était question. « Tu devrais écrire à tes darons pour leurs annoncer la nouvelle, tu crois pas ? »
Il pinça la joue de Fursy pour ponctuer sa dernière phrase, comme le ferait un vielle tante félicitant son neveu pour ses bonnes notes. Son sourire était tâché de sang mais il n’était pas moins rayonnant ni même moins provoquant. Awa sentait la rage qui animait Fursy comme si c’était la sienne, elle pulsait à travers son corps et venait animer ses propres vannes.
Il sentait comme des piques d’acier brûlant là où il avait été amoché, ses reins se souvenaient encore très bien du coin de table tandis que sa mâchoire couvait un sérieux hématomes. Il aurait la face aux couleurs du drapeau gay pendant quelques jours mais il n’y rien que la magie ne puisse arranger ...Enfin pour sa part.

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Avant qu'il n'ait eu le temps de réaliser pleinement ce qu'il faisait, le coup était déjà parti, atteignant lourdement Kingsley à la mâchoire. Qu'importe, ce connard l'avait bien cherché ! Tout aurait pu être évité s'il ne s'était pas mis en tête de devenir son punching ball dès le réveil. Il lui aurait lancé un regard noir, comme d'hab, aurait fini de se préparer, comme d'hab, et aurait quitté leur dortoir sans un mot de plus, comme d'hab. Mais non. Bien sûr. Sa Majesté la Reine des Pouffes en avait décidé autrement, s'acharnant sur lui sans raison. Pourquoi ? Sérieusement, pourquoi ?! Ils ne s'aimaient pas, ils ne s'en étaient jamais cachés, mais dans l'ensemble la cohabitation se passait bien. L'ignorance, l'indifférence, une haine farouche mais néanmoins silencieuse. Bien sûr qu'il y avait déjà eu des embrouilles en six ans mais qui n'en avait jamais connues, hein ? Mais non... La violence ne résoudrait rien. Elle ne l'avait même pas soulagé. L'insupportable voix de la blondasse résonnait encore et encore à ses oreilles, appuyant plus fort encore sur le poids qui pesait déjà bien lourd sur ses épaules. Il avait touché une corde sensible. Probablement la plus sensible d'entre toutes... Et la réaction avait été immédiate. Une réaction qui n'avait pas empêché l'inquiétude de s'installer. Il ne savait rien. Il ne devait rien savoir. Rester aussi aveugle que le monde entier. Lui reprocher l'enfer qu'il avait fait vivre à leur camarade et pas l'attirance qu'il lui vouait sans rien dire. Il n'y avait pas d'autres choix, et s'il y avait un semblant de justice sur cette putain de Terre alors il ne faisait tout ça que dans le but de le mettre hors de lui, certainement pas en ayant conscience qu'il appuyait là où ça faisait mal. Et autant dire que la douleur était insoutenable. Un frisson plus haineux qu'il n'en avait jamais connu le parcourut tout entier alors que les doigts de Kingsley remontait sur son torse. « Champagne ! C’est un coming out à ce niveau ! » Son cœur s'abandonna totalement, battant à un rythme effréné qui lui donnait la nausée. Non ! C'en était pas un ! C'était rien du tout !

La porte ouverte de leur dortoir offrait à qui les voulait les bribes de leur conversation. Les chocs avaient dû attirer quelques curieux et lui préférait ne même pas vérifier. Pour la première fois de sa courte existence, il aurait voulu que les ennuis lui tombent dessus. Que quelqu'un débarque pour mettre fin à tout ça, pour faire taire cet abruti. Il voulait être emmené loin, directement en retenue ou chez la Directrice. Tout était préférable à ça. « Dans tes rêves. » cracha-t-il alors que ses mains se mettaient à trembler. Il n'y avait plus rien d'autre que la haine et l'angoisse. Le mélange n'avait rien de plaisant. Et leur discussion ne mènerait à rien. Ils ne se parlaient pas, s'écoutaient à peine, s'enfonçant chacun de leur côté dans un rôle qui finirait par leur coûter cher. Et Fursy ne se faisait pas d'illusions, c'était lui qui payerait le prix fort. « Tu devrais écrire à tes darons pour leurs annoncer la nouvelle, tu crois pas ? » L'espace d'un instant, il imagina cet enfoiré écrire lui-même à son géniteur. Il ne chercherait jamais à savoir si c'était vrai ou non, ne prendrait pas la peine d'écouter sa défense ou de demander des preuves. Il ne verrait rien d'autres que la dégoûtante honte inspirée par son bon à rien de gamin. Il ne voulait pas ! La peur lui nouait l'estomac et, durant une demi-seconde à peine, voila son regard clair. Il voyait déjà la fin arriver. Il n'y aurait plus limite ni espoir. Il savait pertinemment qu'il le lui ferait regretter et n'hésiterait pas à user de la force pour le ramener sur le droit chemin. Le dégoûtant de cette déviance immonde autant qu'il en était lui-même dégoûté. Il ne lui laissa pas le temps de lui pincer la joue comme il semblait en avoir eu envie, attrapant son poignet d'un geste brusque. Ses doigts serraient de toute leur force la fine articulation de son agresseur, il était trop tard pour laisser à la réflexion le temps de se faire. Il n'y avait rien qu'il voulait plus au monde que de lui faire fermer sa gueule désormais. Un mouvement plus ample et plus sec suffit à balancer la poupée blonde entre leurs deux lits et moins d'une seconde ne survécut avant qu'il ne se mette à la rouer de coups de pied. Il se fichait pas mal des ennuis qu'il pourrait s'attirer, il fallait seulement le faire taire et faire taire en même temps la panique qu'il avait réveillé en lui. Et ce dernier objectif s'annonçait plus dur encore à atteindre que le premier...

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« La provoque »

Où l'art de foutre la merde

Fursy saisit son poignet avant qu’il n’ai pu achevé son geste, leur regard se croisèrent vraiment pour la première fois. Maintenant qu’il n’avait plus le loisirs de commenter, Awa remarqua enfin qu’il n’y avait pas que de la colère dans les yeux de Fursy, mais comme une étincelle de ... panique ? Aurait-il visé juste ? Awa ressentit alors la limite qu’il avait dépassé, comme un craquement au fond de lui où plutôt au fond de son opposant qui se répercuta sur lui. Hew, mais avec qui ?! Se demanda-t-il absolument horrifié en survolant quelque mètres de plancher avant de s’écraser brutalement contre une tête de lit.
Il voulut se redresser mais Fursy était plus rapide que lui. Awa cru, pour la première fois, pendant quelque seconde seulement, qu’il allait mourir. Comme ça bêtement. Tabasser par un tocard entre deux mottes de poussières. Puis il se ressaisit, mentalement outré de s’être laissé aller à de telles conjectures. Toutefois les coups s’abattait sur lui sans qu’il puisse faire un mouvement, le souffle couper il protégeait ses côtes du mieux qu’il pouvait, bien qu’Awa soupçonnait déjà quelques une d’entre elles fêlées ... les putes.
Soudain les coups s’arrêtèrent, des éclat de voix et cette...abominable poussière qui lui chatouillait les narines... Awa reprit son souffle doucement, toussant et crachant comme un cancéreux en phase terminale. Il détendit ses membres un par un avant de prendre son courage à deux mains et se lever d’un coup sec. Il eu l’impression de plonger dans un bain de poignard aiguisés. Il enveloppa un bras autour de ses côtes meurtri et utilisa l’autre pour s’appuyer sur la tête de lit à laquelle il était venu faire un p’tit bisous. Le monde tanguait salement, où était-ce lui ? Peu importe même en voyant flou il reconnaissait parfaitement la face rat de Fursy. Il voulut dire quelque chose mais un haut-le-cœur déchira sa poitrine alors il se contenta de viser et cracher. Sa lèvre éclatée s’ouvrit un peu plus encore lorsqu’il sourit, admirant sa salive mêlé de sang glisser doucement le long de la cravate de Fursy.

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C’était une matinée banale. Comme d’habitude, Thomas se réveillait de bonne heure. Lorsqu’il avait ouvert les yeux ce matin là, il avait pu remarquer que Fursy dormait toujours. Il en avait donc profité pour le regarder dormir pendant une bonne dizaine de minutes avant de se lever. Il avait pris la direction des sanitaires pour se passer un peu d’eau chaude sur le visage. Il prit ensuite une douche rapidement passa ses vêtements d’écolier. Il alla ensuite dans la grande salle pour prendre un bon petit-déjeuner. C’était son repas préféré durant la journée. Il aimait particulièrement la nourriture sucrée et il s’en donnait donc à cœur joie lorsqu’il déjeunait. Il avait pris une bonne demi-heure pour se remplir le bide. Une fois repus et sa conversation terminée avec sa meilleure amie, il décida de remonter pour aller chercher ses affaires pour pouvoir aller étudier à la bibliothèque.

Il avait mis quelques minutes avant de passer la porte de la salle commune des Serdaigles. Il prit la direction des dortoirs masculins pour rejoindre son lit. C’était à cet endroit que ses affaires se trouvaient, sur son bureau. Lorsqu’il entama la montée des marches qui le mèneraient vers le dortoir, il entendit des cris. Il ne mit pas bien longtemps avant de reconnaître l’une des deux voix. Elle appartenait à l’homme dont il était dingue. Fursy était en train de se disputer avec quelqu’un. Qui ? Il n’avait pas réussi à l’identifier mais en tout cas, il ne pouvait pas laisser cette dispute continuer. Surtout qu’en montant les marches aux pas de course, il entendit du bruit qui laissait deviner qu’ils étaient en train de se battre. Etait-ce dans les chambres ? Oui. Lorsqu’il entra dans le dortoir, il put apercevoir son petit-ami. Fursy au-dessus d’un mec, en train de le frapper. Il ne pouvait pas le laisser faire ça. Il ne savait pas pourquoi ils en étaient arrivés à ce point mais ce n’était vraiment pas la solution. Sans réfléchir, il fonça donc sur Fursy pour tenter de le faire lâcher prise. Il se mit à hurler pour qu’il se concentre sur sa voix et non sur ce type qu’il était en train de démolir.

« - Fursy arrête ! Regarde moi ! Ca ne vaut pas la peine ! »

Il ne savait pas le sujet de cette dispute mais peu importe le sujet ou même la raison de cette réaction, se battre, ce n’était vraiment pas une solution. Il fallait qu’il apprenne à se contenir. L’indifférence était la meilleure des solutions. Il arriva tout de même à faire en sorte que son petit-ami lâche prise. Il allait très certainement subir les foudres d’Overton mais il ne pouvait vraiment pas le laisser faire, c’était contre ses principes. Il ne voulait pas trahir leur relation, surtout devant un type qu’il ne connaissait pas. Il le lâcha donc une fois Fursy loin de sa victime.

« - C’est bon t’es calmé ? T’aurais pu le tuer sérieux ! »

Il se demandait une chose, qu’aurait-il fait si personne n’était venu les séparer…

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la provoque

Awa & Fursy

Frapper ne soulageait pas mais qu'importe. Tenter de faire comme si de rien n'était ne l'aurait pas fait davantage. Débattre pendant des heures pour lui prouver qu'il se plantait lamentablement et racontait que de la merde non plus. Dans le fond, rien n'aurait pu le soulager et il en avait bien conscience. Alors ça ou autre chose. Les coups pleuvaient à présent. Est-ce qu'il attendait vraiment que Kingsley arrête définitivement de bouger pour se calmer ? Sûrement. Qu'il la ferme pour de bon et ne puisse jamais la rouvrir rien qu'une fois. C'était que ce qu'il méritait, après tout. Peut-être que c'était une sentence un peu exagérée pour l'affront mais Fursy n'était pas en mesure de s'en rendre compte, trop aveuglé par la haine qu'il lui vouait et la panique qu'il l'avait forcée à embrasser. Il savait pertinemment qu'il marchait sur un fil depuis des mois, qu'il ne faudrait pas grand chose pour offrir aux yeux du monde le semblant d'histoire qu'il partageait avec Quincey mais il était hors de question que ça se fasse comme ça. Si un jour ça devait se savoir, alors il voudrait l'avoir décidé de lui-même. Certainement pas qu'une pétasse joue les cafteuses ! Le rouquin n'entendit pas les pas s'avancer dans le dortoir, pas plus qu'il ne sentit une présence s'immiscer entre les deux lits. Il y avait sûrement des spectateurs, quelque part, un peu plus loin, que la curiosité malsaine clouait sur place en attendant bêtement qu'il se passe quelque chose. Que la tendance s'inverse, qu'il meurt, que Thompson débarque et lui attire des ennuis. Qu'il fasse, bordel, qu'il fasse ! Qu'il vienne, qu'il s'en mêle, qu'il le dégage de ce merdier ! Mais non, tout le monde savait très bien que Thompson n'était jamais là quand il fallait de toute façon...

Pourtant, des mains se refermèrent sur lui, le forçant tant bien que mal à s'éloigner. Si on pensait qu'il allait lâcher l'affaire aussi facilement, on se plantait lamentablement ! Il se défit une première fois de l'emprise du trouble-fête et reprit de plus belle. Pourtant, l'autre ne lâcha pas non plus. « Fursy arrête ! » La nausée se fit plus violente et le choc le poussa à se laisser entraîner loin de sa victime. « Regarde moi ! Ça ne vaut pas la peine ! » Ah ouais ?! Et qu'est-ce qu'il en savait, hein ?! Son cœur battait à tout rompre. Il se dégagea brutalement et repoussa Thomas sans plus de douceur, reprenant ses distances presque aussitôt. « Lâche-moi ! » aboya-t-il, un regard assassin planté sur son camarade tandis que la blondasse se relevait péniblement à quelques pas de là. « De quoi tu t'mêles ? T'peux pas t'occuper de ton cul pour une fois ?! » Sur tout Serdaigle, il avait fallu qu'il intervienne, lui, rendant plus difficile encore de faire comme s'il n'y avait rien de vrai dans les paroles de ce dégénéré. « C’est bon t’es calmé ? T’aurais pu le tuer sérieux ! » Son attention se reporta sur Kingsley, pas au mieux de sa forme. Et il n'eut aucun mal à se revoir à sa place, sauvé par les menaces mensongères de sa belle-mère. Il était en train de devenir comme son père. Exactement comme lui. « C'était l'but, abruti. » Mais les convictions n'y étaient plus. Exactement comme lui... Il aurait pu le tuer. Et ça avait été dans ses plans rien qu'un instant. Le constat était plus choquant encore que les paroles d'Awa. Awa qui ne se fit pas prier pour lui rappeler son existence et assassiner par la même occasion la culpabilité qui pointait son nez. Son crachat, son sourire, sa provocation de trop... Il l'avait mérité. Et il le mériterait encore. « La prochaine fois, t'es morte pétasse. » Il détacha sa cravate dans des gestes brusques et nerveux avant de la fourrer dans les mains de Thomas sans un regard pour lui. « Allez vous faire foutre. » Sur quoi il attrapa son sac de cours sans prendre le temps de vérifier qu'il avait tout, saisit sa cape au vol et disparut dans les escaliers, non sans bousculer volontairement un curieux qui s'attardait encore devant la porte de leur dortoir. Qu'ils aillent tous se faire foutre, ouais !

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Thomas n’avait pas pu faire autrement que d’agir. Il ne voulait pas que Fursy se retrouve avec des problèmes jusqu’au cou. Et puis, il ne voulait pas qu’il regrette son geste. Il comprenait tout à fait la réaction de son petit-ami. Il connaissait à un peu la réputation d’Awa, il aimait provoquer et il avait eu vent de bruits de couloir comme quoi cette diva avait pris pour cible son camarade de chambre et qu’il faisait tout pour le rendre fou de rage. C’était exactement ce qu’il s’était passé cette fois-ci. Il avait très certainement dû user de la provocation qui le caractérisait et il avait été trop loin. D’un côté, il l’avait mérité, mais il n’avait certainement pas mérité de mourir pour ça. Quincey savait pourquoi Fursy avait réagi de la sorte. Il ne voulait pas qu’on lui foute en pleine gueule la réalité, qu’il était tout simplement gay et qu’il n’avait pas à en avoir honte. Malheureusement, il vivait avec un père autoritaire, voir brutal qui lui martelait des idées tellement vieux jeu et désuètes qu’il ne pouvait que les suivre. Il était tout simplement endoctriné par son paternel et malheureusement, ça le rendait irritable et même violent. C’était pour cette raison que leur relation était parfois dévastatrice… Lorsqu’il n’y avait personne, qu’ils étaient dans leur bulle, tout se passait merveilleusement bien. Mais lorsqu’il y avait le risque d’une moindre exposition avec le monde extérieur, tout partait en volo et tout prenait des tournures improbables…

Thomas avait réussi à le retenir mais il savait déjà qu’il s’en prendrait plein la gueule et ça n’avait pas loupé. Il lui fit comprendre qu’il aurait tout simplement dû s’occuper de ses affaires et qu’il aurait dû le laisser continuer, qu’effectivement, le but de cette altercation et de cette bagarre, c’était de le tuer. Ce n’était pas la solution. Il le laissa déverser sa colère tant contre lui que contre Awa. Il le laissa même partir ensuite pour venir voir comment allait la diva. Il avait l’air d’aller bien, il fit signe à quelqu’un d’appeler l’infirmière pour qu’elle puisse le soigner… Il fit signe à un deuxième spectateur de la bagarre pour qu’il puisse le surveiller en attendant. Il avait besoin de voir si Fursy allait bien aussi. Il tenta donc de le retrouver mais il n’avait pas réussi. Les cours devaient démarrer et il ne pouvait pas les louper… Il espérait pouvoir le retrouver le soir-même pour pouvoir se faire pardonner et surtout pour qu’il puisse lui faire comprendre que ce n’était pas contre lui mais surtout pour qu’il comprenne qu’il ne voulait pas le perdre et qu’il ne voulait pas qu’il finisse par être renvoyé du château parce qu’il était trop violent…

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