La monotonie de la vie moldue n'avait guère sa place à Poudlard. La magie réservait son lot de surprises et des adolescents capable d'user de sortilèges étaient encore plus imprévisibles. Que ça vienne de ces petits saligauds ou bien de Peeves, le château connaissait régulièrement de nouveaux événements provoquant énervements et fous rires. J'étais passé à côté de cette douce période qu'était l'adolescence et à chaque fois que j'observais des groupes d'amis se taquiner et faire tourner en bourrique le pauvre concierge, je ne pouvais m'empêcher de regretter d'avoir délaissé ma vie de jeune garçon. Mais, cela m'avait permis de me consacrer à mes connaissances et à l'élaboration de mon livre alors peut-être était-ce un mal pour un bien.

J'observais la pluie s'écraser sur la vitre de ma chambre tout en restant songeur. Ce climat me plongeait dans un profond état de nostalgie. Les nuages gris et le ciel sombre donnaient l'impression qu'il était presque l'heure de se vautrer dans son lit. Mais, il n'en était rien, je n'avais pas travaillé mon cours pour l'abandonner au profit de mon lit. Je me saisissais d'un de mes nombreux costumes et d'une de mes magnifiques chemises au blanc éblouissant. Je les décrochais délicatement de leurs cintres avant de les enfiler en m'assurant de ne pas faire de pluies. Je choisissais avec soin mes boutons de manchettes, tout en renouant le col de ma chemise jusqu'en haut avant de nouer une de mes nombreuses cravates autour de mon cou.

Après avoir vérifié que ma barbe était impeccablement taillé je sortais enfin de ma salle de cours bien décidé à aller enseigner. Je fis un petit détour par les écuries du château, saisissait l'objet de mon cours. Plusieurs magnifiques chevaux ailés. Un magnifique Gronian donc les muscles cuisseaux et la magnifique crinière argentée imposaient le respect, un des chevaux les plus ivres qui soient l'Abraxan, le ténébreux Ethonan à la robe noire et le symbole de la mort connu de tous, le Sombral.

Je faisais face à la vague d'élèves qui arrivaient vers moi tandis que les chevaux broutaient l'herbe quelques mètres derrière moi. Je pouvais voir que le Sombral bougeait grâce au mouvement de l'herbe qui trahissait la présence de ses sabots.

Une fois que le classe eut finit de se rassembler devant moi, je frottais avec plusieurs gestes secs ma chemise de manière à m'assurer qu'elle soit absente de tous plies avant de les accueillir.

"Bonjour à tous."

Je laissais quelques secondes pour que les élèves me répondent dans de timides murmures tandis que la pluie comblait le blanc qui venait de s'instaurer.

"Comme je vous l'avais promis, nous allons étudier les Sombral aujourd'hui, mais pas uniquement, nous allons ensemble apprendre à connaitre les chevaux ailés les plus populaires de notre monde."

Je pivotais un peu sur le côté de manière à montrer à mes élèves où se trouvaient les sujets de notre cours. Je voulais réellement les sensibiliser à ce cours et pour ce faire, j'avais dans l'idée de jouer à l'âne et la carotte. L'âne étant dans cette expression très imagé, les élèves et la carotte la récompense que je prévoyais de leur offrir, un tour du château sur le dos des magnifiques créatures qui se trouvaient derrière moi.

"Je vais vous demander de vous répartir en groupe de trois personnes."

Je ne voulais pas leur donner la raison de cette répartition de manière à ne pas altérer leurs choix, mais j'espérais pour eux qu'ils avaient tous un peu de connaissances en la matière.

Winter is coming. Et contrairement à ce que cette phrase signifiait à l’époque où elle était à la mode, ce n’était qu’un état des faits qui survenait chaque année à la même période. Il ne faisait pas beau dehors, la pluie qui allait se transformer en neige d’ici quelques temps avait décidé de s’installer là pour la journée. Evidemment, un jour où on a cours dehors, pour le soin aux créatures magiques. Tant pis, on sera trempés. Dommage que les robes de sorcière, même mouillées, ne soient pas aussi moulantes qu’un T-shirt. Enfin, je dérive un peu, on sera dehors pour observer les animaux, pas les filles. De toute façon, on avait un cours de défense contre les forces du mal avant ça. Donc quoiqu’il en soit, j’avais intérêt de me concentrer pour essayer de produire des résultats suffisants pour les attentes de Breckenridge. Et ça, c’est pas gagné.

Après ces deux longues heures d’entraînement, nous pouvions sortir. Pendant les quelques instants de battement que l’on pouvait avoir entre deux essais, j’avais pu observer Narcissa. Comme souvent pendant ces cours, elle n’avait pas l’air très joyeuse. Enfin, elle n’était pas du genre à exprimer sa joie d’habitude, mais là je sentais bien qu’il y avait quelque chose. Evidemment, il n’y avait pas besoin d’être un génie pour comprendre qu’il y avait quelque chose avec le professeur qui était son père. Je ne savais pas trop ce qu’il se passait entre eux, mais il y avait un problème. A la sortie du cours je m’étais un peu hâté pour essayer de la prendre à part pour lui demander, mais quand elle veut, elle marche sacrément vite. Bon, j’aurais pu la rattraper en courant, mais outre le fait qu’une course poursuite dans les couloirs était assez peu discrète, je n’avais pas la motivation suffisante pour en arriver là. Dans le fond, je me doutais bien qu’elle allait éluder la question. Après tout, c’était bien ce que je faisais aussi avec le mien, de père, alors… J’avais donc abandonné bien vite pour me diriger vers la sortie. Dans cette action, j’avais moi aussi semé le reste de la classe. Attendre des gens dans la foule des élèves qui changeaient de classe, c’était pas gagné. Autant aller tout de suite en extérieur, où il y aurait moins de monde.

J’ai rarement traversé le parc aussi vite. Avec la pluie qui tombait, la priorité était d’atteindre la lisière de la forêt interdite le plus vite possible pour être protégé par les feuilles des arbres. Evidemment, Narcissa est déjà là, mais étant donné sa fuite (oui, je ne suis pas dupe, j’ai bien vu qu’elle m’avait vu et avait cherché dès lors à me semer), je ne m’approchais pas. Il y avait de toute façon déjà un petit attroupement, je pouvais me fondre dans la masse. Une fois tout le monde arrivé, Johnson put commencer son cours, non sans nous rappeler son côté maniaque en frottant sa veste pour qu’elle soit propre. Enfin, un côté maniaque ou un côté narcissique, au choix. Narcissique hum… Je comprends pourquoi Narcissa l’aime bien. Enfin, trêve de plaisanteries, derrière lui, je voyais déjà trois chevaux ailés. Nul doute que le Sombral était aussi de la partie, mais je ne le voyais pas. C’est bien pour ça que j’étais moyennement intéressé par cet animal, malgré le reste de son aura, mais heureusement Johnson a pensé à tout et a élargi un peu le sujet du cours. Très bien.

Et puisqu’on en est au sujet du cours, il changeait un peu des habitudes aussi. Là où le professeur nous avait dit que l’on aurait des questions pour être sûr des précautions que nous prenions avant de nous laisser fréquenter les animaux, voilà qu’il nous demandait de suite de nous répartir en groupes. Etonnant, mais en même temps j’aimais bien cette situation. Un peu de pratique plutôt que la théorie, ce n’était pas pour me déplaire. Evidemment, Narcissa ne manqua pas de se plaindre de cette situation, mais rien d’étonnant jusque-là. Je commençais donc à faire un tour d’horizon de la classe pour voir avec qui je pourrais aller. Il y avait Ashley, mais je n’étais pas sûr qu’elle se soit remise de ma bourde en cours de potions. Sinon, il y avait aussi Lila avec qui je pouvais faire équipe. Ouais, c’était une bonne idée. Et pourquoi pas Evelynn pour compléter le trio. Je me dirigeais donc vers elles quand j’entendis de nouveau la voix de Narcissa. Et si, au début de sa phrase, j’avais apprécié qu’elle pense à moi pour faire un groupe, je déchantais très vite. Pourquoi Billie, sérieusement ? De tous les élèves ici présents, pourquoi il y a fallu qu’elle prenne la seule que je ne pouvais pas piffer ? Et puis, elle aurait au moins pu me demander mon avis avant de tout décider comme ça. Bon, je suppose que maintenant qu’elle avait annoncé ça, c’était trop tard, mais pour le coup, elle allait m’entendre. D’un pas décidé je détournais ma trajectoire pour venir rejoindre mon trinôme de la journée.

« Hey, pourquoi t’as fait ce groupe comme ça, sans prévenir ? Au cas où t’aies pas remarqué, on s’évite comme la peste avec Billie, et c’est pas pour rien ! »

Malgré l’énervement passager, je faisais en sorte de ne pas parler trop fort, de façon à ce que le professeur ne m’entende pas. Je fixais Narcissa, les sourcils froncés, comme si elle me devait absolument une explication en attendant que Billie nous rejoigne. Même si on ne s’aimait pas, je ne doutais pas qu’elle aurait la même réaction que moi.

Nouveau cours de soins aux créatures magiques – je n’en avais pas spécialement l’envie. C’était certes une option que j’avais prise, mais uniquement car je devais en avoir 2 minimum. Et car c’était l’une des options les moins inintéressantes dans le lot qu’ils nous avaient donné. Etude des moldus auraient put faire l’affaire, puisque je suis une née moldue je connaissais pas mal le sujet, mais je m’ennuierai certainement – quoique le nouveau prof d’étude des moldus semblaient assez drôle, rendant le cours potentiellement intéressant. Le fait est que je me devais d’y aller. J’étais fortement tentée de sécher, mais bon, si je commençais comme ça, je n’en finirais plus, et j’étais là pour réussir. Dans le pire des cas, l’année prochaine : ADIEU SCM.
C’était donc en trainant les pieds que je m’étais dirigée vers l’extérieur du château. Je faisais donc partie des dernières arrivées tandis que, comme d’habitude, je pouvais voir miss Breckenridge devant le prof. Eh beh, ça ne lui suffisait pas de sucer le prof de défense contre les forces du mal, fallait aussi qu’elle se tape le prof de soins aux créatures magiques ? Rhalala, c’était bien les serdaigles ça. Ça ne m’étonnait pas d’elle.
Poussant un soupire, je me positionnais, attendant patiemment que le cours débute.

Les sombrals, donc. J’étais légèrement déçue, je voulais les araignées géantes moi ! C’était bien plus intéressant, bien plus glauque, bien plus effrayant pour certains. Cela m’aurait tellement fait tripper d’en faire peur à certains en leur mettant des petites araignées sur eux. Bon, certainement que le prof m’aurait remise sur le droit chemin, mais bon, c’était bien trop tentant ce genre de chose.
Ainsi donc nous allions apprendre des trucs sur les cheveux ailés. Intéressants dans le sens où j’aimerai bien pouvoir en chevaucher un pour voler autour de Poudlard – et peut-être même ailleurs. Avec les animaux en général, j’étais beaucoup moins peste, chose qui pouvait choquer plus d’un.
Les choses dégénérèrent lorsque prof machin – j’avais encore oublié son nom – ordonna que l’on se mette par groupe de 3. Je fis clairement la gueule. Je n’étais pas très douée pour les travaux de groupe, et je préférais largement être seule. C’est pourquoi, je dus bien admettre que je fus d’accord avec Narcissa lorsque celle-ci demanda à être en solo. Et cela m’arrachait la tête de penser cela. Faut croire que l’on n’était pas spécialement différente, elle et moi. Mais mettons cela de côté, c’était bien plus amusant de cracher sur elle.
Je ne fis donc aucuns efforts pour tenter de me mettre en groupe avec d’autres personnes, je n’étais pas très encline à faire amie amie avec des gens. Peut-être William, mais bon, c’était le seul un peu potable avec Zach.
C’est d’ailleurs en observant Narcissa que les choses prirent encore une tournure funèbre. Elle imposa son groupe sans même demander à ses potentiels coéquipiers ce qu’ils en pensaient. Cela me fit légèrement halluciner, et cela se vit clairement sur mon visage.

« J’y crois pas ! » lâchais-je, choquée. « Wah, t’es chevilles vont bien Breckenridge ? Ton égo est si surdimensionné que tu imposes aux autres ta présence ? Tu t’es pas dis qu’ils ne voulaient pas de toi ? »

Cela pouvait presque passer pour un plaidage de cause, mais je m’en foutais pas mal. A vrai dire, j’me foutais pas mal de ce que pouvait bien vouloir Billie et Zach comme coéquipiers – certainement pas moi je m’en doutais bien – ce qui me faisait juste rager c’était que la p’tite blondasse se permettait de faire sa p’tite chef sans que personnes ne disent rien. Malheureusement pour elle, je n’étais pas de ces personnes qui ne disaient rien.

Semble-t-il que Zach était aussi légèrement indigné par l’attitude de petite chef de Narcissa, ce à quoi elle répondit avec une attitude hautaine qui lui ressemblait bien qu’il n’avait pas le choix. J’arquais un sourcil. Elle était vraiment abusée cette fille ! J’arrivais pas à croire comment il était possible d’être aussi odieuse. Je me savais chiante, je me savais pas spécialement beaucoup aimée, mais là, franchement, elle décrochait la seconde place des gens les plus détestables dans Poudlard ! Aniek étant indétrônable, de toute manière.
J’eus un sourire sarcastique en y mêlant mon grain de sel. Car je ne pouvais m’empêcher d’ouvrir ma gueule face à ça. C’était, comment dire, instinctif. Je ne pouvais pas m’en empêcher, c’était inscrit dans mes gênes. Si encore elle avait demandé l’avis des protagonistes, s’aurait put passer, mais voilà, là, ça ne passait pas vraiment.
Breckenridge me répondit alors sur le même ton de dédain dont elle avait l’habitude. Bien évidemment, c’était pour me rabaisser, comme elle en avait l’habitude, sur mon utilité et mon intelligence. Et elle jouait avec le sarcasme tout comme j’avais joué avec le mien. Elle ne pouvait pas vraiment l’ouvrir là-dessus sachant qu’elle utilisait aussi ce merveilleux langage qu’était le sarcasme. Ses remarques me firent donc doucement rire, tandis que je me rapprochais légèrement des deux jeunes gens.

« Mon sarcasme, j’le sors quand j’veux miss. Et tu devrais pas trop te la ramener avec la merde puisque, semble-t-il, y’a que de ça qui sort de ta bouche en cet instant. Mais puisque tu veux jouer à la chef, alors jouons ! Et si j’ai envie d’être avec Zach et Billie ? Qu’est-ce que tu vas faire ? Piquer une crise et te rouler au sol comme une enfant ? »

Je la mettais clairement au défi de faire quelque chose contre moi. De montrer les crocs. Mais je doutais qu’elle tente quoique ce soit. Déjà car elle n’était pas assez courageuse pour oser m’affronter – évidemment – mais aussi car elle était plus du genre à renifler dédaigneusement et faire comme si l’autre microbe n’existait pas. Est-ce que je m’arrêterai là ? Absolument pas ! Justement, les attitudes dédaigneuses me donnaient encore plus envie de continuer à faire chier mon monde.

Evidemment, je ne m’attendais pas à ce que Narcissa s’excuse simplement à mon indignement. Je savais bien qu’elle allait continuer à faire sa princesse et imposer la situation. Mais tout autant que je l’apprécie, il y avait un moment où il fallait bien qu’on remette certaines choses en place. Billie n’était pas encore intervenue, nous laissant dans un mini-conflit dans notre coin. Evidemment, je me doutais bien qu’on n’allait pas parler vie privée avec Billie, mais la question n’était pas là. Quand on n’apprécie pas quelqu’un, il est compliqué même de travailler avec. Et elle devait le savoir. Et puis, ce n’était pas le problème principal de cette histoire.

« Le problème, c’est pas tant qu’on puisse se supporter suffisamment pour travailler ou quoi. Evidemment que je peux le faire, si un professeur venait à nous mettre en binôme. Le problème, c’est surtout la communication, tu aurais pu nous en parler avant de nous poser devant le fait accompli. »

Moi aussi, je savais être ferme dans mes répliques. Je savais bien qu’elle n’était pas du genre à parler beaucoup, mais si elle nous a choisi c’est sûrement parce qu’on est les seuls à qui elle parle. Et justement, là, elle ne l’avait pas fait, d’où mon emportement. Et il semble que je ne sois pas le seul à être offusqué de ce comportement.

En effet, Ashley ne manqua pas d’intervenir dans cette petite dispute. Elle aussi soulignait qu’elle aurait pu demander ce qu’on en pensait, même si elle le disait de façon plus violente. Et c’est ainsi que cela tourna à l’affrontement verbal. Si, quand nous étions en tête à tête, nous nous étions tenus pour éviter d’attirer les foules, avec Ashley c’était une autre histoire. Narcissa se défendit donc en lui disant qu’elle n’était pas concernée et qu’elle disait de la merde, ce que Ashley lui renvoya en émettant l’hypothèse qu’elle veuille se mettre avec Billie et moi. C’était bien là le problème, il n’y avait pas eu de communication dans cette histoire, et voilà que le dialogue tournait au vinaigre. Je ne savais pas vraiment de quel côté me mettre. D’un côté, j’étais totalement de l’avis de Ashley. De l’autre, je ne voulais pas non plus me disputer à ce point avec Narcissa (étrange). Et puis, un préfet qui se lance dans une guérilla en plein cours, ça la fout mal. En pesant le pour et le contre rapidement, le choix fut vite fait.

« Hey, je sais que Narcissa a pas fait les choses correctement, mais c’est peut-être pas la peine de se disputer en plein cours… »

Me poser en médiateur après avoir lancé la première pierre, ça pouvait paraître hypocrite, mais qu’importe. Ma voix ne tremblait pas, je tenais quand même à calmer le jeu avant que le professeur ne s’en mêle.

Fait étrange – #ironie – Zach se faisait assez sèchement remettre à sa place par Narcissa. J’avais du mal à les imaginer dans la même maison, à vrai dire. Bien qu’intello, Zach restait assez aimable et agréable à supporter, tandis que Narcissa était une vraie plaie. Deux parfaits opposés, je les imaginais mal s’apprécier dans la vraie vie. Enfin, je disais ça, mais Sloane et moi étions de parfaits opposés aussi, et pourtant... m’enfin, il ne faut pas oublier que pour le moment, nous étions quelque peu en froid. Le pauvre petit quand même, certes moi j’avais une Aniek dans ma maison, mais comme on s’ignorait royalement, ça passait. On pouvait dire que je remerciais le ciel de ne pas avoir été dans la même maison que Narcissa – quoique serdaigle ne m’aurait pas convenu, contrairement à serpentard pour elle. Elle ferait une très bonne serpent tiens, je la voyais bien se réunir avec Aniek et compagnie pour réfléchir à un plan maléfique pour gouverner le monde. Bien évidemment, plan continuellement mit à mal par les gentils. Ouais, j’faisais partie des gentils, problème ?
A mon intervention, les répliques fusèrent. En effet, il était assez difficile de se retenir de se la ramener face à la blondasse qui me faisait face, et il était difficile pour elle de se taire face à moi. Fierté mal placée oblige, nous ne voulions en aucuns cas lâcher l’affaire, car cela équivaudrait à avouer sa faiblesse face à l’autre. Eh bien, je n’étais pas prête de lâcher prise en tout cas.

« Ouais eh bien, ton sarcasme, à part te rendre ridicule et aussi conne qu’une goule, il ne te rapporte rien. »
« Fort heureusement, le ridicule ne tue pas, et j’me fiche pas mal d’avoir l’air conne. Mais, tu l’es aussi d’ailleurs, puisque tu me réponds, non ? »

Je la défiais toujours autant. Je la titillais, j’essayais de la faire céder ou mieux : de la faire enrager. A vrai dire, je devais bien avouer que je trouvais cette situation plus amusante qu’énervante. Ce n’était certainement pas partagé par la serdaigle, j’en étais certaine, mais je m’en fichais. Si cela pouvait me faire plaisir, alors tant mieux !
Hm ? Zach avait parlé ? Ah bon, je ne l’avais pas entendu. Disons plutôt que j’ai tellement bien ignoré le blondinet que mes oreilles avaient tout simplement boycotté sa voix. Certainement avait-il dit quelque chose d’intelligent, comme à son habitude, mais voilà, en cet instant, j’étais toute concentrée vers Narcissa, à qui je faisais un magnifique sourire narquois.
Elle me reprit par la suite sur le fait d’avoir un comportement de gamins et que je voulais être avec les deux autres. Ces paroles ne firent que grossir mon plaisir : elle ne cédait pas facilement la petite, et c’était d’autant plus amusant de la titiller là-dessus. Est-ce que ce qu’elle me disait m’atteignaient ? Absolument pas. J’étais bien trop au dessus d’elle pour prendre la mouche.

« Je dis de la merde, pourtant c’est bien d’un comportement de gamin que tu as. « Je l’ai dis en premier donc je gagne », j’ai l’impression de parler à un enfant de 10 ans – et encore, je suis gentille. Alors non, je n’ai pas l’intention de me casser, puisque j’ai autant le droit à la parole que toi, Zach et Billie. Ce n’est pas à toi de décider pour tous, la gamine. »

Et voilà que j’étais devenu invisible. Moi qui avais demandé des mokes pour ce cours, voilà que je me retrouvais dans sa situation sans le vouloir, comme si j’avais été rapetissé. C’est presque vexant qu’elles ne me calculent même pas comme ça. Surtout Narcissa qui, pour la seconde fois, ne prenait absolument pas en compte mon avis. Enfin, cette fois, y avait carrément plus du tout de dialogue. Au moins, Billie aura été plus clairvoyante en se rendant compte qu’elle ne pourrait pas grand-chose dans ce conflit. Enfin, c’est ainsi que je comprenais son retrait, malgré qu’elle se soit rapprochée juste avant, certainement pour donner son avis. Et pour que je fasse un compliment sur Billie, c’était bien qu’on était dans un cas très particulier. On dira que j’avais quand même tenté le coup en tant que préfet. D’habitude j’aurais insisté, mais là elles m’avaient saoulé. Je veux bien avoir toute la bonne volonté du monde, au bout d’un moment il ne faut pas pousser. Et puis, il y avait un professeur cette fois, donc c’était plus son job que le mien de séparer les deux filles. Et pourtant il n’avait encore rien fait, je sais pas trop ce qu’il fichait, et je m’en fichais un peu en fait.

Je m’écartais donc du crêpage de chignon. Je n’irai quand même pas jusqu’à aller me poser à côté de Billie pour observer le conflit, faut pas déconner quand même. Mais il y avait bien assez d’arbre dans ce coin de forêt pour accueillir deux personnes liés au conflit qui se déroulait, mais dépassés par celui-ci. Je gardais un œil sur ce qu’il se passait. Connaissant les deux, ça n’allait pas tarder à dégénérer si Johnson ne réagissait pas. Et on verra bien s’il maintient le trinôme que Narcissa lui a donné, mais si c’est le cas, ce travail de groupe risque d’être encore plus long que prévu…

J'observais la scène qui se jouait devant moi avec stupéfaction. Des insultes, de la provocation, de la répartie plus ou moins subtile bien que restant infantile. Je ne pouvais m'empêcher d'être fasciné par ce qui venait de se produire. Je n'avais pas connaissance des affinités que partageaient mes élèves, mais désormais je me rendais compte que ma meilleure classe était particulièrement divisée.

Tandis que la jeune Narcissa et Ashley se crêpaient le chignon, je restais éloigné, les observants, laissant mon énervement monter à petit feu. J'essayais de focaliser mon attention sur autre chose pour ne pas réagir de manière excessive, mais je peinas à me contrôler. Je m'efforçais donc de regarder l'évolution du climat, le froid s'imposait et des petites bouffées de fumée commençaient à s'extirper des bouches vulgaires des deux jeunes filles. Allaient-elles parvenir à se calmer elles-même ? J'en doutais, je voyais qu'elles continuaient de bouillir au fur et à mesure que les répliques s’enchaînaient. Allais-je les laisser exploser ? Non, mais il était plus cruel de ma part de les laisser se tourner en ridicule. Un comportement infantile avec des répliques plus simplettes les unes que les autres, c'était d'un pathétique déconcertant. C'était ce genre de scènes qui faisaient que l'enfant introverti que j'étais ne s'en sortait pas toujours à si mauvais compte.

La jeune Breckenridge semblait soudain avoir compris qu'elle était en cours et qu'elle avait un diplôme à valider, c'était curieux puisqu'elle était tout simplement en train de le gâcher. Je m'étais efforcé de leur préparer une compétition qui allait les instruire tout en les laissant s'amuser et ils étaient en train de gâcher mes efforts, un comportement qui était vraiment inacceptable à mes yeux. Mais, je n'allais pas laisser tout ce désordre perdurer. J'avais juste attendu qu'ils se tournent assez en ridicule pour intervenir.

Je m'avançais, la posture droite au milieu de mes élèves, m'imposant entre les deux filles. Je caressais ma barbe d'un geste lent de la main avant de redresser le col de ma chemise. Je foudroyais du regard les deux filles tout en mettant en avance toute mon aura de prédateur.

"Bien... Bravo !" Criais-je en applaudissant.

"Quoi ? Vous n'applaudissez pas ? C'était bien pourtant, ce genre de comportement à tout à fait sa place dans mon cours non ?"

Je provoquais mes élèves au fur et à mesure que je commençais à crier.

"Non ! Je n'accepterais plus jamais un tel comportement ! Narcissa, Ashley, vos maisons viennent respectivement de perdre 30 points et vous serez collé pendant six heures demain soir ! La prochaine fois vous pourrez faire demi-tour et vous abstenir de venir à mon cours jusqu'à la fin de l'année."

Je prenais une profonde inspiration pour me calmer. Les veines de mon cou ressortaient anormalement tandis que mes mains tremblaient d’énervement. Je passais ensuite ma main dans mes cheveux avant de me retourner pour reprendre ma place de départ. Je marchais lentement vers les chevaux ailés, puis fis volte face de nouveau de manière à me retrouver une nouvelle fois face à ma classe.

"Je vais changer quelque chose..."

Je venais d'avoir ce qui me semblait être une idée brillante. Une punition à la hauteur des événements et subtile à souhait.

"Vous formerez finalement des groupes de deux. Mme Atwood et Mr Thompson, vous restez ensemble. Mme Breckenridge et Mme Rosenbach formeront également un binôme. Veillez à ne pas aggraver vos sanctions."

J'observais mes élèves, me délectant de leurs réactions. Était-ce du sadisme ? Non, j'appelais ça de la pédagogie. Lorsque je gérais mon entreprise, j'aimais confronter mes salariés de la sorte de manière à les forcer à mettre leurs différents de côté au sein de l'entreprise et parfois cela les faisais nouer des atomes crochus. Sauf une fois, ou un d'entre eux a tué un des salariés de manière à ne plus se retrouver en binôme avec lui... Dans ce cas la l'un était décédé et l'autre en prison... Mais, je m'égare, ça ne se produira pas cette fois-ci...

Je fronçais les sourcils m'efforçant de chasser cette sombre pensée de mon esprit tout en attendant de voir quels autres binômes allaient se former. Je m'efforçais de cacher dans mon regard la déception que venait de me faire subir Narcissa, elle était mon élève la plus brillante et j'avais longtemps correspondu avec elle, j'osais espérer qu'elle n'allait pas s'abaisser à succomber à ses bas instincts, mais visiblement force était de constater que j'avais tord.

Ah la la que dire de cette Breckenridge. Bon il y en avait des choses à dire, et les redire alors que je les avais dis la fois d’avant serait redondant – trop de verbe « dire » ? C’ton problème, pas le mien dude. Narcissa faisait partie de ces personnes qui me hérissaient les poils rien qu’en les regardant. Non pas que je me sentais menacée, ou bien encore que j’en avais peur : non, c’était des frissons d’envie d’aller la faire chier. De voir son visage se contracter en colère, de la dérider un peu en clair. Car ce qui était sûr, c’était qu’elle ne souriait pas beaucoup comme fille – sauf ces rictus qu’elle essayait de faire passer pour des sourires narquois. Mais après tout, c’était son problème si elle ne souriait pas. Personnellement, cela m’amusait pas mal. Et si l’on pouvait en prime se battre, alors là, c’était le summum du plaisir – non je ne suis pas maso.

« Si je ne te répondais pas, tu aurais l’air encore plus conne à te taper un vent. Et après, on ose dire que je ne suis pas aimable. »
« Wah, tu veux qu’on te décerne une médaille tant qu’à faire ? Pas sûr qu’elle t’aille bien. Une médaille c’est bien trop joli pour toi. »

L’attaquer sur son physique ? C’était bas, je le savais très bien. Surtout qu’elle n’était pas moche ni excessivement belle – surtout qu’il y en avait des belles à dire sur mon propre physique – mais bon, au point où l’on en était, un peu plus ou un peu moins de débilité, ça ne changeait pas grand-chose.
Je remarquais qu’elle ignora royalement Zach – m’semble qu’il avait parlé non ? Quoique, j’ai comme un doute sur le coup. Bon, ce n’était pas bien grave, de toute façon, il ne pouvait pas faire grand-chose. Parfois, tout ce qu’il fallait faire, c’était attendre que ça passe et éviter d’avoir des retombés. Certainement que s’il s’était interposé plus, je lui aurais foutu un joli poing dans sa face. En mode « dégages de mon chemin j’ai mieux à faire ». Il ne l’aurait certainement pas apprécié, mais bon, ma rancune du cours de potion faisait que je m’en fichais un peu.

« Oh lala, madame a son droit de parole, » reprit-elle en prenant une voix particulièrement chelou qui m’arracha un petit rire sarcastique. Et elle osait dire qu’elle n’était pas une gamine en faisant cela tient !
« Très jolie imitation de toi-même. »

Suite à cela, Narcissa péta son câble. On peut dire que j’avais réussi à sérieusement, profondément, intensément la faire chier. A lui enfoncer profond mon poing au point où elle avait cet air de constipé que j’aimais tant voir sur sa face de rat. Cependant, sa dernière phrase eut le don de faire mouche – et c’était rare. Elle sous entendit que mon redoublement était dut au fait que je ne suivais pas les cours et donc que j’étais nulle. Mon sourire narquois s’estompa tandis qu’inconsciemment, je serrais les poings avec force.

« Oh, insinuerais-tu que je sois débile ? » commençais-je en m’avançant légèrement. « Que j’ai raté mon année car je suis d’une telle débilité que mêmes mes notes m’ont rit au nez ? Tu te crois tellement supérieure que tu penses tout savoir de moi et dire avec certitude que c’est telle raison qui ont provoquée telle chose ? Wah, je ne te savais pas devin, c’est impressionnant ! Franchement arrête Poudlard et devient la nouvelle voyante du monde des moldus ! Manque de pot, mon cœur, tu te trompes. Enfin, ce ne serait pas la première fois, ni la dernière. »

Ma colère était montée de plusieurs crans et manquait d’exploser. Comme à mon habitude, je jouais sur l’ironie et le sarcasme, me moquant éperdument de la petite blonde que voilà. C’était tellement abusé quand même qu’elle estime que c’était par manque d’intelligence que j’avais raté – du moins était-ce ce que j’avais compris dans ses paroles – alors qu’en vérité, c’était simplement une suspension de plusieurs mois qui me bouffa la moitié de ma 5ème année. Bien évidemment, je n’allais pas m’épancher là-dessus, loin de là. Simplement, je ne pouvais m’empêcher de souligner qu’elle avait tord.
C’était fou comme une simple phrase pouvait me faire passer de l’amusement à une colère noire. Mes poings me démangeait, j’avais envie de lui faire bouffer ses cheveux, de la frapper jusqu’à ce qu’elle soit méconnaissable.
Et puis la voix du prof se firent entendre.

J’eus du mal à détacher mon regard de Cissy. Bon, pour être plus précise : je ne détachais pas mon regard d’elle. C’est à peine si j’écoutais ce que le prof disait à vrai dire. Il semblait vouloir se montrer imposant, imposer le respect. Sauf que le respect, particulièrement envers lui, je l’avais mangé depuis un bail. Je n’imprimais dans mon cerveau que des bribes de ce qu’il disait, et pas les meilleurs : au contraire, ce que je retenais de ces paroles me mettaient d’autant plus en rogne. -30 points à Serpentard ? Et puis quoi encore, pourquoi pas -100 tant qu’à faire. Et en plus il osait me mettre avec Narcissa en binôme ? A ça, je grimaçais de dégout. Non mais il était fou ou quoi ce prof ? Moi, avec l’autre, il voulait une explosion, l’apocalypse ? C’était limite moins pire que moi et Phoebe dans la même tente durant les vacances d’été.

S’en était limite trop. Prof machin qui vient ajouter son grain de sel alors qu’il aurait mieux fait de rester à sa place, Narcissa qui faisait la belle : le coup partie tout seul. Une droite en plein sur son joli minois. La force de l’impact la fit reculer de quelques pas, tandis que moi je crachais au sol, à ses pieds. Mon sourire se fit presque cruel tandis que je la regardais de haut, la mettant clairement au défi de poursuivre le combat.

Narcissa était certainement l’une des personnes les plus détestables que je connaisse. Oh c’est certain qu’elle n’égalait certainement pas le groupe de dealeurs qui ont osés tenter de me violer, ou encore Alan, ou encore Ivan, ou encore Aniek – on en revenait toujours à Aniek ; bon Ok il y avait un beau palmarès au dessus de Narcissa, mais elle n’en restait pas moins détestable. Il devait certainement y avoir peu de personnes qui arrivaient à me faire sortir de mes gongs aussi « facilement ». Particulièrement car la serdaigle était imbue d’elle-même, qu’elle se croyait supérieure en tout point et qu’elle pensait tout savoir sur tout le monde rien que sur l’apparence. Alors que si l’on ne jugeait la jeune femme que sur son apparence, elle n’était pas bien glorieuse l’image qu’elle donnait. Cela oscillait entre plusieurs strates, de la sainte-nitouche à la pute de l’extrême qui avait la chatte plus bouchée qu’une autoroute.
Nous avions toutes les deux ignorer royalement les propos de Johnson, et cela avait un petit côté effrayant. Effrayant car dans le fond nous n’étions pas spécialement différente bien que moi je ne me prenais pas pour ce que je ne suis pas, et surtout, je n’étais pas une serdaigle. Tout ça pour dire que nous continuions à nous regarder intensément dans le blanc des yeux avec amour et passion pendant que le prof déblatérait inepties sur inepties. Sans intérêt, en somme.
Très vite, le coup parti, suivi d’un merveilleux et magnifique et grandiose et SUBLIMISSIME cracha par terre, aux pieds de Narcissa. Puisque c’était tout ce qu’elle méritait. Elle ne méritait même pas que ma superbe salive se retrouve sur sa face de babouin écervelé tellement j’étais trop loin au dessus d’elle.
Elle répliqua. Bien sûr qu’elle réplique, c’était obligé qu’elle réplique, mais je me laissais prise au dépourvu lorsqu’elle commença par simplement me pousser. En effet, j’aurais plutôt pensé à quelque chose de plus violent. Je compris après qu’elle se servit de mon moment d’instabilité physique pour m’attaquer dans le ventre avant de déblatérer elle aussi des inepties sans nom.
Pliée en deux par la douleur, je lâchais un petit rire.

« Pute... » lâchais-je entre mes dents.

Je ne lui laissais pas le temps de réagir : je me propulsais en avant, fonçant sur Narcissa tout en restant courbée pour la choper à la taille et la faire tomber en arrière. Plus particulièrement : la faire tomber au sol. Elle pouvait faire un très bon matelas si elle prenait un peu plus de poids, soit dit en passant.
Me relevant au dessus d’elle rapidement, je m’assis à-califourchon au dessus d’elle avant de lui envoyer un nouveau poing au visage, pour finalement saisir ses deux mains pour les plaquer au sol.

« Si je devais te juger à ton apparence comme tu viens de le faire avec le mien, je dirais que tu es une pute à la chatte plus large encore que le grand canyon. »

J'eus un sourire mauvais. Je n'avais pas oublié son crachat dans mes cheveux, alors pour me venger - et pour faire la liaison avec son nouveau statut de péripatéticienne - je me saisis alors de ses lèvres avec violence, forçant la barrière de ses lèvres pour un mélange de salive particulièrement adéquat - et oui, juste pour elle, j'avais beaucoup de salive en réserve - avant de prendre sa lèvre inférieure entre mes dents pour la mordre jusqu'au sang. Le gout métallique emplit rapidement ma bouche et je me détachais de ses lèvres avec un sourire narquois. Alors, qui était supérieure à qui ?

La bagarre était donc enclenchée. De toute manière, il n’y avait que peu de facteurs pouvant empêcher cela d’arriver. Et prof machin – j’ai déjà oublié son nom – ne faisait pas parti de ces facteurs. On s’entend que de toutes les façons, si nous ne nous étions pas battus dans son cours, nous nous serions battus à un autre moment. Et encore, je n’étais pas tout à fait sûre qu’il y avait eut la moindre chance pour que nous ne nous battions pas, étant donné que le prof eut la merveilleuse idée de nous mettre en binôme. N’importe quoi. J’espérais qu’il n’y aura bien que la stupidité incarnée qu’était ce prof pour nous mettre en binôme.
Je l’avais embrassé, bavant allègrement dans sa bouche, avant de lui mordre sauvagement sa lèvre inférieure. C’était, en gros, comme pour la mettre au défi, mais surtout pour l’humilier. L’humilier, la rabaisser, lui faire perdre ses moyens. Et c’est d’ailleurs ce qui se passa, à merveille !
Narcissa me donna un coup de boule, me désarçonnant. Elle en profita pour me faire basculer sur le côté – à mon tour d’être dans l’herbe crasseuse – pour ensuite s’assoir elle aussi sur mon corps, emprisonnant mon bras sous son genou. Et elle me frappa dans la gorge, me coupant le souffle durant quelques secondes, avant de me frapper plusieurs fois au visage pour finalement me cracher dessus et me griffer. Ça faisait mal, mais je refusais d’émettre le moindre son ou de lui offrir la satisfaction d’une grimace sur mon visage. En tout cas, elle en profitait bien, cette nana !
Le problème dans tout ça, c’était mes crises de colère. Elles s’étaient amoindries dernièrement, mais elles se faisaient toujours sentir. Dans ces moments-là, je perdais totalement la raison jusqu’à ce que la crise passe. Je pourrais avoir une jambe cassée, mes boyaux en dehors de mon corps – je continuerai quand même à avancer et à frapper l’autre personne, voir même jusqu’à la tuer. Après une fois la crise passée j’peux mourir en paix.
Et v’là que la meuf qui s’amuse à faire du rodéo sur moi, déclencha cette crise.

Perdant toutes raisons, je déplaçais tout mon poids sur le côté pour faire basculer Narcissa sur le côté comme elle l’avait fait avec moi précédemment. Je pris alors une pierre qui était proche de moi tout en me relevant, pour la frapper avec. Je frappais son corps avec, mais aussi ses bras et mains qui tentait de se défendre contre mes assauts. Bras, mains, corps. Je n’étais pas assise sur elle, j’étais sur le côté, et je ne faisais que frapper, encore, et encore, avec dans le regard une lueur absente. C’était comme si ma conscience même avait déserté mon regard. C’était purement mécanique. Mon corps bougeait à ma place. Elle pouvait me faire mal, elle pouvait me frapper avec ses pieds, je ne sentais rien. Ce qui, extérieurement, donnait le fait qu’on se roulait au sol en se frappant, se mordant, se griffant et se crachant dessus (la base). Et malgré tout, malgré tout ce qu’elle pouvait me faire, je n’arrêtais pas de la frapper. Voir même, cette bataille me donnait encore plus envie de la frapper. De l’amocher. Et de la t...

Et je sentais que j’allais m’en sentir coupable une fois la crise finit. Je sentais aussi que j’allais avoir mal.

Le spectacle qui venait de se dérouler sous mes yeux écarquillés était pour le moins inattendu. Non seulement mon discours avait été ignoré et balayé d'un claquement de doigt, mais en plus elles avaient osés surenchérir. Se battre, succomber aux bas instincts du mortel de base n'était pas digne de sorciers désireux de se forger un avenir. J'en savais quelque chose, en tant que moldu, j'avais longtemps pratiqué les arts-martiaux, mais jamais en dehors du cadre qui leur était réservé. C'était cette règle qui m'avait permis de me forger. Si on ne se bat pas, on ne peut pas se sentir impuissant, mais lorsqu'on est capable de résoudre un problème sans commettre d'actes barbares et réprimendables, c'est à ce moment que l'on se sent puissant. J'avais passé mon enfance à subir les coups de grosses brutes, mais désormais je savais qu'ils n'étaient pas capables de me blesser et ce n'était pas pour autant que j'allais me jeter sur eux pour leur montrer. Se battre ainsi sans retenu et sans étique moral, cela résultait selon moi d'un flagrant problème d'estime de soi. Elles agissaient comme des animaux, se mordant, frappant au visage et se roulant dans la terre.

Pour n'étais-je pas immédiatement intervenu ? Déjà, la surprise, la situation avait dérapé trop rapidement et cela faisait bien longtemps que mon autorité n'avait pas été ainsi remise en question. Alors oui, j'avais eu du mal à accuser le coup qui m'avait mit dans un état un peu second. Puis, je n'avais pas envie de me salir et de me ridiculiser pour séparer deux garces en rûte incapable de se contrôler. Car, malgré tout l'estime que j'avais pour la jeune Breckenridge, c'était ainsi qu'elle se comportait et tout le respect qu'elle était parvenue à gagner elle l'avait perdue sous les yeux ébahis de la classe.

Je bouillonnais tandis que les deux cabots se roulaient sur le sol, se mordaient et se crachaient au visage. Les sévices corporels étaient formellement interdits, mais ils auraient mérités une bonne paire de claques si ce n'est davantage. Je tentais de me contenir, mais c'était impossible et le moment arriva où je devais séparer les deux énergumènes afin de m'affirmer une bonne fois pour toute devant ma classe. Je ne pouvais tolérer que mon autorité soit bafoué de la sorte. On traînait mon nom dans la boue et je ne supportais pas cela. Je m'étais efforcé de préparer un cours original avec un concours de manière à les intéresser et ils venaient de foutre ma méthodologie en l'air. Je ne pouvais laisser passer cela.

Je me saisissais d'un geste vif de ma baguette avant de pointer la jeune Ashley qui était désormais au dessus de Narcissa.

"Mobilicorpus."

J'éloignais ainsi son corps de dix mètres sur la droite avant de la pointer de nouveau, la rage était désormais lisible sur mon visage. Je serrais mon poing fermement de manière à me contenir tandis que toutes les veines de mon cou et de mon front étaient plus que visibles. Je criais ensuite sans faire attention à la portée de ma voix.

"Dégage d'ici ! Ne reviens plus dans ce cours !"

J'hurlais d'énervement au point que des postillons pouvaient même sortir de ma bouche, moi qui étais habituellement si soigné. J'allais faire suivre cet incident, mais la meilleure des punitions ce n'était pas moi qui allais pouvoir lui infliger, mais les autres élèves par vengeance. J'avais abandonné le vouvoiement, je ne voyais pas l'intérêt de respecter un chien.

Mon regard se posa maintenant sur Nacissa qui peinait à se relever.

"C'est pitoyable..." Murmurais-je en la regardant avant de me tourner vers ma classe.

"Ce comportement est pitoyable ! Le cours est annulé, sortez tous un parchemins et faites moi une rédaction sur les caractéristiques des différents êtres de l'eau. Les personnes ayant moins que la moyenne seront collés. Que ça serve de leçon à tout le monde. Quant à vous Miss Breckenridge vous viendrez tous les soirs après les cours dans mon bureau pendant deux mois. Combien de temps ? Je l'ignore ça dépendra de votre rendement en colle."

Ok, là par contre le cours partait vraiment en sucette. Si Johnson avait fini par réagir quand le conflit n’était qu’oral, je dois avouer qu’il avait réagi de façon assez illogique. Enfin, je ne parle pas de la perte de points, ni même de l’ironie dont il avait fait preuve en les applaudissant. C’est surtout l’idée de les mettre en binôme ensemble. Cette décision me laissa tant sur le cul que je ne réagissais même pas au fait que je me retrouverais avec Billie, seuls. Si elle n’avait certes pas fait trop de boucan, ça restait un binôme à risques. Mais encore passons, on pouvait éventuellement collaborer le temps du cours. Mais Ash et Narcissa, après ça, comment il voulait qu’elles se supportent pendant les 2h du cours ? Non, là pour le coup, c’était une très mauvaise décision, et si ça pouvait n’être que mon point de vue, la scène suivante me donna raison.

En effet, leur langue ayant terminé le débat, ce fut au tour des poings de parler. Et si, au début, ça ressemblait à une baston normale, très vite il se passa quelque chose d’étrange. De loin on dirait qu’elle roulaient par terre, mais il me semblait bien avoir vu Ashley prendre une pierre. Et quand on regardait bien, elle se déchaînait. Mais pas juste comme n’importe qui se battrait. Il y avait trop de hargne dans ces coups. Presque comme une bête sauvage. J’assistais à ce spectacle, horrifié, impuissant, stupéfait, etc… Jusqu’à ce que Johnson agisse de nouveau, séparant les deux à l’aide d’un sort. Narcissa se relevait avec peine, tandis qu’Ashley était jetée du cours comme une malpropre sous l’énervement de Johnson. Malgré le débordement, je devais avouer que c’était déjà une meilleure réaction.

Je me hâtais de rejoindre Narcissa, inquiet, tandis que le professeur annulait purement et simplement le cours. J’entendis Billie s’insurger, et je l’aurais probablement rejoint (décidément, nos avis convergent beaucoup aujourd’hui), mais l’état de la Serdaigle était ma priorité sur le moment. Pour n’importe qui je me serais inquiété après un affrontement pareil. Si j’avais toujours su que les menaces que pouvait proférer Ashley n’étaient pas du vent, j’en avais désormais la preuve.

« Ca va ? Tu tiens debout ? »

Un tour par l’infirmerie allait certainement être nécessaire, et ça faisait partie du job de préfet. Et si on y croisait Ashley qui devait certainement en avoir besoin aussi, hé bien je m’assurerai qu’elle garde ses distances, cette furie.

Je ne comprenais plus ce qu’il se passait. Sur le coup, j’eus comme un black-out. Enfin, simplement un moment de la réalité qui s’était caché dans mon esprit, prisonnier de ma mauvaise foi.
Je me suis donc retrouvée à terre à quelques mètres de Narcissa, dont le corps semblait en mauvaise état – c’est peu dire ! Elle était couverte de sang et de boue, sans oublier sa rage nullement dissimulée qui éclairait son regard. En me relevant, je me rendis alors compte que mon corps n’était pas vraiment dans le meilleur des états. Certes j’avais l’impression d’être « mieux » que la serdaigle, mais cela fut tout de même pénible. Je n’avais pas un preux chevalier pour me relever, moi ! J’avais mal partout. Je saignais à des endroits, et je sentais que j’allais avoir pas mal de bleus dans d’autres. C’est alors que je remarquais une pierre dans ma main droite, ensanglantée, et l’horreur se peignit furtivement sur mon visage. Qu’est-ce que j’avais fais au juste ?

« Dégage d'ici ! Ne reviens plus dans ce cours ! »

J’étais amochée, fatiguée, horrifiée par mes actes, mais le ton qu’employa Johnson fut suffisant pour refaire surgir une sourde colère en moi. Malgré tout ce que j’avais fais, j’étais toujours Ashley et j’avais toujours ma fierté mal placée qui me dictait de ne pas pouvoir tolérer que l’on me parle de cette façon venant d’un professeur. Mes parents avaient le droit. Limite, Gabrielle de Montfort avait le droit, voir même éventuellement Burgess, mais certainement pas lui. Alors c’est avec un regard noir mais un ton calme bien qu'emprunt d'une touche de mépris, que je lui répondis.

« Tss. Je ne comptais pas revenir. »

Vrai ? Faux. Disons plutôt que je n’y avais pas songé, mais après le carnage qui s’était passé ici, à vrai dire, je n’avais plus très envie d’assister à aucuns cours. J’avais juste envie de rentrer chez moi, d’abandonner Poudlard.
Je lâchais la pierre sans m’en rendre vraiment compte. J’osais un regard en direction de Narcissa, un regard doté d’une neutralité froide sans pareille qui cachait une culpabilité bien présente. Je ne la détestais pas vraiment, elle était juste un peu conne, superficielle et hautaine, alors lui avoir fait subir ça, dans ma tête, c’était impardonnable.
Et puis je tournais les talons, et c’est en boitant que je m’éloignais de ce cours. Je n’avais même pas dans l’idée d’aller à l’infirmerie. J’avais besoin d’être un peu seule quelques instants
Certainement en profiterais-je pour massacrer un mur à main nue, mais bon.

Ce qui était sûr, et certainement dommage, c’était que je ne suivrais plus jamais ce cours.

Toute cette agitation avait amené mon cours à un point de non retour. L'atmosphère était désormais trop pesant pour approcher des animaux fantastiques. Je faisais parti de ceux qui étaient convaincus qu'ils avaient le dont de ressentir ce que les humains éprouvaient.

Le vent soufflait dans ma direction, ébouriffant ma coiffure qui avait pour habitude de recouvrir impeccablement ma tête bien faite. Tandis que les élèves semblaient se scandaliser de ma punition collective, je ne pouvais m'empêcher d'être époustouflé par l'audace dont ils étaient capables de faire preuve. Me reprocher ma décision... Une réaction des plus improbables et bien que le comportement de Narcissa était louable, vouloir se sacrifier pour ses camarades était après tout un acte brave, mais dénoué de sens lorsque l'on y réfléchissait un temps soit peu. Elle faisait parti des protagonistes qui avaient semés cette pagaille. Je savais qu'elle était brillante, mais je ne pouvais me permettre de céder. Ma décision était prise et leurs agissements allaient pénaliser l'intégralité de la classe.

J'avais donc deux bonnes raisons, la punition et l'impact que leur bagarre avait pu avoir sur les chevaux ailés présents derrière moi.

J'étais capable de comprendre que la jeune Serdaigle n'avait fait que ce défendre face aux attaques de l'élève de Serpentard, mais elle aurait mieux fait de s'abstenir de toutes réponses plutôt que de surenchérir en cours. Ce genre de comportement n'avait pas sa place dans ma matière et il était hors de question que cela se reproduise. Je sentais la pression causée par l'énervement retomber tandis que mes points se dénouaient, ma langue semblait se déraidir et mes yeux reprenaient une teinte blanchâtre bien moins agressive.

"Miss Breckenridge, vous ne devriez pas être sans avoir qu'une telle agitation a un impact négatif sur les animaux fantastiques. De plus, vous exclure serait une double sanction, je préfère vous voir venir à chaque cours et tenter de me prouver que vous n'êtes pas quelqu'un de foncièrement mauvais. Puissiez-vous y arriver."

J'espérais parvenir à lui transmettre un message, je n'éprouvais pas de rancoeur à son égar, mais elle allait devoir redoubler d'effort pour remonter dans mon estime et redevenir à mes yeux ma meilleure élève. Je faisais ensuite face à toute ma classe en ajustant mon noeud de cravate avant de reprendre la parole.

"Bien, maintenant que tout est clair, prenez vos parchemins et commencez. La semaine prochaine nous reprendrons ce cours et au moindre accroc je n’hésiterais pas à punir de nouveau l'ensemble des élèves. Puis cette fois vous aurez le temps pour penser au groupe que vous voulez former."