C’était la première fois que j’allais enseigner. Ouais, c’était assez impressionnant, trippant, et flippant. Bon, cela ne me faisait pas peur en soi, disons plutôt que j’angoissais. Je stressais. Je ne savais pas qui sera mes collègues, si j’allais bien les apprécier, si j’allais apprécier mes élèves. Que les autres m’apprécient ou non, ça, par contre, je m’en foutais royalement.
Bon, parlons de mes collègues, pour le moment, c’était le plus intéressant.
Eh beh lors de la répartition des élèves, j’eus la surprise de voir Morgana, Aaron et Lexie à la table des professeurs. J’devais dire que, si à l’époque je devais juger si je les voyais en tant que professeur : j’aurais tout simplement dit non. Un grand non gravé en lettres rougeâtres dans les airs avec des feux d’artifice et des explosions itout itout. Tout ça pour dire que je ne les voyais pas enseigner – et eux-mêmes ne devaient pas me considérer comme un professeur. L’élève blagueur et jemenfoutiste n’avait pas tellement changé de l’adulte, d’ailleurs. Mais bon, je verrais bien si mon envie d’enseigner aux élèves n’est qu’une sorte d’hobbies passagers ou non. Après tout, peut-être que plus tard me reviendra l’envie de voyager.
Donc, comme première impression, déjà, ça envoyait du lourd.

Quelques jours plus tard nous eûmes donc une réunion de professeurs. Certainement pour parler de Poudlard, des élèves, de la coupe des quatre maisons, et blablabla. Certainement qu’on me posera pas mal de question, étant un tout nouveau prof, alors j’angoissais un peu. Parler à des gosses, ça passe encore : parler à des adultes qui avaient un pouvoir de juger bien plus grand, c’était pas la même. Je n’étais pas spécialement timide, mais ça faisait tout de même un certain effet.
J’étais donc arrivé en avance à cette réunion pour me préparer mentalement. J’avais même prévu quelque fiche, juste au cas où je paniquerai. Car ouais, en fait, quand je me mettais à paniquer, je disais encore plus n’importe quoi qu’autre chose. Bon ça ne changeait pas de d’habitude, mais y’a quelques petites nuances quand même.
C’est alors que, en ordonnant mes feuilles, quelqu’un pénétrant dans la salle des professeurs, me faisant sursauter. Me tournant vivement en direction de l’intrus – de l’intruse ici présente – je passais une main dans mes cheveux plus par montée de stress que par besoin de les recoiffer. Je me rendais vite compte que ce n’était juste que Lexie. Enfin, « juste que », on ne pouvait pas dire que nous nous étions quittés en très bon termes...

« Lexiie ! » m’exclamais-je gaiement, reprenant une contenance. « J’suis content de te voir dis donc, ça faisait longtemps ! Waouh, t’es devenue ultra sexy dis moi en grandissant ! En tout cas je ne m’attendais pas à te voir en tant que professeur ; dis-moi tes élèves arrivent à écouter ton cours avec ton corps de rêve ? »

Toujours sur le même ton déconneur que d’habitude, toujours avec des allusions un peu perverse. Du Ziegler tout craché quoi. Est-ce que ça allait lui plaire ? Je n’en savais trop rien. Je ne savais même pas où nous en étions, après que nous ayons eut notre brève relation lors de notre 6ème année. Je m’en voulais un peu, d’ailleurs, de l’avoir un peu délaissé – tout comme j’avais délaissé la plupart de mes amis de l’époque, dont ma petite sœur, Athéna, qui ne demandait que de l’attention après tout ce qu’il s’était passé.
Parlant toujours autant avec mes mains, je m’étais même un peu rapproché de Quincy avec mon large sourire habituel.

« C’est plutôt cool que tu sois là ! Genre, ça me rappelle l’époque. Toi, moi... t’es prof de quoi déjà ? Moi c’est étude des moldus ! »

Oui bon c’était une conversation assez bateau, assez bancale, mais je tâtonnais – enfin, j’y allais avec la méthode bourrine en fait – pour savoir un peu, de son côté, comme c’était. Comment ça allait.
Et, dans le pire des cas, j’me fais juste rembarrer. Et j’adorais ça. Pour son plus grand malheur.