Scorpius & Billie

orsque survenait le début de l'été, Billie retournait à Chester. Au début, elle y restait tout le temps qui la séparait de la rentrée. Mais peu à peu, elle eut envie d'ailleurs. Elle ne voulait pas revenir en arrière et voir ces mêmes visages. Bien sûr, certaines personnes lui manquaient. Mais la plupart n'avaient à son égard que plus d'animosité depuis qu'elle avait intégré « une prestigieuse école » au lieu de rester dans ce trou, avec eux. Alors cet été, Billie s'était offert, en quelque sorte, des vacances. Elle avait pris un billet pour le Londres sorcier et ne comptait pas le quitter avant plusieurs jours, simplement pour souffler. Seulement, certaines personnes semblent attirer les difficultés. La poisse, pour le dire autrement. Et c'est justement en raison de cette poisse et, probablement, de la connerie de certains sorciers, que la jeune fille était passée du statut de vacancières à celui de suspecte. Ou plutôt directement à celui de coupable, si l'on en croyait les cris alarmés du vendeur et les regards accusateurs de la police magique qui l'a conduisait droit au ministère. Bien entendu, Billie avait protesté. Elle aura même plutôt gueulé. Pour autant, l'affaire semblait mal partie. Du racisme anti nés-moldus à coup sûr ! Bande de débiles. Et ça bosse au Ministère ? C'était à peine si on lui permis de donner sa version des faits, tant le commerçant semblait convaincu de l'avoir reconnu. Pourtant, Billie n'avait jamais mis les pieds dans sa boutique. Et vu la tronche des friandises qu'il y vendait, elle n'en avait certainement pas l'intention. Quel débile lui aussi.

nfin bref. Billie se retrouvait donc, malgré elle, dans une situation bien merdique. Le cul sur une chaise, elle attendait sans grand suspens de connaître sa sentence pour ce crime affreux qu'elle avait sans nul doute commis. Et c'est à ce moment précis qu'un grand blond fit une entrée fracassante. Malfoy. Alors quoi, il allait carrément lui couper la tête maintenant ? Ce n'était pas comme si Billie connaissait leur famille, mais elle n'était pas sans ignorer leur nom. Un nom qui ne rimait que rarement avec bonne action. Il la toisa un instant, la jaugeant de haut en bas comme s'il cherchait quelque chose. Elle se demandait bien quoi, puisque tout l'accusait déjà. Et après avoir posé son œil critique sur chaque partie de son corps, Malfoy glissa un mot à l'oreille de l'homme qui faisait face à Billie. Loin de se contre-ficher de son propre sort, la jeune sorcière tenta d'écouter également. Mais avec la distance et la discrétion dont voulait apparemment faire preuve Monsieur le blond, elle n'obtint que des bribes de conversation. Faveur. Fils. Sentiment. Difficultés. Dossier. Voilà qui ne risquait pas de l'avancer. Le second homme la fixa alors à son tour, après que Malfoy ait quitté la pièce et, contre toute attente, lâcha un simple : vous pouvez partir. Mais on vous a à l'oeil, jeune fille. Et si Billie était plutôt troublée par ce soudain revirement de situation, elle n'allait pas attendre pour demander son reste. Elle se contenta ainsi d'un simple « Okay, cool » avant de quitter la pièce et de presser le pas jusqu'à la sortie. Dans un coin, elle remarqua le vendeur en pleine crise d'hystérie. Gros con. Il ne valait mieux pas rester dans les parages.

n franchissant la porte du Ministère, Billie se sentit tout de même soulagée. Bien qu'elle se soit montrée plutôt peu encline à la discussion face à ceux qui l'accusaient à tort, elle avait quand même bien flippé. Toutes ces conneries auraient pu lui coûter cher. Manquerait plus que ses vacances lui fassent perdre sa place à Poudlard. Tout ça parce qu'un homme ne sait pas faire la différence entre un garçon roux et une fille brune. Quel boulet. Mais derrière ce soulagement demeurait toujours une large part de colère. Si le job de ces messieurs consistaient à sévir sans mener ne serait-ce que l'ombre d'une enquête, alors la justice des sorciers ne valait vraiment pas grand chose. Billie n'en revenait pas d'une telle injustice. Bon, d'accord, tout cela c'était bien terminé, mais quand même ! Et puis elle se demandait bien ce qu'avait pu venir raconter Malfoy alors que, visiblement, elle n'était pas censé représenter un quelconque intérêt. En tout cas, elle n'avait pas l'intention de remercier qui que ce soit. Après tout, elle était la victime dans cette histoire, et eux les bourreaux. Une fois à l'extérieur, Billie prit tout de même le temps de respirer l'air de la liberté. Elle ferma les yeux quelques secondes pour tenter de se calmer après une histoire aussi dingue. Mais lorsqu'elle les rouvrit, ses iris s'arrêtèrent sur un visage qu'elle connaissait déjà et qui ne manqua pas de raviver le peu de colère qu'elle avait apaisée. Sérieusement ? Elle laissa un long soupir s'échapper entre ses lèvres. C'était Malfoy junior. Elle ne lui avait jamais vraiment parlé, mais avoir vu son père était déjà largement suffisant. Elle le fixa, contrariée. C'est une secte ou quoi ? Vous êtes partout ! Trop de Malfoy dans une même journée. Il fallait qu'elle bouge. Cet endroit commençait à sérieusement l'irriter.

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Scorpius & Billie

corpius.

rand. Blond. Les yeux bleus. Membre à temps plein du club des Serpentards. Le stéréotype parfait du Malfoy, en somme. Pourtant, et aussi étrange que cela puisse paraître, il ne semblait pas saisir les sarcasmes. Billie le regardait toujours alors qu'il était en plein blocage sur son appartenance ou non à une secte. Soit il se foutait d'elle, soit il n'avait vraiment rien pigé. Et à en croire son expression et sa façon de se justifier, la jeune fille optait plutôt pour la seconde hypothèse. D'ailleurs, si elle n'avait pas été aussi énervée, cette situation l'aurait sûrement fait rire. Mais puisque l'envie de balancer des chaises par la fenêtre du Ministère était toujours bien présente, elle se contenta d'arquer un sourcil, dubitative. C'était vraiment pas le moment de lui prendre la tête. Billie esquissa alors un mouvement sur le côté, en prévision de le laisser, lui et tous les autres Malfoy du quartier, derrière elle. Pour autant, elle n'eut pas vraiment le temps d'aller bien loin avant que le blondinet ne se la ramène encore. Et à ses mots, la jeune fille stoppa net. Elle le fixa de nouveau, laissant de côté toute son exaspération pour faire place à de la suspicion, fronçant légèrement les sourcils. Ouais. Elle avait prononcé sa réponse lentement, presque comme s'il s'agissait d'une question. Ouais, c'est bien. Elle se positionna cette fois complètement face à lui. Je te trouve bien informé pour quelqu'un à qui je n'ai quasiment jamais parlé ! Ses paroles étaient cette fois beaucoup plus appuyées, la colère reprenant peu à peu le dessus. Et je peux savoir comment t'es au courant ? Elle se rapprocha légèrement de lui, posant une main sur son torse pour le pousser en arrière. T'as quelque chose à voir avec tout ça ? C'est toi qui a raconté toutes ces conneries ? Bon. Techniquement, elle ne voyait pas pourquoi il aurait fait ça. Mais c'était un Malfoy, et les Malfoy n'aiment pas les nés-moldus, non ? Et puis selon ce qu'elle avait pu entendre, son père avait mentionné son fils. Or à sa connaissance, de fils, il n'y en avait qu'un. Dans tous les cas, il n'y avait pas trente-six milles hypothèses. Soit Scorpius était celui qui avait provoqué son arrestation et donc ses problèmes, soit il était celui qui l'en avait tirée. Mais elle voyait mal pourquoi un garçon comme lui viendrait aider une fille comme elle. D'ailleurs, si tel avait été le cas, une fille comme elle ne voudrait surtout pas de l'aide d'un garçon comme lui. On a tous nos principes, merde. Plutôt se faire battre que d'être relevée par celui qui tient le bâton. Proverbe personnel dévié d'une expression moldue.

bien y réfléchir, le paternel avait aussi parlé de sentiments. Alors quoi, sous prétexte qu'il ne l'aimait pas, elle devait faire le fruit d'une injustice ? Il n'y avait pas assez d'élèves à martyriser toute l'année à Poudlard ? Et puis ils ne s'étaient jamais parlé, alors pourquoi la balancer pour quelque chose qu'elle n'avait pas fait ? Quelle fourberie ! Billie brisa finalement leur rapprochement pour reprendre un peu de distance. Après tout, elle venait tout juste de sortir d'une situation délicate et frapper le fils d'un Ministre n'était pas l'idée la plus brillante qui soit. Surtout qu'ils se trouvaient tout deux encore juste devant le bâtiment. Mais ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait. Elle lui tourna le dos quelques instants, serrant ses poings et fixant le ciel. Bon sang. Elle respira profondément, cherchant à se calmer un peu avant de se replacer face à Scorpius pour s'adresser à lui d'un ton qui se voulait moins agressif. Qu'est-ce que je t'ai fait ? Elle avait levé ses deux mains vers le haut pour accompagner ses mots, les laissant finalement retomber lourdement le long de son corps. Ne pouvait-elle pas avoir la paix, ne serait-ce que le temps des vacances ? Pourtant à le regarder, comme ça, ce garçon était loin d'avoir l'expression niaise et satisfaite de ceux qui faisaient ce genre de coup tordu. Il leur semblait d'ailleurs totalement opposé. A croire qu'il cachait bien son jeu. A moins que ce n'eut été sa propre colère qui, depuis le départ, l'aveuglait ? Etrange. Si étrange que le doute s'empara d'elle soudainement.

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l avouait. Il avouait qu'elle ne lui avait rien fait. C'était un comble ! Il aurait au moins pu feindre l'ignorance. Ou nier un minimum. Mais non, visiblement il était bien trop fière de sa connerie pour s'en cacher. Ah oui. Comme c'était drôle de foutre la merde dans la vie d'une née-moldue. Pourquoi vouloir la connaître puisque son sang, lui, était une raison suffisante pour qu'on s'en prenne à elle ? Billie afficha une mine totalement exaspérée. Exaspérée et indignée face à tant de mépris. Tout son corps se raidit et il lui était maintenant difficile de contenir sa colère. Elle avait envie d'exploser. D'exploser et l'exploser lui. Stupide Malfoy. Stupide gosse de riche. Elle allait lui faire bouffer sa baguette par le nez. Et alors que tout en elle bouillonnait d'un feu sans pareil, elle fut stoppée par Scorpius. Et étrangement, elle avait obéit à ce qui oscillait entre l'ordre et la requête deésespérée. Soit. Elle voulait bien attendre. Allez savoir pourquoi. Sans doute qu'une petite voix en elle désirait lui laisser encore une micro-chance de se racheter. A moins que ce ne soit l'idée d'être encore plus en difficultés une fois qu'elle aurait déformé la jolie gueule du fils du Ministre de la Magie ? Enfin. Dans tous les cas, Billie retînt encore un peu sa colère alors que le jeune homme entama une tirade d'explication rapide et plus ou moins précise. Elle le fixait toujours, mâchoire crispée et poings serrés, alors que son cerveau analysait le flot d'informations que Scorpius lui envoyait. Sa rage mua rapidement en incompréhension, puis en surprise toutefois teintée de méfiance. Son corps se décontracta doucement, visiblement rassuré par les mots du jeune homme. Lorsqu'il eut enfin terminé, Billie laissa un léger silence s'installer. Alors comme ça, il n'avait rien raconté sur elle mais l'avait au contraire sortie de tout ce cirque. Grâce à ses relations, apparemment. Cette idée lui extirpa une grimace de frustration alors qu'elle détournait ses yeux de lui pour les poser au loin. Elle réfléchissait. Elle tentait de savoir s'il disait cela parce qu'il se rendait compte qu'elle allait lui faire payer très cher sa connerie, ou s'il disait cela simplement parce que c'était la vérité. Et si sa méfiance naturelle prenait souvent le dessus, elle avait étrangement plutôt tendance à croire qu'il était sincère. Après tout, elle n'avait jamais entendu quelqu'un se plaindre des idées extrémistes de Scorpius. Ses yeux se posèrent de nouveau dans les siens, dénués, cette fois, de l'animosité qu'ils avaient exprimés auparavant. Admettons. Elle repensa alors à ce qu'elle avait entendu de la bouche de Malfoy père lorsqu'elle se trouvait dans le bâtiment. C'était assez perturbant comme situation. Après l'avoir imaginé comme délateur, elle devait le voir en sauveur ? Non. En tout cas pas avant qu'il ne lui en ait dit davantage.

lle s'apprêtait à lui poser une autre question lorsque le marchand de friandises sortit du bâtiment. Leurs regards se croisèrent un instant et elle put lire dans ses yeux tout la rage qu'il lui vouait. Visiblement, il ne croyait pas en son innocence et ses paroles ne firent que confirmer cette idée. « Toi ! Tu crois pouvoir échapper à la justice parce que tu connais du monde ? Je te préviens, si je te recroise près de mon magasin c'est pas chez les flics que tu iras, mais à l'hosto ! ». Hum. Bien. Rester ici n'était pas une très bonne idée. Billie ignora au mieux ces menaces et reporta son attention sur Scorpius. Elle s'adressa à lui d'un ton beaucoup plus neutre, cette fois-ci. Car si la colère ne la portait plus, elle n'en avait pas pour autant terminé avec tout ça. Tu veux bien qu'on finisse cette conversation plus loin ? En réalité il n'avait pas vraiment le choix. Mieux valait pour lui qu'il ne s'amuse pas à refuser.

illie traversa donc la route et monta quelques marches qui menaient au portail d'un parc. Au moins, là, ils seraient tranquilles. Loin de cette atmosphère tendue et de l'agitation du Ministère. Elle s'assit son un banc, posant ses deux coudes sur le rebord en bois, et lorgna de nouveau Malfoy. Avant de ne serait-ce que songer à le remercier pour ce qu'il avait éventuellement fait, elle attendait de plus amples explications. Alors. Tu lui as dit quoi au juste, à ton père ? Elle avait déjà une petite idée. C'était bizarre. Dérangeant. Ou plutôt, perturbant. Mais elle était tout de même curieuse de savoir ce qu'il répondrait à ça.

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l la suivait. C'était déjà un bon point pour lui. Elle n'aurait pas besoin de faire une scène et de rager à nouveau pour obtenir les informations dont elle avait besoin. La journée était suffisamment tendue comme ça, alors elle était bien heureuse qu'il ne la fasse pas chier davantage. Tous deux se dirigèrent donc vers l'un des parcs de Londres ou Billie s'installa, disons confortablement, sur l'un des bancs. Elle fixa Malfoy qui alla s'adosser au tronc d'un arbre à quelques pas de là. Bien. L'environnement était plus calme, plus agréable. La discussion pourrait donc se poursuivre dans de meilleures conditions. En tout cas, s'il y mettait du sien, parce que la Gryffonne restait tout de même un poil susceptible.

l était temps, donc, de s'expliquer sur la situation. Elle avait du mal à croire qu'il l'ait aidé -s'il l'avait vraiment aidé- gratuitement. Ce n'était pas impossible, bien sûr, mais elle n'avait pas vraiment été habituée à ce genre de comportement. Tout s'achète, tout se gagne. Pourquoi un garçon comme lui voudrait lui porter secours sans attendre quelque chose en retour ? Alors forcément, elle lui posa la question. Mais la réponse de Malfoy ne lui apporta pas vraiment d'éléments supplémentaires. Il prônait les valeurs de la justice. C'était un preux chevalier. Ok. Pourquoi pas, après tout, mais Billie demeurait sceptique. Elle le fixa en silence, fronçant légèrement les sourcils. En réalité, elle aurait pu en rester là. Mais ce qu'elle avait entendu lui revînt en mémoire. Elle n'avait pas rêvé, ça parlait bien de sentiments. Alors l'envie de rétablir l'équilibre cosmique du bien et du mal était-elle la seule raison qui l'avait poussé à agir ? Billie soupira profondément, le quittant du regard pour les poser sur les alentours. Elle se fichait bien d'observer les gamins courir partout, se désintéressant de leurs parents, ou les ados amoureux mastiquant les lèvres de l'autre. Mais elle réfléchissait. Elle n'était pas convaincue, tout simplement parce qu'il n'y avait toujours pas d'explications à ce qu'elle avait entendu. Absence de conviction qui devait d'ailleurs clairement se lire sur son visage. Il manquait quelque chose. Il lui cachait quelque chose. Elle le savait. Et puis cet air gêné qu'il affichait sans cesse le trahissait également. Ses yeux se posèrent finalement de nouveau sur Scorpius avant de lâcher d'un ton volontairement suspicieux. C'est pas tout à fait ce que j'ai entendu. S'il pensait s'en tirer comme ça, il se mettait le doigt dans l'oeil. Oh, bien sûr, il pouvait toujours partir. Mais elle le rattraperait sûrement, n'hésitant pas à faire une scène et à attirer tous les regards sur eux. Elle se fichait bien de ce que pouvaient penser les autres, tant qu'elle obtenait ses réponses. Ne le quittant pas des yeux, elle soupira encore. Finalement, Billie se leva de son banc et alla se placer directement face à lui. Il était bien plus grand qu'elle, ce qui ne l'empêcha pas de le fixer d'un œil sévère. L'expression de son visage n'avait pas changée, mais son ton, lui, se voulait plus posé. Bon écoutes Malfoy, on ne va pas tourner autour du pot ! Ce n'était vraiment pas son genre de laisser les choses traîner en longueur. Autant y aller franchement. Ton père a parlé de sentiments. Elle marqua une légère pose, troublée par la situation. C'était vraiment très étrange, pour elle, d'aborder ce sujet. C'était même une première. Mais elle ne comptait pas se démonter. Alors c'est quoi le truc... Tu m'aimes bien ou quoi ? Bon. Ses dernières paroles étaient peut-être moins assurées qu'elle ne l'aurait voulu et son regard était sans doute lui aussi moins strict. Elle était un peu mal à l'aise. Peut-être même beaucoup. Elle aurait bien l'air d'une idiote s'il lui répondait qu'il ne pouvait pas la saquer.

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oilà, on y était. Billie avait lâché sa question comme on lâcherait une bombe. Mais honnêtement, aussi mal à l'aise que cela pouvait être pour elle -et pour lui, visiblement, elle n'avait pas envie de passer la journée à essayer de comprendre. Autant mettre les pieds dans le plat, comme diraient les moldus. C'est donc ce qu'elle fit, et vu la tête de Malfoy, il semblait aussi gêné qu'elle l'était, bien qu'elle fasse tout pour ne pas le montrer. Après tout, c'était elle qui avait lui avait balancer ça, elle devait au moins faire l'effort de se montrer imperméable. Bref. Le serpentard cherchait visiblement ses mots, ce qui ne faisait que conforter Billie dans son idée : il n'avait pas tout dit. Et malgré son impatience naturelle, elle lui laissa le temps nécessaire pour répondre. Elle lui devait bien ça, après tout.

oujours face à lui, donc, elle le fixait avec aplomb. Pas question qu'il se défile. Et c'est avec un peu d'appréhension qu'elle eut finalement ce qu'elle voulait : une réponse complète. Scorpius se lança dans une explication précise, avec toujours ce débit de paroles des plus impressionnants. Comment il arrivait à respirer avec tous ces mots qui sortaient de sa bouche si rapidement ? Mais bref, là n'était pas la question. En réalité, bien que d'un nerveuse, son discours était clair. Pour autant, si Billie n'eut pas de mal à le comprendre, elle se sentait soudainement déstabilisée. Non pas qu'elle s'attendait à autre chose, mais c'était quand même bien la première fois qu'un garçon usait de ses relations pour la sortir d'une situation délicate. Et si, à l'origine, être aidée par un fils à papa lui plaisait sûrement aussi peu que de finir le cul sur une chaise au commissariat, l'attitude de Malfoy l'empêchait de lui en vouloir. Il l'avait aidé, en toute simplicité. Juste parce qu'il avait été témoin d'une injustice. Il n'avait pas fait ça pour elle, pour lui, ou pour qui que ce soit d'autre. Il l'avait fait de façon désintéressée. Et c'était sans doute ça qui perturbait tant Billie. Les actes désintéressés, elle en connaissait peu. Elle avait connu les actes de survie. Les actes de colère. Les actes de profit. Mais pas ceux-là. Elle le fixa en silence, remarquant seulement maintenant qu'elle n'avait pas pensé à garder sur le visage une expression de méfiance. Elle n'avait pas masqué sa surprise et était restée bouche bée. Oh... Ok. Trouver quelque chose à dire et vite. Il était très rare de réussir à lui couper le sifflet. Mais ce Malfoy là avait réussi son coup. D'accord. Mieux. Mais une phrase serait tout de même la bien venue. Doucement, elle s'écarta de lui, laissant de côté l'attitude offensive qu'elle avait adoptée depuis le début de leur rencontre. C'est vrai que ce gars était loin d'être doué. Ou bien il n'y voyait rien ! Parce que même de loin, je pense pas ressembler à ce rouquin !Elle sourit. Se rattraper sur l'humour était le seul moyen qu'elle avait trouvé pour faire passer sa gêne. Et peut-être aussi pour passer sous silence les excuses et les remerciements qu'elle lui devait. Après tout ça, il les avait bien méritées. Mais soyons sérieux, on parlait de Billie. Et Billie était rarement d'humeur à s'excuser. Peut-être plus tard. Peut-être une prochaine fois. Mais pour le moment, elle se devait de reprendre contenance face à se garçon qui l'avait chamboulée.

lle s'écarta encore, délaissant pour de bon son attitude agressive. Plus de question directes, plus de regards furieux. Elle tentait simplement de dériver la conversation pour lui faire oublier cette scène. C'est pas vraiment comme ça que tu devais t'imaginer passer tes vacances... A courir voir ton père pour une fille que tu ne connais pas ! Qu'est-ce que tu faisais dans le coin, d'ailleurs ? Oui. Billie changeait de conversation sans vraiment y mettre les formes. Peut-être avait-il comprit son manège, peut-être pas. Mais dans tous les cas, elle tentait de se montrer plus sympathique. Une forme d'excuses à la Billie, en somme.

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illie était mal à l'aise. Elle n'aimait pas se tromper, et encore moins devant des témoins. En l'occurence, ce témoin était celui-là même qui lui avait sauvé la mise quelques instants plus tôt. En même temps, toute cette affaire prêtait à confusion, non ? Et puis son comportement avait été suspect. Bien qu'elle ne lui ait pas non plus vraiment laissé le temps de s'expliquer... Mais bref. Tout n'était pas de sa faute. En tout cas, c'est comme ça qu'elle décidé de voir les choses. Malgré tout, pour tenter de mettre de côté cette fâcheuse erreur, elle préféra doucement glisser vers un autre terrain, et Malfoy eut la sympathie -à moins qu'il n'ait rien vu venir ? - de rentrer dans son jeu.

i on lui avait dit qu'un jour elle s'amuserait à taper la discussion avec un Malfoy, elle aurait sans doute baffé ce « on ». Mais le fait était qu'il aurait eu raison. Malgré tout ce qu'elle pensait de lui et de sa famille. Malgré tout ce qu'elle avait pu s'imaginer après les mensonges de Potter, elle se tenait aujourd'hui devant lui. Et des deux, c'était elle qui ne se comportait pas au mieux. Lorsqu'elle aiguilla la discussion sur les vacances du serpentard, elle ne s'attendait certainement pas à une nouvelle surprise. Elle pensait au contraire avoir droit à quelques banalités du genre « je profitais du fric de papa pour me pavaner de boutiques en boutiques ». Mais visiblement, tout ce qu'elle s'était imaginé sur lui était faux. Alors lorsqu'il lui expliqua la raison de sa présence, Billie le dévisagea en silence. Et contrairement aux apparences, ce n'était pas à cause des poupées. Bon, ok, c'était quand même un peu bizarre. Mais si Billie restait muette, c'était à cause de son explication. De ce qui l'avait poussé à venir ici chercher cet objet en particulier. Non pas un goût étrange pour les jouets féminins. Non pas un cadeau inutile à une amie elle aussi tout aussi inutile. Et riche. Et parfaite. Non. C'était un cadeau pour une famille. Pour un enfant. Pour des gens qui n'étaient pas de son rang.

es elfes de maison. Billie avait toujours méprisé cette idée. C'était bien là l'un des critères qui la poussait à ne pas fréquenter ceux issus -soit disant- d'une « bonne » famille. Des bonnes familles qu'elle trouvaient aussi détestables qu'abjectes. Alors il était évident que l'idée que les Malfoy se prêtent à cette coutume ne l'enchantait pas des masses. Même pas du tout. Mais pourtant, ce n'était pas ce détail qu'elle retînt. Encore une fois, l'explication de Scorpius l'avait désemparée. Elle avait l'impression qu'il cherchait à détruire tout ce qu'elle s'était imaginé de lui. Sa vantardise. Sa richesse. Ses mondanités. Son mépris de tout ce qui n'appartient pas à son monde. Elle s'était apparemment une nouvelle fois trompé. A croire qu'il était né pour la contredire. La jeune fille se reprit finalement, cherchant à masquer son étonnement. Des elfes de maison hein ? Quoi ? Elle n'allait tout de même pas lui avouer le trouble qu'il avait semé en elle. Il ne fallait pas non plus rêver. Ils ne peuvent pas se l'offrir, j'imagine ? Doucement Billie. Terrain glissant. Fille glissante, d'ailleurs, puisqu'elle risquait de très vite déraper. Après ce qu'elle lui avait déjà fait subir, se contenir était la moindre des choses. Elle posa de nouveau son regard sur lui. Elle n'avait pas remarquer qu'il semblait si gêné, avant. C'était étrange comme l'animosité qu'elle aurait pu ressentir ne s'attachait pas à lui. Elle n'avait pas envie de le détester. Elle n'avait pas envie de se moquer de lui... Parce qu'elle appréciait ce qu'elle voyait. Et ce qu'il dégageait. Et c'est sans doute pour ça qu'elle voulu se rattraper. Enfin, c'est plutôt gentil de ta part. Je suis sûre qu'un cadeau leur fera plaisir. Après tout, il n'avait pas l'air d'avoir de mauvaises intentions, bien au contraire.


lle le fixa une fois de plus en silence. Elle tentait de le cerner, comme si elle l'étudiait sous un nouveau jour. Elle n'était plus certaine de savoir à qui elle avait affaire. Et ce doute était suffisant pour lui laisser penser qu'elle devait s'en aller.

© Mister Hyde