D eux balles sur les vingt précédentes n’avaient pas atteint leur objectif et alors que j’entamais ma troisième série la lassitude commençait à me gagner. Le cœur n’y était plus. J’avais beau avoir remplis la moitié de ma valise avec mes affaires de tennis, mes entraînements n’étaient plus que l’ombre de ce qu’ils avaient étés.
 
Le parc était immense, mais à part le stade de serpillières volantes, il n’y avait pas un bout de terrain qui pouvait ressembler de près ou de loin à un terrain de sport moldu. Le stade de cuiquelquechose par contre était immense. La pelouse parfaitement tondue entouré de tribunes qui pouvaient abriter tous les habitants du château. Je m’en été très rapidement rendu compte, tout le monde ne jurait que par ce sport dont je n’avais pourtant pas retenu le nom, par pur manque d’intérêt.
 
Le-futur-grand-tennisman-que-j-aurais-pu-devenir devait se contenter d’un carré d’herbe qui n’avait pour seuls avantages que sa surface et l’absence relative de bosses. Un tronc d’arbre couché marquait la position d’un filet inexistant. Mes deux raquettes, un nombre incalculable de balles, des bandes, j’avais pensé à tous, sauf à ça. Il allait falloir que je m’arrange avec ma sœur et que je prie pour ne pas avoir à la supplier pour qu’elle daigne à m’aider. N’ayant trouvé personne pour me renvoyer la balle, je me contentais depuis une petite heure d’enchaîner une vingtaine de services avant d’aller récupérer les balles et de recommencer. C’était lassant à un point difficilement imaginable mais nécessaire si je voulais concerner un niveau raisonnable.
 
Beaucoup disaient, et je n’en avais absolument rien à faire,  que je ne voyais que le négatif. Ce n’était peut-être pas totalement faux mais pas totalement vrai non plus. Certes, le temps était radieux pour un mois de septembre au fin fond de l’hémisphère Nord, le soleil brillait, j’étais en tee-shirt – parce que les robes ce n’est pas du tout pratique - et il n’y avait que quelques rares nuages dans le ciel. La question n’était pas qui était le rageux qui osait s’en plaindre mais plutôt, qui n’avait pas entendu le piaf dans l’arbre d’à coté ? « Coucou ! Coucou ! » Autant dire que je n’avais pas eu beaucoup de mal à deviner l’espèce de celui qui me tapait sur le système depuis ce matin et qui restait bien évidemment à couvert, planqué dans son foutu arbre.
 
J’avais été patient mais là j’avais atteint ma limite  ce qui mettait rarement beaucoup de temps à arriver. Une excellente idée –ou pas – finis par me traverser l’esprit. J’allais rajouter un peu de peps à mon entraînement matinal,  quitte à perdre une ou deux balles. Une balle vola, puis une deuxième, j’entendis un battement d’aile, j’avais atteint, de près ou de loin, ma cible. Mes médailles et mes coupes n’étaient pas en papier mâcher.
 
Quand les deux ailes grises apparurent dans mon champ de vision, je servis dans sa direction, persuadé de l’atteindre. Mon impulsivité avait parlé, je n’avais pas réfléchit au fait que ma cible, contrairement à l’habitude, était en mouvement et que j’avais sans doutes mis un peu trop de force pour la distance qu’avait à parcourir la petite balle jaune. Je n’avais pas regardé ce qui se trouvait derrière et il n’y avait aucun obstacle pour la stopper avant une des murailles du château, une vingtaine de mètres plus loin. Si une personne se la prenait, ça pourrait faire un peu beaucoup mal, mais cette pensée m’est venue après coup, évidemment.

L e moins que l’on puisse dire, c’est que je n’avais absolument pas réfléchi avant de servir cette dernière balle. J’avais totalement raté ma cible et l’oiseau n’avait pas paru effrayé le moins du monde. C’est à peine s’il avait du remarquer l’éclat jaune qui était passé à toute vitesse, droit a coté de lui. La petite balle ne l’avait même pas effleuré, c’était lamentable. J’étais déçu et les « coucou » à répétition du piaf n’arrangeaient rien. Cet échec me permis tout de même permis de me rendre compte d’une chose, les cibles mouvantes, ce n’était pas mon truck, mais alors pas du tout ; pour le moment. Qu’il profite et chante toutes les notes qu’il veut tant qu’il le peut encore, car si je dois l’assommer ou lui briser les ailes pour le faire taire cet oiseau de malheur, je n’hésiterais pas ; et avec un certain nombre d’heures d’entraînement – car je suis vraiment à la ramasse – j’y parviendrais.

Par contre, je devrais me dispenser des précieux conseils de mon entraîneur. Je n’avais pas souvenir qu’il m’ait fait travailler ce type d’exercice, mais je ne lui en tenais pas rigueur. J’avais beaucoup mieux à faire, gagner des matchs par exemple, et assommer les adversaires ne permettait pas de remporter des sets. C’était juste utile pendant les entraînements, pour déterminer les personnes en qui il ne fallait placer aucun espoir : les boulets qui traversaient les cours sans calculer la balle qui finissait, après un nombre incalculable d'aller-retour clairement visible, par atterrir en plein dans leurs tronches.

C’était marrant ; mais pas pour le boulet. Et là aujourd’hui, j’ai touché quelqu’un mais le plus boulet, entre nous, il y a de grande chance que ce soit moi. J’ai servi et puis j’ai regardé s’il y avait quelqu’un après. Non, plus précisément, je regarde là maintenant parce que la personne m’a signalé sa présence. Si elle était restée silencieuse, elle aurait pu éventuellement se prendre une deuxième balle.

Le mec que j’ai touché - il n'avait pas une voix de fille et même de loin, je parviens à distinguer que c’est un jeune homme qui doit avoir dans les 16-17 ans – m’avait bien remarqué et c’est pas mon style de m’enfuir. En plus de ça, j’étais franchement gêné en plus de me sentir con donc je me rapprochais, histoire de voir les dégâts que j’avais faits.

Je ne suis pas certain, mais je crois que j’ai affaire à un élève qui fait pion en même temps, je me souviens plus comment ça s’appelle - j’essaye déjà de mémoriser les mots de passes et les formules magiques, je ne peux pas tous retenir non plus.- Il est chez les serpentard, ça c’est évident, vu les couleurs qu’il arbore, ou plutôt qu’il arborait, parce qu’il y a plus de marron que de vert et argent sur ses vêtements. Il a du tomber en arrière, je ne savais pas que j’avais assez de force dans le bras pour carrément faire tomber quelqu’un en arrière. Il devait courir, ou être pas doué, je sais pas mais c’est pas mon problème, fin si un peu quand même.

J’arrive à sa hauteur, à l’entendre comme ça, il ne donne pas vraiment l’air d’être quelqu’un de sympathique mais je le peux comprendre. Il se tient l’œil de sa main libre, - l’autre renferme l’arme du crime – et à voir sa tête, ça doit faire mal.

- J’chui vraiment désolé. Je visais un oiseau mais je l’ai raté. Tu veux que je t’accompagne à l’infirmerie ? En vrai je savais qu’il en existait une mais comment on pouvait y accéder en revanche, j’en savais fichtre rien. Je proposais pour le principe, lui devait bien savoir ou elle se trouvait.

- Et ça, c’est une balle de tennis, ajoutais-je en montrant l’objet du bout de ma raquette. Oui parce que, je ne l’avais pas posé dans l’herbe ou derrière un arbre ou n’importe qu aurais pu la récupérer. Blessé ou non, ça valais cher du matériel de qualité comme celui que je possédais.

Q ui d’autre que moi aurait pu être le précurseur de l’attaque involontaire à distance à la balle de tennis à Poudlard ? Personne j’étais le prem’s sans aucun doutes ! Ma grand-mère et mon entraîneur m’ont toujours répété que j’étais un sacré numéro. L’un avait le sourire aux lèvres, l’autre se retenait à grand peine de me foutre une baffe, sans doutes pour éviter que je casse un autre vase datant de Jérusalem –ou Mathusalem, j’ai jamais compris cette expression. – Dans le second cas, je confirmais cette affirmation en tirant la langue avant d’aller voir mon père qui me disait que c’était une qualité, que je n’étais pas un mouton en gros. Ca fait un moment que j’ai arrêté de décimer mon futur héritage, mais les paroles de mon père me paraissent toujours aussi vraies : je me démarque toujours autant et même plus encore depuis qu’on m'a débarqué ici.

Pour ne citer qu’un seul exemple, le plus flagrant : le tennis. Des gens qui connaissent ce sport ici, il n'y en a pas la foule, alors des gens capables d’envoyer une balle, même plus légère, aussi loin que je viens de le faire, je vais pas dire que j’en connais pas beaucoup, puisque mes connaissances sont assez limitées, mais ils sont rares en tout cas. Je dis ça en connaissance de cause : certes, je n’ai pas monté un stand à deux pas du château pour en tester tous les locataires, mais des débutants, j’en ais vu, entraîné même -pour mon plus grand malheur- et c’est rarement glorieux. Bon après il y a toujours des gens qui sortent du lot – moi ou – Narcissa par exemple. Même si je ne lui avouerais jamais, question de principe, elle se débrouille rudement bien, si on prend en conte le nombre d’heures qu’elle a pu passer raquette en main. Mais bon, il ne faut pas qu’elle se mette en tête qu’elle m’arrive à la cheville, elle sert correctement c’est tous. Et en plus, elle est patiente -beaucoup trop à mon goût- elle aurait jamais attaqué ce piaf qui ne l’aurait pas le moins du mode dérangé. C’est sans appel, je suis le premier à blesser quelqu’un de cette façon à Poudlard et j’en suis pas spécialement fier.

Je ne m’en suis rendu compte qu’après, mais il est probable que je sois l’élève le plus suicidaire du collège –après les taré bizarroïde que j’ai pu croiser bien sur. Parce que certes, je ne connaissais pas l’identité et la réputation de la personne qui m’avait appelé le morpion –surnom auquel je n’adhère pas du tous – mais j’aurais du me rendre compte qu’il avait pas l’air d’excellente humeur et que, vu son gabarit, s’il avait décidé de me rendre la pareille, j’aurais pas vraiment eu la possibilité de discuter. Mais, je me sentais tellement con, que je ne pouvais pas ne pas aller m’excuser et m’expliquer aussi.

Au final, mon instinct survit inexistant n’aurait pas été d’une grande utilité. Je me suis excusé - ma victime avait le droit à un grand honneur parce que ces mots là franchissent rarement ma bouche – et lui ait proposé de l’accompagner à l’infirmerie, un miracle.

- - T’es su… ? me suis-je entendu dire avant de me raviser. Je m’inquiétais pour sa pommette droite qui virait au violet foncé, mais, s’il avait décliné, c’était pour une bonne raison, en l’occurrence, la flemme. Plaie qui était commune à beaucoup de monde, dont moi à certaines occasion.

Je m’étonnais vraiment quand je l’entendis s’excuser. C’était le monde à l’envers, mais je n’allais pas non plus m’en plaindre. Il avait l’air de regretter de s’être emporté et j’étais mal placé pour en garder rancune. J’ai jamais été dans sa situation mais à sa place, je me serais sans doutes pas posé de question sur la manière la plus juste et raisonnable d’agir, j’aurais agis tous simplement.

Je lui rendis son sourire. Qui était le plus embarrassé ? C’était difficile à dire mais on était deux à vouloir que cette gène cesse apparemment. Je pris ma balle qu’il avait déposé sur ma raquette et je la gardais en main, histoire de me donner une contenance, pendant qu’il reprenait la parole. Préfet, voilà c’était le mot que je cherchais, comme le P qu’ils avaient d’épinglés sur leurs uniformes. Sauf que la ben, il n'était pas en uniforme donc j’aurais été infichu de retrouver le terme.

- Oui je suis bien à Serpentard, je m’appelle Anthony, répondis-je et puis, comme il faisait un effort pour engager une conversation amicale, je mettais mes préjugés de coté et je poursuivais. Tu faisais un footing ?

La question semblait stupide : il était en tenue de sport et je ne voyais aucun accessoire, que pouvais-t-il bien faire d’autre. Mais en même temps, on ne tombait pas comme ça, juste parce qu’on se prenait une balle, que le coup soit puissant ou non et il l’était. Les regards que je jetais un peu partout ne me permirent pas de répondre à au dilemme.